Notez les films Août 2012

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Flol »

The Incident (Alexandre Courtès)

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En voilà un film de genre bien troussé. Et soyons fier : il est réalisé par un français ! :o
Alexandre Courtès, (ex-clippeur pour U2 et les White Stripes notamment), sait soigner son cadre et ses personnages (ça met 30mn à réellement commencer, mais cette exposition est absolument nécessaire pour rendre la suite des événements d'autant plus tendue).
Une mise en scène léchée, de la tension, du gore (un nez arraché du meilleur effet)...enfin c'est certainement l'un des meilleurs films de ce style vus cette année (avec Kill List).
Foncez, c'est du bon.
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hansolo
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Re: Notez les films Août 2012

Message par hansolo »

Anorya a écrit : Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare (Lorene Scafaria - 2012).
Aka Seeking a friend for the end of the world.

... Mais heureusement il y a la fée Knightley --et je ne suis pas spécialement fan en plus donc ça pourrait encore mieux marcher chez ceux qui l'apprécient-- qui arrive pour sauver une poignée de vinyles de bon goûts de la fin du monde (John Cale, Scott Walker, Leonard Cohen, les Beach boys...) et nous émouvoir.

3,5/6.
J'aime bcp Miss Knightley (et Steve Carell aussi d'ailleurs), mais rien que le titre du film est un repoussoir dans le cas present (a peine plus délirant que Abraham Lincoln chasseur ...) - je lui donnerais peut être sa chance si je tombe sur le film par hasard un jour de pluie :fiou:
(j'imagine les gens qui vont au guichet du cinéma :
"Bonjour, une place pour 'jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare' ..." :idea: )
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Thaddeus
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Thaddeus »

AtCloseRange a écrit :Faut que tu regardes aussi quelques daubes, c'est pas bon de regarder trop de bons films :mrgreen:
Je vais enfoncer le clou. Hier je disais qu'il serait difficile de détrôner le Barberousse de Kurosawa en film du mois.

...

Après avoir affirmé cela, j'en ai découvert un autre qui n'est pas loin de le valoir. Je ne sais pas lequel des deux je préfère ; ce qui est sûr c'est qu'il va récolter un 6/6 franc, le deuxième en deux jours. Et seulement l'un des quatre ou cinq depuis le début de l'année.

Ce film, c'est Les Plus belles années de notre vie de Wyler. C'est incroyablement beau, juste, c'est à pleurer. Pardon de faire encore dans la dithyrambe mais vraiment... Je suis encore sous le coup de l'émotion. Et après L'Ombre d'un Doute, ça me confirme que je suis amoureux de Teresa Wright.

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Jeremy Fox
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Jeremy Fox »

Stark a écrit :
AtCloseRange a écrit :Faut que tu regardes aussi quelques daubes, c'est pas bon de regarder trop de bons films :mrgreen:
Je vais enfoncer le clou. Hier je disais qu'il serait difficile de détrôner le Barberousse de Kurosawa en film du mois.

...

Après avoir affirmé cela, j'en ai découvert un autre qui n'est pas loin de le valoir. Je ne sais pas lequel des deux je préfère ; ce qui est sûr c'est qu'il va récolter un 6/6 franc, le deuxième en deux jours. Et seulement l'un des quatre ou cinq depuis le début de l'année.

Ce film, c'est Les Plus belles années de notre vie de Wyler. C'est incroyablement beau, juste, c'est à pleurer. Pardon de faire encore dans la dithyrambe mais vraiment... Je suis encore sous le coup de l'émotion. Et après L'Ombre d'un Doute, ça me confirme que je suis amoureux de Teresa Wright.

Chef-d'oeuvre:

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J'aurais eu moi aussi du mal à les départager d'autant que je considère le film de Wyler comme l'un des plus beaux mélos de l'histoire du cinéma. Teresa Wright est adorable et touchante. Je pense avoir été encore plus bouleversé par le Wyler que par le Kurosawa.
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Message par Colqhoun »

Ratatouille a écrit :The Incident (Alexandre Courtès)
J'ai trouvé très beau, bien léché et tout, avec des personnages assez cools, mais ça me semblait aller un peu nulle part.
Et l'espèce de twist bizarre final me semble complètement gratuit.
PS: Alexandre Courtès c'est aussi le mec qui a créé les casques des Daft Punk, fait le design de leur album Discovery, créé le logo de Kavinsky et d'autres bricoles du genre.

Et je pense un peu pareil de Kill List. C'est plein de bonnes idées, de scènes assez étonnantes, mais l'ensemble ne fonctionne pas vraiment et le final m'a paru complètement gratuit.
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hansolo
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Re: Notez les films Août 2012

Message par hansolo »

Stark a écrit : Je vais enfoncer le clou. Hier je disais qu'il serait difficile de détrôner le Barberousse de Kurosawa en film du mois.

...

