Henry King (1886-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kimm
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Re: Henry King (1886-1982)

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Profondo Rosso a écrit :
bruce randylan a écrit :Ah tiens, c'est étonnant, ce film ci n'est pas réputé pour créer l'enthousiasme. Moi-même j'avais vraiment lutté pour tenir jusqu'au bout... Peut-être le plus faibles des King que j'ai vu jusque là (et j'ai vu Cette terre qui est mienne :| )
A réhabiliter ! Son autre adaptation d'Heminghway Les Neiges du Kilimandjaro m'avait paru très poussive mais là vraiment un beau film. Mais je peux comprendre qu'on décroche, le script s'attarde longuement sur l'ambiance festive et hédoniste avant de distiller lentement le désenchantement des personnages c'est très progressivement amené. Il y a pas de grand pic dramatique, c'est un désespoir diffus tout au long du film ce qui peut laisser de côté si on accroche pas mais pour moi ça a fonctionné. et formellement c'est vraiment somptueux... Après son mélo ultime à King ça reste La Colline de l'adieu :cry: rah Jennifer Jones !
Je n'ai pas encore vu LE SOLEIL SE LEVE AUSSI, mais au vu de tes critiques, Profondo, c'est tout à fait le genre de film que j'affectionne....Il y aurait comme une sorte de fatalité qui s'abat sur les personnages, saccagant leurs vies, au point que ceux-ci ne puissent se raccrocher à quelque chose; cela fait étrangement echo à la vie d'Ava Gardner...

Elle sera une parfaite héroïne de Tennessee Williams dans LA NUIT DE L'IGUANE, avec cette thématique du désanchantement et de la conduite addictive.
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feb
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par feb »

Tol'able David (1921)

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Parfaitement représentatif du style Americana, Tol'able David est un film dont l'histoire simple, touchante et belle est parfaitement mise en image et en scène par Henry King. Le réalisateur ancre son film dans l'Amérique des années 1900 et, par le biais d'un tournage en décors naturels et d'un choix judicieux de ses interprètes, rend son métrage touchant et juste. Dans le rôle de ce "Tolerable" David, Richard Barthelmess est parfait de simplicité, de bonté et de naturel. L'acteur, agé de 26 ans mais en faisant 16 ans, est tout à fait crédible en jeune garçon, qui ne peut encore prétendre à travailler pour gagner sa vie comme son grand frère et qui n'a pas encore les épaules assez solides pour remplacer son père. A ses cotés, Gladys Hulette incarne Esther, une jolie voisine, dont David est amoureux et à qui il n'arrive pas à dire ses sentiments. La jeune actrice est elle aussi très touchante dans son rôle et forme un joli couple avec le héros du film. Enfin il est impossible de ne pas mentionner Ernest Torrence, dont le visage dur et la grande carrure conviennent idéalement au rôle. Les autres interprètes du film sont également bons mais ce sont réellement ces 3 derniers qui font le film, le rendent si touchant et lui donnent force, émotion, violence et tristesse.
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Forcé par le destin à grandir plus vite que prévu, David va devoir passer outre la perte de son compagnon à 4 pattes, la mort de son père et la paralysie de son frère. Plutôt que se lancer dans une vengeance aveugle où il risquerait de perdre la vie, le jeune garçon va prendre sur lui et devenir l'homme de la maison, ce qu'il a toujours voulu être. Alors que les 3 responsables de son malheur ont la main mise sur la ferme de la jeune Esther et de son père et que le shériff local ne semble être d'aucune aide, David va se venger lors d'une scène finale intense où il va être confronté aux 3 hors-la-loi. Tel David contre Goliath, David va affronter celui qui est à l'origine de son malheur et de la destruction de sa famille dans une scène où Henri King insuffle une tension qui monte crescendo. Par un montage qui oppose l'affrontement entre les 2 hommes à la course de la jeune Esther, partie chercher de l'aide au village voisin, le réalisateur nous offre une fin de film superbe où la violence du combat et le déséquilibre des forces nous préparent à un résultat quasi-attendu...King place sa caméra à l'extérieur de la maison où il filme une porte qui semble hésiter entre s'ouvir et se fermer. Au moment où elle s'ouvre, on découvre l'issu de ce combat et ce n'est plus "Tol'able" David qui descend difficilement les marches mais simplement David.
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Tol'able David est un film d'une grande beauté et dont l'histoire est à la fois simple, belle et forte. Simple car elle cherche à nous conter la vie d'une famille de paysans dans l'Amérique de la fin du 19ème/début du 20ème siècle sans aucun artifice, ni fioriture. Belle car elle nous montre un amour naissant entre 2 personnes qui vont être séparées par un malheur mais qui vont passer outre cette épreuve pour se déclarer leurs sentiments. Forte car marquée par la perte du fidèle compagnon, par la mort du père - symbole du chef de famille sur lequel tout repose - et par l'accident du frère, épreuves qui vont bouleverser David. Henry King gère idéalement ses 3 éléments clés et fait du film un formidable instantané de cette période de l'histoire américaine que d'autres réalisateur comme Borzage, Ford ou Griffith ont aussi pris soin de filmer.
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Tendre est la nuit (1962)

