King Vidor (1894-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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feb
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par feb »

Profondo Rosso a écrit :The Wedding Night (1935)

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Tony Barret est un écrivain en panne d'inspiration. Sur les conseils de son éditeur, il se retire à la campagne avec son épouse. Il y fait la connaissance de Maya, une jeune femme polonaise. Intrigue et fascine par ses manières simples et sa franchise, Barret s'inspire d'elle pour créer le personnage de son nouveau roman.
(...)
Rien à ajouter à ce que dit Profondo :wink: Un très joli film de Vidor où la romance laisse place au drame avec une maitrise à tous les niveaux.
Mention spéciale aux 2 actrices qui, chacune dans leur rôle, apportent beaucoup à l'histoire.
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Profondo Rosso
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Profondo Rosso »

Alors lecteur dézonné ça y est ? :mrgreen: C'est vrai que les deux actrices sont épatantes Anna Sten y est vraiment très touchante c'est dommage de l'avoir si peu vue dans des rôles importants par la suite...
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Cathy
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Cathy »

Petit HS, mais félicitations Profondo Rosso tu sembles être devenu membre de la rédaction de DVDClassik si j'en crois la jolie couleur orange de ton pseudo :) !
feb
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par feb »

Profondo Rosso a écrit :Alors lecteur dézonné ça y est ? :mrgreen:
Non :mrgreen:
C'est vrai que les deux actrices sont épatantes Anna Sten y est vraiment très touchante c'est dommage de l'avoir si peu vue dans des rôles importants par la suite...
C'est vrai, l'actrice est très touchante et son petit côté "Garbo jeune" apporte un plus non désagréable au film. Et Helen Vinson nous offre un très joli personnage féminin sur la seconde partie du film lorsqu'elle revient auprès de Cooper.
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Profondo Rosso
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Profondo Rosso »

feb a écrit : C'est vrai, l'actrice est très touchante et son petit côté "Garbo jeune" apporte un plus non désagréable au film. Et Helen Vinson nous offre un très joli personnage féminin sur la seconde partie du film lorsqu'elle revient auprès de Cooper.
Oui Anna Sten avait été recruté pour être une nouvelle Garbo mais apparemment le bide de tous les films qui devaient la lancer a fait tourner court cette destinée pas de chance. Helen Vinson surprend vraiment dans la deuxième partie oui tant le personnage semble frivole au départ et acquiert une belle profondeur dans la deuxième partie. Et formellement vraiment un des plus beaux Vidor avec ce côté feutré et intimiste qui enchante de bout en bout, les scènes de lecture entre Cooper et Anna Sten c'est vraiment magnifique !
Cathy a écrit :Petit HS, mais félicitations Profondo Rosso tu sembles être devenu membre de la rédaction de DVDClassik si j'en crois la jolie couleur orange de ton pseudo :) !
Merci Cathy :wink:
feb
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par feb »

Profondo Rosso a écrit :Helen Vinson surprend vraiment dans la deuxième partie oui tant le personnage semble frivole au départ et acquiert une belle profondeur dans la deuxième partie. Et formellement vraiment un des plus beaux Vidor avec ce côté feutré et intimiste qui enchante de bout en bout, les scènes de lecture entre Cooper et Anna Sten c'est vraiment magnifique !
Pas mieux Profondo :wink: Un petit coup de coeur perso.
The Eye Of Doom
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par The Eye Of Doom »

Bonsoir.
Je passerai bien commande de 2 ou 3 King Vidor muets aux US.
Je pensez à Big Parade ou Show People (je connais the crowd) mais vous avez peut etre d'autres titres moins connus à me proposer pour un "best off" ?
Merci pour votre aide.
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par kiemavel »

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Notre pain quotidien (Our Daily Bread)

1934
Scénario : Elisabeth Hill d'après une histoire de King Vidor
Dialogue additionnel de Joseph Mankiewicz
Image : Robert Planck
Musique : Alfred Newman
Produit par King Vidor
United Artists

Durée : 80 min

Avec :

