Notez les films Novembre 2012

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Kevin95
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Notez les films Novembre 2012

Message par Kevin95 »

Roman Polanski : Wanted and Desired (Marina Zenovich, 2008)

C'est dommage ça commençait bien.
Si la première demi-heure du documentaire est passionnante puisque la réalisatrice visiblement admirative de la carrière de Polanski entends utiliser sa filmographie afin d'éclairer sous un jour nouveau les multiples drames (plus particulièrement l'un d'entre eux, sont procès pour viol sur mineur) qui jalonne la vie du cinéaste. Par la suite et plus le film avance et plus les films de Polanski sont mis de coté au profit de la retranscription des événements du procès. Les fans de procédures judiciaires doivent être aux anges mais pour les cinéphiles, c'est laborieux. Le doc ne nous épargne aucun détails des faits et gestes de la justice américaine, même la vie privée du juge en charge de l'affaire, et malheureusement adopte la forme et la narration des diverses émissions télévisées autours de fais divers (avec pseudo retournement de situation, déclarations chocs etc...).
Reste donc un film intéressant pour qui est intrigué par la vie (voir le temps d'une poignée de minutes au cinéma) de Roman Polanski, mais LE film sur le réalisateur reste à faire.
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Anorya
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par Anorya »

Vu le mois dernier et j'ai été pour ma part plus que fasciné par ce documentaire. Je pense que quand on se documente sur Polanski, qu'on se procure sa biographie et bien d'autres ouvrages, il n'y a justement pas besoin d'en faire trop. C'est un personnage bigger-than-laïfe que la vie justement n'a cessé de malmener tragiquement. Sur ce point, j'ai justement apprécié qu'on s'éloigne des films pour aller vers toute l'absurdité de la mécanique du procès qui s'enraye. Evidemment les films fournissent un plus mais depuis le début je pense que la volonté de la réalisatrice était ailleurs en essayant de dépeindre ces deux faits tragiques, la disparition de Sharon Tate et le fameux procès vis à vis de la jeune fille encore mineure. Ce que je trouve très fort c'est que Zenovich ne juge pas, ne prend jamais parti. Comme tu le dis, on sent visiblement la patte d'une admiratrice du cinéaste qui, pour ma part, s'interroge et essaye de montrer tout chronologiquement. Cela peut être un brin didactique mais j'ai ressenti une vraie empathie pour Polanski et un certain malaise à voir comment il devenait un jouet au milieu de tout ça. J'ai surtout apprécié que le documentaire montre les conséquences de tout ça sur Polanski, on voit bien le bonhomme brisé mais qui fait mine de n'en rien paraître (les photos de lui, déprimé, puis les photos de fêtes) et essaye de continuer à avancer du mieux possible. C'est aussi fascinant de voir pour moi comment, lui si méfiant envers l'Amérique, qui prenait tant de précautions, a finalement fini par être la créature des médias américains et le doc est assez exemplaire sur ce point là --la figure du juge et les photos qu'on a de lui où il prend constamment la pose comme une star, comme celle dont il se "prétend l'ami". En y réfléchissant, on pourrait même se demander si il n'y a pas quelque chose à creuser là, entre la relation qu'aurait pu avoir Polanski avec ce petit juge. La seule chose que je regrette c'est qu'on ait pas Polanski en personne qui vienne éclaircir certains points mais dans le même temps si la réalisatrice ne voulait pas l'incorporer ou que ce dernier ne voulait pas apparaître vraiment (sans que ce soit de l'archive), il y a aussi le fait que ça n'influe pas sur le spectateur et j'aime bien cet impartialité qui ne tranche aucunement dans l'un des camps. Au spectateur de se faire son avis au final et de réfléchir à ce qu'il vient de voir.
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Message par semmelweis »

