Top cinéma des années 80

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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cinéfile
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Re: Top cinéma années 80

Message par cinéfile »

Abyss (Cameron)
Amadeus (Forman)
Angel Heart (Parker)
Au revoir les enfants (Malle)

Blade Runner (Scott)

Conan the Barbarian (Milius)
Coup de torchon (Tavernier)
Christine (Carpenter)

Dernier Métro, Le (Truffaut)
Dimanche à la campagne, Un (Tavernier)
Dead Ringers (Cronenberg)

Eté meurtrier, L’ (J. Becker)

Fly, The (Cronenberg)

Garde à vue (Miller)

Hannah and her sisters (Allen)
Hope and Glory (Boorman)

Killing Fields, The (Joffé)
King of Comedy (Scorsese)

Manhunter (Mann)
Mosquito Coast (Weir)

Pale Rider (Eastwood)
Prince of the city (Lumet)

Right Stuff, The, The (Kaufman)
Rusty James (Coppola)

Sans toit ni loi (Varda)
Sea of love (H. Becker)

Terminator (Cameron)
Thing, The (Carpenter)

Zelig (Allen)

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Thaddeus
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Re: Top cinéma années 80

Message par Thaddeus »

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Comme toujours, j'accorde un accessit à cinq titres maximum par an, sous réserve que je leur octroie la note minimale de 5/6.


PS : Harrison Ford, respect absolu. Sur chacune des marches de ce podium décennal, le mec a incarné coup sur coup Han Solo, Indiana Jones et Rick Deckard, socle triangulaire et mythologique absolument fondamental à ma cinéphilie.


1. L'Empire contre-attaque (Irvin Kershner, 1980) (Le Retour du Jedi figurerait aussi quelques places plus loin mais je l'exclue pour laisser la place aux autres)
2. Blade Runner (Ridley Scott, 1982)
3. Les Aventuriers de l'Arche perdue (Steven Spielberg, 1981)
4. Abyss (James Cameron, 1989)
5. Il était une fois en Amérique (Sergio Leone, 1984)
6. E.T. l'Extraterrestre (Steven Spielberg, 1982)
7. After Hours (Martin Scorsese, 1985)
8. Fanny et Alexandre (Ingmar Bergman, 1982)
9. Le Nom de la Rose (Jean-Jacques Annaud, 1986)
10. Paris, Texas (Wim Wenders, 1984)
11. Retour vers le Futur (Robert Zemeckis, 1985)
12. Faux-semblants (David Cronenberg, 1988)
13. Le Rayon Vert (Éric Rohmer, 1986)
14. Raging Bull (Martin Scorsese, 1980)
15. SOS Fantômes (Ivan Reitman, 1984)
16. Gens de Dublin (John Huston, 1987)
17. Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis, 1988)
18. La Mouche (David Cronenberg, 1986)
19. Ran (Akira Kurosawa, 1985)
20. À nos Amours (Maurice Pialat, 1983)


1980
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1. L’Empire Contre-Attaque – Irvin Kershner

Je voudrais pouvoir dire à ce film à quel point je l’aime. Mais le sait-il ? Comment rendre justice à ces constellations d’images gravées au plus profond de ma mémoire, à la fascination émerveillée que me valent ces initiations complexes, à l’imaginaire poétique contenu dans ces mondes de nuages et de lianes, de glaces et de feux, à l’incommensurable émotion que me valent Luke, Han, Leia et les autres, figures constitutives de ce que je suis ? Lui seul peut le comprendre car en vérité ce film, c’est moi.

2. Raging Bull – Martin Scorsese

Les films seventies de Scorsese racontent tous l’histoire d’un homme qui souffre et se détruit. En voici la formulation la plus sincère, viscérale, douloureuse. Elle laisse percevoir la fêlure d’une âme primitive écartelée entre sa part obscure et ses exigences. Le style incandescent, dont la maestria inouïe s’accorde à la prestation dévastatrice de De Niro, nous fait vivre son voyage au bout de la nuit, nous renvoie ses abîmes tourmentés qui ne sont autres que ceux de la condition humaine.

3. Shining – Stanley Kubrick

L’espace encastre des couloirs dédaléens, des escaliers interminables, des enfilades de salon. Le temps laisse déambuler fastes moelleux et apparitions du passé sur les entreponts feutrés d’un vaisseau fantôme. Quant à la caméra, elle épouse en des circonvolutions somnambules une conscience lentement envahie par les maléfices de la nef des fous. Le sommeil de la raison engendre des monstres disait Goya. Ce Marienbad de la terreur en atteste, sur les terrains du vertige et de la métaphysique.

4. La Porte du Paradis – Michael Cimino

Derrière le faste d’une épopée toute en sépia, rivalités, passions, Cimino prend le relais de Griffith et de Ford, s’attaque aux fondements de la nation américaine, démonte l’illusion de la prairie et de la liberté, et révèle les origines d’un pays bâti sur le sang avec la bénédiction de l’État. Son espace n’est plus celui du western mais celui de la menace permanente, des affrontements sociaux, du champ historique où l’homme doit se battre contre l’homme. Une œuvre à la hauteur de sa légende.

5. Mon Oncle d’Amérique – Alain Resnais

Resnais est le pionnier d’un nouveau monde. Sa méticulosité mène de l’idée à l’écrit, de l’écrit au décor, du décor à l’acteur, de l’acteur à la récompense. Avec trois personnages, quelques rats et des inserts de Gabin, Darrieux et Marais, il éclaire notre conduite affective, la nature des mutations sociales et les modes d’existence que nous croyons maitriser. Son vaudeville scientifique, grignoté par les faisceaux du rêve et de l’inconscient, se place là où il s’est toujours tenu. À l’avant-garde.

6. Kagemusha – Akira Kurosawa

Kurosawa et le Moyen-Âge, encore et toujours. Il faut bien accrocher sa mâchoire devant la flamboyante majesté de ce drame épique, ses cieux empourprés que balaye un vent de mort, ses armées alignées en ordre de bataille. Dernier râle d’un monde instable et mourant, la guerre y consacre un jeu de doubles, d’illusions et de trompe-l’œil condamnant les personnages au doute et à la confusion. Rarement mise en scène, réglée comme un combat de géants, aura atteint une telle politesse du désespoir.

7. Des Gens comme les Autres – Robert Redford

Nourri d’intelligence et de compassion, ce psychodrame en sourdine fait emporter la sensibilité sur la démonstration. Il raconte avec tact une crise intérieure, une lente dislocation familiale, un difficile retour à la vie dont la quête passe autant par la réconciliation paternelle que par la parole qui libère. Sa pudeur doit beaucoup à la finesse de son interprétation, et sa lucidité nous rappelle, comme le lance le psy avec une goguenardise tragique, que "les sentiments c’est pas du gâteau."

8. Le Dernier Métro – François Truffaut

De cette période blafarde qu’est l’Occupation, le cinéaste met à nu les fils secrets. Du théâtre, ce lieu qui mêle intimement le jeu et la vie réelle, il éclaire les effets de miroir à sa manière, aimant se placer une fois de plus au-delà des conventions morales. C’est donc un Truffaut de grande cuvée où rôdent, fantomatiques, l’ombre du garde-chasse de La Règle du Jeu, la cabotine du Carrosse d’or, et où trônent des tragédiens pittoresques, funambules, entourés par les lutins de la passion.

9. Au-delà de la Gloire – Samuel Fuller

L’horreur de la guerre, Fuller l’a vécue. Tout porteur d’idéal y est un mort en sursis : cette abjection, il la révèle en bousculant les certitudes et le confort du spectateur, tout comme il filme la nécessité de la survie, la crainte d’être tué, le goût du sang. Son odyssée furieuse vaut allégorie de notre condition (on y voit les fous paisibles d’un asile d’aliénés gardé par des nazis), nourrie de cet humanisme désillusionné que seuls les vieillards ayant beaucoup bourlingué savent dispenser.

10. Elephant Man – David Lynch

Quitte-t-il ses guenilles pour des habits distingués et John le croque-mitaine devient dandy, sa démarche cahotante passant au port d’aristocrate. Jamais nos peurs, nos mépris, notre regard sur l’être différent ont été pareillement interrogés. On croirait l’œuvre tombée de la lune mais c’est sa face cachée qu’elle nous révèle, le destin déchirant du martyre-objet porté par l’espoir de vivre comme tout le monde, la souffrance infinie du monstre qui était un homme meilleur que tous les hommes.


Sur le banc : Quelques jours de la vie d’Oblomov (Nikita Mikhalkov), Le Saut dans le Vide (Marco Bellocchio).
1981
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1. Les Aventuriers de l’Arche Perdue – Steven Spielberg

Lorsque j’emporterai dans l’au-delà mes émois cinéphiliques les plus ardents, l’Indy inaugural aura une place de tout premier choix. À ce stade ce n’est plus de l’amour mais de la dévotion. Pour la fusion absolue entre le spectateur, l’image et la musique, le brio insensé qui la formalise, le dépassement de l’aventure vers une époustouflante mythologie de l’imaginaire, et pour le bonheur sans nom de ce que récapitule un Spielberg en état de grâce : ce rêve sur pellicule qu’on appelle le cinéma.

2. Blow Out – Brian De Palma

L’argument de Blow Up était taillé pour le réalisateur de Pulsions, qui reformule le hiatus entre l’image et le son comme indice d’une faille dans l’épaisseur et le statut du réel. Mais le remake fait beaucoup mieux, car il ne s’arrête pas à la dissection des images, de leur nature et de leur vérité, si vertigineuse soit-elle. Pur concentré de l’esthétique depalmaienne, il trace surtout la ligne d’une trajectoire tragique où le suspense enfle jusqu’aux convulsions d’un épilogue désespéré.

3. Georgia – Arthur Penn

Malgré sa nostalgie, cette magnifique chronique romanesque ne pleure pas les élans du passé mais parle au présent, pour les générations futures. L’euphorie et les illusions des sixties transparaissent sans contrainte, avec le flou d’une conversation de salon, en domptant les reflets d’humeur et les mouvements du temps. Se dessine alors tout le chemin parcouru par un immigré yougoslave qui, après avoir découvert ses origines, reste avec l’amour de sa vie sur cette terre américaine devenue sienne.

4. La Femme de l’Aviateur – Éric Rohmer

Rohmer sort de ses opus historiques et il a bu un élixir de jouvence. À l’écran que voit-on ? Un jeune postier en vagabondage, une collégienne versatile, une enquête floue brodant sur des scénarios mythomanes. Suffisant pour filer l’esprit d’une certaine jeunesse, une fuite en avant masquant repentirs et hésitations, le sens unique du sentiment et les vertus du hasard qui font revenir le récit à son point de départ. La magie Rohmer, en somme : avec presque rien il crée des univers entiers.

