John Cassavetes (1929-1989)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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tenia
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par tenia »

J'avoue avoir particulièrement apprécié Faces, plus que Killing of a Chinese Bookmaker qui m'a laissé assez froid. Mais clairement, rien n'atteint la puissance d'Une femme sous influence.
Gustave
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Gustave »

Annonce pour les Lyonnais : l'Institut Lumière reprendra en novembre-décembre les 5 copies (nouveaux masters numériques) sorties par Orly Films cet été : Shadows, Faces, Une Femme sous Influence, Meurtre d'un Bookmaker chinois et Opening Night. Un responsable de la programmation me disait que quelques films supplémentaires seraient projetés. Je croise les doigts pour Husbands et Minnie and Moskowitz que j'adorerais revoir aussi ! Pour ceux qui voudraient surveiller les détails du programme, à venir dans les prochains jours : http://institut-lumiere.org/

J'en profite pour partager des articles que j'ai pris tellement de temps et de plaisir à écrire ! Tenter de décortiquer la science si particulière du montage et du cadrage chez Cassavetes, c'est du bonheur : http://www.courte-focale.fr/tag/john-cassavetes/
Gustave
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Gustave »

Boubakar a écrit :Des avis sur Faces ? Plusieurs des films de Cassavetes ressortent actuellement au cinéma, et comme je n'ai pas encore vu celui-là, je demande vos conseils. :)
Bien d'accord avec la réponse de LéoL : c'est certainement le film de Cassavetes le plus radical stylistiquement parlant. C'est peut-être pour ça qui en fait mon préféré ! L'urgence de la mise en scène et du montage, qui alterne avec des plages où les corps épuisés des personnages s'affaissent par ivresse ou par fatigue, est juste scotchante à elle seule. Rajoutez à cela la puissance avec laquelle les comédiens crèvent l'écran et vous obtenez bien l'une des expériences émotionnelles les plus fortes qu'ait connu le cinéma. J'avais d'ailleurs écrit dessus, tenté de restituer mon ressenti tout en proposant une approche historique et esthétique sur le film : http://www.courte-focale.fr/cinema/analyses/faces/
Federico
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Federico »

Rediff dans la nuit de samedi à dimanche prochain sur France Culture à 3h55 de l'émission de 1985 des Mardis du cinéma John Cassavetes : "Moments d'amour".
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Federico »

Federico a écrit :Rediff dans la nuit de samedi à dimanche prochain sur France Culture à 3h55 de l'émission de 1985 des Mardis du cinéma John Cassavetes : "Moments d'amour".
Nouvelle chance pour ceux qui l'auraient loupé : le docu repasse cette nuit à 1h30. :wink:
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Federico »

Help needed !

Sachant que plusieurs classikiens l'ont acheté, j'aurais le besoin urgent de connaitre la qualité du Bluray de Meurtre d'un bookmaker chinois inclus dans le coffret Hommage à Cassavetes 5 films (BR+DVD) édité récemment par Orly Films/Orange Studio. Est-ce ou non le même transfert que le Criterion ?
DVDbeaver ne mentionne pas cette édition et plusieurs avis postés sur amzFR suggèrent que le résultat ne serait pas top...
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Alligator »

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http://alligatographe.blogspot.fr/2014/ ... vetes.html

Shadows (1959)

Troisième film de John Cassavetes que je vois (après "Opening night" et "Meurtre d'un bookmaker chinois") et une nouvelle fois, j'ai beaucoup aimé.

Celui-là est son premier. Mazel tov! On sent évidemment cette grande liberté, propre à ce cinéaste, bien au delà du procédé d'improvisation en vigueur pour la direction d'acteurs sur ce film. Cette liberté se lit aussi dans la manière de filmer, la variété des plans, des cadrages. Tout cela donne le sentiment d'urgence, certes de l'impro, mais surtout de l'espèce d'avidité à capter l'image sur le vif, et ce qui se cache derrière les visages, les regards disent bien souvent plus longs que les mots, dans ce film plus qu'ailleurs.

Les attitudes aussi. Les acteurs sont formidables. Et la caméra d'essayer de suivre leur rythme, leurs expressions.

L'influence de la nouvelle vague française est criante. La France d'après guerre est omniprésente : Bardot, Picasso, l'existentialisme et Sartre, la France terre d'accueil pour les jazzmen, etc. Cassavetes se tourne encore vers le vieux continent. Ses autres films (du moins ceux que j'ai vus) m'ont l'air plus américains. On sent le jeune artiste encore imbibé de ses influences adolescentes, enthousiastes. Charmant.

