Starman (John Carpenter - 1984)
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
la "réponse" de Carpenter à Spielberg, en quelque sorte. Il est dommage que cette veine de la rencontre pacifique entre humains et extra-terrestres n'ait pas été plus utilisée (sans qu'il soit question de faire toujours le même sorte de films).
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
C'est un peu le problème, et la limite, de Starman à mes yeux, comme je l'avais indiqué la dernière fois : le film de Carpenter suit globalement la même progression et la même dramaturgie qu'E.T., à ceci près que l'extraterrestre prend forme humaine, ce qui pose des enjeux émotionnels différents. Starman demeure une réussite, mais ce n'est pas pour moi une "réponse" à Spielberg (en ce sens qu'il constituerait une proposition radicalement dissemblable), mais par bien des aspects une "redite" de Spielberg. Si Carpenter a "répondu" à E.T., c'est avec l'effroyable The Thing, encore que le film n'ait pas été conçu dans cette optique puisque les deux sont sortis presque simultanément. Mais bon, je ne vais pas recommencer sur ce débat.riqueuniee a écrit :sans qu'il soit question de faire toujours le même sorte de films
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Enjeux d'autant plus forts que cette forme humaine n'est pas anodine. C'est un point tout à fait crucial ici. Jenny Hayden aurait-elle été si rapidement tentée d'aider notre ami s'il n'avait pas eu le physique de l'être aimé ?Demi-Lune a écrit :à ceci près que l'extraterrestre prend forme humaine, ce qui pose des enjeux émotionnels différents.
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Vaste question On peut d'ailleurs la retourner : dans quelle mesure l'extraterrestre était-il tout gentil sachant qu'il prend consciemment la forme du mari décédé, ce qui allait forcément provoquer un choc et une identification auprès d'une femme dont il requiert l'aide ? C'est un foutu calculateur, oui !Père Jules a écrit :Jenny Hayden aurait-elle été si rapidement tentée d'aider notre ami s'il n'avait pas eu le physique de l'être aimé ?
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Et comme par hasard, la nana est jolie !
Je reste assez surpris de voir le grand écart entrepris par Carpenter entre ce film-ci et The Thing. Le tout en deux ans. Pression du public ? Acceptation des codes alors en vigueur ? Sans le connaitre vraiment (mais j'ai plus que jamais hâte de creuser la vie et l'oeuvre du bonhomme) je suis tenté de dire "ni l'un, ni l'autre". Peut-être la volonté de démontrer que lui aussi était capable de faire des films de cette veine.
Je reste assez surpris de voir le grand écart entrepris par Carpenter entre ce film-ci et The Thing. Le tout en deux ans. Pression du public ? Acceptation des codes alors en vigueur ? Sans le connaitre vraiment (mais j'ai plus que jamais hâte de creuser la vie et l'oeuvre du bonhomme) je suis tenté de dire "ni l'un, ni l'autre". Peut-être la volonté de démontrer que lui aussi était capable de faire des films de cette veine.
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
C'est en ce sens que j'estime que le film est une sorte de "réponse" au E.T. de Spielberg.Père Jules a écrit : Peut-être la volonté de démontrer que lui aussi était capable de faire des films de cette veine.
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
La raison est assez simple : l'insuccès public. On ne redira jamais assez à quel point l'échec de The Thing a considérablement atteint et blessé Carpenter. Son investissement dans ce film avait été total, et n'a pas été récompensé par le public. Pour ce qui est des potentielles raisons, nous en avons largement discuté sur le topic d'E.T. ... Malgré cette immense déception, le cinéaste s'est néanmoins remis au travail avec un nouveau film de studio, adapté de Stephen King, donc susceptible de bien marcher : Christine. C'est un grand Carpenter, avec ce qui est pour moi sa meilleure réalisation avec The Thing, sur un strict point de vue technique. Malheureusement, là encore le succès n'est guère au rendez-vous : le film coûte 10 millions de dollars et n'en rapporte que 20. C'est la série noire et Carpenter, un peu dépassé, plus en phase avec le public, prend alors conscience qu'il faut impérativement qu'il diversifie ses registres pour continuer à prouver aux studios qu'il est toujours solvable. C'est la raison pour laquelle il se lancera dans Starman, fable fantastique qui fait preuve d'un intimisme et d'un humanisme assez exceptionnels au regard de son œuvre. Attention, ce n'est pas un film impersonnel, malgré ce qu'on pourrait croire : même si son film s'apparente à de la SF spielbergienne (il faut savoir que la relation entre Carpenter et Spielberg est un peu de l'amour-haine), cela reste un film contrôlé et désiré par Carpenter. Il poursuivra ensuite avec Jack Burton, comédie d'aventures fantastiques ovniesque, avec toujours le même insuccès public. Cela signera sa perte à Hollywood. Pour moi, artistiquement il ne s'en rétablira jamais tout à fait, sauf le temps de L'Antre de la folie, chef-d’œuvre halluciné.Père Jules a écrit :Je reste assez surpris de voir le grand écart entrepris par Carpenter entre ce film-ci et The Thing. Le tout en deux ans. Pression du public ? Acceptation des codes alors en vigueur ? Sans le connaitre vraiment (mais j'ai plus que jamais hâte de creuser la vie et l'oeuvre du bonhomme) je suis tenté de dire "ni l'un, ni l'autre". Peut-être la volonté de démontrer que lui aussi était capable de faire des films de cette veine.
