Notez les films Août 2012

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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semmelweis
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Re: Notez les films Août 2012

Message par semmelweis »

Jeremy Fox a écrit :
semmelweis a écrit :L'enfer

Je conseille à ceux qui aiment ou detestent Chabrol de le voir car je ne saurai dire à quel type de personne il plaira le plus. C'est un film de Chabrol tout en étant à part dans son oeuvre .A cela s'ajoute des bonus où il donne des explications passionnantes sur son travail. Mais je n'arrive pas à le noter , entre déception et réussite, la frontière est mince.
Je l'ai vu à sa sortie ne salles ; ce jour-ci, j'aimais encore moins le cinema de Chabrol que jamais. Bref, rejet total.
J'avoue que le produit fini n'arrive pas aux attentes qu'on peut avoir devant un tel sujet. A cela s'ajoute que l'on ne peut s'empecher de pernser aux quelques extraits du film de Clouzot , qui aurait pu etre une experience cinématographique. Ici , ce n'est pas le cas... Il faut peut etre que je trouve le doc sur l'enfer de Clouzot !
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Barry Egan
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Barry Egan »

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Un pitch alléchant, sorte d'"Idiocracy" version psychopathe, la première demi-heure est excellente, et après, le film perd du souffle et surtout de l'audace, un peu l'impression que les personnages principaux deviennent ce qu'ils détestent, bref l'orientation a pas marché pour moi. "Idiocracy" fait plus mouche, s'en prenant à la symbolique et faisant voyager son héros dans cet univers outrageant, chaque séquence dévoilant une nouvelle facette de la critique. Là, tout est exposé dès le départ et ensuite c'est l'expédition pas si sauvage que ça, ça manque de cruauté et de clairvoyance. La fin est décevante, le script manque clairement sa cible, j'aurais préféré voir nos héros faire preuve de plus de lucidité et aller flinguer des vrais responsables.

J'hésite entre 5 et 6/10, je vais être sympa, allez pour 6...
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hellrick
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Re: Notez les films Août 2012

Message par hellrick »

NAPOLEON DYNAMITE

Parait que c'est un "cult classic" (c'est d'ailleurs pour ça que je l'ai regardé)...au final on a un petit film très typé "indé" qui n'est ni drôle ni touchant, juste très caricatural et vite lassant. L'acteur principal m'a rapidement gonflé avec sa tête à claques et son unique expression...heureusement ça dure pas longtemps (environ 75 minutes) et la bande sonore est très sympa. C'est peu. Et je trouve le film assez antipathique au final, comme son héros, tout y est un peu trop calculé pour être décalé, drôle et cool alors que c'est juste banal, pas drôle (pas un sourire en 75 minutes devant une "comédie") et chiant.

Le genre de film qui a le don de m'irriter.

2/6
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cinephage
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Re: Notez les films Août 2012

Message par cinephage »

Freeway 2, de Matthew Bright (1999)

Emballé par le premier opus, ludique, assez peu politiquement correct, et bien mené, j'ai voulu tenter l'aventure. Avec des cameo de John Landis et Vincent Gallo, et le meme réalisateur que le premier épisode, le film avait tout pour m'intriguer.

Quelle amère déception : le réalisateur semble ressasser diverses obsessions, lesbianisme, boulimie, drogue, et, malheureusement, s'y complaire. Tout nous est présenté sans recul, avec un petit score rigolo, entre rock et samba, et si le sordide le dispute souvent au ridicule, on se demande bien, au final, lequel a gagné (sauf pour Gallo, qui a clairement la palme du grotesque). Les motivation des personnages restent énigmatiques, pour dire le moins, les scènes provoc sont le plus souvent ratées (un avocat qui se fait masturber par sa cliente au tribunal, des policiers trop violents, des concours de dégueulis, et j'en passe). Si encore il y avait une approche humoristique, effrayante ou du suspense, on (mais pas tout le monde) pourrait accepter les délires scato du réalisateur au service d'autre chose. Mais il n'y a rien, et le film est globalement bien mal ficelé. Un ratage complet, en somme. On sent bien que, peut-être, John Waters est la référence cachée du film. Mais Freeway 2 n'atteint pas la cheville de son film le plus raté...
1/10
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TOTAL RECALL, MEMOIRES PROGRAMMEES

