Top Opéra

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beb
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Re: Top Opéra

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julien
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Re: Top Opéra

Message par julien »

La Khovantchina de Moussorgski à Bastille.

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Une œuvre capitale au moins aussi importante que Boris Godounov. La Khovantchina s'intéresse au même questionnement sur le politique, l'église et le peuple mais la vision est ici encore plus désenchantée. Autant dire que l’attente était grande pour cet opéra maudit de Moussorgski, qui ne fut jamais totalement achevé. Il est mort malheureusement avant. L'alcool et la dépression y étant sans doute pour beaucoup. Rimski-Korsakov, un pote à lui et, plus tard, Chostakovitch, s’appliqueront à finir le travail de l'orchestration. Ici c'était d'ailleurs la version de ce dernier, plus rugueuse et dépouillée qui fut choisit par le metteur en scène.

Outre ces chœurs populaires d’une puissance mystique, absolument splendides ; proche un peu de Verdi, mais dans une couleur beaucoup plus slave et folklorique ; Moussorgski a déroulé un opéra sombre et envoûtant, avec des parties de cordes et de cuivres lugubres et noires comme des fins de monde. Le spectacle scénique, mis en scène par Andreï Serban, était une belle réussite même si les décors étaient parfois un peu austères ; mais bon ça renforçait plutôt bien la noirceur de la musique. Quelques jeux d'ombres et de lumières évoquaient parfois les silhouettes inquiétantes des personnages d'Yvan le Terrible d'Eisenstein. Chaque acte, comportait son lot de grands moments mais c'est surtout le dernier, où les personnages s'immolent par le feu, qui reste incontestablement le plus mémorable !

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Et mon voisin à côté qui me disait : "Pas mal mais bon, ça vaut pas le final Du Dialogue des Carmélites."

Sinon, le premier acte, on l'a vu sur un écran tv parce qu'on est arrivé bien à la bourre. Je me suis planté dans l'horaire et ils voulaient pas nous laisser rentrer dans la salle. Quand on est arrivé à Bastille c'était tout fermé. Y'avait plus personne dans le hall ! Même le vigile de service, il rechignait à ce que l'on rentre, pourtant on avait quand même les billets. Il a fallu un peu enfonçer la porte. A part ça le personnel était très cool.

Sinon pour draguer c'est pas terrible l'Opéra Bastille. La moyenne d'âge du public tournait quand même autour de 75 ans, mais bon on était peut-être pas placé au bon endroit ! D'ailleurs, je vous déconseille fortement les sièges prés des escaliers car il y avait souvent des vieux qui glissaient sur les marches et qui nous tombaient dessus. On s'en est pris comme ça, 3 ou 4. Faut dire ils étaient vraiment plus tout jeunes. Ils se déplaçaient difficilement avec des cannes. Ils attendaient même pas que les actes soient finis, ils se levaient avant ! Niveau ambiance, ça faisait sacrément spectacle de troisième âge. Heureusement, que mon voisin était bien placé pour amortir leur chute !

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On a cherché aussi, pour voir, si y'avait pas Depardieu, planqué parmi les gardes moscovites !

Je crois qu'il reste plus de places pour les autres représentations mais pour ceux qui veulent entendre ça, France Musique diffusera la dernière soirée en direct, le samedi 9 Mars à 19h00.
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
daniel gregg
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Re: Top Opéra

Message par daniel gregg »

julien a écrit :La Khovantchina de Moussorgski à Bastille.

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Une œuvre capitale au moins aussi importante que Boris Godounov. La Khovantchina s'intéresse au même questionnement sur le politique, l'église et le peuple mais la vision est ici encore plus désenchantée. Autant dire que l’attente était grande pour cet opéra maudit de Moussorgski, qui ne fut jamais totalement achevé. Il est mort malheureusement avant. L'alcool et la dépression y étant sans doute pour beaucoup. Rimski-Korsakov, un pote à lui et, plus tard, Chostakovitch, s’appliqueront à finir le travail de l'orchestration. Ici c'était d'ailleurs la version de ce dernier, plus rugueuse et dépouillée qui fut choisit par le metteur en scène.

