James Ivory

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Sybille
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Re: Notez les films de juillet 2009

Message par Sybille »

Howards End / Retour à Howards End
James Ivory (1992) :

James Ivory signe ici un beau film, très littéraire et témoignant d'une reconstitution luxueuse de l'Angleterre du début du 20è siècle. Les décors et les costumes très raffinés, les aperçus offerts de la ville de Londres aussi bien que les paysages de campagne, tout participe amplement au plaisir de l'oeil. En ce qui concerne l'histoire, elle se partage entre divers personnages, et peut-être est-il possible de lui reprocher un certain éparpillement de toutes ces intrigues, non pas tant dans leurs relations les unes au autres, mais plutôt dans l'intérêt qu'on peut voir à les y trouver mêlées. Mais la vérité psychologique des personnages fait par ailleurs preuve de beaucoup de tact et de délicatesse, même si par malheur je n'y ai au fond guère été sensible. Le film, dont j'attendais beaucoup, m'a largement déçue. Sa durée m'a semblé excessive, l'histoire, loin de me passionner, m'a plutôt ennuyée. 6/10
johell
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Re: Notez les films : Janvier 2010

Message par johell »

RETOUR A HOWARDS END (Howards End) de James Ivory (1992)

Margaret Schlegel et Ruth Wilcox, deux femmes émancipées aux idées avancées, se lient d'amitié. Mariée à un homme traditionnaliste très riche, Ruth décide sur son lit de mort de léguer à Meg sa magnifique demeure, Howard End...

Un drame en costumes dans toute sa splendeur. Le scénario est tout simplement brillant. L'histoire, grande fresque intimiste, se construit à mesure des différentes rencontres entre ses personnages, créant des alliances qui ne mèneront finalement pas là où on l'imaginerait. Du coup, la dramaturgie s'immisce parcimonieusement, par petite touches subtiles. L'ensemble de la distribution donne de très belles performances à des personnages forts et complexes. Que ce soit Helena Bonham-Carter à Anthony Hopkins, Emma Thompson ou encore la toujours sublime Vanessa Redgrave, tous les comédiens concordent à une sorte de perfection que la mise en scène virtuose de James Ivory vient encore plus sublimer. Véritable trésor visuel, RETOUR A HOWARDS END est d'une beauté à couper le souffle. Un travail d'orfèvre dans la reconstitution d'époque, regorgeant de détails merveilleux, que ce soit autant par la richesse des décors où encore la superbe garde-robe des acteurs. De plus, la photographie est superbe et rend très bien l'ambiance de l'Angleterre victorienne à travers l'effervescence londonnienne ainsi que la beauté lyrique de ses décors naturels, tout autour de la belle demeure d'Howards End, réceptacle de toute la charge émotionnelle du long-métrage. Chef-d'oeuvre!
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films de Octobre 2010

Message par Profondo Rosso »

Chambre avec vue de James Ivory (1986)

Lucy Honeychurch, en voyage à Florence avec une vieille cousine, tombe amoureuse d'un jeune Anglais, qui comme elle a été témoin d'un meurtre. Mais, elle étant "convenable" et lui pas, elle rompt puis s'impose des fiançailles de convenances avec un autre.

Chambre avec vue concrétisait la consécration publique et critique de l'oeuvre de James Ivory après Chaleur et Poussière et The Bostonians. Ivory retrouvait un grand thème de ses précédents films avec les entraves sociales, culturelles et de races pouvant s'interposer dans les relations humaines notamment au centre de Shakespeare Wallah et Chaleur et poussière. Ces préoccupations rejoignent également celle de l'oeuvre de E.M. Foster adapté ici et présente dans La Route des Indes. Bien que n'ayant pas lu le livre je retrouve de ses aspect identifiable de l'auteur dans l'adaptation de David Lean pour faire le lien avec Foster et donc Ivory (ses collaborateurs réguliers d'origines indiennes le producteur Ismail Merchant et la scénariste Ruth Prawer Jhabvala renforçant l'authenticité) de cette volonté qui reprend ses réflexions dans le cadre d'une intrigue romantique.

