C'est parti, avec toute la subjectivité que ça implique, bien entendu.
- Steven Spielberg ou
Brian De Palma
De Palma représente la quintessence de ma quête au cinéma (l'art de la mise en scène, la recherche des potentialités visuelles pour raconter de la manière la plus formelle et dramatique une histoire, le tout allié à un fond très stimulant) et figure parmi mes idoles malgré son récent crachat
Passion. $pielberg n'a fait que des navets à grand spectacle et n'est même pas un si bon metteur en scène que ça. Je vote De Palma.
- Chris Colombus ou
Ron Howard
Chris Columbus a signé trois scénarios qui ont participé à mon imaginaire d'enfance (
Gremlins,
Les Goonies et
Le secret de la pyramide), mais sa carrière de réalisateur est déplorable. Pas que celle de Ron Howard m'enthousiasme des masses non plus, mais bon, il y a un savoir-faire.
- Fritz Lang ou
Alfred Hitchcock
Comme je l'avais déjà expliqué, je ne suis pas vraiment amateur de la longue carrière US de Lang, où par rapport à ses films muets visionnaires (
Les Nibelungen et
Metropolis, ça se pose là), son cinéma a pour moi perdu de sa superbe au plan de la recherche et de l'expression visuelles. Lang était l'égal d'un Eisenstein, et puis s'est affadi aux USA avec ses parlotes filmées d'intrigues que je finis par confondre. Le mettre en rivalité dans ce duel avec Hitchcock ne fait que le désavantager à mes yeux, car le gros Alfred peut largement prétendre à être le plus grand de tous. Sa filmographie est matricielle et n'épuise jamais ses richesses. Les découvertes consécutives à la télé, à 7/8 ans (probablement pour commémorer le 15e anniversaire de sa disparition) de
Sueurs froides et
La main au collet ont constitué des expériences déterminantes sur mon rapport avec le cinéma. Spielberg m'avait déjà initié à la grande mise en scène, mais là ça allait au-delà, ça me poursuivait en tête d'une autre manière. Je n'oublierai jamais ces séances télé. Non seulement l'histoire d'amour de ce type, Scottie, ou le visage de cette déesse, Grace, ne m'ont plus jamais quitté, mais il y avait dans cette initiation à l'art hitchcockien le vertige d'un monde plein de couleurs hypnotiques, une texture, une classe, c'en était irréel et terriblement ensorcelant... Je voue une véritable obsession pour ces deux films (ce sont d'ailleurs les plus souvent pillés pour les photos artistiques ou de mode). Donc, Hitchcock par K.O.
- John Ford ou
Howard Hawks
J'ai, globalement, beaucoup de mal avec le cinéma de John Ford qui ne m'enthousiasme ni par ses histoires, ni par son style de mise en scène. Moins de souci avec celui de Hawks qui me semble plus alerte même si,
Le grand sommeil mis à part, ce que j'ai vu ne me fait pas relever la nuit non plus.
- Kenji Mizoguchi ou
Akira Kurosawa
Je n'ai vu aucun Mizoguchi et ça me navre. Mais ce serait étonnant qu'il batte Kurosawa dans mon attachement, tant l'Empereur est un monument. L'humanisme de son cinéma, l'élaboration de ses techniques tant narratives que stylistiques, la cohérence, l'ampleur et la diversité de ses projets, n'en finissent pas de m'impressionner. J'ai un respect immense pour ses œuvres contemporaines.
- Frank Capra ou
Ernst Lubitsch
J'aime beaucoup les Capra que j'ai vus, mais la "Lubitsch touch" confine au grandiose sur quelques titres que je tiens pour des chefs-d’œuvre absolus (
Rendez-vous,
Jeux dangereux,
Ninotchka). L'élégance, le romantisme et le mordant de ce cinéaste sont des
- Walt Disney ou Tex Avery
Pas de vote.
- Christopher Nolan ou
David Fincher
J'aime beaucoup le Nolan "petit malin" qui tente des choses sur la structure narrative, mais force est de reconnaître que le bonhomme cède facilement à la solennité papale sur-dramatisée à gros renforts de froncements de sourcils et de tapage zimmerien. Son dernier Batman a été un crash bien mérité. Fincher, s'il est irrégulier, possède une exécution technique et esthétique beaucoup plus probante voire maniaque même si elle se complait dans une misanthropie aux accents plus ou moins doloristes et déshumanisés depuis plusieurs films. Son obsession pour les mécanismes au fondement du lien social est intéressante, et ses polars sont des références en leur genre, mais j'aimerais quelque part qu'il se lâche et qu'il nous montre vraiment une autre facette qui me le ferait considérer comme un grand.
-
Hayao Miyazaki ou Mamoru Oshii
De Mamoru Oshii je n'ai vu que GITS, que j'aime beaucoup. Mais Miyazaki a pour lui une filmo exemplaire et incontournable. C'est un des grands magiciens du cinéma, capable de formaliser son imaginaire avec une évidence et une capacité de renouvellement hors du commun. Ses personnages sont presque toujours tous mémorables.
Le voyage de Chihiro est un des plus grands films d'imaginaire qui soient, et
Nausicaä, peut-être le space opera le plus exaltant et riche après Star Wars.
- Hou Hsiao-hsien ou Tsai Ming-Liang
Rien vu de ces deux messieurs.
- M. Night Shyamalan ou
Michael Mann
Mann sans hésiter. Un formaliste expérimentateur qui, même s'il ne convainc plus sur ces deux derniers, a dégainé la crème du polar US, avec des personnages extrêmement forts et une fascination pour la ville californienne, dans son ambiance, son vampirisme, ses scintillements. Les promesses soulevées par les premiers Shyamalan ont vite périclité.
