bruce qui fait le mariolle parce que l'institut Lumière sert du réchauffé . Effectivement il n'y a rien de rare la dedans mais si j'étais Lyonnais (certains doivent se dire : "Oh non, non, pitié…" ), je me précipiterais à ces projections, d'autant plus qu'en tant que gros plouc ayant 6 salles de cinéma à 30 km à la ronde, je n'ai pas vu plus de 4 ou 5 Ozu sur grand écran alors que le compteur a déjà pas mal tourné (la première fois, je m'étais fait 2 séances consécutives du gout du saké au Champollion). Mais merci quand même de nous faire le compte rendu régulier de ce que l'on rate, espèce de ##### (c'est pour rire). Évidemment content en réalité de lire des textes sur des films pour lesquels il existe peu de ressources, notamment les 3 derniers dont tu as parlé que je connais pasbruce randylan a écrit :Ils se sont pas trop foulés pour le choix des film...
Yasujiro Ozu (1903-1963)
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Toute proportion gardée, la remarque de bruce (ne le prend pas mal, c'est jusque de l'ironie amicale ) me rappelle celle que m'avait faite un jour le conservateur d'un musée d'art contemporain français en jetant un oeil sur la sélection de monographies, catalogues et revues diverses que présentait la boutique d'une expo internationale : "Mouai, bof, j'ai vu les mêmes la semaine dernière à New York..."
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Le fait que je sois parisien (et que je profite de la CF ) n'a rien à voir.
Je serais lyonnais, je serais blasé de n'avoir accès qu'à des films disponibles facilement en DVD (voire blu-ray) alors que les copies de films plus difficilement visibles tournaient à Paris quelques semaines avant. Et je serais super frustré d'un tel rendez-vous manqué. Il n'y avait rien de snobisard méprisant dans ma remarque... Au contraire.
Je serais lyonnais, je serais blasé de n'avoir accès qu'à des films disponibles facilement en DVD (voire blu-ray) alors que les copies de films plus difficilement visibles tournaient à Paris quelques semaines avant. Et je serais super frustré d'un tel rendez-vous manqué. Il n'y avait rien de snobisard méprisant dans ma remarque... Au contraire.
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Il y avait juste un ton un peu railleur chez moi et même pas chez federico. D'accord évidemment avec le fait que les prog. auraient pu se fouler un peu plus car effectivement tout est sorti en DVD mais bien qu'ayant ces films dans ma vidéothèque, je serais allé voir mes préférés sur grand écran, çà ne fait aucun doute, Because cinema v/s 60 pouces (çà par contre c'est super méprisant pour ceux qui ont une ridicule petite TV )bruce randylan a écrit :Le fait que je sois parisien (et que je profite de la CF ) n'a rien à voir.
Je serais lyonnais, je serais blasé de n'avoir accès qu'à des films disponibles facilement en DVD (voire blu-ray) alors que les copies de films plus difficilement visibles tournaient à Paris quelques semaines avant. Et je serais super frustré d'un tel rendez-vous manqué. Il n'y avait rien de snobisard méprisant dans ma remarque... Au contraire.
Il n'y a qu'un lointain rapport et c'est hors sujet, mais la programmation par Brion d'un cycle Nicholas Ray dont tous les films ou pas loin sont dispos en DVD, en revanche ne se justifie pas selon moi…mais si tu me proposes, Johnny Guitar dans une belle salle, je courre...
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Bonjour à tous amis cinéphiles!! je viens juste de m'inscrire sur dvdclassik, pour pouvoir partager ma passion du cinema avec de vrais connaisseurs concernant Ozu, je dirais simplement que "voyage à tokyo" est peut être le film le plus émouvant, le plus déchirant qu'il m'ait été donné de voir, quelle grâce!!!
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Bienvenue à toi LeoneLeone a écrit :Bonjour à tous amis cinéphiles!! je viens juste de m'inscrire sur dvdclassik, pour pouvoir partager ma passion du cinema avec de vrais connaisseurs concernant Ozu, je dirais simplement que "voyage à tokyo" est peut être le film le plus émouvant, le plus déchirant qu'il m'ait été donné de voir, quelle grâce!!!
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Découverte de la très belle actrice Ayako Wakao dans l'excellent Herbes flottantes (1959), un film qui démarre un peu lentement avant de finir sublimement. Après recherches, j'avais sans doute vu cette actrice qui ne faisait pas partie de la "troupe" de Ozu précédemment dans La rue de la honte (1956).
