Fritz Lang : La période américaine

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Flol
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Flol »

jacques 2 a écrit :Sans provocation aucune : n'est ce pas parce que la "morale" finale du film va à l'encontre de tes convictions (alors que, jusque là, tu buvais du petit lait car te situant avec les "contre") que cette conclusion et ce twist te restent en travers de la gorge ? :|
C'est exactement ce que je viens de me dire (alors que j'étais en train d'uriner, pour tout vous dire) : je pense que c'est aussi d'un point de vue moral, que cette fin m'a dérangé.
Mais là où je vous rejoins, c'est que son aspect ambigu pourrait également en faire sa force : on ne sait pas trop sur quel pied danser, Lang et son scénar nous ont manipulé depuis le début, okay c'est très bien.
En revanche, ça ne changera rien au fait que je trouve cette révélation extrêmement mal foutue et très très peu crédible. Mon problème vient surtout de là, en fait. Il y a un côté bassement "provocateur" (pour choquer son public) qui m'a dérangé.
Et puis Dana Andrews, quoi...Dana Andrews. :| (on pourrait renommer ce smiley le "Dana Andrews", tiens)
Julien Léonard
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Julien Léonard »

C'est marrant ça, tu n'es pas le premier à dire que Dana Andrews est un acteur inexpressif (je ne critique pas hein :wink: ).

J'avoue le trouver excellent dans beaucoup de films, j'aime bien sa présence et la sobriété de son jeu. Il est succulent dans l'autre Fritz Lang de la même année, La cinquième victime (une pépite celui-là aussi).

Tiens tu me donnes une idée de jeu : quel acteur correspond le mieux à chaque smiley ? :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit :. Il est succulent dans l'autre Fritz Lang de la même année, La cinquième victime (une pépite celui-là aussi).
Oui ; et même si je n'apprécie pas particulièrement l'acteur, je le trouve génial aussi dans Canyon Passage
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Alphonse Tram
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Alphonse Tram »

Julien Léonard a écrit :Tiens tu me donnes une idée de jeu : quel acteur correspond le mieux à chaque smiley ? :mrgreen:
:D Lancaster dans Vera Cruz



:arrow:
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Federico »

Alphonse Tram a écrit :
Julien Léonard a écrit :Tiens tu me donnes une idée de jeu : quel acteur correspond le mieux à chaque smiley ? :mrgreen:
:D Lancaster dans Vera Cruz
Spoiler (cliquez pour afficher)
Lancaster dans (presque) tous ses films des années 40-60 :wink:

Sinon, je propose :

8) Will Smith
:twisted: Anthony Hopkins
:? Edward Everett Horton
:shock: Bette Davis
:arrow: Groucho Marx
:idea: Felix le chat
:fiou: Peter Lorre
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Federico »

Julien Léonard a écrit :C'est marrant ça, tu n'es pas le premier à dire que Dana Andrews est un acteur inexpressif (je ne critique pas hein :wink: ).
J'avoue le trouver excellent dans beaucoup de films, j'aime bien sa présence et la sobriété de son jeu. Il est succulent dans l'autre Fritz Lang de la même année, La cinquième victime (une pépite celui-là aussi).
Dana Andrews n'est pas inexpressif, il est (très) économe. Il y a des acteurs vénérés bien plus en marbre que lui... :fiou:
Certes, son jeu s'est un peu statufié avec l'âge et quelques problèmes personnels comme on dit à Hollywood mais cette économie s'est parfois révélée d'un effet remarquable chez Preminger ou Tourneur.
Sinon, bien que je ne les ai pas revus depuis des lustres, j'avais adoré L'invraisemblable vérité et aussi La cinquième victime au point de les mettre au top de la période américaine de Lang.
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par jacques 2 »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit :. Il est succulent dans l'autre Fritz Lang de la même année, La cinquième victime (une pépite celui-là aussi).
Oui ; et même si je n'apprécie pas particulièrement l'acteur, je le trouve génial aussi dans Canyon Passage
Et également dans le "Night of the demon" ("rendez vous avec la peur" en VF) de Jacques Tourneur dans lequel son côté marmoréen - qui se fissure progressivement au fil des évènements - colle parfaitement au personnage du scientifique pétri de cartésianisme ...:)
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AtCloseRange
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par AtCloseRange »

Julien Léonard a écrit :Je comprends cet avis. Même si personnellement, je considère L’invraisemblable vérité comme l'un des chefs-d’œuvre de la période américaine de Fritz Lang. Le film est sombre, austère même, très tendu et son déroulement diégétique est particulièrement prenant.