Le récit est donc une suite de moment isolés dont se dégage progressivement par le ton feutré et les réactions des personnages l'idée générale. Tout se joue dans la sophistication de la mise en scène d'Ivory et des réactions insidieuses où le spectateur doit démêler le vrai du faux. C'est surtout vrai dans la remarquable première partie à Florence où en quelques courtes scènes, Ivory dépeint des rapports si guindés, menés par le paraître et la bienséance qu'il paraît toujours plus simple d'afficher le stricte contraire de ce qu'on pense ou désire (voir la réaction ridicule de la vieille cousine quand les Emerson se proposent d'échanger les chambres). C'est le problème qui se pose dans la romance du film entre Julian Sand et Helena Bohnam Carter (toute jeunette, pimpante et précieuse ça fait drôle pour qui l'a découvert dans Fight Club ou certain Burton) dont l'éclat et l'intensité nous est dévoilé dans durant de très courts moment et beaux moments, une entrevue après une violente esclandre à Florence et surtout un magnifique et foudroyant baiser dans un champ d'herbe sous un soleil couchant. Ivory propose des vues somptueuses de Florence et de la nature alentours, jamais anodine néanmoins et faisant toujours sens dans l'intrigue (la réaction contradictoire de Lucy fuyant George en douce alors qu'il vient de la sortir d'une situation compliquée).

C'est dans la seconde partie en Angleterre que se dévoile les intentions de Ivory avec Lucy qui devra peu à peu se retirer ses oeillères et sa fierté pour accepter ce que lui dicte son coeur. Pour ça, il faudra en passer par un fiancé dont le raffinement et la sophistication confine au ridicule avec un Daniel Day Lewis cabotin à souhait mais assez drôle en précieux à la raideur coincée. Cette dernière est cependant moins prenante, le marivaudage finit par être légèrement lassant, le côté tout en retenue ne permet pas de savourer pleinement la romance (dont une conclusion tout en ellipse assez frustrante) et surtout révèle quelques défauts tel un Julian Sands finalement assez fade face à la pétillante Bohnam Carter. Un peu plus d'emballement, d'entrain et de chaleur pour montrer le changement chez son héroïne aurait été agréable, l'étude de moeur est brillante (là aussi les réactions de Day Lewis face à la moindre manifestation de "vulgarité" sont très bien vues) mais tout cela finit par manquer un peu d'émotion. Ca me donne néanmoins envie de tenter les grands Ivory suivants que je ne connaît pas. 4,5/6
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Re: James Ivory

Message par Music Man »

BOMBAY TALKIE de James IVORY - USA- 1970
Avec Shashi KAPOOR , Jennifer KENDAL, Aparna SEN et HELEN

Une romancière anglaise déseouvrée , plusieurs fois divorcée, rencontre en Inde une star du cinéma bollywoodien qui tombe rapidement sous son charme. Néanmoins, l’acteur est marié et leur idylle s’avère compliquée : après avoir vainement tenté de retrouver ses idées lors d'une retraite spirituelle auprès d’un gourou, elle retrouve son amant…avant que tout vire au drame.

Bombay talkie est une des premières œuvres du grand réalisateur James Ivory (connu surtout pour ses très beaux films des années 80 comme Chaleur et Poussière, Chambre avec vue, Retour à Howards end) et de son producteur associé Ismael Marchant.
Même s’il s’agit d’un film américain, la distribution (Shashi Kapoor en tête) comme les techniciens (un travail formidable de Subrata Mitra à la photo), musiciens sont presque tous issus du cinéma indien, que James Ivory, grand fan de Satyajit Ray, a toujours admiré.

C’est avant tout le portrait psychologique de deux personnages complètement paumés mais qui se ressemblent finalement beaucoup. La riche romancière de best sellers et la superstar de Bollywood, idolâtrée par ses fans, ont perdu depuis longtemps le sens des réalités. Ils cherchent un sens à leur existence sans savoir exactement le rôle qui leur est dévolu : Si leur passion sera fatale, le film dépeint avec beaucoup de sarcasmes la quête de spiritualité de la jeune femme (et notamment son stage auprès d’un gourou qui visionne avec satisfaction un film super 8 réunissant les célébrités anglaises qu’il a réussi à endoctriner. La scène où deux jeunes femmes fidèles du gourou s’évertuent à rattraper ses balles pendant qu’il joue au ping-pong est hilarante). L’univers bollywoodien est également dépeint avec humour et une pointe de mépris : c’est Shashi Kapoor , une vraie star de Bollywood qui tient le rôle principal. Amusant de savoir que tout en jouant dans ce film et par la suite d’autres productions Merchant/Ivory, le beau Shashi a énormément tourné dans les grands films musicaux épiques populaires que le film met gentiment en boîte.
Ici, il danse (fort mal) sur une machine à écrire géante avec Helen, mythique danseuse du cinéma indien.(dans un numéro volontairement kitsch qui semble copié sur un vieux film de 1937 avec Ruby Keeler).
Outre cet intéressant portrait psychologique de deux êtres à la dérive et ces amusants clins d’œil, on est surtout séduit par la somptueuse photographie et la saisissante beauté de certains passages nocturnes dans les rues et hôtels de luxe.
La musique est également de premier ordre (on a également droit à une belle séance d’enregistrement), interprétée par le top des chanteurs du Bollywood des années 70 (on regrettera que les passages musicaux soient si brefs).
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odelay
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Re: James Ivory