- Mario Bava ou
Dario Argento
Le maître et l'élève : un cas où le second surpasse pour moi le premier. Les quelques Bava que j'ai vus (
Le masque du démon,
Les trois visages de la peur,
La fille qui en savait trop,
Opération peur,
Six femmes pour l'assassin,
Danger Diabolik,
La baie sanglante) possèdent presque tous des qualités esthétiques évidentes, mais ils sont trop inégaux et finissent souvent par ennuyer. Argento a retenu toutes les leçons formelles du précurseur du giallo et les a sublimées le temps d'une quinzaine d'années mettons, autour d'une exubérance technique époustouflante et d'un réel sens du montage, ainsi que d'une inventivité plastique contrebalançant le peu de rigueur de ses histoires de meurtres féminins, avec tous ses codes entêtants. La chute sera très dure.
- Terence Fisher ou Jacques Tourneur
Vu du premier uniquement
Le chien des Baskerville dans mon enfance et j'en garde un beau souvenir, sans doute moins pour ce que vaut réellement le film que pour l'impact plastique de certaines images. Vu du second uniquement
La griffe du passé qui est pas mal sans non plus me renverser tant que ça. Je ne suis pas spécialement attiré par leurs filmographies respectives. Pas de vote donc.
- Quentin Tarantino ou
Joel & Ethan Coen
Tarantino est indéniablement doué, mais la voie empruntée par son cinéma me heurte pour des raisons morales sur lesquelles je ne reviendrai pas. Les Coen sont irréguliers, mais leur univers virtuose (tant dans le fond que dans la forme) ne me fait pas hésiter une seule seconde. Portraitistes, monteurs et dialoguistes premium lorsqu'ils ont leur Mojo, j'adore plusieurs de leurs films (principalement leurs séries noires) et je me réjouis de les retrouver en pleine forme avec leur dernier-né mélancolique et doux.
-
David Lynch ou David Cronenberg
Deux idoles et sans doute deux rivaux, même si David 2 semble avoir finalement vaincu David 1 en termes de production. Je me tiens à l'écart d'
Inland Empire, probablement pour ne pas courir le risque de subir ce qu'il est désormais convenu d'appeler le "syndrome Thaddeus". J'accorde trop de prix à ce que m'a apporté Lynch, émotionnellement comme cinématographiquement, pour avoir envie de subir la même déconvenue (j'ai déjà donné avec
Indy IV, même si le résultat n'est sans doute pas comparable). Comme Lynch, Cronenberg est un véritable génie et l'un des cinéastes pour lequel j'ai le plus d'admiration, du point de vue de la trajectoire artistique. Son œuvre est un puzzle d'une cohérence absolue, chaque film vient nourrir le précédent dans une progression thématique implacable. J'idolâtre ce qui est communément appelé sa "période organique", qui recèle le meilleur du cinéma de genre autour de visions cauchemardesques et viscérales. Sa phase plus psychologique est tout aussi intéressante, mais plus froide, et la troisième mue qu'a constitué
Cosmopolis m'a violemment coupé de lui. J'espère que ce n'est pas définitif, mais j'ai des craintes.
- Pier Paolo Pasolini ou
Luchino Visconti
De Pasolini, je n'ai vu que
Médée et quelques bouts d'autres trucs qui m'ont vacciné pour un bon moment. A l'inverse, Visconti est un de mes héros et un des cinéastes pour lequel je trouve que la reconnaissance n'est pas encore suffisamment à la hauteur. Il me fait l'effet d'un géant comme Kubrick. D'ailleurs il m'a fallu une récente conversation privée avec PJ et MT pour me rendre compte que mes cinéastes favoris sont presque tous des gens qui ont développé une expression musicale du cinéma, avec une flamboyance dans la forme comme dans l'émotion dignes de la musique classique ou de l'opéra. Quoiqu'il en soit, le personnage Visconti est aussi fascinant que ses films. Aristocrate d'une des plus anciennes familles d'Italie, pétri de convictions de gauche, assistant de Renoir, emprisonné, fondateur du néoréalisme qu'il délaissera vite, découvreur de talents, metteur en scène de théâtre et ami de la Callas, champion des fresques tragiques, le bonhomme a une vie bien remplie. Sa filmographie est à son image : colossale et intimidante. Classe ultime, il lègue son chef-d’œuvre avec son dernier film. Alida Valli, Mastroianni, Lancaster, Delon, Cardinale, Bogarde, Berger, Giannini, tous ou presque auront eu leur meilleur rôle entre ses mains. Je suis bouleversé par la noblesse et l'humanisme de son cinéma, son côté tragique, sa douleur intime, jusque dans les films dits décadentistes.
-
Charlie Chaplin ou Buster Keaton
Rien vu du second, donc le premier, même si je regrette souvent ne pas être entièrement emporté par ses films.
- Robert Altman ou
Woody Allen ?
Je suis loin de bien maîtriser la filmo pléthorique d'Altman, mais de ce que j'ai vu, le cas de ce cinéaste me laisse souvent déchiré. J'apprécie certains de ses films, son ambition et son amour des acteurs mais sa manière de mettre en scène (des plans-séquences avec zooms incessants, des tartines de dialogues) peut être indisposante. C'est un cinéaste que j'aimerais aimer sans réserve, mais qui me laisse trop souvent extérieur et indifférent. Ce qui n'est pas le cas de l'increvable clarinettiste new-yorkais. Même si tout n'est pas bon, respect pour sa capacité à inventer, à se réinventer, à se mettre inlassablement devant sa même machine à écrire et pondre de nouvelles histoires à un rythme constant. C'est un truc de fou. Un monument, ce mec. Même si son âge d'or est vraisemblablement derrière lui, voilà un cinéaste qui mène sa barque comme peu peuvent le prétendre dans le cinéma américain. Le nombre de classiques qu'il a donnés donne le vertige. Un univers unique, parfois répétitif, parfois nombriliste, mais qui enchante de sa petite musique 4 décennies de publics. Si Allen scénariste et directeur d'acteurs est logiquement porté aux nues, je trouve qu'Allen metteur en scène n'est pas encore reconnu comme il le mérite. Certains de ses films proposent de vraies hardiesses et l'exécution formelle d'un
Manhattan ou d'un
Stardust memories ne saurait être entièrement mise au crédit de Gordon Willis.