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Actrice fetiche de Yasuzo Masumura, elle a notamment joué dans L'Ange Rouge, La Femme de Seizaku ou encore Tatouage
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Je ne connais pas. Dommage, les dvds sont assez chers, pour le moment en tous cas.Jack Carter a écrit :Actrice fetiche de Yasuzo Masumura, elle a notamment joué dans L'Ange Rouge, La Femme de Seizaku ou encore Tatouage
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
L'éditeur ayant cessé son activité, le prix ne risque pas de baisser. Mais bon, 30 euros pour un chef d'oeuvre absolu (la bête aveugle) et un très bon film (Tatouage), il serait dommage de se priver.
Par contre, on est assez loin d'Ozu et Mizoguchi pour le style
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
tout depend, un nouvel editeur, Zootrope (qui, je pense etait le meme distributeur que pour cinemalta) ressort les romans pornos (avec les memes visuels) + 2 inedits (La Maison de la sensualité, Fleur secrete)bruce randylan a écrit :L'éditeur ayant cessé son activité, le prix ne risque pas de baisser. Mais bon, 30 euros pour un chef d'oeuvre absolu (la bête aveugle) et un très bon film (Tatouage), il serait dommage de se priver.
Par contre, on est assez loin d'Ozu et Mizoguchi pour le style
http://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss?_ ... pe%20films
donc, ils vont peut-etre ressortir les Masumura plus tard.
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
A revoir en replay sur Arte, le très émouvant docu de Wenders sur Ozu Tôkyô-ga (qui est de 1985 et non de 1990 comme l'indique le site).
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Je ne sais pas si quelqu'un a déjà parlé ici de ce roman (ça vient de sortir)
http://www.benzinemag.net/2015/10/04/ozu-marc-pautrel/
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https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
Gosses de Tokyo
C’est dans les relations d’une famille fraîchement installée dans les faubourgs de Tokyo qu’Ozu puise l’inspiration alerte et facétieuse de cette chronique souriante du quotidien, dont l’humanisme social et les mille petits détails tendres et drolatiques, captés par un sens inné de l’observation, installent dans une heureuse disposition. Les deux jeunes frères, complices jusque dans la synchronisation de leurs mouvements, le père résigné mais bienveillant, la mère douce et attentive s’opposent en une série de conflits passagers où transparaissent la quête de reconnaissance, la fierté déçue, le respect de l’identité au sein d’une société très hiérarchisée, le souci d’une éducation ferme mais juste. À la fin, les enfants auront un peu boudé, pas mal contesté, et beaucoup appris. 5/6
Histoire d’herbes flottantes
À l’instar de Chaplin, qui à la même époque restait fidèle au muet, Ozu semble vouloir défier la domination de la parole, se défaire des possibilités de narration au parlant et se reposer sur l’imaginaire du spectateur. Il élabore surtout la méthode qu’il ne cessera de perfectionner par la suite : à partir d’une histoire banale (le directeur d’une troupe de théâtre en tournée rend visite à celle qui sa femme et à son fils qu’il ne connaît pas, sous le regard jaloux de sa maîtresse), il construit le temps que représente une existence à partir de stagnation, de déplacements infimes, dans un anti-récit sans réelle intrigue qui parvient à faire exister à l’écran l’essence même de la vie. Déjà le recours aux champs vides module la durée et infléchit la tonalité dramatique d’une fiction dont le pathos affleure sans éclater. 4/6
Le fils unique
Une fois n’est pas coutume, Ozu inverse les polarités en se penchant sur la relation d’une mère et de son fils, en lieu et place de la dynamique père/fille souvent explorée. Dans ce cinéma fait de variations et de modulations infimes, la différence est notable et accentue la dimension mélodramatique d’un récit où la notion du sacrifice et la force parfois écrasante de l’amour maternel entament un pas de deux avec la désillusion de celui qui a pris conscience de l’échec de ses ambitions. Échec tout relatif : Ryosuke n’aura pas su s’enrichir mais il aura réussi à devenir un homme bien. Le commentaire social nourrit de sa précision cette chronique mélancolique qui voit s’épuiser les efforts d’une vie de labeur sur l’autel d’une réussite par procuration, et opposer l’espoir d’êtres démunis à l’hostilité de la vie citadine. 4/6
Il était un père