5. Excalibur – John Boorman

L’ère des dieux s’achève, celle des hommes commence. Boorman synthétise la chanson de geste, l’aventure populaire, le récit philosophique, l’exploration de l’imaginaire. Sa vision épico-poétique étourdit les yeux et les oreilles – images de feu, de brumes et de soleils mordorés, de torrents et de clairières, d’armures en argent et de masques d’or. En embrassant le cycle arthurien dans sa totalité, il évoque l’Histoire, ses temps barbares, et la quête spirituelle de l’homme aspirant à l’éternité.

6. Le Prince de New York – Sidney Lumet

Lumet refuse le plaidoyer, accepte la complexité du film-dossier, et fait danser à son héros piégé par les faux-semblants la valse hésitation de la justice et de la moralité. Vertigineux exercice de neutralisation des repères, ce polar en forme d’épopée urbaine est l’un des sommets filmographiques de son auteur. C’est dire à quel point il est important et à la mesure amère de ce qu’il nous montre : les grandes idées doivent survivre quand bien même quelqu’un doit en mourir, sans savoir pourquoi.

7. Mad Max 2 : le Défi – George Miller

L’errance damnée de Max Rockatansky continue, Miller assoit la cohérence d’un monde post-apocalyptique constitué de bric métallisé et de broc archaïque. Retranchés dans une raffinerie, les derniers hommes civilisés affrontent des hordes harnachées en cuir, mi-mohicans, mi-gladiateurs, que mène Humungus, géant caleçonné masqué de fer. Son et montage exceptionnels : Miller est le cinéaste de la vitesse, de la collision, de la dynamique. La démentielle poursuite finale est là pour le démontrer.

8. Coup de Cœur – Francis Ford Coppola

Il était une fois un garçon et une fille qui se rencontrent puis se disputent, se perdent, se retrouvent. Dans son laboratoire incrusté au cœur d’un Las Vegas artificiel, Coppola réinvente les signes extérieurs du spectacle, mêle en alchimiste inspiré les gestes de la réalité avec les grignotements de l’imaginaire. Une simple histoire devient dès lors une féérie universelle, et la technologie avancée l’outil le plus avisé pour rendre hommage à un genre défunt et irremplacé – la comédie musicale.

9. Deux Filles au Tapis – Robert Aldrich

Ce ne pourrait être que l’amusante pochade d’un vieux bougon malicieux. Mais le dernier film d’Aldrich est une profession de foi, une chronique chaleureuse, cocasse et très émouvante où, comme dans un musical, tout est possible. À l’instar de ses deux attendrissantes héroïnes, qui dosent érotisme costaud, glamour et sensibilité à fleur de peau, il dilue la violence dans l’accalmie, shunte le fortissimo des combats en l’adagio d’une vie errante, et transcende la trivialité par un cœur énorme.

10. Riches et Célèbres – George Cukor

Pour rester dans la catégorie des grands films tardifs clôturant la carrière des vieux maîtres, voici la chronique de l’amitié tumultueuse entre une romancière en panne, enchaînant les fiascos amoureux et les larmes de scotch, et une acerbe bourgeoise aux réflexions de cruche carnassière. Le bûcher des vanités flambe à plein, les teintes automnales s’accordent à la mélancolie fitzgeraldienne de la conclusion, et l’œuvre concilie l’élégance sereine de la forme à la vérité poignante du sentiment.


Sur le banc : Coup de Torchon (Bertrand Tavernier), La Fièvre au Corps (Lawrence Kasdan), Garde à Vue (Claude Miller), La Maîtresse du Lieutenant Français (Karel Reisz), Le Solitaire (Michael Mann)...
1982
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1. Blade Runner – Ridley Scott

Grands palais architectoniques perçant le smog, licorne légendaire, androïdes athlétiques et somptueuses aux pupilles iridescentes, cité babylonienne du Jugement dernier, souvenirs électifs interrogeant la conscience de soi… "Cogito ergo sum" dirait Deckard. Batty, le Nouvel Adam déicide, a vu de grands navires en feu surgir de l’épaule d’Orion. Difficile de l’envier devant ces myriades de splendeurs fulgurantes, ce vertigineux tissage métaphysique, ce poème visuel à l’inépuisable luxuriance.

2. E.T. l’Extraterrestre – Steven Spielberg

Existe-t-il plus beau film consacré à l’enfance, ses élans de solidarité, son rapport particulier au monde ? Aspiration au foyer ("Home") et lien avec l’Autre ont-ils jamais connu discours plus universel ? E.T. est laid, différent, discordant ; E.T. est aimé. C’est le "Je t’aime" d’un petit garçon qui ressuscite un gnome moribond, ce sont les rires et les larmes d’un conte de fées balayant défenses et scepticisme, c’est une magie bouleversante qui perdure depuis trente-cinq ans : "Je suis. Toujours. Là."

3. Fanny et Alexandre – Ingmar Bergman

Bergman compose une tapisserie pleine de maisons bigarrées et de cachettes mystérieuses, de secrets rieurs et de songes lumineux. La magie, les farandoles de Noël, les jeux turbulents de l’enfance, l’enfer puritain, les refuges de l’imaginaire et de la famille nourrissent une immense et effervescente saga, digne d’Hamlet, Dickens ou Ibsen. On pourrait parler d’aboutissement d’une vie, de méditation testamentaire, c’est encore plus : une leçon de sérénité aux airs de saturnale. Chef-d’œuvre absolu.

4. The Thing – John Carpenter

Implacable, précis, magistralement exécuté, le sommet de Carpenter est un modèle d’économie dont la rigueur formelle déploie comme un éventail les possibilités de lecture. Car si les invasions corporelles et les transformations de cette chose innommable provoquent un si grand malaise, c’est parce qu’elles mettent en images ces grands cauchemars humains que sont la dépossession de soi, l’horreur tapie sous le visage connu, et la suspicion généralisée faisant tomber les digues de la raison.

5. Yol – Yilmaz Güney & Serif Gören

Du cri de révolte et de désespoir lancé depuis une prison, de la fenêtre ouverte sur la société turque, ses mentalités féodales et ses luttes de classe ou de sexe. Güney offre une symphonie éclatée de visages clos, aux yeux tristes et durs, exprimant tout le malheur du monde. Un malheur élargi à la dimension de la steppe glacée et de la plaine kurde, où réalisme et épopée ne sont plus contradictoires, mais où gestes, regards et attitudes savent aussi exprimer la fragilité et l’amour des hommes.

6. Dressé pour Tuer – Samuel Fuller

Fort d’une maîtrise visuelle née de quarante ans de la meilleure pratique, Fuller fait claquer un éclair dans le ciel bleu du cinéma californien. Son refuge est un ring de boxe, une arène, un laboratoire où il fait rugir un mal à la fois isolable et extractible. Avec une ambigüité terrible, il rappelle que l’être n’est pas réductible à des valeurs humaines, que le racisme n’est que la canalisation anecdotique d’une violence primale, et que la caresse avoisine toujours avec la fureur des crocs.

7. Conan le Barbare – John Milius

La barbarie n’est pas forcément l’ennemie de l’intelligence et du raffinement. Au-delà de ses images brutales et primitives, de ses sorcières copulant jusqu’à en brûler, de ses cultes maléfiques, de ses mages à la voix de stentor et aux yeux de serpent, cette envoûtante épopée fantasy nous renvoie un reflet authentique de la morale païenne, et nous raconte l’affranchissement d’une brute qui, en accédant à l’amour et à la culture, apprend à devenir libre face à lui-même et face aux autres.

8. Honkytonk Man – Clint Eastwood

En deux heures d’une chronique rocailleuse, Red sillonne les routes de la Grande Dépression, de bar en bastringue, pour survivre et satisfaire ses besoins en alcool. Dernière ligne droite, ultime virée, l’occasion d’une initiation pittoresque, tendre et cocasse pour le neveu éperdu d’admiration qui l’accompagne. Neuf ans après le magnifique Breezy, Eastwood, héros désabusé du rêve américain, ouvre à nouveau la porte de son cœur et filme en masochiste sa déchéance de velléitaire de la gloire.

9. Fitzcarraldo – Werner Herzog

Nouveau rêve démesuré pour Herzog, fasciné par l’impossible et décidé à brûler sa caméra au soleil. L’obsession de son Fitzcarraldo, aussi fou que lui, est de faire résonner la voix de Caruso au sein de la forêt amazonienne. Et pour y parvenir il hissera son bateau par-dessus la montagne, comme un géant enjambe une colline. Invocation littérale des démons de son auteur, le film donne à voir et entendre l’exigence d’absolu, le défi lancé à l’insurmontable et la soif inassouvie des grandeurs.

10. Pink Floyd : The Wall - Alan Parker

S’il s’agit d’un mausolée à la gloire d’un des groupes les plus célèbres de la pop music, alors c’est un monument perverti de l’intérieur, un délire organisé que les images et la musique désintègrent. À coup de séquences violentes, lyriques, oniriques, Parker y visualise l’univers mental de Pink, être névrosé, avide de gloire et d’argent, qui se rêve en leader d’un Nuremberg de rock devant une foule soumise et médusée. Vertige esthétique d’un art peut-être sans recul mais indéniablement inspiré.


Sur le banc : Ghandi (Richard Attenborough), Identification d'une Femme (Michelangelo Antonioni), La Nuit de San Lorenzo (Paolo & Vittorio Taviani), La Nuit de Varennes (Ettore Scola), Tootsie (Sydney Pollack)...
1983
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1. Le Retour du Jedi – Richard Marquand

Le temps de la conclusion est arrivé pour la plus grande saga de l’univers. Ses soubassements psychologiques, ses nœuds familiaux et ses dilemmes cornéliens se résolvent en un dénouement symphonique à la hauteur de ce qui l’amène, faisant chanter les chœurs en même temps qu’il consacre la libération de Vador par son fils. Soit la plus belle histoire du monde racontée en lettres-lasers et en poussières d’étoiles, le long d’une épopée spatiale qui consacre définitivement l’envergure du mythe.

2. À nos Amours – Maurice Pialat

Il y a vers la fin un interminable repas où Pialat, à travers ce vivier de névroses qu’est la famille, défie l’univers entier – jeu de vérité prodigieux qui saisit à la gorge. Des scènes comme celle-ci, le film en déborde. Sa dureté amère, sa pudeur impudique, sa patience hargneuse fixent la réalité de son temps, mettent l’âme et la souffrance à nu, et c’est par une grise mélancolie, dans la tension, la blessure, le moindre frémissement de conscience, qu’il répond au désarroi de son héroïne.