- Michael Haneke ou
Lars Von Trier
L'un comme l'autre, trois films vus. Peu pour tirer des conclusions. Mais malgré un
Antichrist totalement what-the-fuckesque, je crois que je préfère les recherches de Lars aux démonstrations de Haneke, avec lequel je me sens pourtant plus d'affinités, en théorie, sur le plan de la morale de la mise en scène et des questions de violence. Bizarre.
- Bruno Dumont ou Philippe Grandrieux
Rien vu.
-
Éric Rohmer ou Maurice Pialat
Rohmer, bien sûr ! Les films de Pialat ne me convainquent pas, désolé. Rohmer constitue l'une de mes découvertes les plus enrichissantes de ces dernières années. Je suis tombé complètement amoureux de son univers fait d'hésitations sentimentales et de marivaudages spirituels et charmeurs, de ses actrices, de ses atmosphères plastiques de vacances (coucou ACR), de ses dialogues châtiés qui font honneur à la langue de Molière. Rohmer, je le vois comme l'équivalent moderne d'un honnête homme du XVIIIe siècle. Un regard bienveillant et pénétrant sur les gens. Les Comédies et proverbes et les Contes de saisons sont des ravissements de tous les instants. Rohmer, c'est un cinéma qui m'épanouit intellectuellement et qui me rend heureux, tout simplement.
-
King Vidor ou George Cukor
Vu qu'un seul Cukor (
My fair lady) et je ne peux pas dire que ça m'ait furieusement botté. Daté et lourd... Vidor, ce n'est pas la même musique. La puissance cinématographique d'une
Foule ou d'un
Duel au soleil (que d'aucuns trouveront ampoulé et grandiloquent), c'est la foi dans une expression cinématographique pleine de panache, qui transcende ce qu'elle raconte.
- John Cassavetes ou Hal Ashby
Pas vu assez de films des deux.
Le retour d'Ashby est un très bon film, mais
8 millions de façons de mourir, aïe aïe aïe...
- Delmer Daves ou
Anthony Mann
Mann.
La chute de l'Empire romain est un chef-d’œuvre épique (parmi les décors les plus grandioses du cinéma) qui a tout compris sur les enjeux de la romanisation.
Le Cid est tout aussi impressionnant (aaah, la contre-plongée dans l'aura du soleil du Cid agonisant, sortant de la ville assiégée sur son cheval, et s'avançant parmi ses ennemis arabes médusés). Ses westerns me passionnent largement plus que ceux de Ford.
- John Frankenheimer ou
William Friedkin
Hurricane Billy les doigts dans l'nez. Même si sa filmographie peut donner le sentiment d'un talent vite vinaigré, le bonhomme est l'artisan d'une poignée de monuments filant comme des projectiles enflammés (les siamois
French connection et
To live and die in L.A.,
L'exorciste) qui représentent ce que le cinéma US des années 1970/80 avait de plus jusqu'au-boutiste. A son meilleur, j'adore sa manière de mettre en scène, sèche et percutante, sans fioritures et capable de dessiner des personnages denses et mémorables en quelques lignes, mais qui se gorge au fur et à mesure d'un malaise lancinant et finalement irrespirable. Un film comme
To live and die in L.A. est absolument vertigineux dans ses réflexions sur la part d'ombre. Découvrir enfin
Sorcerer après l'avoir tant fantasmé sera un de mes grands événements de l'année.
-
Steve McQueen ou Darren Aronofsky
McQueen.
Shame et
12 years of slave sont des films remarquables. Aronofsky fait partie de cette clique nouvelle génération qui me sort par les yeux.
-
Tsui Hark ou John Woo
Je commence tout doucement à m'intéresser à Tsui Hark. Je vote pour lui grâce à
Time and tide, mais je crois que je préfère encore Johnnie To dans une autre approche du cinéma d'action. Je m'étais intéressé à John Woo à un moment et avais été plutôt séduit par certains de ses films HK qui m'avaient fait relativiser l'image déplorable que je gardais de son passage chez l'Oncle Sam, mais leur révision (particulièrement celle de
The killer) a curieusement été une douche froide. Woo a le sens de la mise en scène chevillé au corps, la caméra semble mue de son propre instinct, c'est magnifique sur les 2
Syndicats du crime ou certains morceaux d’
À toute épreuve... mais ses thématiques sont assénées avec une lourdeur que je trouve éléphantesque et fatale, et ses élans de mélo exacerbé suscitent malheureusement plus mon amusement que mon empathie.
-
Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola
OK, le truc le plus terrible du Quiz. Tu préfères qui, ton papa ou ta maman ? Ben que dire si ce n'est que le tourmenté Marty et le gros Francis donnent foi dans le cinéma et qu'ils sont tous deux des pierres angulaires de ma cinéphilie. C'est pratiquement impossible pour moi de les départager, tant ils touchent à la base de ce qui m'est cher. Le personnage de Coppola est absolument fascinant, sa démesure et sa soif de grandeur, son côté visionnaire et expérimentateur (montage, son, etc), hors des modes mais plein de projets pour le public qu'il tire vers le haut, le dialogue volontaire et involontaire entre son parcours filmique et ses tragédies (la fin de son utopie, la mort de son fils), ses aventures rocambolesques, son clan, tout ça pourrait faire balancer le plateau de son côté parce qu'il faut bien trouver des trucs pour départager, les deux étant des usines à chefs-d’œuvre. Mais le personnage de Scorsese, habité par le cinéma, obsessionnel et frénétique, est plus faillible et donc peut-être plus attendrissant. Surtout, la carrière de Scorsese me semble plus constante que celle de Coppola, qui, j'en suis maintenant presque persuadé, a tiré ses derniers feux avec
Dracula.