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Tu peux développer un peu, ça m'intéresse.Demi-Lune a écrit : même si son film s'apparente à de la SF spielbergienne (il faut savoir que la relation entre Carpenter et Spielberg est un peu de l'amour-haine)
A moins que tu ne te sois déjà fendu d'un topo sur le sujet
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Moui... plus ou moins, lors du débat sur l'impact d'E.T. Carpenter a une amertume particulière envers ce film parce qu'il estime (à tort ou à raison) qu'il est la cause du désintérêt du public pour le film de SF violent et désespéré qu'était The Thing. D'un autre côté, il reconnaît et apprécie beaucoup la place et l'influence de Spielberg dans le cinéma de genre. Quand on observe une partie de la filmographie de Carpenter, on remarque que certaines de ses œuvres se sont construites en miroir de celles de Spielberg : Starman avec E.T., Les Aventures de Jack Burton avec Les Aventuriers de l'arche perdue, Christine avec Duel... Carpenter est, me semble-t-il, toujours un peu réticent à évoquer le cinéma de Spielberg, mais j'ai le sentiment que, même s'il a une sensibilité fort différente de ce dernier, il y a eu, à un certain moment de sa carrière, une forme de rivalité, peut-être de la jalousie aussi parce que Spielberg triomphait dans le cinéma fantastique alors que lui enchaînait les déceptions publiques. D'ailleurs, je suis souvent surpris de constater de grandes similitudes formelles entre les œuvres de deux réalisateurs : l'utilisation du Scope et de la lumière sur les films des 80's de Carpenter m'évoquent vraiment l'agencement visuel du Spielberg des 70's et 80's. Je pense par exemple à The Fog. Il est intéressant de remarquer que Spielberg "récupèrera" le directeur photo attitré de John Carpenter, Dean Cundey, à deux reprises.Père Jules a écrit :Tu peux développer un peu, ça m'intéresse.Demi-Lune a écrit : même si son film s'apparente à de la SF spielbergienne (il faut savoir que la relation entre Carpenter et Spielberg est un peu de l'amour-haine)
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Re: Starman (John Carpenter, 1984)
Avec n'importe quelle orchestration ou habillage... cette mélodie principale est juste ignoble et fait basculer le film dans le neuneu, alors qu'il en était assez loin quand même; dommage.Demi-Lune a écrit :Ben justement, la musique ne m'a convaincu qu'à moitié. Nitzsche se la joue synthés façon Carpenter, en mode planant et délicat, mais il nous sort un thème un peu pompier lors des scènes aux envolées poétiques. Une orchestration symphonique aurait peut-être été plus judicieuse.Cortez The Killer a écrit :Je rajouterais juste que la séquence finale est à mon égard, l'une des plus belles si ce n'est la plus belle, jamais filmée dans toute la carrière du cinéaste! Le score de Jack Nitzsche est l'exemple même de la bande son en parfaite adéquation avec les images, il en résulte un instant magique qui reste en mémoire à jamais!
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Re: Starman (John Carpenter, 1984)
mannhunter a écrit :outre l'efficacité des acteurs,de la mise en scène,de la musique et de la photo c'est aussi émouvant pour le contexte de la scène en elle-même,contexte assez différent à mon sens des deux films de Spielberg cités
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
20 au box office US et pas mondial...d'après Carpenter lui-même, "ni un succès phénoménal ni un flop", le film a quand même fait son million d'entrées en France, son plus gros succès ici avec "New York 1997" et "Fog". Même équipe que "Starman" (producteur, chef op, directeur artistique, FX, montage) et ce dernier connaîtra le même genre de résultats au box office, Carpenter en parle sur le commentaire audio avec Jeff Bridges.Demi-Lune a écrit :Christine. C'est un grand Carpenter, avec ce qui est pour moi sa meilleure réalisation avec The Thing, sur un strict point de vue technique. Malheureusement, là encore le succès n'est guère au rendez-vous : le film coûte 10 millions de dollars et n'en rapporte que 20.
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Un Carpenter romantique dont le BR français est actuellement bradé à 5 euros sur Amazon dans l'offre "4 BR pour 20 euros"...