3. L’Étoffe des Héros – Philip Kaufman

Pour faire vibrer, un hymne au proverbial esprit pionner américain doit savoir raconter l’humain. C’était la manière de John Ford, et Kaufman ne procède pas autrement. Lorsque du ciel l’astronaute observe les feux aborigènes australiens, qu’un autre est crucifié par la furie médiatique pour avoir failli, ou que le pilote d’essai, loin des sirènes politiques, poursuit en solitaire sa chasse aux records, la fresque exaltante fait affleurer ce romanesque épique qui sublime toutes les utopies.

4. Vidéodrome – David Cronenberg

Nous sommes en 1982 mais Cronenberg semble nous parler au futur antérieur, comme revenu halluciné d’un voyage dans l’avenir proche. Le monde qu’il décrit est effroyable, infesté par la vidéo, délayé entre réalité et fantasme, soumis à une caste de médias mystiques et puritains. Magnétoscope ambulant, Max en sait quelque chose, qui copule avec la bouche lippue de sa télévision ou plonge les mains dans son vagin ventral. On sort de cet enfer visionnaire les yeux saisis et le cerveau renversé.

5. Outsiders – Francis Ford Coppola

Le Sud, les pauvres et les nantis, la coupe de cheveux gominée, le cran d’arrêt, le jeen et le tee-shirt sans manches : vous y êtes ? L’Amérique des années 50. Revenu de l’Apocalypse et de l’électronique, Coppola ne songe plus qu’au classicisme. Loin du reniement, ce chant flamboyant pour une adolescence tourmentée s’abreuve aux mirages de la révolte et du romantisme. La sincérité avec laquelle le cinéaste retrouve sa candeur de débutant génère une profonde émotion. Ça s’appelle le talent.

6. Zelig – Woody Allen

Symbole de la condition juive : l’horizon c’est l’assimilation. Symbole du freudisme : la fragmentation du moi. Symbole de… de quoi encore ? Devant tant de malice on a envie de sortir son petit Barthes illustré. Ce serait faire mauvaise justice à une marqueterie facétieuse où la réalité subit les foucades de l’imagination. Zelig, l’homme-caméléon, fait comme Zadig l’apprentissage de la sagesse : il a beau être personne et tout le monde, il est comme n’importe qui, il a juste besoin d’être aimé.

7. Rusty James – Francis Ford Coppola

Motorcycle Boy reigns. Les murs de Tulsa chantent sa gloire mais la légende des ados n’est plus que l’ombre de lui-même. Il lutte aujourd’hui contre son propre reflet, à l’instar des poissons exotiques et suicidaires que sa vue daltonienne isole dans leur pureté écarlate. Stupéfiant exercice esthétique, le film s’abreuve d’un symbolisme dada et pictural, poétise le rapport d’émulation fraternelle, l’idéal chimérique à dépasser pour pouvoir grandir, et l’engloutissement des illusions par la lumière.

8. Pauline à la Plage – Éric Rohmer

Pierre aime Marion qui aime Henri, lequel aime tout le monde c’est-à-dire rigoureusement personne excepté lui-même. Jadis Rohmer poursuivait les traces de Pascal, Kleist ou Laclos ; il s’abandonne ici à une flânerie indolente sur les à-côtés de l’amour, les chassés-croisés de l’art et du malheur d’aimer. Pas de gravité pour autant : juste la sensualité de l’éphémère coulant comme le sable dans le creux de la main, ou la bouche posée sur un pied alangui dans la blancheur des draps. L’été, en somme.

9. Sans Soleil – Chris Marker

Est-ce un documentaire ? Un essai ethnologique ? Une étude d’anthropologie ? Tout cela à la fois mais surtout un fascinant poème musical qui croise les regards sur l’Afrique et le Japon contemporains pour se livrer à une réflexion de haute tenue sur la tradition, le témoignage et la mémoire. Les mots scandés de Sandor Krasna, agencés aux images par un montage dialectique d’une extrême intelligence, laissent transparaitre le vertige du temps et de l’imaginaire, la logique secrète de notre monde.

10. Les Copains d’abord – Lawrence Kasdan

Que sont mes amis devenus, ceux qui rêvaient de changer le monde et que le monde a changés ? Petits destins, petites vies. Les copains de vingt ans s’observent, s’opposent, se redécouvrent, se rappellent les idéaux, les rêves, les passions que la routine du quotidien a émoussée. Finement écrite, filmée et interprétée en mode mineur, la petite musique de Kasdan continue de surprendre, de faire sourire et d’émouvoir. Tous les films de potes sortis depuis lui doivent une fière chandelle.


Sur le banc : Dead Zone (David Cronenberg), Furyo (Nagisa Ōshima), Le Quatrième Homme (Paul Verhoeven), Scarface (Brian De Palma), Tendres Passions (James L. Brooks).
1984
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1. Il était une fois en Amérique – Sergio Leone

Sergio Leone à la poursuite du mythe nourricier, ou la quête initiatique d’un continent et d’une époque. Pour lui, une aventure personnelle de dix ans. Pour le cinéma, un monument élégiaque et méditatif, torrent d’images, d’hémoglobine, d’alcool, de strass et de dollars. Derrière la complexité d’une construction tentaculaire, les strates vaporeuses du temps et du souvenir, les teintes de l’épopée données à un destin sans grandeur, et l’envers d’un rêve américain payé au prix d’une amitié trahie.

2. Paris, Texas – Wim Wenders

Une telle merveille s’accommode difficilement de mots. Extrêmement douce, saturée d’apports extérieurs, son alchimie secrète se compose de nature, d’images d’Amérique, de quête de soi et d’ouverture à l’autre. Le ciel est rouge et bleu, les lampadaires s’allument, la voiture roule dans le crépuscule du Texas, l’enfant retrouve sa mère tandis que dehors le père s’éloigne. Aventure terrestre inscrite dans une perspective de fuite et d’infini, l’errance de Travis n’en finit pas de nous ouvrir le cœur.

3. SOS Fantômes – Ivan Reitman

Le Late show américain, dont l’esprit caustique entre café-théâtre et Hara-Kiri brocarde la politique, le sexe, la religion, bref tout ce qui relève de la norme, fusionne ici avec un délire fantastique à grande ampleur. Une bande de zozos lutte contre la crise ectoplasmique le long d’une épopée iconoclaste, aussi hilarante que spectaculaire, dont les coups de griffe ironiques et les visions d’outre-tombe procurent un plaisir fou. Je la chéris comme la tendre madeleine qu’elle sera toujours.

4. Indiana Jones et le Temple Maudit – Steven Spielberg

Champion toutes catégories de l’aventure à rebondissements accélérés, Spielberg enfonce le clou du premier volet. Réinventer le divertissement intelligent ne suffit plus, il s’agit désormais de faire reculer les limites du spectacle hollywoodien. La concurrence est atomisée. Parce qu’aux commandes du sidérant roller coaster il y a un véritable génie, et que l’héroïsme le plus glorieux s’y découvre à visage humain. Soit, derrière l’étourdissante frénésie, la classe ultime d’un moral de vainqueur.

5. Gremlins – Joe Dante

Affreux farfadets transformant un havre de paix en pandémonium proliférant, les gremlins mettent l’Amérique profonde à sac. Les citations à saisir au quart de tour, les trouvailles en cascades et le délire de créativité peuvent laisser croire que Dante a travaillé sous l’empire hilarant de quelque drogue douce. Sa nuit de Walpurgis se fête à la sauce satirique et au piment de l’anti-establishment, le long d’une farce mal élevée rappelant qu’au fond nous restons tous un peu de sales garnements.

6. Nausicaä de la Vallée du Vent - Hayao Miyazaki

Sorti chez nous en 2006, le film s’offre comme une récapitulation anticipée de tout le corpus miyazakien. C’est dire à quel point la vision de l’artiste est cohérente, ses hantises affirmées, et à quelle hauteur se situent ses tableaux de ciel infini, de guerres rougeoyantes et de nature corrompue par la folie des hommes. Comme toujours Miyazaki ignore les raccourcis schématiques : ses personnages forts et complexes, sa poétique sage et universelle, la vastitude de son champ narratif subjuguent.

7. Terminator – James Cameron

Les paramètres esthétiques et les traits culturels d’une époque trouvent souvent leurs origines au cinéma. Ce film en est l’exemple, par son imagerie de bleu, de noir et d’acier, son traitement purement somatique de l’action. Pourtant c’est dans la force délicate d’un amour traversant le temps qu’il trouve sa plus belle expression. Ou comment Cameron rappelle que, même lorsqu’il orchestre des apocalypses guerrières et des ballets d’armatures cybernétiques, l’humain aura toujours sa préférence.

8. Body Double – Brian De Palma

Attention : De Palma, l’exégète du voyeurisme et de la manipulation, nous regarde le regardant filmer. Son art du trompe-l’œil, de l’obsession névrotique, de l’équivocité spéculaire nous perd dans un écheveau d’apparences artificielles, qui superpose les vérités truquées, allonge les travellings, multiplie les plans débullés et les césures horizontales et verticales dans le cadre. L’exercice flanque le tournis et démonte avec une trivialité craspec l’envers fétide de l’industrie des images.

9. L’Amour à Mort – Alain Resnais

Vécu comme une aventure passionnelle dès sa conception, le film offre le plaisir d’une forme épurée, transcendée. La beauté du thème s’allie, comme toujours chez Resnais, à celle du style, inséparable du contenu. Soit un kaléidoscope émotionnel sur l’irradiation amoureuse, dont la perfection du découpage égale l’originalité du rapport au son, et qui touche par la grâce extasiante de sa texture, par l’attention vibratile avec laquelle il parcourt la fine membrane séparant les morts des vivants.

10. Amadeus – Miloš Forman

Depuis Kubrick et Fellini, le septième art sait filmer le XVIIIè siècle et ses danses macabres éclairées aux chandelles. Forman accuse cet héritage, prend le meilleur du cinéma américain et lui rend au centuple. Il affine l’oreille pour faire partager l’incommunicable, atteint les tréfonds de l’être sans donner l’impression d’avoir chié du marbre – comme dirait Mozart. En faisant de la beauté avec de la beauté, il élève son tombeau à un génie grotesque et restitue sa grandeur à l’acte de création.


Sur le banc : Cotton Club (Francis Ford Coppola), Love Streams (John Cassavetes), Maria's Lovers (Andreï Kontchalovski), Spinal Tap (Rob Reiner), Stranger than Paradise (Jim Jarmusch)...

La suite juste en-en dessous...
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Re: Top cinéma années 80

Message par Thaddeus »

La suite, avec la deuxième moitié.


1985
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1. After Hours – Martin Scorsese

Quel chemin de croix faut-il arpenter pour avoir voulu passer la soirée avec une jolie fille ! Paul, le héros-catastrophe, accumule les déboires paranos, aspiré malgré lui dans le tourbillon noctambule d’une ville-labyrinthe. Les tourments existentiels de Scorsese virent au délire sous mescaline, les rencontres avec l’Autre, cet inconnu, concrétisent les cauchemars du citadin stressé, et le Soho downtown prend des allures de noire fantasmagorie. Je suis totalement dingue de cet inépuisable joyau.

