Commentaires à propos de votre film du mois

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Thaddeus
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Thaddeus »

Un mois de septembre dominé par deux très belles sorties ciné.

1. Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)

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2. Orphée (Jean Cocteau, 1950)

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3. Alabama Monroe (Felix Van Groeningen, 2012)

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Toutes mes découvertes en détails :
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Le goût du riz au thé vert (Yasujiro Ozu, 1952)
Une fois encore la caméra d’Ozu est pareille à la pointe d’un sismographe, elle consigne les affinités et les regrets, les joies et les amertumes avec une grande intelligibilité, sans jamais les amplifier. C’est à l’érosion du couple qu’il s’intéresse ici : entre l’indolent Mokichi et l’autoritaire Taeko, usés par les mille contrariétés d’un mariage ronronnant, il y a de l’eau dans le gaz. Il faudra à chacun prendre la mesure de la force invisible acquise par leur relation au fil des ans pour qu’une cuisine improvisée ne rappelle à eux leur amour complice, aussi vivace et évident que le goût du riz au thé vert. Telle une agréable infusion, le film touche sans être parasité par aucun effet (juste quelques parcimonieux travellings avant et arrière), et dialogue avec notre vécu comme le ferait un vieil ami. 5/6

Blanches colombes et vilains messieurs (Joseph L. Mankiewicz, 1955)
Pas sûr que l’univers de la comédie musicale convienne à l’ironie naturelle de Mankiewicz, dont la mise en scène accuse ici une certaine raideur illustrative. Diluant quelques intrigues sentimentales plutôt molles en près de deux heures et demie assez pataudes, il tire une séduction intermittente de ses complications vaudevillesques, de son New York de studio étoilé et chimérique, et de quelques interludes incongrus où enfin la folie s’invite à la fête (le pugilat cubain, en premier lieu). Il peut surtout remercier Jean Simmons, avec sa grâce délicieuse et son ravissant minois bouclé, de rafraîchir les artifices aujourd’hui un peu datés de l’entreprise. 3/6

The world (Jia Zhang-ke, 2004)
Ce parc-univers, qui emblématise le présent chinois et abolit dans un même arc de contrefaçon la fatigue de l’itinéraire et la valeur même de l’Histoire, enregistre la poussée anarchique de la mondialisation, de l’exode rural, de l’appétit de croissance et de consumérisme. Des shows absurdes à l’exotisme pailleté et futuriste y caricaturent en carton-pâte la globalisation qui avale les personnalités, mixe les cultures et broie une jeunesse écartelée entre la dure réalité économique, l’âpre solitude affective et la poudre aux yeux d’une irréelle occidentalisation. Ne reste alors à la génération perdue des années 70-80 que le réconfort d’une amitié (celle entre Tao et la Russe Anna, par-delà la barrière de la langue), et le rêve d’un ailleurs inaccessible qui aurait pour nom Ulan Bator ou Belleville. 5/6

L'extravagant Mr. Deeds (Frank Capra, 1936)
Dans un monde où l'individualisme et la duperie cynique constituent la norme, celui qui s'en remet au bon sens et traite les grands problèmes avec un altruisme désintéressé passe pour un dingo. La placide conviction du héros, qui emporte tout et tout le monde sur son passage, fonctionne dès lors comme un reflet de la méthode miracle de Capra. Elle transcende l'humanisme volontariste du discours et nous vole le cœur avec une facilité désarmante, sans même que nous nous en rendions compte. A la fin, on est comme la journaliste, les banquiers et les juges de New York qui ont connu Longfellow Deeds, ce Cinderella Man du Vermont venu gripper la froide insensibilité de la grande ville : on a emporté un peu de son optimisme et de sa générosité, et on se sent meilleur. 5/6

Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des plaines) (Arnaud Desplechin, 2013)
L'aventure de Desplechin dans les contrées américaines fonctionne tout à la fois comme un mouvement d'extension et comme une conquête d'apaisement. La fièvre et la confusion se sont taries au profit d'une densité plus contenue, qui s'en remet à l'entière puissance du langage et opère une captivante investigation intérieure. Il y a certes moins de puissance brute que par le passé, mais une humanité nouvelle déployant sans forcer, dans le cadre bienveillant de la recherche médicale et interculturelle, l'émouvante évidence d'une amitié sans contrainte, parcourue d'un profond respect mutuel. Avec ses deux acteurs épatants de complémentarité, le film s'offre comme un beau traité d'échange, d'apprentissage et d'ouverture à l'autre. 4/6

