Budd Boetticher (1916-2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7259
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par El Dadal »

J'arrive un peu après la bataille, mais concernant La Chute d'un caïd que j'ai pu découvrir hier soir, et qui m'a époustouflé, je me dois réagir et d'écrire une bafouille:
semmelweis a écrit :Budd Boetticher suit donc une ligne narrative vue mille fois depuis des décennies sur le film de gangster.

Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé mais finalement le film ne recèle aucune surprise.

Le film n' a pas la portée de reflexion sur la mythologie américaine qu'a le Scarface de De Palma (je n'ai pas vu celui de Hawks).

On peut regretter la présence d'ellipses (sans doute due à un faible budget) qui font que le film est trop court.
Ces quatre points, je me sens obligé de les réfuter, car si le film de Boetticher semble d'un classicisme à toute épreuve, ça n'est qu'une façade de circonstance. Il ne faut pas oublier que le film date de 1959, et qu'il fait donc œuvre de reconstitution. A ce titre, il emploie certaines techniques de mise-en-scène et, surtout, d'éclairage propres aux films de l'époque qu'il décrit. Pour être tout à fait honnête, la photo de Ballard m'est par moments parue laide, plate, sans relief et statique. Mais le doute concernant ces intentions artistiques a définitivement disparu quand j'ai relu l'entretien de Boetticher avec Tavernier (in Les Amis américains), dont je vais citer un passage:
"J'allai voir Lucien Ballard, mon opérateur préféré (nous avons fait neuf films ensemble), et je lui expliquai que je ne pouvais pas faire ce film en respectant la réalité. Il fallait trouver autre chose[...] Nous nous projetâmes tous les films des années vingt et trente. A cette époque, on ne connaissait pas encore la technique moderne, tel que le travail à la grue. Le seul mouvement de caméra connu était le panoramique. Nous décidâmes de supprimer tous les effets modernes de caméra, je ne veux pas dire les effets à la Frankenheimer, qui sont ma bête noire, je veux dire la technique améliorée d'aujourd'hui. Nous avons supprimé les plans à la Dolly, les travellings, sauf ceux qui étaient fonctionnels, parce que personne, sauf les techniciens, ne les remarque. Les gens pensent que l'on reste en gros plan sans savoir comment. Le zoom est très efficace pour ce genre de choses. nous avons également évité de placer des objets ou des personnages au premier plan pour mettre en valeur la profondeur de champ; nous sommes revenus aux anciens éclairages plats. Cela avait même l'air assez laid."
Ensuite, concernant le montage, et les ellipses en particulier, j'ai trouvé que c'était un boulot fantastique, en ce sens très moderne dans sa volonté de ne pas tout expliciter et de laisser certains passages caractéristiques dans l'ombre. Quand au début du film Legs commet son premier larcin (le vol du collier), et que sans l'aide d'aucun marqueur temporel, le plan suivant nous le présente un an plus tard en prison, ça tient du génie. Et ça me donne à penser que le travail préliminaire sur le scénario (qu'on doit à Boetticher: "bien ou mal, sur Legs Diamond tout est de moi") finit d'entériner un projet autre qu'un énième film de gangster. C'est d'ailleurs sans compter que l'humour est omniprésent, ce qui peut présenter une gageure, surtout dans le genre du film de gangster (à moins d'en faire un exercice parodique, ce qui ne me semble pas le cas ici). Le ton employé vraiment autre. Et puis, le film fait indubitablement le lien entre les premières œuvres matricielles et le renouveau du nouvel Hollywood, ça j'y crois pleinement.
A titre personnel, si j'ajoute que la partition de Leonard Rosenman m'a souvent touché, que les rôles féminins ne sont pas de simples faire-valoir (voir la scène fabuleuse de Legs, alité suite à sa dernière blessure, qui se fait retourner par sa femme-objet Alice suite à un speech d'une clairvoyance confondante) et que le film est un festival de bons mots et de bonnes blagues (le coup du maître d' qui se fait virer, c'est fabuleux :mrgreen: ), j'y vois une quinte flush royale du film de gangster. Grand!
Avatar de l’utilisateur
Colqhoun
Qui a tué flanby ?
Messages : 33435
Inscription : 9 oct. 03, 21:39
Localisation : Helvetica
Contact :