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Nicole est une jeune femme très riche internée en hôpital psychiatrique dans les années 20 en Suisse. Son docteur Dick Diver la soigne et parvient à la guérir. Mais il est tombé amoureux d'elle et l'épouse. Son train de vie désormais aisé le plonge dans l'oisiveté. Il délaisse son travail à la clinique...

Jennifer Jones retrouvait sur Tender is the night celui qui sut tirer d'elle deux de ces prestations les plus envoutantes dans les magnifiques La Colline de l'adieu et Le Chant des Bernadette (ce dernier valant son seul Oscar à l'actrice). Ce serait également un sorte de chant du cygne pour ces emblèmes de l'âge d'or hollywoodien puisque Jennifer Jones (qui effectuait là son grand retour après l'échec cuisant du remake de L'Adieu aux armes produit par David O'Selznick) allait se faire bien rare sur les écrans par la suite tandis qu'il s'agit tout simplement du dernier film d'Henry King. Tender is the night s'inscrit dans la veine des adaptations littéraires prestigieuses que signa King dans les années 50 et notamment Hemingway (Le Soleil se lève aussi, Les neiges du Kilimandjaro) et c'est à un autre auteur de la "Génération Perdue" qu'il s'attaque ici avec un des plus fameux romans de F. Scott Fitzgerald. L'auteur y mêlait brillamment ce regard désabusé sur l'existence oisive et sans but de ces américains perdus dans les délices de l'Europe (notamment la Riviera où se déroule une grande partie de l'action) tout en y incluant une facette plus personnelle avec le personnage déséquilibré de Nicole Diver inspiré de sa propre épouse Zelda en proie à des troubles psychologiques et internée.

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Dick (Jason Robards) et Nicole Diver (Jennifer Jones) sont donc les principales attractions de la prestigieuse communauté américaine de la Riviera, beaux, riches et heureux en famille. Henry King déploie sa maestria visuelle la plus flamboyante pour magnifier cette Riviera paradisiaque, la prestance de Jason Robards et la beauté de Jennifer Jones bien aidé par la photo superbe de Leon Shamroy. C'est une forme de poudre aux yeux servant à masquer le réel malaise qui ronge le couple et se révèlera le temps d'une énième soirée mondaine où Nicole entrera dans une terrible crise nerveuse éveillée par le rapprochement de Dick avec la jeune actrice Rosemary Hoyt (Jill St John). Après avoir ainsi fissuré cette belle image idéalisée, la narration entame un flashback où nous découvrons quelques années plus tôt la première rencontre entre Dick et Nicole lorsqu'elle était internée et lui son psychanalyste. Bien que très fidèle au livre, King fait le choix de concentrer toute son attention sur son couple autodestructeur et laisse volontairement de côté tous les personnages secondaires. Alors que dans le livre on avait un réel triangle amoureux entre Dick, Nicole et Rosemary, cela est oublié ici ou largement atténué par la prestation de Jill St John qui fait de l'innocence touchante du personnage papier vivant ses premier émois amoureux une véritable cruche à l'écran (elle confirmera son "talent" quelques années plus tard en campant la plus gourde des James Bond Girls dans Les Diamants sont éternels pourtant la concurrence était rude).

