Nathan Juran (1907-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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hellrick
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par hellrick »

Autant j'aime beaucoup First Men on the Moon et Le 7ème voyage de Sinbad (que je préfère même à Jason pourtant souvent cité comme le meilleur film d'Harryhausen) autant j'avais trouvé Jack le tueur de géant médiocre comme une tarte à la crème mal cuite, tout dégoulinant de mièvreries non pas charmantes mais insupportables... enfin j'étais peut-être mal luné mais j'avais arrêté le film avant la fin (je l'avais déjà vu il y a des années et j'en avais un bon souvenir) et ça chez moi c'est très très rare :(
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André Jurieux
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par André Jurieux »

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TUMBLEWEED. QUI EST LE TRAITRE ? 1953

Jim Harvey, un cavalier solitaire découvre un indien blessé gisant au sol. C'est Tigre, le fils d'Aguila, chef de la tribu des Yakis sur lequel un blanc vient de tirer. L'homme tente de l'aider mais l'indien méfiant essaie d'abord de le poignarder puis finit tout de même par se laisser soigner. Plus tard, l'homme se joint à une caravane de colons qui rapidement est attaquée...par une bande de Yakis. Pressentant que les colons ne pourront pas résister longtemps aux assauts des indiens, Harvey met les femmes à l'abri dans une grotte avant d'aller au devant de la tribu. Il se présente comme un ami de Tigre mais ce dernier est absent et Aguila ne croit rien de l'histoire d'Harvey. Il le fait ligoter au sol et repart à l'attaque de la caravane. Pendant que les colons se font massacrer, la mère de Tigre qui a entendu que cette homme blanc a sauvé son fils, libère le jeune homme mais...trop tard...lorsqu'il rejoint la caravane, Il ne trouve aucun survivant.

Harvey se rend à la ville la plus proche. C'est la qu'on été amené les 2 rescapés, car les 2 femmes qu'il avait dissimulé ont été secouru et ont raconté leur histoire. Pourtant, tout le monde pense qu'il a abandonné la caravane de colons à son sort et a pris la fuite au lieu de tenter de parlementer avec les indiens. La foule tente même de le lyncher. Le shérif s'interpose et le met en prison...

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Je suis un peu gêné pour parler de ce western qui bénéficie d'une bonne réputation. Il n'est en effet pas dépourvu de qualités mais la mise en scène de Juran est par moment d'une telle nullité que çà gâche une peu (ou beaucoup, si l'on est moins indulgent que moi) le plaisir. Toute la fin notamment est honteusement bâclée et mise en scène de manière affligeante. Le site naturel trouvé pour le dénouement était pourtant superbe mais c'est comme si on avait dit à Juran, " Bon mon vieux, Faut absolument que tu finisses ce soir !"...Alors dans l'épilogue, on a tous les protagonistes qui surgissent de derrière le même rocher...Les bons, les méchants, la (future) fiancée, le fameux traitre, et bien sûr les indiens...Je caricature à peine tant ils semblent surgir les uns derrières les autres.

Avant cette épilogue navrant, il y avait pourtant de bonnes choses. Le point de départ est intéressant mais si on s'attend à un plaidoyer pro-indien...on aura tout faux. En effet, si Audie trouve un copain indien, ce qui peut s'avérer utile avec une tribu sur le pied de guerre, Juran n'en fait rien et si l'on revoie bien Tigre, c'est dans une seule séquence vite expédiée.

Comme l'indique le titre français, il y a bien un traitre parmi les blancs. Harvey avait repéré sur les lieux de l'attaque les traces d'un cheval ferré et il se demande si un blanc n'a pas acheté les indiens pour qu'ils s'en prennent à cette caravane. Mais pourquoi celle-ci ? C'est l'objet de ses recherches, l'identité du traitre et sa traque....Mais ce n'est pas non plus ce qui fait l'intérêt du film puisque Juran ne s'intéresse pratiquement pas à ce traitre. Le dénouement de l'intrigue arrivera d'ailleurs totalement accidentellement.

L'essentiel du film est en fait occupé par la fuite d'Harvey poursuivi par le shérif et ses hommes à travers des paysages montagneux et semi-désertiques. Un univers aride et très rude dans lequel la véritable vedette sera... Le cheval d'Harvey ! En effet, au cours de sa fuite, un fermier lui prête un vieux canasson décharné, plus proche d'une mule que d'un pur sang...mais c'est à ce cheval que notre héros devra la vie. Le canasson en question est un peu escaladeur, sait trouver de l'eau, etc...Comme dit A.P (qui m'énerve souvent à expédier les films en 3 lignes) et qui critique les westerns dans le guide des films de Jean Tulard au sujet de je ne sais plus quel film " Le plus malin c'est le
cheval ! ". Le titre Belge du film était d'ailleurs nettement plus fidèle au contenu du film que le titre français, c'était "L'étrange compagnon blanc". Toute cette partie n'est d'ailleurs pas dénuée d'humour et rien que pour çà, il est peut-
être à voir ...surtout pour les grands enfants.

De la à investir 17 e dans le prochain DVD Sidonis, pour moi ce sera non. C'est d'ailleurs à cause de la parution prochaine du DVD que j'écris ces quelques lignes. J'ai découvert ce film il y a bien longtemps grâce à un ami fan d'Audie Murphy qui l'avait sous-titré. La copie est moyenne et il faudrait peut-être revoir le film dans une copie restaurée car le chef op. du film était le grand Russell Metty. Or les extérieurs du film étaient assez spectaculaires mais bien mal utilisés par Juran...

