André Téchiné

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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André Téchiné

Message par Jeremy Fox »

Encore aucun topic sur ce réalisateur français. Voilà qui est fait avec un lien vers la critique de Les Sœurs Brontë qui vient de sortir chez Gaumont en DVD et en Blu-ray
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Demi-Lune
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Re: André Téchiné

Message par Demi-Lune »

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Hôtel des Amériques (1981)

Une femme renverse un homme. Ils ne se connaissent pas. Ils passent la nuit ensemble dans un bar, font connaissance, et tandis que l'homme a visiblement le coup de foudre pour cette femme mystérieuse, celle-ci, sans le repousser vraiment, conserve une raideur fuyante : en fait le souvenir profond d'un amour perdu qui semble l'étreindre et l'empêcher d'aller de l'avant.

Voilà un film troublant. Il ne se laisse pas forcément apprivoiser de manière immédiate, car son objet est précisément de mettre le doigt sur la distance sentimentale qui peut exister entre deux êtres. Le film fonctionne par conséquent sur la réserve, sur la retenue, sur l'intériorisation, ce qui lui donne globalement un côté évanescent que la très belle photo de Bruno Nuytten rapproche presque du rêve. Si on consent à se laisser porter, se révèle alors progressivement un mélo humain et mortifère avec de beaux personnages, d'une sensibilité à fleur de peau. J'ai trouvé très intéressante l'approche mélancolique de Téchiné, cette douleur sans mots lancinante et impartageable créée par la disparition de l'être aimé, l'empreinte que cela laisse et qui, en l'occurrence, plonge le conjoint dans une torpeur infranchissable. Car toute la dureté de cette histoire d'amour réside dans le fait que Dewaere et Deneuve ne parviendront jamais à être sur la même longueur d'ondes : le premier s'épuise à se faire aimer de la seconde, menottée à son passé, et s'en éloigne peu à peu à force de lassitude alors que cette dernière commence enfin à se libérer de l'emprise de ses fantômes. Le tout de se conclure sur une scène poignante, mais qui consacre le côté vraiment déprimant d'un film où l'impossibilité du bonheur et la solitude attendent les personnages quoi qu'il arrive.
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Dewaere est une nouvelle fois d'une justesse bouleversante face à une Deneuve qui utilise intelligemment son image de blonde glacée et inaccessible pour la fissurer peu à peu. Téchiné semble visiblement fasciné par leur rencontre à l'écran, et le film, parfois s'écrire au jour le jour au gré de leur alchimie. Ce qui lui donne son pouvoir magnétique mais aussi sa limite, dans la mesure où le récit de la relation Gilles/Hélène tend malheureusement à flotter au bout d'une heure. Par ailleurs, je reste circonspect sur l'utilité des personnages connexes (le pote guitariste, Haudepin, Balasko...), mus eux aussi par la même idée d'incompréhension sentimentale, mais qui ne se montrent pas très intéressants et écartent le film de sa force motrice. On peut ressentir sur le coup un effet en dents de scie mais si on prend le film dans sa globalité, je trouve quand même que c'est une vraie réussite, qui laisse un souvenir tenace.

La mise en scène de Téchiné est superbe. Elle fait montre d'un souci du cadrage remarquable. Mais l'élément sublimant pour moi, c'est la musique de Philippe Sarde, enregistrée avec le London Symphonic Orchestra. Une vague émotionnelle de cordes qui vous enveloppe et ne vous lâche plus. Avis aux spécialistes des B.O. : existe-t-elle quelque part ? Il me la faaaaauuuuut !
julien
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Re: André Téchiné

Message par julien »

J'ai jamais vu le film mais dés que j'en aurais l'occasion faudra que j'y jette un œil. Concernant la musique de Sarde, je sais que l'on trouve une suite pour orchestre sur la compilation Le Cinéma d'André Téchiné, édité dans la collection Universal :

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Très beau disque, de facture assez classique dans l'ensemble et facilement disponible.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Profondo Rosso
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Re: André Téchiné

Message par Profondo Rosso »

Hôtel des Amériques (1981)

A Biarritz, Gilles est accidentellement renversé par la voiture que conduit Hélène. Gilles va tenter d'aimer cette femme prisonnière d'un amour passé qui le fascine. Il erre dans la vie d'une fille à l'autre, d'un boulot à l'autre. Dans la vie, Gilles et Hélène traînent leur solitude.