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Les plus beaux moments du film sont donc ces moments de romantisme fragile où Dick et Nicole se rapprochent mais signent aussi leur perte par l'ambiguïté de leur relation. Subjuguée par la beauté et la candeur de sa patiente, Dick s'égare entre ses devoirs de praticien et ses sentiments (cette sortie de l'hôpital qui prend une drôle de tournure, les retrouvailles où il ne peut se résoudre à la repousser) et Jason Robards délivre une prestation très subtile . Jennifer Jones était quant à elle la seule à pouvoir incarner Nicole Diver à travers ce mélange de fièvre et de fragilité qu'elle sait si bien exprimer. On sent d'ailleurs une maîtrise accrue dans l'expression de cette folie par rapport aux personnages incandescent qui l'ont fait connaître (Duel au soleil, La Renarde, Ruby Gentry) dans la manière d'amorcer ce trouble mental de manière plus progressive et moins démonstrative tel ce regard qui se fait de plus en plus incertain lors du dîner mondain alors que son attitude ne laisse pas supposer la crise qui va suivre.

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King dépeint avec une grande justesse le lien qui unit mais sépare également ses héros. Dès le départ, le rapport est biaisé avec le manque de repère de Nicole (on est d'ailleurs étonné que le script reprenne tel quel l'origine de ces maux à savoir un inceste...) qui nécessite un être fort et soutient de tous les instants qui saura la raccrocher au monde réel. Dick sera celui-là en étant père, mari, amant et psychanalyste pour elle mais au prix de ces propres aspirations personnelles (le tourbillon de voyages en Europe où sous la joie se profile le renoncement progressif) et de son ambition. Lorsqu’usé par toutes ses années vouées à une seule et même personne il perdra pied, il tombera du piédestal où Nicole l'avait placé en perdant ainsi son amour en étant redevenu un être humain avec ses failles à ses yeux.

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King et le scénariste Ivan Moffat pêche simplement par excès de fidélité au livre dans la dernière partie alors qu'ils avaient si bien su élaguer au départ (Tom Ewell étant un peu sacrifié malgré une bonne prestation en Abe North, Joan Fontaine teinte en blonde s'en sort mieux en superficielle Baby Warren). L'épilogue est donc très longuet dans sa description de la déchéance de Dick et de l'enlisement du couple à travers de poussive scène d'alcoolisme. Cela passait à l'écrit mais lasse grandement à l'image. Heureusement une poignante scène finale conclu l'ensemble dans une paisible et inéluctable résignation où l'amour toujours présent ne suffira pas au chemin différents empruntés. King n'égale pas les grandes réussites d'antan avec ce chant du cygne, la faute à un côté un peu figé et daté (même par rapport à des mélos de cette même période) mais signe néanmoins un joli film et une belle adaptation.4/6
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par magobei »

L'homme de fer (1949)

En 1942, une escadrille de B17 - les fameuses "forteresses volantes" - teste les bombardements en plein jour, en France et en Allemagne. Les pertes sont lourdes, le moral bas. Les hommes ont besoin d'un électrochoc, et c'est le général Savage (Gregory Peck) qui va se charger de l'administrer...

