Je vais aussi recopier ça en partie naphta tiens...
Contre une somme de 5 000 dollars, Tom Ripley est chargé par un milliardaire américain, M. Greenleaf, de ramener à San Francisco son fils Philippe qui passe de trop longues vacances en Italie auprès de sa maîtresse Marge. Tom entre dans l’intimité du couple et devient l’homme à tout faire de Philippe qui le fait participer à toutes ses aventures sans cesser de le mépriser à cause de la trop évidente différence de classe qui les sépare. C’est alors que Tom tue Philippe et usurpe son identité....
Depuis le temps que je voulais le voir, le film n'a pas démérité son statut de film assurément culte qui n'a pas vraiment pris une ride au bout du compte. Mieux, certains partis-pris ont finalement bien traversés le temps et assurent au film un revisionnage toujours plaisant après toutes ces décennies. Ainsi de la violence du film, brute, rapide, sans concession, restant dans le ton semi-documentaire de René Clément (encore un cinéaste de "la qualité française" à redécouvrir au plus vite). On ne s'attarde pas par exemple sur l'acte quand il n'est pas tout bonnement éclipsé par la mise en scène (un corps qui s'effondre symbolisé en un plan par un sac de courses qui tombe avec des légumes qui roulent sans que rien ne vienne arrêter leur course, une idée toute Bressonnienne), mais plutôt sur les conséquences et tout ce que ça va engendrer dans le parcours météoritique du jeune Tom Ripley.
Car, et c'est là le plus intéressant et passionnant, le film, adapté du Talentueux Mr.Ripley de Patricia Highsmith, se concentre sur le personnage principal joué par Alain Delon et comment ce dernier va vivre sa nouvelle identité après s'être débarassé de celui à qui elle appartenait. Rapidement l'engrenage va montrer ses rouages, la mécanique va lentement prendre le sable. Et le spectateur de s'inquiéter pour ce criminel terriblement malin et pourtant bien humain dans ses rares approximations, les petits détails qui font toute la différence. Jusqu'à ce que le piège commence à lentement se refermer... Apparemment le film de Clément semble très fidèle au livre d'Highsmith comme ça a été remarqué plus tôt. Lui et son scénariste Paul Gégauff respectent donc la matière première en se permettant de modifier néanmoins la fin afin de respecter la morale, tout en nous prenant dans un dernier coup de bluff inattendu. Il semble que la nouvelle version par Anthony Minghella en 1999 soit toute aussi bonne et passionnante d'ailleurs.
Soutenu par l'excellente mise en scène de Clément, une histoire passionnante et une musique à plusieurs tons de Nino Rota, le film est surtout l'occasion de voir un trio fabuleux tout au diapason de l'oeuvre. Si Maurice Ronet n'a plus rien à prouver alors, on ne peut qu'être agréablement surpris par une Marie Laforêt certes débutante et parfois approximative mais dont le personnage toujours tendu marche assez bien (pour moi en tout cas). Et puis surtout, il y a un jeune Alain Delon qui débute et s'impose d'emblée comme un immense acteur (disons jusqu'à la fin des années 70...). Félin (c'est aussi le titre d'un film de René Clément au pluriel où l'acteur refera coucou. Et ce ne sera pas la dernière fois puisqu'il jouera en tout dans 4 films du cinéaste), réfléchi, sensuel, charismatique en diable, l'acteur bouffe d'emblée la pellicule. A l'époque il s'agit de son 6ème film mais c'est après ce dernier qu'il est véritablement lancé. Dans les années qui suivent on le trouvera aussi bien chez Visconti, qu'Antonioni, Verneuil, Melville ou Alain Cavalier....
Très grand film.
5/6