Message par Happy Charly »

Ayant un peu la flemme de pondre un long avis (différent de celui que j'en ai déjà donné ailleurs) pour ouvrir un topic -comme il me l'a été proposé- consacré au film de Len Wiseman, je viens ici la faire rapidement concernant son "TOTAL RECALL, MEMOIRES PROGRAMMEES":

Film d'action qui peut tenir la route et ses engagements de divertissement -si vous ne supportez pas un final abracadabrantesque comme le qualifierait Dak Tirak et pourrait l'avoir également réalisé Brian de Palma (et je ne compare pas ces deux réalisateurs innocemment ou par pure provocation mais en me souvenant de l'une de ses scènes finales de "MISSION IMPOSSIBLE" :uhuh: )- il ne vous faudra pas aller voir ce film, si vous ne l'avez pas déjà fait, comme un remake ni une relecture de la nouvelle originale... pour peut-être ne pas bouder vot' plaisir.

Film dont j'ai étrangement vu une portée symbolique dans son final (et que j'exprime par chez moi: http://elgrandenimportnawak.over-blog.c ... 89683.html) qui pourrait peut-être donner une autre vision à ceux et celles qui l'ont déjà vu, comme le fit du temps de 'Rama je-n'sais-plus-qui avec sa vision de la scène finale de "LA PLANETE DES SINGES" de Tim Burton (pour rappel, ce forumeur dont j'ai oublié le pseudo, et qu'il m'excuse s'il nous lit toujours, proposait que notre cosmonaute chéri percevait désormais les humains comme des animaux et était bel et bien revenu sur Terre), et qui en ferait un film bien plus couillu con se l'imagine de la part d'un réalisateur peut-être déjà trop décrié -de son vivant, pour ne pas reprendre les vannes de certains et ailleurs sur ce que donnerait sa nécro' dans la presse actuelle...
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Flol
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Flol »

hellrick a écrit :NAPOLEON DYNAMITE

Parait que c'est un "cult classic" (c'est d'ailleurs pour ça que je l'ai regardé)...au final on a un petit film très typé "indé" qui n'est ni drôle ni touchant, juste très caricatural et vite lassant. L'acteur principal m'a rapidement gonflé avec sa tête à claques et son unique expression...heureusement ça dure pas longtemps (environ 75 minutes) et la bande sonore est très sympa. C'est peu. Et je trouve le film assez antipathique au final, comme son héros, tout y est un peu trop calculé pour être décalé, drôle et cool alors que c'est juste banal, pas drôle (pas un sourire en 75 minutes devant une "comédie") et chiant.

Le genre de film qui a le don de m'irriter.

2/6
T'as pas eu envie de voter pour Pedro ? :|

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AtCloseRange
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Re: Notez les films Août 2012

Message par AtCloseRange »

Switch (Frédéric Schoendoerffer)
Parfois, on peut regretter que ce soit Cantona et pas JPP qui fasse du cinéma. On peut aussi regretter que Jean-Christophe Grangé écrive des scénarios.
Pas mal de regrets donc. D'autant qu'on n'a même pas la consolation de la présence de Philippe Caubère...
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Colqhoun
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Colqhoun »

hellrick a écrit :NAPOLEON DYNAMITE

2/6
Napoleon Dynamite est le dernier grand héros américain !
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Eusebio Cafarelli »

Never let me go

Film d'une grande sensibilité dans la réalisation et l'interprétation. Très touchant et extrêmement glaçant et terrible en même temps. Très grand film de SF !
Federico
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Federico »

Eusebio Cafarelli, as-tu remarqué que Never let me go fut aussi le titre d'un film avec la divine de ta signature ?... :wink:
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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Eusebio Cafarelli
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Eusebio Cafarelli »

Mais c'est ma foi vrai !

Sinon Cowboys & Aliens
À part Daniel Craig, impeccable, c'est vraiment pas terrible. La 1e partie, quand on est dans le western, passe encore, mais après, ennui...
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Thaddeus
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Thaddeus »

Je m'excuse pour le côté un peu absurde de cette mise à jour, mais j'étais par monts et par vaux et je tiens à faire les choses dans les règles, et à continuer d'écrire une petite note pour chacun des films que j'ai vu.