Guerre et amour (Woody Allen, 1975)
Doté d'un budget conséquent et d'une excellente équipe technique, Allen affirme une plastique dominée, une impeccable direction d'acteurs, un niveau supérieur du scénario. Sa relecture de Tolstoï, pas si éloignée de l'humour absurde des Monty Pythons, l'impose maître de son langage et de ses ambitions, et laisse filtrer des soucis intellectuels qui anticipent sur ses grands films autobiographiques. Ni solennité ni sérieux pour autant : les clins d'oeil à Bergman (de la Faucheuse – blanche – tout droit sortie du Septième Sceau au jeu de profils féminins à la Persona), les monologues sur la finalité de l'existence et la peur de la mort, les références culturelles ne freinent pas mais nourrissent au contraire l'esprit iconoclaste d'un hilarant festival comique. 5/6

Le caméraman (Buster Keaton & Edward Sedgwick, 1928)
Filmer le monde, c'est déjà le mettre en scène, le diriger, voire le déguiser. Car si le héros se serait bien passé de faire flotter des cuirassés au beau milieu de la 5ème Avenue, c’est bien lui qui, ailleurs, favorise une juteuse bagarre de truands chinois. Portant la lutte contre l'amoncellement des vieux papiers, des corps, des rubans de film à son degré de perfection symphonique, Keaton chante ici la mélodie urbaine de New York, exploite à nouveau toutes les possibilités de l'espace (l'escalier dévalé puis remonté quatre à quatre), et met les vertus du cinéma en abîme. Ainsi, quand bien même la manivelle de la caméra est tournée par un singe farceur, ce sont les images filmées qui révèlent la vérité aux personnages et finissent par les unir : une certaine idée de l'invention poétique comme célébration du septième art. 5/6

Madame Miniver (William Wyler, 1942)
D’un prêche pour la résistance anglaise en l’heure grave de 1942, d’une exaltation des valeurs éternelles du peuple britannique, le cinéaste freine toute emphase héroïque ou effusion spectaculaire, privilégie les instants de creux, de bonheur simple, de quiétude troublée, ne montre du conflit que son contre-champ préoccupé, et filme les tableaux champêtres et chaleureux d’une vie ponctuée par l’angoisse de la perte ou la joie éphémère des retrouvailles. Et voilà comment le discours de propagande fléchit, s’involue, se voit filtré par les vertus d’une expression en sourdine et la sobriété poignante d’une interprétation underplayed emmenée par une très subtile Greer Garson (quant à la petite Teresa, elle n’a pas son pareil pour nous faire fondre et nous tirer des larmes). 4/6

Ma vie avec Liberace (Steven Soderbergh, 2013)
La carrière polymorphe de Soderbergh aurait été incomplète si elle ne s’était pas frottée au biopic. Sans en transgresser les règles, le cinéaste radiographie les aspects exclusifs et contradictoires d’une relation amoureuse vécue comme sous le signe du contrôle et de l’appropriation marchande. La beauté perverse de l’entreprise réside dans ce qu’elle nous suggère d’un monde cosmétique et illusoire où tout s’achète, se modèle puis s’abandonne, y compris le corps et le visage d’un Apollon naïf pris au piège de ses sentiments. Peut-être un peu trop prisonnier du classique schéma grandeur et décadence pour vraiment émouvoir, le film doit beaucoup à son formidable duo de stars, à son éclat de lustre pailleté et à la sourde terreur qui le sous-tend (voir Rob Lowe en chirurgien faustien).