Hôtel des Amériques est un film à la fois tourné vers l'avenir avec cette première étape de la fructueuse collaboration entre Catherine Deneuve et André Téchiné (Le Lieu du Crime en 1986, Ma saison préférée en 1993 et Les Voleurs en 1996) mais jetant rétrospectivement un voile nostalgique sur le passé avec un des derniers rôles de Patrick Dewaere toujours aussi intense en écorché vif dépressif. L'ensemble du film fonctionne d'ailleurs sur cet effet de contraste. L'histoire narre la rencontre de deux solitudes qui vont se percuter au moment où Hélène (Catherine Deneuve) percute accidentellement en voiture Gilles (Patrick Dewaere) et qu'ils ne vont plus se quitter.

Le contraste fonctionne tout d'abord avec le caractère des deux personnages. Hélène est fuyante, secrète et froide, Deneuve distillant tout le glacial mystère dont elle est capable tout en exprimant cette séduction magnétique qui nous empêche de la quitter des yeux. L'inverse Gilles est un extraverti aux humeurs qui déteignent sur son entourage, heureuses comme dépressives. Son métier d'anesthésiste se répercute sur la vie d'Hélène endormie dans le souvenir d'un amour disparu et qui se refuse à vivre, l'inconsistance sociale de Gilles reflète aussi son caractère orageux, lui sans métier et habitant toujours l'hôtel tenu par sa mère. Téchiné les fait ainsi se s'aimer, se déchirer et se poursuivre dans une ville de Biarritz où la photo somptueuse de Bruno Nuytten confère un mystère et une aura fantomatique tout en contrastant à nouveau par sa tonalité ensoleillée avec les pensées sombres de des protagonistes. La ville semble autant être un paisible lieu d'oubli de soi (Catherine Deneuve) qu'un renvoi au vide et à la médiocrité de ceux qui y ont échoués (Dewaere ou son meilleur ami joué par Étienne Chicot).

Au-dessus du couple plane le souvenir magnifié et inaltérable de l'ancien amant, quand Hélène saura en échapper pour l'amour de Gilles, c'est pour celui-ci que cet amour passé constituera un poids le renvoyant à la médiocrité de son existence, à un choix par défaut (là encore l'exiguïté anonyme de sa chambre répond à l'immensité et aux souvenirs contenus dans le domaine de la Salamandre). Tous deux ne font que se croiser, tandis que Hélène resplendit ainsi de enfin vivante par amour (l'arrivée resplendissante de Deneuve à la gare en robe blanche et le teint vif contrastant avec les tenues strictes et le visage morne du début) c'est la déchéance morale et physique pour Gilles rendu odieux par son dégout de lui-même. Téchiné dépeint cela avec précision et maîtrise, contenant les élans romanesque du film tout en magnifiant leur apparition (Deneuve enfin bousculée qui va rejoindre Dewaere en cherchant son adresse). L'inconnu et l'indistinct Téchiné les laisse en fait s'exprimer dans la magnifique musique de Philippe Sarde qui contribue grandement à la beauté et au charme vaporeux qui parcourent le film. Dans la superbe conclusion, le contraste n'existe plus que par l'éloignement mais il semble pourtant bien que la passion soit enfin partagée et apaisée au même moment (Deneuve se refusant à jeter la photo de Dewaere, ce dernier se lançant à sa poursuite). Téchiné le laisse entendre mais nous laissera néanmoins dans un beau sentiment de doute, en contraste comme toujours. 5/6
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Demi-Lune
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Re: André Téchiné