Je remonte donc pour l'occasion cet ancien topic et poursuis mon journal de bord de ce fabuleux mois d'août. Je vais aussi remonter les topics de septembre et octobre, du coup (pardon d'avance).


Adieu Philippine (Jacques Rozier, 1962)
Nous sommes en 1962. Michel est stagiaire à l’ORTF et s’apprête à effectuer son service militaire en Algérie. Son ami Dédé en revient, taiseux, la mine assombrie, conscient que nul ne saurait comprendre son expérience. Sans jamais éluder cette toile de fond menaçante, Rozier prend la tangente et suit les pas de son protagoniste, accompagné des deux donzelles qui se sont entichées de lui, dans une ultime virée insouciante, en attendant la mobilisation. Toute son entreprise vise à capter, avec une attention vériste et poétique à la fois, les gestes et les mots du quotidien, dans leur volatilité et leur beauté la plus éphémère : sauterie yé-yé dans la chaleur du soir, chamailleries incongrues et promenades ensoleillées sur les routes et les plages de Corse. Un instantané précis de la France de l’époque. 4/6

Le trou (Jacques Becker, 1960)
On sait que Becker a mis ses dernières forces à la réalisation de ce film tendu jusqu’au point de rupture. Une cellule, cinq détenus, un projet d’évasion raconté dans sa dimension la plus concrète, avec une minutie qui suspend l’attention au moindre geste, au moindre son : rigueur implacable de la mise en scène, montage sec et mesuré qui cisaille le récit comme le métal attaque la pierre, partition de bruits de couloir et de pas obsédants Le suspense se double d’un questionnement moral, engage les notions de la confiance et de la responsabilité, du dilemme et de l’amitié, mais c’est toujours par sa forme dure et lisse, par l’épure quasiment granitique à laquelle sont ramenés les personnages, qu’il nous agrippe pour ne plus nous lâcher. L’admirable compagnon d’un autre grand film au sujet similaire : Un Condamné à mort s’est échappé. 5/6

Turning gate (Hong Sang-soo, 2002)
Hang Sang-soo marche en funambule sur le fil fragile qui relie la normalité des rapports de séduction et les manifestations imprévisibles du coup de foudre et de ses corolaires – le désir, l’euphorie, la désorientation. Un jeune homme s’enamoure d’une fille après avoir refusé de s’engager auprès d’une autre qui en pinçait pour lui : la petite ronde des sentiments, leur circulation fugitive, le désaccord perpétuel de ses personnages sont analysés avec un ironie légère, une fausse désinvolture qui n’exclut ni la gravité, ni le réalisme trivial des situations. Ce cinéma possède clairement ses limites, dans la ténuité même de ses ambitions, mais il diffuse un charme réel. 4/6

Les plus belles années de notre vie (William Wyler, 1946)
En lien direct avec son temps, Wyler entrecroise les parcours de trois démobilisés sur le chemin de la réinsertion et délivre un chef-d’œuvre de justesse et de probité, dont la force naît d’un équilibre miraculeux entre précision du regard et architecture romanesque. Passionnant témoignage sur les contradictions d’une époque, le désarroi et la solitude de ceux qui revinrent aux pays avec le sentiment d’avoir été floués, le film privilégie la vérité psychologique et émotionnelle sans jamais sacrifier la réalité objective des situations, développe une galerie de superbes portraits portés par un casting royal (du délectable Fredric March à la craquante Teresa Wright), manie la gravité et la lucidité, l’humour et les larmes avec une foi vibrante en la possibilité des lendemains heureux, reconstruits sur les fondations de l’amour. Absolument magnifique. 6/6

Shadows (John Cassavetes, 1959)
C’est au moment même où la Nouvelle Vague éclot en France que, de l’autre côté de l’Atlantique, Cassavetes éprouve les méthodes balbutiantes du cinéma-vérité pour donner forme à cet instantané brut de quelques vies new-yorkaises, libéré de la machinerie du studio et du souci de la perfection technique. Soit une chronique de la solitude urbaine et du racisme ordinaire, sans début ni fin, conçue autour de l’improvisation suivie d’une poignée d’acteurs non consommés mais remarquables, qui apportent à leurs personnages une criante authenticité. Le recours au 16 mm, aux extérieurs réels, aux plans longs se pliant au rythme du langage parlé et égalisant temps forts et temps faibles… Tout le génie si personnel de l’auteur est déjà là. 5/6