L’homme des vallées perdues (George Stevens, 1953)
L’équivocité qui parcourait Une Place au Soleil semble s’être totalement évaporée. Ne reste désormais, dans ce surwestern rudimentaire, presque squelettique, qu’une sorte de romantisme idéaliste, manichéen, très suranné, qui encroûte le film dans la banalité plus qu’il ne l’élève aux dimensions du mythe. Les intentions de Stevens sont sans doute de s’interroger sur les fondements d’un pays et ses légendes intemporelles, en optant pour le ton du conte, de la fable et de l’initiation (tout est vu par les yeux de l’enfant, qui se cherche un père de substitution). Mais la mollesse de la réalisation et la fadeur du casting, couplées aux grosses ficelles psychanalytiques des enjeux, ne les concrétisent jamais véritablement. Une œuvre pas désagréable mais très en-deçà de sa flatteuse réputation. 3/6

L’adieu aux armes (Frank Borzage, 1932)
Sans renier son romantisme, Borzage freine la déréalisation onirique qui gouvernait ses films précédents et reconstitue l’Italie de la Première guerre mondiale avec une crédibilité sans doute due à la conscience que les risques d’un nouveau conflit allaient s’augmentant. Le fameux roman d’Hemingway lui fournit un matériau apte à exacerber son goût pour les amours à distance, les liaisons impossibles brisées par l’irruption du chaos et la violence de la guerre. Fertile en trouvailles baroques, la mise en scène peine pourtant à déployer pleinement le potentiel émotionnel du récit, peut-être parce que les événements suivent une ligne un peu trop rigide, ou parce que la qualité inégale de l’interprétation n’en restitue pas tout à fait la force et l’unité. 4/6

Le jour où la terre s’arrêta (Robert Wise, 1951)
Un envoyé du Ciel d’inspiration ouvertement messianique se heurte à l’esprit suspicieux et belliciste des hommes, meurt puis renaît pour leur salut. Et pour se montrer un peu plus persuasif, il est accompagné d’un robot de destruction massive aux allures de gros Playmobil-Bibendum en caoutchouc. Ok. Symptomatique d’une époque qui usait de la SF comme métaphore idéologique, pour délivrer un message de coexistence pacifiste, ce classique du genre apparaît essentiellement circonscrit à ce qu’il révèle des angoisses et des doutes de son temps, articulant une suite de symboles autour de l’ovni, du savant, du politique, du militaire, de la famille américaine : notions sommaires mais efficaces, dont la sagesse est parasitée par un simplisme aujourd’hui un brin désuet. 3/6

Orphée (Jean Cocteau, 1950)
Cocteau regarde le monde tel qu’il est et l’appréhende pourtant comme la manifestation d’un univers invisible. Parabole et méditation sur la destinée du poète parmi les hommes, qui "désanachronise" en quelque sorte la légende et fait verser merveilleux et tragique dans le quotidien le plus réel, le film organise un vagabondage au carrefour du mythe, du fantastique et du subconscient, transcendant la promiscuité des relations humaines. Les ruines de Saint-Cyr transformées en royaume des ombres, la marche tâtonnante dans la zone intermédiaire, les faux yeux peints sur les paupières, le franchissement des portes à mercure entraînent dans un ailleurs ensorcelant, dont les sortilèges évoquent autant l’expressionnisme allemand que le Livre des Morts tibétain ou l’hallucination sous insuline. 5/6

Blue Jasmine (Woody Allen, 2013)
Carburant au martini et aux antidépresseurs, fissurée, flippée, à la fois pathétique et déplaisante, la dernière héroïne de l’increvable Woody Allen réfléchit la gueule de bois d’un pays ravagé par la crise de confiance, la ruine des apparences et les combines illégales des puissants. Sa personnalité borderline, son mépris de classe et son culte du paraître butent sur un credo désormais intenable : à toujours détourner les yeux, on échafaude sa propre perte. Avec ce film sans pitié sur la dérive intérieure et la déchéance sociale, le cinéaste affirme l’extrême finesse psychologique de son regard, habille de rire jaune chaque étape d’une chute sans rémission, et compose une savante construction temporelle qui remodèle en permanence toutes les perspectives. Magistralement servi par Cate Blanchett et Sally Hawkins, il signe l’une de ses œuvres les plus noires, abrasives et pénétrantes. 5/6

Mon âme par toi guérie (François Dupeyron, 2013)
On peut s’agacer des afféteries et de la recherche constante de singularité à l’œuvre dans la mise en scène. Mais assez vite l’humanité des personnages emporte, cette espèce de poésie de la détresse accompagnant les parcours d’êtres cabossés par l’existence, dont les solitudes hébétées se croisent comme autant de promesses en devenir. Comment trouver sa place en ce monde, s’accorder aux êtres que l’on aime, accepter la misère des autres quand on souffre de vivre en dehors de soi-même ? Le film brasse cette matière spirituelle à coups d’intuitions téméraires, en osant flirter avec le portrait social, le conte initiatique, voire le surnaturel. Il est inégal, branlant, mais fait naître une force vive et écorchée qui finit par laisser son empreinte. 4/6