COP

Les adaptations des livres de Ellroy sont toujours intéressantes à voir. Elles montrent la difficulté de passé d'un univers littéraire à un univers filmique. Ceci est d'autant plus vrai que l'écrivain américain a un style bien à part dans le genre du polar. Avec une écriture très complexe, affutée, Ellroy nous parle du genre humain et construit plus une oeuvre sur la condition humaine qu'une oeuvre policière. Le film LA confidential avait été une très bonne surprise. COP est la première adaptation d'un livre de Ellroy que j'ai lu antérieurement. Le film en soi n'est pas déplaisant mais il n'arrive jamais à retranscrire le vertige de l'écriture du Dog de la Lune sanglante. Le film fait des concessions vis à vis du roman initial. On peut regretter que tous les passages qui nous mettent dans la tête du tueur aient été retirés du film. Elles faisaient toute la force du livre en mettant en parallèle la psyché impulsive et obsessionnelle de Lloyd et celle du tueur. On n'élude aussi les éléments du flic. C'est donc un film en demi-teinte qu'on a sous les yeux. La première heure est passionnante et malgré la relative platitude (simplicité) de la mise en scène de Harris, le cinéaste reussit à nous insinuer progressivement l'atmosphère poisseuse, décadente d'un LA nocturne où les démons de tous insufflent la ville. James Woods est très bon retranscrivant le débit à la mitraillette des personnages de Ellroy. Son personnage est perpétuellement dans une grande fébrilité dont la relation avec les femmes est toujours en question. Sa relation avec la bibliothécaire donne lieu à une longue séquence où le long-métrage nous conduit dans une ambiance malsaine à la fois par la fragilité féminine du personnage et son instabilité émotionnelle. Le meurtrier est quasi absent du film à part pour le final. C'est très dommage. Le film manque aussi clairement de tension qui parcourait tout le livre d'Ellroy. La lune sanglante reste un roman plus classique que la quadrilogie de LA mais est un très bon point de départ à la découverte de son oeuvre. Au fond, le film n'arrive jamais à déborder le cadre de l'enquête et ne brasse pas assez l'ensemble de la pscyhé contrariée ( c'est le moins que l'on puisse dire) du bestiaire ellroyien. Le film ne transcende jamais son sujet mais l'interprètation sans faille de Woods et son parti pris épuré en fait un film inégal mais intéressant qui laisse un goût de cendre dans la bouche (en particulier le final abrupt) 6,5/10
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Kevin95
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par Kevin95 »

Anorya a écrit :
Vu le mois dernier et j'ai été pour ma part plus que fasciné par ce documentaire. Je pense que quand on se documente sur Polanski, qu'on se procure sa biographie et bien d'autres ouvrages, il n'y a justement pas besoin d'en faire trop. C'est un personnage bigger-than-laïfe que la vie justement n'a cessé de malmener tragiquement. Sur ce point, j'ai justement apprécié qu'on s'éloigne des films pour aller vers toute l'absurdité de la mécanique du procès qui s'enraye. Evidemment les films fournissent un plus mais depuis le début je pense que la volonté de la réalisatrice était ailleurs en essayant de dépeindre ces deux faits tragiques, la disparition de Sharon Tate et le fameux procès vis à vis de la jeune fille encore mineure. Ce que je trouve très fort c'est que Zenovich ne juge pas, ne prend jamais parti. Comme tu le dis, on sent visiblement la patte d'une admiratrice du cinéaste qui, pour ma part, s'interroge et essaye de montrer tout chronologiquement. Cela peut être un brin didactique mais j'ai ressenti une vraie empathie pour Polanski et un certain malaise à voir comment il devenait un jouet au milieu de tout ça. J'ai surtout apprécié que le documentaire montre les conséquences de tout ça sur Polanski, on voit bien le bonhomme brisé mais qui fait mine de n'en rien paraître (les photos de lui, déprimé, puis les photos de fêtes) et essaye de continuer à avancer du mieux possible. C'est aussi fascinant de voir pour moi comment, lui si méfiant envers l'Amérique, qui prenait tant de précautions, a finalement fini par être la créature des médias américains et le doc est assez exemplaire sur ce point là --la figure du juge et les photos qu'on a de lui où il prend constamment la pose comme une star, comme celle dont il se "prétend l'ami". En y réfléchissant, on pourrait même se demander si il n'y a pas quelque chose à creuser là, entre la relation qu'aurait pu avoir Polanski avec ce petit juge. La seule chose que je regrette c'est qu'on ait pas Polanski en personne qui vienne éclaircir certains points mais dans le même temps si la réalisatrice ne voulait pas l'incorporer ou que ce dernier ne voulait pas apparaître vraiment (sans que ce soit de l'archive), il y a aussi le fait que ça n'influe pas sur le spectateur et j'aime bien cet impartialité qui ne tranche aucunement dans l'un des camps. Au spectateur de se faire son avis au final et de réfléchir à ce qu'il vient de voir.
:)
Tout ce que tu en dis est assez juste et j'ai été sans doutes un poil trop sévère avec le documentaire. Mais ma réticence à adhérer totalement au film vient je crois de mon désintérêt (si j'ose dire) du procès (re)mis en scène. Ce qui m'a agréablement surpris dans la premier partie du film, c'est que la réalisatrice ne se contente pas du fait divers et va chercher des éléments contribuant à (essayer) de comprendre la psychologie de ce diablotin de Polanski. L'affaire de détournement de mineurs ne sert alors que de base à une exploration de la vie haute en couleurs et du comportement paradoxal du cinéaste. Seulement passé disons 45 minutes, je me suis quelque peu ennuyé devant les interventions bavardes et peu passionnantes des avocats et au fur et à mesure que le documentaire avance, on perds de vue la personnalité de Polanski pour se plonger dans les mécanismes de la justice américain. Ça aurait put être passionnant, mais le discours y est plat, solennel et maladroitement dramatisé. J'attendais mieux d'un documentaire sur un tel sujet.
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Message par Colqhoun »