Après avoir affirmé cela, j'en ai découvert un autre qui n'est pas loin de le valoir. Je ne sais pas lequel des deux je préfère ; ce qui est sûr c'est qu'il va récolter un 6/6 franc, le deuxième en deux jours. Et seulement l'un des quatre ou cinq depuis le début de l'année.
classiquement quand on découvre une pepite; on a toujours un peu "peur" :wink: de tomber sur plus beau encore dans les jours qui viennent (ça m'a fait ça quand j'ai découvert The Ghost and Mrs. Muir; j'hesitais a voir un autre "classique" que je ne connaissais pas dans les jours qui suivaient ...)
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Flol »

Colqhoun a écrit :
Ratatouille a écrit :The Incident (Alexandre Courtès)
J'ai trouvé très beau, bien léché et tout, avec des personnages assez cools, mais ça me semblait aller un peu nulle part.
Et l'espèce de twist bizarre final me semble complètement gratuit.
Alors je crois qu'il ne s'agit pas du tout d'un twist, en fait
Spoiler (cliquez pour afficher)
le mec a juste pété les plombs suite à ce qu'il a vécu et se croit encore enfermé dans l'asile...y a juste le coup du mec qui se bouffe les doigts et en qui il voyait l'instigateur de la révolte alors qu'en fait pas du tout, qui m'a laissé un peu songeur
Colqhoun a écrit :Et je pense un peu pareil de Kill List. C'est plein de bonnes idées, de scènes assez étonnantes, mais l'ensemble ne fonctionne pas vraiment et le final m'a paru complètement gratuit.
Oui, la conclusion est un peu naze...mais les 2/3 du film sont scotchants, ça faisait longtemps que j'avais pas vu un truc pareil.
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Re: Notez les films Août 2012

Message par hellrick »

Ratatouille a écrit :
Colqhoun a écrit :Et je pense un peu pareil de Kill List. C'est plein de bonnes idées, de scènes assez étonnantes, mais l'ensemble ne fonctionne pas vraiment et le final m'a paru complètement gratuit.
Oui, la conclusion est un peu naze...mais les 2/3 du film sont scotchants, ça faisait longtemps que j'avais pas vu un truc pareil.
Bon je suis convaincu, je vais prendre ça cet après midi :wink:
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Demi-Lune
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Demi-Lune »

Stark a écrit :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Strum m'avait conseillé de mettre ces avis dans les topics des films concernés, mais tant pis. Pour ce mois-ci, je vais encore procéder comme ça.

Énorme mois d'août, en quantité comme en qualité.


Le roman de Mildred Pierce (Michael Curtiz, 1945)
A l’époque, le cinéma hollywoodien est à l’apogée de son âge d’or ; cet admirable film noir, où se surpassent la crème des meilleurs techniciens de la Warner, en est l’un des joyaux les plus achevés. Les images ciselées avec un style sans ostentation, la concentration de la moindre scène, le soin porté à la nature des personnages et à leurs relations, la dynamique sans faille d’un récit en flash-back éclairant par touches subtiles le mystère inaugural : tout concourt à la perfection du système narratif et formel. Maîtrise souveraine au service d’un propos riche et complexe, qui reflète les ambigüités morales de l’après-guerre et dresse, au travers de ses échecs sentimentaux et de ses sacrifices inutiles, le portrait d’une femme indépendante mais prise au piège de ses ambitions, condamnée, à travers l’amour qu’elle porte à sa fille pimbêche et matérialiste, à d’amères désillusions - Joan Cawford trouve ici l’un des rôles de sa vie. 5/6

Ascenseur pour l’échafaud (Louis Malle, 1957)
On peut se laisser bercer par le faux rythme tranquille, les accords lancinants de Miles Davis, l’indolence avec laquelle Louis Malle mène son intrigue passablement invraisemblable de série noire. On peut aussi être vite agacé par les affectations du couple de jeunes crétins qui se la joue amants maudits, se dire que l’exercice n’offre pas grand-chose de plus qu’un ressassement un peu dilettante de motifs jamais transcendés (le couple séparé, l’amour plombé par une trajectoire fatale), et considérer que cet hybride de polar post-qualité française et d’ébauche de Nouvelle Vague n’a pas très bien résisté à l’épreuve du temps. 3/6

Rushmore (Wes Anderson, 1998)
Naissance d’un auteur en une pincée de préoccupations bien cernées : cas d’école. Avec ses lunettes trop grosses et sa dégaine malhabile, notre héros vit une adolescence un peu déséquilibrée, confond suractivité et lucidité, se lie avec un quinquagénaire sympathique qui lui renvoie son image, s’enamoure d’une prof charmante dont la maturité le fera avancer : Anderson pose les bases de sa comédie humaine, peuplée d’êtres en décalage avec le réel mais qui tendent vers le bonheur. Le collage pop art, le rythme calé sur une B.O. exotique, le regard bienveillant équilibré entre blessures souriantes et douce drôlerie peaufinent la finesse d’un récit d’apprentissage sentimental qui donne du sang neuf au campus movie – lorsqu’à la fin le héros entérine sur scène sa sérénité nouvelle, on se dit qu’Anderson est, comme lui, très bien parti. 5/6