Outre ces chœurs populaires d’une puissance mystique, absolument splendides ; proche un peu de Verdi, mais dans une couleur beaucoup plus slave et folklorique ; Moussorgski a déroulé un opéra sombre et envoûtant, avec des parties de cordes et de cuivres lugubres et noires comme des fins de monde. Le spectacle scénique, mis en scène par Andreï Serban, était une belle réussite même si les décors étaient parfois un peu austères ; mais bon ça renforçait plutôt bien la noirceur de la musique. Quelques jeux d'ombres et de lumières évoquaient parfois les silhouettes inquiétantes des personnages d'Yvan le Terrible d'Eisenstein. Chaque acte, comportait son lot de grands moments mais c'est surtout le dernier, où les personnages s'immolent par le feu, qui reste incontestablement le plus mémorable !

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Et mon voisin à côté qui me disait : "Pas mal mais bon, ça vaut pas le final Du Dialogue des Carmélites."

Sinon, le premier acte, on l'a vu sur un écran tv parce qu'on est arrivé bien à la bourre. Je me suis planté dans l'horaire et ils voulaient pas nous laisser rentrer dans la salle. Quand on est arrivé à Bastille c'était tout fermé. Y'avait plus personne dans le hall ! Même le vigile de service, il rechignait à ce que l'on rentre, pourtant on avait quand même les billets. Il a fallu un peu enfonçer la porte. A part ça le personnel était très cool.
Sinon pour draguer c'est pas terrible l'Opéra Bastille. La moyenne d'âge du public tournait quand même autour de 75 ans, mais bon on était peut-être pas placé au bon endroit ! D'ailleurs, je vous déconseille fortement les sièges prés des escaliers car il y avait souvent des vieux qui glissaient sur les marches et qui nous tombaient dessus. On s'en est pris comme ça, 3 ou 4. Faut dire ils étaient vraiment plus tout jeunes. Ils se déplaçaient difficilement avec des cannes. Ils attendaient même pas que les actes soient finis, ils se levaient avant ! Niveau ambiance, ça faisait sacrément spectacle de troisième âge. Heureusement, que mon voisin était bien placé pour amortir leur chute !
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On a cherché aussi, pour voir, si y'avait pas Depardieu, planqué parmi les gardes moscovites !

Je crois qu'il reste plus de places pour les autres représentations mais pour ceux qui veulent entendre ça, France Musique diffusera la dernière soirée en direct, le samedi 9 Mars à 19h00.
Quand on vous dit que le climat est détraqué !
Il pleut des vieux sur Paris. :lol:
julien
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Re: Top Opéra

Message par julien »

Ah oui ! En plus c'était que sur nous qu'ils tombaient les vieux ! Un vrai rêve de gérontophile. Je crois aussi que le sol était particulièrement glissant à cet endroit là. Y'avait un truc qui était un peu bousillé sur le rebord des marches ; c'est ce qui entraînait à chaque fois leur chute.
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Re: Top Opéra

Message par poet77 »

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Richard Wagner est né à Leipzig le 22 mai 1813 il y a tout juste 200 ans.
Il fut un homme plutôt médiocre dont l'antisémitisme est insupportable.
Mais, qu'on le veuille ou non, il fut un compositeur génial qui révolutionna à jamais l'opéra, un sorcier de la musique qui a envoûté, envoûte et envoûtera des générations de mélomanes!
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Message par Flol »

R.I.P. :(
julien
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Message par julien »

Prochainement, à ne pas manquer : Le Coq d'Or de Rimski-Korsakov en version Opéra-Ballet par l'Orchestre, le Choeur, le Ballet et les Chanteurs du Théâtre National "Natalia Sats" de Moscou.

Une farce politique haute en couleur, adaptée d'un poème de Pouchkine, qui tourne le Tsar et l'impérialisme russe en dérision. (Ce qui explique pourquoi, l'oeuvre n'a jamais était joué du vivant du compositeur.)

Au théâtre des Champs Elysées pour quelques représentations, du 9 au 12 juillet.

Extrait de la création, donnée à Moscou, en Avril 2013.