2. Retour vers le Futur – Robert Zemeckis

L’histoire, déclarait Marx, a lieu une fois comme tragédie et une fois comme comédie. Zemeckis nous propulse directement dans la seconde variante, en éclairant les clichés de la mythologie fifties à la lumière des années reaganiennes. Pas de sociologie pour autant, juste la jubilation grisante d’une comédie postromantique aux ressorts intarissables, la plénitude aussi altière qu’ébouriffante d’un art frais et candide qui sait faire grimper au plafond tout en flattant l’intelligence. Amour fou.

3. Ran – Akira Kurosawa

Le maître a mis dix ans pour peindre ce qui, à l’écran, sonne comme l’aboutissement de sa carrière. Images d’une sublime et pétrifiante beauté : les gestes de mort dessinent des arabesques, les feux des arquebuses rougeoient comme des lucioles, un souverain fou erre parmi les ruines de son royaume en flammes. La méditation sur le pouvoir, la culpabilité et la morale coule tel un fleuve de laques et d’ombres, de l’ordre au désordre, de la clarté aux ténèbres, de l’aube à la fin du monde. Grandiose.

4. Brazil – Terry Gilliam

Brazil. C’est l’échappatoire chaleureuse à une mégalopole dont le modernisme agressif trahit un terrifiant régime bureaucratique. L’absurde a transformé un modeste employé, aux yeux de cet empire du fonctionnarisme, en être nocif. Viendra l’heure du bourreau. Incitation à hurler notre libre pensée, à abattre les règlements aliénants du système pour sortir de notre malaise climatisé, le monument SF de Gilliam ne parle, à partir de visions futuristes et de réminiscences du passé, que du présent.

5. Police Fédérale Los Angeles – William Friedkin

Un soleil de sang se couche sur L.A., les brumes asphyxiantes noient la cité tentaculaire dans leur rougeur de mort. Friedkin gêne ici et ailleurs. On lui reproche d’aimer avec sophistication le sordide ; on a raison et il s’en moque. Son thriller ardent et convulsif étudie la mince frontière qui sépare le policier du criminel, le devoir de l’obsession fanatique, la répétition infinie du vu et du vécu, en une spirale destructrice semée de déflagrations et de poursuites, de trahisons et de cadavres.

6. La Rose Pourpre du Caire – Woody Allen

L’une a les pieds sur terre et ne connaît que les mauvais côtés de la vie, l’autre est un boy-scout désarmé devant la dureté du monde. S’aimant comme des fous, ils vivent des aventures aussi exquises qu’impossibles au terme desquelles chacun devra réintégrer sa réalité. Ainsi va la vie, fût-ce dans la fiction. Car Allen a beau être un enchanteur poussant à fond la mécanique d’évasion et le jeu des vases communicants, sa philosophie lucide affleure sous les illusions du spectacle. Woody forever.

7. L’Année du Dragon – Michael Cimino

À l’instar du Scarface de Hawks, Cimino nous renseigne sur l’état d’un pays, la complexité de ses rapports intercommunautaires, et continue sa démolition de l’Amérique idéalisée. Assumant excès baroques et paroxysmes de style, il fait valser les certitudes idéologiques à travers la croisade insensible, presque génocidaire, d’un flic vengeur plus dangereux que le crime même. Un sommet d’ambigüité donc, et un modèle de polar esthétique dont la noblesse désespérée est rendue sensible à tout moment.

8. Requiem pour un Massacre – Elem Klimov

On ne sort pas tout à fait indemne d’un tel voyage, véritable épopée de boue et de sang, de larmes et de cendres. C’est la barbarie humaine qui nous est donnée à voir, dont les atrocités marquent les hommes dans leurs chair, jusqu’à transformer les visages adolescents en tombeaux scarifiés. La pluie, les arbres, la terre, le feu participent à la dimension extrêmement physique de cette évocation d’un Oradour biélorusse, qui hérite sa virtuosité technique des plus grands formalistes soviétiques.

9. La Chair et le Sang – Paul Verhoeven

L’Europe du XVIème siècle est en proie à la violence, aux pilleries, au chaos. Seigneur de la bravade raffinée, érudit rentre-dans-le-lard, Verhoeven fait de cette époque furieuse une zone bouillonnante qui lui permet de visualiser les vieilles peurs pour mieux sans doute exorciser les nouvelles. Âpres, baroques et colorés, inspirés autant par les primitifs flamands que par sa fibre provocatrice, ses tableaux dérangent, stimulent, à mille lieues des représentations timides et chevaleresques.

10. Papa est en Voyage d’affaires – Emir Kusturica

Entre crispations familiales et réconciliations acerbes, retrouvailles éplorées et séparations douloureuses, fêtes collectives et meetings communistes, l’histoire du petit Malik, dont le sourire timide échappe à la grisaille de l’âme. Kusturica place son spectateur au cœur des contradictions qui ont traversé son pays, observe sans juger les turpitudes d’êtres abîmés pour qui il est déjà trop tard, et laisse éclater une sensibilité qui offre à cette chronique de l’enfance son charme irrésistible.



Sur le banc : L’Effrontée (Claude Miller).
1986
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1. Le Nom de la Rose – Jean-Jacques Annaud

Les moines aux visages pustuleux et aux tonsures de gargouilles ont peur : il y a du rififi chez les bénédictins. Théologie, Inquisition, rationalisme, Poétique d’Aristote... La matière est labyrinthique comme la bibliothèque à la Piranèse renfermant les sentiers tortueux de la philosophie. Elle articule un polar médiéval qui célèbre le savoir et l’élévation de la pensée, le rire subversif et la douceur terrestre du féminin. Le jour où je m’en lasserai, la septième trompette aura bel et bien sonné.

2. Le Rayon Vert – Éric Rohmer

Tel un journal de vacances et de dérives, de rencontres et de promenades, d’élans et d’hésitations, ce conte de fées rohmerien puise dans la persévérance héroïque de sa Delphine à trouver le juste accord du cœur, quelque chose de l’ordre du miracle. Son charme indicible procède d’une mystérieuse alchimie dont seul le maître détient la clé – les variations des bosquets, des plages et des chemins, les mots fébriles ponctués de gestes nerveux, la main serrée lorsque le bonheur étreint. Sublime.

3. La Mouche – David Cronenberg

Le pape du body horror sait que la science et la philosophie cherchent des réponses à une angoisse universelle. Le bien, le mal, le chagrin, la pitié sont les apanages de l’homme. Que reste-t-il à celui qui, envahi par les appétits de l’insecte, ressent dans sa chair et sa conscience l’inéluctable mutation lui retirant peu à peu son humanité ? Sans doute le souvenir de l’amour et son triomphe sur l’horreur lorsque la Bête, devenue chimère inconcevable, implore à la Belle une mort miséricordieuse.

4. Hannah et ses Sœurs – Woody Allen

C’est un film de famille. Famille de fiction, famille d’acteurs. C’est une maturité nouvelle dans la fluidité du récit, ses fluctuations, son élégance : tout pirouette, virevolte, s’enfuit dès qu’on cherche à le cerner, nulle pesanteur ne vient alourdir la fête. C’est une saga douce-amère en forme de sociogramme débordant, un concerto-chronique à la tendresse acidulée, qui croise le bonheur et l’angoisse, l’épanouissement individuel et l’échec de la vie. Et une merveille de plus pour Woody, une.

5. Le Château dans le Ciel - Hayao Miyazaki

C’est un film en apesanteur, comme le château du titre échappé des Voyages de Gulliver, gigantesque île flottant parmi les nuages. Bien avant ses opus les plus fameux, Miyazaki affirmait obstinément sa quête d’une enfance qui s’achève et sa foi en les rêves qui se réalisent si l’on y met courage et volonté. Zigzaguant entre une supermamie à tresses laineuses et des robots rouillés garants de fleurs et d’oiseaux, il enchante une fois de plus par la liberté folle de son imaginaire. Un vrai bijou.

6. Aliens, le Retour – James Cameron

Les intentions du réalisateur sont à trouver dans la dernière lettre du titre. Pour le dire autrement, cette suite agit comme un déferlement épuisant, à la fois claustrophobique et déchaîné, qui plonge dans les catacombes d’une planète de métal déchiqueté, fracasse une machinerie hallucinante et mêle en un plasma organique la chair, le méca et l’alien. Le tout tenu d’une main de fer, et synthétisé dans un combat final rappelant qu’il vaut mieux ne jamais se frotter à une maternité contrariée.

7. Maine Océan – Jacques Rozier

Rozier est un doux rêveur dont les mécaniques imperturbables permettent à la caméra de vagabonder à plaisir. Chez lui les difficultés de la communication et l’hétérogénéité des milieux fermentent la joie des rencontres et des affinités inattendues. Son grand bazar ubuesque mêle jam session surréaliste, impresario sorti de chez Feydeau, marin-pêcheur au patois (très) fruité, jusqu’à nous laisser ravis, enlisés dans le sable des vacances improvisées. Ce cinéma est tordant, fou et tendre. Unique.

8. Hitcher – Robert Harmon

Glacé la nuit, poudreux et brûlant le jour, le désert du Sud américain est un endroit où prendre des inconnus en autostop peut s’avérer dangereux. C’est qu’un ange du mal au regard fixe et au sourire cynique y rôde, cherchant une proie à la hauteur de ses ambitions. Qu’est devenu Robert Harmon ? Mystère. Brillant et rigoureux, poussant jusqu’aux lisières de l’épouvante surnaturelle sa mécanique de précision, ce thriller électrique restera son seul titre de gloire, mais sa réussite est complète.

9. La Folle Journée de Ferris Bueller – John Hugues

Ferris, pur fantasme de collégien anarchiste, glandouillard et sécheur forcené, fait sauter Chicago. À ses trousses, un proviseur fumant à l’œil fou et aux airs de Coyote dépenaillé (Jeffrey Jones, hilarant). Avec lui, son meilleur pote complexé et sa craquante petite amie. Aux anges, le spectateur emporté par un typhon récréatif qui atomise les vieux, les nantis et les jeunes en costumes trois pièces, bref tous les dinosaures. C’est culte pour beaucoup – pas difficile de comprendre pourquoi.

10. Stand By Me - Rob Reiner

Une voiture dans un paysage. Un homme dans la voiture. Un mort dans le journal. Deux gosses s’éloignent en vélo. Deux temps, trois mouvements et on atterrit sur la planète fifties. Le ciel, la terre, une ligne de chemin de fer, quatre personnages avides de lumière et absorbants comme des éponges suffisent pour retrouver une grande tradition du cinéma américain. Et quand le jeune héros rencontre une biche, il y a dans le regard qu’ils s’échangent quelque chose de la grâce de La Nuit du Chasseur.


