Dupont Lajoie (Yves Boisset - 1975)

[daniel gregg]

Maintenant si tu me demandes si je l'ai enregistré à l'époque, je te répondrai non !

Pff ; c'est bien la peine.

J'aurais essayé

C'est pas un Topic sur Dupont Lajoie ici ?
Personnellement, à ce sujet, même si l'étude de caractères est parfois relativement juste, je trouve que par ses parti pris, souvent à la limite de l'outrancier, le film a un peu vieilli.

[Père Jules]

Pour calmer les esprits (mais c'est de la faute à PJ ; quelle idée de regarder un film de Boisset en pleine canicule ), mon rôle préféré de Jean Carmet, c'est dans un film encore plus inconnu : Un si joli village où il interprète une sorte de Columbo français face à une ordure joué par Victor Lanoux. Je rêve de pouvoir revoir ce film signé Etienne Périer.

En fait, je me dis plus "quelle idée de regarder un film de Boisset tout court".
On est pas près de m'y reprendre (j'ai tout de même Le juge Fayard en stock), déjà qu'avec Un condé, j'avais goûté à l'art du bonhomme.

Concernant Carmet -il est bon dans ce rôle, ce n'est pas le problème; je lui en veux juste un peu d'avoir participé à ce Dupont Lajoie- je le préfère nettement dans Pleure pas la bouche pleine, Le sucre ou Buffet froid.

Ce qui est "marrant" c'est qu'à mesure que le film avançait en chargeant à fond ce beauf de Lajoie, je me disais "raciste, alcoolique, corrupteur, pourquoi pas assassin tant qu'on y est ?...". J'en rêvais, Boisset l'a fait.

[Major Tom]

je le préfère nettement dans Pleure pas la bouche pleine

Honte à moi. Je me suis aperçu que je confondais le Pascal Thomas avec un Max Pecas.

Mais pareil, je préfère Carmet dans ce genre de films, avec Le Sucre, Buffet froid... on a les mêmes goûts en fait, ça me donnerait presque envie de me mettre à L'Atalante.

[Père Jules]

Ben Miss Nobody, elle a aimé L'Atalante

Tout ça pour dire que je n'arrive pas à concevoir qu'on puisse envisager le Boisset comme un film engagé contre le racisme. Dans la vidéo que tu as postée, Boisset parle de "dénoncer le racisme populaire". Voilà sans doute ce qu'est le peuple pour ce Monsieur, une horde de beaufs xénophobes.

[jacques 2]

Finalement, le cinéma qui se veut donneur de leçons, cela vieillit toujours mal, non ?

Je trouve pourtant Le Juge fayard du même Boisset, excellent en revanche

Surtout grâce à Dewaere, non ?

[Rockatansky]

Il ne faut pas non plus oublier que 2 ans avant le tournage du film, le sud de la france avait été le théatre de nombreux crimes racistes et autres ratonnades,et que peu de temps avant on balancait les arabes qui manifestaient des ponts de Paris

[Père Jules]

Il ne faut pas non plus oublier que 2 ans avant le tournage du film, le sud de la france avait été le théatre de nombreux crimes racistes et autres ratonnades,et que peu de temps avant on balancait les arabes qui manifestaient des ponts de Paris

De là à faire du "français moyen" l'entier responsable de ces actes sordides avec un tel film...

[jacques 2]

Il ne faut pas non plus oublier que 2 ans avant le tournage du film, le sud de la france avait été le théatre de nombreux crimes racistes et autres ratonnades,et que peu de temps avant on balancait les arabes qui manifestaient des ponts de Paris

C'est vrai mais cela justifie t'il un film aussi caricatural ?

Si des petits vieux se font assassiner par un gang d'arabes dans les mois qui viennent et qu'on en tire, quelques mois après, un film aussi manichéiste et caricatural que "Dupont ...", on hurlera - avec raison - au racisme, au fascisme et à la manipulation de masse : alors, l'équilibre et le juste milieu doivent jouer dans les deux sens, non ?

[Rockatansky]

Il ne faut pas non plus oublier que 2 ans avant le tournage du film, le sud de la france avait été le théatre de nombreux crimes racistes et autres ratonnades,et que peu de temps avant on balancait les arabes qui manifestaient des ponts de Paris

De là à faire du "français moyen" l'entier responsable de ces actes sordides avec un tel film...

Le film parle de ce racisme latent dans le pays à cette époque, et dans cette région (je sais j'y ai grandi), il ne parle pas non plus de tous les français, il traite aussi du phénomènes d'hystérie collective qui peut s'emparer de n'importe qui (cf par ex A mort l'arbitre)

[Rockatansky]

Il ne faut pas non plus oublier que 2 ans avant le tournage du film, le sud de la france avait été le théatre de nombreux crimes racistes et autres ratonnades,et que peu de temps avant on balancait les arabes qui manifestaient des ponts de Paris

C'est vrai mais cela justifie t'il un film aussi caricatural ?

Si des petits vieux se font assassiner par un gang d'arabes dans les mois qui viennent et qu'on en tire, quelques mois après, un film aussi manichéiste et caricatural que "Dupont ...", on hurlera - avec raison - au racisme, au fascisme et à la manipulation de masse : alors, l'équilibre et le juste milieu doivent jouer dans les deux sens, non ?