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Re: Top Opéra

Message par julien »

Le Coq d'Or (Rimski-Korsakov)

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Chaude ambiance Vendredi, au théâtre des Champs, pour la représentation du Coq d'Or. A la fin de la représentation, il y a même eu deux femmes qui ont faillit en venir aux mains. Apparemment y'avait une vieille qui faisait du scandale en se plaignant à haute voix du mauvais accueil du théâtre. Faut dire que les ouvreuses réclamaient directement aux spectateurs des pourboires. (Leur unique salaire apparemment). Déjà que le prix des places était pas franchement donné, on allait pas en plus leur filer le peu qui nous restait de notre argent !

J'ai vraiment trouvé la direction d'orchestre appropriée. Très légère et vivante. La troupe dynamique, comprenant danseurs et chanteurs avaient opté pour le ton de la farce, ce qui convenait bien à cette oeuvre, au ton très satirique, adapté d’un conte d’Alexandre Pouchkine. Il y ait question d'un Astrologue, qui en échange d'une récompense, offre un Coq d'or à un Roi. L'animal a des vertus magiques qui permettent de prédire l'avenir. Il est annoncé en musique, par un leitmotiv chatoyant, interprété à la trompette. A la fin, tombant tout les deux sous le charme de la reine de Chemakha, le Roi tue l'Astrologue à coup de sceptre avant de se faire massacrer à son tour par le coq. A chacun de trouver la morale de l'histoire.

Je n'ai pas vu l'opéra mais j'ai trouvé cette version opéra-ballet particulièrement réjouissante dans son ensemble, surtout le début de l'acte III, qui annonce un peu le burlesque du Petrouchka de Stravinski (Voir extrait Vidéo au-dessus) ainsi que l'Acte II à l’impressionnisme délicieux. Le seul point noir résidait surtout dans l'absence de sous-titres, d'autant qu'il y a beaucoup de textes, et que c'est souvent drôle et malicieux. Cela étant, il y avait quand même au début de chaque acte, une brève présentation lue en français par une jeune fille au charmant accent slave mais en l’absence de traduction du livret, l’intrigue perdait tout de sa portée satirique en se révélant uniquement divertissante. Dommage mais rien que pour la musique et la féerie des costumes et des décors ça méritait quand même le déplacement.
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Re: Top Opéra

Message par Xavier »

julien a écrit :Apparemment y'avait une vieille qui faisait du scandale en se plaignant à haute voix du mauvais accueil du théâtre. Faut dire que les ouvreuses réclamaient directement aux spectateurs des pourboires. (Leur unique salaire apparemment). Déjà que le prix des places était pas franchement donné, on allait pas en plus leur filer le peu qui nous restait de notre argent !
C'est toujours comme ça au TCE, oui, ce n'est pas nouveau.
On fait avec, ou pas, si tu n'as rien ça n'empêche pas d'être placé heureusement.
Certaines demandent gentiment alors que d'autres font ça de façon vraiment rude.

On devait pas être placés loin parce qu'en partant j'ai remarqué cette dispute moi aussi!
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Message par riqueuniee »

A noter aussi, du 3 ou 6 juin 2014, une reprise du Coq d'or au Théâtre de la Ville. Apparemment quelque peu réadapté (?). Là, les places ne sont pas chères, et les pourboires sont interdits. Réservation (si on n'est ni abonné ni adhérent 3 semaines avant la date de la première représentation.
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Re: Top Opéra

Message par Xavier »

Oui enfin d'après la vidéo qu'on trouve sur le site du théâtre, c'est un spectacle jeune public, sans chanteurs mais uniquement avec des percussions et une musique évidemment raccourcie et avec d'autres choses de Rimsky. (on entend la Pâque russe entre autres)

http://www.theatredelaville-paris.com/s ... Coqdor-617

Mais je mets l'idée de côté pour y emmener ma fille, ça a l'air sympa. :)
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Re: Top Opéra

Message par julien »

Effectivement, interprété sur des vibraphones, ça donne un rendu nettement différent !

Me concernant, je me mets de côté l'opéra mythologique indien, A Flowering Tree de John Adams, en mai au châtelet. Ça risque d'avoir de la gueule. D'après ce que j'ai lu, il devrait y avoir des chorégraphies et même des marionnettes sur scène !

Un extrait ici :

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Re: Top Opéra

Message par Xavier »

En tout cas, au CD, j'avais bien aimé.
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Re: Top Opéra

Message par julien »

Voici la présentation d’un petit disque, édité chez Supraphon, et qui mérite amplement le détour.