Le réalisateur semble ici se fixer un défi peu banal : faire disparaître purement et simplement l’élément féminin. Mères, épouses, filles brillent donc par leur absence, sans que jamais celle-ci ne soit envisagé comme un manque, un déséquilibre ou la remise en lumière inversée d’une donnée sociale et familiale. Comme toujours l’art d’Ozu se fait simple, frontal, dénué de dispositifs retors, consacré à exploiter au maximum les ressources définies par son programme. C’est donc l’histoire d’une complicité inébranlable, celle liant un père et son fils, petit garçon devenu jeune homme, et aussi celle nouée entre deux générations – professeurs et élèves, transmetteurs et héritiers, portés par une admiration, une confiance réciproques. Philosophie heureuse, rassérénante douceur. 4/6
Récit d’un propriétaire
Au lendemain de la guerre, la société japonaise accuse le coup et l’individualisme grignote un quotidien morose. Lorsqu’un petit garçon égaré surgit importunément dans un voisinage qui ne sait trop que faire de lui, l’égoïsme des uns et la cruauté banale des autres à son égard se manifeste, presque par défaut. On le trouve encombrant, on le rabroue pour des fautes qu’il n’a pas commises, on le traite comme un animal de compagnie. Mais, dans ce petit conte de l’adoption, l’équivoque entoure constamment l’affectivité : la rudesse de la femme qui le recueille à son corps défendant peut s’interpréter comme une traduction bourrue de la résistance qu’elle oppose à son propre attendrissement. Ce qu’une conclusion en forme de prêche humaniste vient souligner un peu trop explicitement. 4/6
Printemps tardif
La caméra enregistre actions et événements en les cadrant au ras du tatami, les personnages se disent leurs quatre vérités au travers de champs/contre-champs radicaux, dans des chuchotements parfois humides de quelques larmes retenues. Si le film fait apparaître les relations de protection à l’intérieur de la cellule familiale, l’amour se range parmi les fonctions dont l’enchaînement forme l’ordre narratif, sans que rien ne mesure son degré d’existence. Une douce mélancolie s’invite au sein de ce climat serein, sentimental, percé d’une secrète tristesse, qui exprime, par la grâce d’une lèvre frémissante, d’un sourire chargé de regret ou d’une pièce soudainement vide, la douleur de la séparation inéluctable entre une jeune femme et son père, dont le lien affectif plie sous le poids des convenances sociales. 4/6
Été précoce
À la vision d’un tel joyau, on se dit que c’est définitif : aucun cinéaste n’a mieux parlé de la famille qu’Ozu. Tout ici nous renvoie à notre expérience d’enfant, de parent ou d’époux, à tel point qu’on a l’impression, à la fin, d’emporter quelque chose de chacun des personnages. L’art du gag microscopique, le souci du bonheur des êtres que l’on aime, la peur un peu coupable de quitter le foyer dans lequel on a grandi, le dialogue entre les générations (sagesse discrète des anciens, désarroi des géniteurs, insouciance malicieuse des plus jeunes)... Ozu capte la vérité profonde de toutes ces choses, tout comme il capte, dans la pose d’une ultime photo, dans la dernière promenade de deux belles-sœurs complices sur la plage, l’écoulement du temps qui passe. Une œuvre particulièrement émouvante. 5/6
Top 10 Année 1951
Le goût du riz au thé vert
Une fois encore la caméra d’Ozu est pareille à la pointe d’un sismographe, elle consigne les affinités et les regrets, les joies et les amertumes avec une grande intelligibilité, sans jamais les amplifier. C’est à l’érosion du couple qu’il s’intéresse ici : entre l’indolent Mokichi et l’autoritaire Taeko, usés par les mille contrariétés d’un mariage ronronnant, il y a de l’eau dans le gaz. Il faudra à chacun prendre la mesure de la force invisible acquise par leur relation au fil des ans pour qu’une cuisine improvisée ne rappelle à eux leur amour complice, aussi vivace et évident que le goût du riz au thé vert. Telle une agréable infusion, le film touche sans être parasité par aucun effet (juste quelques parcimonieux travellings avant et arrière), et dialogue avec notre vécu comme le ferait un vieil ami. 5/6
Voyage à Tokyo
À travers la visite rendue par un couple de veilles personnes à leurs enfants, Ozu raconte la désagrégation des valeurs familiales et sociales dans un pays gagné par la modernisation, inscrit les plus menus faits et gestes dans le grand livre de l’éternité, et perfectionne un style d’une rigueur absolue dont le réalisme minutieux équilibres les incidences de la vie intérieure. Loin de ne se réduire qu’à une dimension sociologique, le film articule accords et conflits invisibles, incompréhensions et non-dits, parvenant à extraire une émotion infinitésimale de l’observation ultra-sensible du quotidien et des attitudes (gentillesse et humour des parents face à tant de refus, égoïsme et maladresse des enfants, calme approche de la mort…). Serein et pathétique à la fois, le mélodrame est d’une pudeur et d’une dignité admirables. 5/6
