Notez les films naphta : Février 2013
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Notez les films naphta : Février 2013
Les Chemins de Katmandou (André Cayatte, 1969) : Découverte
Magnifique nanar par l’inénarrable André Cayatte, Les Chemins de Katmandou vaut son pesant de roupie tant tout semble pensé par et pour un public réactionnaire (sous titre possible : la contre-culture pour public provincial par un cinéaste gaulliste).
Cayatte, le cinéaste le plus Dossiers de l'écran du cinéma français, n'y va pas par le dos de la cuillère (pléonasme) et aligne tous les clichés possibles sur les soixante-huitards et la communauté hippie. Si c'était filmé au second degré (façon Quelques messieurs trop tranquilles) passe encore, mais le film est d'un sérieux et d'un devoir moral si appuyé qu'il est impossible de garder son sérieux plus de cinq minutes. Alors allons-y jeunesse : le jeune révolté et un gosse de riche sans foi ni loi, la jeune hippie une nymphomane toxicomane et le summum, l'Inde un pays dévasté par la pauvreté et l'ignorance (un fond de colonialisme plane sur le film de Cayatte jusqu'au moment où l'ombre se fait on ne peut plus présent lors de cette réplique hallucinante prononcée par un membre d'une association humanitaire : "avant notre arrivée, c'était des bêtes... à notre départ ce seront des hommes").
Alors évidemment, avec un regard plus ironique, le film passe mieux. On passe de la consternation à la franche rigolade, rendant les 1h30 supportables voir par moment agréables (merci la musique de Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier). Jane Birkin pense naïvement être dans un bon film et fait de son mieux, Renaud Verley est mauvais de chez mauvais et cerise sur le gâteau, le grand Serge (Gainsbourg donc) apparait en salaud grimé de cheveux gris et d'une fine moustache (rendant sa diction étrange).
Les Chemins de Katmandou est donc une curiosité pour les masos friands de tout ce que les 60's et 70's ont produit, pour les autres il est préférable de continuer de faire l'impasse sur l’œuvre Cayattienne.
Magnifique nanar par l’inénarrable André Cayatte, Les Chemins de Katmandou vaut son pesant de roupie tant tout semble pensé par et pour un public réactionnaire (sous titre possible : la contre-culture pour public provincial par un cinéaste gaulliste).
Cayatte, le cinéaste le plus Dossiers de l'écran du cinéma français, n'y va pas par le dos de la cuillère (pléonasme) et aligne tous les clichés possibles sur les soixante-huitards et la communauté hippie. Si c'était filmé au second degré (façon Quelques messieurs trop tranquilles) passe encore, mais le film est d'un sérieux et d'un devoir moral si appuyé qu'il est impossible de garder son sérieux plus de cinq minutes. Alors allons-y jeunesse : le jeune révolté et un gosse de riche sans foi ni loi, la jeune hippie une nymphomane toxicomane et le summum, l'Inde un pays dévasté par la pauvreté et l'ignorance (un fond de colonialisme plane sur le film de Cayatte jusqu'au moment où l'ombre se fait on ne peut plus présent lors de cette réplique hallucinante prononcée par un membre d'une association humanitaire : "avant notre arrivée, c'était des bêtes... à notre départ ce seront des hommes").
Alors évidemment, avec un regard plus ironique, le film passe mieux. On passe de la consternation à la franche rigolade, rendant les 1h30 supportables voir par moment agréables (merci la musique de Serge Gainsbourg et Jean-Claude Vannier). Jane Birkin pense naïvement être dans un bon film et fait de son mieux, Renaud Verley est mauvais de chez mauvais et cerise sur le gâteau, le grand Serge (Gainsbourg donc) apparait en salaud grimé de cheveux gris et d'une fine moustache (rendant sa diction étrange).
Les Chemins de Katmandou est donc une curiosité pour les masos friands de tout ce que les 60's et 70's ont produit, pour les autres il est préférable de continuer de faire l'impasse sur l’œuvre Cayattienne.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
The strange death of Adolf Hitler (James P Hogan, 1943). Une petite série B anti-nazie comme il a dû s'en tourner en masse à ce moment-là. Le scenario est parfois improbable et/ou mal fichu, les dialogues aussi, et l'interprétation (qui semble avoir recruté bon nombre d'Européens réfugiés à Hollywood, tant la plupart des comédiens parlent avec un accent prononcé) est inégale, mais le tout se laisse voir sans déplaisir. Parce que, à côté des éléments improbables ou mal fichus qui font parfois ressembler le film à la pièce jouée par les comédiens polonais au début de To be or not to be, il y a de bons moments et même des choses pas mal vues dans le scenario. Et puis la photo (avec des effets d'ombres) est assez belle. Acteurs inconnus, sauf Gale Sondergaard, que j'ai vue je ne sais plus où.