Sur le banc : Comme un Chien Enragé (James Foley), Comrades (Bill Douglas), Sans Pitié (Richard Pearce), Le Sixième Sens (Michael Mann), Tenue de Soirée (Bertrand Blier)...
1987
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1. Gens de Dublin – John Huston

Dublin, au début du siècle. Des portraits intimes s’égayent dans la chaleur d’une maison bourgeoise. Rien ne fait entendre comme les soirées conviviales, le vin et la musique, l’appel des êtres et des choses disparues. Huston a du avoir beaucoup aimé la vie pour parler ainsi de la douceur des gens et de la douleur qu’il y a à les perdre. Tout de neige et de nuit, de joyeuses libations et de murmures confessés, son dernier film abolit les frontières entre notre territoire et celui des ombres.

2. L’Aventure Intérieure – Joe Dante

Un pied dans la comédie effrénée, un autre dans l’émerveillement fantastique, Dante emballe pied au plancher l’un des plus formidables divertissements de la décennie, rien de moins. Son talent se manifeste par la vitalité et la malice de contrebande, ses armes résident dans l’irrésistible sympathie du casting, son intelligence est celle d’un magicien facétieux qui, derrière les effusions de plaisir, couvre de tendresse mutine son aventure humaine. Je m’y abreuve comme à une source de bienfait.

3. Full Metal Jacket – Stanley Kubrick

Une question parcourt toute l’œuvre de l’artiste : sommes-nous fous ? Oui, répond ce (faux) film de guerre (vraiment) prodigieux. Le cinéaste fait le précis de décomposition d’un appareil asséchant le facteur humain pour l’intégrer docile dans sa finalité de destruction aveugle. Son génie est démiurgique, architectural, il dirige l’Apocalypse d’en haut, la caméra en joue, en incluant ses calculs de mise en scène dans une proposition empirique. Kubrick ou la perfection en 24 images par seconde.

4. L’Ami de mon Amie – Éric Rohmer

Cergy-Pontoise, petit paradis coloré où l’on voudrait s’installer dans l’instant et à jamais. Puisqu’il est très poli, Rohmer nous rend complice de son plaisir à suivre les multiples embûches et détours du sentiment. Et puisqu’il est aussi très généreux, il sèche les joues de sa Blanche quand elle s’accorde enfin avec celui qu’elle aime. Exquise partie de campagne, chassé-croisé d’une printanière douceur, marivaudage tout en symétries où les lignes sont droites mais où les cœurs se rejoignent.

5. Les Incorruptibles – Brian De Palma

"Jusqu’où êtes vous prêts à aller ?" Malone pose trois fois la question, Ness y répond toujours de façon différente. Cette évolution morale est au cœur d’une croisade criblée de plomb, un western Armani réglé comme un ballet rutilant qui marie le plaisir du romanesque et la tentation du cinéma pur. Ses lignes voluptueuses, l’enivrante musique de Morricone, ses ahurissantes envolées formelles, son jeu avec la citation (coucou Eisenstein) offrent un spectacle de haut vol. De Palma vous salue bien.

6. Les Ailes du Désir – Wim Wenders

Les anges sont descendus sur Berlin, entendant toutes les pensées, sachant les joies et les souffrances, dispensant un souffle tiède sur la nuque ployée des malheureux. Mais pour un ange, le paradis n’est-il par terrestre, contenu dans le corps souple d’une trapéziste, la chaleur d’un café qu’on avale ou les drôles de confidences de Peter Falk ? Plus poète que jamais, Wenders délivre un acte d’amour total – pour son art, sa ville, ses contemporains, le temps présent et les vertus de la compassion.

7. Robocop – Paul Verhoeven

Paul Verhoeven est un roi du discours à fragmentations. Il place sa problématique polémiste au carrefour du politique, du social, de l’éthique. L’époque qu’il dépeint est celle d’un post-capitalisme incontrôlé sacrifiant l’individu à la production. Le drame celui d’un homme-machine à l’identité volée, en quête de son passé. Son style percutant déborde d’une énergie fougueuse. Son film est ainsi une hargneuse satire futuriste, un parcours intime et un formidable film d’action. Tout ça à la fois.

8. Où est la Maison de mon Ami ? – Abbas Kiarostami

Lumineux, évident, consacré à la révélation des hommes par eux-mêmes, tel est le cinéma de Kiarostami. Sa pureté universelle s’incarne ici dans le visage, les inquiétudes, la recherche opiniâtre d’un enfant remuant ciel et terre pour rendre un cahier à son ami – car rien ne saurait briser leur fraternité. Le hasard des rencontres, le dédale des venelles, les obstacles patiemment contournés, tout cela se met alors à ressembler aux embûches de la vie, et au triomphe merveilleux de la persévérance.

9. Predator – John McTiernan

En d’autres mains le film aurait donné une grosse pétarade destinée à combler l’espace de cerveau disponible. Pas le dernier des idiots, McTiernan exécute le boulot d’une main désinvolte pour mieux réfléchir en termes esthétiques la confrontation entre l’homme nu et la créature mi-machine, mi-monstre de sang. Commencée dans le fracas des armes, la mission s’achève parmi les ombres étouffantes et organiques d’un combat primal. Ou comment leurrer son public en affirmant une précieuse personnalité.

10. Wall Street – Oliver Stone

Rastignac 87 chez les yuppies. Pour escalader les châteaux de la finance un petit courtier approche un trader grandiose qui jongle avec des millions pour le plaisir. La griserie ne dure qu’un temps. Sur un sujet aride, Stone construit un très cinégénique thriller, éclairant par mouvements concentriques les mécanismes de la société de l’argent. Son engagement sincère fouette l’attention et capte le pouls d’une époque gangrenée par les paradis de la corruption, de la vénalité et de la cupidité.


Sur le banc : Angel Heart (Alan Parker), Arizona Junior (Joel & Ethan Coen), Le Dernier Empereur (Bernardo Bertolucci), Evil Dead 2 (Sam Raimi), Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle (Éric Rohmer)...
1988
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1. Faux-semblants – David Cronenberg

Cronenberg poursuit son œuvre de transgression, son désir de donner à l’image la puissance du Verbe, et aux fantasmes freudiens la démesure opératique des grandes orgues. Dans une pénombre bleutée, les jumeaux Mantle (mental) s’éprennent d’une femme mutante – alors leur équilibre précaire vacille. Insidieusement, le jeu de miroirs formalise le cauchemar de Narcisse descellé de lui-même, son lyrisme biologique et glacé faisant revêtir à la descente aux enfers les dimensions de la tragédie.

2. Qui veut la Peau de Roger Rabbit ? – Robert Zemeckis

Quand un lapin épouse une vamp et que celle-ci fricote avec le roi de la farce et attrape, il engage un privé. Normal, quoi. Faire du neuf avec du vieux, dépoussiérer les clichés, questionner la nature virtuelle des images, fusionner nostalgie et modernité… À ces enjeux fondamentaux du cinéma, le film apporte sa pierre et c’est une tornade époustouflante de formes et de couleurs, de fantaisie et d’invention débridées. Bénis soient les magiciens qui nous régalent ainsi les mirettes et le reste.

3. Willow – Ron Howard

Ce conte médiévo-fantastique étant à ranger parmi les berceuses de mon enfance, je ne peux faire autrement que l’intégrer dans mon podium annuel. Parce que sa fraiche simplicité, sa candeur syncrétique qui pioche aussi bien du côté de Moïse que de celui de Tolkien, me vaut un bonheur renouvelé à chaque vision, et parce que mine de rien Ron Howard orchestre ses aventures de légendes et de féérie, de sorcières et de princesses, avec un authentique sens du spectacle. J’assume complètement, ouais.

4. À bout de Course – Sidney Lumet

La famille de haute moralité est en cavale. Les Pope ont été des gauchos radicaux et paient aujourd’hui le prix de leur engagement. Pas facile pour l’aîné de prendre racine et de tomber amoureux. Lumet raconte cette histoire désenchantée avec sa tendresse de vieux militant sans illusions, porté par un humanisme à déplacer les montages. Les larmes qu’il nous tire sont celles du choix et de l’entrée dans la vie adulte, du combat et de l’aspiration à la paix, de la confiance et de la générosité.

5. Piège de Cristal – John McTiernan

Dans le cadre d’un nouveau temple marmoréen de l’économie, en respectant la règle des trois unités, McTiernan porte le genre action au rang d’orfèvrerie. Avec un brio essoufflant, chaque rouage s’imbrique dans le suivant, chaque opportunité est remise en question par un nouveau danger. McClane est un monsieur Tout-le-monde mouillant son marcel, un corps étranger en lutte contre tout – les terroristes ronds-de-cuir, les médias, l’architecture moderne du gratte-ciel. Yippee-ki-yay, motherfucker !

6. Le Temps des Gitans – Emir Kusturica

Kusturica est un toqué qui accommode le cinéma à sa folie. Il filme une mariée lévitant au-dessus des toits, des dindons s’envolant vers le ciel, des radeaux enflammés en aval d’un fleuve. Ses visions féériques s’extraient pourtant de la réalité la plus sordide, car il cherche à élucider les faits concrets en les confrontant aux puissances du chimérique. À l’image des retrouvailles magnifiques entre Perhan et Daca, le conte tzigane dépasse les turpitudes pour nous faire atteindre les étoiles.

7. Les Liaisons Dangereuses – Stephen Frears

La marquise et le vicomte se poudrent, s’habillent, s’admirent. Lever de rideau. Mais c’est bien en cinéaste que Frears filme les visages, tels de grands spectacles offerts par la nature, ou les conversations de salon comme autant de duels éreintants. Close est une mer de glace, Malkovich un seigneur félin, Pfeiffer une beauté translucide. Admirable adaptation, qui joue sur la soie des intrigues et de la comédie, sur le cynisme cruel des mensonges et la frémissante vulnérabilité des êtres.

8. Une Autre Femme – Woody Allen

Allen est comme un pivert piochant obstinément, tendrement, l’écorce féminine. S’il s’attarde sur les boiseries blondes et les tissus crème en laissant couler des mélodies de Bach ou Cole Porter, c’est pour mieux entrebâiller cette porte difficile à ouvrir, derrière laquelle nous sont chuchotées les choses graves de l’existence. Avec une élégance princière, il raconte ses vérités, ses regrets, ses angoisses, en offrant un rôle magnifique à une femme de son âge. Une œuvre de première grandeur.

9. Alice – Jan Švankmajer

Potion magique à la tchèque, que n’aurait pas renié Tim Burton et qui distille sa liqueur de fleurs (maléfiques) au plus près des toujours verts paradis (artificiels) d’un autre Charles (Baudelaire), telle une ménagerie infâme peuplée de monstres hurlants, grognants ou rampants. Chargée de soufre, cette Alice en lice somnambulique, ironique et loufoque, sainement dérangeante, déboule dans le dédale de toutes les enfances, mais en rupture avec tous les enfantillages. Un vrai jardin des délices.

