Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Filiba
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Filiba »

allen john a écrit :
Ann Harding a écrit :Pour ma part, Sleuth (prononcez slouss), c'est un Mankiewicz qui m'a toujours ennuyé. Trop bavard. j'ai fait plusieurs tentatives qui se sont terminées au bout d'une petite heure. Pourtant j'aime bien les deux acteurs.
........
The honey pot, passablement atroce aussi
........
Je parle en mon nom, bien sur... :roll:
Je trouve Honey Pot trés trés bon

Mais je parle en mon nom, of course
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par monk »

Je sort de ma séance de L'aventure de Mme Muir.
C'est beau, vraiment beau. C'est délicat, élégant, généreux, amusant même...le film ne manque pas de superlatifs, je ne vous apprend rien, et je suis assez emballé. Je garde, sans hésitations.
J'aurais toute fois du mal à en faire un "chef d'oeuvre", simple question de sensibilité. C'est aussi la beauté de la chose.
Vivement la suite !
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par allen john »

Filiba a écrit :
allen john a écrit : ........
The honey pot, passablement atroce aussi
........
Je parle en mon nom, bien sur... :roll:
Je trouve Honey Pot trés trés bon

Mais je parle en mon nom, of course
Oeuf corse. Les coups et les douleurs, ça ne se discute pas, M. Filiba.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Banane »

Tout simplement mon cinéaste préféré avec Lubitsch.

Ce cinéma brillant et d'une finesse folle m'a toujours permis de ressortir de la salle en me sentant plus intelligente. Et en dépit de sa réputation de dialoguiste hors pair (sous entendant qu'il ne serait que ça), j'ai toujours aimé sa mise en scène qui accompagne toujours le verbe. Je crois que c'est lui même qui disait qu'un film où on commence à admirer les mouvements de caméras et les morceaux de bravoure technique était "fichu" dans le sens où le spectateur sort de l'histoire.

A côté de ses chefs d'oeuvres connus et commentés jusqu'à plus soif, j'avoue que ceu que j'ai le plus revus sont ces 2 bijoux que sont :
- Five Fingers/L'Affaire Cicéron
- People will talk/On murmure dans la ville

Ce n'est pas par esprit de contradiction ou pour frimer (dans le sens j'ai préféré ses films un peu moins connus), mais c'étaient des films dont je n'attendais pas spécialement quelque chose la première fois que je les ai vus, et dont je suis ressortie avec un ravissement indescriptible. Le 1er est LE plus grand film d'espionnage jamais réalisé (avec en plus, un de mes acteurs préférés, l'immense James Mason), et le 2ème m'a touché au plus profond par son humanisme sans mièvrerie et sa chaleur contagieuse (et je pense que c'est LE meilleur rôle de Cary Grant).

Vive JLM, et que ce cinéma pétillant d'intelligence et de mélancolie, qui ne prend jamais son spectateur pour un con en dépit de l'esprit supérieur de son auteur, peut nous manquer !
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par monk »

L'affaire Ciceron, donc.
Depuis ces derniers jours, j'étais en droit d'en attendre beaucoup, et j'ai bien cru à une déception pendant le premier tiers du film, n'y voyant, finalement, qu'un film d'espionnage - genre dont je ne suis pas particulièrement friand - plutôt bien fait il est vrai. La saveur est venue plus tard, me rendant compte que le film me passionnait. Car le film est passionnant, de par son histoire et cette incroyable ironie (non d'un chien, tout ça pour ça !), ses personnages et leurs conflits, et la forme - précise, pointue et sans temps mort - quand même au dessus de la moyenne. Les dialogues sont délicieux et le film possède aussi quelques belles scènes de tension.
Un grand moment donc. Je garde !
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

monk a écrit :L'affaire Ciceron, donc.
Depuis ces derniers jours, j'étais en droit d'en attendre beaucoup, et j'ai bien cru à une déception pendant le premier tiers du film, n'y voyant, finalement, qu'un film d'espionnage - genre dont je ne suis pas particulièrement friand - plutôt bien fait il est vrai. La saveur est venue plus tard, me rendant compte que le film me passionnait. Car le film est passionnant, de par son histoire et cette incroyable ironie (non d'un chien, tout ça pour ça !), ses personnages et leurs conflits, et la forme - précise, pointue et sans temps mort - quand même au dessus de la moyenne. Les dialogues sont délicieux et le film possède aussi quelques belles scènes de tension.
Un grand moment donc. Je garde !
Tu peux !! :D
Si il s'agit bien d'un film d'espionnage, ce thème n'est une fois de plus qu'un prétexte (il est vrai, idéal) pour Mankiewicz d'explorer ses sujets de prédilection : les jeux de dupe et de qui-perd-gagne, l'ambition et les rapports maitres-valets. En cela, il est l'héritier direct des grands dramaturges classiques tels que Shakespeare, Marivaux, Beaumarchais ou Molière (j'aurais rêvé qu'il porte à l'écran son Dom Juan, rien que pour les fourberies à répétition de l'hidalgo et ses relations avec Sganarelle, personnage le plus important de la pièce comme le furent la plupart des personnages de condition inférieure dans les films de l'oncle Jo... :roll: ).
Je crois que Mankiewicz n'est jamais allé aussi loin dans les dialogues acides et pervers qu'avec les échanges entre Diello et la comtesse. La classe absolue !
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par monk »