Top 10 Année 1953
Printemps précoce
Chez Ozu le milieu du travail est le bureau, et l’employé soumis à un rythme, des codes, des impératifs régulant sa vie familiale. Cette condition offre le sujet central d’une étude de mœurs dont l’unité tient à la cohérence de l’argument, qui déjoue les attentes du spectateur et le surprend hors des questions que peut former sa vigilance. Le cinéaste y fouille les interférences de la vie professionnelle et de la vie affective, les petits mensonges et menus compromis que s’autorisent des êtres sans héroïsme mais sans médiocrité, dont le caractère ordinaire se révèle par un gommage de toute dramatisation. L’aventure adultérine, le remords, la déception, la réconciliation conjugale constituent les étapes d’un segment d’existence vide d’accomplissement, dont le pathos est rendu sans analyse psychologique. 4/6
Crépuscule à Tokyo
C’est pour Ozu le film de tous les échecs. Échec du couple d’abord, avec cet homme divorcé suite à l’adultère de son épouse, son aînée qui a quitté foyer et mari velléitaire, sa cadette victime de la lâcheté de l’étudiant qui l’a mise enceinte. Échec du père ensuite, qui constate le fossé existant entre lui et sa fille, l’incompréhension creusée par des années de méprises et de malentendus. Échec de la mère enfin, qui ne peut renouer avec ses enfants et ne récolte, dans sa quête d’une réconciliation, que leur ressentiment – en sus peut-être d’une mort sur la conscience. Film le plus pessimiste de son auteur, cette chronique du délitement et de la détresse dépeint une famille disloquée, mais l’espoir qu’elle délivre in extremis annonce peut-être un nouveau départ, le cinéaste passant dès lors à la couleur. 4/6
Fleurs d’équinoxe
Le conflit des générations est une fois de plus au centre de cette chronique du quotidien, qui souligne la difficulté des parents à laisser leur progéniture voler de ses propres ailes et celle des enfants à s’affranchir de l’héritage de leurs aînés. Ozu y poursuit l’élaboration d’un art consistant en des images plates qui disent par le montage une autre conception du temps et de l’action, comme les couleurs à l’intérieur du plan (un vert tendre, un rouge moins éteint, des nuances de beiges, noirs, gris-verts et gris-bleus) creusent autrement l’image que ne le ferait la perspective. Inventoriant rituels et étapes d’une émancipation sur un mode apaisé et mélancolique, avec une douceur qui finit par l’enliser dans une étrange atonie anesthésiée, le film m’a hélas peu touché, malgré la justesse de son regard. 3/6
Bonjour
Les gosses de Tokyo n’ont pas grandi, ils restent toujours aussi rétifs à l’autorité – et sont par ailleurs devenus experts en pétomanie. Ozu filme leur fronde passagère avec la même tendresse truculente qu’il dévoile les petits commérages de leurs parents, passant d’une cellule familiale à la voisine, d’un côté de la rue à l’autre, dans une harmonieuse fluidité. Nouvelle chronique amusée de ce quotidien chaleureux, où le cinéaste se laisse aller à un ton facétieux, parfois burlesque, tout en gardant un œil toujours aussi attentif sur les relations humaines. Car, de la même façon que le petit garçon répète ses I love you sans en connaître le sens, les futiles formules de politesse permettent aux gens de se parler, de se connaître, et peut-être même, comme le prof d’anglais et la tante, d’aller un peu plus loin ensemble. 5/6
Top 10 Année 1959
Herbes flottantes
Fidèle à son habitude, le cinéaste bannit les travellings de son langage formel mais accomplit un autre travail par l’harmonie des recherches de couleurs et la qualité des matières employées. Son inspiration plastique approfondit la théâtralisation par la mise en évidence de l’artifice. Dans une œuvre aussi uniforme que la sienne, qui recherche habituellement la banalisation de la quotidienneté, une telle démarche procède d’une rupture significative, et apporte un relief nouveau à cette histoire subtile d’amour empêché, de sourde jalousie et de filiation problématique. Jusqu’au dénouement doux-amer, mais porteur d’un franc espoir, chaque personnage trouve grâce à nos yeux, et exprime ses sentiments, ses craintes et ses aspirations en dévoilant la nasse des rapports complexes dont il est l’acteur. 4/6
