Francis Ford Coppola

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Demi-Lune »

jacques 2 a écrit :A quand une belle édition de "Coup de coeur" film devenu totalement invisible, il me semble ... :(
Le film existe dans une très belle édition collector zone 1, et même en zone 2 britannique.
jacques 2
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par jacques 2 »

Oui, mais sans STF ... :wink:
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Truffaut Chocolat
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Truffaut Chocolat »

Stark a écrit :Je vais découvrir bientôt : Peggy Sue s’est mariée, Jardins de pierre.
Si tu en as l'occasion, tente L'Homme sans âge.
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Thaddeus
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Thaddeus »

C'est noté.
Je ne rebondis pas sur toutes les recommandations que vous m'apportez aux tops commentés que je poste, mais je lis hein. Que ce soit dit. :wink:
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Boubakar
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Boubakar »

L'émission Le grand entretien propose une interview carrière de près de 3 heures (en autant de parties) de F.F. Coppola, qui peuvent se télécharger ici ;

http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-entretien-0

http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_11482.xml
riqueuniee
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par riqueuniee »

Forestier, dans l'Obs de cette semaine, déclare que Twixt est un nanar. Il y a donc des chances que ce soit un bon film :mrgreen:
Outerlimits
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Outerlimits »

"Coup de coeur" et "Apocalypse now" pour mes préférés.
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Truffaut Chocolat
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Truffaut Chocolat »

Allez hop, comme c'est d'actualité.

Dracula
Le Parrain III
Le Parrain
L'Homme sans âge
Tetro
Rusty James

Le Parrain II
Conversation secrète*
Apocalypse Now*
Jack*
L'déaliste*

Cotton Club

*films à revoir.

Je ne garde pas de grand grand souvenir de Conversation secrète, quand à Apocalypse Now, entre les différentes versions, je m'y perds complètement. J'aime bien ce film malgré tout.
Finalement, le seul que je n'aime pas, c'est Cotton Club, sans vraiment savoir pourquoi.
En fait, je trouve ce film un peu anonyme, presque banal.

Sinon, le reste, c'est du caviar.
Coppola c'est un peu un mélange de tout ce qui a pu se faire de mieux dans le cinéma européen au XXe siècle avec l'ambition et la soif de réussir d'un petit gars qui voulait simplement faire des films.
Nomorereasons
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Nomorereasons »

Le cinéaste ni les films ne me passionnent mais j'ai passé de bons moments avec:
-Tucker
-Le parrain
-Apocalypse now version courte

J'ai parfois trouvé le temps long avec:
-Le parrain 2 et 3
-Jack

Je n'ai pas vu les autres (ou alors vraiment trop peu de souvenirs -edit: Dracula par exemple) mais je tenterais bien Conversation secrète et Peggy Sue.
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Demi-Lune
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Demi-Lune »

Truffaut Chocolat a écrit :Finalement, le seul que je n'aime pas, c'est Cotton Club, sans vraiment savoir pourquoi.
En fait, je trouve ce film un peu anonyme, presque banal.
Peut-être devrais-tu l'incorporer dans ta liste des films à revoir pour lui redonner une chance ? :) Car c'est un film furieusement coppolien, plein de panache (c'est vraiment les roaring twenties dans toute leur splendeur) et de lyrisme, un film qui respire l'euphorie de mettre en scène avec une virtuosité si étourdissante et fluide que les images semblent inspirées selon une frénésie musicale. Comme une partition jazz de maître. Et ce, dès le générique. Enfin, Cotton Club est totalement caractéristique des recherches formelles du Coppola des années 1980... le montage électronique, les montages dans le plan, les couleurs, les cadrages, les effets stylistiques... sans comparaison possible avec l'anonyme Jack (pas encore vu L'idéaliste mais ça m'étonnerait fort que ça casse la baraque).
Personnellement, c'est un de mes Coppola préférés. Je jubile devant, face à tant de Cinéma. Je m'étonne toujours un peu qu'il soit si mal aimé.
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odelay
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par odelay »