-
Ridley Scott ou Tony Scott
Ridley, un des cinéastes qui ont forgé mon goût pour le formalisme, les images transcendantales. Son cas est tout à fait intéressant. J'y vois le meilleur cinéaste anglais depuis la disparition de Lean, mais contrairement à Kubrick (son modèle affiché) et Spielberg qui alternent des projets toujours très différents les uns des autres, il n'a jamais joui de la reconnaissance qu'il me semble mériter. Certes, il a le handicap d'avoir créé des films-monde visionnaires à ses débuts à l'aune desquels il est facile de mesurer le tiédissement de sa trajectoire. Faire deux des meilleurs films du Cinéma en début de carrière, ça place haut les attentes. Je continue de penser que les échecs publics consécutifs de
Blade Runner et
Legend ont brisé quelque chose dans sa créativité, et l'ont forcé à s'orienter vers une expression moins personnelle, au sens où son exécution esthétique peut obscurcir des choix de sujets où on ne voit pas forcément un "auteur" derrière. Je continuerai à défendre bec et ongle la carrière de Scott malgré ses errances (de plus en plus fréquentes hélas), parce que j'y vois bien plus qu'un plasticien. Il me fait l'effet d'un de ces vieux routards de l'ère des studios, qui tournaient film sur film sur un large éventail de genres, mais qui développaient des thèmes cohérents sur la durée. La place de la femme (comme Cameron, Scott est un grand cinéaste féministe), la soif de la découverte, la séduction du Mal, le thème du surhomme (qui, selon les films, se sait ou qui s'ignore, comme par exemple Balian d'Ibelin dans
Kingdom of Heaven) habité d'une pensée obsessionnelle comme pouvait l'être Roy Batty vis-à-vis de ses origines ou Christophe Colomb vis-à-vis de ses thèses géographiques et se situant à sa manière "par-delà le bien et le mal", la fascination pour les personnages démiurges, le conflit père/fils, sont pourtant autant de récurrences dans l’œuvre de Scott. Son frère Tony incarnait le versant radicalisé de ce cinéma, et c'est peu dire que, en dépit d'un
Les prédateurs ou d'un
Top Gun avec lequel j'ai grandi, je trouve sa filmo globalement boursouflée.
- Naomi Kawase ou Apichatpong Weerasethakul
Pas vu, pas pris.
-
Stanley Kubrick ou Orson Welles
Kubrick sans l'ombre d'une hésitation, parce que c'est pour moi tout bonnement le plus grand avec Hitchcock. Spielberg avait dit un jour qu'une fois qu'on tombait (même en cours de route) sur un film de Kubrick, il était impossible d'en décrocher tellement c'est hypnotique : c'est exactement ça. Ses films concrétisent l'idée que je me fais du cinéma en tant qu'art total. Welles est évidemment un immense cinéaste, dont l'art visuel, fondé sur une recherche très moderne et baroque du cadrage et du montage, doublé d'une une virtuosité technique infatigable, m'impressionne constamment, quelles que puissent être parfois les faiblesses de certains de ses films. Mais sa virtuosité peut paraître froide là où celle de Kubrick (pourtant celle la plus souvent accusée de ce mal !) me met émotionnellement K.O., par la perfection quasi symphonique de son exécution comme avait dit une fois Thaddeus, la sensibilité qui en affleure souvent. Kubrick a été fasciné toute sa carrière par les dérèglements de l'esprit, mais au-delà de l'ironie, de la cérébralité, de la dureté ou du perfectionnisme esthétique, y a une véritable lame de fond bouleversante. La fin des
Sentiers de la gloire ou de
Barry Lyndon, l'une des plus terribles jamais filmées pour moi, sont là pour en témoigner. Même dans des films comme
Shining ou
Full metal jacket, il y a des séquences terrassantes (l'exécution de la Vietnamienne). J'ajoute enfin que
Eyes Wide Shut m'obsède presque autant que
Sueurs froides, c'est un film qui me colle à la peau, qui dépasse mon entendement.
- Jacques Tati ou
Pierre Etaix
Je n'accroche pas à Tati, en revanche les quelques Etaix que j'ai vus (exception faite de
Yoyo) sont extrêmement drôles et inventifs.
- Gus Van Sant ou
Peter Weir
A part
Elephant, ce que j'ai vu pour l'instant de GVS ne me fait pas sauter au plafond. Weir est irrégulier, mais ses films dégagent presque toujours un fort pouvoir de fascination, notamment grâce à son approche naturaliste et sensitive. Il obtient d'ailleurs souvent de belles performances d'acteur (Ford, Crowe, Bridges...). Le mec qui a fait
Master and commander et
Pique-nique à Hanging Rock, je lui tire mon chapeau quoi.
-
Sergueï Eisenstein ou Alexandr Dovjenko
J'étais tout content de partir à la découverte du cinéma de Dovjenko (le formalisme soviétique est un des cinémas les plus requinquants qui soient), mais j'ai carrément déchanté !
Arsenal et
La terre, je me suis emmerdé comme un rat mort. Incroyable. A l'inverse, S. M. Eisenstein est devenu l'un de mes cinéastes de chevet. Si le duel avait été contre Kalatozov, là ça aurait été corsé. L'expressivité de ses images, la foi dans leur pouvoir esthétique et narratif, l'avalanche d'idées, la puissance ahurissante de son montage (le cinéma n'a même pas encore fini de digérer un film comme
Octobre), transcendent totalement les considérations idéologiques envers lesquelles je ne l'ai jamais senti asservi (et puis la seconde partie d'
Ivan le Terrible et son parallèle sur les purges staliniennes a remis les choses en perspective). Un cinéaste vraiment essentiel, dont je ne m'étonne qu'il ne suscite pas plus de rayonnement ici. L'ouverture d'
Ivan le Terrible ou de
Que viva Mexico! me flanque carrément des frissons.
-
Alain Resnais ou Jean-Luc Godard
La filmographie du premier a pour moi le goût du génie même dans ses films mineurs, tandis que les quelques films du second que je me suis infligé (
Le mépris mis à part) ont, malgré des qualités esthétiques et des apports indéniables dans la technique narrative et du montage, celui d'une fumisterie. PAS TAPER.