Drôle de film de guerre que ce Twelve O'Clock High: Henry King s'attarde surtout sur le personnage de Savage, tiraillé entre la priorité donnée au succès de la mission et la vie de ses hommes. Intraitable au début, "l'homme de fer" Savage finit par s'émousser. Il se prend d'affection pour ses ouailles et craque, n'ayant plus la tête suffisamment froide pour diriger une unité de combat. A travers cette belle étude de caractère, c'est à une sorte de démonstration que se livre King: à plusieurs reprises dans le film, des officiers se demandent si on peut calculer, quantifier l'"effort maximum" à exiger d'un soldat. Réponse: non, mais même les meilleurs, même les plus durs ont leurs limites.

Particularité, la guerre reste le plus longtemps hors-champ, surtout présente par le décompte angoissant des B17 de retour de mission: combien d'équipages perdus cette fois? Le film dépeint en quelque sorte les "coulisses" des raids, se déroulant à 90% sur la base, au mess, dans les chambrées - ce en quoi il fait penser un peu au Battle Cry de Walsh. Ce n'est que dans le dernier quart du métrage qu'on embarque dans la carlingue pour un raid - le film recourt alors largement à des stock shots fournis par l'Air Force et la Luftwaffe, comme nous l'apprend un carton lors du générique.

Malgré cette portion congrue réservée à l'action, L'homme de fer est un film rondement mené, tenu et passionnant tout au long de ses 2h12.

7/10
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

The Bravados (1958)

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Le cow-boy Jim Douglass traque quatre hommes, de passage près de son ranch en son absence lorsque sa femme fut violée et assassinée. Il les retrouve alors qu’ils ont été emprisonnés par le shérif d’une petite ville. Sur le point d’être pendus, les bandits réussissent à s’échapper grâce à l’aide d’un complice. Les habitants et Jim se lancent à leur poursuite.

Dernier western réalisé par Henry King, The Bravados signe aussi l'aboutissement de thématiques développée dans deux de ses autres incursions marquantes dans le genre, Le Brigand bien-aimé (1939) et La Cible Humaine (1959). Les deux films montraient deux personnages embarqués sur le chemin d'une vie hors-la-loi, pour une noble cause ou par accident et qui finissaient par y perdre leur âme. Le Brigand bien-aimé, biographie romancée de Jesse James explorait l'ensemble de ce cheminement tandis que le très noir La Cible humaine se penchait uniquement sur la fin où le pistolero Gregory Peck las d'une vie de violence ne pouvait désormais plus échapper au destin promis par la voie qu'il avait emprunté. The Bravados est dans cette veine en suivant l'odyssée vengeresse de Jim Douglass, traquant impitoyablement les quatre hommes responsable du viol et du meurtre de son épouse.

Le début du film tant par ses situations que par le jeu monolithique de Gregory Peck semble illustrer un point de non-retour pour notre héros. Taciturne et glacial, il ne semble vivre que dans la perspective de voir les quatre criminels morts, son regard ne s'animant que lors du bref face à face où il ira les identifier en prison. La brève rédemption possible entrevue pour Douglass se voit d'ailleurs éteinte par l'évasion des malfrats (avec une incohérence énorme le complice extérieur s'évaporant totalement du récit une fois son aide accompli) qui le relance dans sa traque. Henry King orne Peck d'une aura quasi surnaturelle en ange noir de la vengeance que rien ne détournera de son but, préfigurant le Clint Eastwood de Pendez les haut et court ou Josey Wales. Il apparait à ses ennemis de manière spectrale (lorsqu'il surgit à l'arrière d'un Lee Van Cleef en embuscade pour le tuer), semble invulnérable lorsqu'il s'apprête à abattre son bras vengeur tel ce moment où il chevauche entre les arbres échappant au balles tirées en vain par son adversaire. Les exécutions sont également impitoyables, avec un Peck le regard fou se faisant juge, jury et bourreau malgré les supplications de ses ennemis. L'habituellement peu charismatique Stephen Boyd s'avère ici le plus abject d'entre eux, violeur au regard torve (avec un moment très malsain où il malmène une jeune fille prise en otage) dont on n’a aucun mal à imaginer coupable du crime dont on l'accuse.