Message par Demi-Lune »

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Ma saison préférée (1993)

Second Téchiné, après Hôtel des Amériques, que je découvre. Il y a quelque chose dans ce cinéma du relationnel, s'appuyant sur le tacite et le refoulé, qui envoûte pendant la durée du film mais qui perd un peu de sa force dès que l'on quitte. Sentiment d'inabouti. Légère frustration. Comme avec Hôtel des Amériques, certains personnages connexes ne sont guère intéressants ou sont insuffisamment approfondis (le rapport équivoque entre Anne et Khadija, notamment, aurait mérité qu'on le creuse plus), et ce n'est véritablement que lorsque Téchiné resserre le drame autour du trio Deneuve/Auteuil/Villalonga que cela fonctionne. Sur le papier, cette chronique d'une famille qui se fissure paraît rabâchée mais Téchiné y injecte une ambiance ouatée et mystérieuse qui rehausse l'étude de caractères. Les portraits (la mère âgée au crépuscule de sa vie, la fille froide et distante et son frère impulsif et indécemment trop proche d'elle) sont bien croqués et proposent une belle authenticité au travers de bon nombre de scènes. Quelques points noirs sont néanmoins à souligner : la tentative de suicide d'Auteuil involontairement comique, la séduction express qui est faite à Deneuve ou cette fin décevante car laissant tout en plan. Le film combine deux thématiques malaisées (l'amour incestueux frère/sœur et la responsabilité d'adulte face à la charge d'une mère devenue handicapante) et s'en sort dans l'ensemble plutôt très bien grâce à son duo de comédiens, très naturels, et à une écriture qui infuse intelligemment l'équivoque en nous forçant à nous imaginer toute cette proximité et affection fraternelles d'antan (recours à ces photographies en noir et blanc insérées quasi mentalement dans le montage de certaines scènes).
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Re: André Téchiné

Message par Grimmy »

J'aime beaucoup le cinéma de Téchiné !! Il faut voir les témoins avec Michel Blanc. C'est admirable ! Son dernier film, une adaptation d'un roman de Djian, par contre, quel ennui !!
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Flol
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Re: André Téchiné

Message par Flol »

Grimmy a écrit :Son dernier film, une adaptation d'un roman de Djian, par contre, quel ennui !!
J'avais trouvé ça pas mal (en tout cas, plus intéressant que Les Roseaux Sauvages et Les temps qui changent, par exemple).
Et ça donne surtout vachement envie d'aller à Venise.
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Frances
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Re: André Téchiné

Message par Frances »

Hôtel des Amériques d’André Téchiné (1981) avec Patrick Dewaere, Catherine Deneuve, Josiane Balasko, Dominique Lavanant.

Je souhaitais écrire un mot sur le film de Téchiné. La lecture des posts de demi-lune et de profondo rosso m’a dissuadée de faire dans la redondance puisque je suis globablement d’accord avec ce qu’ils ont tous deux fort bien écrit. Hors ce film continue de me trotter dans la tête et si les imperfections que mes prédecesseurs ont relevées s’avèrent justes. Je pense notamment aux rôles secondaires : le pote guitariste de Gilles, sa sœur Elise (Sabine Haudepin), le personnage incarné par Balasko et son frère gay, la serveuse du café de la gare (Dominique Lavanant). Ils se révèlent trop peu travaillés pour être réelement intéressants et créent des diversions qui n’aboutissent à rien, sinon nous éloigner le temps d’une scène du sujet principal.

Mais à force de me repasser le film dans la tête des liens se sont mis en place. Lesquels ?