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
Un film que j'ai appris à apprécier de plus en plus.
Carpenter montrait son sens de la narration dans cette oeuvre désenchantée, plus mélancolique qu'émerveillée. Jeff Bridges est le partenaire idéal pour passer les émotions sur son visage faussement monolithique (quoique Carpenter pour Carpenter, j'aurais été curieux d'y voir un Kurt Russell dans ce rôle) et l'histoire est assez complexe pour nous faire ressentir tout un panel de réactions.
Carpenter montrait son sens de la narration dans cette oeuvre désenchantée, plus mélancolique qu'émerveillée. Jeff Bridges est le partenaire idéal pour passer les émotions sur son visage faussement monolithique (quoique Carpenter pour Carpenter, j'aurais été curieux d'y voir un Kurt Russell dans ce rôle) et l'histoire est assez complexe pour nous faire ressentir tout un panel de réactions.
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Re: Starman (John Carpenter - 1984)
PlussunWatkinssien a écrit :Un film que j'ai appris à apprécier de plus en plus.
Carpenter montrait son sens de la narration dans cette oeuvre désenchantée, plus mélancolique qu'émerveillée. Jeff Bridges est le partenaire idéal pour passer les émotions sur son visage faussement monolithique (quoique Carpenter pour Carpenter, j'aurais été curieux d'y voir un Kurt Russell dans ce rôle) et l'histoire est assez complexe pour nous faire ressentir tout un panel de réactions.
Dans le livre d'entretien de Gilles Boulenger, Carpenter ne renie d'ailleurs pas du tout "Starman" (contrairement aux "Aventures d'un homme invisible"..) et il déclare:Demi-Lune a écrit :C'est la série noire et Carpenter, un peu dépassé, plus en phase avec le public, prend alors conscience qu'il faut impérativement qu'il diversifie ses registres pour continuer à prouver aux studios qu'il est toujours solvable. C'est la raison pour laquelle il se lancera dans Starman, fable fantastique qui fait preuve d'un intimisme et d'un humanisme assez exceptionnels au regard de son œuvre. Attention, ce n'est pas un film impersonnel, malgré ce qu'on pourrait croire : même si son film s'apparente à de la SF spielbergienne (il faut savoir que la relation entre Carpenter et Spielberg est un peu de l'amour-haine), cela reste un film contrôlé et désiré par Carpenter.
"Je voulais absolument faire un film qui puisse exprimer un point de vue positif. Je voulais signer quelque chose de plus léger, même si "Starman" est aussi un film sentimental et triste. C'est simplement quelque chose auquel je voulais me frotter. Je voulais voir si je pouvais y arriver. J'ai également un coté romantique et sentimental. Ca ne transparaît pas au premier regard, mais il existe bien. "
Et sur ses rapports avec la production:
'Michael Douglas (producteur du film) ne m'a rien demandé du tout. On a déjeuné ensemble avant que le tournage ne commence. On a juste parlé du métier et de la vie en général. Il venait de terminer "A la poursuite du diamant vert" et ne fondait aucun espoir sur le film - croyez-le ou non, tout le monde pensait que c'était de la merde. On a donc parlé de ses problèmes, voilà tout. Je ne l'ai plus jamais revu jusqu'à ce que je lui montre le film. Il lui a plu, et je lui ai demandé s'il avait une suggestion. "Pas vraiment", m'a t-'il répondu. "Certaines de tes scènes sont peut-être, un petit peu trop exhaustives. Si tu coupais le début, ça ne leur ferait pas de mal, mais c'est tout." C'est tout ce qu'il m'a dit. Il a aussi suggéré le nom de Jack Nitzsche pour la musique, en me disant qu'il conviendrait parfaitement. Ce qui a été le cas. Jamais je n'ai eu de meilleure relation avec un producteur."
Dans Positif, interviewé à l'occasion de la sortie française de "l'antre de la folie":
"Je voulais faire un film d'aventure romantique, et celui-là avait en plus de la science-fiction, un couple en fuite sur les routes, avec un petit côté comédie à la NEW YORK-MIAMI. Et il y avait cette très belle scène sentimentale à la fin. L'extraterrestre est un cousin de celui de Spielberg. C'était un film très hollywoodien, il n'y avait rien de subversif. C'était évident dès le départ; je savais où je mettais les pieds. A la limite ça aurait pu être un western. Jeff Bridges aurait pu être d'une autre ville, un simple étranger. Quand il dit: "Vous, les humains, vous révélez le meilleur de vous-mêmes quand les choses tournent au plus mal", j'aimerais croire que c'est vrai!
J 'ai aimé le tourner et j'ai aimé ce que Jeff Bridges a fait de son rôle."