George Miller

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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nobody smith
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George Miller

Message par nobody smith »

Je voulais partager sur le forum la découverte du jour sur le net, à savoir le script du projet avorté Justice League par George Miller. Et là, stupéfaction, je vois que le réalisateur australien n’a pas droit à son propre topic.

Le cinéaste n’est cela dit pas en reste puisqu’il a eu droit quand même à plusieurs topics qu’on retrouvera ci-dessous :

La série Mad Max
Mad Max 2
La Quatrième Dimension, Le Film
Babe
Happy Feet

Mais Miller méritait bien un topic à lui. Ses derniers années à peu près à la sortie d’Happy Feet 2, je me suis rendu à l’évidence que Miller demeure probablement l’un des plus grands réalisateurs actuels. On pourra rétorquer que c’est évident au vu de monumentales réussites comme les Mad Max ou Happy Feet. Toutefois, la constatation de cet immense talent a tendance à s’estomper avec le temps. C’est que Miller est une personne assez discrète. En trente ans de carrière, il a tourné une petite dizaine de films. Des films par ailleurs tous très différents que ce soit par le format (film traditionnel, documentaire, animation) ou le genre (action, horreur, comédie, drame, film pour enfant). En ce sens, Miller n’a jamais revendiqué une patte ou un style particulier. Il est juste à la recherche de bonnes histoires à conter et il s’y attelle avec une exigence artistique totale qui fait fi de tout préjugé. C’est ainsi par exemple qu’il attend dix ans pour que la technologie permette de tourner correctement Babe, là où d’autre aurait été moins regardant sur les trucages donnant la parole aux animaux.

Mais au-delà des effets spéciaux, voir un film de Miller c’est prendre une leçon de mise en scène. Son découpage est réglé comme du papier à musique. Alors que ses films contiennent déjà un lot de chorégraphies souvent magistrales (qu’elles soient motorisés dans Mad Max ou dansantes dans Happy Feet), il saisit une sorte de perfection du tempo. Chaque plan et idée de mise en scène s'accordent pour créer un pur sentiment de jubilation. Ajouter une pause quand nécessaire, rajouter à l’inverse du mouvement au mouvement, mettre l’accent sur un élément, passer à un autre puis le relier au précédent. On le sent clairement sur la scène d’ouverture de Mad Max et ça se ressent d’autant plus sur l’intégralité d’Happy Feet où libérer de toute contrainte physique, il se permet toutes les audaces pour transporter ce qui aurait pu être un bête fresque écolo vers d’autres cieux.

Car l’exigence artistique de Miller passe également par son absence d’inhibition à parler de choses profondes dans une forme divertissante. Les thématiques liées à la société, la religion, la mythologie ou l’existentialisme se bouscule dans des œuvres affichant pourtant en premier lieu l’intention de faire passer un bon moment. C’est tout particulièrement pour ça que je considère que Miller a tout compris au 7ème art et qu’il lui rend constamment justice. Ce qui n'est très certainement pas le cas de ce texte écrit à la volée et foncièrement brouillon.

Pour me faire pardonner, petit florilège :









"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
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nobody smith
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Re: George Miller

Message par nobody smith »

nobody smith a écrit :
Je voulais partager sur le forum la découverte du jour sur le net, à savoir le script du projet avorté Justice League par George Miller.
Enfin prit le temps d’en finir la lecture. Je ne suis pas très adepte de l’exercice, du coup j’ai parfois un peu de mal à me dire ce que ça aurait donné à l’écran. C’est tout particulièrement le cas au niveau des scènes d’action qui offrent plus des notes d’intentions qu’une description précise en restituant toute l’ampleur. Cela n’empêche que celle-ci semble bien là notamment dans le climax et le sacrifice de Flash qui par la caméra de Miller aurait très sûrement donné quelque chose d’ahurissant. Reste qu’on peut sentir dans le script cette notion de papier à musique que j’évoquais plus haut. Le premier acte est d’une fluidité narrative assez brillante pour positionner chacun de ses personnages et passer de l’un à l’autre de manière plutôt maligne. Par exemple, il y a un moment où les super-héros discutent de la stratégie à entreprendre, puis on passe à Batman qui les surveille et enfin au bad guy qui surveille le caped crusader. C’est une idée plutôt intelligente pour donner de la dynamique au récit, tout en disant quelque chose sur le personnage de Batman (le bad guy utilise les fruits de son travail pour détruire les autres super-héros). Globalement, le travail sur les personnages est d’ailleurs convaincant. Toujours en lien avec la notion de papier à musique, il y a de vrais tentatives de créer des synergies et d’utiliser les spécificités des personnages avec leurs propres dilemmes pour construire une réflexion pertinente sur le statut de super-héros. Plus proche d’un Les Indestructibles que d’un Avengers, cette lecture confirme tous les regrets qu’on peut avoir sur ce rendez-vous manqué.
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nobody smith
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Re: George Miller

