Sublimes créatures (Richard LaGravenese - 2013)
Il y a presque du duckface dans cette affiche.
Je n'ai pas aimé du tout Sublimes créatures. Et quand je dis, pas aimé, c'est pour rester poli. J'y allais pourtant sans a priori, j'accompagnais une amie et je fais même partie des gens qui finalement ont trouvé "regardable" le premier
Twilight (en le prenant toutefois plus pour une bluette adolescente qu'un vrai film de vampires sinon là oui, y'a de quoi brûler des chatons), c'est dire.
Mais là... Là, non.
L'héroïne est aussi plate que son petit copain. Et si l'inversion des rôles peut sembler intéressant au premier abord (au lieu qu'on découvre le surnaturel avec la jeune fille dans
Twilight, ici on est du côté du garçon), elle n'apporte finalement rien. Dans Twilight on avait des vampires à paillettes multicolores qui brillaient au soleil comme si l'on avait foutu une méga boule disco dans le ciel les jours de beau temps, mais qui, attention, ne s'attaquent pas aux gentils humains, ici on aura des enchanteurs bons et mauvais (c'est plus classe que dire sorciers et sorcières) avec un très fort choix moral à faire pour notre pauvre héroïne, oulàlà. Les télèbres la guettent attention, mais bon, elle peut résister même si elle répète une histoire censée être immuable depuis la fondation de la ville lors de la guerre de Sécession.
Alors évidemment on est en pleine amérique profonde, les filles sont toutes des pouffiasses, on organise des supers-apéros à l'église et puis il y a des livres interdits, wouah. C'est limite si ils ont pas envie de les brûler (non non je ne vous sors pas de points godwin). Du coup tu en lit certains comme Alden Ehrenreich et ça y est, tu es devenu un ado rebelle, c'est rigolo. C'est d'autant plus marrant de voir les personnages principaux lire du Bukowski et déclamer des passages à la Shakespeare comme si soudain c'était la chose la plus importante de la vie. D'autant plus que Bukowski c'est quand même assez cul et crû généralement alors que le propos du film est profondément pas touche-pipi (bon au moins ici, les héros n'attendent pas 4 films pour réfreiner leurs pulsions). Avec du Bukowski, du Kurt Vonnegut (on utilise une référence à
Abattoir 5 à un moment.... juste un clin d'oeil pour ceux qui ont lu le livre ou vu l'intéressant film de George Roy Hill.... et puis c'est tout. Que de la gueule), du Burroughs que l'ami Alden accroche sur un planisphère mural comme autant d'itinéraires parcourus dans sa vie de lycéen, on aurait pu aller plus loin, élever le propos. J'ai lu
Le festin nu au même âge que le héros, au lycée, je me rappelle que mes jambes tremblaient dans toutes les descriptions liées à la drogue (les rails sur le bras, le "singe sur l'épaule" pour symboliser la sensation de manque horrible du junkie) tellement c'était fort. Ici les références servent juste à se rapprocher de fille qui l'intéresse et qui, comme lui, lit ce genre de livres et s'avère, oh surprise, moins pouffe que les autres. Que de la gueule quoi.
Sinon les effets-spéciaux sont aux abonnés absents (oh super, de la poésie qui s'écrit sur les murs de la chambre. Peut-être parce que j'étais au 3è rang mais j'ai trouvé ça d'un cheap pas possible. Dans un an, ce sera déjà dépassé. Moi aussi avec photoshop, je peux prendre une typo --Tahoma ou tiens, non, vivaldi, tiens--, et utiliser deux calques pour faire une variation de doré ou alors faire un dégradé dans la typo même. Il n'y a plus qu'ensuite a créer du mouvement. La table avec les sorcières à chaque bout et les corps bien cadrés au milieu tandis que le décor "bouge" tout autour, c'est tellement bien filmé hoho) et les acteurs font leur job sans plus. Bon on est content de retrouver quand même Emma Thompson dedans (
en mode Gröss cabotinage ach) et surtout Jeremy Irons, incroyablement sobre, meilleur personnage du film. Mais bon, faudrait que tu reviennes chez Cronenberg mon brave Jeremy, ça te fera du bien je pense.