-
Ingmar Bergman ou Andrei Tarkovski
Le choix est simple car le cinéma de Tarkovski me tombe des mains, c'est épidermique. Bergman, si je suis loin de dire amen à tout (euphémisme), a à son actif une batterie de films pour lesquels j'ai de l'admiration.
- Wim Wenders ou
Werner Herzog
Paris, Texas et
Les ailes du désir sont deux films magnifiques, mais j'ai l'impression qu'il y a plus de richesses à tirer de l’œuvre de Herzog, en qui Truffaut voyait le cinéaste contemporain le plus important. Je suis sûr qu'il s'entendrait bien avec Coppola dans le genre films bigger-than-life. Si
Aguirre est incroyable, son remake de
Nosferatu est authentiquement ensorcelant et pulvérise pour moi la version originale ennuyeuse de Murnau.
- Claude Chabrol ou
François Truffaut
Trop de lacunes pour Chabrol, mais le scepticisme de Père Jules a l'air tout à fait fondé. Truffaut, l'homme comme son cinéma, sont très attachants, même si on peut trouver que les films sont souvent en-deçà de leur ambition (ce qui est d'autant plus paradoxal qu'à la lecture de ses archives, on se rend compte que Truffaut se posait toutes les bonnes questions dans le processus créatif du scénario). Et puis en termes de mise en scène, si les débuts étaient pleins d'idées et de vie, on ne peut pas dire que les ambitions de Truffaut soient allées en s'embellissant. Reste que son suivi de l'existence de Doinel est un des plus tendres projets du cinéma, qu'on lui doit le meilleur bouquin d'entretiens ciné, et que ses personnages féminins sont souvent de belles réussites. Mais curieusement, comme disait Bergman, "ses films sont comme des trains dans la nuit", ils m'enthousiasment sur le coup, mais peu en définitive me laissent une grande empreinte.
- Terry Gilliam ou
Tim Burton
Gilliam, même ses meilleurs films sont boiteux. Tim Burton a représenté un temps fort dans mon apprentissage (ses deux Batman vivent en moi), mais aucune de ses tentatives depuis
La planète des singes ne m'a convaincu. Pour moi il est devenu l'ombre de lui-même, condamné à ressasser avec ses Depp et Bonham Carter en roue libre des figures de style domestiquées par le studio et déclinables à volonté, sans l'inspiration ni la conviction. Je ne demande qu'à me tromper, mais ça ne m'attire plus. Reste qu'il a compté pour moi, et pas qu'un peu, donc vote.
- Michelangelo Antonioni ou
Federico Fellini
A part dans une certaine mesure
L'avventura et
Zabriskie Point, le cinéma d'Antonioni rejoint celui de Godard ou de Tarkovski dans la liste de mes rejets.
The horror. The horror. Ses essais sur la solitude et l'incommunicabilité sont peut-être des dates dans la modernité cinématographique, mais putain qu'est-ce que c'est chiant. Le bulletin se reporte donc clairement vers Federico Fellini qui boxe dans une autre catégorie, mais envers lequel j'entretiens un rapport totalement aléatoire : c'est vraiment fifty-fifty, certains de ses films me donnent envie d'applaudir à tout rompre (
La dolce vita,
La strada,
Roma,
La cité des femmas,
Et vogue le navira...) tandis que d'autres me tapent copieusement sur le système. Lorsque sa vision n'est pas indigeste, c'est l'un des plus grands créateurs du cinéma moderne.
- F.W. Murnau ou Victor Sjöström
De Sjöström je n'ai vu que
Le vent et
La charrette fantôme, qui contiennent tous deux de bonnes choses, mais l'un est flingué par sa fin totalement incohérente et l'autre est alourdi par sa moralité très démonstrative. Clairement Murnau, donc, grand formaliste du muet. Contre une
Aurore visuellement jouissive mais au sentimentalisme envahissant à mon goût, je préfère
Faust ou plus encore
Le dernier des hommes, qui est bouleversant. Pas fan de
Nosferatu en revanche au-delà de quelques plans marquants.
- Robert Bresson ou
Jean-Pierre Melville
Un seul Bresson vu,
Au hasard Balthazar, et bon, voilà quoi. Un film misanthrope et complaisant comme je les adore. 300% Melville. Son influence américaine et son obsession du professionnalisme et des codes moraux, des deux côtés de la loi, ont donné quelques uns des meilleurs polars français. Mais son chef-d’œuvre restera pour moi ce film extraordinaire qu'est
Le silence de la mer, histoire bouleversante de résistance passive et de respect mutuel, doublé d'un geste réconciliateur entre la France et l'Allemagne à la portée visionnaire.
- Robert Wise ou
William Wyler
Certains Wise sont magnifiquement réalisés (
West Side Story,
La maison du diable,
La mélodie du bonheur...) mais me laissent en général plus admiratif que réellement enjoué. Wyler sans hésiter. Comprends pas trop l'opprobre dont il est victime. Comme si, le temps ayant fait son œuvre, il se prenait le retour de bâton du slogan débile "A bas Ford, vive Wyler !". Les films de Wyler, parfois accusés d'académisme inoffensif, recèlent l'amertume ou la cruauté d'un romantique blessé qui nous pètent au visage sans qu'on ne les voie venir (la fin de
Vacances romaines,
Les Hauts de Hurlevent,
La rumeur,
Histoire de détective...). Un cinéma d'artisan au sens le plus noble du terme.
- Clint Eastwood ou
Terrence Malick
Ah ah... Le cinéma de papy d'Eastwood c'est simple, c'est l'une de mes plus grandes incompréhensions (panthéonisation critique de la France ou pas). La radicalisation du style de Malick sur ses deux derniers films a amorcé une nouvelle phase qui me passionne largement plus que la précédente "élégiaque", d'où vote franc et massif. Si les voix-off chuchotées restent toujours aussi superflues,
Tree of life et
A la Merveille m'apparaissent être deux films essentiels et révolutionnaires sur le plan de la proposition de cinéma.