Katia et le Diable (Antonín Dvořák)

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La plupart des opéras de Dvořák furent de véritables fours à l’époque de leurs créations mais Katia et le Diable reste l’un de ses plus grands succès, avec Rusalka. Malgré cela, l’opéra n’est pratiquement pas joué en dehors de la Tchécoslovaquie, sans doute à cause de son caractère folkloriste très prononcé et de son livret saugrenu qui passent probablement difficilement les frontières.

Le Premier Acte prend place dans une auberge, le jour de la fête patronale. Le diable Marbuel, est chargé par Lucifer de ramener une princesse et son intendant qui oppriment le peuple. Par inadvertance, il se retrouve avec Katia sur le dos ; une paysanne plantureuse, fort en gueule rejetée par les villageois et qui fout rapidement le boxon aux enfers.
Ensuite à l’Acte II, un vaillant paysan vient sauver Katia et s’engage à ramener à Lucifer la perfide princesse. Durant l’Acte III, la princesse sera finalement épargnée à condition qu’elle accorde la liberté au peuple asservie. Katia fera fuir le pauvre diable par ses vociférations continuelles, et regagnera son domicile où elle pourra choisir le mari souffre-douleur qui lui convient.

Le livret particulièrement cocasse, inspiré d’une légende traditionnelle, baigne tour à tour dans le fantastique et le burlesque. Dvořák a composé une partition légère et pétillante, entrecoupée de petits numéros folkloriques savoureux, mêlant violon, clarinette et cuivres. Il connaît d’ailleurs très bien le vaste répertoire populaire de Bohème. D’origine campagnarde, le petit Antonin a était élevé dans une auberge villageoise suffisamment vaste pour y contenir un commerce de boucherie et une salle de bal où se rencontraient le dimanche et jours de fêtes, les musiciens, danseurs et amateurs de bonne bière. Une influence qui se ressent nettement dans la partition, et qui fait tout le charme de cet opéra, riche en couleur et en variété musicale. Cohabitent ainsi des valses, polkas, chants populaires à l’intérieur d’une structure musicale plus traditionnelle, héritière de Smetana et de la grande tradition de l’opéra italien.

Alors bon, ce n’est pas non plus un grand opéra, et le livret ne suit d’ailleurs pas du tout la tradition du genre avec intrigue amoureuse, épanchements sentimentaux et tout le bazar… Ici la verve est plutôt comique, proche de la farce et de l’opéra bouffe, mais sans pour autant tomber dans la caricature lourdaude du genre. L'ouverture de l'Acte II des Enfers, porté par une rythmique diabolique des bois, suivit par un orchestre en furie, qui monte creshendo, jusqu'à l'apothéose finale, reste par exemple un modèle musical du genre, dans le même esprit que le fameux Hall du roi de la montagne de Grigri dans Peer Gynt.

Un bon petit disque donc, 100% tchèque, dirigé avec entrain par Zdeněk Chalabala à la tête de l’orchestre et du chœur du théâtre de Prague. Chose non négligeable, le disque bénéficie d’un livret intégral en version originale et surtout traduit en français ! (Ce qui n’est pas toujours le cas sur des opéras peu connus du grand répertoire). Attention quand même à la prise de son d’époque qui date pas mal (1955 !). La musique tire un peu trop vers les aigus mais reste relativement écoutable car enregistrée assez prés du micro, en studio.

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Sinon, pour avoir une meilleure dynamique sonore, on notera une seconde version, beaucoup plus récente et non moins remarquable, dirigée par Gerd Albrecht à la tête de l’orchestre de la radio de Cologne. C’est un superbe disque également. (N’ayant plus le CD, je ne me souviens plus par contre, s’il y a la traduction du livret en français.)

Pour compléter voici un extrait vidéo de l'opéra :



Sur scène, avec ces costumes de carnaval, ça donne quand même un rendu particulièrement kitsch. Je trouve que ça gagne plus à être écouté sans rien voir.