Qu’elle était verte ma vallée (John Ford, 1941)
Bien qu’arrivé tardivement sur le projet, le cinéaste s’est pleinement approprié cette nouvelle chronique ouvrière et sociale, qui comme le film précédent (Les Raisins de la Colère) illumine la condition tragique des classes modestes d’une humanité simple et universelle – espoirs et efforts sans calcul de parents aimants, loyauté et affection de leurs enfants, altruisme profond d’un pasteur touché par l’amour. Sacrifiés de la logique capitaliste, attachés à une terre qui pourtant noircit, les tue et les dévore, les mineurs formalisent ici l’éternelle aspiration des êtres à des lendemains plus heureux : John Ford en célèbre les valeurs avec un soupçon de paternalisme sentimental, mais surtout beaucoup de générosité. 4/6

Sœurs de sang (Brian De Palma, 1973)
D’emblée, Brian De Palma s’inscrit de façon très nette dans la filiation d’Hitchcock. Baroque et ludique, affirmant des choix formels qui portent déjà pleinement la marque de l’auteur, développant une intrigue invraisemblable avec une créativité un peu adolescente, presque gloutonne, cette œuvre de jeunesse se permet des décrochages assez réjouissants : la vraie héroïne n’est identifiée qu’au bout d’une demi-heure, le thriller déraille vers l’épouvante psychique, le long d’un récit qui fait la part belle à la surprise, au grand-guignol, à l’humour pervers. Tout ne fonctionne pas, mais on y décèle sans peine les manifestations déjà très sûres d’un talent génial. 4/6

La honte (Ingmar Bergman, 1968)
Après L'Heure du Loup, Le cinéaste offre une nouvelle perspective à son éprouvante radiographie de la terreur, mais en déplaçant sa formalisation sur un autre terrain : celle d’un chaos fulgurant, imprévisible, déchaîné sur un pays en guerre. Secoué par les événements (propagande mensongère des soldats-journalistes, détachement absurde des médecins tortionnaires), ballotté dans un paysage de désolation jusqu'à dériver en barque au milieu des cadavres, un couple déjà fragile se fissure, voit la mesquinerie, la bassesse et l’abjection se propager en son sein même, et l’insoutenable conscience de l’humiliation lui sucer ce qui lui reste de dignité humaine. Le questionnement est noir et âpre, ce qu’il suscite peu agréable à éprouver – le film, lui, est très fort. 5/6

L’enfance d’Ivan (Andreï Tarkovski, 1962)
S’il s’insère dans le cinéma russe dit du dégel, dénonçant la guerre et les erreurs politiques comme autant d’entraves aux vies et aux promesses d’avenir, Tarkovski impose d’emblée un humanisme plus fort que toutes les motivations patriotiques et idéologiques. Ivan, jeune garçon lié à deux officiers par une profonde et émouvante affection mais dont l’héroïsme suicidaire reflète un esprit de vengeance qui l’empêche d’accéder à une vie normale, rêve de la douceur caressante de sa mère assassinée, des humeurs labiles de son passé, des sensations aqueuses, baignées de soleil, qui l’habitent en des souvenirs lancinants. Déjà le cinéaste éblouit par la beauté envoûtante de ses travellings, par la charge panthéiste des plans où la nature tient une place prépondérante, à l’image de ces sous-bois inondés et traversés par les soldats dans une nuit sillonnée par les fusées d’éclairage. 5/6

Le carrosse d’or (Jean Renoir, 1953)
Renoir revient apaisé de son expérience indienne, cultivant le plaisir d’esthète d’inventer des histoires et des spectacles, ornant son (faux) désengagement politique d’une exaltation virevoltante de l’art et de l’artifice. D’une certaine manière, il franchit le muret de la villa du Fleuve et offre le contre-champ du colonialisme en le parant des atours bariolés de la commedia dell’arte. Le monde réel et celui de la représentation coulissent en une mosaïque baroque, les portes s’ouvrent comme autant de poupées russes sur un enchevêtrement d’intrigues de cour, saltimbanques et aristocrates font danser ors, velours et pastels en une fantaisie ultracolorée – c’est une fête pour les yeux, qui catalyse l’énergie vitale du théâtre et rappelle l’impossibilité de savoir où s’arrête la scène et où commence la vie. 5/6

Printemps tardif (Yasujiro Ozu, 1949)
La caméra enregistre actions et événements en les cadrant au ras du tatami, les personnages se disent leurs quatre vérités au travers de champs/contre-champs radicaux, dans des chuchotements parfois humides de quelques larmes retenues : le cinéaste met au point un système très pensé de variations infimes que les films suivants ne cesseront d’approfondir. Une douce mélancolie s’invite au sein de ce climat serein, sentimental mais percé d’une secrète tristesse, qui exprime, par la grâce d’une lèvre frémissante, d’un sourire chargé de regret, ou d’une pièce soudainement vide, la douleur de la séparation inéluctable entre une jeune femme et son père, dont le lien affectif plie sous le poids des convenances sociales. 4/6