Federico a écrit : Si il s'agit bien d'un film d'espionnage, ce thème n'est une fois de plus qu'un prétexte (il est vrai, idéal) pour Mankiewicz d'explorer ses sujets de prédilection : les jeux de dupe et de qui-perd-gagne, l'ambition et les rapports maitres-valets.
C'est ce qui est dit, effectivement, dans un des bonus. Mais je ne connais pas encore assez son oeuvre pour que ce genre de chose me saute au yeux.
Mais il a fait de tous les genres (à part la SF ondc), j'imagine donc qu'il a toujours mis un peu de lui malgré tout, faisant des "films de genre +".
Federico a écrit :Je crois que Mankiewicz n'est jamais allé aussi loin dans les dialogues acides et pervers qu'avec les échanges entre Diello et la comtesse. La classe absolue !
Ho oui, quel délice !
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Strum »

monk a écrit :Je sort de ma séance de L'aventure de Mme Muir.
C'est beau, vraiment beau. C'est délicat, élégant, généreux, amusant même...le film ne manque pas de superlatifs, je ne vous apprend rien, et je suis assez emballé. Je garde, sans hésitations.
J'aurais toute fois du mal à en faire un "chef d'oeuvre", simple question de sensibilité. C'est aussi la beauté de la chose.
Je pense que ma réaction, en voyant le film pour la première fois, fut sensiblement similaire à la tienne. Mon affection et mon admiration pour Mme Muir ont grandi avec le temps, et en le revoyant. Il y a dans ce film une délicatesse et une pudeur qui font que l'on peut hésiter, au début, à lui attribuer le qualificatif ronflant d'importance de "chef-d'oeuvre !".
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

monk a écrit :
Federico a écrit : Si il s'agit bien d'un film d'espionnage, ce thème n'est une fois de plus qu'un prétexte (il est vrai, idéal) pour Mankiewicz d'explorer ses sujets de prédilection : les jeux de dupe et de qui-perd-gagne, l'ambition et les rapports maitres-valets.
C'est ce qui est dit, effectivement, dans un des bonus. Mais je ne connais pas encore assez son oeuvre pour que ce genre de chose me saute au yeux.
Mais il a fait de tous les genres (à part la SF ondc), j'imagine donc qu'il a toujours mis un peu de lui malgré tout, faisant des "films de genre +".
Je peux me tromper mais la SF ne devait pas trop être sa tasse de thé et si c'est le cas c'est bien dommage car Matheson ou Asimov par Mankiewicz, ça aurait pu avoir du chien.
Federico a écrit :Je crois que Mankiewicz n'est jamais allé aussi loin dans les dialogues acides et pervers qu'avec les échanges entre Diello et la comtesse. La classe absolue !
Ho oui, quel délice !
Je ne peux jamais m'empêcher de voir un parallèle entre la gifle que la comtesse balance à Diello, vexée qu'il ait osé se prendre pour son égal et le petit sourire narquois et méprisant d'Andrew Wyke quand Milo Tindle lui affirme être bel et bien Anglais.
Ce n'est pas pour rien que Mankiewicz a si souvent eu recours à des interprètes britanniques (Colman, Grant, Sanders, Mason, Harrison, Gielgud, Greer Garson, Deborah Kerr, Michael Redgrave, Taylor/Burton ) ou au style assez proche, plein de morgue et d'élégance aristocratique ou "Vieille Europe" (Price, Celeste Holm, Bette Davis, Hume Cronyn, Darrieux, Louis Calhern, Valentina Cortese, Martin Landau, Capucine, Henry Fonda).
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par popcyril »

allen john a écrit : Pareil, à tel point qu'engagé récemment dans une révision supposée complète des films du maitre, j'ai choisi de m'arrêter à There was a crooked man, sans aucun regret(A part celui d'avoir quand même revu There was..., qui est fort médiocre et The honey pot, passablement atroce aussi). Bref, pas envie, c'est une purge.

Je parle en mon nom, bien sur... :roll:
Je suis vraiment fan d'une partie de Mankiewicz, de Chaînes Conjugales à Eve, en passant par l'Affaire Cicéron ou Mrs Muir, mais Le Reptile ou On Murmure Dans la Ville m'ennuient royalement également. Je serais plus nuancé concernant Guêpier pour 3 Abeilles, notamment parce que j'ai un faible pour le numéro de Rex Harrison.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

popcyril a écrit :Je suis vraiment fan d'une partie de Mankiewicz, de Chaînes Conjugales à Eve, en passant par l'Affaire Cicéron ou Mrs Muir, mais Le Reptile ou On Murmure Dans la Ville m'ennuient royalement également. Je serais plus nuancé concernant Guêpier pour 3 Abeilles, notamment parce que j'ai un faible pour le numéro de Rex Harrison.
J'aime bien aussi Guêpier pour 3 Abeilles mais faut avouer qu'Harrison cabotine un max. M'enfin, question cabots, Douglas et ses potes du Reptile (sans doute le moins fin des Mankiewicz) en fond souvent des caisses aussi.
On murmure dans la ville est le film le plus étrange et déroutant du cinéaste (je mets de côté Blanches colombes et vilains messieurs parce que je n'ai jamais trop pigé pourquoi Mankiewicz s'était lancé dans l'aventure... et aussi parce que je l'ai vu il y a trop longtemps). C'est vrai qu'il peut par moment ennuyer mais aussi fasciner...
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Père Jules »