Stolen | Simon West
Ce film est une immense saloperie.
Sur un script digne du pire épisode de 24H Chrono, et sans jamais proposer le moindre enjeu si ce n'est celui de départ, le film de West se veut une course-poursuite à travers New Orleans mais se réduit à un Nicolas Cage pas dirigé, qui court comme un handic. Josh Lucas dans le rôle du bad guy est au delà du pathétique et la gamine qui fait office de fille à Cage est juste bonne à crever sous un train.

La séquence d'ouverture laissait présager un petit heist movie rythmé, mais passé ces 15 premières minutes c'est le plongeon dans les abimes de l'ennui.

Direction la poubelle.

PS: je m'étais dit qu'avec son expérience des Expendables II, Simon West avait désormais appris à fournir de l'action destructrice. Je m'étais trompé.
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par Colqhoun »

Deep Rising | Stephen Sommers
Deep Rising reste, encore et toujours, l'un des films d'aventure-horreur les plus funs qui soient sortis des 90s. C'est emballé avec une efficacité sans pareille, des personnages qui en imposent (casting de trognes exceptionnel: Treat Williams, Anthony Heald, Wes Studi, Jason Flemyng, Cliff Curtis, Djimon Hounsou, sans oublier Famke Janssen, etc..), quelques purs passages d'horreur (le mec à moitié digéré, la salle des corps !), une créature entre Cthulhu et Alien et une grosse musique bien puissante de Jerry Goldsmith. A dire vrai, du cinéma de genre super bien foutu comme on en a plus vraiment vu depuis.

Stephen Sommers ne fera plus jamais autant bien après ce film.
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Message par Happy Charly »

"LA CHASSE" de Thomas Vinterberg

Avis rapide sur ce film vu hier soir (au MK2 Bibliothèque).
Ce serait réduire son réalisateur que de dire qu'il (nous) revient quinze ans après son "FESTEN", qui n'avait pas été si festif mais avait su bousculer les codes familiaux et l'univers familial du film en plus du monde cinématographique (remportant au passage le Prix du Jury lors du Festival de Cannes 1998 et le César du meilleur film étranger en 1999, entre autres). La romance "IT'S ALL ABOUT LOVE" (avec Claire Danes, Joaquin Phoenix et Sean Penn), la comédie dramatique internationale "DEAR WENDY" (avec Bill Pullman et Jamie Bell) ou la comédie scandinave "WHEN A MAN BECOMES HORSE" font tout de même partie de cette filmographie qui sépare ces deux prix du jury, puisque... oui, cette "CHASSE" a encore une fois remporté ce prix cannois au festival de cette année -en sus d'un prix d'interprétation pour son rôle masculin principal, Mads Mikkelsen.
Mads Mikkelsen, acteur Danois aux génériques de (deux films de) la trilogie "PUSHER" de Nicolas Winding Refn -mais surtout de son "GUERRIER SILENCIEUX" qui le révéla internationalement dans ce magnifique film mutique- métamorphosé (bien que ses pommettes toujours plus que saillantes ou presque, sans ressembler à un frère Bogdanov, tout de même), dans ce rôle de professeur devenu auxiliaire d'un jardin d'enfant après la crise, devant par dessous gérer un divorce difficile pour obtenir un peu plus la garde de son fils.
Auxiliaire adoré des enfants et ami adoré dans son cercle d'abrutis de chasseurs (oui, le végétarien ami des animaux que je suis s'exprime), Lucas (son personnage) va pourtant se retrouver emporté par le tsunami socio-professionnel qu'est le mensonge d'une enfant: accusé d'attouchement pédophile, cet homme qui semble aimer contempler la nature (malgré sa distraction barbare de chasseur) va en découvrir plus sur la nature de l'Homme et la puissance destructrice de la rumeur pure et simple. Car oui, Vinterberg, plus que s'attarder sur l'enquête en elle-même et la recherche de l'innocence juridique de cet accusé à tort, positionne clairement l'oeil de sa caméra du point de vue innocent de Lucas -puisque aucune ellipse ou tournure scénaristique ne laisse de doute quant à l'innocence de cet auxiliaire qui n'a fait que rappeler à une enfant quel comportement elle doit avoir et ceux à laisser à des adultes ("des papa et des maman" comme il lui explique). Lucas qui va se retrouver banni, excommunié avant d'être lapidé si ce n'est littéralement crucifié au pilori par ceux qu'il croyait ses amis, permettant à son interprète, Mads Mikkelsen, de prouver l'étendu de son jeu d'acteurs -après des films plus mercantiles et commerciaux à défaut d'être vraiment hollywoodiens comme "COCO CHANEL & IGOR STRAVINSKY", "LES TROIS MOUSQUETAIRES" en 3D ou la sequel hollywoodienne du "CHOC DES TITANS".
Si cette "CHASSE" me semble ne pas éviter certains fils conducteurs jusqu'à son twist final, j'avoue que plongé dans ce drame de la nature humaine il m'aura tout de même surpris deux fois (pour ne pas dire faire sursauter, a contrario du personnage de Lucas à ces moments là) en plus de m'émerveiller et laisser également rêveur et songeur devant les interludes des magnifiques paysages forestiers scandinaves.
Film intelligent qui sait tout de même éviter certaines facilités et les clichés qu'appelleraient un tel sujet, "LA CHASSE" mérite ses prix...
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Message par aurelien86 »