Les deux anglaises et le continent (François Truffaut, 1967)
Neuf ans après Jules et Jim, le cinéaste en inverse les données à travers l’initiation amoureuse de trois jeunes personnages romantiques habités par la fièvre charnelle et spirituelle. Les fermetures à l’iris, la fermeté des cadres et des enchaînements, la pureté de la lumière naturelle d’Almendros, la surabondance du commentaire off décliné par la voix blanche de Truffaut chargent le récit d’une âpreté tranchante et cruelle. L’oxymore régit d’un bout à l’autre les tiraillements de ce drame passionnel : crudité sous les conventions et les pudeurs puritaines, affleurement de sentiments grattés jusqu’à l’os mais restitués avec une littéralité froide, qui confèrent aux obstacles des amours contrariées un étrange alliage d’exigence et de bouillonnement. 4/6

Le poison (Billy Wilder, 1945)
Tenir une heure, se traîner jusqu’au zinc du coin pour se couler les cinq dollars qui restent dans le gosier, trouver de quoi se payer une autre bouteille, réussir à passer la nuit sans boire, puis recommencer… Faire une croix sur toute ambition professionnelle, toute dignité, toute probité morale, ne pas voir que sa petite amie et son frère se tuent pour nous sortir de la prison d’égoïsme et de veulerie que le poison de l’alcoolisme construit jour après jour. Wilder fixe cet enfer de manière clinique, en restitue la désillusion et le désarroi du quotidien à travers un climat d’angoisse asphyxiant – les murs se resserrent, le temps se fige dans le manque du prochain verre, les hallucinations remontent à la surface de l’image. Accessoirement, il rappelle à quel point Ray Milland (remarquable) est un sosie de James Stewart. 5/6

Viva Zapata ! (Elia Kazan, 1953)
La terre brûlée du Mexique nourrit de sa lumière aride les veines de cette fausse biographie historique, scénarisée par John Steinbeck sur une idée personnelle de Kazan lui-même. Influencé par le cinéma soviétique, mû par une admiration nuancée pour l’utopie révolutionnaire, le cinéaste refuse les idées préconçues, les raccourcis manichéens, et développe une passionnante réflexion sur le pouvoir qui finit toujours par corrompre, en même temps qu’une incitation à l’insurrection permanente. Actions de terrain, intrigues politiques, pièges de la volonté idéologique et relativité de la démocratie sédimentent l’admirable complexité d’une épopée de plus en plus désenchantée, à travers laquelle Marlon Brando, en hérault paradoxal de la lutte populaire, impose un charisme assez monstrueux. 5/6

Le sourire de ma mère (Marco Bellocchio, 2002)
C’est à travers les yeux d’un héros rétif et perplexe que Bellocchio mène cette singulière enquête au cœur des instances vaticanes, durant laquelle la réalité s’estompe au profit de son envers fantomatique. On y croise un vieux comte antimonarchiste qui provoque un duel lors d’une scène à l’anachronisme délirant, une beauté blonde irréelle n’existant peut-être pas ailleurs qu’en songe, et toute une famille liguée avec l’épiscopat dans une sombre conspiration – à travers ce ballet d’ombres et de secrets, le cinéaste stigmatise l’obscurantisme et les relations occultes entre pouvoir et religion, rend aux manœuvres politiques leur visage le plus cynique, et affirme un agnosticisme radical qui trouve sa pleine expression dans le sourire ironique de Sergio Castellito. 4/6

Conte des chrysanthèmes tardifs (Kenji Mizoguchi, 1939)
C’est en quittant sa classe privilégiée, en cristallisant sur scène ses dons et sa nature et en s’en remettant aux conseils de la femme qui l’aime que le héros trouve ici son accomplissement. La métaphore autour de la dualité identitaire imposée par le métier d’acteur, celle également de la sensibilité artistique et humaine qui féminise, soulignent l’oppression que la société de caste et l’ingratitude masculine imposent aux femmes sacrificielles. La beauté souple des mouvements d’appareil, la conception des scènes en travellings coulissants et en plans-séquences définis par les rapports psychologiques et sociaux des personnages, la pudeur constante de l’expression mélodramatique imposent ce style délicat et retenu qui ne fera que s’épanouir par la suite. 4/6

Tabou (Friedrich Wilhelm Murnau, 1931)
C’est une pureté originelle de la même eau que celle de L'Aurore que Murnau parvient à capter dans les images huileuses et scintillantes de cet envoûtant conte sauvage, déplaçant les vertus documentaires promues par Flaherty sur un champ plus sacré. Le cinéaste traduit les flux et reflux de l’ombre et de la lumière dans une perfection esthétique et symbolique du jeu des masses, des contrastes sur les corps et les objets, et célèbre les forces élémentaires de la nature en contre-point romantique aux espoirs que laisse percevoir la civilisation. Le paradis, puis sa perte : telles sont les deux étapes d’une histoire que l’on peut lire comme une émanation presque mythologique de l’inconscient de l’Occident, et dont la poétisation panthéiste a sans doute profondément influencé Malick. 5/6