Je ne sais pas au fond ce qui est le plus énervant : tout le film (avec ses défauts qui se ramassent à la pelle) ou le fait qu'il utilise des exemples d'oeuvres et artistes de la contre-culture pour les aplanir au moule sans chercher leur raison d'être et ce faisant, tente inconsciemment de les démolir un peu comme Hollywood et les nouveaux remakes de grandes oeuvres à la pelle qui s'inscrivent aussi dans un constat de récupération sans chercher à découvrir ce qui faisait le coeur de ces joyaux du passé ? Putain, c'est triste au fond.
1/6.
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Ghost (Jerry Zucker - 1990)
L'affiche est classe, non ?
Je n'avais jamais vu
Ghost (ben oui). J'ai donc profité qu'il était diffusé sur grand écran lors d'une mémorable nuit blanche-Pyjama-party (si, si. J'avais pas l'air con avec ma couette et ma peluche au premier rang). J'avais peur que le film ait vieilli et en fait pas tant que ça. Si la fameuse scène de la poterie a déjà été vue et revue de nombreuses fois et déclinée en multiples parodies, je ne m'attendais pas à voir un cocktail fantastique-humour-romantisme assez bien géré tout le long du film. Toutes les scènes avec le regretté Patrick Swayze qui essaye d'adapter son corps d'esprit errant en décalage avec le monde matériel fonctionnent comme une belle initiation. Les effets spéciaux restent encore bien foutus (peut-être le coup des ombres émergeant pour récupérer les gens fondamentalement mauvais fait un peu trop cartoon, surtout sur copie 35 mm. Cela doit sans doute mieux passer sur un petit écran), on a même droit à une scène un brin gore (la toute fin notamment avec cette vitre brisée qui m'a rappelé en tout aussi sanglant les éclats de verre sur la pauvre Macha Méril dans
Les frissons de l'angoisse ou le coup de la fenêtre-guillotine dans
Inferno). Sinon Whoopi Goldberg en fait des tonnes mais ça reste assez drôle et Demi-Moore est adorablement craquante. Bref, ça reste encore très sympathique et pas du tout nian-nian comme je le pensais.
Chouette film qui permet en plus de prouver que les chats peuvent voir les morts.
4,5/6.
Le jeu préféré de Patrick : foutre les boules au chat.
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Jeu d'enfant (Tom Holland - 1988).
Dans la même soirée, j'ai pu, oh joie, oh bonheur, voir le premier
Chucky, là aussi jamais vu.
Surprise de constater une bonne série B fantastique pleine d'humour noir avec des passages assez inquiétants (belle utilisation de nappes de synthés ambiant alliés à une mise en scène qui quadrille tout l'espace de lieux communs --chambre, couloir, cuisine, salle de bain-- pour mieux en refermer le piège sur une mère et son infortuné gamin). Quand en plus la poupée (incarnée par le vétéran Brad Douriff) se dote d'une animation incroyable qui n'a pas pris une ride (animatronique ou animée de l'intérieur quand ce n'est pas de l'animation image par image), que les cadrages sont assez soignés et que le film joue aussi bien sur les effets chocs (l'attaque du policier dans sa voiture par un Chucky complètement cinglé avec un gros couteau de boucher, il faut le voir pour le croire. Cela pourrait virer cartoon mais non, c'est sec et carré) que la suggestion, on obtient là une perle. Et visiblement les autres volets ont l'air assez chouettes, sans doute moins sérieux, plus drôles mais maintenant j'ai envie de tous les voir (notamment
la fiancée de Chucky). Mais je me demande la raison des suites quand on voit ce qui arrive à Chucky à la fin (reprise du final de
Terminator quasiment... en plus petit bien sûr mais tout aussi impressionnant).
Bon, on verra bien... Même si la raison du retour est foireuse et peut-être vénale, je ne dis pas non à mon plaisir.
4,5/6.