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Colqhoun »

Westbound (1959)
Le célèbre capitaine John Hayes (Randolph Scott) reçoit l'ordre de surveiller le convoi d'or depuis une petite bourgade du Colorado. Là-bas il sera rapidement pris à parti avec les brutes qui contrôlent la ville.
D'entrée je dirais que des westerns que j'ai vu de Boetticher, c'est peut-être celui qui m'a le moins convaincu. Non pas qu'il soit mauvais, mais toute la partie urbaine pêche un peu par manque d'efficacité. Ce qu'il ne manque pas de rattraper dès que ses personnages quittent la ville. Je pense notamment à cette scène où Scott et son coéquipier manchot vont récupérer les chevaux ou encore cette scène extrêmement violente d'attaque du convoi. D'ailleurs on sent gentiment arriver les 60s avec quelques éclairs de violence plutôt inattendus (l'attaque du ranch). Boetticher démontre une fois de plus un fantastique sens du cadre (je le redis, mais ça me fait penser au boulot de Carpenter) et une efficacité dans l'économie de moyens pour arriver au bout de son histoire (72 minutes au compteur). Pas aussi "parfait" que peuvent l'être Comanche Station ou 7 Men from Now, mais tout de même plein de qualités, sans compter la présence de Scott qui écrase tout le monde sous son charisme de mâle dominant.
"Give me all the bacon and eggs you have."
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Jeremy Fox »

Colqhoun a écrit :Westbound (1959)
Le célèbre capitaine John Hayes (Randolph Scott) reçoit l'ordre de surveiller le convoi d'or depuis une petite bourgade du Colorado. Là-bas il sera rapidement pris à parti avec les brutes qui contrôlent la ville.
D'entrée je dirais que des westerns que j'ai vu de Boetticher, c'est peut-être celui qui m'a le moins convaincu. Non pas qu'il soit mauvais, mais toute la partie urbaine pêche un peu par manque d'efficacité. Ce qu'il ne manque pas de rattraper dès que ses personnages quittent la ville. Je pense notamment à cette scène où Scott et son coéquipier manchot vont récupérer les chevaux ou encore cette scène extrêmement violente d'attaque du convoi. D'ailleurs on sent gentiment arriver les 60s avec quelques éclairs de violence plutôt inattendus (l'attaque du ranch). Boetticher démontre une fois de plus un fantastique sens du cadre (je le redis, mais ça me fait penser au boulot de Carpenter) et une efficacité dans l'économie de moyens pour arriver au bout de son histoire (72 minutes au compteur). Pas aussi "parfait" que peuvent l'être Comanche Station ou 7 Men from Now, mais tout de même plein de qualités, sans compter la présence de Scott qui écrase tout le monde sous son charisme de mâle dominant.
Voilà, pareil. Le moins bon des Scott/Boetticher mais néanmoins un excellent western.
Avatar de l’utilisateur
Colqhoun
Qui a tué flanby ?
Messages : 33435
Inscription : 9 oct. 03, 21:39
Localisation : Helvetica
Contact :

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Colqhoun »

The Tall T (1957)
Deuxième collaboration Boetticher / Scott (après le chef d'oeuvre 7 men from now), The Tall T s'attarde sur un un cowboy (Scott) et un couple de jeunes mariés qui se font kidnapper par une bande de brutes. Ces derniers mettent au point un plan pour obtenir une rançon du père de la jeune mariée. L'attente se fera alors longue et la tension de plus en plus insoutenable. Je l'avoue, je n'ai pas été totalement emballé par ce 5ème film de Boetticher que je découvre. Enfin, rien de mauvais ici, mais un rythme à peine trop languissant qui peine à rendre captivant la partie centrale. Enfin, encore que, je l'ai vu hier et avec le recul ces défauts disparaissent (c'était probablement dû à la fatigue), parce que j'y vois des éléments très forts. Notamment dans la confrontation et toute cette dernière partie très nerveuse. Bon je crois que j'étais un peu éteins, va falloir que je le re-regarde parce que là j'ai l'impression de raconter n'importe quoi.
"Give me all the bacon and eggs you have."
L'étranger...
Introduit au Festival de Cannes
Messages : 8458
Inscription : 13 avr. 03, 08:31
Localisation : Dans le dos de Margo et Roy !