10. De Bruit et de Fureur – Jean-Claude Brisseau

Brisseau porte des coups sans bavures, complaisance, graisse sentimentale ou autres affadissements. L’évidente nécessité de chaque image crève l’écran. Elles tiendraient du constat clinique sur les espoirs bétonnés et l’enfer oppressant des cités-dortoirs, hantées par de jeunes damnés, si la colère, l’ironie, l’amour même, n’ouvraient à un autre territoire. Car soudain une belle femme de lumière surgit dans l’univers de l’ado innocent, et le film devient une rêverie mystique sur la rédemption.


Sur le banc : Colors (Dennis Hopper), L'Homme qui voulait savoir (George Sluizer), Mon Voisin Totoro (Hayao Miyazaki), Tu ne Tueras point (Krzysztof Kieślowski), Veuve mais pas trop (Jonathan Demme)...
1989
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1. Abyss – James Cameron

Si le cinéma existe pour nous faire découvrir des mondes inconnus, alors cette magnifique odyssée sous-marine pourrait en être l’œuvre maîtresse. De l’oppressant suspense en huis-clos où se confondent l’aube de la vie et la technologie avancée et où louvoient des lumières scintillantes comme autant d’éclats de conscience, Cameron fait éclore une rose cristalline d’amour, d’émotion et de larmes. Il en émane un lyrisme poétique, une vérité sentimentale, une grâce tactile sans rivales à mes yeux.

2. Crimes et Délits – Woody Allen

Versant tragico-criminel : un homme qui se croyait moral découvre qu’il ne l’est pas, et se retrouve harcelé par sa conscience judaïque – l’œil de Dieu voit tout, même si le rabbin est aveugle. Versant comico-satirique : un réalisateur dont le docu massacre un rival en amour le voit conquérir précisément la femme qu’il convoite – éternelle ironie de l’existence. Entremêlant fils et dilemmes complémentaires, Allen synthétise sa pensée de philosophe fataliste et porte son art à un sommet inégalé.

3. Batman – Tim Burton

Réinventé par Burton, l’homme chauve-souris est une ombre neurasthénique confronté aux atours multicolores d’un Mal joyeusement iconoclaste – c’est que le Joker fait de l’art jusqu’à ce que mort s’ensuive. En résulte un duel de phénomènes déviant, schizo, aspiré par un centre de gravité malade, une extravaganza d’anthologie où tout (la majestueuse symphonie elfmanienne, la gestuelle de Nicholson, le musée Fluegelheim vandalisé, le style Art déco de Gotham…) tient de la farandole décadente.

4. Indiana Jones et la Dernière Croisade – Steven Spielberg

Ce qui aurait dû rester le dernier volet de la saga consacre une forme d’apothéose. La métamorphose du boy-scout en aventurier de légende bute sur l’éternel dilemme œdipien : comment tuer le père ? Spielberg y répond avec sa maestria coutumière, en dopant l’époustouflante bande dessinée des perspectives savoureuses offertes par la relation entre Indy et Jones senior. Leur quête du Graal devient ainsi celle d’un équilibre, et leur harmonie tardivement trouvée un éloge des antinomies fructueuses.

5. Do the Right Thing – Spike Lee

Il fait chaud, très chaud, trop chaud sur le pâté de maisons de Belford-Stuyvesant où vit une communauté noire mâtinée de quelques chicanos. Le quartier est une véritable poudrière mais le vendeur de pizzas, médiateur dans l’âme, est là pour calmer le jeu. Jusqu’à la bavure policière… Six avant Kassovitz et sa Haine, Spike Lee fait craquer la cité en mêlant sa généreuse comédie de mœurs à une dénonciation sociale revendicative, et en faisant grouiller une faune urbaine à la cocasserie colorée.

6. Sexe, Mensonges et Vidéo – Steven Soderbergh

De l’enregistrement vidéo des images comme thérapie affective et sexuelle. Le coup d’envoi de la brillante carrière de Soderbergh dissèque les alcôves des secrets conjugaux en une série de confessions impudiques, sans jamais céder le moindre terrain au voyeurisme ou à la complaisance. Tout en cloisonnements, cellules, vies parallèles, inhibitions puis épanchements, il contourne les attentes de façon magistrale pour creuser toujours plus profondément le mystère des êtres et de leurs relations.

7. Quand Harry Rencontre Sally – Rob Reiner

L’ambition de Reiner est d’atteindre le niveau des classiques de la comédie romantique américaine – celui de Lubitsch, Cukor ou McCarey. C’est peu dire que son chassé-croisé entre deux êtres aussi différents que l’eau et le feu, et pourtant appelés à s’aimer, y parvient. Le charme fou de ses acteurs, ses couleurs automnales, sa pétulance guillerette, ses répliques-mitraillettes, ses interludes naphtalinés, sa drôlerie piquante et spirituelle n’en finissent pas de faire chavirer. Irrésistible.

8. Un Monde sans Pitié – Éric Rochant

Rochant à la réalisation, Desplechin à l’écriture, Girardot et Attal devant la caméra : bouquet gagnant du jeune cinéma hexagonal de l’époque. Le portrait d’un oisif rêveur et désenchanté qui séduit une normalienne en éteignant la tour Eiffel d’un claquement de doigts, traîne sa souriante amertume dans une capitale aux airs de studio nostalgique et conjure la mort des utopies par un fatalisme tranquille, s’impose comme l’une des réussites françaises les plus séduisantes de l’aube des années 90.

9. Pluie Noire – Shōhei Imamura

Dans un noir épuré, Imamura évoque l’après-Hiroshima, traque les signes de la déchéance et enferme ses personnages dans un univers clos où la mort affirme sa présence. Des radiations atomiques au cancer et au sida, des damnés de cette communauté japonaise aux maladies incurables d’aujourd’hui, c’est la même intolérable injustice qui nous est exprimée. Le tableau s’étire comme une longue et calme agonie, dépassant le phénomène et ranimant les sensibilités émoussées des angoisses contemporaines.

10. Sweetie – Jane Campion

Difficile de savoir, devant le premier long-métrage de Jane Campion, si ce que l’on voit relève du cauchemar climatisé ou de la perception déformée d’un monde sourdement inquiétant. Grosse fille encombrante, Sweetie est bel et bien perchée : elle adore s’isoler en haut des arbres pour fuir la morsure douloureuse de la réalité. Telle un catalyseur, elle révèle l’inconséquence, la lâcheté, l’égoïsme des êtres qui l’aiment, mais surtout cette fragile humanité qui nous lie dans la même expérience.


Sur le banc : My Left Foot (Jim Sheridan), Mystery Train (Jim Jarmusch), Palombella Rossa (Nanni Moretti), Quelle Heure est-il (Ettore Scola), Santa Sangre (Alejandro Jodorowsky)...
Dernière modification par Thaddeus le 29 déc. 23, 19:24, modifié 32 fois.
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Re: Top cinéma années 80

Message par AtCloseRange »

Y a pas Comme Un Chien Enragé. Classement nul :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Top cinéma années 80

Message par Thaddeus »

Yep Demi-Lune, je me doute bien qu'on doit en avoir pas mal en commun dans le lot.

ACR, désolé mais je n'ai pas vu ce film. Dès que ce sera fait, il va de soi que tu intégreras directement les premières places de ce classement. :mrgreen:
mannhunter
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Re: Top cinéma années 80

Message par mannhunter »

AtCloseRange a écrit :Y a pas Comme Un Chien Enragé. Classement nul :mrgreen:
Oui, ni de Mann, de Carpenter et de Argento. :(
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Thaddeus
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Re: Top cinéma années 80

Message par Thaddeus »

OK pour Mann, mais je n'ai vu de lui, sur cette décennie, que Le Sixième Sens.
Rien vu du Argento des années 80 (oui, j'ai d'énormes lacunes).
En revanche, j'ai bel et bien mis The Thing en bonne place dans le top 1982.
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Demi-Lune
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Re: Top cinéma années 80

Message par Demi-Lune »

Thaddeus a écrit :Yep Demi-Lune, je me doute bien qu'on doit en avoir pas mal en commun dans le lot.
En effet. Mais ce n'est pas qu'une question de films en commun, ce sont aussi tous les commentaires que tu as associés à tes choix, dans lesquels je me retrouve intégralement et qui ne donnent qu'une envie : revoir tous ces films sur le champ pour la énième fois.
Je sais que ma fascination pour cette décennie peut paraître parfois bizarre ou obsessionnelle, mais ces films, pour beaucoup d'entre eux, m'ont faits en tant que personne, ils vivent avec moi, en moi.

Au débotté, sans commentaires explicatifs pour ma part (pas le temps), voici ce que ça donnerait de mon côté :

1980

L'Empire contre-attaque (Irvin Kershner)
La Porte du Paradis (Michael Cimino)
Shining (Stanley Kubrick)
Raging bull (Martin Scorsese)
Elephant man (David Lynch)
Kagemusha, l'ombre du guerrier (Akira Kurosawa)
La cité des femmes (Federico Fellini)
Gloria (John Cassavettes)
Au-delà du réel (Ken Russell)
Pulsions (Brian De Palma)

Et American gigolo (Paul Schrader), Stardust Memories (Woody Allen), The fog (John Carpenter), Cruising (William Friedkin), Maniac (William Lustig), Cannibal holocaust (Ruggero Deoadato), Spetters (Paul Verhoeven), Breaker Morant (Bruce Beresford), Y a-t-il un pilote dans l'avion? (ZAZ), Un mauvais fils (Claude Sautet), L'enfant du diable (Peter Medak)...

1981

Les aventuriers de l'Arche perdue (Steven Spielberg)
Blow out (Brian De Palma)
Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... (Uli Edel)
Le prince de New-York (Sidney Lumet)
Possession (Andrezj Zulawski)
Das boot (Wolfgang Petersen)
Pixote, la loi du plus faible (Hector Babenco)
La peau (Liliana Cavani)
La guerre du feu (Jean-Jacques Annaud)
Reds (Warren Beatty)

Et Scanners (David Cronenberg), Beau-père (Bertrand Blier), Garde à vue (Claude Miller), L'au-delà (Lucio Fulci), Excalibur (John Boorman), Mad Max 2, le défi (George Miller), La femme de l'aviateur (Eric Rohmer), Coup de torchon (Bertrand Tavernier), New York 1997 (John Carpenter), La maîtresse du lieutenant français (Karel Reisz), Absence de malice (Sydney Pollack), Evil dead (Sam Raimi), Le loup-garou de Londres (John Landis), La fièvre au corps (Lawrence Kasdan), Le facteur sonne toujours deux fois (Rob Rafelson), Délivrance (Satyajit Ray), Halloween 2 (Rick Rosenthal), La maison près du cimetière (Lucio Fulci)...