Fin d’automne
Le cinéaste reprend les situations de Printemps Tardif mais en substituant la mère veuve au père resté seul. Trois messieurs d’âge mûr s’improvisent entremetteurs pour marier la fille de leur ami disparu, bientôt rejoints dans leurs manigances par l’amie dégourdie de la demoiselle (une mignonnette aux airs de Zhang Ziyi fifties). Le ton a beau être guilleret, il creuse une philosophie en demi-teintes qui rappelle que pour s’épanouir chacun doit s’accorder au cycle de la vie. Les rues, les habitations, les paysages sont filmés dans leurs motifs géométriques et leurs couleurs d’aquarelle avec une rigueur dépouillée ; le refus des nœuds dramatiques laisse filtrer une émotion sans emphase qui tient du non-dit, à l’instar du sourire final de Setsuko Hara, chargé d’une ambivalence douce-amère. 4/6
Dernier caprice
Ozu confirme le virage satirique et léger pris par les deux opus précédents. S’il fallait faire entrer ce film dans un genre particulier, ce serait donc celui de la comédie, mais où le sourire n’est jamais loin d’un certain désenchantement, et où surtout la célébration des libertés individuelles et le refus de la souscription à des normes sociales archaïques ne se délestent jamais du poids de la mort qui rôde et survient après un premier coup de semonce. Autour d’un grand-père facétieux faisant le mur pour retrouver un amour de jeunesse, le film entrecroise les lignes individuelles, s’extrait de l’architecture urbaine de Kyoto pour entériner, dans la douceur paisible de la compagne, la réconciliation des générations. Humanisme limpide, évidente clarté d’un propos qui, une nouvelle fois, touche par son universalité. 5/6
Le goût du saké
Où Ozu atteint la quintessence de sa conception d’une écriture strictement allusive, refusant la moindre afféterie formelle, dédaignant travellings et gros plans, à la recherche d’une forme de perfection séculaire. À force de précision et de netteté le réalisme se dissout, et la caméra saisit comme une absence fondamentale, un vide signifiant, un passage fugace dans l’au-delà de l’image. Si chaque plan est chargé d’intensité, c’est parce qu’on y trouve la sagesse et l’expressivité canonique d’un calligraphe, et que la réflexion sur l’éclatement familial est enveloppée d’une tristesse sourde, intime, qui fait ressentir l’inexorabilité de la vieillesse et le poids de la solitude. Lorsqu’à la fin Chishû Ryû choisit résigné de s’extraire du monde, on comprend à quel point le minimalisme est ici synonyme de vérité. 5/6
Top 10 Année 1962
Mon top :
1. Voyage à Tokyo (1953)
2. Été précoce (1951)
3. Gosses de Tokyo (1932)
4. Le goût du saké (1962)
5. Bonjour (1959)
Comptant parmi les plus grands cinéastes de son époque, Ozu est le peintre de la société nippone contemporaine, un radiographe des sentiments, dont les films sont autant de variations infimes autour des mêmes thèmes et motifs. Il y a beaucoup de rigueur, d’exigence dans ce cinéma, et autant de sensibilité, ce qui le préserve de toute sécheresse.
C’est dans les relations d’une famille fraîchement installée dans les faubourgs de Tokyo qu’Ozu puise l’inspiration alerte et facétieuse de cette chronique souriante du quotidien, dont l’humanisme social et les mille petits détails tendres et drolatiques, captés par un sens inné de l’observation, installent dans une heureuse disposition. Les deux jeunes frères, complices jusque dans la synchronisation de leurs mouvements, le père résigné mais bienveillant, la mère douce et attentive s’opposent en une série de conflits passagers où transparaissent la quête de reconnaissance, la fierté déçue, le respect de l’identité au sein d’une société très hiérarchisée, le souci d’une éducation ferme mais juste. À la fin, les enfants auront un peu boudé, pas mal contesté, et beaucoup appris. 5/6
Histoire d’herbes flottantes
À l’instar de Chaplin, qui à la même époque restait fidèle au muet, Ozu semble vouloir défier la domination de la parole, se défaire des possibilités de narration au parlant et se reposer sur l’imaginaire du spectateur. Il élabore surtout la méthode qu’il ne cessera de perfectionner par la suite : à partir d’une histoire banale (le directeur d’une troupe de théâtre en tournée rend visite à celle qui sa femme et à son fils qu’il ne connaît pas, sous le regard jaloux de sa maîtresse), il construit le temps que représente une existence à partir de stagnation, de déplacements infimes, dans un anti-récit sans réelle intrigue qui parvient à faire exister à l’écran l’essence même de la vie. Déjà le recours aux champs vides module la durée et infléchit la tonalité dramatique d’une fiction dont le pathos affleure sans éclater. 4/6
