Film du mois de juillet est décerné à la redécouverte Blue Collar. Coup d'essai de Paul Schrader et coup de maître; d'une maitrise confondante et d'une rare intelligence sur la lutte des classes, magnifié par un trio d'acteurs sensationnels : Richard Pryor, Yaphet Kotto et Harvey Keitel.
Mr-Orange a écrit :Rashomon - Akira Kurosawa - 1952 : Au début du film, le passant dit quelque chose du genre : "Tais-toi, je préfère écouter la pluie plutôt d'écouter tes propos insipides".
En fait, je suis d'accord avec lui. Parce que tous les retours en arrière que proposent les témoins ne sont pas loin d'être inintéressants.
Pas sûr que tu aies compris le film...
Il est pourtant certain que sans tous ces longs flashbacks qui coupent l'action, le film serait beaucoup plus clair, et court aussi, d'ailleurs...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Ces passages sont au cœur même du film et de son propos : la même histoire racontée selon des points de vue différents. Sans eux, il n'y a carrément plus de film. Une structure très originale pour l'époque, mais devenue plus habituelle maintenant, y compris dans des séries policières.
Trouver ces passages inintéressants, c'est passer complètement à côté du film, qui est bien autre chose que le récit d'un fait divers.
Pour le jeu des acteurs, il faut en effet s'habituer à la manière japonaise. Quand on n'est pas trop habitué, ça peut être aussi déroutant que le jeu de certains acteurs français des années 30 à 50 (que, personnellement, je trouve parfois très daté, bien plus que celui de pas mal d'américains).
Pour un début (si c'est le cas) avec Kurosawa/Mifune, mieux aurait peut-être valu voir Chien enragé, dont l'aspect "film noir" est moins déroutant pour un non habitué.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
gnome a écrit :
Pas sûr que tu aies compris le film...
Il est pourtant certain que sans tous ces longs flashbacks qui coupent l'action, le film serait beaucoup plus clair, et court aussi, d'ailleurs...
aelita a écrit :Ces passages sont au cœur même du film et de son propos : la même histoire racontée selon des points de vue différents. Sans eux, il n'y a carrément plus de film. Une structure très originale pour l'époque, mais devenue plus habituelle maintenant, y compris dans des séries policières.
Trouver ces passages inintéressants, c'est passer complètement à côté du film, qui est bien autre chose que le récit d'un fait divers.
Voilà pourquoi je me pose la question quant à sa compréhension du film.
Pas le Hawks le plus "efficace" mais un postulat initial (l'étude de l'argot par un encyclopédiste) assez génial, le plein de sèquences enthousiasmantes et et une Stanwyck réellement "on fire"
L'Ile d'I-Eoh (Kim Ki-Young)
Encore un exercice sado-maso fascinant/rebutant de la part du réalisateur de La Servante, avec cette intrigue pseudo-policière sur une île peuplée de femmes, le tout avec un curieux mélange de chamanisme et d'écologie en arrière plan... Il y a quelques tics datés formellements et le récit a une construction éprouvante, mais dans son contenu et pour plusieurs séquences, c'est une vraie curiosité avec un final assez hallucinant
Toshiro Mifufune ne joue pas dedans, en revanche...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Oh si, je l'ai parfaitement compris. Juste pas adhéré. Ça arrive, parfois....
C'est ton premier film japonais ? Parce que globalement, ce style de jeu se retrouve dans presque tous les films de cette époque et pire avant.
Non, ce n'est pas mon premier, j'ai plusieurs Mizoguchi et Kurosawa à mon actif, mais en effet, c'est un cinéma que je ne connais presque pas. D'ailleurs, je compte voir Harakiri bientôt...
Et de ce que j'ai vu, le jeu des acteurs est souvent bien plus beau que ce que fait Mifune dans Rashomon. 10 ans plus tard, il est bien plus beau et marquant dans Sanjuro.
Oh si, je l'ai parfaitement compris. Juste pas adhéré. Ça arrive, parfois....
Si tu as compris le film et le procédé qui le sous-tend, je ne comprends pas comment tu peux dire :
Parce que tous les retours en arrière que proposent les témoins ne sont pas loin d'être inintéressants.
C'est différents témoignages sont l'essence du film !
Mr-Orange a écrit :
C'est ton premier film japonais ? Parce que globalement, ce style de jeu se retrouve dans presque tous les films de cette époque et pire avant.
Non, ce n'est pas mon premier, j'ai plusieurs Mizoguchi et Kurosawa à mon actif, mais en effet, c'est un cinéma que je ne connais presque pas. D'ailleurs, je compte voir Harakiri bientôt...
Et de ce que j'ai vu, le jeu des acteurs est souvent bien plus beau que ce que fait Mifune dans Rashomon. 10 ans plus tard, il est bien plus beau et marquant dans Sanjuro.
Rashomon est peut-être plus théatral que Sanjuro, mais cette théatralité, ces excès sont inhérents au cinéma japonais classique. Il y a souvent quelque chose d'excessif dans leur jeu, même si à côté il peut être extrêmement introspectif. Regarde les Imamura jusque dans les années 70. Regarde pas mal d'Oshima de la même époque...
Pour ce que j'ai pu en observer, le jeu d'acteur japonais conjugue deux axes principaux.
Soit une retenue massive, contenue, les émotions sont maitrisées par une pudeur et/ou un code social qui interdisent de perdre la face ou de se déconsidérer par une attitude impropre, et recommande une attitude stoïque (bon, le terme est malheureux, mais c'est un terme compréhensible) face à l'émotion, soit, au contraire, si la retenue est abandonnée, un abandon complet aux émotions, généralement outrancier, des cris et des larmes, des gesticulations, soit un excès d'expressivité qui démontre, justement, que l'émotion est si forte que la retenue est ici inapplicable, que la digue est débordée. C'est le cas dans Rashomon...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
cinephage a écrit :Pour ce que j'ai pu en observer, le jeu d'acteur japonais conjugue deux axes principaux.
Soit une retenue massive, contenue, les émotions sont maitrisées par une pudeur et/ou un code social qui interdisent de perdre la face ou de se déconsidérer par une attitude impropre, et recommande une attitude stoïque (bon, le terme est malheureux, mais c'est un terme compréhensible) face à l'émotion
C'est ce que je voulais dire par jeu introspectif...
cinephage a écrit :soit, au contraire, si la retenue est abandonnée, un abandon complet aux émotions, généralement outrancier, des cris et des larmes, des gesticulations, soit un excès d'expressivité qui démontre, justement, que l'émotion est si forte que la retenue est ici inapplicable, que la digue est débordée. C'est le cas dans Rashomon...
Tout à fait, ça crie et ça gesticule toujours beaucoup dans les films japonais. Ca me semble inhérent à leur manière de vivre excessive.
Ça m'étonne que vous n'ayez pas mentionné l'influence du théâtre traditionnel japonais (kabuki, nô), qui me semble être une clé de compréhension évidente de la manière dont sont joués et mis en scène bon nombre de films japonais de l'époque.
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Blue a écrit :Ça m'étonne que vous n'ayez pas mentionné l'influence du théâtre traditionnel japonais (kabuki, nô), qui me semble être une clé de compréhension évidente de la manière dont sont joués et mis en scène bon nombre de films japonais de l'époque.