Produit au début des années 2000, 3 Histoires De L’Au-Delà semble avoir vu le jour pour surfer sur l'engouement post-Ring pour l'horreur asiatique. Ce film à sketch offre ainsi trois histoires par trois réalisateurs de nationalités différentes (Corée, Thaïlande, Hong-Kong) mettant en scène quelques éléments de la culture locale. Ironiquement, le meilleur segment reste le Souvenirs de Kim Jee-Woon qui n’exploite pas vraiment de folklore. Lors de la sortie en salles, Souvenirs fut rapidement résumé comme un brouillon de 2 Sœurs. Il est clair que la filiation entre les deux œuvres est évidente. Jee-Woon joue de manière similaire sur le montage et la notion de perception pour créer une prenante atmosphère de confusion. Toutefois, à l’inverse de 2 Sœurs, la finalité de l’histoire se devine aisément dans le cas présent. Le film reste brillant néanmoins grâce à l’emballage très classieux qu’en fait Jee-Woon. Magnifiques compositions de cadre et mouvements de caméra judicieux donnent un sacré cachet à ce segment. Le rythme très posé participe également à la fascination de l'objet.
Dans une moindre mesure, Chez Nous de Peter Ho-Sun Chan bénéficie du même constat. L’introduction est pourtant assez horripilante. Un père emménage avec son fils dans un immeuble sur le point d’être démoli. Les seuls autres occupants sont un homme inquiétant, sa femme paralysée et leur petite fille. Le début fait croire que l’on va assister à un ersatz de Dark Water (le film d'Hideo Nakata est sorti la même année). Le certain soin dans les images (la présentation des lieux, l’utilisation des miroirs…) permet de ne pas s’ennuyer mais l’ensemble n’est pas passionnant pour autant. Or surprise, le segment change du tout au tout à mi-parcours. Plutôt que de se concentrer sur l’enfant, l’attention se reporte sur le personnage du père. A l’histoire de fantôme attendu se substitue une tragicomédie en huis-clos pour le moins savoureuse. Malgré ce revirement, la conclusion de l’histoire reste cela dit prévisible comme sur Souvenirs. Mais, à quelques effets de style foirés près, Chez Nous arrive à affirmer une identité touchante et habile.
Entre ces deux sketchs, le thaïlandais Nonzee Nimibutr aura lui offert le segment le moins intéressant. La Roue propose une histoire de marionnettes maudites là encore assez classique. Le caractère exotique et l’ambiance mystérieuse qui en ai tiré assure toutefois un minimum le spectacle. Malheureusement, la mise en scène collectionne les tics et effets de style pompeux. Aux quelques ratages du même cru dans Chez Nous, La Roue verse dans une surenchère gâchant petit à petit l’intérêt. C’est heureusement le segment le plus court de l’anthologie qui du coup laisse une impression plutôt positive.