Autre intérêt secondaire, la présence de la trop rare et charmante Lori Nelson...qu'on voit trop peu à l'écran.
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Jeremy Fox
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Jeremy Fox »

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Good Day for a Hanging (1959) de Nathan Juran
COLUMBIA



Avec Fred MacMurray, Margaret Hayes, Robert Vaughn, Joan Blackman, James Drury, Wendell Holmes
Scénario : Daniel B. Ullman, 1 Maurice Zimm
Musique : Diverses reprises dont celle de 3.10 pour Yuma
Photographie : Henry Freulich (ColumbiaColor 1.85)
Un film produit par Charles H. Schneer pour la Columbia


Sortie USA : Janvier 1959


Springdale, petite ville tranquille du Nebraska. La banque est attaquée par un groupe de hors-la-loi ; le hold-up tourne mal à cause d’un employé voulant jouer au héros mais qui au final n’obtient qu’une seule chose, la mort ! Une poursuite s’organise qui se termine également par un autre décès, celui du shérif Hiram Cain. Ben Cutler (Fred Mac Murray), qui se trouvait dans le groupe des poursuivants, réussit à désarçonner l’homme qu’il croit être le meurtrier, le jeune Eddie Campbell (Robert Vaughn), le blesse et le ramène en ville afin qu’il y soit jugé dans les règles. Il réussit à convaincre ses concitoyens de ne pas en passer par le lynchage d’autant plus qu’il connaît très bien le jeune homme, un orphelin qui fut autrefois épris de sa fille Laurie (Joan Blackmann). Peu après, on vient lui proposer de prendre la succession du défunt shérif. Il accepte. Au cours du procès, on se rend très vite compte que tous les participants au Posse ne sont pas certains que l’accusé soit vraiment le coupable. Seul Ben Cutler ne veut pas en démordre et son seul témoignage fait pencher le jury en faveur du verdict de culpabilité. Eddie Campbell est donc condamné à la pendaison. Mais, au fur et à mesure que l’échéance approche et que l’on monte le gibet en face de la prison, la population dans son ensemble, ému par la sincérité de l’accusé qui s’est écroulé en pleurs à la fin du procès, commence à changer son fusil d’épaule et à croire en son innocence. Ben Cutler, étrangement obstiné, se retrouve seul contre tous à vouloir que justice soit faite. Pourquoi un homme aussi bon et honnête peut-il en vouloir autant à ce jeune outlaw ? Pourquoi le fait d’avoir endossé l’insigne de Marshall lui fait perdre son flegme au point de le faire se battre à poings nus avec le futur gouverneur, alors avocat de la défense ? Souhaite-t-il cette pendaison pour que sa fille, toujours amourachée de ce "Bad Guy" et plus que jamais convaincue de son innocence, puisse s’en détacher définitivement ? Va-t-il risquer de perdre la femme qu’il doit épouser pour une simple question de fierté et de justice ?

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Nathan Juran qui en 1953 avait délivré pas moins de trois westerns très sympathiques pour la Universal (Quand la poudre parle - Law and Order avec Ronald Reagan, ainsi que Le Tueur du Montana - Gunsmoke et Qui est le traître ? - Tumbleweed, tous deux avec Audie Murphy) nous laissait sur un souvenir mitigé avec son western suivant réalisé en 1954, toujours avec Audie Murphy, La Rivière de la poudre. Intrigue cette fois bien trop banale et protagonistes bien trop caricaturaux pour arriver à nous captiver. Entre temps, le cinéaste n'avait plus abordé le genre. La surprise que constitue Good Day for a Hanging est d'autant plus grande qu'il s'agit ce coup-ci d'une véritable petite pépite oubliée du western. Et le terme 'oublié' est loin d’être galvaudé pour ce film car il semblerait que quasiment personne en France ne l’ait vu avant sa sortie en DVD. J’ai eu beau feuilleter tous les ouvrages français consacrés au genre et toutes les notules concernant Nathan Juran, personne ne l’a jamais ne serait-ce qu’évoqué, que ce soit en bien ou en mal. Il est donc temps de faire connaître ce très beau western au scénario passionnant. Avant ça, n'allant plus recroiser Nathan Juran au sein de ce parcours, refaisons un dernier rapide focus sur une carrière qui mérite qu'on s'y arrête. Né en Autriche, il a été directeur artistique à Hollywood dès 1937. Alors qu’il opère dans les services de contre-espionnage américain pendant la Seconde Guerre mondiale, il gagne un Oscar pour son magnifique travail pour Qu’elle était verte ma vallée de John Ford. Il vient à la mise en scène en 1952 avec The Black Castle, transposition des célèbre Chasses du Comte Zaroff. Il se consacre ensuite surtout au western, à la science-fiction et signe un film d’aventure, The Golden Blade, avec Rock Hudson et Piper Laurie, ainsi qu’un film de sous-marins dans lequel nous trouvons réunis Ronald et Nancy Reagan, Hellcats of the Navy. Sous le pseudonyme de Nathan Hertz, il réalise également à la fin des années 60 des séries Z aux titres ne manquant pas de piquant tels The Brain from Planet Arous ou Attack of the 50 Foot Woman. Mais il est aujourd’hui surtout réputé pour avoir tourné des films cultes dans le domaine du film fantastique 'féerique', précurseurs de l’Héroic-Fantasy, les indémodables Septième voyage de Sinbad (1958) et Jack, le tueur de géants (1962).