Diffusion à la Cinémathèque, dans le cadre de la rétrospective "Universal, 100 ans, 100 films".
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- Kevin95
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Midnight Express (Alan Parker, 1978) : Révision
Ayé ! J'abandonne avec Alan Parker, je crois que c'est définitivement un cinéaste qui au mieux me laisse indifférent au pire m'horripile profondément.
Ici, on est clairement dans ce qu'il a fait de meilleur... c'est dire ! Si l'on omet une introduction bien foutue et la musique datée mais entrainante de Giorgio Moroder, je me suis copieusement ennuyé devant le film. Parker à beau mettre la fameuse formule en incipit 'd'après une histoire vraie" et constamment relancer son intrigue par des procédés aussi ridicules que usurpés (ralenties, coups de théâtre, pleurs, séquences musicales) rien n'y fait, Midnight Express se traine et n'arrive jamais à instaurer un sentiment d'angoisse du moins d'empathie. Un film de genre, modeste et codé comme au hasard Escape from Alcatraz (Don Siegel, 1979) arrive parfaitement à retranscrire ce sentiment d’isolement et de claustrophobie quand ce film-ci (qui bizarrement a fait date) ne fait de brasser du sentimentalisme au sens le plus péjoratif du terme. Tous les personnages son antipathiques et les "méchants" si caricaturales qu'on peine à croire à cette histoire (vraie ou non au cinéma on s'en fout) et à s'impliquer émotionnellement dans le récit.
J'ai redonné une chance au film car on m'y a fortement poussé, mais je crois bien que c'est la dernière fois que j’aborde un film d'Alan Parker.
Ayé ! J'abandonne avec Alan Parker, je crois que c'est définitivement un cinéaste qui au mieux me laisse indifférent au pire m'horripile profondément.
Ici, on est clairement dans ce qu'il a fait de meilleur... c'est dire ! Si l'on omet une introduction bien foutue et la musique datée mais entrainante de Giorgio Moroder, je me suis copieusement ennuyé devant le film. Parker à beau mettre la fameuse formule en incipit 'd'après une histoire vraie" et constamment relancer son intrigue par des procédés aussi ridicules que usurpés (ralenties, coups de théâtre, pleurs, séquences musicales) rien n'y fait, Midnight Express se traine et n'arrive jamais à instaurer un sentiment d'angoisse du moins d'empathie. Un film de genre, modeste et codé comme au hasard Escape from Alcatraz (Don Siegel, 1979) arrive parfaitement à retranscrire ce sentiment d’isolement et de claustrophobie quand ce film-ci (qui bizarrement a fait date) ne fait de brasser du sentimentalisme au sens le plus péjoratif du terme. Tous les personnages son antipathiques et les "méchants" si caricaturales qu'on peine à croire à cette histoire (vraie ou non au cinéma on s'en fout) et à s'impliquer émotionnellement dans le récit.
J'ai redonné une chance au film car on m'y a fortement poussé, mais je crois bien que c'est la dernière fois que j’aborde un film d'Alan Parker.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Je te conseille quand même, si ce n'est déjà fait, Mississippi Burning et Angel HeartKevin95 a écrit :
J'ai redonné une chance au film car on m'y a fortement poussé, mais je crois bien que c'est la dernière fois que j’aborde un film d'Alan Parker.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Ennui pour l'un, désagréable souvenir pour l'autre.Jeremy Fox a écrit :Je te conseille quand même, si ce n'est déjà fait, Mississippi Burning et Angel HeartKevin95 a écrit :
J'ai redonné une chance au film car on m'y a fortement poussé, mais je crois bien que c'est la dernière fois que j’aborde un film d'Alan Parker.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Kevin95 a écrit :Ennui pour l'un, désagréable souvenir pour l'autre.Jeremy Fox a écrit :
Je te conseille quand même, si ce n'est déjà fait, Mississippi Burning et Angel Heart
Là effectivement, on ne peut plus rien faire ; laisse tomber
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Donovan's Reef (John Ford, 1963)
Encore un Ford "mineur" qui me charme totalement. Certes, le début est un peu erratique, avec le débarquement de Lee Marvin (personnage qui devient vite secondaire, faire-valoir), et cette histoire que se met lentement en place; certes, la suite est assez prévisible, avec la romance houleuse entre le marin bourru (Wayne) et la riche héritière (Elizabeth Allen).