1982

Blade Runner (Ridley Scott)
E.T. l'extraterrestre (Steven Spielberg)
Koyaanisqatsi (Godfrey Reggio)
Coup de cœur (Francis Ford Coppola)
Fanny et Alexandre (Ingmar Bergman)
Pink Floyd The Wall (Alan Parker)
The thing (John Carpenter)
Missing, porté disparu (Costa-Gavras)
Meurtre dans un jardin anglais (Peter Greenaway)
La féline (Paul Schrader)

Et Le verdict (Sidney Lumet), Tootsie (Sydney Pollack), Dressé pour tuer (Samuel Fuller), Le retour de Martin Guerre (Michel Vigne), L'année de tous les dangers (Peter Weir), Victor, Victoria (Blake Edwards), TRON (Steve Lisberger), Conan le barbare (John Milius), L'emprise (Sidney J. Furie), Un beau mariage (Eric Rohmer), Gandhi (Richard Attenborough), Les cadavres ne portent pas de costard (Carl Reiner), Fitzcarraldo (Werner Herzog), Poltergeist (Tobe Hooper)...[/spoiler]

1983

Vidéodrome (David Cronenberg)
Scarface (Brian De Palma)
Danton (Andrezj Wajda)
La balade de Narayama (Shohei Imamura)
L'étoffe des héros (Philip Kaufman)
Et vogue le navire (Federico Fellini)
Un homme parmi les loups (Carroll Ballard)
Pauline à la plage (Eric Rohmer)
Rusty James (Francis Ford Coppola)
Brainstorm (Douglas Trumbull)

Et Les prédateurs (Tony Scott), Le quatrième homme (Paul Verhoeven), Christine (John Carpenter), Risky business (Paul Brickman), Star 80 (Bob Fosse), Furyo (Nagisa Oshima), Les copains d'abord (Lawrence Kasdan), Le sens de la vie (Terry Jones & Terry Gilliam), Star Wars : Le retour du Jedi (Richard Marquand), Tygra : la glace et le feu (Ralph Bakshi & Frank Frazetta), Under fire (Roger Spottiswoode), La belle captive (Alain Robbe-Grillet), Le village dans la brume (Im Kwon-taek)...

1984

Il était une fois en Amérique (Sergio Leone)
Indiana Jones et le Temple maudit (Steven Spielberg)
Amadeus (Milos Forman)
Body double (Brian De Palma)
Nausicaä de la vallée du vent (Hayao Miyazaki)
Paris, Texas (Wim Wenders)
Terminator (James Cameron)
Un amour de Swann (Volker Schlondorff)
Blood simple (Joel & Ethan Coen)
1984 (Michael Radford)

Et La déchirure (Roland Joffé), Heimat, une chronique allemande (Edgar Reitz), Dune (David Lynch), La compagnie des loups (Neil Jordan), Cotton Club (Francis Ford Coppola), Les griffes de la nuit (Wes Craven), Gremlins (Joe Dante), Greystoke, la légende de Tarzan (Hugh Hudson), Spinal Tap (Rob Reiner), Maria's lovers (Andreï Konchalovski), La route des Indes (David Lean), L'aube rouge (John Milius)...

1985

L’œuf de l'ange (Mamoru Oshii)
L'année du dragon (Michael Cimino)
Police fédérale Los Angeles (William Friedkin)
After hours (Martin Scorsese)
Ran (Akira Kurosawa)
Brazil (Terry Gilliam)
Mishima, une vie en quatre chapitres (Paul Schrader)
Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
Legend (Ridley Scott)
Retour vers le futur (Robert Zemeckis)

Et La rose pourpre du Caire (Woody Allen), La forêt d'émeraude (John Boorman), Runaway train (Andreï Konchalovski), Sans toit ni loi (Agnès Varda), Breakfast club (John Hughes), La couleur pourpre (Steven Spielberg), Fool for love (Robert Altman), Re-animator (Stuart Gordon), Police story (Jackie Chan), Phenomena (Dario Argento), Commando (Mark Lester)...

1986

Aliens, le retour (James Cameron)
Le sixième sens (Michael Mann)
Blue velvet (David Lynch)
Le rayon vert (Eric Rohmer)
La mouche (David Cronenberg)
Le nom de la rose (Jean-Jacques Annaud)
La couleur de l'argent (Martin Scorsese)
Autour de minuit (Bertrand Tavernier)
Mission (Roland Joffé)
Hannah et ses sœurs (Woody Allen)

Et Link (Richard Franklin), Hitcher (Robert Harmon), Nora Darling n'en fait qu'à sa tête (Spike Lee), Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin (John Carpenter), Salvador (Oliver Stone), Comme un chien enragé (James Foley), Mauvais sang (Leos Carax), Tenue de soirée (Bertrand Blier), Top Gun (Tony Scott), Le syndicat du crime (John Woo), Platoon (Oliver Stone), Krysar, le joueur de flûte (Jiří Barta)...

1987

Le dernier empereur (Bernardo Bertolucci)
Full Metal Jacket (Stanley Kubrick)
Les ailes du désir (Wim Wenders)
Empire du soleil (Steven Spielberg)
La passion Béatrice (Bertrand Tavernier)
Le sorgho rouge (Zhang Yimou)
Sous le soleil de Satan (Maurice Pialat)
Wall Street (Oliver Stone)
L'ami de mon amie (Eric Rohmer)
RoboCop (Paul Verhoeven)

Et Angel heart (Alan Parker), Hellraiser (Clive Barker), Evil dead 2 (Sam Raimi), Les incorruptibles (Brian De Palma), Boire et déboires (Blake Edwards), Barfly (Barbet Schroeder), L'aventure intérieure (Joe Dante), Trois heures, l'heure du crime (Phil Joanou), Predator (John McTiernan), Opéra (Dario Argento), Sens unique (Roger Donaldson), Wicked City (Yoshiaki Kawajiri), Angoisse (Bigas Luna), Princess Bride (Rob Reiner)...

1988

Let's get lost (Bruce Weber)
Frantic (Roman Polanski)
Les liaisons dangereuses (Stephen Frears)
Une autre femme (Woody Allen)
Piège de cristal (John McTiernan)
Faux-semblants (David Cronenberg)
La dernière tentation du Christ (Martin Scorsese)
L'insoutenable légèreté de l'être (Philip Kaufman)
AKIRA (Katsuhiro Ōtomo)
Embrasse-moi vampire (Robert Bierman)

Et L'homme qui voulait savoir (George Sluizer), Cinéma Paradiso (Giuseppe Tornatore), Camille Claudel (Bruno Nuytten), L'ours (Jean-Jacques Annaud), Bird (Clint Eastwood), Mon voisin Totoro (Hayao Miyazaki), Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (Robert Zemeckis), Alice (Jan Švankmajer), Le tombeau des lucioles (Isao Takahata), The thin blue line (Errol Morris), Appel d'urgence (Steve De Jarnatt), Brève histoire d'amour (Krzysztof Kieślowski), Les aventures du baron Munchausen (Terry Gilliam), La main droite du diable (Costa-Gavras), Mississippi burning (Alan Parker), Rain man (Barry Levinson), Colors (Dennis Hopper), Superstar: The Karen Carpenter story (Todd Haynes), Le plus escroc des deux (Frank Oz), Les feux de la nuit (James Bridges), Tucker (Francis Ford Coppola), ...

1989

Do the right thing (Spike Lee)
Abyss (James Cameron)
Quand Harry rencontre Sally (Rob Reiner)
Batman (Tim Burton)
Outrages (Brian De Palma)
Sexe, mensonges et vidéo (Steven Soderbergh)
Noce blanche (Jean-Claude Brisseau)
Le septième continent (Michael Haneke)
Indiana Jones et la dernière croisade (Steven Spielberg)
Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (Peter Greenaway)

Et Crimes et délits (Woody Allen), Retour vers le futur 2 (Robert Zemeckis), Patlabor, the movie (Mamoru Oshii), L'amour est une grande aventure (Blake Edwards), La révolution française (Robert Enrico & Richard T. Heffron), Monsieur Hire (Patrice Leconte), Susie et les Baker Boys (Steven Kloves), Attache-moi (Pedro Almodovar), Trop belle pour toi (Bertrand Blier), La guerre des Rose (Danny De Vito), Music box (Costa-Gavras), Black rain (Ridley Scott)
Dernière modification par Demi-Lune le 4 juil. 19, 19:30, modifié 94 fois.
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Thaddeus
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Re: Top cinéma années 80

Message par Thaddeus »

Demi-Lune a écrit : En effet. Mais ce n'est pas qu'une question de films en commun, ce sont aussi tous les commentaires que tu as associés à tes choix, dans lesquels je me retrouve intégralement et qui ne donnent qu'une envie : revoir tous ces films sur le champ pour la énième fois.
Je sais que ma fascination pour cette décennie peut paraître parfois bizarre ou obsessionnelle, mais ces films, pour beaucoup d'entre eux, m'ont faits en tant que personne, ils vivent avec moi, en moi.
Nous sommes exactement sur la même longueur d'onde.

Je ne vais évidemment pas commenter tous ces films, mais simplement donner une note sur 10 à ceux qui ne figurent pas dans mes tops ("pv" pour ceux que je n'ai pas vu).