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S’il avait été diffusé en France, gageons que son western Good Day for a Hanging aurait été tout à fait à sa place dans tous les bons ouvrages sur le genre ! S’il n’a pas bénéficié d’une distribution à grande échelle, cela peut s’expliquer par son faible budget de départ. Un fait ne trompe pas : la minuscule société de production Morningside (qui ne comptera à son actif que cinq films) n’a même pas eu les moyens d’embaucher un compositeur pour la musique à moins qu'elle ait été victime de la grève des compositeurs qui sévissait alors à Hollywood ; elle a donc décidé de faire un 'mix' avec des scores déjà existants et écrits pour les westerns de la firme Columbia, distributeur du film. Good Day for a Hanging n’y a pas perdu au change puisqu’au final, il a bénéficié en partie de la somptueuse et poignante partition de George Duning pour 3h10 pour Yuma ainsi que d’extraits d’autres musiques composées par Mischa Bakaleinikoff ou Heinz Roehmeld pour ne citer que les plus connus ; et force est de constater que ce mélange tient assez bien la route. Le budget très resserré se voit aussi à l’image, le film ayant été tourné dans un procédé photographique plutôt fauché, le Columbiacolor. Mais Nathan Juran a trouvé des parades qui font que le film ne fait jamais vraiment 'cheap' ; au contraire, ces faibles moyens ne sont, dans le cas présent, absolument pas pénalisants et ne gâchent en rien la vision du film. Attention aux spoilers désormais !

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Le spectateur est happé dès la première séquence qui prend immédiatement le contre-pied des conventions habituelles. Le film débute avant le générique. Trois cavaliers surplombent une plaine au fond de laquelle caracole une diligence. Que pensons-nous qu’il va se passer ? L’attaque de la diligence évidemment ! Et bien pas du tout ! A l’intérieur de cette dernière se trouvent deux hommes que ces cavaliers n’ont pas l’air d’inquiéter. On comprend alors vite que ce sont tous des complices qui se dirigent en ville pour y effectuer un coup malhonnête. L’attaque de la banque qui s’ensuit est un modèle de suspense et de découpage, et se révèle superbement prenante. La poursuite qui s’engage, après le hold-up effectué, est également parfaitement rythmée et se termine par la mort du shérif et l’arrestation de celui qu’on pense être son meurtrier car, tout comme les six hommes du Posse, nous avons été les témoins de la scène qui va ensuite être discutée à bâtons rompues lors du futur procès. Disons d’emblée que le scénariste Daniel B. Ulmman, déjà auteur de l'excellent Fort Osage de Lesley Selander ainsi que du chef-d’œuvre de Jacques Tourneur, Wichita, en connaît un rayon question manipulation du spectateur. A tel point qu’il va m’être difficile d’analyser trop avant ce magnifique western sous peine de dévoiler les subtilités et les retournements de situations menés de main de maître par cet homme qui se tournera par la suite vers la télévision et signera d’innombrables épisodes de célèbres séries telles Le Fugitif, Les Mystères de l’Ouest, Mission impossible, Mannix...

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Au départ, toute la ville sera derrière le nouveau Marshall dans sa volonté de faire juger et condamner l’assassin du shérif bien aimé. Puis, à mesure de l’avancée de l’intrigue, après que nous nous soyons pris nous-mêmes de sympathie pour l’accusé, Ben Cutler, comme Gary Cooper dans High Noon (le train sifflera trois fois), va se retrouver seul contre tous, les citoyens décidant même de signer une pétition afin d’obtenir la grâce gouvernementale pour éviter une pendaison qu’ils jugent finalement inutile. Mais alors que dans High Noon, le spectateur se range aisément du côté de l’homme seul face à la lâcheté de ses concitoyens, l’intrigue du film de Juran est beaucoup plus complexe et subtile ; si nous sommes ravis de voir une populace pleine de bon sens, clémente et abhorrant la peine de mort (fait assez inhabituel pour un western de cette époque), nous ne savons pas quoi penser de l’attitude du Marshall car nous douterons tout du long quant à savoir si le jeune Eddie Campbell est innocent ou coupable malgré le fait d’avoir vu la séquence du 'meurtre'". Et c’est l’une des grandes forces de ce scénario de nous prendre à partie de la sorte ; de même que les témoins au procès, nous-mêmes ne sommes plus certains de ce que nous avons vu précédemment et nous nous demanderons jusqu’à la fin (et même après) si nous avons bien vu ce qui s’est réellement passé. Inutile de faire un retour arrière pour se repasser le chapitre, la séquence est assez intelligemment filmée et découpée pour ne jamais vraiment faire lever le doute. Grâce à cela, nous pouvons voir et revoir le film sans que l’effet de surprise soit éventé puisque l’interrogation se posera de nouveau à chaque vision.

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Mais le film ne serait pas aussi réussi s’il ne tenait que sur un scénario 'malin'. Le portrait de cette petite ville, de ses habitants et les notations, par petites touches sensibles, sur leur vie quotidienne sont remarquablement écrits ; la manière de s’attarder sur de petits détails rend quasiment tous les personnages véritablement attachants. L’avocat de la défense qui se saoule par dépit à chaque fois qu’il n’a pas réussi à sauver son client ; sa discussion avec le Marshall sur la manière de rendre l’exécution la moins voyeuriste et la plus digne possible ; le Marshall discutant le menu du jour avec sa future épouse ; cette dernière n’arrivant pas à comprendre l’acharnement que porte son homme sur l’accusé, outrée de le voir prendre en charge une exécution capitale et lui demandant de choisir entre son attachement à faire respecter la loi et son amour pour elle ; la fille du Marshall persuadée de l’innocence de l’accusé dont elle demeure amoureuse malgré ses mauvais côtés ; les deux gardiens de prison trinquant avec le condamné en lui souhaitant bonne chance ; la vieille veuve du shérif évoquant la pitié et la tristesse qu’elle éprouve pour l’assassin de son mari... Autant d’idées qui rendent ce film d’une incroyable richesse psychologique et par ailleurs très émouvant. Difficile de retenir ses larmes lors de la séquence qui voit l’accusé s’écrouler en pleurs après le verdict de culpabilité ; en larmes et complètement abattu, mort de peur de sentir la mort si proche, il demande néanmoins qu’on lui accorde une seconde chance, lui qui, orphelin de naissance n’en a jamais eu de sa vie, et qui se déclare innocent en acceptant malgré tout la décision du jury et le témoignage négatif du père de sa 'fiancée'.