Tom Keene (John Sims)
Karen Morley (Mary Sims)
John Qualen (Chris larsen)
Addsion Richards (Louie Fuente)
Barbara Pepper (Sally)
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John et Mary Sims, un jeune couple de citadins au chômage se voit proposer par un oncle de Mary de prendre possession d'une ferme dont il a payé l'hypothèque. Problème, une fois parvenu sur place, il s'avère que la ferme est en piteux états et surtout qu'on ne s'improvise pas agriculteur du jour au lendemain. Par chance, un agriculteur qui venait de quitter sa ferme du Minnesota pour tenter sa chance comme chercheur d'or en Californie tombe en panne avec son véhicule juste devant la ferme des Sims et en désespoir de cause s'installe à son tour sur place et apprend à John les rudiments du métier de fermier. Très vite, une idée germe dans l'esprit de John, attirer sur ce lopin de terre pouvant nourrir de nombreuses familles, une dizaine de familles dont les compétences complémentaires permettrait de créer une communauté autonome d'un genre nouveau fondée sur l'entraide et l'échange de services. Les panneaux posés devant la propriété attirent très vite des dizaines de candidat de toutes professions, du concertiste au charpentier en passant par le barbier. D'abord réticent, John accepte finalement tout le monde. Ces gens sont de toutes professions et d'un peu partout, une famille est d'origine italienne, une autre originaire de Suède, il y a une famille juive. Très vite, Ils se mettent au travail et bientôt le maïs commence à lever. La vie de la communauté se met en place : on met en commun les ressources disponibles, le concertiste donne des cours de violon au fils de paysan, le marchand de cigarettes donne des bons à valoir…quand il aura pu constituer son stock. On construit des maisons, un premier enfant nait et cette société s'organise : on décide d'établir une constitution bis et on procède à la désignation d'une sorte de gouvernement. Mais la première récolte est longue à venir et bientôt la communauté n'a plus un sou…
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Contrairement aux apparences, un film grave traité avec beaucoup de légèreté et d'humour. Je passe sur l'aspect politique qui fait de ce film de toute façon un ovni même ramené dans le contexte de la grande dépression et du New-Deal. Au cours d'une discussion nocturne à bâtons rompus, un intervenant propose d'inventer, je cite "A Form of Socialist Government"…mais dans la même scène, y compris au milieu de propos tout ce qu'il y a de plus sérieux, Vidor met de la fantaisie. C'est au cours de cette même discussion que l'on nomme le trésorier de la communauté parce que c'est celui qui a le plus d'argent en poche, 20 $ en or. Du début à la fin, ce film propose un enchainement de scènes mémorables ou pleines d'inventions et ceci dès le préambule urbain qui est très vite expédié. Un homme guilleret gravit en chantonnant les différents étages d'un immeuble…mais c'est en réalité un créancier venant réclamer une dette impayée chez les Sims. Le soir même, le jeune couple invite l'oncle de Mary a diner, comme il n'y a plus d'argent pour acheter quoique ce soit, John décroche une mandoline du mur pour la proposer en échange au marchand de volailles qui hésite longuement devant les poulets qu'il a mis à la vente…avant de donner le plus décharné. Lorqu'ils arrivent à la ferme, pour montrer le travail qu'auront a accomplir ces citadins, Vidor les fait dialoguer sur "l'identité" de l'équidé attaché dans la cour de la ferme, une mule, un âne ? Plus tard, lorsque la communauté commencera à travailler aux champs, il faut voir tous les moyens mis en oeuvre pour parvenir à labourer la terre desséchée. On ne possède qu'un cheval et un âne ? On attèle une charrue à un groupe d'hommes encordés et on en attèle d'autres aux voitures et à tout ce qui peut tracter une charrue. La découverte par Mary du premier grain de maïs germé sortant de terre est aussi un des nombreux moments bouleversants et inoubliables d'un film qui en compte beaucoup. Une vraie bousculade...
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Il est bon aussi de voir un film qui affiche une telle croyance dans la bonté humaine. Une mise aux enchères de la ferme échoue car personne ne peut ou n'ose enchérir au dessus des 1 $ 85 proposés par un des fermiers ! Un dur recherché par la police se sacrifie et propose d'être livré à la police pour que la communauté puisse toucher la récompense de 500 $ promise contre sa capture permettant ainsi de sauver provisoirement la communauté. A vrai dire les images se bousculent tant elles sont nombreuses jusqu'aux dernières séquences absolument sublimes montrant les hommes, cette fois plus aguerris, plus efficaces, complémentaires, travaillant avec coordination et encore plus déterminés par la certitude de pouvoir enfin rapporter l'eau vitale qui assurera la survie des plantations…Un chef d'oeuvre dont je déplore une seule petite faute de gout, l'irruption d'une fille sophistiquée venue de la ville qui menace l'équilibre du couple et par voie de conséquence la vie de la communauté. Ce personnage était sans doute inutile et c'est un apport "romanesque" détaché du reste du récit. Néanmoins, il permet à Vidor de montrer une fois de plus son génie. Alors que john prend la fuite avec sa nouvelle petite amie au volant de la voiture de cette dernière et est donc en train d'abandonner la communauté, les images de son ami Louie, l'homme qui s'était de lui même livré à la police, se superposent aux images de la route et subitement John aperçoit en contrebas un nouveau canal d'irrigation ne passant après tout pas si loin de la ferme : 3 km, rien si l'on a des amis. Il abandonne alors subitement la jeune femme et retourne auprès d'eux.