Le fils unique
Une fois n’est pas coutume, Ozu inverse les polarités en se penchant sur la relation d’une mère et de son fils, en lieu et place de la dynamique père/fille souvent explorée. Dans ce cinéma fait de variations et de modulations infimes, la différence est notable et accentue la dimension mélodramatique d’un récit où la notion du sacrifice et la force parfois écrasante de l’amour maternel entament un pas de deux avec la désillusion de celui qui a pris conscience de l’échec de ses ambitions. Échec tout relatif : Ryosuke n’aura pas su s’enrichir mais il aura réussi à devenir un homme bien. Le commentaire social nourrit de sa précision cette chronique mélancolique qui voit s’épuiser les efforts d’une vie de labeur sur l’autel d’une réussite par procuration, et opposer l’espoir d’êtres démunis à l’hostilité de la vie citadine. 4/6
Il était un père
Le réalisateur semble ici se fixer un défi peu banal : faire disparaître purement et simplement l’élément féminin. Mères, épouses, filles brillent donc par leur absence, sans que jamais celle-ci ne soit envisagé comme un manque, un déséquilibre ou la remise en lumière inversée d’une donnée sociale et familiale. Comme toujours l’art d’Ozu se fait simple, frontal, dénué de dispositifs retors, consacré à exploiter au maximum les ressources définies par son programme. C’est donc l’histoire d’une complicité inébranlable, celle liant un père et son fils, petit garçon devenu jeune homme, et aussi celle nouée entre deux générations – professeurs et élèves, transmetteurs et héritiers, portés par une admiration, une confiance réciproques. Philosophie heureuse, rassérénante douceur. 4/6
Récit d’un propriétaire
Au lendemain de la guerre, la société japonaise accuse le coup et l’individualisme grignote un quotidien morose. Lorsqu’un petit garçon égaré surgit importunément dans un voisinage qui ne sait trop que faire de lui, l’égoïsme des uns et la cruauté banale des autres à son égard se manifeste, presque par défaut. On le trouve encombrant, on le rabroue pour des fautes qu’il n’a pas commises, on le traite comme un animal de compagnie. Mais, dans ce petit conte de l’adoption, l’équivoque entoure constamment l’affectivité : la rudesse de la femme qui le recueille à son corps défendant peut s’interpréter comme une traduction bourrue de la résistance qu’elle oppose à son propre attendrissement. Ce qu’une conclusion en forme de prêche humaniste vient souligner un peu trop explicitement. 4/6
Printemps tardif
La caméra enregistre actions et événements en les cadrant au ras du tatami, les personnages se disent leurs quatre vérités au travers de champs/contre-champs radicaux, dans des chuchotements parfois humides de quelques larmes retenues. Si le film fait apparaître les relations de protection à l’intérieur de la cellule familiale, l’amour se range parmi les fonctions dont l’enchaînement forme l’ordre narratif, sans que rien ne mesure son degré d’existence. Une douce mélancolie s’invite au sein de ce climat serein, sentimental, percé d’une secrète tristesse, qui exprime, par la grâce d’une lèvre frémissante, d’un sourire chargé de regret ou d’une pièce soudainement vide, la douleur de la séparation inéluctable entre une jeune femme et son père, dont le lien affectif plie sous le poids des convenances sociales. 4/6
Été précoce
À la vision d’un tel joyau, on se dit que c’est définitif : aucun cinéaste n’a mieux parlé de la famille qu’Ozu. Tout ici nous renvoie à notre expérience d’enfant, de parent ou d’époux, à tel point qu’on a l’impression, à la fin, d’emporter quelque chose de chacun des personnages. L’art du gag microscopique, le souci du bonheur des êtres que l’on aime, la peur un peu coupable de quitter le foyer dans lequel on a grandi, le dialogue entre les générations (sagesse discrète des anciens, désarroi des géniteurs, insouciance malicieuse des plus jeunes)... Ozu capte la vérité profonde de toutes ces choses, tout comme il capte, dans la pose d’une ultime photo, dans la dernière promenade de deux belles-sœurs complices sur la plage, l’écoulement du temps qui passe. Une œuvre particulièrement émouvante. 5/6
Top 10 Année 1951
Le goût du riz au thé vert