Message par odelay »

Personne n'a vu QUARTET avec Adjani et M. Smith? J'ai plusieurs hésité à le prendre.
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Re: James Ivory

Message par Grimmy »

odelay a écrit :Personne n'a vu QUARTET avec Adjani et M. Smith? J'ai plusieurs hésité à le prendre.
Je réponds alors 8)
Je viens, en fait, de le voir à l'instant même et .....j'ai pas aimé du tout. Aucun interêt : histoire d'amour idiote et pénible, mise en scène de télé, photo trouble à la David Hamilton en fait estampillée 80 et interprétation peu emballante (Adjani couronnée par un prix d'interprétation à Cannes à l"époque, je crois rêver) Pourtant j'aime beaucoup les films de James Ivory : Maurice, Chambre avec vue, Retour à Howard's end, Les vestiges du jour, tourt ça j'avais beaucoup aimé, voir adoré. Quelques reserves sur Surviving Picasso, Jefferson in Paris, et La fille d'un soldat ne pleure jamais. J'ai encore de côté Chaleur et Poussière Les Bostoniennes et j'aimerais beaucoup voir Mr and Mrs Bridge, hélas, inédit en dvd chez nous.
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odelay
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Re: James Ivory

Message par odelay »

Merci pour cette réponse. Bon, ben je passe ou alors à l'occasion...
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Profondo Rosso
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Re: James Ivory

Message par Profondo Rosso »

Chaleur et Poussière (1983)

Image

Les destins croisés d'Olivia Rivers et d'Anne, sa petite-nièce : la première, épouse d'un fonctionnaire en poste à Satipur, aux Indes britanniques, dans les années 1920, deviendra la maîtresse du Nawar local ; la seconde, après une désillusion amoureuse, quitte son emploi à Londres en 1982 et part en Inde, à Satipur, sur les traces de sa grand-tante, après avoir rencontré un survivant de cette première époque, Harry Hamilton-Paul...

Heat and Dust entame un formidable cycle créatif pour l'association liant le réalisateur James Ivory, son producteur Ismael Marchant et la scénariste Ruth Prawer Jhabvala réunis sous la bannière Merchant Ivory Production, leur maison de production. Le trio réunis depuis 1963 et le premier script de Ruth Prawer Jhabvala pour Merchant Ivory Production où elle adaptait son roman The Householder allait atteindre durant dix ans une reconnaissance publique et critique massive jusqu'aux Vestiges du jour (1993). Ruth Prawer Jhabvala adapte d'ailleurs à nouveau ici un de ses plus fameux romans avec ce Chaleur et Poussière paru en 1975 et pour lequel elle reçut le prestigieux Prix Booker.

Le ton du film se partage constamment entre un idéal de romanesque et un rêve, un fantasme de romanesque. Cette différence se fait à travers la double narration du film, contemporaine et d'époque, la première poursuivant sans cesse la seconde. Anne (Julie Christie), à travers les documents, témoignage et pèlerinage entamé sur place marche donc sur les traces de son arrière tante Olivia (Greta Scacchi) épouse d'un fonctionnaire en poste en Indes dans les années 20 et qui abandonna tout pour l'amour d'un prince indien. La narration offre un joli jeu de miroir entre les époques où si le mimétisme se fait par des même lieux traversés à 60 ans d'écarts, le ton diffère grandement. En 1920 l'héroïne est en opposition constante à son environnement. Quand l'aristocratie anglaise toise les indiens et leur culture du haut de leur condescendance coloniale, Olivia s'y sent comme un poisson dans l'eau et s'ennuie dans les dîners mondain auquel elle doit se soumette. Pétillante, fougueuse et débordant d'énergie ce pays est fait pour elle et c'est par elle qu'on le découvre vraiment à travers son regard émerveillé le temps de beaux moments comme la longue séquence de pique-nique. Cette séduction du pays se concrétisera progressivement à travers celle exercée par le Nawab (Shashi Kapoor) dont le charme, le bagout et le charisme la fera succomber.