Que faut-il faire pour voir ce film enfin édité en DVD. Voter pour Robert Hue ???
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par kiemavel »

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So Red the Rose
1935
Réalisation : King Vidor
Scénario : Maxwell Anderson, Edwin Justus Mayer
et Laurence Stallings d'après un roman de Stark Young
Image : Victor Milner
Musique : W. Franke Harling
Produit par Douglas MacLean
Paramount

82 min

Avec :

Margaret Sullavan (Valette Bedford)
Walter Connolly (Malcolm Bedford)
Randolph Scott (Duncan Bedford)
Robert Cummings (George Pendleton)
Janet Beecher (Sally Bedford)
Harry Ellerbe (Edward Bedford)
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En 1861, juste avant le déclenchement de la guerre de sécession, dans une grande famille de planteurs du Mississipi, la vie semble paisible. L'arrivée de la guerre va tout bouleverser. Un premier homme du clan s'engage dans l'armée des états confédérés, puis un autre, tous finiront pas devoir s'impliquer plus ou moins dans la guerre. C'est l'histoire de cette famille que l'on suit jusqu'à la fin des hostilités...

Bien que le film s'ouvre sur des scènes montrant le ramassage du coton par les esclaves de la plantation, les enjeux de la guerre et ses raisons sont à peine évoqués, de même que l'on ne verra aucune bataille et pratiquement aucun fait de guerre. On arrive toujours, "après la bataille". On en voit les effets, les familles - y compris celle qui se croyaient à l'abri du malheur au début du récit- en subissent les conséquences
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à la fin de notre histoire, de cette grande famille, il ne restera plus grand monde en dehors des femmes
et la guerre finira bien par arriver à Portobello mais uniquement à la toute fin du récit. Le film commence comme une chronique familiale du sud. On découvre la famille Bedford, de très riches planteurs vivant dans une vaste demeure luxueuse. Des parents bienveillants et bons vivants, un très jeune fils, un autre de 20 ans (Edward) et Valette, une jeune fille très courtisée, en premier lieu par George Pendleton, un ami texan de la famille mais elle est en réalité très amoureuse de Duncan, un cousin éloigné qui vit à Portobello. Cette première parie du film s'écoule plaisamment entre des parents charmants et pittoresques et les marivaudages innocents des jeunes gens tournant autour de Valette. A aucun moment on a l'impression d'assister aux derniers moments de bonheur d'une famille et que cette société là est au bord de l'effondrement. Pour cette famille privilégiée, la guerre arrivera progressivement. Au déclenchement de la guerre, un seul membre du clan part au combat, le jeune prétendant de Valette, George Pendleton, s'engage joyeusement dans les troupes confédérés mais par la suite, tous les membres masculins de la famille seront impliqués dans la guerre et les femmes en subiront aussi les conséquences. Mais King Vidor a l'habilité de faire s'approcher la guerre progressivement. D'abord ce sont les premières lettres écrites, anodines, puis celles annonçant les premiers drames, entrainant l'engagement dans la guerre d'un nouveau membre du clan, d'abord par sens du devoir, puis, les drames s'enchainant, avec une sorte de rage. Ce début qui nous montrait une guerre dont on ne percevait que le bruissement lointain et cette progressivité des événements dramatiques, font que lorsque l'émotion surgira, on en sera presque surpris.
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L'un des personnages les plus intéressant à ce titre, c'est le cousin Duncan, interprété par un surprenant et inhabituel, même à cette époque là, Randolph Scott. C'est un pacifiste qui refuse de se battre pour ne pas avoir à tuer d'autres américains ce qui ne lui attire même pas de problèmes au sein d'une famille dans laquelle la tolérance et la bienveillance semblent proverbiale. La seule a lui tenir rigueur de son détachement vis à vis des évènements historiques de l'époque, c'est Valette qui voudrait avoir un amoureux plus courageux. Cependant, à la suite des événements tragiques qui vont se succéder, Duncan finira par être rattrapé par la guerre. Une nuit, Mme Bedford est réveillée par un cauchemars. Elle a eu la vision de son fils mort sur un champ de bataille. Accompagné