Demi-Lune a écrit :
jacques 2 a écrit :A quand une belle édition de "Coup de coeur" film devenu totalement invisible, il me semble ... :(
Le film existe dans une très belle édition collector zone 1, et même en zone 2 britannique.
Je conseille plutôt l'édition britannique car en plus d'être zone 2 elle contient au moins des sous titres anglais (contrairement à l'édition US qui n'a aucun sous titres) et ce avec tous les superbes bonus du z1. En plus il y a une piste musicale seule et sur ce film, c'est indispensable car il y a qq versions du films qu'on ne trouve pas sur le CD ou vynil (comme le "Little boy blue" interprété par Kinski elle même ou le sublime "Old boyfriends' qui dans le film devient un duo en Waits et Gayle alors que sur le disque ce n'était que Gayle seule).
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par giftongue »

Je n'ai pas lu tout le topic sur Coppola mais si je ne m'abuse, l'un de ses premiers films, chanté et dansé, "la vallée du bonheur" avec Fred Astaire et Petula Clark, est particulièrement charmant.
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Happy Charly
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Happy Charly »

Boubakar a écrit :L'émission Le grand entretien propose une interview carrière de près de 3 heures (en autant de parties) de F.F. Coppola, qui peuvent se télécharger ici ;

http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-entretien-0

http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_11482.xml
Edité mon post vu que vous trouvez des liens ici :D
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Thaddeus
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Thaddeus »

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Dementia 13
20.000 dollars : c’est le budget parfaitement fauché que Roger Corman octroie au jeune Coppola après que celui-ci ait bouclé le scénario en trois jours. Il le tournera en un peu plus d’une semaine. C'est dire la frugalité de cette déclinaison de Psychose, qui force la note du gothique et du fantastique et multiplie les références hitchcockiennes (une mère hantée par la mort de sa fille noyée comme dans Rebecca, un fils qui à force de flashbacks s’aperçoit qu’il en est responsable comme dans La Maison du Docteur Edwardes...). En dépit de faiblesses dramatiques évidentes et d’une histoire tortueuse jusqu’à l’invraisemblance, elle témoigne d’authentiques qualités plastiques et, grâce à l’habileté encore frémissante du réalisateur, installe et développe une atmosphère nocturne assez riche et anxiogène. 3/6

Les gens de la pluie
Une œuvre de fuite et de remise en question, qui suit une femme désemparée sur les routes de l’Amérique profonde et développe certaines perspectives propres au Nouvel Hollywood. Coppola y révèle un sens de l’aliénation et de la solitude modernes ainsi qu’un œil sensible au paysage américain (motels, voitures, cabines téléphoniques, roulottes). Semblant réalisé "pour" sa mère, qui avait elle-même disparue quelques jours quand il était enfant, le road-movie dépeint un pays menacé par la névrose, où seule la réclusion d’une solitaire retirée du monde semble apporter une réponse au désarroi existentiel. Mais si la vision des rapports sociaux est amère, il se dégage une vraie tendresse de ce tableau cocasse et attachant, dont Barbara Loden réalisera l’année suivante, avec Wanda, un film très proche. 4/6

Le parrain
Introduction : une magnifique séquence de mariage où les victuailles répondent aux tractations, en coulisses, du parrain et des hommes qui lui sont dévoués. Conclusion : le fils au départ rebelle est intronisé dans le fauteuil paternel après avoir fait décapiter les cinq familles rivales. La trajectoire, somptueuse dérive tragique au-dessus des tables de la Loi, dessine une véritable généalogie du mal, vécue comme une damnation. Taillant dans l’obscurité, la violence et le sang, creusant les ambigüités de la morale et de la loyauté, Coppola portraitise l’identité américaine, ébranlée dans ses valeurs idéologiques, ses contradictions, son évolution. Les images ténébreuses de Gordon Willis, le thème funèbre de Nino Rota, la majestueuse maîtrise dramatique du cinéaste, son attention à la texture des choses et son goût prononcé du lyrisme opératique, créent la légende d’une œuvre magistrale qui s’impose en monument. 6/6
Top 10 Année 1972

Conversation secrète
C’est la version coppolienne de Blow Up – et pour moi elle lui est nettement supérieure. Un enquêteur épie un couple, le filme et l’enregistre. À partir du rembobinage et de la répétition obsessionnelle, de l’écoute et de l’interprétation, la réalité même des faits vacille, n’étant peut-être que le fruit d’une imagination malade. Fléchissant la ligne policière vers l’étude de la faute et la mauvaise conscience, le film plonge dans la paranoïa d’un individu et d’une nation. On peut mettre le suspense en rapport avec la situation politique de l’époque (il est sorti en plein scandale du Watergate), mais il est avant tout une réflexion vertigineuse sur le pouvoir qui détruit autant celui qui le détient que celui qu’il contrôle, le drame intime et métaphysique d’un effondrement, la contamination inéluctable d’un homme victime de son art et en proie à ses démons intérieurs. 6/6
Top 10 Année 1974

