Maria's lovers (1985)
Alors là, si je m'attendais à ça de la part du mec qui a fait
Tango et Cash.
Quel beau film ! Voilà un mélo comme je les aime, qui ne théâtralise pas son histoire ni ses personnages et montre le sentiment amoureux dans tout ce qu'il peut avoir de violent et authentique. Faut dire que le scénar' est quand même cosigné par Gérard Brach, le collaborateur habituel de Polanski. Je crois que c'est la première fois que je vois un film à ce point exploiter l'idée d'un amour trop fort au point d'être destructeur et paradoxalement impossible. La relation entre Nastassja Kinski et John Savage est bouleversante... tellement hors des sentiers battus, à la fois pure et absolue, et pourtant inassouvissable. Sur le thème de l'impuissance,
Maria's lovers est tellement plus beau et psychologiquement abouti que
Le bel Antonio.
Nastassja Kinski décline ici son personnage de femme sexuellement troublée de
La Féline et promène sa beauté convoitée et ses yeux tristes dans un drame de haute tenue et cru (je ne sais pas ce qu'il y a de plus couillu, tout l'aspect sexuel ou une scène plus "simple" où Robert Mitchum qui pourrait être son grand-père fait ses avances à Kinski), soutenu par la photo de Juan Ruiz Anchia et le cadre qui évoque fortement le Cimino de
Voyage au bout de l'enfer : petite ville industrielle, rites orthodoxes, présence de John Savage et traumatismes post-combats, etc.
Maria's Lovers souffre de scories certaines au titre desquelles je citerai cet insupportable personnage de crooner itinérant interprété par Carradine (la scène d'amour bercée par sa chanson mielleuse, c'est pas possible), mais il recèle des moments émotionnellement déchirants où le cinéaste atteint une plénitude rare dans le genre. C'est peut-être le plus beau rôle de Kinski (alors la femme la plus sensuelle du monde) et d'ailleurs le reste du casting n'est pas dégueu non plus avec John Savage et Robert Mitchum donc, mais aussi Vincent Spano qui pourrait être un jeune Pacino ou même une figuration de John Goodman.
Plus que recommandé, donc.
A noter que les images en N&B au début sont extraites du chef-d’œuvre de John Huston,
Que la lumière soit.