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A ce propos, célébrons une interprétation d’ensemble de très grande qualité à commencer justement par Robert Vaughn qui nous émeut tant lors de la scène décrite ci-dessus. Le Napoleon Solo de la série Agents très spéciaux, campe ici un hors-la-loi loin de ses rôles habituels de tueur sanguinaire et sadique. Mais cet excellent casting est dominé comme il se doit par la star du film, Fred Mac Murray que l’on a eu trop peu souvent l’occasion de voir dans de bons westerns. L’acteur reste surtout dans la mémoire des cinéphiles comme ayant été le personnage principal de deux des plus grands films noirs romantiques, vampés successivement par Barbara Stanwick et Kim Novak dans Assurance sur la mort (Double Indemnity) de Billy Wilder et Du Plomb pour l’inspecteur (Pushover) de Richard Quine avant d’être l’inoubliable Jeff Sheldrake dans La Garçonnière (The Appartment) de Billy Wilder. Dans Good Day for a Hanging, il est admirable de sobriété et foncièrement attachant dans la peau de ce personnage finalement assez ambigu, honnête homme qui peut néanmoins avoir des réactions pour le moins étranges et, par exemple, se battre avec force violence en pleine rue pour des broutilles. Tous les seconds rôles sont aussi bien campés, et notons l’importance des femmes au cours de cette intrigue, avec, dans les personnages principaux, l’épouse et la fille du Marshall ainsi que la veuve du shérif, superbe Kathryn Card.

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La fin qui pourra décevoir au premier abord, ayant l’air d’avoir été imposée par la production pour finir sur une note plus conventionnelle, est assez curieuse. Faisant terminer le film sur une violence sèche et inattendue, contrastant avec tout ce qui a précédé, elle propose un revirement scénaristique assez brutal mais n’annihile pourtant pas grand chose et ne change finalement rien à la donne de départ : l’énigme reste entière. Il est certain que ce final atténue un tant soit peu ce que l’on avait pris à juste titre comme un film contre la peine de mort mais garde assez de mystère pour qu’on continue malgré tout à vouloir le croire. Ne pouvant pas en dire davantage de peur de déflorer les passages les plus importants du film, tout ceci vous paraîtra certainement un peu flou. Mais si seulement ces 'blancs' dans ma chronique peuvent vous donner l’envie de découvrir ce petit western formidablement réussi et très précieux par l’abondance de tout un tas de détails inhabituels, ma mission aura été réussie !

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Jeremy Fox
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Jeremy Fox »

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Qui est le Traître (Tumbleweed - 1953) de Nathan Juran
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, Chill Wills, Roy Roberts, Lori Nelson, Lee Van Cleef, Russell Johnson, Ralph Moody, Eugene Iglesias, Marge Meredith
Scénario : John Meredyth Lucas
Musique : Joseph Gersenshon
Photographie : Russell Metty (Technicolor 1.37)
Un film produit par Ross Hunter pour la Universal


Sortie USA : Décembre 1953

1953. Tumbleweed est à nouveau un véhicule pour la star incontestée du studio Universal dans le domaine du western, Audie Murphy. Jusqu’à cette date, dans le genre, le comédien mène un parcours sacrément agréable à visionner après un démarrage pourtant moyennement concluant dans la peau de Billy The Kid avec The Kid from Texas de Kurt Neumann. Durant les trois années qui séparent les deux films, le comédien a pris de l’assurance et n’est plus aussi tétanisé par la caméra ; il se révèle même ici tout à fait à l’aise et convaincant. Et de son côté, Nathan Juran de ne pas faire mentir l’adage ‘jamais deux sans trois’ ! Après Gunsmoke (Le Tueur du Montana) avec déjà Audie Murphy puis Law and Order (Quand la Poudre Parle) avec Ronald Reagan, Tumbleweed s’avère être à nouveau une très belle réussite de la série B westernienne. Non pas que le cinéaste pourra encore prétendre à cette occasion être considéré comme un très grand spécialiste du genre mais son modeste corpus aura pour l’instant eu le mérite d’être extrêmement sympathique ; il contiendra même plus tard un titre peu connu mais superbement réussi datant de 1959 : Good Day for a Hanging.