- Luis Buñuel ou
Roman Polanski
Sur le papier, je devrais adorer sans ambages l'ingéniosité et le fétichisme de Buñuel (et il y en a que j'adore :
Belle de Jour,
Le fantôme de la liberté), seulement ça me laisse souvent sur ma faim, probablement parce que ce cinéma ne se départit jamais vraiment d'une certaine froideur (le cas de
Cet obscur objet du désir est symptomatique). Polanski forever. Un de mes cinéastes de chevet, pour son exigence artistique, son univers tourmenté et bizarre, ses ambiances uniques, son humour très spécial, etc etc etc. Mon amour pour sa filmo tient de l’idolâtrie, et le bonhomme peut se targuer de n'avoir commis qu'un ou deux échecs artistiques. Un monument, que la vie pour le moins chaotique rend encore plus fascinant.
- Nicholas Ray ou
Elia Kazan
Beaucoup de lacunes pour les deux mais je dirais Elia Kazan, surtout pour
Sur les quais. J'aime bien les perspectives désaxées de la caméra dans
A l'est d'Eden, c'est du De Palma avant l'heure.
- Robert Aldrich ou
Otto Preminger
En général, j'aime plutôt l'iconoclasme d'Aldrich, mais
Tempête à Washington et
Anatomie d'un meurtre font pencher la balance du côté d'Otto.
-
Wong Kar-Wai ou Pedro Almodovar
Pas d'affinité particulière, sauf rares exceptions, avec l'univers exubérant d'Almodovar, tout en papotages stériles (bon, ça s'est calmé quand même), et ses préoccupations pour les identités sexuelles. Le style du réalisateur, son brio pour la lumière et la couleur, sa mise en scène foisonnante, certaines de ses idées me fascinent mais seulement extérieurement. Ça me frustre quand même pas mal car c'est un portraitiste de femmes de premier ordre et un esthète fringuant. D'ailleurs ses scènes de cul figurent parmi les plus sensuelles jamais tournées. Il partage avec Wong le fétichisme maniaque du look (décors, garde-robe) mais ce dernier gagne le duel pour ses ambiances feutrées et son style entêtant, même si on peut trouver qu'il n'est pas loin parfois de la pose étudiée.
- Yasujirō Ozu ou Mikio Naruse
Pas vu grand-chose.
- Roberto Rossellini ou
Sergio Leone
Il était une fois en Amérique,
Il était une fois dans l'Ouest,
Le bon, la brute et le truand : what else ? Un géant à la filmo bien trop courte, le maître du gros plan avec Bergman, une maîtrise de la profondeur de champ sensationnelle, et un lyrisme opératique qui a donné quelques unes des scènes les plus grisantes ou poignantes du cinéma. Cela dit, Rossellini ne démérite pas du tout, des films comme
Allemagne année zéro ou
Stromboli sont vraiment beaux. C'est quand même bizarre de les opposer tant leurs cinémas sont dissemblables dans la forme comme dans le fiond.
-
Billy Wilder ou Joseph L. Mankiewicz
Mankiewicz j'ai souvent du mal, son style d'écriture lorgne vers le théâtre et ça peut être artificiel. Wilder, Wilder, Wilder. Bon sa carrière post-
Certains l'aiment chaud m'intéresse nettement moins (il est devenu moins méchant), mais avant ça, l'acuité de son regard, son élégance, son humour, sa traque de la part d'ombre sous les images que les personnages se donnent, sont assez passionnantes. Signe d'une classe princière, il a donné à quelques actrices mythiques (Stanwyck, Swanson, Hepburn, Monroe, Dietrich) certains de leurs meilleurs rôles.
Assurance sur la mort,
Boulevard du crépuscule,
Uniformes et courts jupons,
Sabrina,
Témoin à charge,
La scandaleuse de Berlin, merde !
- Jean Renoir ou Marcel Carné
Pas vu assez pour véritablement trancher, mais Renoir part avec un certain avantage.
- Arnaud Desplechin ou Jacques Audiard
Rien vu des deux. Ah si,
Un prophète. Mouais.
- Shōhei Imamura ou Nagisa Ōshima
Rien vu du premier et seulement
L'empire des sens du second - comment dire, les œufs gobés et recrachés d'un vagin, c'est pas ma came.
-
Vincente Minnelli ou Douglas Sirk
Entre mélodrames de belle tenue et comédies musicales fastueuses (les ballets finaux d'
Un Américain à Paris et
Tous en scène valent leur pesant de cacahuètes), la carrière de Minnelli mérite les éloges et recueille mon suffrage. Sirk n'est pas moins grand esthète que Minnelli, mais le dosage de ses mélos n'est pas toujours top (le cerf qui fait coucou à la fenêtre à la fin de
Tout ce que le ciel permet...).
- Sam Peckinpah ou
Arthur Penn
J'ai de plus en plus de mal avec le cinéma de Bloody Sam, sa fascination toute en ralentis pour l'impact balistique, le nihilisme rageur.
Bonnie & Clyde ou
Little big man orienteraient déjà la balance du côté de Penn, imprégné des innovations européennes et ouvreur de file du Nouvel Hollywood, mais c'est surtout le magnifique
Miracle en Alabama qui consolide mon choix - un film miraculeux, effectivement.
- Joe Dante ou
John Carpenter
Si je suis sévère envers Carpenter (dont le statut en France me semble toujours un peu disproportionné), c'est à la mesure de l'attachement que j'ai pour les dix années fastes de sa carrière (1976-1986), où il s'est révélé un grand cinéaste de l'Age d'or du fantastique, totalement maître de sa mise en scène et de ses effets. La suite s'apparente pour moi à une piteuse dégringolade d'où ne surnage que
L'antre de la folie, son beau chant du cygne. Mieux vaut me souvenir de l'exceptionnelle suite de réussites cultes (
The thing,
Halloween,
Fog,
Christine,
NY 97, putain), qui motivent mon suffrage. J'aime bien la personnalité caustique de Joe Dante, mais au final à part le sympatoche
Hurlements,
Gremlins et
L'aventure intérieure (les deux-là étant totalement cultes pour moi), je constate que son cinéma ne me branche pas des masses.