Le pauvre amour (David W. Griffith, 1919)
Le cinéaste poursuit dans la veine simple du Lys Brisé et s’en remet à l’entière sincérité d’une pastorale qui oppose la grâce candide d’une amoureuse au cœur pur et les modernes afféteries de sa rivale inconséquente et badine. Une blonde, une brune, un jeune homme attiré et ensorcelé par les artifices de l’une avant de comprendre que les sentiments vrais résident dans l’abnégation et la dévotion de l’autre : la plus vieille histoire du monde, racontée au travers de symboles esquissés, de minces peccadilles, d’une gestion consommée de l’espace. Le sens de la nature de Griffith, ses tableaux vivants, son attachement pour les êtres isolés et en marge de la société, la finesse de sa direction d’acteurs participent à la jolie réussite de cette romance poétique. 4/6

Hantise (George Cukor, 1944)
Un an avant qu’Hitchcock impose l’ambivalence morale d’Ingrid Bergman et en fasse le jouet de forces qui la dépassent, Cukor lui offrait déjà un rôle de victime craquelée, persécutée par un époux charmeur et inquiétant cherchant à lui faire croire qu’elle a de grosses araignées au plafond. L’intrigue de ce suspense victorien ne devance jamais le spectateur (on comprend tout assez vite), mais le cinéaste se montre particulièrement à son affaire pour en optimiser chaque effet. Les clairs-obscurs savamment composés, les frémissantes lueurs des chandelles aux gaz, les rues embrumées de Londres, la perversité équivoque d’une emprise psychologique garantissent une tension entretenue avec cette forme d’élégance consommée et incisive qui est la marque de l’auteur. 4/6


Et aussi :

Tirez la langue, mademoiselle (Axelle Ropert, 2013) - 4/6
Solitude (Paul Féjos, 1928) - 5/6
Gare du Nord (Claire Simon, 2013) - 4/6
Ilo Ilo (Anthony Chen, 2013) - 4/6
Alabama Monroe (Felix Van Groeningen, 2012) - 5/6
La danza de la realidad (Alejandro Jodorowsky, 2013) - 4/6
La bataille de Solférino (Justine Triet, 2013) - 4/6
Elle s'en va (Emmanuelle Bercot, 2013) - 4/6
Lettre à Momo (Hiroyuki Okiura, 2011) - 4/6
Films des mois précédents :
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Août 2013 - La randonnée (Nicolas Roeg, 1971) Top 100
Juillet 2013 - Le monde d'Apu (Satyajit Ray, 1959)
Juin 2013 - Choses secrètes (Jean-Claude Brisseau, 2002)
Mai 2013 - Mud (Jeff Nichols, 2012)
Avril 2013 - Les espions (Fritz Lang, 1928)
Mars 2013 - Chronique d'un été (Jean Rouch & Edgar Morin, 1961)
Février 2013 - Le salon de musique (Satyajit Ray, 1958)
Janvier 2013 - L'heure suprême (Frank Borzage, 1927) Top 100
Décembre 2012 - Tabou (Miguel Gomes, 2012)
Novembre 2012 - Mark Dixon, détective (Otto Preminger, 1950)
Octobre 2012 - Point limite (Sidney Lumet, 1964)
Septembre 2012 - Scènes de la vie conjugale (Ingmar Bergman, 1973)
Août 2012 - Barberousse (Akira Kurosawa, 1965) Top 100
Juillet 2012 - Que le spectacle commence ! (Bob Fosse, 1979)
Juin 2012 - Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Mai 2012 - Moonrise kingdom (Wes Anderson, 2012)
Avril 2012 - Seuls les anges ont des ailes (Howard Hawks, 1939) Top 100
Mars 2012 - L'intendant Sansho (Kenji Mizoguchi, 1954)
Février 2012 - L'ombre d'un doute (Alfred Hitchcock, 1943)
Janvier 2012 - Brève rencontre (David Lean, 1945)
Décembre 2011 - Je t'aime, je t'aime (Alain Resnais, 1968)
Novembre 2011 - L'homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929) Top 100 & L'incompris (Luigi Comencini, 1966) Top 100
Octobre 2011 - Georgia (Arthur Penn, 1981)
Septembre 2011 - Voyage à Tokyo (Yasujiro Ozu, 1953)
Août 2011 - Super 8 (J.J. Abrams, 2011)
Juillet 2011 - L'ami de mon amie (Éric Rohmer, 1987)
Juin 2011 - Ten (Abbas Kiarostami, 2002)
Federico
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Federico »