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par L'étranger... »

Colqhoun a écrit :The Tall T (1957)
Deuxième collaboration Boetticher / Scott (après le chef d'oeuvre 7 men from now), The Tall T s'attarde sur un un cowboy (Scott) et un couple de jeunes mariés qui se font kidnapper par une bande de brutes. Ces derniers mettent au point un plan pour obtenir une rançon du père de la jeune mariée. L'attente se fera alors longue et la tension de plus en plus insoutenable. Je l'avoue, je n'ai pas été totalement emballé par ce 5ème film de Boetticher que je découvre. Enfin, rien de mauvais ici, mais un rythme à peine trop languissant qui peine à rendre captivant la partie centrale. Enfin, encore que, je l'ai vu hier et avec le recul ces défauts disparaissent (c'était probablement dû à la fatigue), parce que j'y vois des éléments très forts. Notamment dans la confrontation et toute cette dernière partie très nerveuse. Bon je crois que j'étais un peu éteins, va falloir que je le re-regarde parce que là j'ai l'impression de raconter n'importe quoi.
Je trouve aussi que c'est le plus faible film du duo, qu'il a un problème de rythme (un comble pour un réalisateur qui va à l'essentiel !), mais je l'ai plus apprécié à la seconde vision, le truc quand on a goûté à Boetticher, c'est que l'on s'attend toujours à découvrir une perle, une oeuvre rare, alors quand on voir "juste" un bon film, on est déçu et quand on en voit un autre passable (Révolte au Mexique), on est extrèmenent déçu (enfin, c'est mon cas).
ImageImage
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Jeremy Fox »

L'étranger... a écrit : et quand on en voit un autre passable (Révolte au Mexique), on est extrèmenent déçu (enfin, c'est mon cas).
Oui sauf que celui-ci, après trois visions, je ne peux même pas le qualifier de passable :mrgreen:
L'étranger...
Introduit au Festival de Cannes
Messages : 8458
Inscription : 13 avr. 03, 08:31
Localisation : Dans le dos de Margo et Roy !

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par L'étranger... »

Jeremy Fox a écrit :
L'étranger... a écrit : et quand on en voit un autre passable (Révolte au Mexique), on est extrèmenent déçu (enfin, c'est mon cas).
Oui sauf que celui-ci, après trois visions, je ne peux même pas le qualifier de passable :mrgreen:
Et pourtant je connais un gars qui connait un autre type qui connait quelqu'un qui a aimé ce film ! :mrgreen:
ImageImage
Pat Wheeler
Assistant(e) machine à café
Messages : 241
Inscription : 6 janv. 13, 12:54

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :
L'étranger... a écrit : et quand on en voit un autre passable (Révolte au Mexique), on est extrèmenent déçu (enfin, c'est mon cas).
Oui sauf que celui-ci, après trois visions, je ne peux même pas le qualifier de passable :mrgreen:
Un petit chef-d'oeuvre pourtant. :cry:
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99491
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Jeremy Fox »

Pat Wheeler a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Oui sauf que celui-ci, après trois visions, je ne peux même pas le qualifier de passable :mrgreen:
Un petit chef-d'oeuvre pourtant. :cry:

Tu parles de Révolte au Mexique ?? :o

Car sinon moi aussi je considède The Tall T comme un chef-d'oeuvre.
Pat Wheeler
Assistant(e) machine à café
Messages : 241
Inscription : 6 janv. 13, 12:54

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :
Pat Wheeler a écrit : Un petit chef-d'oeuvre pourtant. :cry:

Tu parles de Révolte au Mexique ?? :o
À la base oui mais c'était pour te taquiner. :mrgreen:
Cela dit je le trouve bien sympathique ce Révolte au Mexique. Ça bouge beaucoup, Van Heflin est toujours à l'aise dans ce type de rôles (mais quand ne l'est-il pas au fait ?), les paysages sont beaux, bref on a pas le temps de s'ennuyer. J'ai trouvé que la photo était assez cradasse par contre (et à la limite de l'illisible lors des scènes nocturnes) mais peut-être que c'était dû à une copie pas top.
Image
L'étranger...
Introduit au Festival de Cannes
Messages : 8458
Inscription : 13 avr. 03, 08:31
Localisation : Dans le dos de Margo et Roy !