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Alors qu’il chevauche dans une région désertique, Jim Harvey (Audie Murphy) tombe sur un indien blessé, Tigre (Eugene Iglesias), fils d’Aguila, le chef de la tribu des Yaqui. Il le soigne et repart sur les conseils du jeune guerrier qui le prévient que son père n’est pas tendre envers les hommes blancs. Arrivé à Mile High, Jim prend le commandement d’un convoi de pionniers qu’il doit conduire jusqu’à Borax où ces derniers comptent s’établir. Pour ça, il faudra traverser le territoire des Yaqui ; mais Jim pense que le fait d’avoir sauvé le fils du chef sera un laissez-passer suffisant pour ne pas avoir d’ennuis. Pourtant, parti en éclaireur, Jim voit des signaux de fumée ; il rentre ventre à terre jusqu’à la caravane pour préparer la défense à une attaque qu’il estime imminente et prend soin de cacher les deux femmes du convoi. Après avoir repoussé un premier assaut, Jim décide d’aller parlementer avec le chef indien ; mais il échoue et se retrouve ligoté en plein soleil. Quand il se réveille, il se rend compte que la mère de Tigre est à ses côtés ; voulant le remercier d’avoir sauvé la vie de son fils, elle le délivre. Quand Jim arrive à Borax, il est accueilli avec hostilité ; on lui apprend que les membres de la caravane ont tous été massacrés à l’exception des femmes et on lui fait porter le chapeau, l’accusant de traitrise. Il a beau essayer de s’expliquer, les citoyens ne veulent rien entendre, ne souhaitant qu’une chose, le voir gigoter au bout d’une corde. Seule la jolie Laura (Lori Nelson), tombée sous son charme lors du voyage, croit en son innocence. Jim est sauvé par l’intervention du shérif (Chill Wills) qui le met en cellule jusqu’à ce qu’il soit équitablement jugé. Mais les habitants veulent faire le forcing ; heureusement, Tigre vient délivrer Jim en tuant son geôlier. Avant de succomber sous les balles des citoyens, l’indien avoue à Jim qu’un homme blanc était venu demander à son père de perpétrer le carnage. Jim s’enfuit, bien décidé à faire son enquête pour trouver ce délateur et prouver son innocence ; il va lui falloir faire vite puisqu’il est poursuivi par un Posse conduit par le shérif et que sa monture a été gravement blessée à la jambe…

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Tumbleweed est considéré par une majeure partie des fans d’Audie Murphy comme étant l’un de ses tous meilleurs westerns Universal. Et effectivement, même si on peut lui préférer A Feu et à Sang (The Cimarron Kid) de Budd Boetticher, sa réputation s’avère néanmoins tout à fait justifiée. Il s’agissait également parait-il d'un des westerns préférés d’Audie Murphy himself qui, justement avec ce titre, en est à son neuvième. L’on ne peut que constater en les voyant à la suite que son jeu s’affirme de film en film ; on ne peut évidemment pas dire que ce soit un grand acteur n’ayant, loin s’en faut, ni la classe de Randolph Scott ni le charisme d’un John Wayne ou la prestance d’un Gary Cooper (les adjectifs et les noms peuvent tout à fait s’intervertir ici), mais ça n’en fait pas pour autant un mauvais comédien ; il est bon de le rappeler à nouveau après des années de mépris à son égard. En tout cas, jusqu’à présent et plus encore dans Tumbleweed, Audie Murphy fait preuve d’une belle vitalité et s’avère tout à fait juste et crédible, non sans humour ni autodérision ; il avait même à nouveau demandé ici à ce que le look de son personnage soit encore plus réaliste qu’à l’accoutumée ; on le voit donc pas toujours très bien rasé, ses vêtements loin d’être très propres, son Stetson maculé de sueur et la chemise souvent sortie de son pantalon. Détails qui aujourd’hui feront sourire car allant de soi mais qui avaient leur importance à l’époque.

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Petit rappel de la biographie de Nathan Juran qui le mérite au vu des petits plaisirs qu’il nous aura procuré à maintes reprises. Né en Autriche, il fut directeur artistique à Hollywood dès 1937. Alors qu’il opère dans les services de contre-espionnage américain pendant la Seconde Guerre mondiale, il gagne un Oscar pour son magnifique travail en tant que directeur artistique pour Qu’elle était verte ma vallée (How Green was my Valley) de John Ford. Il vient à la mise en scène une dizaine d’années plus tard, en 1952, avec The Black Castle, transposition des célèbres Chasses du Comte Zaroff. Il se consacre ensuite surtout au western, à la science-fiction et au film d’aventure (The Golden Blade avec Rock Hudson et Piper Laurie) ; il tourne même un film de sous-marins dans lequel nous trouvons réunis Ronald et Nancy Reagan, Hellcats of the Navy. Sous le pseudonyme de Nathan Hertz, il réalisera également à la fin des années 60 des séries Z aux titres ne manquant pas de piquant tel The Brain from Planet Arous ou Attack of the 50 Foot Woman. Mais il est aujourd’hui surtout réputé pour avoir tourné des films cultes avec le procédé d’effets spéciaux ‘Dynamation’ (avec entre autre Ray Harryhausen aux manettes), les indémodables Septième voyage de Sinbad (1958) et Jack, le tueur de géants (1962). Mais revenons-en à son troisième western, encore un cran au-dessus des deux précédents.

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Sachant décidément se contenter d’un faible budget sans que ça ne se remarque de trop, si le cinéaste n’accomplit pas d’exploits particuliers, sa mise en scène demeure néanmoins parfaitement fonctionnelle et s’avère même parfois assez efficace notamment lors des scènes d’action (tout particulièrement le combat final au sommet de montagnes rocailleuses pour lequel le biographe d’Audie Murphy affirme que le comédien n’a pas été doublé ; une chose est certaine c’est que l’acteur est nerveux et qu’il frappe vite et fort) et encore plus lors de ces longues séquences d’avancée des protagonistes au sein de paysages désertiques, de sierras arides, écrasées de soleil et de chaleur (certaines séquences ont été tournées dans la Death Valley). On peut imputer également à Juran quelques originalités dans sa façon d’insérer de très gros plans sur les visages et de filmer parfois d’assez près, ce qui était peu courant pour l’époque, tout du moins dans la série B. Et puis, ses plans d’ensemble en plongée comme celui de l’arrivée au galop d’Audie Murphy auprès du convoi arrêté ou cet autre du haut d’une montagne voyant le groupe des hommes du shérif en contrebas, démontrent un certain sens de l’espace de la part du réalisateur qui s’avère tout du moins ne pas être un manche avec sa caméra. Il faut dire qu’il est grandement aidé par la très belle photographie de Russell Metty, le futur grand chef-opérateur des superbes mélos en couleurs de Douglas Sirk pour le même studio. A signaler également que le producteur de ce western n’est autre que celui de ces mêmes mélodrames de Sirk, Ross Hunter. Se pourrait-il que la qualité supérieure de ce film de série B proviennent des désidératas plus exigeants que la moyenne de ce producteur ?! Tout est possible !