C'est d'ailleurs là que le bât blesse, le film est particulièrement convaincant dans l'escalade vengeresse mais inégal dans la voie de la rédemption qu'emprunte le script dans sa dernière partie. Les derniers instants remettent quelque peu en cause la culpabilité des victimes de Peck, aussi abjectes soit-elles. Seulement les rebondissements son assez grossièrement amenés et le personnage de Joan Collins, garde-fou de Peck durant ses exactions est des plus transparents. Pire, elle le poussera même finalement au crime durant une scène contredisant ainsi le pivot paisible et l'avenir qu'elle peut représenter pour lui. Malgré la belle ironie de la séquence finale (Peck applaudi par la foule pour des tueries pour lesquelles le remord le ronge désormais), la conclusion est un peu poussive malheureusement. Sur un sujet similaire, le chef d'œuvre de Boetticher Decision at Sundown était bien plus radical et dans une optique plus rédemptrice le futur Josey Wales d'Eastwood est bien plus subtil. Prenant malgré tout et une nouvelle fois formellement somptueux, notamment la photo de Leon Shamroy sur les stupéfiantes scènes nocturnes bleutées. 4/6
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Sybille
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Sybille »

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Carousel
Henry King (1956) :

Eh bien, au fil des visionnages, je m'aperçois être plutôt bon public pour ce qui est des adaptations filmées de Rodgers & Hammerstein. :lol: :D
Ce "Carousel" est ainsi dans la bonne moyenne. Sur l'intrigue : une histoire d'amour mélodramatique, aux péripéties déjà vues, aux sentiments prévisibles, mais dont l'ensemble est loin d'être agaçant. Comme dans "Oklahoma", on y retrouve le couple Gordon MacRae / Shirley Jones, convainquants et plutôt agréables à suivre. L'histoire ayant été en partie filmée en décors naturels, quelques beaux paysages de bord de mer font leur apparition, dotés d'une ambiance port de pêche en Nouvelle-Angleterre, certes fugitive et évidemment 'pittoresque', mais qui reste néanmoins une plus-value appréciable.
Au sujet de la partition musicale, elle se laisse toujours bien écouter, avec des numéros souvent (un peu trop ?) longs. Il y a d'excellents morceaux : l'instrumental et étonnant "Carousel Waltz" (même si on aurait pu en faire un meilleur usage je pense), le beau duo sentimental "If I loved you", le poignant "You'll never walk alone". Les morceaux plus entraînants, plus enjoués, même s'ils sont de qualité et s'intégrent sans problème à l'histoire, m'ont davantage déçue, j'y ai moins trouvé mon compte. Les passages dansés sont assez mystérieux : de même que dans "Oklahoma", j'ai l'impression qu'ils manquent d'ampleur, d'espace pour se déployer, qu'ils sont ambitieux sans réel résultat positif. Les musicals de Rodgers/Hammerstein valent pour moi essentiellement grâce à leurs chansons, je suis moins convaincue par la danse, au cinéma tout du moins. 6,5/10
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Jeremy Fox
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Jeremy Fox »

Sybille a écrit :Les musicals de Rodgers/Hammerstein valent pour moi essentiellement grâce à leurs chansons[/u]
C'est clair ; à l'exception notable de La Mélodie du bonheur où (en plus de ça) Wise s'amuse comme un petit fou avec sa caméra et nous en met plein la vue ; ce qui manque aux autres à mon avis : une bonne mise en scène car la musique est presque toujours géniale. Pour moi, le King est le moins bon de tous.
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Profondo Rosso
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

Margie (1946)

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Une mère raconte sa dernière année de lycée à sa fille : ses amours, son bal de fin d'année, le professeur de français, sa petite culotte.