Happy Charly a écrit :Film intelligent qui sait tout de même éviter certaines facilités et les clichés qu'appelleraient un tel sujet, "LA CHASSE" mérite ses prix...


La douche froide me concernant lors de sa programmation à Cannes. Même sa performance me parait bien faible pour justifier un prix d'interprétation... il ne fait pas grand chose du film, assez apathique le garçon.
Et j'avais trouvé que justement, il n'évitait pas les clichés (cf la scène dite "de la boucherie", attendu durant tout le film et qui malheureusement survient...).
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Message par magobei »

The Grey (Joe Carnahan, 2011)

Le long métrage hésite entre deux registres, le film de survie réaliste (piste vite abandonnée) et le survival d'horreur. Dans ce dernier registre, ça fonctionne assez bien, et on en oublierait presque ces loups de synthèse foireux...

6/10
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par hellrick »

Torque

Culte, nul ou uber nanar (rayé la mention inutile), en tout cas un film qui file à 300 km / h (c'est déjà fini on ne s'était même pas rendu compte que ça avait commencé) avec une mise en scène hyper clinquante, des couleurs qui arrachent les yeux, une musique qui t'explose les oreilles et des cascades et poursuites qui t'atomisent le cerveau. Un bon moment de pur divertissement même si ça ne vaut pas Detention dans le genre WTF
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par magobei »

Après mai (Olivier Assayas, 2012)

De par l'énergie, la gourmandise de sa mise en scène, cela m'a fait penser à un film aux antipodes, Summer Palace de Lou Ye. Et le propos est aussi pertinent, récit choral d'une jeunesse qui se cherche, tentée à la fois par l'idéologie (et le grégarisme qui va avec) et la trajectoire individualiste. Il y a une parenté avec le Péril jeune, mais l'ironie ravageuse en moins, le côté tripal en plus.

Quel est alors le vrai moteur de cette jeunesse ? La conviction de la lutte, la recherche esthétique, la quête de la réalisation personnelle? Assayas propose une autre réponse, peut-être la plus cliché qui soit, mais la fait passer avec maestria et évidence: l'amour. Pas celui, global, de Gaïa ou du camarade travailleur, mais celui d'un homme/d'une femme.