Inspiré de la même légende, y'avait un petit film d'animation tchèque sympa de 1955, réalisé par Václav Bedřich, comprenant une partition originale de Jan František Fischer (qui ressemblait un peu à la musique de Dvořák), qui traînait à une époque sur youtube, mais la vidéo a dû être retirée. Je ne la retrouve plus. C'est dommage parce que le film n'existe pas en dvd.
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Re: Top Opéra

Message par julien »

J'attire l'attention sur ce dvd, visionné cette semaine, qui n'est pas l’œuvre de Rimski-Korsakov la plus connue mais qui mérite amplement le coup d’œil. (Et d'oreille !)

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Dans son ouvrage sur « l’Opéra des origines à demain » cet imbécile de Jacques Bourgeois décrit Mlada comme une « monstruosité esthétique », alors qu’il s’agit déjà d’une admirable synthèse stylistique de diverses formes musicales, que Korsakov portera à son point d’ébullition et de raffinement esthétique dans Le Coq d’Or.

C'est probablement à cause de sa forme bâtarde, entre ballet et opéra, que l'ouvrage ne s’est pas tellement imposé dans la culture musicale populaire ; il s’agit pourtant de l’un des plus fameux opéras de Rimski-Korsakov. Les amateurs risquent d’ailleurs de rester sur leur faim car on y trouve assez peu de conventions accordées au genre lyrique : duos, arias, complaintes… et tout le tintouin. Le livret particulièrement abracadabrantesque, peut paraître également rebutant de prime abord et aurait pu très bien servir de source d'inspiration à une production gothique signée Roger Corman ! L’histoire est celle de la princesse Mlada, qui revient se venger de ses assassins sous forme d’esprit, par l’entremise du prince Yaromir dont elle fut la prétendante. Tout se terminera bien, puisque le prince sera finalement exterminé avec les meurtriers, lors d’une tuerie finale particulièrement apocalyptique. Il pourra donc rejoindre sa bien-aimé au royaume des morts.

Mélange d’épouvante, de conte merveilleux, teinté de folklore russe voire d’égyptologie antique (il y a même une apparition de Cléopâtre sous la forme d’une revenante) ; Rimski, contrairement à sa réputation de vieille barbe académique, s’est complètement déchiré avec cette fresque composite, pas toujours cohérente au niveau de la compréhension de l'histoire ; mais la musique, l’orchestration et les thèmes mélodiques sont dans l’ensemble absolument splendides. Le dvd, édité en zone 2 est curieusement assez duraille à trouver. Le grand intérêt c’est qu’il contient le texte du livret, sous-titré en français et qui n’existe à ma connaissance sur aucune autre édition discographique où l’on avait seulement droit à un bref résumé des actes. Un bel objet donc, d’autant que la qualité de la captation vidéo est assez réussit. L’opéra est souvent entrecoupé par des passages de danses dynamiques qui permettent en plus une belle variété scénique des différents tableaux.

A la base, l’ouvrage devait être écrit par plusieurs compositeurs du groupe des 5 mais le projet a capoté et Korsakov a repris quelques années après le livret à son compte pour donner sa propre version de l’œuvre. Il en a également tiré la suite d'orchestre, "La Nuit sur le Mont Triglav", que l’on peut entendre durant l’Acte III, avec en particulier ce passage absolument hallucinant, lors de la scène surréaliste égyptienne, où se mêle des glissandos de harpes et de flûte de pan. Si l’influence Wagnérienne comme souvent chez Korsakov est parfois prégnante, il arrive quand même ici à s’en extraire grâce notamment à son recours du folklore slave et des rythmes archaïsants, qui annoncent un peu le Stravinski de Petrouchka ou du Sacre du printemps. Il y a aussi pas mal de belles couleurs orientalistes, réminiscence évidente de sa suite d’orchestre, Shéhérazade, qu’il composa juste avant. Le jeune Rimski, qui avait d’abord ambitionné une carrière de marinier dans la légion étrangère, avait surtout pas mal voyagé à travers le monde, et ramené ainsi dans sa musette, diverses influences musicales issus de l’orient, de l’Italie ou de l’Espagne, qu’il intègrera plus tard dans sa musique avec une science de l’orchestre particulièrement saisissante. (Le fameux Capriccio Espagnol notamment)

Un extrait de la danse infernale de l’Acte III, où les esprits démoniaques entrent dans la fête :

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