Stromboli (Roberto Rossellini, 1949)
Le film de la rencontre avec Ingrid Bergman est aussi la première étape d’une évolution vers une autre forme de radiographie, celle d’un couple moderne, par le prisme d’un journal intime où l’anecdote est réduite à sa plus simple et exigeante expression. De fait, si le monde de la terre (et de la mer, ici particulièrement) italienne est dépeint avec le même souci vériste qu’auparavant, c’est bel et bien au désarroi intime d’une femme malheureuse en mariage, cherchant à échapper à sa condition dans la ruse de la séduction charnelle ou au contraire dans l’absolution d’une foi rédemptrice, que s’intéresse le cinéaste. Reste que la blancheur de cette expression, la mise à plat très littérale de ces intentions, me laissent à distance de tout véritable intérêt. 3/6

Quarante tueurs (Samuel Fuller, 1957)
Une poignée de personnages arrachés à la roche des archétypes, une durée compressée autour de quelques enjeux aussi sommaires qu’efficaces, un goût prononcé pour la résolution sauvage et les confrontations édifiantes (entre ennemis, ou avec les forces de la nature), le tout unifié par une forme tonitruante, parsemée d’effets fantasques et bigarrés, font de ce western à la fois classique et baroque une réussite assez singulière. Mais la réflexion, inhérente au genre, de la disparition progressive des anciennes traditions au profit d’un genre nouveau d’hommes et d’organisations sociales, pâtit quelque peu d’une narration déséquilibrée, et de développements psychologiques parfois approximatifs. 4/6

L’année des treize lunes (Rainer Werner Fassbinder, 1978)
Au travers de longs monologues narratifs ou méditatifs, et par le prisme de séquences pathétiques conçues comme autant de blocs cassavetesiens, la vie d’un transsexuel malheureux se raconte : ses cinq derniers jours forment une lamentation tragique qui refuse la complaisance comme la perspective sociologique. Directement inspiré par le suicide de son ami Armin Meier, Fassbinder restitue au héros sa dimension la plus écorchée, la plus douloureuse, et parvient à transcender le naturalisme sordide et l’artifice scabreux que le sujet appelle constamment : les quelques touches de burlesque grinçant (tel Gottfried John en capitaliste délirant, rescapé des camps et organisant avec ses sbires des jeux ubuesques en tenue de tennis) ne font que mettre en relief le désespoir radical d’un être condamné, dans son âme meurtrie et son corps autre, au rejet et à la solitude. 5/6

Une passion (Ingmar Bergman, 1969)
L’île de Farö encore et toujours, quatre personnages réunis en de subtils rapports interconjugaux, et le passage définitif à la couleur, arborant une palette impressionniste assez singulière malgré la rudesse granuleuse de l’image. Bergman poursuit l’auscultation du désarroi et de l’angoisse domestiques à travers la rencontre de deux solitudes en proie à leurs fantômes respectifs, qui s’aperçoivent que nulle reconstruction n’est possible sur une terre brûlée. La noirceur crue et l’austérité presque nihiliste du propos sont comme refusées par une forme de douceur meurtrie, par la limpidité d’une narration libre et elliptique, et par la distanciation quasi expérimentale conférée par les commentaires des acteurs sur la nature de leurs personnages. 5/6

Bande à part (Jean-Luc Godard, 1964)
Beaucoup prétendent qu’il n’y que fraîcheur et spontanéité dans cette drôle de fausse série noire tragi-comique, que la liberté de Godard sautille d’un plan à l’autre, d’une idée à la suivante, sur les traces de trois personnages encore adolescents qui jouent aux gangsters comme des gamins assez idiots. Mais la fantaisie semble ici particulièrement fabriquée, ne débouche sur rien d’autre qu’un exercice d’autosatisfaction tout fier de ses petites afféteries – une interjection lancée face caméra, une minute de silence littérale, et ces éternels apophtegmes godardiens, parfois imbitables, débités avec un aplomb très calculé. Bref, ça se veut léger et charmeur, c’est surtout terriblement vide et ennuyeux. Et puis le jeu dilettante et les fausses intonations de Karina, pitié. 2/6

Journal d’un curé de campagne (Robert Bresson, 1950)
L’épineuse question de l’adaptation littéraire trouve ici une proposition assez stimulante car le cinéaste ne cherche jamais à fuir la littéralité du texte originel. Il en reprend au contraire la matière et la traduit en images aplaties, non signifiantes, dont la tentation ascétique est constamment remise en perspective par la parole du héros narrateur, qui semble remplir les interstices des plans et y nicher son épaisseur d’âme. La nature de la sainteté dans le monde réel, l’épreuve du don de soi, l’expérience de la solitude à travers le sacerdoce d’un jeune prêtre confronté à la mesquinerie, à l’hostilité et au rejet de ses paroissiens tracent les lignes rigoureuses d’une méditation certes peu séduisante, mais pas encore recouverte par la sécheresse absolue qui fige certains films suivants. 4/6