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Pour en venir à l’histoire maintenant, elle se tient très bien avec le mélange idéal de romance (avec le personnage interprété par le charmante comédienne Lori Nelson, déjà à l’affiche de Bend of the River, et que l’on a trop peu eu l’occasion de voir au cinéma), d’humour (dans les dialogues surtout : "Fly with jailbirds and you get dirty wings") et d’action, sans oublier de nous distiller des messages certes un peu naïfs mais qui l’honorent, comme le fait de ne pas devoir juger quelqu’un (ou un cheval en l’occurrence) sur son apparence ("I told you it was the best horse I have"), avoir confiance en l’homme ou la femme que l’on aime, être tolérant ou encore déplorer la justice expéditive… Tout ceci sans mièvrerie grâce déjà à de très beaux portraits de personnages pour la plupart très attachants à commencer par celui du shérif interprété par un Chill Wills qui trouve peut-être ici l’un de ses plus beaux rôles. Il faut l’avoir vu jouer aux cartes avec son unique détenu et lui demander poliment de réintégrer sa cellule lorsqu’on vient le chercher pour aller faire un tour en ville ou encore dire à ce même prisonnier de quitter les lieux lorsqu’il faut faire la place à un nouveau prévenu. Et puis, même si c’est lui qui mène la poursuite du ‘faux coupable’, il ne conçoit aucune haine à son égard et ne souhaite en aucun cas le ramener mort. Autres protagonistes intéressants et touchants, ceux constituant le couple d’éleveurs de chevaux qui cache le fugitif au risque d’être sanctionné pour complicité. C’est l’épouse qui donnera à Lori Nelson une formidable leçon de loyauté, lui faisant comprendre que si elle aime aussi fort le fugitif, c’est qu’il doit être innocent, lui contant à cette occasion sa propre histoire, ayant sauvé son futur époux de la mort grâce à son entière confiance en lui ("give a guy a chance because I was given a chance once myself"). Et c’est son mari qui donnera le fameux Tumbleweed à l’homme qu’il souhaite sauver, un cheval qui ne paie pas de mine et qui fait dans un premier temps très mauvaise impression au ‘proscrit malgré lui’ mais qui s’avèrera intelligent, endurant et sacrément performant, sauvant à maintes reprises la vie de son nouveau maître.

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Car rappelons nous que le film tire son titre du nom du cheval et qu’il serait vain d’attendre une grande surprise ou un étonnant retournement de situation final probablement espéré au vu de son titre français qui nous mène une fois encore sur une mauvais piste ; le véritable traître n’intéresse qu’assez peu le scénariste : il s’agit plus d’un whodunit à la Hitchcock puisqu’on devine assez tôt son identité. Non, le plus important dans cette histoire c’est la manière qu’aura le personnage principal de se dépêtrer de la situation dans laquelle il s’est mis sans le vouloir, cherchant à prouver avec une grande détermination qu’il n’a été ni un couard ni un traître, croisant sur sa route assez de personnes ayant bon fond pour qu’il puisse se dire in fine que rien ne vaut la confiance et la tolérance, la débrouillardise et la haine des conflits pour arriver à s’en sortir. Un western qui par cette volonté démagogique (sans que ce ne soit aucunement appuyé et sans qu’il n’en passe par de la niaiserie) s’avère idéal pour nos chers têtes blondes. Ce n'est pas un film enfantin pour autant ; on trouve même quelques séquences assez sadiques comme celle des indiens voulant torturer notre héros en lui arrachant les paupières afin que le soleil lui brûle les yeux. Un des rares scénarios pour le cinéma d’un homme s’étant principalement tourné vers la petite lucarne, auteur d’histoires pour d’innombrables séries et non des moindres : Star Trek, Mannix, Zorro, Le fugitif, Kojak, L'homme qui valait trois milliards… On regrette du coup qu’il n’ait pas persévéré dans le domaine du western, lui qui lui avait apporté ici une fraicheur inattendue. Se terminant par un traditionnel happy end, ce très bon divertissement, certes routinier, aura été bougrement plaisant d’autant que la musique de Joseph Gersenshon s’avère toute aussi agréable que les images qu’elle accompagne. Une excellente surprise ; une pépite de plus du western Universal de série B.
André Jurieux
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par André Jurieux »

Jeremy Fox a écrit :
André Jurieux a écrit :-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

TUMBLEWEED. QUI EST LE TRAITRE ? 1953

Je suis un peu gêné pour parler de ce western qui bénéficie d'une bonne réputation. Il n'est en effet pas dépourvu de qualités mais la mise en scène de Juran est par moment d'une telle nullité que çà gâche une peu (ou beaucoup, si l'on est moins indulgent que moi) le plaisir. Toute la fin notamment est honteusement bâclée et mise en scène de manière affligeante. Le site naturel trouvé pour le dénouement était pourtant superbe mais c'est comme si on avait dit à Juran, " Bon mon vieux, Faut absolument que tu finisses ce soir !"...Alors dans l'épilogue, on a tous les protagonistes qui surgissent de derrière le même rocher...Les bons, les méchants, la (future) fiancée, le fameux traitre, et bien sûr les indiens...Je caricature à peine tant ils semblent surgir les uns derrières les autres.

