Goldstein (Philip Kaufman, Benjamin Manaster - 1964)
Un film auto-produit qui se veut une relecture du prophète Élie dans le Chicago contemporain. C'est la caricature du film indé/arty nouvelle vague qui essaie de cacher son amateurisme derrière une liberté narrative et une abstraction des règles de la grammaire cinématographique. C'est surtout incompréhensible, totalement abscons (surtout quand on ne connaît pas le mythe) et assommant d'ennui. Le genre de truc où l'on se demande au bout de 5 minutes "mais qu'est-ce que je fous là ?"
Je pensais enchaîner sur
Fearless Frank et ça m'a totalement découragé. Du coup je suis rentré
The white dawn (1974)
Grosse révélation à l'inverse pour un traitement d'une honnêteté et d'une intelligence remarquables. On est autant dans un film d'aventures, dans le cinéma d'exploration ou le documentaire ethnographique, poussant encore plus loin le regard et le traitement de Nicholas Ray dans
The savage innocents. Encore plus que dans ce dernier, on y décrit des pratiques, des coutumes, des mœurs et une société sans le moindre jugement morale et même civilisationnel. Chaque événements est évoqué dans ce qu'il a de logique, d'évident sans que la caméra ne s'y attarde pour éviter tout voyeurisme par exemple, qu'il s'agisse d'un cadavre humain qu'on donne à manger aux chiens, de la sexualité, des chasses d'animaux sauvages ou des croyances religieuses.
Après, il est évident que ce regard est facilité par le rôle des "héros" occidentaux, 3 membres d'un baleinier échoués sur la banquise et qui sont recueillis par des inuits (qui y parlent leur propre langue). Chacun de ses trois hommes incarnent une manière de réagir face à cette culture qui leur est inconnue : l'ouverture bienveillante, la curiosité réservée et la méfiance méprisante et condescendante via Warren Oates. De quoi mettre en scène le choc des cultures avec lucidité sans tomber dans le rousseauisme ni la fable parabolique. Pourtant le film évoque la contamination d'un peuple "primitif" par des individus "civilisés" qu'ils corrompent au travers de la possession, l'alcool et l'égoïsme. Kaufman parvient à n'être jamais théorique ou à verser dans "la thèse" pour privilégier le strict naturalisme et la quête d'une véracité.
Vraiment admirable et passionnant.
Même si c'est totalement injuste, je peux comprendre pourquoi
The white dawn fut un cuisant échec à sa sortie.
Gros regret en revanche pour la copie 16 mm totalement virée que la cinémathèque a projeté.