Ah The Honey Pot ! Un véritable chef-d'œuvre pour ma part (sans doute dans le top 5 Mankiewicz me concernant). Tous les acteurs sont géniaux (Rex Harrison en fait des caisses -- mais pas moint qu'Harry Baur dans Volpone hein, au contraire, c'est un monument de sobriété à côté). Et quelle élégance dans la réalisation. C'est un véritable régal (et là je m'aperçois que je l'ai oublié dans mon top 100... :| )
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

Père Jules a écrit :Ah The Honey Pot ! Un véritable chef-d'œuvre pour ma part (sans doute dans le top 5 Mankiewicz me concernant). Tous les acteurs sont géniaux (Rex Harrison en fait des caisses -- mais pas moins qu'Harry Baur dans Volpone hein, au contraire, c'est un monument de sobriété à côté). Et quelle élégance dans la réalisation. C'est un véritable régal (et là je m'aperçois que je l'ai oublié dans mon top 100... :| )
Oui, c'est sûr que comparé à Baur (qui ceci dit m'éclate bien dans le Tourneur), Harrison est un Volpone light. :wink:
En même temps, les films furent tournés à des époques si différentes et de plus Tourneur avait conservé la datation historique et joué à fond sur le côté farce et conte des 1001 nuits vénitien.
Encore une fois, j'aime bien l'adaptation modernisée de Mankiewicz (je l'avais même carrément adorée la 1ère fois puis revu un peu à la baisse au fil des re-visions) mais par moment, je le sens pas toujours très à l'aise à fleurter avec certains excès de la comédie à l'italienne.
Reste, bien sûr la virtuosité de la mise en scène parce que si Mankiewicz fut un prodigieux artiste du verbe, il n'était pas non plus un manchot de la caméra.
Je vais me répéter mais pour moi, ce film pétillant me parait une pause ou répétition ludique avant le diamant pervers et beaucoup plus sombre que sera Le limier. Les deux films s'ouvrent sur une même scène de théâtre. Impression renforcée par le recours au même génial musicien John Addison dont le clavecin, pour reprendre une définition entendue cette semaine, se fait à la fois instrument de charme et de domination.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par Federico »

Interview passionnante du dramaturge Anthony Schaffer à propos du tournage du Limier. En tout cas, ce qu'il raconte correspond bien à ce que j'avais lu ici et là : qu'on ne pouvait rêver meilleur duo pour incarner Tindle et Wyke (même si Schaffer voulait au départ Anthony Quayle - qui avait créé la pièce avec grand succès - pour Wyke), que Caine était mort de trac à l'idée de donner la réplique au monstre sacré Olivier, que ce dernier était aussi une sacrée peau de vache et qu'il souffrait du pire souci pour un acteur : des problèmes de mémoire (ce qui n'a pas du arranger son caractère).
Cet entretien titré A Sleuthian Journey with Anthony Shaffer se trouve en bonus sur le DVD Z1.
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Re: Joseph L. Mankiewicz (1909-1993)

Message par monk »

La comtesse aux pieds nus

Quelques pensées divers et variées sur ma séance plutôt qu'un avis (tenté d'être) construit sur un film que vous connaissez tous déjà.
* Bogart reste surprenant. J'ai cru qu'il allait encore nous faire son rôle, unique et récurant, du cynique désabusé, mélancolique avec un reste de grand coeur. C'est bien ça, mais ça va plus loin, et il m'a surpris. J'ai l'impression qu'on lui donne toujours à peu prêt le même rôle, mais qu'au final il le transcende, car finalement, je l'ai toujours trouvé extrêmement bon malgré la récurrence des traits de caractère de ses personnages. (pour ce que j'en ai vu, bien entendu).

* Gardner crève l'écran. Je m'y attendais et pourtant...La force, la fragilité, la passion, la sensualité, la détresse...tout y passe avec force émotion. Très belle performance.

* Je m'attendais à un film sur Hollywood, pleinement et entièrement. Si Hollywood est le point de départ de toute l'histoire (et en prend un bonne partie), Maria ne fait que le traverser, comme elle traverse ses autres "époques". Mais c'est finalement un point positif: les changements de point de vue donnent un relief particulier à l'histoire, qui se renouvelle sans cesse.

* Et quelle tristesse...le film est à l'image de l'enterrement de Maria, parfaitement décrit par Dawes au début d'ailleurs. Beaucoup de désespoir, de tristesse, de mélancolie.

* Les dialogues sont - sans surpris - formidables. La musique des mots, la puissance des phrases prend le dessus sur le coté "verbeux", et le film ne saoule jamais malgré la présence inintérompue du langage.

* Je garde.
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