Message par nobody smith »

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Disponible sur le coffret consacré à Peter Weir sortie il y a quelques années, 40 000 Years Of Dreaming est un documentaire signé par George Miller pour le centenaire du cinéma. En premier lieu, le réalisateur d’Happy Feet expose sa conception du 7ème art. Il considère ainsi quatre approches : musique visuelle, rêve collectif, mythologie et chant primale. En tant que seul intervenant du documentaire (à l'exception d'une courte interview de Joseph Campbell le célèbre auteur du monomythe), il se charge d'expliciter ces angles en évoquant sa propre carrière (le montage de Mad Max comme un film muet, la perception de son héros post-apocalyptique à travers le monde, sa rencontre avec des chefs aborigènes qui connaissait l’histoire de Mad Max : Beyond Thunderdome avant même qu’il la raconte). Par la suite, le cinéaste utilise ses théories pour parler de l’Australie au travers de sa cinématographie. Le documentaire devient alors un montage particulièrement habile de quantité de films mettant en lumière l’histoire du pays, sa société, sa population. Instructif évidemment mais surtout puissant dans la façon dont le montage met évidence les mécanismes profond du cinéma, que ce soit ceux des films cités ou du documentaire en lui-même. D’ailleurs, il y a pas mal d’idées de visionnage à retenir par rapport à tout ce qui est montré. Toutefois, il faut noter que Miller ne s’est pas brimé dans sa démonstration. Du coup, il y a pas mal de spoilers. Le documentaire présente ainsi les scènes finales du Gallipoli de Peter Weir et de Héros Ou Salopards de Bruce Beresford (ce qui ne m’empêche pas d’être très curieux de le voir). Le seul défaut (qui n’en est pas vraiment un) d’un excellent documentaire que je ne serais pas loin de faire mon film du mois.
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AtCloseRange
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Re: George Miller

Message par AtCloseRange »

nobody smith a écrit :de Héros Ou Salopards de Bruce Beresford (ce qui ne m’empêche pas d’être très curieux de le voir).
C'était ma signature pendant pas mal de temps.
Niveau photo, ça reste ce que j'ai vu de plus beau ces dernières années. J'avais fait pour l'occasion plein de captures
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... d#p2046254
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George Miller et Mel Gibson

Message par Supfiction »

Est-ce qu"on sait si Miller avait cherché à faire son dernier Mad Max avec Mel Gibson ?
En général, les remakes suites avec de nouveaux acteurs se font avec de nouveaux réalisateurs (exemple : Batman 3, Spiderman 4, etc).
Je trouve ça "étonnant" on va dire dans ce cas précis, même si la situation de Gibson est assez "spéciale" il faut bien le dire.
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Re: George Miller

Message par Jericho »

Disponible sur le coffret consacré à Peter Weir sortie il y a quelques années
De quel coffret parles-tu ?
J'aimerai le chopper.
nobody smith a écrit :
Cette séquence grandiose... :o :D
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nobody smith
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Re: George Miller

Message par nobody smith »

AtCloseRange a écrit :
nobody smith a écrit :de Héros Ou Salopards de Bruce Beresford (ce qui ne m’empêche pas d’être très curieux de le voir).
C'était ma signature pendant pas mal de temps.
Niveau photo, ça reste ce que j'ai vu de plus beau ces dernières années. J'avais fait pour l'occasion plein de captures
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... d#p2046254
ça a l’air effectivement de toute beauté. Je viens de le récupérer par des moyens euh… détournés. J’essaierais t’y jeter un œil très prochainement :wink:
Supfiction a écrit :Est-ce qu"on sait si Miller avait cherché à faire son dernier Mad Max avec Mel Gibson ?
En général, les remakes suites avec de nouveaux acteurs se font avec de nouveaux réalisateurs (exemple : Batman 3, Spiderman 4, etc).
Je trouve ça "étonnant" on va dire dans ce cas précis, même si la situation de Gibson est assez "spéciale" il faut bien le dire.
J’ai un peu galéré à le retrouver mais voici un très intéressant article retraçant la production de Fury Road. Apparemment, la présence de Mel Gibson sur le projet variait en fonction des annonces et rumeurs. Comme l’indique l’article, il subsiste encore un flou quant à la nature du personnage joué par Tom Hardy et ça m’étonnerait pas que Miller réserve une bonne surprise dans la façon de gérer la problématique.
Jericho a écrit :
Disponible sur le coffret consacré à Peter Weir sortie il y a quelques années
De quel coffret parles-tu ?
J'aimerai le chopper.