- Robert Mulligan ou
Sofia Coppola
Mulligan :
Escalier interdit, grand film. Le reste de ce que j'ai vu ne me fera clairement pas relever la nuit. La Sofia, j'ai mis de côté pour l'instant ses deux derniers films dont les retours très tièdes me font craindre la stérilisation de son univers (
Marie-Antoinette pouvait déjà se voir comme une sorte de film-somme). Je suis totalement obsédé par ce film, et apprécie plus (
Virgin suicides) ou moins (
Lost in translation) les deux autres.
-
Luc Besson ou Jean-Pierre Jeunet
Par élimination. Je crois que l'esthétique jaune pisse de Jeunet et l'hystérie de ses cadrages me sont plus insupportable encore que la connerie des Besson. Mais allez, le bonhomme a quand même le sens de la mise en scène et j'aime bien
Nikita et certains bouts du
Grand bleu. Oui, c'est un coming-out.
- Josef von Sternberg ou
Eric von Stroheim
L'impératrice rouge de Sternberg, c'est quelque chose et ça lorgne sur Von Stroheim, justement. Mais Von Stroheim est un putain de génie ! Entre sa mise en scène de fou et son cynisme derrière des histoires dépravées, c'est un peu le Brian De Palma du cinéma muet. Nan sans déconner, ma découverte de son cinéma est, avec celle de Rohmer, l'une des plus déterminantes de ces dernières années. L'audace de ses films, même mutilés, est hallucinante.
Folies de femme ou
Queen Kelly sont absolument jubilatoires !
-
Claude Zidi ou Jean-Marie Poiré
Bébel et
Les sous-doués, à jamais. Poiré, OK il a fait
Papy fait de la résistance, mais ses cadrages/montage de mongolien (
Les anges gardiens ), non merci.
- Don Siegel ou
Samuel Fuller
Pour
Dressé pour tuer et
Le port de la drogue, mais sinon, pas tellement fana.
-
John McTiernan ou Paul Verhoeven
Deux cinéastes qui m'ont éduqué. J'aime beaucoup le côté rentre-dans-le-lard de Verhoeven, mais McTiernan est le maître-d’œuvre de quelques uns de mes films favoris. Cinéaste du mouvement et de l'espace, grand pourvoyeur de personnages et de séquences mémorables, sa mise en scène est d'une suprême élégance, d'une complexité presque invisible. L'espoir de le voir revenir à son meilleur niveau fait vivre, mais la prudence s'impose.
-
Stanley Donen ou Blake Edwards
L'ennui que me procure l'Edwards des 60's est inversement proportionnel à l'estime que m'inspire celui des 80's. Le suffrage sera pour Donen parce que son souci d'expérimenter plein d'idées visuelles me le rend sympathique malgré certains films mitigés, parce que le numéro de Vera-Ellen dans
Un jour à New-York est sans doute l'un des plus péchus en termes de chorégraphie individuelle du genre, parce que
Chantons sous la pluie est génial, et parce que je suis complètement gaga de
Drôle de frimousse, peut-être le film le plus classe du monde après
La main au collet. Audrey rules.
-
Jean-Jacques Annaud ou Jean-Paul Rappeneau
Annaud sans hésiter.
Le nom de la rose est un film de chevet, et
La guerre du feu et
L'ours sont deux films remarquables. Le cinéaste semble peiner à retrouver son inspiration de cette époque, où il déroulait un grand cinéma populaire, à la fois ambitieux et précis.
- Michael Curtiz ou David W. Griffith
D'énormes lacunes pour les deux, mais Curtiz ferait figure de favori à cause de
Casablanca et
Mildred Pierce.
-
Bertrand Blier ou Bertrand Tavernier
Si l'enthousiasme de la découverte survit difficilement à la révision de ses films, je choisis sans hésiter Blier, parce que son style, même s'il aime en rallonger la sauce et se complaire dans la vulgarité, est unique dans le cinéma français. Ses audaces dans la narration, son surréalisme, son ambition esthétique, voilà des choses qui manquent dans le paysage national aujourd'hui. Tavernier, à part
Coup de torchon, ne m'inspire jusqu'ici qu'un ennui franc malgré toutes mes bonnes volontés. Avec Eastwood, c'est une de mes grandes incompréhensions. Son ambition est profondément respectable, mais au final ça reste souvent décevant voire anecdotique, et sa mise en scène me communique peu la passion du cinéma qui habite le personnage.
- Claude Lelouch ou
Patrice Leconte
Leconte, pour
Viens chez moi j'habite chez une copine,
Monsieur Hire ou
Ridicule.
- Paul Thomas Anderson ou
James Gray
La trajectoire de PTA est aussi intéressante qu'indéchiffrable... j'ai pour l'instant fait le deuil d'adhérer à son cinéma très m'as-tu-vu. Tout le contraire de James Gray, mon chouchou contemporain, sur lequel je mise des espoirs toujours plus grands après un quintet d'une puissance rare. C'est le digne héritier spirituel de Coppola, Cimino, Lumet et Visconti, adepte d'un cinéma classique et tragique, plein de déchirements et d'émotions, avec des personnages magnifiques. Son association avec Joaquin Phoenix finira, en termes de symbiose et d'investissement, par se hisser au niveau de celle Scorsese/De Niro, j'en suis sûr. Prosternation.
- John Boorman ou
Michael Cimino ?
Boorman c'est bien, mais comment faire le poids avec l'auteur de
Voyage au bout de l'enfer,
La porte du paradis et
L'année du dragon ? Cimino est presque aussi fascinant que Coppola. Un gâchis.