Mais à partir d'un matériau peu original, Ford réussit néanmoins à brosser une comédie sentimentale sensible, l'opposition Wayne vs. Allen est assez jouissive, la langueur polynésienne contagieuse, et surtout le réalisateur réussit comme toujours à insuffler par moments une humanité inouïe dans son récit, dans ses personnages, sans jamais tomber dans la complaisance - à l'image de cette fête de Noël, dont le lyrisme touchant est "douché" par un orage tropical.
7/10
Encore un Ford "mineur" qui me charme totalement. Certes, le début est un peu erratique, avec le débarquement de Lee Marvin (personnage qui devient vite secondaire, faire-valoir), et cette histoire que se met lentement en place; certes, la suite est assez prévisible, avec la romance houleuse entre le marin bourru (Wayne) et la riche héritière (Elizabeth Allen).
Mais à partir d'un matériau peu original, Ford réussit néanmoins à brosser une comédie sentimentale sensible, l'opposition Wayne vs. Allen est assez jouissive, la langueur polynésienne contagieuse, et surtout le réalisateur réussit comme toujours à insuffler par moments une humanité inouïe dans son récit, dans ses personnages, sans jamais tomber dans la complaisance - à l'image de cette fête de Noël, dont le lyrisme touchant est "douché" par un orage tropical.
7/10
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
FATA / MORGANA
Rien, mais rien compris à ce mélange de thriller expérimental et d'anticipation psychédélique que certains classent dans le giallo (z'ont pas du voir le film)...Encore plus obscur et hérmétique que La mort a pondu un oeuf, en cinquième vitesse ou Le Orme, un "truc" inclassable, parfois joli, très bizarre mais, honnêtement, extremement chiant pour ma part.
Rien, mais rien compris à ce mélange de thriller expérimental et d'anticipation psychédélique que certains classent dans le giallo (z'ont pas du voir le film)...Encore plus obscur et hérmétique que La mort a pondu un oeuf, en cinquième vitesse ou Le Orme, un "truc" inclassable, parfois joli, très bizarre mais, honnêtement, extremement chiant pour ma part.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Bande à part (Jean-Luc Godard, 1964)
Des quelques Godard que j'ai vus mes impressions ont souvent été partagées, allant de la fascination (Le Mépris) à l'exaspération (Pierrot le Fou). Ce petit film de série B est peut-être mon préféré. L'improvisation constante et le budget serré donnent à cette oeuvre une énergie, une liberté, et une fraicheur qui la rendent attachante. L'intrigue relâchée est aussi ce qui peut faire sa limite. Et j'ai toujours du mal avec la diction très marquée "Nouvelle Vague" des acteurs. Mais l'énergie finit par l'emporter, et j'ai suivi avec jubilation les aventures de ces trois losers dans le Paris des 30 glorieuses.
Comme beaucoup le savent, Tarantino cite ce film comme une inspiration majeure. On remarque en effet au détour d'un plan la coupe de cheveux de Mia Wallace, et plus généralement les personnages de série B, gangsters mais losers, qui sont eux-mêmes amateurs de séries B.
Moins souvent cité, le film a aussi de toute évidence beaucoup marqué Wong Kar-wai: la légende de l'oiseau sans pates, qui ouvre et conclue Nos Années Sauvages, est déjà citée dans Bande à Part et dans un contexte semblable. On peut aussi trouver des points communs entre les personnages de Leslie Cheung et Claude Brasseur.
Des quelques Godard que j'ai vus mes impressions ont souvent été partagées, allant de la fascination (Le Mépris) à l'exaspération (Pierrot le Fou). Ce petit film de série B est peut-être mon préféré. L'improvisation constante et le budget serré donnent à cette oeuvre une énergie, une liberté, et une fraicheur qui la rendent attachante. L'intrigue relâchée est aussi ce qui peut faire sa limite. Et j'ai toujours du mal avec la diction très marquée "Nouvelle Vague" des acteurs. Mais l'énergie finit par l'emporter, et j'ai suivi avec jubilation les aventures de ces trois losers dans le Paris des 30 glorieuses.