par Duncan, elle part en charriot, parcoure les champs de bataille à la recherche de son fils et finit par retrouver son corps. Alors devant la multitude de cadavres étendus sur le champ de bataille et confronté pour la première fois à la réalité de cette guerre, Duncan, l'air abattu, ramasse une arme et avec ses habits de ville commence à marcher d'un pas décidé sur le chemin, laissant sa tante repartir avec son esclave sur la plantation. Dans le prolongement de cette séquence, Vidor nous montre ensuite Duncan, cette fois dans un uniforme militaire, marchant déterminé à la tête de ses hommes montant au combat, totalement métamorphosé et méconnaissable. C'était le dernier homme de la famille a ne pas encore avoir été concerné par la guerre. La maison déserté par ses hommes, donnera encore de belles idées à Vidor et son scénariste. Dans une scène superbe, on verra Valette, se mirant dans une glace et superposant ses robes de bal à ses vêtements de tous les jours, entendant les voix des hommes disparus qui, il n'y a pas si longtemps, lui faisaient la cour.
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En dehors des drames familiaux, la guerre finissant par se rapprocher de la plantation, on finira par voir les enjeux de la guerre. Vidor aborde la question de l'esclavage de manière assez honnête (pour un film de 1935). Alors que la rumeur court parmi les esclaves que les troupes du nord se rapprochent, les esclaves de la plantation commencent à manifester leur enthousiasme car certains anticipent déjà leur future liberté. Un esclave prend même la parole devant tous les autres et les incitent à la révolte. Un autre, très proche de la famille Bedford, tente de s'opposer à ce meneur et le fouette mais il est vite submergé par le nombre et manque d'être lynché par la foule. Plus tard, alors que des centaines d'esclaves sont réunis dans une vaste grange, Valette interrompt les discussions, prend la parole pour tenter de convaincre les esclaves de rester pour l'instant sur la plantation. Elle met en doute et questionne la parole des futurs vainqueurs, rappelle les bons souvenirs qu'elle a partagé avec eux, la bonté de son père avec ses esclaves…Mais est contredite par un des leader qui reçoit une gifle magistrale de la part de Valette. Néanmoins, pour ce soir là, la tension retombe lorsque les esclaves apprennent que Malcolm Bedford, qui était parti à son tour se battre sur le front, vient tout juste de rentrer. Les esclaves se regroupent alors spontanément pour se rapprocher de la maison et entament des chants. On sait que ce sera sans doute le dernier moment d'harmonie, une sorte de paix en marge de la guerre et des bouleversements à venir, ce sera d'ailleurs aussi le dernier bonheur du père de famille mourant qui, incapable de se lever, entendra les chants se rapprocher avant de s'éteindre. Sortant alors de la maison, sa veuve annonce la nouvelle de la mort de son époux et prononce l'émancipation immédiate de tous les esclaves de la plantation.
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Un film précurseur car réalisé 2 ans avant Autant en emporte le vent (le livre) et 4 ans avant son adaptation cinématographique. Certes, le film de Vidor n'embrasse par sur 80 minutes, tout ce qu'embrasse le film de Fleming. Visuellement aussi l'ampleur du désastre de la guerre pour le sud est infiniment moins spectaculaire que dans le grand frère et même les conséquences dramatiques de la guerre sur la famille Bedford n'a pas l'ampleur des drames vécus par LES familles de Gone mais malgré sa modestie, ce film est très intéressant. Performance remarquable de Margaret Sullavan, une actrice que j'adore mais qui a deux ou trois reprises en faisait trop. Pas ici. Elle est d'abord pleine de charme juvénile en jeune fille un peu naïve et capricieuse puis elle grandit, doucement elle grandit, devient plus grave au fur et à mesure des pertes et deviendra presque le chef de famille. Un bon Vidor, mais pas un grand Vidor. Inédit en France mais ce film était sorti en Belgique sous le titre Roses de sang
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Margaret Sullavan et le débutant Robert Cummings
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Jeremy Fox
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Jeremy Fox »