Frances a écrit :Fantastic Mr Fox, un slow motion jouissif.
Je pense que tu voulais écrire : "un stop motion"... :wink:
Enfin Electra Glide in blue de James William Guercio. J’en dis quelques mots ici http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... #p2343878. Belle révélation pour le moins inattendue.
Si il n'y avait pas la rude concurrence du Fleischer, ce film étonnant (qui tient par certains côtés d'un négatif du surévalué Easy rider) aurait fait une chouette film du mois. :D
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par riqueuniee »

Federico a écrit :
Tom Peeping a écrit : Les tontons flingueurs (Georges Lautner, 1963) 0
Cruel manque de rythme, réalisation assez médiocre, dialogues d'Audiard tout juste passables avec quelques sourires sur un boulevard d'ennui et une brochette de bons acteurs mal dirigés ou pire (comme la fille qui joue la jeune "nièce", exécrable) : la réputation de cette comédie proclamée "culte" m'a laissé pantois. Un abîme la sépare de l'étincelante réussite de "Le cave se rebiffe", deux ans auparavant. Une énorme déception. BR Fr
Ce n'est pas moi qui invoquerai la notion de culte, je déteste l'expression mais c'est rare de voir un avis aussi négatif sur un film certes vu et revu jusqu'à plus soif (c'est le cas de le dire) mais qui reste - enfin à mes yeux - une grande réussite du cinéma populaire et que je trouve plutôt très correctement filmé. Il contient des longueurs (surtout vers la fin) et je suis d'accord sur la nièce (actrice allemande qui était doublée et n'a pas laissé une grande trace dans l'histoire du cinoche). Et puis les dialogues, malgré certains effets forcés pour faire dans l'truand (le côté "catalogue" d'argot du milieu dans la bouche du Mexicain, par exemple) m'éclatent toujours.
Pareil. Le film n'est pas exempt de défauts (que tu signales très bien), mais quel plaisir que son visionnage. Et il est vraiment "culte". La preuve, ce n'est pas rare, quand on déguste un alcool, une liqueur, de se demander "s'il y a de la pomme ou de la betterave" ou d'évoquer la "boisson d'hommes". Et puis, si l'argot est parfois forcé (mais on est dans une comédie parodique, pas dans un film réaliste sur le milieu), quels dialogues, servis par des comédiens en forme. Tout le monde (ou presque) connaît la phrase sur "les cons qui osent tout", mais j'aime particulièrement la réplique de Rich à Ventura sur ce qu'il peut faire de ses opinions sur la musique contemporaine...
Dernière modification par riqueuniee le 30 sept. 13, 22:31, modifié 1 fois.
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Frances
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Frances »