A Or les extérieurs du film étaient assez spectaculaires mais bien mal utilisés par Juran...
Essaie quand même de le revoir grâce au très bon DVD Sidonis car après une seconde vision, je ne suis on ne peut plus en désaccord avec toi sur la mise en scène de Juran et sur l'utilisation des extérieurs. Avis plus complet à venir jeudi soir au plus tard.
Oui, de toute façon j'essaierais de le revoir dans de bonnes conditions. Pour préciser un peu ma pensée au sujet de la mise en scène de Juran, je suis d'accord avec toi partiellement, elle est par moment très efficace et même assez habile
dans son utilisation des extérieurs, notamment dans tout l'épilogue à partir de la poursuite à cheval et le duel (presque) final dans les rochers (C'est presque du Boetticher :wink: ) mais par contre, juste avant, toute cette partie à
laquelle je faisais allusion dans mon message précédant, durant laquelle tous les protagonistes ou presque font irruption dans cette petite cuvette les uns derrière les autres...à moins que tu ai vu un montage différent, je ne vois pas
comment on peut être indulgent avec Juran tant c'est bâclé.
Dans toute cette longue séquence, le sommet est atteint par le stratagème mis au point par Audie (et son cheval malin), et suivit aussitôt par les autres protagonistes, pour "pièger" les indiens... C'est bête et filmé comme un pied...Le pire
c'est qu'avec un peu d'imagination et...peut-être un peu plus de sou et donc de temps de tournage, il y avait moyen de faire bien mieux.

Maintenant j'y ai vu aussi beaucoup d'idées intéressantes, à commencer je l'ai déjà dit par tout ce qui tourne autour du cheval. C'est un peu naïf mais original, assez drôle et insolite.

-Le cheval, plus mule que pur sang qui escalade des passages inaccessible pour les autres chevaux. Qui trouve de l'eau dans le désert, etc...

A revoir donc pour cette originalité là. En tout cas pour moi.
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Jeremy Fox
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Jeremy Fox »

André Jurieux a écrit : mais par contre, juste avant, toute cette partie à
laquelle je faisais allusion dans mon message précédant, durant laquelle tous les protagonistes ou presque font irruption dans cette petite cuvette les uns derrière les autres...à moins que tu ai vu un montage différent, je ne vois pas
comment on peut être indulgent avec Juran tant c'est bâclé.
Dans toute cette longue séquence, le sommet est atteint par le stratagème mis au point par Audie (et son cheval malin), et suivit aussitôt par les autres protagonistes, pour "pièger" les indiens... C'est bête et filmé comme un pied...Le pire.
Je l'ai regardé attentivement et n'y ai rien vu de ce que tu décris. Le stratagème monté par Audie Murphy est assez original (le cheval qui fait le mort) et la séquence d'action qui suit est assez efficace, je trouve.
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par André Jurieux »

Jeremy Fox a écrit :
André Jurieux a écrit : mais par contre, juste avant, toute cette partie à
laquelle je faisais allusion dans mon message précédant, durant laquelle tous les protagonistes ou presque font irruption dans cette petite cuvette les uns derrière les autres...à moins que tu ai vu un montage différent, je ne vois pas
comment on peut être indulgent avec Juran tant c'est bâclé.
Dans toute cette longue séquence, le sommet est atteint par le stratagème mis au point par Audie (et son cheval malin), et suivit aussitôt par les autres protagonistes, pour "pièger" les indiens... C'est bête et filmé comme un pied...Le pire .
Je l'ai regardé attentivement et n'y ai rien vu de ce que tu décris. Le stratagème monté par Audie Murphy est assez original (le cheval qui fait le mort) et la séquence d'action qui suit est assez efficace, je trouve.
OK. Je ne l'ai pas revu mais çà donne à peu près ceci.

-Plan sur le groupe de blancs à l'abri derrière des rochers
-Plan sur les indiens perchés sur une falaise à moyenne distance
-Dialogue entre Audie et les autres hommes. Il les prévient de la stratégie à venir (Le coup de l'opossum)
-Il s'avance seul avec son cheval et se couche dans un creux du terrain.
-Plan sur le ciel qui montre des nuées de vautour (Du temps passe...)
-Toujours de jour...Les autres hommes ont rejoint Audie et "font le mort"
-Les indiens descendent de la falaise, approchent, descendent de cheval et à très courte distance sortent leurs couteaux.
-Les blancs terrés au sol commencent à tirer.
-Plan en légère contreplongée et à très courte distance sur les indiens qui s'effondrent les uns après les autres...