La critique de Billy the Kid et la critique du DVD, ceux de cette collection étant en vente dès le mois de juin sur le site de la Fnac
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Profondo Rosso
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Profondo Rosso »

Stella Dallas (1937)

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Stella est une jeune femme issue de la classe ouvrière. Elle a l’ambition d’épouser Stephen Dallas, un homme issu d’une autre classe, montant ainsi dans la « haute ». Elle n’y arrivera pas, ou si mal, et Stephen sera de plus en plus distant vis-à-vis de Stella. Le ménage finit par sombrer, et Stella se retrouve seule avec sa fille Laurel, pour laquelle elle se bat afin de lui assurer un avenir meilleur.

King Vidor signe un de ses plus beaux films dans ce mélodrame où l'on retrouve les questionnements sociaux parcourant toute son œuvre. La thématique de l'ascension sociale, Vidor l'aura exploré à travers la vision de l'immigrant et du rêve américain (The Wedding Night (1935), Une Romance Américaine (1944)) de la romance impossible (Ruby Gentry (1952) ou encore du libre-arbitre avec Le Rebelle (1949). Cette fois ce sera à travers une bouleversante relation mère-fille que se posera cette idée dans Stella Dallas, seconde adaptation (après celle muette d'Henry King de 1925) du roman éponyme d’Olive Higgins Prouty.

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Stella (Barbara Stanwyck) est une jeune femme issue de la classe ouvrière qui se morfond dans la monotonie et la médiocrité de son milieu modeste. Dès le départ la condescendance avec laquelle elle juge ses semblables annonce le drame à venir. Sa première apparition est significative de son attente biaisée de la haute société, posant au portail de la maison familiale avec un livre intellectuel à la main afin d'attirer l'attention de l'aristocrate Stephen Dallas (John Boles) qui rentre régulièrement par là. Ce livre on devine aisément qu'elle ne l'a pas lu et symbolise la vision superficielle qu'elle a de la haute société, une ascension relevant plus de l'apparat et du luxe que de l'intellect. Elle réussira néanmoins à séduire et épouser Stephen Dallas mais malgré la naissance de leur fille Laurel, l'époux comprendra vite qu'il n'a servi que de passerelle vers les clubs prestigieux et les bals prestigieux pour une Stella pas du tout disposée à une vie familiale paisible. On comprend vite que cette aisance, cette assurance et ce flegme simple et inné sera forcément inaccessible pour notre héroïne dont l'ascension ne se sera faite que par le mariage mais pas dans l'état d'esprit. Un constat cruel et pessimiste où le milieu d'origine semble constamment nous poursuivre mais Vidor évite pourtant de rendre Stella antipathique par l'illustration de son indéfectible amour maternel.