-
Satoshi Kon ou Lana & Andy Wachowski
Matrix est un film culte perso pour des tas de raisons,
Bound un exercice de style classieux, et
Speed Racer m'amuse énormément dans ses partis-pris. Bon par contre, leurs fumisteries à base de Grand Architecte, de Maître des clés comme à Fort Boyard, de karmas ou de réincarnations avec maquillages grotesques, très peu pour moi. Donc normalement, tout bien pesé, le bulletin irait pour eux, mais exceptionnellement il récompensera l'adversaire pour lequel mes sentiments sont bien moins forts, mais qui fait sans doute montre dans ses films d'une plus grande inventivité.
- Rainer Werner Fassbinder ou
Max Ophüls
Ma pique la plus violente, je la réservais à Fassbinder : je ne rate jamais une occasion de découvrir un de ses films, tellement je trouve son cinéma auteurichiant impayable. Ophuls vainqueur haut la main, parce que
La ronde, parce que
Madame de..., parce que
Lettre à une inconnue.
- Oliver Stone ou
Sydney Pollack
Rétrospectivement, la montée en puissance de Stone en tant que cinéaste a été aussi brève qu'intense. Frappant fort sur les dérèglements de la société et des institutions américaines, il s'est momentanément imposé comme l'héritier des grands cinéastes politiques européens, autour d'une volonté d'expérimentation sur le montage peu à peu lobotomisante.
J.F.K. est dans mon panthéon perso à jamais,
Nixon est passionnant,
Wall Street ou
Salvador de véritables cris d'indignation. Mais la filmographie de Sydney Pollack, l'un des auteurs les plus mésestimés du Nouvel Hollywood, me semble beaucoup plus constante et variée. Grande classe dans la mise en scène, sujets forts, comédiens en général au diapason, sensibilité affleurante et pudique... Pollack est un cinéaste précieux qui mérite plus d'attentions.
- David Lean ou
Michael Powell
Rude duel, mais en même temps logique parce qu'il est évident que Lean a été marqué par
A l'angle du monde de Powell pour élaborer visuellement
La fille de Ryan. Bon, Lean est un Dieu de la mise en scène, mais tout bien pesé la carrière de Powell me semble plus impressionnante, notamment pour ses expérimentations visuelles et plastiques, sa poésie aux textures oniriques, l'étrangeté presque dérangeante de certaines de ses images pétaradantes, ses univers magiques pleins de trucages. J. G. Ballard le comparait d'ailleurs à Spielberg pour la force d'évocation visuelle de leur cinéma. Je crois que j'ai encore plus d'admiration pour le trio
Les chaussons rouges,
Le narcisse noir et
Une question de vie ou de mort, que pour les meilleures fresques de Lean. Mais on boxe pour l'un comme pour l'autre dans le très haut niveau.
-
James Cameron ou Robert Zemeckis
Deux cinéastes qui me sont très chers - mais Cameron, malgré un
Avatar de piètre mémoire, a une filmographie quand même plus dense. Entertainer surdoué dans les 80/90's, je suis admiratif devant son aisance pour le mouvement (c'est un bon rival aux USA pour McTiernan, cf. le match
Trues lies/
Une journée en enfer), son style simple et direct et pourtant très élaboré, sa capacité à formaliser des univers futuristes crédibles, son féminisme qui détartre, son respect du public à qui il offre des spectacles intelligents, haletants et techniquement novateurs, ses héros iconiques (Kyle Reese et Sarah Connor, Ellen Ripley et les Marines, Bud et Lindsay Brigman, Harry Tasker et son épouse, Jack et Rose), etc etc etc. Comme dit Christophe Gans, c'est un cinéaste qui a constamment le pied dans le passé et dans le futur, et qui fait le pont entre les deux. Maintenant, il est parti dans "l'espace entre les espaces", comme dirait l'autre... Quant à Zemeckis, il a su passer des géniales aventures de Marty McFly ou Roger Rabbit à des projets encore plus complexes, où se nouent son goût pour les plans-prouesses et son humanisme.
Seul au monde est un film magnifique.
- Peter Jackson ou
Sam Raimi
Pour les
Evil Dead et
Un plan simple. Je ne peux pas encadrer la trilogie du
Seigneur des anneaux.
- Raoul Walsh ou
John Huston
Ni l'un ni l'autre ne m'enthousiasment follement, mais l’œuvre de Huston me paraît plus riche même si souvent ses films m'emmerdent.
Que la lumière soit,
Le trésor de la Sierra Madre,
Quand la ville dort ou
L'homme qui voulut être roi, en revanche, c'est très bon.
- Dino Risi ou
Ettore Scola
Je n'ai vu que trois films de Risi et de Scola. Les lourdingues
Signe de Vénus et
Au nom du peuple italien, et le beau
Parfum de femme, pour le premier. Le superbe
Une journée particulière, le malsain
Affreux, sales et méchants et l'ennuyeuse
Terrasse, pour l'autre. Scola me semble être plus convaincant dans le fond comme dans la forme, mais il faudrait approfondir ces deux filmos.
- Louis Malle ou
Vittorio De Sica
Indiscutablement De Sica, poète du néoréalisme, qui s'est créé une œuvre d'un humanisme bouleversant.
-
Sidney Lumet ou Costa Gavras
La découverte de
L'aveu ce mois-ci ne contrebalancera pas ma nette préférence pour Sidney Lumet. Derrière sa filmographie pléthorique, émaillée de polars référentiels ou de drames forts, la détermination d'un engagement humaniste, qui illumine certains portraits sur la brèche. Comme Pollack avec qui il pourrait partager l'amour de New-York et la sensibilité latente, son statut n'est pas encore pleinement reconnu.
-
Milos Forman ou Stephen Frears
Forman comme Frears sont tous deux les auteurs d'un film de costume que je vénère :
Amadeus pour l'un et
Les liaisons dangereuses pour l'autre. Mais s'agissant de Frears, tout ce que j'ai pu voir d'autre m'est passé par-dessus la tête.
- Theo Angelopoulos ou Bela Tarr
Rien vu des deux.
- Judd Apatow ou Bob & Peter Farrelly
Rien vu à part
L'amour extra-large.