La partie contemporaine ne manque pas d'attrait non plus grâce à la prestation pleine d'allant de Julie Christie. On y retrouve la vision bariolée de l'Inde mais sous un jour plus intimiste. Comme son ancêtre, Ann se sent en communion avec cette contrée mais elle n'a pas l'entrave raciale et de classe de son ainée et peut s'y épanouir pleinement. Pourtant ce qui peut être vu comme une avancée est en fait un obstacle. La force de l'histoire d'amour d'Olivia venait de sa rébellion progressive envers son milieu et ses semblables, l'accomplissement de l'interdit magnifiant cette romance par le danger encouru. Ann court après ce genre de sensation suivant la route de sa grande tante mais son environnement est plus paisible, la proximité et les relations mixtes sont acceptées (à l'image du boudhiste occidental farfelu incarné par Charles McCaughan, le dialogue moquant ceux venant en Indes pour suivre un gourou) et lorsqu'elle s'abandonnera à une histoire avec son hôte Inder Lal (Zakir Hussain) leur jolie histoire n'atteindra jamais le souffle de celle du passé. Le présent trop sage semble avoir perdu cette flamme qui animait une Inde pourtant montrée comme une poudrière dangereuse (le pays n'obtenant son indépendance que plus de 20 ans après les évènements du film) mais où la menace agit comme un stimulant au contraire d'un monde moderne endormi. D'ailleurs si l'Inde contemporaine et ses habitants paraissent idylliques, la vision du passée s'avère moins manichéenne avec notamment un Nawab soupçonné de complicité avec des voleurs pillant le village.

Ivory capture ces moments avec une grande élégance et sobriété, loin de la flamboyance affichée par un David Lean sur La Route des Indes au sujet proche. La narration prend son temps, explique calmement les tenants et aboutissants géopolitiques, la psychologie des personnages de manière à la fois très littéraire et poétique mais sans lourdeur grâce au brio et à l'inventivité du montage. On vogue ainsi d'une temporalité à une autre, le glissement se faisant par la réutilisation d'un décor, par l'incursion d'une voix-off dans le passé ou le présent (les entrevues entre Julie Christie et Harry Hamilton-Paul), la répétitivité de certains moments. La conclusion obéit aux deux tonalités exprimées tout au long de l'intrigue. Le passé fut douloureux mais vibrant et passionné, le présent est lui serein mais incertain avec cette ultime vision solitaire de Julie Christie. L'actrice y est formidable de douceur et de charme, pendant parfait d'une Greta Scacchi quasi débutante et au tempérament espiègle et séducteur inoubliable.5/6
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Profondo Rosso
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Re: James Ivory

Message par Profondo Rosso »

Retour à Howards End (1991)

Dans l'Angleterre du début du XXème siècle, deux jeunes femmes fort émancipées, Margaret et Helen Schlegel, vont se lier d'amitié avec une famille traditionnelle, les Wilcox. La modernité des deux sœurs va créer des tensions et des drames chez les Wilcox, mais leurs destins sont maintenant liés.

Après Chambre avec vue (1986) et Maurice (1987), Howard Ends est la troisième adaptation d'EM Forster que signe le trio James Ivory/ Ismail Merchant/Ruth Prawer Jhabvala. Après les amours contrariés par l'immaturité (Chambre avec vue) puis par la transgression de l'interdit (Maurice) le récit traite plus frontalement de cette opposition de classe déjà au cœur des deux précédent films. On suivra ici les destins liés de deux familles anglaises sous l’Angleterre edwardienne, les Schlegel et les Wilcox. Les premiers de par leur parenté germanique via leur père font preuve d'une ouverture sur le monde et d'une modernité où s'illustre leur gout pour la littérature, la musique et une vraie curiosité envers leur semblable à travers les deux sœurs Margaret (Emma Thompson) et Helen (Helena Bonham Carter). Les Wilcox représentent eux une Angleterre plus traditionnelle et aristocratique, fermée sur elle-même. Les chemins des deux familles ne cesseront de se croiser sur plusieurs années dans un mouvement d'attirance et de répulsion toujours plus complexe et soulevant les grandes idéologies qui les oppose.