Le cirque (Charlie Chaplin, 1928)
Embauché dans un cirque, l’éternel vagabond est confronté au regard du spectateur : il ne fait rire que lorsqu’il ignore ce pour quoi il a été réellement engagé, et qu’il bat sur leur propre terrain, de façon totalement involontaire, les artistes du spectacle forain. La réflexion démystificatrice que Chaplin porte sur son métier, son rapport avec le public, est de celles que seuls les plus grands peuvent se permettre. Et cette grandeur éclate à chaque seconde, dans l’ordonnancement géométrique de la mise en scène, dans la poésie d’un dîner de misère partagé avec une jeune fille, dans les hilarantes séquences de répétitions ratées, de clownerie involontaire ou de funambulisme acrobatique, corsé par des primates facétieux, qui font de cette petite merveille l’un des films les plus drôles de son auteur. 5/6

Le mouchard (John Ford, 1935)
En exergue, une citation de l’Évangile évoquant le dilemme de Judas : c’est sur les affres de la culpabilité et de la trahison que se penche John Ford, dans un style hérité de l’esthétique expressionniste qui tire le meilleur parti d’un décor dublinois reconstitué en des nappes de brouillard épais , des territoire de pénombre lugubres troués par des lumières solitaires. Un colosse rustre et simple se damne par amour, dilapide en une nuit avinée la solde de son infamie, se noie dans une faiblesse morale constamment rachetée par mille attentions dérisoires, pour finir jugé par un tribunal populaire sorti d’M le Maudit. De la faute à la rédemption, la trajectoire de cet être pathétique et rebutant à la fois captive de bout en bout. 5/6

Time and tide (Tsui Hark, 2000)
D’une, on ne comprend à peu près rien de l’histoire, car Tsui abolit les notions d’unité et les règles de bienséance de la narration traditionnelle : les couches temporelles se mêlent, on ne sait plus qui est qui, qui fait quoi, et pour quelle raison. De deux, on n’a pour ainsi dire jamais vu ça. Difficile de théoriser sur un tel prototype, qui semble redéfinir le rapport du corps à l’espace et les principes élémentaires de découpage et de composition. Le cinéaste fragmente, malaxe, expérimente tout, accumule les plans impossibles qu’il organise en un montage anarchique, une éruption permanente de défis aux lois de la physique dont le feu continu vise à la pure sensorialité et confine à l’abstraction. Ca ne dit probablement rien, mais c’est une expérience sacrément singulière. 5/6

Umberto D. (Vittorio De Sica, 1952)
Résister, ne pas baisser les bras, se battre contre l’adversité qui menace chaque jour et prend les formes les plus diverses : une pension de misère, d’anciens amis qui tournent le dos, une marchande de sommeil sans scrupule. Umberto l’affirme, aux autres et surtout à lui-même : il ne se laissera pas faire. Mais ce retraité famélique, cultivé et lucide ne peut rien contre la société qui broie et écarte les plus faibles. Ses seuls amis sont la très jeune bonne de sa logeuse, déjà victime elle aussi, et dont les larmes coulent presque sans qu’elle en ait conscience, et surtout son chien, fidèle compagnon d’infortune, qui lui donnera le courage de continuer à vivre sa vie errante et misérable. En termes poignants et très purs, au plus près des pulsations intérieures de son héros, De Sica dit tout de la lassitude, du malheur des laissés-pour-compte de l’Italie d’après-guerre. 5/6

Le signe du lion (Éric Rohmer, 1962)
Pour le jeu de l’exégèse, on peut inventorier toute une smala chabrolienne : Géhauff aux dialogues, le parfum de satire bourgeoise, un rôle tenu par Stéphane Audran (que cette femme était belle). Godard et ses éternelles lunettes noires, Marie Dubois y héritent aussi de quelques plans. Rohmer ébauche surtout les fondements d’une philosophie (le hasard, le destin) et d’une esthétique attachée aux lieux (ceux de Paris en été, écrasé par un soleil de plomb, où les couples se prélassent le long de la Seine). On y suit la déambulation d’un bohème oisif soudainement sur la paille, confronté à l’indifférence, au dénuement, à sa clochardisation progressive, subie davantage par passivité que par infortune. Le propos est noir, fixé dans sa nudité concrète, mais éclairé d’un amusement ironique que la pirouette finale met en relief. 5/6

Trois femmes (Robert Altman, 1977)
Millie, touchante aliénée de la solitude contemporaine, se pare des atours féminins prisés par les magazines et des jaunes artifices qu’elle se crée pour se protéger de ses illusions. Pinkie est une femme-enfant dont la candide naïveté couve une inquiétante fracture psychique. Willie, muette, enceinte jusqu’au cou, peint de monstrueuses figures hermaphrodites au fond des piscines. Trois chrysalides en plein processus de transfert et d’identification, qui rejouent la partition de Persona dans la banlieue post-hippie de Los Angeles et l’aridité poussiéreuse de Desert Hot Springs, jusqu’à fusionner en une cellule père-mère-fille évidée de toute masculinité. Baignant dans le liquide amniotique d’une photo sous-exposée, habitée par les incroyables Shelley Duvall et Sissy Spacek, le film distille un mystère déroutant et vénéneux. Absolument fascinant. 5/6