8.5/10
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Message par Demi-Lune »

Lebanon (Samuel Maoz, 2009)

Le pitch évoque pas mal celui de La bête de guerre (que je n'ai pas vu) : un blindé et ses occupants plongés dans un territoire occupé hostile. En l'occurrence, le film de Maoz, comme Valse avec Bachir peu de temps avant lui, s'attache historiquement à l'opération de l'armée israélienne Paix en Galilée de 1982. La démarche artistique en est cependant très différente. A l'oblitération mémorielle et au travail psychanalytique de Folman, Lebanon propose une plongée frontale dans les évènements, la barbarie des affrontements.
L'originalité du traitement réside dans son quasi total confinement : le blindé, qui est le véritable protagoniste du film et qu'on ne verra pratiquement jamais de l'extérieur, est un ventre d'acier coupant ses quatre manœuvriers israéliens d'un dehors qu'ils ne voient que par la lunette de visée de la mitrailleuse. De fait, le réalisateur tente le plus possible de respecter cette unité de point de vue, si bien que lorsqu'il s'agit d'avoir un point de vue sur l'extérieur, c'est effectivement filmé au travers de cette lunette de visée, les pivotements nerveux et latéraux de cette lunette, ses agrandissements et ses retours en arrière, faisant alors office de mouvements de caméra, de jeu d'échelles du plan en continu. Comme si vous pilotiez un tank dans Call of Duty, quoi : vous n'avez que la fenêtre de tir pour vous repérer. C'est assez impressionnant visuellement, pour des raisons évidentes d'immersion et de réalisme, parce qu'on devient nous-même témoin, simultanément avec l'artilleur, de toutes ces atrocités du dehors auxquelles le blindé prend ou ne prend pas part : famille massacrée, combats de rues, volailler explosé, cadavres amoncelés partout... le chaos et une plongée secouante dans l'horreur de la guerre. La caméra-lunette de visée est un champ de vision très frustrant parce que lourd, exigu, et sur certaines séquences de guérilla urbaine, cette rigidité visuelle traduit remarquablement l'enfer vécu depuis un blindé, sa lenteur de réaction, sa vulnérabilité constante du fait d'un point de vue minuscule. Si l'on ajoute que l'unité de lieu vire peu à peu à la claustrophobie, on conviendra que, d'un point de vue sensitif, Lebanon est une proposition réussie.
La réussite doit cependant être nuancée par le peu d'intérêt qu'évoquent les personnages à l'intérieur du tank. Paradoxalement, le fait qu'ils soient coupés du reste du monde, et soient en même position de spectateur que nous, finit par plonger le film dans un léger flottement. Désincarnés, ils condamnent le film à n'être qu'une expérience sensorielle et non émotionnelle.
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par riqueuniee »

Je n'ai pas vu ce film, mais j'ai vu la Bête de guerre. Si le point de départ est comparable, le reste semble quand même s'éloigner de ce schéma, dans la mesure où la Bête de guerre est un film nettement moins "confiné". Tout n' y est pas vu depuis l'intérieur du char.
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par monk »

Blow out de Brian De Palma

J'adore ce film. Il est pour moi un des meilleurs de son auteur. Au delà de l'histoire très bien écrite et mise en scène avec une maîtrise vertigineuse, bien que peu discrète, j'aime l'hommage et l'amour que De Palma porte au Cinéma et à ses techniciens - hommage qu'il rendra à nouveau avec Body Double, mais avec beaucoup moins de finesse...
Et voilà un film qu'on ne pourrait plus faire aujourd'hui: le travaille du son et de l'image est terriblement cinégénique ! (De nos jours, on aurait un gars devant un PC avec quelques graphiques et une poignée de clicks de souris :mrgreen: ) Une importante part de ma fascination pour ce film vient de là. La "mécanique organique" du travail de la bande magnétique.

Side note: je suis donc encore plus impatient de découvrir Conversation secrète !
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Re: Notez les films Novembre 2012

Message par Kevin95 »

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How Do You Know (James L. Brooks, 2010) Découverte

Comédie romantique sympathique à défaut d'être originale, qui malgré une durée un poil trop longue pour ce type de film (2h de sucrerie ça fait dure la digestion) se suit sans déplaisir grâce notamment à un scénario assez bien écrit (la mise en scène en revanche ne va pas plus loin que le champ/contrechamp en gros plan... très télévisée en somme).
La trame est usée mais les dialogues sont vifs et s'enchainent à une rapidité rappelant le Woody Allen des grands jours (des derniers grands jours... faut pas déconner non plus). Coté casting et hormis une Reese Witherspoon toujours aussi transparente, c'est du tout bon. Nicholson s'en cogne et cabotine à outrance (amusant), Owen Wilson toujours aussi bon dans son rôle de benêt et enfin Paul Rudd et sa belle gueule qui comme d'hab emporte le morceau via son œil pétillant et son auto-dérision.
Pas sur que How Do You Know reste dans ma mémoire d'ici un mois mais peut importe j'ai eu ma dose de sourires, voir de rires (comme la référence foireuse à Kramer vs. Kramer).
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