Henry King réalise là une charmante comédie, sorte de lointain ancêtre dessinant avec candeur les contours du teen movie tel qu'il naîtra en partie avec La Fureur de Vivre (en plus torturé) lors de la décennie suivante. Ici, cette vision de l'adolescence se fait par la voie nostalgique où remontant les objets du passé (photos, gramophone, culotte ! Tous ayant leur importance dans l'histoire) dans un grenier à vider une mère va raconter à sa fille curieuse ses souvenirs de lycée, vingt ans plus tôt. A cette époque, Margie est une jeune studieuse et gauche qui sous sa maturité n'en rêve pas moins au prince charmant. Celui-ci pourrait Roy (Alan Young), garçon un peu balourd aimant lui réciter des poème, Johnny (Conrad Janis) capitaine de football n'ayant d'yeux que pour son amie Marybelle (Barbara Lawrence) et surtout M Fontayne (Glenn Langan) le très séduisant nouveau professeur de français dont son amoureuses toutes ses camarades.

La transition temporelle se fait par un sublime flashback où un vieux disque du présent reprend la chanson de manière tonitruante dans le passé par le biais d'un haut-parleur. L'aspect idéalisé et radieux de ces souvenirs convient parfaitement au halo coloré et chaleureux (on pense beaucoup dans l'esprit aux tout aussi bienveillants Chant du Missouri ou Quatre filles du docteur March de la MGM produit à la même période) de cette Amérique provinciale en forme de paradis perdu alors que la Deuxième Guerre Mondiale est à peine achevée. Dans ce contexte on s'émeut et s'amuse des premiers émois de Margie , chrysalide pas encore éclose qui va passer par quelques humiliations et désillusions avant de s'accomplir. Parmi celles-ci, un running gag désopilant la voit perdre sa culotte (!) dont l'élastique mal ajusté la plonge dans l'embarras à plusieurs reprises, le plus souvent en compagnie de l'être désiré (Johnny à la patinoire, Fontayne à la bibliothèque). Les amours, elle les rêves ou les observe dans le secret de sa chambre, en espionnant Marybelle ou en chantant son dépit et ses espoirs dans une des quelques séquences musicales du film.

Jeanne Crain est absolument craquante dans sa prestation passionnée et empruntée (la scène de débat), typique de cette adolescence où on passe du bonheur le lus total au tréfonds du désespoir dans la minute. Ce sera le cas lors d'un rebondissement final tournant autour du bal de fin d'année et l'absence de cavalier pour Margie. La solution résout subtilement une facette du récit sobrement abordée (la relation avec ce père absent) et transforme la chrysalide en papillon (la scène du bain moussant la montrant enfin sous un jour sensuel fait la transition) lors de la sublime scène de bal où débarrassées de ses couettes et socquettes Margie éblouit l'assistance de sa beauté. Le film aurait probablement quelque soucis aujourd'hui avec cette relation élève/professeur ambiguë (puis beaucoup moins) acceptée voire encouragée par les adultes mais le beau Glenn Langan (qui a coiffé Cornel Wilde refusant de jouer dans le film et Richard Jaeckel envisagé avant lui et qu'on a jamais vu ailleurs par la suite semble-t-il) représente surtout un idéal charmeur et bienveillant aux yeux de la jeune fille appuyés par sa présence lisse. Léger comme une bulle de savon et enchanteur. 5/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 17 févr. 13, 14:41, modifié 1 fois.
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par daniel gregg »

Tu as oublié la petite capture pour Feb :mrgreen: :

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J'avais été ravi par ce film également à l'époque. :D
feb
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par feb »

Tu as lu dans mes pensées daniel :mrgreen:
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

C'est vrai que ce moment est :oops: :mrgreen:
feb
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par feb »

Mais je vois que le film est en Technicolor.... :oops: :fiou: :mrgreen:
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

Allez une petite capture de mon dvd rip de vhs qualité moyenne mais tu l'auras ton bain moussant en couleur ! :mrgreen:

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feb
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par feb »

Quelle qualité :mrgreen: Merci Profondo :oops:
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Re: Henry King (1886-1982)

Message par Profondo Rosso »

Bon sur la télé ça passe bien mieux mais j'ai voulu combler ton désarroi :mrgreen: Quant ils veulent un vrai dvd quand même...
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