Comme beaucoup le savent, Tarantino cite ce film comme une inspiration majeure. On remarque en effet au détour d'un plan la coupe de cheveux de Mia Wallace, et plus généralement les personnages de série B, gangsters mais losers, qui sont eux-mêmes amateurs de séries B.
Moins souvent cité, le film a aussi de toute évidence beaucoup marqué Wong Kar-wai: la légende de l'oiseau sans pates, qui ouvre et conclue Nos Années Sauvages, est déjà citée dans Bande à Part et dans un contexte semblable. On peut aussi trouver des points communs entre les personnages de Leslie Cheung et Claude Brasseur.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Jeremy Fox a écrit :Là effectivement, on ne peut plus rien faire ; laisse tomberKevin95 a écrit :
Ennui pour l'un, désagréable souvenir pour l'autre.
Je hais à peu près tout Alan Parker ; dans les trois titres évoqués ci-dessus (plus The Wall, entre autres), je ne vois plus que les défauts ; et pourtant je peux revoir inlassablement cette merveille, l'un des feel-good movies de mon top 100
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Le Professeur de Valerio Zurlini (1972)
Daniele Dominici (Alain Delon) remplace un professeur malade au lycée de Rimini. Bien que séparé de sa femme (Lea Massari), il vit toujours avec elle. Riches et oisifs, ses élèves l'ennuient, exceptée Vanina (Sonia Petrovna), une jeune fille qui éveille son intérêt par la blessure secrète qu'il décèle en elle.
Avec Le Professeur, Valerio Zurlini creuse le même sillon que dans les grands mélodrames qui firent sa renommée comme La Fille à la valise et Été violent. Dans La Fille à la valise, les clivages sociaux brisaient l'histoire d'amour naissante entre Claudia Cardinale et Jacques Perrin tandis quel le contexte historique d'une en guerre empêchait la romance entre Eleana Rossi Drago et Jean Louis Trintignant dans Été violent. La différence d'âge des amants relie Le Professeur à ces œuvres mais là où le contexte magnifiait ses histoires d'amour désespéré dans le mélodrame flamboyant, Zurlini nous plonge ici dans un ordinaire sordide et austère. Daniele Dominici (Alain Delon) fraîchement intronisé professeur au lycée de Rimini traîne son spleen entre des élèves superficiels dont il se désintéresse, son épouse (Lea Massari) avec laquelle il cohabite plus qu'il ne vit et les parties de cartes jusqu'au bout de la nuit. Ce mal être passif est issu d'une fêlure passée qui ne se dévoilera qu'en toute fin et Daniel en reconnaissant ce même désespoir chez une de ses élèves, Vanina (Sonia Petrovna) va tenter de se rapprocher d'elle.
On sent bien l'esprit des années 70 dans l'absence totale de questionnement moral sur ce professeur s'intéressant d'un peu trop près à l'une de ses (jolies) élèves. On voit surtout deux solitudes se rapprocher et deux acteurs incarnant la dépression et la mélancolie avec une grande force. On a rarement vu Alain Delon aussi fragile et vulnérable qu'ici, trait tirés, tenue négligé et totalement apathique à son environnement. Sonia Petrovna poignante mêle allure virginale et innocente avec le regard de celle qui en a trop vu, trop fait... Ayant cédé par le seul attrait qu'on semble lui reconnaître elle sera touchée par la délicatesse de Delon (avec cette superbe réplique lorsqu'un amant jaloux l'interroge sur son choix "Il m'a parlé...") qui semble voir au delà de cette beauté. Tous deux sauront se reconnaître et s'aimer peu à peu mais autour d'eux la fange les assaille. Le romantisme est bien plus intermittent ici que dans d'autres Zurlini, la plate réalité amenant moins d'envolée que là la dramatisation exacerbée que su offrir le réalisateur qui nous apparaît bien plus désabusé dans ce qui est son avant-dernier film. Point de grands conflits et enjeux pour séparer notre couple torturé ici, juste la médiocrité provinciale sordides où entre secrets scabreux, dépravations et flambe ordinaire tous paraissent aussi déplaisant les uns que les autres. Le sexe est déplaisant et glauque, les rares scènes d'amours sont intenses mais brèves comme une courte bouffée d'oxygène (magnifique première étreinte entre Delon et Sonia Petrovna) et chacun, les héros comme les seconds rôles bienveillants semblent dissimuler une part d'ombre peu glorieuse à l'image d'un excellent Giancarlo Giannini. La ville portuaire de Rimini se résume pour Zurlini à son port brumeux, ses soirées grivoises et ses bars et quand on explorera la beauté d'une demeure abandonnée ce sera pour éveiller un douloureux souvenir.