Federico a écrit :
Frances a écrit :Fantastic Mr Fox, un slow motion jouissif.
Je pense que tu voulais écrire : "un stop motion"... :wink:
Enfin Electra Glide in blue de James William Guercio. J’en dis quelques mots ici http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... #p2343878. Belle révélation pour le moins inattendue.
Si il n'y avait pas la rude concurrence du Fleischer, ce film étonnant (qui tient par certains côtés d'un négatif du surévalué Easy rider) aurait fait une chouette film du mois. :D
- Stop motion...oui image par image. Moi et la technique :oops:
- Tout à fait d'accord concernant Electra Glide in blue, jai hésité...
Un film à découvrir en tout cas. :wink:
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" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
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Mes films du mois :
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Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :
Tom Peeping a écrit : C'est son texte qui m'a donné envie de voir le film qui traînait dans ma pile de DVDs depuis des lustres. Les goûts et les couleurs... Faut revoir "The scarlet pimpernel" réalisé à la même époque et sur un sujet proche pour prendre la mesure de la faiblesse du film de Conway.
J'adore aussi The Scarlet Pimpernel (et sa suite très bonne aussi) mais ce n'est pas forcément les même attentes entre l'aventure enlevée et le gros mélo de Jack Conway. Mais c'est vrai qu'on a deux personnages qui dissimule leur héroïsme sous une image frivole dans les deux sur fond de Révolution Française dans un traitement assez différent même si je trouve le Conway plus impressionnant visuellement et pas seulement pour les scène filmées par Newton et Tourneur comme le début misérables ou les transitions évoquant le muet. Et puis la vision de la Révolution est sans doute moins caricaturale dans le Conway.
Supfiction a écrit :
Elle vaut le coup la version de 82 ? Jane Seymour ça donne envie ! Pour la version de 34 je recommande aussi la suite un peu en dessous mais très sympa même si on perd l'excellent casting d'origine (mais on gagne James Mason débutant). J'en causais là http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 2&start=15
Alors, je dois avouer que je regarderai avec plaisir n'importe-quel truc avec Jane Seymour tellement cette femme est belle (j'ai vu The Four Feathers, la semaine dernière, avec un Beau Bridges avec des cheveux, et je suis actuellement dans la mini-série A l'est d'Eden, malheureusement en VF)..

La version 1982 est un festival de couleurs, de décors et de costumes. Mais objectivement, la version Merle Oberon/Leslie Howard est bien plus plaisante, bien que tournée quasiment qu'en intérieurs (et le reste en studio avec des décors limités) et avec beaucoup moins de moyens. Face à Jane Seymour, il manque un acteur de la trempe de Leslie Howard (ok Ian McKellen mais c'est quand même d'un niveau en-dessous..).
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Dernière modification par Supfiction le 30 sept. 13, 23:26, modifié 1 fois.
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origan42
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Message par origan42 »

Jeremy Fox a écrit :
Supfiction a écrit :Mon quatuor de Septembre 2013 :

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8)


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Père Jules
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Message par Père Jules »

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44 films vus ce mois-ci et c'est Visconti qui remporte la palme pour septembre.

Le résumé du mois:
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Fenêtre sur cour (Alfred Hitchcock, 1954) Image
Gens de Dublin (John Huston, 1987) Image
L.627 (Bertrand Tavernier, 1992) Image
Garde à vue (Claude Miller, 1981) Image
Ludwig ou le crépuscule des dieux (Luchino Visconti, 1972) Image
September (Woody Allen, 1987) Image
Les compagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky, 1967) Image
En haut des marches (Paul Vecchiali, 1983) Image
Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? (Luigi Comencini, 1974) Image
Comédie érotique d'une nuit d'été (Woody Allen, 1982) Image
Beau-père (Bertrand Blier, 1981) Image
Walkabout (Nicolas Roeg, 1971) Image
Sue perdue dans Manhattan (Amos Kollek, 1997) Image
Meurtre à l'italienne (Pietro Germi, 1959) Image
Missing (Costa-Gavras, 1982) Image
Ombres et brouillard (Woody Allen, 1991) Image
Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, 1962) Image
Les ailes du désir (Wim Wenders, 1987) Image
Nostalghia (Andreï Tarkovski, 1983) Image
Les fantastiques années 20 (Raoul Walsh, 1939) Image
Le fier rebelle (Michael Curtiz, 1958) Image
Stavisky (Alain Resnais, 1974) Image
Docteur Petiot (Christian de Chalonge, 1990) Image
Ressources humaines (Laurent Cantet, 1999) Image
Le flic ricanant (Stuart Rosenberg, 1973) Image
Un jeu brutal (Jean-Claude Brisseau, 1983) Image
Le tombeau hindou (Fritz Lang, 1959) Image
Le tigre du Bengale (Fritz Lang, 1959) Image
Mad Max 2 (George Miller, 1981) Image
Frissons (David Cronenberg, 1975) Image
Les portes de la nuit (Marcel Carné, 1946) Image
Maudite Aphrodite (Woody Allen, 1995) Image
Mort sur le Nil (John Guillermin, 1977) Image
La colline a des yeux (Wes Craven, 1977) Image
La grande cuisine (Ted Kotcheff, 1978) Image
Maigret tend un piège (Jean Delannoy, 1958) Image
Témoin de ce meurtre (Roy Rowland, 1954) Image
Maya (Raymond Bernard, 1949) Image
La vie de Jésus (Bruno Dumont, 1997) Image
Address Unknown (William Cameron Menzies, 1944) Image
Le bel indifférent (Jacques Demy, 1957) Image
Itinéraire d'un enfant gâté (Claude Lelouch, 1988) Image
L'île des morts (Mark Robson, 1945) Image
Médée (Pier Paolo Pasolini, 1969) Image
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Supfiction
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Message par Supfiction »

origan42 a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

8)


