Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Chrislynch
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Chrislynch »

poet77 a écrit :Au risque d'être honni par certains, j'ose affirmer ce que je pense: Melancholia en général et son final en particulier sont, à mes yeux, terrassant de nihilisme grotesque et stupide! C'est à fuir!
J'ajoute que je déteste toute la filmographie de Lars von Trier! Pas un film à sauver!
+ 1

D'ailleurs pour moi, il raconte d'ailleurs toujours la même histoire... Blanche neige...

Par ailleurs, on ne peut nier qu'il possède une réelle personnalité artistique et un talent fou ! Mais pour moi, la forme ne pourrait compenser un fond désastreux.

Mais je comprends parfaitement qu'il puisse être adoré. Il est totalement crédible comme artiste créatif. Une image et on sait qu'elle provient de lui. Et ça, ce n'est pas rien. Mais je déteste quand même... :mrgreen:
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Thaddeus
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Thaddeus »

Personnellement j'aime, parfois beaucoup, son cinéma d'avant les années 2000. Lorsqu'il n'était pas complètement bouffé par l'aigreur et la misanthropie.
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cinephage
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par cinephage »

Je suis bien d'accord sur le pessimisme de LVT, et sans doute sur sa complaisance, trait de caractère récurrent chez les grands dépressifs.

En revanche, je ne suis absolument pas d'accord sur les avis esthétiques formulés plus haut. Je trouve les films de LVT, et Melancholia en particulier, d'une beauté vibrante, grandiose, émouvante.

Sur le fait qu'il raconterait toujours la même histoire, ça n'aurait rien de rédhibitoire pour moi, après tout Hitchcock a consacré une vie à raconter la même histoire... Mais, pour le coup, je ne vois pas bien en quoi Melancholia serait une déclinaison de Blanche-Neige...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Jack Griffin
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Jack Griffin »

G.T.O a écrit :
poet77 a écrit :Au risque d'être honni par certains, j'ose affirmer ce que je pense: Melancholia en général et son final en particulier sont, à mes yeux, terrassant de nihilisme grotesque et stupide! C'est à fuir!
J'ajoute que je déteste toute la filmographie de Lars von Trier! Pas un film à sauver!
Idem.
Je n'adhère pas à sa vision nihiliste et penchant pour le petitesse humaine, auquel s'ajoute un travail formel d'une grande pauvreté qui se réduit maintenant à une image dégueulasse ( gros grain, contraste et compo à l'arrache), le tout au service d'une maximalisation de l'émotion. De l'émotion au forceps, en flattant les bas instincts tels que l'apitoiement, très peu pour moi.
Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.

D'un autre côté vous êtes deux admirateurs de Malick et de son Tree of life, qui nous montre aussi une fin de monde du même ordre que LVT (avec beaucoup d'images de synthèse, de plans, de pleurs et de violons). Est ce qu'il faudrait le qualifier de nihiliste pour autant ?
Chrislynch
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Chrislynch »

cinephage a écrit :Mais, pour le coup, je ne vois pas bien en quoi Melancholia serait une déclinaison de Blanche-Neige...
J'en avais déjà parlé au moment de la sortie dans les pages précédentes. Mais il y a longtemps...

Blanche Neige, c'est la colonne vertébrale de la structure narrative de ce cinéaste.

Elle est blanche, pure comme neige... et va se salir au contact du monde tout pourri.

Ici la mariée tout en blanc et un ciel tout noir.

Et puis rappel de la scène du mari montrant de bonnes pommes toutes rouges qui font fuir la jolie demoiselle.

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Chrislynch
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Chrislynch »

Jack Griffin a écrit :
G.T.O a écrit :
Idem.
Je n'adhère pas à sa vision nihiliste et penchant pour le petitesse humaine, auquel s'ajoute un travail formel d'une grande pauvreté qui se réduit maintenant à une image dégueulasse ( gros grain, contraste et compo à l'arrache), le tout au service d'une maximalisation de l'émotion. De l'émotion au forceps, en flattant les bas instincts tels que l'apitoiement, très peu pour moi.
Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.

D'un autre côté vous êtes deux admirateurs de Malick et de son Tree of life, qui nous montre aussi une fin de monde du même ordre que LVT (avec beaucoup d'images de synthèse, de plans, de pleurs et de violons). Est ce qu'il faudrait le qualifier de nihiliste pour autant ?
Malick, c'est tout le contraire de Von Triste. Voir l'intro sur Job.... La Nature est sublime mais vous, hommes, vous ne pouvez le comprendre.

