Jack Griffin a écrit :
Vous confondez et plaquez des préjugés (que LVT a aidé à édifier à travers ses films précédents) sur un film non pas nihiliste mais parlant plus de l'angoisse face à la mort, et où justement l'homme a une grande place. Et il ne faut pas substituer ce qu'incarne le personnage de Dunst à tout ce que le film dit et montre.
D'un autre côté vous êtes deux admirateurs de Malick et de son Tree of life, qui nous montre aussi une fin de monde du même ordre que LVT (avec beaucoup d'images de synthèse, de plans, de pleurs et de violons). Est ce qu'il faudrait le qualifier de nihiliste pour autant ?
Mais, le problème est que Von Trier construit ce discours de manière très cohérente, de film en film, depuis sa trilogie de "l'innocence" (sic) (
Breaking the Waves à
Dogville), en passant par
Dancer In the Dark) jusqu'à ce
Mélancholia. Il se fonde, non sur une angoisse de la mort, même si cela le constitue partiellement, et ne dépend pas seulement du personnage principal. Mais, il repose sur une vision nihiliste ( à entendre au sens, d'une morbidité et soif de néant) et misanthrope de l'homme ( tous des pourris, sauf la sainte ); s'exprimant par la répétition d'un même schéma narratif manichéen : celui de la confrontation de la pureté au Mal. Celui d'un individu innocent, auquel le spectateur s'identifie dans l'épreuve, face à une communauté humaine, hostile, cruelle, vile. Donc, comme on le voit, le phénomène n'est pas exactement lié à ce que représente l'héroïne, à ses valeurs, mais plutôt à qu'elle endure, au
calvaire qu'elle traverse et la façon dont Trier en tire profit, en suscitant chez le spectateur empathie, sympathie, émotions.
Chez Von trier, on sent une réelle délectation dans la mise à l'épreuve, dans la souffrance, de la figure de l'innocence. Et, un relatif soulagement à l'idée que cela puisse cesser. La vie de la sainte est parsemée d'épreuves terribles et la mort constitue une envie partagée par le spectateur même, lié au fait que cela puisse s'arrêter. Pas une acceptation de la mort mais bien une délivrance de la vie conçue comme une épreuve, un calvaire. Nihiliste.