Il s’agit de ce coffret (sur le DVD de La Dernière Vague) :

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Re: George Miller

Message par Supfiction »

nobody smith a écrit :
Supfiction a écrit :Est-ce qu"on sait si Miller avait cherché à faire son dernier Mad Max avec Mel Gibson ?
En général, les remakes suites avec de nouveaux acteurs se font avec de nouveaux réalisateurs (exemple : Batman 3, Spiderman 4, etc).
Je trouve ça "étonnant" on va dire dans ce cas précis, même si la situation de Gibson est assez "spéciale" il faut bien le dire.
J’ai un peu galéré à le retrouver mais voici un très intéressant article retraçant la production de Fury Road. Apparemment, la présence de Mel Gibson sur le projet variait en fonction des annonces et rumeurs. Comme l’indique l’article, il subsiste encore un flou quant à la nature du personnage joué par Tom Hardy et ça m’étonnerait pas que Miller réserve une bonne surprise dans la façon de gérer la problématique.
Merci nobody smith!
Fin 2002, le nom de Robert Downey Jr est lâché : grâce à son copain Gibson, il devrait interpréter un bad guy du film et George Miller déclare à un magazine asiatique : « Le script est pratiquement terminé et nous espérons le tourner en début d’année. Oui, Mel est de retour et il mérite chaque centime de son cachet. Je veux dire, qui voudrait d’un Mad Max sans Mel ? J’aimerais également retrouver des visages des premiers films, comme Tina Turner, ou Emil Minty [le Feral Kid du 2, nda]… »
En octobre 2006, la page imdB du film disparaît et il se dit qu’en mars 2007, George Miller aurait déclaré à un journal australien que « Mel semble maintenant plus intéressé par la réalisation, la conduite en état d’ivresse, et finir le travail d’Hitler »…
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Re: George Miller

Message par Jericho »

Ouh le méchant tacle ! :)

Merci pour l'info, nobody smith !
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Re: George Miller

Message par Shin Cyberlapinou »

Jericho a écrit :Ouh le méchant tacle ! :)
Oui, Miller ne l'avait pas loupé, il est en outre étonnant de voir que les deux grands défenseurs de Gibson à Hollywood soient Robert Downey Jr (juif pratiquant) et Jodie Foster (lesbienne pratiquante). De quoi jeter un éclairage plus nuancé sur le bonhomme...
Jericho
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Re: George Miller

Message par Jericho »

Justice League : Bientôt un documentaire sur le film avorté de George Miller, le papa de Mad Max

http://www.ecranlarge.com/films/news/94 ... de-mad-max
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Re: George Miller

Message par Rockatansky »

Mouais, le mec n'a encore contacté personne et il n'a pas de producteur, donc ça sent l'effet d'annonce :mrgreen:
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Re: George Miller

Message par nobody smith »

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Re: George Miller

Message par Jeremy Fox »

Lorenzo chroniqué par Justin Kwedi. Le film existe en DVD chez Universal.
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Re: George Miller

Message par Max Schreck »

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Lorenzo's oil, 1992
Ici tout est mouvement. Pour raconter cette histoire de course contre la mort, la mise en scène de Miller va littéralement épouser l'énergie dont devront faire preuve ce couple de parents, magnifiques Nolte et Sarandon. J'avoue avoir un peu craint d'être agacé par cette réalisation très "voyante", avec notamment pas mal de gros plans en courtes focales, et surtout une insistance à mettre à chaque fois tous ses personnages dans le cadre au lieu de leur réserver des plans séparés, en un champ/contrechamp plus conventionnel. Mais ça m'a finalement bien emporté, parce que le fond est incroyablement fort. J'avais une vague idée de l'histoire de ce drame familial, et j'étais donc plus ou moins prêt au registre mélo. Mais je ne pensais pas que le film serait si éprouvant. Miller montre sans fards la souffrance du gamin, sachant s'arrêter juste avant d'être impudique mais ne dissimulant rien. Et on est pendus aux basques de ces parents, et on les accompagne dans leur lutte acharnée au fil des années, sans une minute de temps mort. Une épopée où les adversités peuvent aussi venir de l'intérieur.

Et puis, en parralèle des répercussions intimes vécues par la famille et son entourage, quelle prouesse de rendre tout aussi passionnante leur quête scientifique. C'est tout à la gloire de Miller et de son coscénariste que d'avoir réussi à vulgariser tout ce qui relève de l'aspect médical et de nous rendre palpitante l'évolution d'une courbe dessinée sur un tableau, ou de nous intéresser à des histoires d'acides gras, d'enzymes, et de biosynthèse. Et tout ça se pare d'une profondeur supplémentaire avec ce choix de décors et de plans qui évoquent l'art religieux (la bibliothèque qui ressemble à une église, ce plan digne d'une Piéta de Susan Sarandon tenant son fils, le final sur le plafond d'une église baroque romaine), de même que la bande son riche de musique classique élève là aussi le film vers une sorte de grâce. On en sort vraiment secoué.


C'est par contre un peu déprimant, de se renseigner sur le destin des personnes qui ont directement inspiré le film.
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