+1

Ce que j'en avais écrit :
Un dimanche à la campagne (1984):
Moments magnifiques, dialogues et voix off qui résonnent encore .. "il regardait son tableau et cherchait des secrets dans le rouge d'un coussin, dans le pli d'une tenture avec une envie si féroce de les découvrir qu'il se sentait toujours jeune, et avec une certitude si totale, si amère de ne rien trouver, qu'il se sentait très vieux."
Michel Aumont est magnifique dans ce film dont certaines thématiques familiales feront échos 12 ans plus tard dans Un Air de famille (avec Bacri dans un rôle proche par certains côtés) et 25 ans plus tard dans Les invités de mon père, avec le même Michel Aumont cette fois-ci dans le rôle du père.
Best
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Message par Best »

Supfiction a écrit : Ce que j'en avais écrit :
Un dimanche à la campagne (1984):
Moments magnifiques, dialogues et voix off qui résonnent encore .. "il regardait son tableau et cherchait des secrets dans le rouge d'un coussin, dans le pli d'une tenture avec une envie si féroce de les découvrir qu'il se sentait toujours jeune, et avec une certitude si totale, si amère de ne rien trouver, qu'il se sentait très vieux."
Michel Aumont est magnifique dans ce film dont certaines thématiques familiales feront échos 12 ans plus tard dans Un Air de famille (avec Bacri dans un rôle proche par certains côtés) et 25 ans plus tard dans Les invités de mon père, avec le même Michel Aumont cette fois-ci dans le rôle du père.
J'en profite pour évoquer un film remarquable et un des rares à m'avoir fait ressentir des émotions très proches de celles connues avec Un dimanche à la campagne. Il s'agit de El Abuelo de José Luis Garci. Comme en plus il existe un DVD zone 2 en espagne avec sous titres français, j'encourage tout le monde à y jeter un œil :D
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Best a écrit :
J'en profite pour évoquer un film remarquable et un des rares à m'avoir fait ressentir des émotions très proches de celles connues avec Un dimanche à la campagne. Il s'agit de El Abuelo de José Luis Garci. Comme en plus il existe un DVD zone 2 en espagne avec sous titres français, j'encourage tout le monde à y jeter un œil :D

Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd :wink:
daniel gregg
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Message par daniel gregg »

Ozu indétrônable, suivi néanmoins de très près par une merveilleuse découverte française avec une Michèle Morgan bouleversante, un film noir saisissant sur le milieu avec Richard Conte, un polar dérangeant de Lumet et enfin un muet d'une incroyable tension de Louis Delluc.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :Ozu indétrônable
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Youpi :D
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Flavia
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Re: Commentaires à propos de votre film du mois

Message par Flavia »

daniel gregg a écrit :un film noir saisissant sur le milieu avec Richard Conte
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:D Richard Conte, toujours aussi génial, le seul reproche c'est que j'avais trouvé la fin un peu bâclée. N'empêche que c'est un très bon film prenant et oppressant.
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Frances
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Message par Frances »

daniel gregg a écrit :Ozu indétrônable, suivi néanmoins de très près par une merveilleuse découverte française avec une Michèle Morgan bouleversante, un film noir saisissant sur le milieu avec Richard Conte, un polar dérangeant de Lumet et enfin un muet d'une incroyable tension de Louis Delluc.

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Également dans mon peloton de tête ! Un très bon lumet !

Le film avec Morgan m'intrigue. Tu peux en dire deux mots ?
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

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Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
daniel gregg
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Message par daniel gregg »

Frances a écrit :Le film avec Morgan m'intrigue. Tu peux en dire deux mots ?
Oui ici. :wink:
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