Les nuits de Cabiria (Federico Fellini, 1957)
Comme dans les deux précédents films, Fellini définit un univers de la détresse humaine qui trouve son issue dans les traits de la grâce et de la magie. Par son goût d’un merveilleux niché dans le réel, sa représentation sans logique causale de mondes divers, il est le plus beau volet de ce qu’on peut considérer comme une trilogie. Cabiria, avec son éternelle petite couette blonde et son sourire toujours pincé, est un chaton faussement lunaire, la spectatrice d’une vie qui n’est que malchance et illusion, mais dont l’aspiration à l’amour nourrit le film d’une désarmante candeur. De la ferveur d’un pèlerinage à une séance de prestidigitation en apesanteur, le récit l’enveloppe de sa bienveillance, jusqu’à un très beau final qui éclaire la tragédie d’une lumineuse espérance. 5/6

La troisième génération (Rainer Werner Fassbinder, 1979)
Schygulla, Udo Kier, Eddie Constantine, Bulle Ogier… Le cinéaste adjoint à l’essentiel de ses acteurs fétiches des icônes du cinéma d’auteur européen, joue avec les autoréférences (le personnage de Margit Carstensen s’appelle Petra, celui de Volker Spengler se travestit…). Il délivre surtout sa vision, ironique, iconoclaste et très critique, des rapports occultes entre le terrorisme, la police et les pouvoirs économiques. Les membres déboussolés d’une cellule de l’après-Baader y jouent au Monopoly, se déguisent dans des costumes de carnaval, sans comprendre qu’ils sont manipulés de bout en bout par les puissants qu’ils pensent combattre. Le récit pratique le contre-point permanent, se noie dans une cacophonie de commentaires et de voix radiophoniques, extérieurs à l’action, qui ajoutent à la singularité d’un film étrange mais assez captivant. 4/6

Du côté d’Orouët (Jacques Rozier, 1969)
C’est sur la côte vendéenne et les gloussements intarissables de trois copines pétillantes de vitalité, rejointes par un grand nigaud attachant (Bernard Menez, génial), que Rozier construit cette délicieuse chronique de vacances, en forme de carnet intime. L’improvisation contrôlée, la création de personnages en état de disponibilité totale, la confiance en l’allongement des séquences au gré des accidents de tournage fournit au film ses éclats de rire homériques, ses engueulades impromptues, ses moments de creux, sa détresse passagère qui finit par affleurer sous la bonne humeur, lorsque l’on prend conscience de l’été qui s’achève, de la solitude qui ne dit pas son nom ou des blessures passagères du cœur. On en sort heureux et mélancolique à la fois, les joues ensablées et les narines perlées d’embruns. 5/6

La grève (Sergueï M. Eisenstein, 1925)
Seul film effectivement réalisé d’une série de sept prévus, intitulée Vers la dictature, le premier long-métrage d’Eisenstein met d’emblée en pratique sa théorie des attractions (le royaume des gueux, le travail des indicateurs par la police, l’attaque par les cosaques de la cité ouvrière) et lâche la bride à son sens de la métaphore, à son goût de la caricature : la psychologie est sacrifiée au profit du cliché idéologique, qu’il s’agisse des patrons obèses ou des mouchards du lumpenprolétariat. Déjà le sens naît moins de la fable que de la forme, qui s’épanouit en des associations visuelles visant à identifier la réaction du spectateur avec un pur effet réflexe, et en des images d’une violence crue qui atteint son pic lors de la sanglante boucherie finale. 4/6