Les obstacles les dépassant intensifiait la flamme des amants de Zurlini autrefois, la nature triviale de ce qui les retient dans Le Professeur semble les clouer au sol sans espoir de se relever. Ce sera évidemment le cas lors de la superbe conclusion où l'on ne sera pas dupe malgré tous les éléments en place pour un nouveau départ. Le malheur surgira de nulle part, agrippant dans la brume, le métal et les flammes notre héros inadapté au bonheur. 5/6
Daniele Dominici (Alain Delon) remplace un professeur malade au lycée de Rimini. Bien que séparé de sa femme (Lea Massari), il vit toujours avec elle. Riches et oisifs, ses élèves l'ennuient, exceptée Vanina (Sonia Petrovna), une jeune fille qui éveille son intérêt par la blessure secrète qu'il décèle en elle.
Avec Le Professeur, Valerio Zurlini creuse le même sillon que dans les grands mélodrames qui firent sa renommée comme La Fille à la valise et Été violent. Dans La Fille à la valise, les clivages sociaux brisaient l'histoire d'amour naissante entre Claudia Cardinale et Jacques Perrin tandis quel le contexte historique d'une en guerre empêchait la romance entre Eleana Rossi Drago et Jean Louis Trintignant dans Été violent. La différence d'âge des amants relie Le Professeur à ces œuvres mais là où le contexte magnifiait ses histoires d'amour désespéré dans le mélodrame flamboyant, Zurlini nous plonge ici dans un ordinaire sordide et austère. Daniele Dominici (Alain Delon) fraîchement intronisé professeur au lycée de Rimini traîne son spleen entre des élèves superficiels dont il se désintéresse, son épouse (Lea Massari) avec laquelle il cohabite plus qu'il ne vit et les parties de cartes jusqu'au bout de la nuit. Ce mal être passif est issu d'une fêlure passée qui ne se dévoilera qu'en toute fin et Daniel en reconnaissant ce même désespoir chez une de ses élèves, Vanina (Sonia Petrovna) va tenter de se rapprocher d'elle.
On sent bien l'esprit des années 70 dans l'absence totale de questionnement moral sur ce professeur s'intéressant d'un peu trop près à l'une de ses (jolies) élèves. On voit surtout deux solitudes se rapprocher et deux acteurs incarnant la dépression et la mélancolie avec une grande force. On a rarement vu Alain Delon aussi fragile et vulnérable qu'ici, trait tirés, tenue négligé et totalement apathique à son environnement. Sonia Petrovna poignante mêle allure virginale et innocente avec le regard de celle qui en a trop vu, trop fait... Ayant cédé par le seul attrait qu'on semble lui reconnaître elle sera touchée par la délicatesse de Delon (avec cette superbe réplique lorsqu'un amant jaloux l'interroge sur son choix "Il m'a parlé...") qui semble voir au delà de cette beauté. Tous deux sauront se reconnaître et s'aimer peu à peu mais autour d'eux la fange les assaille. Le romantisme est bien plus intermittent ici que dans d'autres Zurlini, la plate réalité amenant moins d'envolée que là la dramatisation exacerbée que su offrir le réalisateur qui nous apparaît bien plus désabusé dans ce qui est son avant-dernier film. Point de grands conflits et enjeux pour séparer notre couple torturé ici, juste la médiocrité provinciale sordides où entre secrets scabreux, dépravations et flambe ordinaire tous paraissent aussi déplaisant les uns que les autres. Le sexe est déplaisant et glauque, les rares scènes d'amours sont intenses mais brèves comme une courte bouffée d'oxygène (magnifique première étreinte entre Delon et Sonia Petrovna) et chacun, les héros comme les seconds rôles bienveillants semblent dissimuler une part d'ombre peu glorieuse à l'image d'un excellent Giancarlo Giannini. La ville portuaire de Rimini se résume pour Zurlini à son port brumeux, ses soirées grivoises et ses bars et quand on explorera la beauté d'une demeure abandonnée ce sera pour éveiller un douloureux souvenir.