Avoue que le Yakis est pas très fufute...C'est une ruse qui a du être reprise d'un Mickey Parade ou vu dans le manuel des castors juniors. Comme disait Hitchcock, voici une scène qui ne satisfera pas nos
amis les "vraissemblants" et je suis d'accord avec lui pour les trouver parfois fatigants, mais quand même, y'a un minimum d'habilité et de crédibilité que Juran, encore une fois selon moi, n'atteint pas ...
et cette scène n'est pas isolée. C'est d'ailleurs d'autant plus dommage que le film par certains aspects est par ailleurs très original et au minimum plaisant.
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Jeremy Fox
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Jeremy Fox »

Je ne vois pas le rapport entre ce que tu décris et la mise en scène ; là tu critiques le scénario d'après ce que je crois comprendre.
André Jurieux
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par André Jurieux »

Jeremy Fox a écrit :Je ne vois pas le rapport entre ce que tu décris et la mise en scène ; là tu critiques le scénario d'après ce que je crois comprendre.
Mais oui, çà s'appelait un scénario...avant le tournage. Ce que je décris c'est tout de même bien ce que l'on voit à l'écran et je fais bien état d'une partie
des parti-pris de mise en scène de Juran...
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Jeremy Fox
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Jeremy Fox »

André Jurieux a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Je ne vois pas le rapport entre ce que tu décris et la mise en scène ; là tu critiques le scénario d'après ce que je crois comprendre.
Mais oui, çà s'appelait un scénario...avant le tournage. Ce que je décris c'est tout de même bien ce que l'on voit à l'écran et je fais bien état d'une partie
des parti-pris de mise en scène de Juran...
Bon disons que je ne vois pas ce qui pourrait nous faire croire au vu de ta description que la mise en scène est nulle.
André Jurieux
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par André Jurieux »

Jeremy Fox a écrit :
André Jurieux a écrit : Mais oui, çà s'appelait un scénario...avant le tournage. Ce que je décris c'est tout de même bien ce que l'on voit à l'écran et je fais bien état d'une partie
des parti-pris de mise en scène de Juran...
Bon disons que je ne vois pas ce qui pourrais nous faire croire au vu de ta description que la mise en scène est nulle.
Mais encore ?...C'est une information mais c'est un peu court.

Depuis le début de ce nouvel échange, j'apporte quelques arguments et je peux poursuivre.

Non seulement le piège à l'air d'être sorti d'un manuel des castors juniors mais pourtant même avec ce matériel brut issus du scénario un minimum d'imagination dans la
mise en scène de Juran aurait pu un peu améliorer la scène et la rendre plus crédible.

Les courtes séquences décrites une à une dans le message précédant s'enchainent sans nuances, sans jouer sur le temps, sauf un très bref plan sur les nuages. Or, il y avait
moyen par exemple de dilater le temps sur une ou deux séquences intermédiaires pour rendre plus crédible l'épuisement des blancs...et par voie de conséquence la mise
à découvert des indiens. C'est une idée de mise en scène assez élémentaire que rate Juran et on pourrait multiplier les exemples .

Même chose dans la suite de la séquence. Juran ne prend pas assez de distance avec la scène et on a l'impression que les indiens découvrent le stratagème alors qu'ils ont "le
nez dessus"....Etc, etc...

Comme je l'ai dit, les ratages peuvent peut-être s'expliquer par le manque de moyens et le temps de tournage (qu'il faudrait connaitre) mais à mon avis Juran ne devait pas
avoir le temps de lambiner sur ce genre de production.
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Père Jules »

Tu confonds montage et mise en scène.
André Jurieux
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par André Jurieux »

Père Jules a écrit :Tu confonds montage et mise en scène.
Je vois que tu prends le relais...

Non, pas le montage. Les 3 étapes : scénario, tournage, montage.

Les arguments que j'avance pour relativiser le savoir faire de Juran concerne plusieurs étapes du travail accompli sur ce film. Comme le disait Jeremy,
tout ou une bonne partie de l'objet de mes critiques étaient déjà sans doute dans le scénario...Mais que je sache la plupart des metteurs en scène doué d'un
minimum de personnalité sont capables d'apporter leurs touches personnelles à des scènes mal conçues...et de les améliorer au tournage. Ici, ce n'est pas le
cas.

D'autre part, dans ma description des plans successifs, lorsque je précisais qu'il manquait des plans qui auraient permis de rendre plus crédible cette longue
séquence, çà concerne tout de même bien la mise en scène...et seulement ensuite, à l'étape suivante, effectivement le choix définitif des plans de la séquence
aurait été fait au montage.

Dans la séquence concernée, les défauts que j'y trouve concernent ces 3 étapes :
le scénario, la mise en scène et le montage...Ce qui fait un bon cumul.
Lord Henry
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Lord Henry »

Jeremy Fox a écrit :The Brain from Planet Arous
A vrai dire, beaucoup de cinéphiles bis se souviennent essentiellement de lui pour ce titre - qu'il a d'ailleurs signé Nathan Hertz:

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Jeremy Fox
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Re: Nathan Juran (1907-2002)

Message par Jeremy Fox »

Il est clair que Nathan Juran n'est ni Mann ni Boetticher ni même De Toth. Cependant, j'ai beau avoir regardé cette séquence avec attention, rien ne m'a fait penser que la mise en scène était nulle. Conventionnelle si tu veux, sans génie non plus mais néanmoins assez efficace pour un film probablement tourné en 15 jours et avec les moyens du bord. Je ne me suis pas dit à aucun moment "punaise c'est invraisemblable". Et puis si je commençais à me poser de telles questions, je pourrais trouver à redire sur 95% des films et ça ne m'intéresse pas. C'est clair que dans la réalité, les blancs se seraient tous fait tuer mais nous sommes dans de la série B ; je suis assez peu exigeant je l'avoue.

Bref, pour moi, la mise en scène de Nathan Juran à la Universal est 100 fois plus efficace et inventive (dans ce film aussi d'ailleurs : on trouve de splendides plans en plongée du haut des montagnes, des gros plans inhabituels pour l'épique...) que celle d'un Edwin L. Marin ou tout autres tâcherons à la Warner.
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