Cette fin qui va à l'encontre du reste du film ne veut pourtant pas dire le même et son contraire, je trouve (du genre, patatra, ce n'est pas un simple film anti-peine de de mort). En fait, cette fin lui donne un cachet terriblement ambigu, on ne sait pas vraiment quel est l'avis donné, et en fin de compte n'est-ce pas ce que le film est : une question laissée en suspend, sans réponse marquée, et jouant sur la terrible ambiguïté du sujet et de son aboutissement dramatique. Le débat reste ouvert, et si Lang nous a manipulé depuis le départ, c'est pour mieux nous interroger. Après, l'interprétation du film peut varier d'une personne à l'autre, c'est aussi ce qui en fait une part de la richesse. Car c'est un film qui s'adresse au ressenti de son spectateur, à ses opinions.

C'est énorme ! :D
En fait, Lang, c'est un peu le Laugier de son époque...
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par blaisdell »

Je rejoins les laudateurs de L'invraisemblable vérité.

C'est mon Lang favori et l'un de mes films préférés sans problème. Il y a un suspense et une tension sans équivalent dans les autres films du cinéaste.

Et au-delà du suspense, c'est une oeuvre d'une très grande richesse, qui offre d'infinis questionnements.;
Le film serait-il finalement un plaidoyer pro-peine de mort ? Quand on revoit le début où la marche vers la chaise électrique est décrite comme une marche funèbre et sinistre la réponse est non!
En outre, Il me semble que Lang a dit que son film était un plaidoyer contre la peine de mort mais que les coupes effectuées par le studio ont brouillé son message. De toute façon , en l'état
Spoiler (cliquez pour afficher)
J'y vois plutôt l'histoire d'un homme qui se sert d'une noble cause en guise de couverture pour commettre un homicide qui ferait son affaire
Et puis plus que le châtiment final, c'est l'ambigüité des relations du couple qui l'emporte
Spoiler (cliquez pour afficher)
Garett-Andrews commet le crime pour vivre pleinement son amour pour susan-Joan Fontaine. Et sa récompense, c'est de le livrer à l'échafaud
Ceci dit, la réaction de Ratatouille illustre ce que disait Lang de son film:
Spoiler (cliquez pour afficher)
quelque chose comme je cite de mémoire: "le public n'a pas apprécié que je montre Dana Andrews pendant tout le film comme un homme séduisant – et qu'en deux minutes, je vous montre qu’il n’est qu’un salaud. »
En tout état de cause c'est un film que je considère comme une véritable leçon de cinéma.
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Federico »

blaisdell a écrit :Je rejoins les laudateurs de L'invraisemblable vérité.
Il me semble que Lang a dit que son film était un plaidoyer contre la peine de mort mais que les coupes effectuées par le studio ont brouillé son message. De toute façon , en l'état
Spoiler (cliquez pour afficher)
J'y vois plutôt l'histoire d'un homme qui se sert d'une noble cause en guise de couverture pour commettre un homicide qui ferait son affaire
Tout à fait. Un peu comme ce type qui s'est fait mousser comme héros en survivant (comme des millions d'autres) à une grave maladie pour mieux commettre un des plus grands hold-ups de l'histoire du sport. :mrgreen:
Ceci dit, la réaction de Ratatouille illustre ce que disait Lang de son film:
Spoiler (cliquez pour afficher)
quelque chose comme je cite de mémoire: "le public n'a pas apprécié que je montre Dana Andrews pendant tout le film comme un homme séduisant – et qu'en deux minutes, je vous montre qu’il n’est qu’un salaud. »
Une audace scénaristique déroutante qui vaut celle d'Hitchcock dans Psychose quand il fit disparaître son interprète principale au milieu du film.
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par blaisdell »

Federico a écrit :
blaisdell a écrit :

Une audace scénaristique déroutante qui vaut celle d'Hitchcock dans Psychose quand il fit disparaître son interprète principale au milieu du film.
c'est qui explique que ce Lang me plaît particulièrement.
Certains théoriciens du cinéma ont parfois opposé Hitchcock le manipulateur contre Lang. Le moins qu'on puisse dire est que ce clivage disparaît complètement à la vue de L'invraisemblable vérité
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par jacques 2 »

Federico a écrit : Tout à fait. Un peu comme ce type qui s'est fait mousser comme héros en survivant (comme des millions d'autres) à une grave maladie pour mieux commettre un des plus grands hold-ups de l'histoire du sport. :mrgreen:

[
Même si c'est complètement HS, j'en ai quand même un peu marre de ce tir de barrage sur Armstrong ...

