Revu hier soir
Vincent, François, Paul et les autres (1974)
C'est étonnant de constater qu'une partie du cinéma français actuel, que je n'aime pas, semble la postérité de cet excellent film. Je pense par exemple aux réalisations du duo Jaoui-Bacri, et plus globalement à ces histoires de couples classes moyennes, filmées à table ou dans des cuisines de grandes maisons ou d'appartements (je caricature), mais sans l'arrière-plan social dans lequel se situait Sautet. Ici c'est la crise des hommes quinquas (avec des femmes qui semblent plus effacées mais ce sont elles qui quittent, ce qui me parait assez moderne pour l'époque), mais aussi des classes moyennes (petit patron, médecin, écrivain) dans une sorte d'anticipation de la crise économique, et aussi dans une sorte d'effacement des rapports de classe (Montand-Depardieu, le patron et l'ouvrier) ou plutôt de dépalcement de ces rapports (abandon des idéaux sociaux pour Piccoli, conflit entre les petits patrons issus du monde ouvrier et le racheteur d'entreprises en Rolls).
Sautet reste quand même, à mon avis, le cinéaste passionnant des classes moyennes en plein essor à l'époque, tout comme Chabrol fut celui de la bourgeoisie.
Le film, à la mise en scène très pudique mais sans complaisance pour les personnages principaux formidablement interprétés (les petits rôles aussi d'ailleurs) nous parle encore sur de nombreux points (la thématique des difficultés des PME par exemple, l'émancipation féminine...), est daté sur d'autres (qu'est-ce qu'on fumait à l'époque !
). Et bien sûr, toujours la patte Sautet : pluie, vitres, bouffes, bistrots...