Le propos anti-raciste est asséné avec une grande subtilité. J'ai un peu plus de mal à comprendre néanmoins ce que la bagarre finale vient dans le tableau. Était-ce nécessaire? C'est censé dire quoi qui n'avait pas été dit au juste? On avait déjà bien compris que cette bande de jeunes adultes était aussi soudée qu'assoiffée de liberté, dérivante au gré des événements, des rencontres, qu'ils n'avaient qu'à jouir de la vie, de leur jeunesse triomphante.

Le film en forme de tranches de vie offre une jolie perspective sur cette exubérance et ces troubles d'angoisse qui forment des parenthèses constructives. Il manque peut-être une meilleure maîtrise de la lumière, mais sinon c'est un premier film réussi, par son originalité, sa vitalité, son audace.
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Frances
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Frances »

OPENING NIGHT (1977) de John Cassavetes avec Gena Rowland, Ben Gazzara, Joan Blondell, Paul Stewart.

Il fait nuit, il pleut à verse, Myrtle Gordon (Gena Rowland) quitte le théâtre et affronte une foule d’admirateurs pressée là, en quête d’autographe. Parmi eux une jeune femme, la suit jusqu’à sa voiture, avant de se faire renverser. Le drame va bouleverser l’actrice.

Opening night est de ces films qui vous marquent durablement. La charge émotionnelle est si forte, si vive que l’on en sort un peu abasourdi ; qu’un laps de temps est nécessaire pour émerger et revenir à la réalité. Cassavetes explore la résonnance entre théâtre et cinéma, sonde la perméabilité entre réalité et au-delà, visite le thème du double, observe la mouvance des sentiments. Myrtle porte la somme des peurs et des angoisses d’une femme de son âge, d’une actrice de sa condition.

La beauté et le succès sont encore au rendez-vous, mais ils sont susceptibles de disparaitre - parce qu’on n’arrête pas le temps et qu’elle ne sent pas la pièce qu’elle répète –. La mort violente de son admiratrice (réelle ou fantasmée ?) est l’onde de choc qui fait remonter à la surface les démons que Myrtle porte probablement en elle depuis quelque temps déjà : la peur de vieillir, le manque d’amour, la solitude, les frustrations professionnelles, son aptitude à jouer, etc. Autant d’interrogations, de constats amers qui la font tituber dans les vapeurs d’alcool.

Gena Rowland merveilleuse, sublime dans chaque plan incarne la fragilité (et la force) de Myrtle avec une vérité incroyable. Un film exceptionnel et totalement bouleversant.
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Geoffrey Carter »

C'est un film que j'ai vu finalement peu de fois, tellement il me lessive et m'épuise psychologiquement par les torrents d'émotion qu'il soulève, comme seul Cassavetes sait le faire.
L'interprétation de Gena Rowlands est une des plus belles que j'ai vues au cinéma.
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Flavia »

Je rejoins l'avis de Frances sur ce magnifique film, sans oublier Une femme sous influence où Gena Rowlands y est aussi extraordinaire, le cinéma de Cassavetes me passionne car il est profondément humain.
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Frances »

Une femme sous influence a été un véritable choc et m'a réconciliée à tout jamais avec Cassavetes. Franchement je m'en veux de l'avoir boudé aussi longtemps :oops:
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Jeremy Fox »

Un enfant attend chroniqué par Geoffrey Carter. On trouve le film en bonus du Bluray de Love Streams.
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Jeremy Fox »

Une femme sous influence (A Woman Under the Influence) - 1974

Comme quoi toi tout arrive ! Après Minnie et Moskowitz l'année dernière qui m'avait réconcilié avec le cinéaste, cette fois c'est encore plus fort, un véritable coup de cœur. Sa mise en scène au plus près des personnages et son jeu sur la durée arrivent désormais à me parler et font même partie des éléments qui rendent ce dernier film aussi réaliste, puissant, tendu et bouleversant. Un des plus beaux/durs films sur la folie grâce à une prestation éblouissante de Gena Rowlands ; les enfants et Peter Falk sont tout aussi formidables et j'ai particulièrement apprécié aussi l'utilisation de la musique. Quant à la dernière séquence, elle est magnifique et lumineuse. D'une justesse confondante !
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Jeremy Fox
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Jeremy Fox »

Frances a écrit :Une femme sous influence a été un véritable choc et m'a réconciliée à tout jamais avec Cassavetes. Franchement je m'en veux de l'avoir boudé aussi longtemps :oops:
Ah ben tiens ; je venais de me dire la même chose. Me reste plus qu'à repartir à sa découverte :wink:
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Re: John Cassavetes (1929-1989)

Message par Rick Blaine »

:D
J'avoue avoir eu peur quand je t'ai vu remonter le topic Cassavetes, me voilà rassuré. :mrgreen:
Ce film est si émouvant, bouleversant !
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