Je ne dis pas que le film est un modèle de finesse, ça ne serait pas un film d'Yves Boisset sinon, mais les éléments décris partent d'un postulat de base crédible

[Père Jules]

Le film stigmatise à dessein ce qu'on appellera par commodité "le peuple". Un restaurateur à Paris, un vendeur de lingerie fine, un huissier à Strasbourg... ça nous fait une belle brochette de Français (blancs, avinées, racistes... la barque est lourdement chargée) venus des quatre coins de la France. Ce n'est pas le phénomène d'hystérie collective que tu évoques, ou plus largement le lynchage, qui me pose problème. Non, c'est cette charge définitive et caricaturale qui m'agace profondément. Comme le dit jacques 2, un film dont on aurait inversé le propos aurait été vomi par l'ensemble de la critique et la "bien-pensance" généralisée. Et qu'on ne me sorte pas les deux personnages éventuellement sympathiques: le flic finit par fermer sa gueule pour sa carrière, et le fils Lajoie est un niais. En somme, pour Boisset, être blanc, c'est un délit de sale gueule.

[jacques 2]

C'est vrai mais cela justifie t'il un film aussi caricatural ?

Si des petits vieux se font assassiner par un gang d'arabes dans les mois qui viennent et qu'on en tire, quelques mois après, un film aussi manichéiste et caricatural que "Dupont ...", on hurlera - avec raison - au racisme, au fascisme et à la manipulation de masse : alors, l'équilibre et le juste milieu doivent jouer dans les deux sens, non ?

Je ne dis pas que le film est un modèle de finesse, ça ne serait pas un film d'Yves Boisset sinon, mais les éléments décris partent d'un postulat de base crédible

D'accord mais, comme dirait Edmond Rostand, c'est un peu court ...

Je suis à peu près sûr que s'il avait dû tourner le film dans la France contemporaine, il aurait utilisé un personnage de pédophile à la place d'un violeur de femmes si tu vois ce que je veux dire ...

D'ailleurs, il existe un film belge qui a eu un petit succès dans la mouvance de l'affaire Dutroux : il était du même niveau sur le fond que le Boisset mais ne bénéficiait pas du support d'acteurs connus ou chevronnés : il est de nos jours totalement tombé - à juste titre - dans l'oubli ...
Je ne me rappelle même pas le titre et n'en ai pas vraiment envie tellement cela empestait le cliché poujadiste de bas étage (pléonasme)

[Kevin95]

Ce que je ne saisis pas c'est le pourquoi de cette indignation face au trait lourd de Boisset alors que son film justement est une caricature. Le réalisateur avance à découvert durant tout le film et, du camping aux blagues salaces, tout est réunit pour croquer une France immonde dans une œuvre aux allures de comédie noir.

Pour moi, et je peux me tromper, il y a de la veine italienne dans Dupont Lajoie. On peut être tout aussi choqué face à la méchanceté envers le "peuple" de films comme Les Monstres ou Affreux, sales et méchants si l'on ne saisit pas le second degré de la démarche des cinéastes. Je ne pense pas que Boisset fait de son personnage une généralité, mais qu'il souhaite en revanche, dépeindre un milieu précis (moyen dirons nous) avec ironie et distance (comme une sorte de Groland macabre si on veux).

[jacques 2]

Ce que je ne saisis pas c'est le pourquoi de cette indignation face au trait lourd de Boisset alors que son film justement est une caricature. Le réalisateur avance à découvert durant tout le film et, du camping aux blagues salaces, tout est réunit pour croquer une France immonde dans une œuvre aux allures de comédie noir.

Pour moi, et je peux me tromper, il y a de la veine italienne dans Dupont Lajoie. On peut être tout aussi choqué face à la méchanceté envers le "peuple" de films comme Les Monstres ou Affreux, sales et méchants si l'on ne saisit pas le second degré de la démarche des cinéastes. Je ne pense pas que Boisset fait de son personnage une généralité, mais qu'il souhaite en revanche, dépeindre un milieu précis (moyen dirons nous) avec ironie et distance (comme une sorte de Groland macabre si on veux).

Peut être que c'était sa démarche mais ce n'est pas évident à la vision du film : ce n'est pas présenté comme une caricature voulue ...
Démarche que je trouve par contre évidente dans on "Canicule" (adapté de Jean Vautrin, ceci expliquant cela ...) ou les personnages sont tellement "hénaurmes que ..."

Idem dans les films que tu cites : le sentiment vis à vis des "héros" d'"Affreux, sales et méchants"
est plus mitigé, je trouve : ils provoque le rire (jaune) voire la compassion ou la pitié pas nécessairement le dégoût car la démarche est évidente ...
Boisset, sa filmographie l'a souvent démontré, était quand même un "enfonceur de portes ouvertes", montant sur ses grands chevaux pour dénoncer avec un sérieux papal et sans recul de grands "sujets de société" ...

Dès lors, y voir une démarche consciente de 2e degré (qui implique de l'humour même noir), j'avoue avoir du mal ...

[Kevin95]

Le générique et la musique volontairement pompière de Cosma (entre accordéon ironique et easy listening d’ascenseur... attention j'aime beaucoup le score mais il est à prendre lui aussi au second degré) ou la présence au générique des figures les plus reconnaissables de la comédie franchouille : Carmet bien sur mais aussi Pierre Tornade ou Jean-Pierre Marielle, semble indiquer que le film de Boisset n'entends pas être une vision naturaliste de la beauferie française mais une relecture acide d'un certain cinéma et avec lui d'un certain état d'esprit intolérant, celle qui se fond dans la foule, celle qui se masque d’être un trait français alors qu'elle est juste dégueulasse.

Après je reconnais que Boisset n'est pas finaud et à tendance à forcer le trait (pléonasme). Mais je trouve justement que dans Dupont Lajoie son style se digère mieux car l'éternel statut de donneur de leçon du réalisateur s’atténue pour laisser place à un humour méchant et dérangeant. L'humour et l'ironie est ce qui manque cruellement à pas mal de films d'Yves Boisset.