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par L'étranger... »

Pat Wheeler a écrit :À la base oui mais c'était pour te taquiner. :mrgreen:
Cela dit je le trouve bien sympathique ce Révolte au Mexique. Ça bouge beaucoup, Van Heflin est toujours à l'aise dans ce type de rôles (mais quand ne l'est-il pas au fait ?), les paysages sont beaux, bref on a pas le temps de s'ennuyer. J'ai trouvé que la photo était assez cradasse par contre (et à la limite de l'illisible lors des scènes nocturnes) mais peut-être que c'était dû à une copie pas top.

Ah bin voilà, il est là... LE seul et unique amateur de Révolte au Mexique ! :mrgreen:


bon, je plaisante car il me semble bien avoir lu un autre avis positif dans le topic dédié à Sidonis/Calysta à l'époque de la sortie du dvd. :wink:
ImageImage
Pat Wheeler
Assistant(e) machine à café
Messages : 241
Inscription : 6 janv. 13, 12:54

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Pat Wheeler »

L'étranger... a écrit :
Pat Wheeler a écrit :À la base oui mais c'était pour te taquiner. :mrgreen:
Cela dit je le trouve bien sympathique ce Révolte au Mexique. Ça bouge beaucoup, Van Heflin est toujours à l'aise dans ce type de rôles (mais quand ne l'est-il pas au fait ?), les paysages sont beaux, bref on a pas le temps de s'ennuyer. J'ai trouvé que la photo était assez cradasse par contre (et à la limite de l'illisible lors des scènes nocturnes) mais peut-être que c'était dû à une copie pas top.

Ah bin voilà, il est là... LE seul et unique amateur de Révolte au Mexique ! :mrgreen:


bon, je plaisante car il me semble bien avoir lu un autre avis positif dans le topic dédié à Sidonis/Calysta à l'époque de la sortie du dvd. :wink:
Et Tatav alors ? :)
Image
NotBillyTheKid
Tout le monde en parle
Messages : 5704
Inscription : 15 avr. 06, 08:56
Localisation : fait le larron
Contact :

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par NotBillyTheKid »

Mon top BOETTICHER après 7 films vus :

1- Ride Lonesome (la chevauchée de la vengeance)
2 ex aequo : The Tall T (l'homme de l'Arizona) et Comanche Station
4- 7 Men from Now (7 hommes à abattre)
5- The rise and fall of legs diamonds (La chute d'un caïd)
6- Buchanan Rides Alone (l'aventurier du texas)
7-Decision at Sundown
"Je ne veux pas rester dans l'histoire comme le gars qui a détruit l'Univers"
Dude, where's my car
Tears in my beers
L'étranger...
Introduit au Festival de Cannes
Messages : 8458
Inscription : 13 avr. 03, 08:31
Localisation : Dans le dos de Margo et Roy !

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par L'étranger... »

Pat Wheeler a écrit :Et Tatav alors ? :)

Soit il est devenu sénile, soit il a été payé grassement... je ne vois pas d'autre explication ! :uhuh: :fiou:
ImageImage
Avatar de l’utilisateur
Colqhoun
Qui a tué flanby ?
Messages : 33435
Inscription : 9 oct. 03, 21:39
Localisation : Helvetica
Contact :

Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Colqhoun »

NotBillyTheKid a écrit :Mon top BOETTICHER après 7 films vus :

1- Ride Lonesome (la chevauchée de la vengeance)
2 ex aequo : The Tall T (l'homme de l'Arizona) et Comanche Station
4- 7 Men from Now (7 hommes à abattre)
5- The rise and fall of legs diamonds (La chute d'un caïd)
6- Buchanan Rides Alone (l'aventurier du texas)
7-Decision at Sundown
Attend de découvrir Comanche Station.
Là perso j'en peux plus... les westerns de ce mec, c'est ma plus grosse découverte ciné depuis je ne sais combien d'années.
"Give me all the bacon and eggs you have."
Répondre