L’importance des lieux comme miroir des sentiments et progression dramatique de ceux-ci. D’abord il y a une ville Biarritz tournée vers la mer avec ses ruelles tortueuses luisantes de pluies et son quai de gare pour rejoindre Paris (lieu d’espoir, d’anonymat, de rejet ou d’angoisse selon qui s’y projette). La gare encore et son buffet où Hélène à ses habitudes comme si elle refusait un ancrage définitif dans une ville qui n’est pas la sienne. Ce buffet c’est presque un sas vers d’autres possibles, une rencontre amoureuse aussi inopinée qu’improbable.
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Du front de mer aux ruelles, des ruelles au buffet et du buffet à l’hôtel de la gare où se rend Hélène poussée par le désir de rejoindre Gilles. Lieu désuet aux papiers peints kitchs mais en mutation comme les gens qui l’habitent où le traversent. La chambre de Gilles sera celle de leur première nuit d’amour, celle aussi obstinément vide dans laquelle Hélène attendra en vain son amant. Elle est le reflet des turpitudes et des doutes qui assaillent son locataire. Un lieu mouvant dans lequel il ne seront plus jamais en phase.
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Hélène qui vit entre passé et présent dispose par conséquent de deux résidences. Un studio clair, dépouillé face à la mer. Un lieu qu’elle tentera de partager avec Gilles mais les couches de peintures successives qu’il applique amoureusement aux murs n’obtiendront jamais l’approbation d’Hélène, semant en lui le doute sur l’intérêt qu’elle lui porte.
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Et puis il y a la Salamandre, une demeure mystérieuse découverte de nuit à la lueur des phares et au détour de chemins forestiers étroits pour renforcer l’étrangeté du lieu.
Bien plus qu’une villa refermée sur des amours défuntes la Salamandre est comme une cicatrice boursouflée qu’Hélène montre à Gilles le temps d’un geste d’amour dénué de pudeur. Mais là encore les cœurs se désaccordent perturbés par la présence d’un fantôme.
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A y regarder de plus près et sans pousser l’analyse des pages durant il faut avouer que Téchiné a su faire résonner avec une belle maîtrise les lieux et les coeurs
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" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
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Re: André Téchiné

Message par bronski »

Profondo Rosso a écrit :Image
Elle est magnifique cette affiche.
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Profondo Rosso
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Re: André Téchiné

Message par Profondo Rosso »

Barocco (1976)

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Dans un port du nord de l'Europe, à l'occasion d'une campagne électorale, le journal dirigé par Walt (Jean-Claude Brialy) pourrait discréditer un candidat par la publication d'un reportage sur le boxeur Samson (Gérard Depardieu) qui ferait état d'une prétendue relation homosexuelle. Celui-ci est payé pour parler par Gauthier (Julien Guiomar). Des hommes de main de Gauthier rattrapent Samson et Laure à la gare. Samson ne leur rend pas l'argent reçu pour l'interview; il est abattu sur le quai. De fait, Laure a caché l'argent dans un casier de la consigne de la gare. Elle donne à la police le signalement du tueur, qui ressemble fortement à Samson.

Le romantisme si particulier d'André Téchiné se dévoile superbement dans ce troisième film déroutant. Une trame politique prétexte va servir ici de point de départ à une romance des plus étranges. Le couple de jeunes paumés que forment Samson (Gérard Depardieu) et Laure (Isabelle Adjani) vont se trouver mêlés à des enjeux qui les dépassent lorsque Samson se mêle à une mascarade destinée à piéger un candidat politique. Il va céder aux sollicitations des deux candidats rivaux mais finira traqué et tué par un mystérieux commanditaire qui lui ressemble trait pour trait. Laure qui a assisté au meurtre semble distinguer sans se l'avouer cette ressemblance entre son amant défunt et son bourreau mais la question restera longtemps en suspens, participant à l'ambiance cotonneuse du film que sert idéalement le score entêtant de Philippe Sarde.