Le parrain, 2ème partie
Conversation Secrète est une pièce indispensable pour comprendre l’évolution mélancolique du Parrain à sa suite, avec laquelle il entretient un rapport dialectique. Ce volet densifie, dans les entrelacs et les ramifications de ses couloirs du temps, deux faces d’une double destinée maudite – jeunesse puis maturité, espoir puis désenchantement. Inscrivant le champ de l’Histoire dans le champ du mythe, Coppola ouvre sur l’économie, la politique, le monde extérieur, montre comment le pouvoir conduit à la solitude et à l’exil intérieur, et dévoile les structures complexes d’un milieu comparé aux empires de l’Antiquité. De l’arrivée immigrante à New York au début du siècle à la révolution castriste, de l’ascension du père au baiser fraternel rendu à Judas, qui rejoue le meurtre d’Abel par Caïn et finalise un embaumement tragique, la fresque, immense et dédaléenne, impose une ampleur romanesque proprement jupitérienne. 6/6
Top 10 Année 1974

Apocalypse now
L’ouverture-transe sur The End, le final entropique qui lui répond, le crâne luisant de Brando, figure ambiguë tapie dans l’obscurité, la démence de Duvall avec son chapeau de cavalerie vissé sur la tête, le show des bunnies catapultées en pleine jungle, le pont de Do Lung et ses artifices hallucinatoires… La conclusion de la tétralogie consacrée par Coppola à la société américaine (à moins de quarante ans !) est une véritable apothéose, un opéra grandiose de la mort et de la destruction, marqué des sceaux de la barbarie et de la métaphysique. Articulée en une douzaine de séquences au lyrisme orgiaque et incantatoire, dont la somptueuse beauté visionnaire et la démesure ornementale s’abolissent dans la douleur lancinante de la culpabilité et du souvenir, cette odyssée spirituelle imprégnée du placebo de la folie nous fait pénétrer les zones les plus reculées de la psyché, jusqu’au cœur des ténèbres. Peut-être le plus grand film jamais réalisé. 6/6
Top 10 Année 1979

Coup de cœur
À l’époque Coppola est au pic de ses vertiges mégalos, décidé à s’imposer comme un artiste de pointe, le précurseur révolutionnaire d’un art futuriste. Il concrétise ces ambitions dans un musical électronique aux expérimentations rutilantes, prototype jamais réitéré. L’émouvante histoire d’amour prend la forme d’un conte de fées envoûté par les voix de Tom Waits et Crystal Gayle, à la stylisation flamboyante : rues englouties par les dunes, fondus passés à l’as, néons clinquants, jeux surexposés de lumières et de montage, artifices d’une scène conçue comme un théâtre géant, un show live. Le reflux de l’épique vers la chronique se double d’une expansion du récit vers une mythologie de l’image, qui font de cet hymne aux puissances du spectacle l’une des œuvres les plus singulières de l’auteur. 5/6
Top 10 Année 1981

Outsiders
S’il se rattache à toute une tradition du teenager-movie américain, Coppola n’est pas du genre à en illustrer platement les motifs, et leur insuffle les élans d’un nouveau romantisme. À l’aube des années 60, deux bandes d’adolescents s’affrontent sans merci ; de cet argument classique, le réalisateur tire un poème âpre et lyrique, une superbe élégie à la jeunesse perdue et aux beautés dorées de la prairie américaine. Couchers de soleil rougeoyants, silhouettes des arbres au crépuscule, vie à la compagne entre l’église, le carnaval des animaux, le fleuve et les flammes… On est dans un territoire intemporel, quelque part entre Elia Kazan, Nicholas Ray et les sortilèges champêtres de La Nuit du Chasseur, qui exalte avec une douceur nouvelle la fraternité adolescente et l’héroïsme quotidien – Stay gold, comme le répète Ponyboy. Une merveille. 5/6
Top 10 Année 1983