Par ailleurs, ces deux cinéastes possèdent une même signature personnelle et un talent fou. Et ça, on ne peut le nier. Et je le répète, au-delà de mes goûts personnels.
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Thaddeus
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Thaddeus »

Jack Griffin a écrit :Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.
Je pense au contraire que le personnage de Kirsten Dunst concentre toute la pensée du film, et que sa position dans le discours est clairement celle de l'alter ego d'un auteur qui, à travers elle, impose à tous - les autres protagonistes, les spectateurs - la supériorité et la lucidité irréfutables de sa philosophie. Mais bon, comme d'autres je me suis longuement exprimé à ce sujet auparavant sur ce topic.
Je comprends que si l'on ne pense pas cela, le film doit être perçu de toute autre manière.
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Jack Griffin
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Jack Griffin »

Chrislynch a écrit :
Malick, c'est tout le contraire de Von Triste. Voir l'intro sur Job.... La Nature est sublime mais vous, hommes, vous ne pouvez le comprendre.
Ce sont tous deux des dépressifs. Après Malick tente de tracer une voie, de prescrire une certaine attitude face aux questionnements existentiels. LVT est peut être par nature plus cynique, mets les pieds dans une certaine noirceur et sur Melancholia, la beauté vient à la toute fin, dans la façon dont on accepte la mort.
Thaddeus a écrit :
Jack Griffin a écrit :Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.
Je pense au contraire que le personnage de Kirsten Dunst concentre toute la pensée du film, et que sa position dans le discours est clairement celle de l'alter ego d'un auteur qui, à travers elle, impose à tous - les autres protagonistes, les spectateurs - la supériorité et la lucidité irréfutables de sa philosophie.
Je trouve le perso de Dunst beaucoup plus ambigu que ça, et l'interaction avec le spectateur et les personnages n'est pas tout noir ou tout blanc. C'est ce que j'ai apprécié dans le film. C'est un personnage en proie à beaucoup de sentiments contradictoires. Le truc de la cabane à la fin, motivé par Dunst, est quelque chose qui va pas réellement dans le sens d'un nihilisme. On est dans une certaine croyance.
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Truffaut Chocolat »

Je ne vois absolument aucun nihilisme dans Melancholia, d'ailleurs je ne vois aucun discours sur quoi que ce soit.
C'est du cinéma à l'état pur.
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poet77
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par poet77 »

Mais bien sûr qu'il y a du nihilisme dans Melancholia! Et comment!
Je ne nie pas le talent de Lars Von Trier sur le plan formel, il y a des plans ou des scènes qui sont d'une grande beauté! Mais, pour moi, la beauté toute seule ne peut suffire. Quand la beauté est au service d'une philosophie ou d'une idéologie que je récuse, dont j'ai horreur, qu'en ai-je à faire de cette beauté?
Pour prendre un exemple extrême, il paraît que Le triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl est beau sur le plan formel. Mais un film qui a pour but de glorifier le nazisme, même s'il est beau, reste détestable!
Il en est de même avec Lars Von Trier: c'est sûrement un cinéaste de grand talent, mais c'est aussi et surtout un piètre "penseur". A cause de cela, la beauté des plans ou des scènes me laisse de marbre!
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Watkinssien »

poet77 a écrit : Pour prendre un exemple extrême, il paraît que Le triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl est beau sur le plan formel. Mais un film qui a pour but de glorifier le nazisme, même s'il est beau, reste détestable!
Il en est de même avec Lars Von Trier: c'est sûrement un cinéaste de grand talent, mais c'est aussi et surtout un piètre "penseur". A cause de cela, la beauté des plans ou des scènes me laisse de marbre!
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par gnome »

Watkinssien a écrit :
poet77 a écrit : Pour prendre un exemple extrême, il paraît que Le triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl est beau sur le plan formel. Mais un film qui a pour but de glorifier le nazisme, même s'il est beau, reste détestable!
Il en est de même avec Lars Von Trier: c'est sûrement un cinéaste de grand talent, mais c'est aussi et surtout un piètre "penseur". A cause de cela, la beauté des plans ou des scènes me laisse de marbre!
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Pas mieux...
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G.T.O
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par G.T.O »

Jack Griffin a écrit : Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.