Les obstacles les dépassant intensifiait la flamme des amants de Zurlini autrefois, la nature triviale de ce qui les retient dans Le Professeur semble les clouer au sol sans espoir de se relever. Ce sera évidemment le cas lors de la superbe conclusion où l'on ne sera pas dupe malgré tous les éléments en place pour un nouveau départ. Le malheur surgira de nulle part, agrippant dans la brume, le métal et les flammes notre héros inadapté au bonheur. 5/6
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
La Course à l'échalote (Claude Zidi, 1975) : Découverte
Faudrait vraiment que la réputation de Claude Zidi tende à rehausser car le réalisateur est à l'origine d'un paquet de comédies françaises attachantes, soignées et à 1000 lieux des nanars qu'on lui prête. La Course à l'échalote est une sacrée réussite, hommage pas du tout déguisé aux comédies américaines classiques (comme le précédent La Moutarde me monte au nez, 1974) où le duo Pierre Richard / Jane Birkin fait des étincelles le tout dans un récit qui galope à toute allure sans jamais lasser son spectateur. Quand on voit l'énergie du film, le bonheur communicatif véhiculé et la multitude de scènes hilarantes (ahhhh Pierre Richard en patron de banque flippé) on se demande pourquoi Zidi est encore et toujours rabaissé au statut d'amuseur franchouillard.
La Course à l'échalote est un bonbon qui se savoure comme un plaisir aujourd'hui bien disparut (réflexion de vieux con activée).
Les Parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964) : Révision
Je continue ma rétro Demy avec ce classique et que voulez vous... moi je marche à fond les ballons. Si je préfère au fond le ton sucré des Demoiselles de Rochefort (1967), ces Parapluies de Cherbourg ont un effet lacrymale chez moi. Tout ce lyrisme empreinté à Max Ophüls et cette musique génialement envahissante, il parait impossible de résister au film. Que dire de plus, bah rien si ce n'est que c'est du bonheur en barre.
Faudrait vraiment que la réputation de Claude Zidi tende à rehausser car le réalisateur est à l'origine d'un paquet de comédies françaises attachantes, soignées et à 1000 lieux des nanars qu'on lui prête. La Course à l'échalote est une sacrée réussite, hommage pas du tout déguisé aux comédies américaines classiques (comme le précédent La Moutarde me monte au nez, 1974) où le duo Pierre Richard / Jane Birkin fait des étincelles le tout dans un récit qui galope à toute allure sans jamais lasser son spectateur. Quand on voit l'énergie du film, le bonheur communicatif véhiculé et la multitude de scènes hilarantes (ahhhh Pierre Richard en patron de banque flippé) on se demande pourquoi Zidi est encore et toujours rabaissé au statut d'amuseur franchouillard.
La Course à l'échalote est un bonbon qui se savoure comme un plaisir aujourd'hui bien disparut (réflexion de vieux con activée).
Les Parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964) : Révision
Je continue ma rétro Demy avec ce classique et que voulez vous... moi je marche à fond les ballons. Si je préfère au fond le ton sucré des Demoiselles de Rochefort (1967), ces Parapluies de Cherbourg ont un effet lacrymale chez moi. Tout ce lyrisme empreinté à Max Ophüls et cette musique génialement envahissante, il parait impossible de résister au film. Que dire de plus, bah rien si ce n'est que c'est du bonheur en barre.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
D'accord pour le Zidi (et aussi pour La moutarde...). De chouettes comédies.A mon avis, ce sont ses bidasseries qui onr ruiné la réputation de Zidi.
Sinon, pour le Demy, désolée, ça ne marche pas sur moi.
Sinon, pour le Demy, désolée, ça ne marche pas sur moi.
Dernière modification par riqueuniee le 22 févr. 13, 16:40, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Les bidasses ça reste un des rares films des Charlots encore visible avec le sourire à l'heure actuelle, il y a un côté excessif, potache et anar assez plaisantriqueuniee a écrit :D'accord pour le Zidi (et aussi pour La moutarde.... De chouettes comédies.A mon avis, ce sont ses bidasseries qui onr ruiné la réputation de Zidi.
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Re: Notez les films naphta : Février 2013
Sur les Zidi/Charlots, mieux vaut revoir le grand Bazar et les fous du stade. C'est tout de même bien mieux.
Dernière modification par riqueuniee le 22 févr. 13, 16:40, modifié 1 fois.