Une fois encore la caméra d’Ozu est pareille à la pointe d’un sismographe, elle consigne les affinités et les regrets, les joies et les amertumes avec une grande intelligibilité, sans jamais les amplifier. C’est à l’érosion du couple qu’il s’intéresse ici : entre l’indolent Mokichi et l’autoritaire Taeko, usés par les mille contrariétés d’un mariage ronronnant, il y a de l’eau dans le gaz. Il faudra à chacun prendre la mesure de la force invisible acquise par leur relation au fil des ans pour qu’une cuisine improvisée ne rappelle à eux leur amour complice, aussi vivace et évident que le goût du riz au thé vert. Telle une agréable infusion, le film touche sans être parasité par aucun effet (juste quelques parcimonieux travellings avant et arrière), et dialogue avec notre vécu comme le ferait un vieil ami. 5/6
Voyage à Tokyo
À travers la visite rendue par un couple de veilles personnes à leurs enfants, Ozu raconte la désagrégation des valeurs familiales et sociales dans un pays gagné par la modernisation, inscrit les plus menus faits et gestes dans le grand livre de l’éternité, et perfectionne un style d’une rigueur absolue dont le réalisme minutieux équilibres les incidences de la vie intérieure. Loin de ne se réduire qu’à une dimension sociologique, le film articule accords et conflits invisibles, incompréhensions et non-dits, parvenant à extraire une émotion infinitésimale de l’observation ultra-sensible du quotidien et des attitudes (gentillesse et humour des parents face à tant de refus, égoïsme et maladresse des enfants, calme approche de la mort…). Serein et pathétique à la fois, le mélodrame est d’une pudeur et d’une dignité admirables. 5/6
Top 10 Année 1953
Printemps précoce
Chez Ozu le milieu du travail est le bureau, et l’employé soumis à un rythme, des codes, des impératifs régulant sa vie familiale. Cette condition offre le sujet central d’une étude de mœurs dont l’unité tient à la cohérence de l’argument, qui déjoue les attentes du spectateur et le surprend hors des questions que peut former sa vigilance. Le cinéaste y fouille les interférences de la vie professionnelle et de la vie affective, les petits mensonges et menus compromis que s’autorisent des êtres sans héroïsme mais sans médiocrité, dont le caractère ordinaire se révèle par un gommage de toute dramatisation. L’aventure adultérine, le remords, la déception, la réconciliation conjugale constituent les étapes d’un segment d’existence vide d’accomplissement, dont le pathos est rendu sans analyse psychologique. 4/6
Crépuscule à Tokyo
C’est pour Ozu le film de tous les échecs. Échec du couple d’abord, avec cet homme divorcé suite à l’adultère de son épouse, son aînée qui a quitté foyer et mari velléitaire, sa cadette victime de la lâcheté de l’étudiant qui l’a mise enceinte. Échec du père ensuite, qui constate le fossé existant entre lui et sa fille, l’incompréhension creusée par des années de méprises et de malentendus. Échec de la mère enfin, qui ne peut renouer avec ses enfants et ne récolte, dans sa quête d’une réconciliation, que leur ressentiment – en sus peut-être d’une mort sur la conscience. Film le plus pessimiste de son auteur, cette chronique du délitement et de la détresse dépeint une famille disloquée, mais l’espoir qu’elle délivre in extremis annonce peut-être un nouveau départ, le cinéaste passant dès lors à la couleur. 4/6
Fleurs d’équinoxe
Le conflit des générations est une fois de plus au centre de cette chronique du quotidien, qui souligne la difficulté des parents à laisser leur progéniture voler de ses propres ailes et celle des enfants à s’affranchir de l’héritage de leurs aînés. Ozu y poursuit l’élaboration d’un art consistant en des images plates qui disent par le montage une autre conception du temps et de l’action, comme les couleurs à l’intérieur du plan (un vert tendre, un rouge moins éteint, des nuances de beiges, noirs, gris-verts et gris-bleus) creusent autrement l’image que ne le ferait la perspective. Inventoriant rituels et étapes d’une émancipation sur un mode apaisé et mélancolique, avec une douceur qui finit par l’enliser dans une étrange atonie anesthésiée, le film m’a hélas peu touché, malgré la justesse de son regard. 3/6
Bonjour
Les gosses de Tokyo n’ont pas grandi, ils restent toujours aussi rétifs à l’autorité – et sont par ailleurs devenus experts en pétomanie. Ozu filme leur fronde passagère avec la même tendresse truculente qu’il dévoile les petits commérages de leurs parents, passant d’une cellule familiale à la voisine, d’un côté de la rue à l’autre, dans une harmonieuse fluidité. Nouvelle chronique amusée de ce quotidien chaleureux, où le cinéaste se laisse aller à un ton facétieux, parfois burlesque, tout en gardant un œil toujours aussi attentif sur les relations humaines. Car, de la même façon que le petit garçon répète ses I love you sans en connaître le sens, les futiles formules de politesse permettent aux gens de se parler, de se connaître, et peut-être même, comme le prof d’anglais et la tante, d’aller un peu plus loin ensemble. 5/6
