Claude Sautet (1924-2000)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Federico
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Federico »

Commissaire Juve a écrit :Je me suis fait la réflexion aussi. :mrgreen:

Pour revenir à l'histoire du "opérée à 27 ans"... je pense que c'était un moyen de se rajeunir de 3/4 ans (en fait, c'était plutôt 30 / 31 ans).
Pour continuer dans le passionnant, je me rappelle qu'à une époque, elle se disait (ou on disait d'elle qu'elle était) née en 1967 ou 68... :roll:
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Ce qu'aurait pourtant facilement démenti son apparition dans Demain les mômes (1976)
où elle a quand même plus l'air d'avoir 12 ans que 7-8...

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Commissaire Juve
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Commissaire Juve »

Federico a écrit :... elle se disait (ou on disait d'elle qu'elle était) née en 1967 ou 68... :roll:
Voilà, ça confirme ce que je disais (le coup du 4 ans de moins, ça fait justement 1967).

EDIT : et, selon le site "les gens du cinéma"...
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14 août 1963
Lieu : GASSIN (83-France)
Référence : Extrait de naissance n° 68/1963
... il y a carrément la référence de l'acte de naissance.

Rappel : Ratatouille... réponse à ta question sur la page précédente.
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Frances
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Frances »

Classe tous risques 1960 de Claude Sautet avec Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Marcel Dalio, Claude Cerval.

Gangster condamné à mort par contumace et recherché par la police, Abel Davos s'est réfugié en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants. Mais après un coup avec son ami Raymond, sur le point d'être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France.

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Dès les premiers plans l’influence du film noir est plus que perceptible. Pendant une quarantaine de minutes Claude Sautet nous embarque dans une fuite en avant savamment orchestrée depuis Naples jusqu’au rivage d’une grève mentonienne. Il nous déroule sans temps morts avec une belle maîtrise du temps et de l’espace l’itinéraire d’Abel Davos (Lino Ventura) un fugitif flanqué d’une femme, de deux jeunes enfants et d’un ami (Stan Krol) et associé faisant aussi office de tonton. Une drôle de famille qui doit sa survie à sa mobilité et à son état d’alerte permanent. A l’inquiétude de Thérèse l’épouse amoureuse et complice de son gangster de mari fait écho la jubilation enfantine des deux hommes ayant échappé de justesse à la police après être tombé sur un barrage routier. Quarante minutes donc, pleines de promesses qui laissait augurer un grand film noir à la française. Force est de constater de la suite m’a nettement moins emballée. Dès qu’Abel reprend contact avec ses vieux amis désormais rangés des voitures on tombe dans un schéma plus traditionnel et convenu : les ex-gangsters plus ou moins reconvertis à la mémoire courte, l’étau de la police qui se resserre, les comptes qui faudra bien régler. En revanche le duo Abel /Stark (Jean-Paul Belmondo) fonctionne plutôt bien. L’ami de substitution (voleur de son métier) vaut mille fois mieux que ces pétochards infidèles et mesquins.
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Lino »

Il y eut un excellent DVD japonais de Classe tous risques, 16X9 , sorti en 2002, piste audio française, et qui doit correspondre au montage original cinéma (les japonais utilisant des masters Betamax d'avant les restaurations numériques, dans ces années là). (Lu cet été la Série Noire originale, de Giovanni, excellente).

Sautet a dû refaire pas mal de ses montages pour l"édition numérique avant sa mort, je ne me souviens plus desquels ou si certains ont réchappé, ce doit être consigné dans le gros livre de Dominique Rabourdin (que je n'ai plus :wink: ).

j'ai aussi gardé précieusement la première édition de Mado, en DVD, chez Les Films de Ma Vie, qui doit être ce qui était sorti en salles....
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Commissaire Juve
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Commissaire Juve »

Frances a écrit :Classe tous risques 1960 de Claude Sautet avec Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Marcel Dalio, Claude Cerval.
Revu il n'y a pas très longtemps ; j'adore (toute la différence entre c'te gros jaloux de Truffaut -- qui n'aimait pas du tout -- et moi :mrgreen: ). Tout à fait le genre de film qui mériterait de passer en HD.
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par feb »