Comme si ce n'était pas une évidence que les cyclistes s'envoient tout ce qu'ils peuvent depuis toujours pour faire de la performance (comment pourraient ils faire autrement compte tenu des parcours imposés et de la médiatisation excessive ?) Et puis quand ce que tout le monde sait ou devrait savoir éclate au grand jour, on crie haro sur le baudet puis on en prend un (bien connu et bien symbolique) comme bouc émissaire et on lui envoie les tomates sans compter ...

Comme Ben Johnson à son époque alrs que Carl Lewis, de son côté, était chargé comme un mulet à l'hormone de croissance ...

Alors, merde à toute cette médisance ...

Hinault - et tous les autres champions "immortels" plus blancs que blancs - tu crois vraiment qu'ils ont gagné leurs 5 tours de France avec du jus d'orange et leur seule énergie naturelle ?

Haro surtout sur l'hypocrisie de tout ce qui entoure le sport (médias, sponsors et connerie du public versatile comme ce n'est pas permis, qui aime les belles histoires avec des happy ends improbables ...)

:evil:

Mais je t'aime bien quand même, Federico, et je te pense assez intelligent pour ne pas aboyer avec la meute ... :wink:
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Federico »

jacques 2 a écrit : Mais je t'aime bien quand même, Federico, et je te pense assez intelligent pour ne pas aboyer avec la meute ... :wink:
Si ça ne te fait rien, on peut continuer cette discussion en MP. Et je ne suis ni particulièrement intelligent ni n'ait l'habitude des meutes (trop individualiste et agoraphobe pour ça). :wink:
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Alligator »

Renversante
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Human Desire (Désirs humains) (Fritz Lang, 1954)

http://alligatographe.blogspot.fr/2013/ ... -ford.html

Si la mention de Fritz Lang au générique ne suffisait pas à expliquer la nécessité de tenter ce film, alors Gloria Grahame viendrait en déesse incandescente illuminer le chemin vers le dvd, comme une étoile, comme le ciel, comme une évidence.... Bien entendu que ce regard est commandé par un bataillon d'hormones en furie, libidineuse ébullition à la fois dans ma cervelle et dans mon caleçon! Plutôt crever que de réfuter la part sexuelle qui peut révéler parfois des émotions qu'un film engendre. En voilà un cas tellement exemplaire!

Gloria Grahame est dans ce film si bien filmée et composée avec tant de sensualité qu'il m'est impossible d'échapper à son charme canin. Irrésistible. Je commence d'abord par comprendre Nicholas Ray qui l'épouse, mais aussitôt ai-je toutes les peines du monde à lui pardonner de l'avoir traitée comme une merde.

Si seulement elle n'était que belle! Mais c'est qu'elle est très bonne actrice par-dessus le marché! Et dans ce film, la complexité de son personnage, les grands flux et reflux émotionnels par lesquels elle est obligée de passer permettent à la comédienne de faire la démonstration de toute l'étendue de son talent : elle joue tantôt la vamp, sûre de l'attractivité sexuelle que son sublime corps produit chez les hommes, avec un air supérieur qu'un sourcil souvent relevé souligne comme un accent circonflexe sur des yeux ronds de petite fille, de quoi péter la rétine de n'importe quel hétéro mâle ; elle joue sinon la petite poupée effrayée par la violence de son mari que Broderick Crawford incarne avec toute la force et la puissance de sa masse, utilisant son regard féroce avec pas mal de sobriété (sauf quand il s'agit de feindre l'ivresse). Elle est dévastée quand elle cherche en vain l'amour dans les yeux de Glenn Ford, son amant, celui sur qui elle avait fondé tous ses espoirs de survie, sur qui elle comptait pour recouvrer sa liberté et qui désormais a fait un trait sur leur relation. Jamais prise en défaut sur le jeu, elle me parait parfaite. Sont-ce les yeux de l'amour qui m'aveuglent? Possible. Probable.

Ode à Gloria (quel prénom aura été si justement porté?), le film ne se limite pas à ce morceau de bravoure, évidemment Fritz Lang est aux commandes pour un scénario qui adapte "La bête humaine", un pur film noir, pour une histoire très émouvante, la trajectoire d'êtres damnés, nés pour souffrir, à qui les destins ont la cruauté de faire goûter les prémisses d'un bonheur auquel ils n'ont finalement pas droit.