Rusty James
Film-culte et compagnon parfait du précédent. Le motif d’une grande horloge aux aiguilles affolées en fournit peut-être le sujet central : le temps, sa fuite, son poids. De jeunes acteurs beaux comme des dieux se livrent à une ronde insouciante sur la perte accélérée de l’innocence et l’ambigüité des légendes, sur le rayonnement des aînés, l’héritage des révoltes adolescentes et l’ivresse des bagarres collectives. Coppola ressuscite avec une insolente splendeur un onirisme expressionniste entre Welles et Cocteau : le grand angle, la fragmentation, les éclairages violemment contrastés, les ombres sur les murs, les fumigènes réinventent une mythologie de la jeunesse entre pur artifice et spleen poignant, et s’imposent en un manifeste plastique dont l’apparition récurrente du poisson rouge, seul flash de couleur, est l’image de proue. 5/6
Top 10 Année 1983

Cotton Club
Peut-être Coppola a-t-il voulu retrouver l’inspiration du Parrain avec cette incursion brillante et colorée dans le Harlem des années 30, qui suit les destins parallèles d’un danseur noir et d’un trompettiste blanc lié à la pègre. Sous les fastes du spectacle, sous les claquettes et les cuivres, les paillettes et les rythmes jazz, derrière la guerre des gangs et leur appétit de puissance, il perce le chant funèbre d’une société qui vacille sur ses bases. La mort est à l’œuvre, mêlant les amuseurs et les flingueurs, se projetant en ombres dansantes sur les murs des night-clubs. Requiem nourri à la fièvre du passé, paré de tous les artifices et toutes les séductions, le film favorise un style flamboyant et un lyrisme de feu qui élève la chronique en opéra et orchestre le mariage virtuose de la comédie musicale et du film noir. Let’s dance ! 5/6

Peggy Sue s’est mariée
Changement total de registre. Comme quasiment tous les autres films de la décennie, cette fable romantique aux airs de romcom fifties donne l’occasion à Coppola de plier les exigences de la commande à sa sensibilité et à ses obsessions du moment. C’est un peu le pendant nostalgique de Retour vers le Futur sorti un an plus tôt : une charmante histoire d’initiation qui renoue avec une certaine mythologie (le bal du lycée, la jeunesse retrouvée) pour affirmer une croyance naïve et touchante en la pérennité de l’amour conjugal, en la faculté à accepter son destin non comme une résignation mais comme un cadeau, et de profiter de ce que la vie nous a donné. Morale sage et sincère, pour un film intimiste, joli et tendre qui nous fait accepter la comédie de remariage sans amertume ni mièvrerie. 4/6

Jardins de pierre
À l’heure où Stone fait son Platoon et Kubrick son Full Metal Jacket, Coppola revient à la guerre du Vietnam, mais côté cimetière, parmi les stèles et les soldats d’opérette restés au pays, témoins désabusés de l’hécatombe. Il fait de l’armée le recours suprême une fois que les armes se sont tues, le paradoxe d’une Amérique dont l’histoire s’est engluée dans les conflits suicidaires. Du rituel militaire sans cesse recommencé, du hors-champ dont il fait une règle, de la dignité de sa facture, cette méditation funèbre fait naître une vibrante émotion. Un film d’une sobriété absolue, entièrement au service de l’histoire forte qu’il raconte, des personnages poignants dont il dévoile blessures, regrets et colère sourde – James Caan l’officier, Anjelica Huston la journaliste, tous deux unis dans un pacifisme fervent. 5/6

Tucker
Pas difficile de lire dans l’ambition icarienne de cet homme visionnaire, sans cesse freiné par une société trop frileuse, un autoportrait, une parabole sur le statut de Coppola à Hollywood. Une fois de plus le réalisateur adapte le style à son sujet. L’épopée de l’automobiliste génial est traitée comme la voiture qu’il invente : la célérité de la mise en scène, l’élégance aérienne du montage, les enchaînements euphorisants se mettent au service d’une fable souriante et optimiste, une ode à la persévérance et l’entêtement, un hymne en faveur du créateur obstiné et solitaire face aux grands trusts qui veulent sa peau. La rencontre entre le héros et Howard Hugues, qui se reconnaissent comme deux géants face à face, deux rêveurs foudroyés, pourrait en être l’image la plus belle et la plus significative. 5/6