Aucune explication quant à l'origine du mystérieux double de Samson tout aussi éperdument amoureux de Laure et dont l'aura menaçante s'estompe progressivement. C'est une sorte d'incarnation nébuleuse du vide existentiel qui guide la plupart des personnages secondaires, que ce soit le directeur de journal Walt (Jean-Claude Brialy) obsédé par son testament ou une magnifique Marie-France Pisier, prostituée incapable de donner un nom à son nourrisson. Isabelle Adjani par sa présence lumineuse et ses airs mélancoliques semble tout aussi égaré qu'eux mais subsiste dans son regard une attitude farouche et la volonté de s'accrocher d'abord symbolisé par le couple fusionnel qu'elle forme avec Samson puis avec le surprenant lien se formant avec "l'autre" notamment au cours d'une longue scène de huit-clos. Un voile brumeux entoure cette ville à la géographie indistincte (et le film fut en fait tourné à Amsterdam) que Téchiné filme avec élégance (et une photo somptueuse de Bruno Nuytten) et c'est sur ce même flou que s'avance l'intrigue et des interactions étonnantes où même les méchants (Julien Guiomar) ont du vague à l'âme. Cela se confirme avec un final paroxystique et qui rend ce Barocco plus insaisissable que jamais.4,5/6
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Boubakar
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Re: André Téchiné

Message par Boubakar »

Diffusion de Les innocents dès le 08 Octobre sur Arte, et il sera ensuite visible en replay durant une semaine :

http://www.arte.tv/guide/fr/008381-000/les-innocents
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Bogus
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Re: André Téchiné

Message par Bogus »

La fille du RER

J'avoue que je n'ai pas vraiment compris où André Téchiné voulait en venir en reprenant ce fait divers très médiatisé et politisé.
C'est précisément lorsqu'il ne s'en occupe pas, qu'il se contente de narrer une romance moderne (très belles scènes de webcam) entre une jeune femme un peu paumé ayant du mal à entrer dans le monde des adultes (éblouissante Emilie Dequenne) et un jeune homme trouble (convaincant Nicolas Duvauchelle) que le film est le plus réussi.
La mise en scène de Téchiné est à la fois légère et toute en rupture et en ellipse avec une caméra se laissant porter par la brise à l'image de son personnage principal filant sur ses rollers dans l'été parisien.
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Demi-Lune
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Re: André Téchiné

Message par Demi-Lune »

Rien compris à Barocco, qui contre toute attente a agi comme un suppositoire auteurichiant. Alors ok, les éclairages de Nuytten sont beaux à voir et rendent nostalgique d'une époque où les films français avaient de vrais directeurs photo, et l'obsédante musique à la Bernard Herrmann de Sarde ajoute du trouble au travail d'atmosphère vénéneuse d'un Téchiné qui maîtrise son affaire sur le plan de la mise en scène... mais sur le plan de la narration, le film me semble être un vrai échec. Le mot d'ordre semble être de devoir tout tarabiscoter. Le film est effectivement déroutant mais dans le mauvais sens: avec des tenants et des aboutissants artificiellement emberlificotés (Téchiné ne fait finalement rien de son idée hitchcockienne du "double" Depardieu, alors à quoi bon ?), les enjeux deviennent impénétrables à la limite de l'autisme et on s'achemine alors vers des séquences ridicules (à l'image de la "radicale" de Marie-France Pisier dont j'ai peine à croire qu'elle ait pu empocher un César, de l'interlude musical ou de cette fin magique) où les acteurs rivalisent d'hébétude ou essaient de jouer le drame sans comprendre eux-mêmes où ils en sont. Ça me troue le cul de le dire, mais à l'instar de son comparse Depardieu, Isabelle Adjani est vraiment à côté de ses pompes ici (il faut voir sa réaction 100% nanardesque lorsque Samson est abattu, c'est indigne d'une comédienne de sa stature), on dirait qu'elle est anesthésiée. Pas loin du nanar d'auteur.
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AtCloseRange
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Re: André Téchiné

Message par AtCloseRange »

ça fait très longtemps que je ne l'ai pas vu mais
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AtCloseRange
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Re: André Téchiné

Message par AtCloseRange »

D'ailleurs, si tu l'as vu en DVD et que tu n'en veux plus, je te le rachète.
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