Si l'on en revient au personnage de Vicki joué par Gloria Grahame... je vous ai dit qu'il y a Gloria Grahame dans ce film? et là celles et ceux qui n'ont pas vu le film seraient bien avisés d'aller lire plus loin parce qu'il y a du spoilage au maximum...

- SPOILER :
Si l'on en revient à Vicki, elle est si alambiquée, car cassée par la vie, tenaillée entre un corps générateur de désirs chez les hommes (comme le titre le hurle) et vilipendé par le jugement moral de la société pudibonde américaine, qu'elle apparait avec une ambiguïté constante, très difficile à cerner. Est-elle réellement amoureuse, manipule-t-elle son amant pour qu'il tue son époux violent, comme Barbara Stanwyck dans Double indemnity? Pas si sûr qu'elle soit aussi menteuse que cela. Son dernier geste, cette lassitude, cette morgue suicidaire qu'elle affiche à la toute fin face peut signifier une réelle déception amoureuse. Je ne suis pas sûr.
- Fin SPOILER.

Et c'est formidable que la comédienne ait su donner à ce personnage autant de densité, autant de subtilité, avec des petits riens, une larme ici, une moue là, les nuances de tons dans la voix, que sais-je? Elle est très forte.

A l'image des idées de mise en scène de Lang, cette attente qu'il fait peser avec un train qui passe et qui suspend l'action.

Maitre Lang et maitresse Grahame prennent le train, et moi je voyage.
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Demi-Lune
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Re: Fritz Lang : La période américaine

Message par Demi-Lune »

L'invraisemblable vérité (1956)

Je suis vraiment désolé pour les admirateurs que je sais nombreux, mais je n'ai été convaincu.
Évacuons la question du retournement final et de la posture de Lang vis-à-vis de la peine de mort : ce n'est pas ce qui m'a le plus dérangé car on est là dans des développements typiquement langiens sur l'aspect "multifacette" de la culpabilité.
Non, le problème c'est que le film repose sur un pitch complètement... invraisemblable. Telles que nous sont présentées les choses, comment croire - et du coup adhérer - qu'un homme (quelles que soient en définitive ses intentions) se laisse tranquillement convaincre d'être un faux tueur et de risquer la chaise électrique (tout ça pour mettre les bâtons dans les roues du proc' pro peine de mort !), en s'en remettant en plus aux seules mains d'un ami combinard dont on se doute évidemment qu'il va lui arriver quelque chose ? C'est absurde. Le film entier repose sur ce postulat et en tant que spectateur, il m'est très difficile de l'avaler. En tant que spectateur, il m'est très malaisé d'avaler que Dana Andrews se prête dès le départ à ce jeu dont il a tout à perdre ; et même si le twist donne à rebours un semblant de cohérence à ses motivations, son pari reste d'un point de vue scénaristique bien trop invraisemblable pour convaincre.
Sur le plan des enjeux, le film de Lang me fait beaucoup penser à un polar anglais dont le scénario m'avait beaucoup marqué quand j'étais gosse, Faute de preuves (1991), avec un Liam Neeson en détective privé qui monte des adultères bidons avec sa secrétaire/maîtresse pour que puissent être prononcés des divorces, et se retrouve accusé un jour du meurtre de celle-ci. Au final, les deux films se ressemblent beaucoup mais le côté très risqué et fragile du jeu était dans mes souvenirs bien mieux négocié que chez Lang, pour la bonne raison que le récit était intégralement raconté du point de vue de l'accusé, Liam Neeson - ce qui en termes de lois dramatiques était déstabilisant puisque tacitement, le spectateur a sans doute plus tendance à accorder sa confiance à un récit à la première personne d'un homme subitement accusé et mis en difficulté (donc pour qui l'on craint vraiment), et qui mène lui-même son enquête.
Par ailleurs, j'avoue ne pas apprécier Dana Andrews en tant qu'acteur et on ne peut pas dire que ce soit avec ce film qu'il fasse subitement des étincelles (tout comme Joan Fontaine qui est ici très transparente). Quant à la mise en scène de Lang, il y a quand même quelque chose qui m'attriste, encore une fois, dans cette absence totale d'ambition visuelle et technique de la part d'un cinéaste qui était en Allemagne véritablement visionnaire. Sa carrière aux USA me laisse franchement perplexe...
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