Top 10 Année 1959
Herbes flottantes
Fidèle à son habitude, le cinéaste bannit les travellings de son langage formel mais accomplit un autre travail par l’harmonie des recherches de couleurs et la qualité des matières employées. Son inspiration plastique approfondit la théâtralisation par la mise en évidence de l’artifice. Dans une œuvre aussi uniforme que la sienne, qui recherche habituellement la banalisation de la quotidienneté, une telle démarche procède d’une rupture significative, et apporte un relief nouveau à cette histoire subtile d’amour empêché, de sourde jalousie et de filiation problématique. Jusqu’au dénouement doux-amer, mais porteur d’un franc espoir, chaque personnage trouve grâce à nos yeux, et exprime ses sentiments, ses craintes et ses aspirations en dévoilant la nasse des rapports complexes dont il est l’acteur. 4/6
Fin d’automne
Le cinéaste reprend les situations de Printemps Tardif mais en substituant la mère veuve au père resté seul. Trois messieurs d’âge mûr s’improvisent entremetteurs pour marier la fille de leur ami disparu, bientôt rejoints dans leurs manigances par l’amie dégourdie de la demoiselle (une mignonnette aux airs de Zhang Ziyi fifties). Le ton a beau être guilleret, il creuse une philosophie en demi-teintes qui rappelle que pour s’épanouir chacun doit s’accorder au cycle de la vie. Les rues, les habitations, les paysages sont filmés dans leurs motifs géométriques et leurs couleurs d’aquarelle avec une rigueur dépouillée ; le refus des nœuds dramatiques laisse filtrer une émotion sans emphase qui tient du non-dit, à l’instar du sourire final de Setsuko Hara, chargé d’une ambivalence douce-amère. 4/6
Dernier caprice
Ozu confirme le virage satirique et léger pris par les deux opus précédents. S’il fallait faire entrer ce film dans un genre particulier, ce serait donc celui de la comédie, mais où le sourire n’est jamais loin d’un certain désenchantement, et où surtout la célébration des libertés individuelles et le refus de la souscription à des normes sociales archaïques ne se délestent jamais du poids de la mort qui rôde et survient après un premier coup de semonce. Autour d’un grand-père facétieux faisant le mur pour retrouver un amour de jeunesse, le film entrecroise les lignes individuelles, s’extrait de l’architecture urbaine de Kyoto pour entériner, dans la douceur paisible de la compagne, la réconciliation des générations. Humanisme limpide, évidente clarté d’un propos qui, une nouvelle fois, touche par son universalité. 5/6
Le goût du saké
Où Ozu atteint la quintessence de sa conception d’une écriture strictement allusive, refusant la moindre afféterie formelle, dédaignant travellings et gros plans, à la recherche d’une forme de perfection séculaire. À force de précision et de netteté le réalisme se dissout, et la caméra saisit comme une absence fondamentale, un vide signifiant, un passage fugace dans l’au-delà de l’image. Si chaque plan est chargé d’intensité, c’est parce qu’on y trouve la sagesse et l’expressivité canonique d’un calligraphe, et que la réflexion sur l’éclatement familial est enveloppée d’une tristesse sourde, intime, qui fait ressentir l’inexorabilité de la vieillesse et le poids de la solitude. Lorsqu’à la fin Chishû Ryû choisit résigné de s’extraire du monde, on comprend à quel point le minimalisme est ici synonyme de vérité. 5/6
Top 10 Année 1962
Mon top :
1. Voyage à Tokyo (1953)
2. Été précoce (1951)
3. Gosses de Tokyo (1932)
4. Le goût du saké (1962)
5. Bonjour (1959)
Comptant parmi les plus grands cinéastes de son époque, Ozu est le peintre de la société nippone contemporaine, un radiographe des sentiments, dont les films sont autant de variations infimes autour des mêmes thèmes et motifs. Il y a beaucoup de rigueur, d’exigence dans ce cinéma, et autant de sensibilité, ce qui le préserve de toute sécheresse.
Dernière modification par Thaddeus le 5 janv. 23, 20:45, modifié 6 fois.
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Re: Yasujiro Ozu (1903-1963)
En fait, tu as la même critique pour tous ses films
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