Un ange à ma table (Jane Campion, 1990)
Trois romans autobiographiques de la Néo-Zélandaise Janet Frame portés à l’écran en autant de parties interdépendantes autour de l’enfance, de l’adolescence et de l’âge adulte, vécus dans la douleur par un être exclu au monde, qui trouve dans l’écriture à la fois un échappatoire et un moyen de survie radical. Cette femme effacée, hyperémotive, dont les cheveux rouges semblent faire affluer tout le sang, impose à la biographie ses pulsations sensitives, une sorte d’attention toujours diffractée à la texture du monde. Reste que, en étant tout à fait estimable, le film ne se défait jamais d’une forme d’académisme bon teint qui lui porte un peu préjudice. 4/6

Une balle dans la tête (John Woo, 1990)
Réputation flatteuse : le film serait un des sommets de l’auteur. Ah bon ? Woo accouche surtout d’un patchwork invraisemblable qui, sur une trame très proche de The Deer Hunter, vivifie les contrées nanardesques d’un bon vieux Chuck Norris des familles : succession d’explosions et de fusillades contre des truands patibulaires et de méchants soldats de l’armée régulière dans la jungle, qu’accompagne un synthé digne des fleurons de la série Z. La stigmatisation de l’horreur de la guerre se fait dans l’esthétisation permanente de l’artillerie, de la balistique, des morts aux ralentis ; l’exaltation de l’amitié n’est que gesticulation hystérique et caractérisation à la serpe (mention à Paul qui passe en mode Orange Sanguine en cinq sec) ; bref j’ai passé l’essentiel à pouffer devant tant de grotesque boursouflé, malgré une dernière demi-heure pas trop mauvaise. 2/6

Barberousse (Akira Kurosawa, 1965)
Trois heures pour raconter le passage de l’égoïsme et de l’ambition individuelle à l’altruisme le plus désintéressé. Pour éclairer le malheur des miséreux dans le Japon provincial du début du XIXè siècle, en suivant le quotidien d’un vieux docteur bourru, pétri d’humanité, qui soigne les corps autant que les âmes. Pour vibrer à la confession déchirante d’une mère tremblante de désespoir, au témoignage en flash-back d’un agonisant qui se remémore son amour perdu, ou à la douceur d’une jeune patiente veillant sur son médecin, malade à son tour – tout témoigne d’une pudeur d’évocation sans faille. Trois heures pour, au final, pleurer devant le miracle invoqué par les supplications de quelques vieilles femmes autour d’un puits : ce que nous enseigne ce film bouleversant, digne de Dostoïveski, c’est la valeur noble et universelle de la compassion. 6/6
Bah... il est où Kaïro ? :mrgreen:
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Alligator »

Starbuck (Ken Scott, 2011) 6.5/10

http://alligatographe.blogspot.fr/2012/08/starbuck.html

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Je ne savais rien, pratiquement rien de ce film, si ce n'est qu'il s'agit d'une comédie québécoise sur la question de la paternité pour les donneurs de sperme. Avec la canicule qui frappe en ce moment, je serais aller voir n'importe quel film pour être au frais. Et je n'ai pas vu n'importe quoi, mais un bon petit film.

Certes, ce n'est pas très drôle, pas de quoi se plier en deux de rire mais un certain soin est pris à trousser une histoire qui tienne debout et somme toute émouvante.

Surtout l'acteur principal, Patrick Huard, me fait une très grande impression. Si je devais retenir une bonne raison de voir ce film, je citerais volontiers la superbe scène qu'il partage avec Igor Ovadis. Émouvante. Les deux comédiens font une jolie démonstration, pleine de rigueur et d'acuité. Dans l'ensemble, tous les autres acteurs sont d'ailleurs très bons.

Si l'histoire est attirante et lance parfaitement la réflexion sur la paternité, je ne suis pas véritablement sûr qu'il y réponde avec une grande finesse. On est plus dans l'anecdote qu'autre chose, on fait appel au cœur plus qu'au cerveau. Cela un peu léger de déclarer qu'un donneur peut se sentir investi du rôle protecteur de paternel pour chaque enfant procréé grâce à son legs. L'idée donne une sorte de conte, joli, tendre mais il est difficile d'aller au delà, d'en tirer un quelconque enseignement sur le sujet. Comme je disais, cela permet de commencer à réfléchir sur cette question mais en aucun cas d'y élaborer de vraies réponses.