Ce sera le cas début 2014.
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Frances
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Frances »

Commissaire Juve a écrit :
Frances a écrit :Classe tous risques 1960 de Claude Sautet avec Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Marcel Dalio, Claude Cerval.
Revu il n'y a pas très longtemps ; j'adore (toute la différence entre c'te gros jaloux de Truffaut -- qui n'aimait pas du tout -- et moi :mrgreen: ). Tout à fait le genre de film qui mériterait de passer en HD.
Truffaut avait des partis pris parfois bien tranchés auxquels je n'adhère pas. Il n'aimait pas je cite : "les gangsters père de famille". Je trouve au contraire que cela apporte une vraie originalité au film et je le répète les 40 premières minutes sont formidables sur tous les points. Une scène magnifique et terrible, celle de l'arrivée du bateau de nuit au clair de lune sur une petite grève à proximité de Menton et des événements qui vont suivre.
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Demi-Lune
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Demi-Lune »

Mado (1976)

Si la soirée d'Arte a commencé fort avec Les choses de la vie, le cas de Mado est beaucoup moins évident.
Pour dire un peu abruptement les choses, c'est un film qui pour moi ne fonctionne pas. Pourtant certaines séquences prises individuellement sont du vrai bon Sautet. On revient à la forme sèche et pessimiste d'un Max et les ferrailleurs, mais sans la rigueur scénaristique, c'est bien le problème. Il manque une vraie progression dramatique, une meilleure structure, qui auraient peut-être permis de ne pas donner cette impression d'éparpillement et de digressions alors même que l'histoire se veut justement dense, avec toutes ces sous-intrigues censées s'entre-nourrir (les malversations immobilières, la vengeance de Piccoli, sa relation avec Mado, sa rivalité avec Manecca, etc) et ces personnages marqués par la crise sociale (la bande de Mado).
Le film a l'air de flotter en permanence, de ne pas trop savoir où il va, et ça se ressent sur le rythme, exceptionnellement accidenté pour un cinéaste où tout est toujours réglé nickel. Symptomatique est cette longue séquence, d'abord de virée rurale, ensuite de fête, et enfin d'embourbement : c'est contre toute attente captivant et chaleureux (à la Sautet, quoi), mais alors dans le cadre de l'intrigue et à ce stade de son développement, une telle digression ne se justifie pas. On voit bien l'idée d'une "tribu" qui vit d'ultimes instants d'insouciance et d'innocence, mais par rapport aux enjeux de fond, Sautet desserre indirectement l'étau et ça affecte l'impact du dénouement.
Bon à côté de ça, la patte Sautet fait toujours merveille (bistrots/clopes/pluie/chignons), Piccoli est évidemment parfait, Denner (j'adore sa tête émaciée de chien battu, sa voix rauque) bouffe l'écran dès qu'il apparaît, Dutronc a l'air de se demander ce qu'il fout là, Romy pleure. Mais c'est la bouille rondelette et tendre d'Ottavia Piccolo qui reste le plus en mémoire. Il y a dans son regard innocent et interrogateur une humanité que Sautet rend assez bouleversante.
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Eusebio Cafarelli »

Revu hier soir Vincent, François, Paul et les autres (1974)

C'est étonnant de constater qu'une partie du cinéma français actuel, que je n'aime pas, semble la postérité de cet excellent film. Je pense par exemple aux réalisations du duo Jaoui-Bacri, et plus globalement à ces histoires de couples classes moyennes, filmées à table ou dans des cuisines de grandes maisons ou d'appartements (je caricature), mais sans l'arrière-plan social dans lequel se situait Sautet. Ici c'est la crise des hommes quinquas (avec des femmes qui semblent plus effacées mais ce sont elles qui quittent, ce qui me parait assez moderne pour l'époque), mais aussi des classes moyennes (petit patron, médecin, écrivain) dans une sorte d'anticipation de la crise économique, et aussi dans une sorte d'effacement des rapports de classe (Montand-Depardieu, le patron et l'ouvrier) ou plutôt de dépalcement de ces rapports (abandon des idéaux sociaux pour Piccoli, conflit entre les petits patrons issus du monde ouvrier et le racheteur d'entreprises en Rolls).
Sautet reste quand même, à mon avis, le cinéaste passionnant des classes moyennes en plein essor à l'époque, tout comme Chabrol fut celui de la bourgeoisie.
Le film, à la mise en scène très pudique mais sans complaisance pour les personnages principaux formidablement interprétés (les petits rôles aussi d'ailleurs) nous parle encore sur de nombreux points (la thématique des difficultés des PME par exemple, l'émancipation féminine...), est daté sur d'autres (qu'est-ce qu'on fumait à l'époque ! :lol: ). Et bien sûr, toujours la patte Sautet : pluie, vitres, bouffes, bistrots...
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Demi-Lune »