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La fille Laurel (Anne Shirley qui n'a en fait que 11 ans d'écart avec Barbara Stanwyck) sera à la fois l'élément qui fera prendre conscience de ses limites à Stella mais aussi celui montrant l'accession possible à un ailleurs plus enrichissant (même si forcément par l'union entre aristocratie et milieu populaire). L'écart se creusera progressivement entre la mère et la fille, le tempérament tapageur de Stella s'avérant un frein de plus en plus encombrant à la progression de Laurel dont la beauté, l'élégance et le caractère discret attire les meilleurs partis. Une fête d'anniversaire désertée par des mères refusant de voir leurs filles côtoyer cette femme vulgaire, des moqueries en sourdine dans un palace où les robes et le maquillage extravagant de Stella dénotent, tout semble pouvoir provoquer une dissension inévitable entre elles. Contrairement à Mirage de la vie (1959) auquel on pense beaucoup (le problème racial en moins évidemment) l'aspiration individuelle ne domine jamais, mère et fille préférant se sacrifier plutôt que d'affronter le désobligeant regard extérieur. Laurel tourne ainsi le dos aux beaux prétendants et à leurs riches familles par amour pour sa mère qu'elle ne souhaite pas voir raillée.

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Anne Shirley est particulièrement touchante dans son interprétation très sensible et délicate, la scène où elle semble deviner le sacrifice de sa mère étant réellement bouleversante. Stella quant à elle comprenant qu'elle est un poids pour sa fille et découvrant à son tour les renoncements de cette dernière va littéralement sen aliéner l'affection pour son salut. L'amour ne peut que tirer vers le bas et ne fait pas disparaitre les clivages sociaux, Stella découvrant trop tard cette terrible évidence. On retrouve la tendresse de Vidor pour les classes populaires par ces scènes faussement comiques où une Stella pomponnée traverse les salons prestigieux d'un palace, pensant que les gens de "la haute" s'habillent ainsi mais n'attirant que les regards amusés dans un décalage saisissant.Barbara Stanwyck livre une de ses plus incandescentes interprétations, victime de ne pouvoir rester qu'elle-même dans ses attitudes outrancières mais capable de tous les abandons et sacrifices pour sa fille. Cette élévation sociale qu'elle a ratée (autant par elle-même que par les barrières sociales), elle l'observera de loin pour Laurel dans un magnifique final. Un magnifique mélodrame qui valut une nomination à l'Oscar pour une Barbara Stanwyck qui surmonta tous les obstacles (malgré le choix de King Vidor et ses grands rôles passés chez Wellman notamment, le producteur Samuel Goldwyn pas convaincu et la trouvant trop jeune osa lui faire passer des auditions) pour interpréter ce qui reste un de ses plus grands rôles. 5,5/6
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Ann Harding
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Ann Harding »

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Jenny (Zasu Pitts)

The Other Half (1919, King Vidor) avec Florence Vidor, Zasu Pitts, David Butler et Charles Meredith

Donald Trent (C. Meredith) revient profondemment changé du front européen avec son ami Jimmy (D. Butler). Bien que Donald soit le fils du patron, il insiste pour être un simple employé dans l'usine de son père auprès de Jimmy. Mais, suite au décès de son père, Donald doit assumer la direction de la société. Il oublie peu à peu ses anciens amis au grand dam de sa fiancée Katherine (F. Vidor) qui est devenue reporter...