D'un autre côté vous êtes deux admirateurs de Malick et de son Tree of life, qui nous montre aussi une fin de monde du même ordre que LVT (avec beaucoup d'images de synthèse, de plans, de pleurs et de violons). Est ce qu'il faudrait le qualifier de nihiliste pour autant ?
Mais, le problème est que Von Trier construit ce discours de manière très cohérente, de film en film, depuis sa trilogie de "l'innocence" (sic) ( Breaking the Waves à Dogville), en passant par Dancer In the Dark) jusqu'à ce Mélancholia. Il se fonde, non sur une angoisse de la mort, même si cela le constitue partiellement, et ne dépend pas seulement du personnage principal. Mais, il repose sur une vision nihiliste ( à entendre au sens, d'une morbidité et soif de néant) et misanthrope de l'homme ( tous des pourris, sauf la sainte ); s'exprimant par la répétition d'un même schéma narratif manichéen : celui de la confrontation de la pureté au Mal. Celui d'un individu innocent, auquel le spectateur s'identifie dans l'épreuve, face à une communauté humaine, hostile, cruelle, vile. Donc, comme on le voit, le phénomène n'est pas exactement lié à ce que représente l'héroïne, à ses valeurs, mais plutôt à qu'elle endure, au calvaire qu'elle traverse et la façon dont Trier en tire profit, en suscitant chez le spectateur empathie, sympathie, émotions.
Chez Von trier, on sent une réelle délectation dans la mise à l'épreuve, dans la souffrance, de la figure de l'innocence. Et, un relatif soulagement à l'idée que cela puisse cesser. La vie de la sainte est parsemée d'épreuves terribles et la mort constitue une envie partagée par le spectateur même, lié au fait que cela puisse s'arrêter. Pas une acceptation de la mort mais bien une délivrance de la vie conçue comme une épreuve, un calvaire. Nihiliste. :|
Dernière modification par G.T.O le 30 mai 13, 12:37, modifié 1 fois.
Chrislynch
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par Chrislynch »

G.T.O a écrit :
Jack Griffin a écrit : Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.

D'un autre côté vous êtes deux admirateurs de Malick et de son Tree of life, qui nous montre aussi une fin de monde du même ordre que LVT (avec beaucoup d'images de synthèse, de plans, de pleurs et de violons). Est ce qu'il faudrait le qualifier de nihiliste pour autant ?
Mais, le problème est que Von Trier construit ce discours de manière très cohérente, de film en film, depuis sa trilogie de "l'innocence" (sic) ( Breaking the Waves à Dogville), en passant par Dancer In the Dark) jusqu'à ce Mélancholia. Il se fonde, non sur une angoisse de la mort, même si cela le constitue partiellement, et ne dépend pas seulement du personnage principal. Mais, il repose sur une vision nihiliste ( à entendre au sens, d'une morbidité et soif de néant) et misanthrope de l'homme ( tous des pourris, sauf la sainte ); s'exprimant par la répétition d'un même schéma narratif manichéen : celui de la confrontation de la pureté au Mal. Celui d'un individu innocent, auquel le spectateur s'identifie dans l'épreuve, face à une communauté humaine, hostile, cruelle, vile. Donc, comme on le voit, le phénomène n'est pas exactement lié à ce que représente l'héroïne, à ses valeurs, mais plutôt à qu'elle endure, au calvaire qu'elle traverse et la façon dont Trier en tire profit, en suscitant chez le spectateur empathie, sympathie, émotions.
Chez Von trier, on sent une réelle délectation dans la mise à l'épreuve, dans la souffrance, de la figure de l'innocence. Et, un relatif soulagement à l'idée que cela puisse cesser. La vie de la sainte est parsemée d'épreuves terribles et la mort constitue une envie partagée par le spectateur même, lié au fait que cela puisse s'arrêter. D'un film conçu comme une épreuve.
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riqueuniee
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Re: Melancholia (Lars von Trier - 2011)

Message par riqueuniee »

La pureté face au mal, ça peut donner des œuvres magnifiques (aussi bien sur le fond que sur la forme). C'est un thème que je n'ai pas vraiment ressenti dans Melancholia.
Sinon, si je veux de la SF poétique et émouvante, je prefère revoir Solaris, film auquel d'ailleurs Von Trier se réfère directement (on y voit le même tableau de Brueghel, par exemple).
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