Voilà donc comme je disais dans le topic à côté : c'est vraiment la quintessence du Sautet des 70's, chaleureux, pudique et sensible, sans un mot de trop.
J'ai beau connaître maintenant sa petite musique, l'authenticité de ses portraits n'en finit pas de m'émouvoir. Je ne sais pas comment il fait. On n'a pas l'impression de voir un truc "facile", qui tire la manche, même lorsque les drames frappent les personnages. En lisant le bouquin Sautet par Sautet, on réalise toute la primeur qu'il donnait à l'épaisseur du personnage, la définition de son background, de ses habitudes, de ses signes distinctifs, jusqu'aux regards et intonations qu'il demandait à ses scénaristes d'écrire en parallèle des dialogues. Je crois que c'est cette humanité qui affleure en permanence qui fait toute la force de ses films. Définir un regard, un geste, comme exprimant tout. Et ça, c'est juste bouleversant dans Vincent, François, Paul et les autres. Prenez la scène du petit matin où la femme de Reggiani le retrouve assoupi sur sa machine à écrire, leur complicité qui passe naturellement, ou la scène du bistrot où Montand se prend une déconvenue avec Stéphane Audran, les émotions qu'il retient violemment sur son visage... Si le casting est à l'unisson, Montand m'a particulièrement impressionné. Donner le change aux autres alors que tout l'accable. "Et si Catherine revenait..."
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Watkinssien »

Et le pétage de plomb de Piccoli à table. Très grand film de Sautet!
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Demi-Lune »

Watkinssien a écrit :Et le pétage de plomb de Piccoli à table. Très grand film de Sautet!
"J'vous emmerde tous avec vos dimanches et votre gigot à la con !!!" :lol:
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Watkinssien »

Demi-Lune a écrit :
Watkinssien a écrit :Et le pétage de plomb de Piccoli à table. Très grand film de Sautet!
"J'vous emmerde tous avec vos dimanches et votre gigot à la con !!!" :lol:
C'est tellement bien joué que je peux sans ambages considérer cette séquence comme un moment culte du cinéma... Tiens, j'ai envie de le revoir !
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :
Watkinssien a écrit :Et le pétage de plomb de Piccoli à table. Très grand film de Sautet!
"J'vous emmerde tous avec vos dimanches et votre gigot à la con !!!" :lol:
Preuve ultime du génie absolu du grand Piccoli.
Eusebio Cafarelli a écrit :Revu hier soir Vincent, François, Paul et les autres (1974)

C'est étonnant de constater qu'une partie du cinéma français actuel, que je n'aime pas, semble la postérité de cet excellent film. Je pense par exemple aux réalisations du duo Jaoui-Bacri, et plus globalement à ces histoires de couples classes moyennes, filmées à table ou dans des cuisines de grandes maisons ou d'appartements (je caricature), mais sans l'arrière-plan social dans lequel se situait Sautet.
Quand je pense qu'au moment de la sortie du Coeur des Hommes, certains avaient osé le comparer au Sautet...
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Re: Claude Sautet (1924-2000)

Message par Jeremy Fox »

Ratatouille a écrit :
Demi-Lune a écrit : "J'vous emmerde tous avec vos dimanches et votre gigot à la con !!!" :lol:
Preuve ultime du génie absolu du grand Piccoli.
Pas mieux
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