En 1919, King Vidor est un tout jeune metteur en scène. Cependant son premier long métrage The Turn in the Road (1919) (qui est malheureusement perdu) a eu énormément de succès pour son message humaniste imprégné de 'Science Chrétienne' qui montrait la vie de tous les jours. Le cinéaste est persuadé que le cinéma a un message important à faire passer. Lors du tournage de son troisième film, The Other Half, il expliquait sa philosophie: "Je crois au cinéma qui va aider l'humanité à se libérer des chaînes de la peur et de la souffrance qui l'entravent depuis si longtemps. Je me refuse à produire un film qui contiendrait quoi que ce soit qui serait éloigné de la vérité humaine, quoi que ce soit qui blesserait quelqu'un et toute chose qui serait impure en pensée ou en action." On pourrait penser que Vidor veut prêcher la bonne parole. En fait, il n'en est rien. Il y a seulement chez lui ce désir de montrer la vie des gens telle qu'elle est sans chercher à la travestir. Son film est à consonnance sociale sans être prêchi-prêcha. Le titre fait référence aux deux parties de la société qui s'ignorent: les possédants et les employés. Il veut promouvoir la compréhension entre celles-ci avec son film. Ce qui frappe d'abord dans The Other Half, le plus ancien long métrage de Vidor qui nous soit parvenu, c'est la grande simplicité et la justesse de ses acteurs. Ils les placent dans un environnement quotidien et nous les montre en train de déjeuner assis par terre avec leur boîte. Les deux actrices principales sont particulièrement remarquables. La jeune Jenny (une merveilleuse Zasu Pitts) est la petite amie de Jimmy et travaille dans une laverie . Un jour, elle s'effondre épuisée et elle est prise en charge par Katherine, issue d'un milieu favorisée, qui découvre avec tristesse son appartement. Vidor apporte une foule de petits détails qui en disent long sur le personnage. Une malheureuse plante en pot est en train de mourir sur le bord de la fenêtre et Jenny réclame son phonographe pour écouter du jazz, sa seule distraction. Florence Vidor joue la jeune femme issue de la bonne société mais qui reste sensible à la vie des employés, d'où son choix de devenir reporter. Vidor utilise une parabole en montrant le chemin parallèle des deux anciens soldats issus de milieux opposés. Jimmy perd la vue suite à la négligence de son ancien ami Donald qui a négligé de faire réparer un mur qui s'est effondré sur lui. Donald est devenu lui aussi aveugle à la souffrance de ses employés. Sur cette belle et unique copie néerlandaise, la fin du film est manquante. En fait, tout est bien qui finit bien: Jimmy va recouvrer la vue et Donald va retrouver son empathie pour lui grâce à un article de Katherine. Ce beau film de Vidor montre qu'il a été un observateur attentif de la vie de tous les jours bien avant son chef d'oeuvre The Crowd (1928). A voir sur le site European Film Gateway. Un vrai bonheur.
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Jeremy Fox
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Jeremy Fox »

Franck Viale chronique ce classique du muet qu'est La grande parade, sorti en Bluray chez Warner Home Video.
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Silenttimo
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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Silenttimo »

Jeremy Fox a écrit :Franck Viale chronique ce classique du muet qu'est La grande parade, sorti en Bluray chez Warner Home Video.
A ce sujet, attribuer à ce film une note de 4 sur 10, c'est passible de sanctions du type "intégrale d'Hélène et les garçons ligoté à une chaise", ou, pour certains (m'enfin, on ne nommera personne !), visionnage en continu des 10 plus gros nanars du western spaghetti !!

:oops:

Incroyable !
Spoiler (cliquez pour afficher)
Bien qu'à la revoyure, après avoir vu deux fois "Wings" et une fois "Big Parade" en 2014, je dois avouer que mon curseur qui était resté bloqué sur le Vidor est revenu à une position qui tend légèrement pour le Wellman !

Il n'en reste pas moins que 4/10, c'est honteux !
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- Lubitsch, maître du hors-champ et de la suggestion ; "J'aime faire appel à l'intelligence du spectateur"
- j'aime la bonhommie d'Eugene Palette !

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Re: King Vidor (1894-1982)

Message par Jeremy Fox »

Silenttimo a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Franck Viale chronique ce classique du muet qu'est La grande parade, sorti en Bluray chez Warner Home Video.
A ce sujet, attribuer à ce film une note de 4 sur 10, c'est passible de sanctions du type "intégrale d'Hélène et les garçons ligoté à une chaise", ou, pour certains (m'enfin, on ne nommera personne !), visionnage en continu des 10 plus gros nanars du western spaghetti !!

:oops:

Incroyable !
Spoiler (cliquez pour afficher)
Bien qu'à la revoyure, après avoir vu deux fois "Wings" et une fois "Big Parade" en 2014, je dois avouer que mon curseur qui était resté bloqué sur le Vidor est revenu à une position qui tend légèrement pour le Wellman !

Il n'en reste pas moins que 4/10, c'est honteux !

Et pourtant, j'avais mis un peu moins au début. :fiou: J'avais d'ailleurs expliqué mon ressenti lors de sa découverte il y a un ou deux ans. Immense ennui et musique (de Carl Davis il me semble) qui m'a totalement fait sortir du film.

PS ; je suis certain qu'en allant fouiller sur le forum, je pourrais trouver de ta part des notes aussi honteuses de mon point de vue :twisted:
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