L'attirance concernera dans une échelle toujours plus intense les liens amoureux et amicaux noués avec une vraie sincérité et la répulsion naîtra elle des entraves sociales rendant l'union impossible. Chaque pas en avant se verra brutalement stoppé pour des conséquences allant en s'aggravant : de l'innocente romance entre Helen et Paul Wilcox naît un malentendu qui rafraîchira les rapports une première fois. L'amitié entre Margaret et Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave merveilleusement indolente et effacée) voit son symbole le plus fort étouffé lorsque le testament de cette dernière léguant sa propriété d'Howard Ends à son amie est détruit par sa famille. Ce sera enfin le mariage entre Margaret et le patriarche Henry Wilcox (Anthony Hopkins) qui s'avérera voué à l'échec. Quand le caractère ardent des Schlegel est constamment guidé par les élans du cœur, les Wilcox y répondent par une froideur bassement matérielle et égoïste. Le personnage fantasque d'Helena Bonham Carter ne pourra se résoudre à cette indifférence quand une Emma Thompson (superbe et récompensée par l'Oscar de la meilleure actrice) plus nuancée et touchante tentera sans y parvenir le compromis par amour. Ivory filme avec élégance et dans une superbe direction artistique ces mouvements contradictoire où son talent de narrateur évite un côté trop schématique (reproche que j'ai un peu sur Chambre avec vue) grâce à ses petits moments préparant aux entraves à venir (la rencontre à la gare qui empêche la première visite attendue de Howard Ends) où l'intensité des scènes de conflits comme celle vers la fin où Emma Thompson goutte douloureusement au refus brutal d'Anthony Hopkins pour une demande simple et sincère.

La fameuse demeure de Howard End au centre de tous les enjeux n'est finalement pas si visible que cela durant le film. Sa beauté n'est qu'entraperçue au début via les déambulations vaporeuse de Vanessa Redgrave ou plus tard Emma Thompson dans un mimétisme de mise en scène étudié pour Ivory. La nature environnante, le poids du souvenir de cette maison s'exprime sobrement et avec poésie (tout comme les rêveries interdite par sa condition au personnage sacrificiel de Leonard Bates) mais les lieux sont finalement surtout les centres du drame et du compromis qui confère à la conclusion un esprit de statu quo et de résignation. 4,5/6
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Re: James Ivory

Message par Supfiction »

J'aimerai revoir Jefferson in Paris que je n'ai pas vu depuis sa sortie cinéma il y a 10-15 ans je crois.
Est-ce que quelqu'un pourrait me dire si le dvd est à la hauteur ?

Concernant le film, je pense qu'il faut connaître un minimum la révolution américaine et la révolution française pour l'apprécier pleinement. Ayant progressé dans ce domaine, j'ai hâte de le revoir..

EDIT : je viens de tomber sur quelques captures, mais je ne sais pas de quelle édition il s'agit.

Je découvre au passage qu'il y avait Lambert Wilson dans ce film qui aurait mérité un blu ray, mais vu le potentiel commercial, je n'y crois pas trop. :?

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Tiens, il y avait même Gwyneth Paltrow !

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Et Elsa Zylberstein..

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.. Michael Lonsdale en Louis XVI je crois

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Re: James Ivory

Message par tootpadu »

Puisque le topic des obituaires a mystérieusement rendu l'âme, je me permets de relayer ici l'annonce de la mort de Richard Robbins, le compositeur attitré des productions Merchant/Ivory à pas moins de dix-sept reprises !

http://www.bbc.co.uk/news/entertainment-arts-20310059
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Re: James Ivory

Message par Grimmy »

tootpadu a écrit :Puisque le topic des obituaires a mystérieusement rendu l'âme, je me permets de relayer ici l'annonce de la mort de Richard Robbins, le compositeur attitré des productions Merchant/Ivory à pas moins de dix-sept reprises !

http://www.bbc.co.uk/news/entertainment-arts-20310059
Ah ben merde tiens !! Sa musique pour "Les vestiges du jour" est l'une des plus belles musiques de film de tous les temps !! :(
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Re: James Ivory

Message par Jeremy Fox »

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Re: James Ivory

Message par Jeremy Fox »

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