La vie sans Zoé (segment de New York stories)
Coppola en virtuose italien, père absent dont toutes les femmes tombent amoureuses. Il fait un peu figure de touriste à New York, et c’est peut-être pourquoi il utilise la ville comme toile de fond à une sorte de conte des mille et une nuits moderne, imprégné de gentillesse et d’onirisme. Écrit avec Sofia, le film annonce d’une certaine manière Lost in Translation en se situant à la croisée de Fitzgerald (la marmaille cousue d’or) et de Chanel (n°5). Entre un hold-up dans un grand palace, un opulent bal masqué pour enfants de milliardaires et un concert devant le Parthénon, le film assume la futilité relative du propos pour mieux affirmer son goût de l’artifice et de la féérie, les fondations imaginaires sur lequel il se bâtit. Et son enjeu clairement désigné (la réconciliation parentale) est moins frivole qu’il n’y paraît. 4/6

Le parrain, 3ème partie
Le premier volet s’ouvrait sur un mariage, le second sur une communion, le troisième commence par une cérémonie aux airs de couronnement. Il achève la saga mythique dans la tragédie, en la chargeant du poids intime des regrets exprimés et d'un fatum implacable : politique, haute finance, corruption des institutions, réflexion sur le pouvoir cannibale, le spectacle et la représentation se mêlent en une structure complexe et foisonnante. La splendeur viscontienne de la mise en scène, ses teintes brunes et ocres, sa tonalité crépusculaire témoignent d’un art souverain. Mû par la recherche de rédemption, c’est un somptueux opéra funèbre de larmes, de cris et de sang, dont la douleur lancinante s'estompe comme dans un souffle – le hurlement muet et déchirant de Michael, face à Mary/Sofia qui s’écroule, y arrive en point d’orgue d’un grandiose mouvement final. 6/6
Top 10 Année 1990

Dracula
Un autre film de commande, réalisé avec l’intelligence d’un artiste qui s’est régulièrement servi du système sans céder un pouce de son intégrité. L’inspiration poétique de Coppola revient aux sources du muet, en une avalanche de tableaux splendides marqués par un formalisme exacerbé : métamorphoses et trucages optiques à la Méliès, ombres chinoises et écarlates à la Kagemusha, lourdes robes rouges brodées de dragons d’or et cloisonnées comme un vitrail, jardins labyrinthiques et châteaux byzantins, loup blanc et effusions gothiques, goules et furies baroques magnifiés par le score lyrique de Wojcieh Kilar. Glorifiant la passion romantique d’un homme pour une femme à travers les siècles, le film génère un irrésistible envoûtement, conjugue le souffle épique, l’atmosphère décadente, le suspense des grands films d’aventures. Spectacle total. 6/6
Top 10 Année 1992
Spoiler (cliquez pour afficher)
Truffaut Chocolat en parlait il y a peu dans "Les 5 films qui vous ont marqué" - comme je le comprends. Pour le plaisir, je mets aussi un lien vers deux scènes fabuleuses, parmi tant d'autres - ce film est un chapelet de morceaux d'anthologie.

Le sublime prologue, avec sa croix mise à terre, sa bataille filmée dans l'aube pourpre comme un théâtre chinois, ses figurines animées, ses gonfalons perçant la brume sanglante - hommage flamboyant à Kurosawa :



Et la confrontation entre Van Helsing (interprété avec charisme et humour par Anthony Hopkins) et les trois courtisanes sataniques de Dracula, toutes en parures, bijoux et charmes démoniaques - invocations, cheval abattu dans une rubescente hallucination, percussions envoûtantes, cercle de flammes fondu en disque solaire, "Şi apoi venim Noi !"... :



J'aurais pu citer moult autres séquences de ce film que je connais par coeur. Devant pareille stylisation, devant ces images habitées par une intensité lyrique qui n'égale qu'un amour fervent du fantastique, je me prosterne.
L’idéaliste
Même quand il adapte John Grisham, Coppola reste un cinéaste capable de transformer un pensum judiciaire en un film personnel au classicisme subtil. Un jeune avocat candide et honnête contre un as du bourreau flanqué d’une armada de collaborateurs cyniques, une famille modeste flouée par une gigantesque compagnie d’assurances : vieux schéma du combat idéaliste perdu d’avance. Et pourtant, telle une pierre noire parfaitement polie dont la surface comporterait néanmoins quelques accrocs, cette histoire cousue de fil blanc captive et nous implique par son sens du détail, sa rigoureuse minutie, la mise en lumière de ses seconds rôles (Mickey Rourke, Virginia Madsen, et même Teresa Wright !). Autant de qualités, discrètes mais réelles, rehaussant la portée d’un beau récit d’apprentissage. 4/6