L’homme de l’ouest (Anthony Mann, 1958)
Quelques lieux minimalistes et décharnés où se jouent une intrigue sans anicroche, une demi-douzaine de personnages qui connaissent tantôt le trouble honteux, tantôt le désarroi face à la violence qui resurgit, tantôt la fidélité affective, fût-elle pour un être fou et vil : on reconnaît les composantes immuables du cinéma d’Anthony Mann, qui accomplit cependant un pas inédit vers une certaine forme de monolithisme. Car s’il observe avec la même exactitude les gestes, les objets, les stratégies, s’il est capable de traduire, ici encore, la grandeur de toute mort, la façon dont il oppose Gary Cooper, héros vieillissant, à un vieux bandit condamnant toute sa bande à se perdre dans une ville fantôme au milieu des rochers, souffre d’un certain figement hiératique. 4/6

La charge victorieuse (John Huston, 1951)
Embaucher Audie Murphy, le soldat le plus décoré de la guerre, pour le rôle principal de cette œuvre pacifique était une intuition géniale. Les producteurs n’apprécieront pas l’ironie du choix, et mutileront le film qui demeure malgré tout, dans sa version tronquée mais très concentrée (soixante-dix minutes sans bout de gras), une magistrale réflexion sur les limites du courage et la nature de l’héroïsme. La guerre de Sécession y est réduite à une suite d’escarmouches brèves et absurdes, fratricides et tétanisantes, nourries par les feux d’infanterie, entre des soldats qui souffrent et qui meurent, traversés par autant de moments de lâcheté que d’enthousiasme suicidaire – les deux comportements complémentaires, si proches, de l’homme en guerre. 5/6

Les sacrifiés (John Ford, 1945)
Le conflit n’est pas terminé lorsque Ford tourne cette œuvre magnifique, ponctuée d’étonnantes séquences de batailles maritimes, et chargée de la douleur authentique des combattants au lendemain de Pearl Harbour. Le cinéaste célèbre à nouveau la force de la communauté, refuse l’individualisme pour exalter l’entraide et la solidarité. De là naît une émotion feutrée et intense, dans un repas partagé entre des officiers et une infirmière, dans la naissance pudique d’une idylle, dans la tristesse désemparée qui traverse la déroute américaine du Pacifique. C’est l’image de ces soldats errants, ou de Sandy (Donna Reed et ses faux airs d’Ingrid Bergman), les sacrifiés, livrés à eux-mêmes sur les plages de Manille conquises par l’ennemi. L’un des plus beaux films de guerre jamais réalisés. 5/6

Le lien (Ingmar Bergman, 1971)
Pour la première fois, Bergman se laisse tenter par un tournage en langue anglaise. Conséquence directe ou non, son expression se grippe, et il est assez surprenant de le voir traiter de manière aussi peu personnelle, avec un tel déficit d’aspérités, cette banale histoire de passion adultérine en milieu bourgeois. Si ce n’est la relative perversité du triangle amoureux et le subtil renversement des rôles entre le mari rassurant, équilibré, protecteur, et l’amant porteur d’une inquiétante pathologie, rien ne distingue le film, plutôt honorable mais peu surprenant, d’un certain académisme psychologisant. Reste la qualité irréprochable de l’interprétation, emmenée par une Bibi Andersson très investie. 3/6

Henry : portrait of a serial killer (John McNaughton, 1986)
Le titre est programmatique et donne une idée du malaise que peut provoquer ce film clinique et glaçant qui adopte, pour décrire les méfaits sanglants de son tueur psychopathe, la même attitude détachée et indifférente. L’image est d’une banalité aux confins de la laideur, le filmage cru, le rythme délibérément attentiste : ces choix de mise en scène confèrent à la dérive d’Henry, brute opaque, l’aspect d’un documentaire animalier, d’une tranche de vie arrachée à un quotidien glauquissime, peuplé de monstres nihilistes dont l’humanité renvoie aux ténèbres les plus enfouies. C’est un bloc froid, sans suspense, sans progression dramatique, sans explication ; un objet étrange et antispectaculaire qui défie le regard et interdit toute distance morale ; une expérience vraiment difficile à juger. 4/6


J'ai vu également :

Salvatore Giuliano (Francesco Rosi, 1961) - 3/6
Soupe au canard (Leo McCarey, 1933) - 3/6
A perdre la raison (Joachim Lafosse, 2012) - 4/6
L'étrange pouvoir de Norman (Sam Fell & Chris Butler, 2012) - 3/6
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