1980
Spoiler (cliquez pour afficher)
The fog (John Carpenter) 7/10
Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (ZAZ) 7/10
Stardust Memories (Woody Allen) 7/10
1981
Spoiler (cliquez pour afficher)
Beau-père (Bertrand Blier) pv
Das boot (Wolfgang Petersen) 6/10
Scanners (David Cronenberg) 6/10
La guerre du feu (Jean-Jacques Annaud) 7/10
Reds (Warren Beatty) 7/10
1982
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pink Floyd The Wall (Alan Parker) 7/10
Le verdict (Sidney Lumet) 6/10
Dressé pour tuer (Samuel Fuller) pv
Victor, Victoria (Bake Edwards) 5/10
TRON (Steve Lisberger) pv
1983
Spoiler (cliquez pour afficher)
Scarface (Brian De Palma) 8/10
Le sens de la vie (Terry Jones & Terry Gilliam) pv
Les prédateurs (Tony Scott) 6/10
Christine (John Carpenter) 6/10
Le quatrième homme (Paul Verhoeven) pv
Risky business (Paul Brickman) pv
1984
Spoiler (cliquez pour afficher)
Cotton Club (Francis Ford Coppola) 8/10
Blood simple (Joel & Ethan Coen) 7/10
La déchirure (Roland Joffé) 7/10
Nausicaa de la vallée du vent (Hayao Miyazaki) 9/10 (aurait dû figurer dans mon top)
1985
Spoiler (cliquez pour afficher)
Legend (Ridley Scott) pv
Le forêt d'émeraude (John Boorman) 6/10
Mishima, une vie en quatre chapitres (Paul Schrader) pv
1986
Spoiler (cliquez pour afficher)
Manhunter (Michael Mann) 8/10
Mission (Roland Joffé) 6/10
Link (Richard Franklin) pv
Comme un chien enragé (James Foley) pv
1987
Spoiler (cliquez pour afficher)
Le dernier empereur (Bernardo Bertolucci) 7/10
Empire du Soleil (Steven Spielberg) 7/10
Angel heart (Alan Parker) 8/10
Hellraiser (Clive Barker) pv
Boire et déboires (Blake Edwards) pv
1988
Spoiler (cliquez pour afficher)
Frantic (Roman Polanski) 6/10
Cinéma Paradiso (Giuseppe Tornatore) 6/10
La dernière tentation du Christ (Martin Scorsese) 7/10
L'ours (Jean-Jacques Annaud) 7/10
Les aventures du baron Munchausen (Terry Gilliam) 7/10
1989
Spoiler (cliquez pour afficher)
Outrages (Brian De Palma) 7/10
Trop belle pour toi (Bertrand Blier) 7/10
Crimes et délits (Woody Allen) 9/10 (figure dans mon top 1990)
La révolution française (Robert Enrico & Richard T. Heffron) pv
La guerre des Rose (Danny De Vito) 7/10
Voili voilou.
Un certain nombre de ces films méritent tout de même une redécouverte, car cela fait bien longtemps que je ne les ai pas vus.
julien
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Re: Top cinéma années 80

Message par julien »

mannhunter a écrit :
AtCloseRange a écrit :Y a pas Comme Un Chien Enragé. Classement nul :mrgreen:
Oui, ni de Mann, de Carpenter et de Argento. :(
Y'a même pas Le Grand Bleu. C'est vraiment nase comme Top.
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hellrick
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Re: Top cinéma années 80

Message par hellrick »

Je ferais ma petite contribution d'ici 2 ou 3 jours également tiens :wink:
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Re: Top cinéma années 80

Message par Flol »

Demi-Lune a écrit :
Thaddeus a écrit :Yep Demi-Lune, je me doute bien qu'on doit en avoir pas mal en commun dans le lot.
En effet. Mais ce n'est pas qu'une question de films en commun, ce sont aussi tous les commentaires que tu as associés à tes choix, dans lesquels je me retrouve intégralement et qui ne donnent qu'une envie : revoir tous ces films sur le champ pour la énième fois.
C'est exactement ce que je me disais en lisant le classement de Thaddeus (95% des films cités sont des films que j'idolâtre moi aussi). Et en plus, c'est un véritable plaisir de lecture.
Alors : merci Thaddeus (même si je viens de me rendre compte que tu n'avais pas encore vu Legend...je mets ma main à couper que, lorsque ce sera fait, il intègrera tranquillou ton top).
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Re: Top cinéma années 80

Message par Bcar »

Bon, il est 2h30 du matin et j'ai rien à glander, donc:
1. Il était une fois en Amérique - Sergio Leone
2. La porte du paradis - Michael Cimino
3. Indiana Jones et la dernière croisade - Steven Spielberg
4. Les aventuriers de l'arche perdue - Steven Spielberg
5. Full metal Jacket - Stanley Kubrick
6. A bout de course - Sidney Lumet
7. Mon voisin Totoro - Hayao Miyazaki
8. Robocop - Paul Verhoeven
9. Outsiders - Francis Ford Coppola
10. The Blues brothers - John Landis
11. Blow Out - Brian De Palma
12. Au-delà de la gloire - Samuel Fuller
13. Amadeus - Milos Forman
14. Le tombeau des lucioles - Isao Takahata
15. Le grand bleu - Luc Besson
16. Quand Harry rencontre Sally
17. Le château dans le ciel - Hayao Miyazaki
18. Retour vers le futur - Rober Zéméckis
19. Requiem pour un massacre - Elem Klimov
20. Rusty James - Francis Ford Coppola
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Re: Top cinéma années 80

Message par Père Jules »

Thaddeus a écrit :Je me faisais la remarque sur mon top de la décennie 90's qu'elle était la plus chère à mon cœur ; en fait je n'en suis plus si sûr. Parce qu'à considérer les années 80, je m'aperçois que l'origine de ma passion pour le cinéma réside ici. Le centre sacré de mon imaginaire, le cœur battant de mes œuvres de chevet constituent en grande partie les films de ce classement. La décennie des années 80, c'est donc pour moi celle du voyage, du rêve, de l'évasion, de l'émerveillement, mais aussi celle de l'initiation et de l'apprentissage, dans tous les sens du terme.
Avec un peu de retard, un grand merci, c'est absolument passionnant à lire.
La décennie 80, que je découvre petit à petit, recèle vraiment de pépites inestimables.

J'y vais de mon top 20 rapide (par ordre alphabétique):

After Hours (Martin Scorsese, 1985)
L'amour est une grand aventure (Blake Edwards, 1989)
Au-dessous du volcan (John Huston, 1984)
Blade Runner (Ridley Scott, 1982)
Dead Zone (David Cronenberg, 1983)
Deux filles au tapis (Robert Aldrich, 1981)
Dressé pour tuer (Samuel Fuller, 1982)
Engrenages (David Mamet, 1987)
Fanny & Alexandre (Ingmar Bergman, 1982)
Faux-semblants (David Cronenberg, 1988)
Garde à vue (Claude Miller, 1981)
Gens de Dublin (John Huston, 1987) top 10
Il était une fois en Amérique (Sergio Leone, 1984)
Micki & Maude (Blake Edwards, 1984)
New York 1997 (John Carpenter, 1981)
Le nom de la rose (Jean-Jacques Annaud, 1986)
Le prince de New York (Sidney Lumet, 1981)
S.O.B. (Blake Edwards, 1981)
The Shining (Stanley Kubrick, 1980)
The Thing (John Carpenter, 1982) top 10
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Re: Top cinéma années 80

Message par hellrick »

Et voilà la liste...quelle belle décennie!

1980
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – L’Empire contre attaque
2 – Cannibal Holocaust
3 – Y a-t-il un pilote dans l’avion
4 – Shining
5 – Quelque part dans le temps
6 – The Fog
7 – Flash Gordon
8 – The Blues Brothers
9 – Inferno
10 – Pulsions

Sur le banc : Frayeurs / La grande escroquerie du rock & roll / Retour à la 36ème chambre de Shaolin / Clan of The White Lotus / Shaolin Heavn & Hell /
1981
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Evil Dead
2 – Le loup garou de Londres
3 – L’au-delà
4 – Le Professionnel
5 – Mad Max 2
6 – Les aventuriers de l’arche perdue
7 – New York 1997
8 – Excalibur
9 – Coup de torchon
10 – Blow Out

Sur le banc : Das Boot / Garde à Vue / La fièvre au corps / Reincarnations / Sword Stained with Royal Blood / Hurlements
1982
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – The Thing
2 – Blade Runner
3 – Café Flesh
4 – Le père noel est une ordure
5 – Conan le barbare
6 – Ténèbres
7 – Poltergeist
8 – E.T.
9 – Halloween 3
10 – Honkytonk Man

Sur le banc: Creepshow / Star Trek 2 / Super Ninjas / Tron / Dark Crystal / Rocky 3 / Rambo : Shaolin Temple / Un justicier dans la ville 2 / L’enfer pour Miss Jones 2
1983
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Videodrome
2 – Le Retour du Jedi
3 – Dead Zone
4 – Cujo
5 – Le marin des mers de Chine
6 – L’étoffe des héros
7 – Psychose 2
8 – Christine
9 – Scarface
10 – L’Homme aux deux cerveaux

Sur le banc : Sudden Impact / Massacre au camp d’été / La Foire des ténèbres / To be or not to be
1984
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Terminator
2 – Gremlins
3 – Les Griffes de la nuit
4 – Indiana Jones et le temple maudit
5 – Il était une fois en Amérique
6 – This Is Spinal Tap
7 – Sang pour Sang
8 – Top Secret !
9 – Amadeus
10 – Body Double

Sur le banc : Opium and the kung fu master / S.O.S Fantomes / Secret Services of the Imperial Court / 2010 / Toxic Avenger / Starman / Greystocke / La compagnie des loups / Les 8 diagrammes de Wu Lang
1985
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Commando
2 – Retour vers le Futur
3 – Rocky IV
4 – Police Story
5 – Brazil
6 – Re Animator
7 – Le Justicier de New York
8 – Pale Rider
9 –Legend
10 –Rambo 2

Sur le banc : Les disciples de la 36ème chambre de Shaolin / Le Jour des morts vivants / La chair et le sang / Breakfast Club / Le Retour des morts vivants / Le Secret de la Pyramide
1986
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Aliens
2 – La Mouche
3 – Stand By Me
4 – Platoon
5 – Massacre à la tronçonneuse 2
6 – Le Nom de la Rose
7 – Hitcher
8 – La Folle journée de Ferris Bueller
9 – Blue Velvet
10 – Les Aventures de Jack Burton

Sur le banc : Cobra / Le syndicat du crime / Jason le mort vivant / Mission / La petite boutique des horreurs / Le maitre de guerre / Sid & Nancy
1987
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Predator
2 – Robocop
3 – Princess Bride
4 – Evil Dead 2
5 – Arizona Junior
6 – Les Incorruptibles
7 – Prince des Ténèbres
8 – Hellraiser
9 – Un ticket pour deux
10 – Freddy 3

Sur le banc : Empire du Soleil / Histoire de fantômes chinois / L’Aventure intérieure / Le dernier empereur / Les ailes du désir / Angel Heart / Tuer n’est pas jouer / Roxanne / Bad Taste / Sens Unique
1988
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – Piège de cristal
2 – Qui veut la peau de Roger Rabbit ?
3 – Y ‘a-t-il un flic pour sauver la reine ?
4 – Akira
5 – Bloodsports
6 – Faux Semblants
7 – Bettlejuice
8 – Un poisson nommé Wanda
9 – Appel d’urgence
10 – Invasion Los Angeles

Sur le banc : Cinema Paradisio / Jeu d’enfant / Le plus escroc des deux / Tucker / Rain Man / Frantic / Dragons Forever
1989
Spoiler (cliquez pour afficher)
1 – The Killer
2 – Indiana Jones et la dernière croisade
3 – Outrages
4 – Abyss
5 – Santa Sangre
6 – Quand Harry rencontre Sally
7 – Urotsukidoji : Legend of the Overfiend
8 – Permis de tuer
9 – Meet the feebles
10 – Le Cercle des poètes disparus

Sur le banc : Le sapin à les boules / Pedicab Driver
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

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