L'homme sans âge
Après dix ans d’inactivité, le cinéaste revient avec une œuvre touffue, fourmillante, saturée de pistes et d’enjeux, où il renoue avec une enfance de l’art et récapitule l’essentiel de ses obsessions. Moulant son style sur la fragmentation du récit, empruntant à l’onirisme et à l’expressionnisme, il convoque l’esprit serial de l’espionnage, l’accumulation du savoir, la généalogie du langage (jusqu’au sanscrit, au babylonien, à l’araméen), le vertige des transes médiumniques, la quête romantique de l’amour éternel. Tel un texte bouillonnant de tentatives transformées et d’inventions audacieuses, éparpillé entre ses hypothèses mais étrangement cohérent, le film tisse ainsi une fiction méandreuse et poétique qui parvient (exploit récurrent de l’auteur) à recouper le plaisir du spectacle par le recueillement intime. 5/6
Top 10 Année 2007

Tetro
Grand bain de jouvence que cette œuvre fiévreuse, effervescente, d’une grande cohérence avec le corpus thématique d’un Coppola qui cherche à réaffirmer ses acquis – mais les a-t-il jamais perdu ? Une fois de plus, il est question du poids des pères, de cet impératif à la fois magnifique et empoisonné de la transmission qui lie tous les êtres humains. Comme Rusty James ou Dracula, le film s’enivre de ses recherches picturales, serti dans un noir et blanc lumineux et expressionniste. La photo bigarrée, les fulgurances de la mise en scène (telle cette mirifique séquence de danse, digne de Powell), les excentricités carnavalesques de l’Argentine se mettent au service d’un drame intime et poignant autour de la rivalité, de la fraternité tourmentée et de la filiation étouffante, où éclate une énième fois le talent unique de son auteur. 5/6
Top 10 Année 2009

Twixt
Assez loin du déroulé opératique de Tetro, cette improbable fantaisie gothique, d’une liberté presque suicidaire, tient autant de l’expérimentation la plus cheap que de la profession de foi la plus sincère. En free style complet, le cinéaste accumule les décrochages incongrus, oscille entre fulgurances et instants nanardesques, invente des jeux chromatiques (tâches d’or et de rouge sang) le long d’une intrigue totalement relâchée qui ne semble avoir pour unique but que de confesser un traumatisme secret, profondément intime. Sa poésie naïve, la convocation prestigieuse de Poe (belles séquences méditatives sur la création et la douleur), son humilité surtout, rappellent de façon assez royale que Coppola, même lorsqu’il fait un peu n’importe quoi, pratique toujours un sacré cinoche. 4/6


Mon top :

1. Apocalypse now (1979)
2. Le parrain, 2ème partie (1974)
3. Le parrain (1972)
4. Le parrain, 3ème partie (1990)
5. Conversation secrète (1974)

Bon, mes notes parlent d’elles-mêmes : Coppola est l’un de mes cinq ou dix cinéastes favoris, un artiste absolument immense, une sorte d’incarnation idéale : celle d’un génie à la fois surpuissant et isolé, visionnaire et iconoclaste, dont l’ambition et la mégalomanie ont trouvé des terrains d’épanouissement sans égal. Perméable aux formes classiques mais constamment à la pointe de l’image, de la technique, du langage cinématographique, son œuvre alterne monuments statufiés et faux films mineurs (en réalité de véritables bijoux). Sa constance est d’autant plus admirable que son parcours est particulièrement chaotique : couverts d’Oscars dès le début de sa carrière, de deux Palmes d’Or (le premier à avoir accompli cet exploit), ayant tourné avec les plus grandes stars, connu d’incroyables déboires financiers dans les années 80, privilégiant aujourd’hui une approche indépendante, presque artisanale… Bref, une trajectoire fascinante pour un des plus grands géants du septième art.
Dernière modification par Thaddeus le 24 déc. 23, 10:50, modifié 18 fois.
Hitchcock
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Re: Top Francis Ford Coppola

Message par Hitchcock »

Bel article :) Et aucune note en dessous de 4/6 ! Impressionnant !
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