Cette aimable petite comédie de mœurs me donne l'occasion également de pénétrer un peu plus le cinéma francophone nord-américain, ce qui n'est pas pour moi de l'ordre de l'habitude, tant il se fait encore trop rare dans les salles européennes. Agréable, mais sans plus, à voir pour les acteurs et pour se laisser bercer par la tendresse des personnages.
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Thaddeus
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Thaddeus »

Jeremy Fox a écrit :J'aurais eu moi aussi du mal à les départager d'autant que je considère le film de Wyler comme l'un des plus beaux mélos de l'histoire du cinéma. Teresa Wright est adorable et touchante. Je pense avoir été encore plus bouleversé par le Wyler que par le Kurosawa.
Je vais peut-être dire une connerie mais pour moi le film atteint le niveau stratosphérique des plus grands Douglas Sirk. Même si le traitement est très différent, moins axé sur le pathétique des situations, beaucoup moins saturé que chez le maître de Mirage de la Vie, on atteint ici un idéal de perfection émotionnelle absolument miraculeux.
Teresa Wright, que dire ? Ce visage d'ange...
hansolo a écrit :classiquement quand on découvre une pepite; on a toujours un peu "peur" :wink: de tomber sur plus beau encore dans les jours qui viennent (ça m'a fait ça quand j'ai découvert The Ghost and Mrs. Muir; j'hesitais a voir un autre "classique" que je ne connaissais pas dans les jours qui suivaient ...)
Je comprends ce que tu veux dire. On craint que la découverte d'un film magnifique n'efface le souvenir du précédent, mais heureusement ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. J'ai été bouleversé par Barberousse, au point de le faire postuler à mon top 100 (pour l'instant je laisse décanter). Si tel est le cas, ce serait la deuxième entgrée dans ce sanctuaire, cette année, après Seuls les anges ont des ailes. Et la découverte de ce film de Wyler n'atténue en rien l'impact ressenti devant le Kurosawa, tant comme il n'atténue en rien le bonheur et l'émotion que j'ai pu vivre devant les autres films découverts pendant ce fantabuleux mois d'août.
Demi-Lune a écrit :Bah... il est où Kaïro ? :mrgreen:
Ah mais non, celui-là je l'ai vu il y a pas mal d'année déjà. Ce n'est pas la diffusion sur Arte qui me l'a fait découvrir :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Jeremy Fox »

Je vais peut-être dire une connerie mais pour moi le film atteint le niveau stratosphérique des plus grands Douglas Sirk. Même si le traitement est très différent, moins axé sur le pathétique des situations, beaucoup moins saturé que chez le maître de Mirage de la Vie, on atteint ici un idéal de perfection émotionnelle absolument miraculeux.
...

N'ayant jamais été très enthousiaste face aux mélos de Sirk, je ne trouve pas que tu dises une connerie :wink:
Si tel est le cas, ce serait la deuxième entgrée dans ce sanctuaire, cette année, après Seuls les anges ont des ailes.
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Anorya »

hansolo a écrit : J'aime bcp Miss Knightley (et Steve Carell aussi d'ailleurs), mais rien que le titre du film est un repoussoir dans le cas present (a peine plus délirant que Abraham Lincoln chasseur ...) - je lui donnerais peut être sa chance si je tombe sur le film par hasard un jour de pluie :fiou:
(j'imagine les gens qui vont au guichet du cinéma :
"Bonjour, une place pour 'jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare' ..." :idea: )
Je continue de penser que ce titre s'avère pourtant supérieur à Bonjour, une place pour saucisse / chaussette. :mrgreen:
Par contre quand on aime les acteurs, c'est dommage de se priver d'un film à cause d'un titre, je trouve.
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Re: Notez les films Août 2012

Message par hansolo »

Anorya a écrit : Par contre quand on aime les acteurs, c'est dommage de se priver d'un film à cause d'un titre, je trouve.
tu as raison, mais la bande annonce ne me dit rien qui vaille (mais je peux me tromper ...)
idem, j'apprecie bcp Tom Cruise, Giamatti et Zeta-Jones ... mais de là a aller voir Rock of Ages :fiou:
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Re: Notez les films Août 2012

Message par Anorya »

Alligator a écrit :Starbuck (Ken Scott, 2011) 6.5/10

http://alligatographe.blogspot.fr/2012/08/starbuck.html

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Je ne savais rien, pratiquement rien de ce film, si ce n'est qu'il s'agit d'une comédie québécoise sur la question de la paternité pour les donneurs de sperme. Avec la canicule qui frappe en ce moment, je serais aller voir n'importe quel film pour être au frais. Et je n'ai pas vu n'importe quoi, mais un bon petit film.

Certes, ce n'est pas très drôle, pas de quoi se plier en deux de rire mais un certain soin est pris à trousser une histoire qui tienne debout et somme toute émouvante.

Surtout l'acteur principal, Patrick Huard, me fait une très grande impression. Si je devais retenir une bonne raison de voir ce film, je citerais volontiers la superbe scène qu'il partage avec Igor Ovadis. Émouvante. Les deux comédiens font une jolie démonstration, pleine de rigueur et d'acuité. Dans l'ensemble, tous les autres acteurs sont d'ailleurs très bons.

Si l'histoire est attirante et lance parfaitement la réflexion sur la paternité, je ne suis pas véritablement sûr qu'il y réponde avec une grande finesse. On est plus dans l'anecdote qu'autre chose, on fait appel au cœur plus qu'au cerveau. Cela un peu léger de déclarer qu'un donneur peut se sentir investi du rôle protecteur de paternel pour chaque enfant procréé grâce à son legs. L'idée donne une sorte de conte, joli, tendre mais il est difficile d'aller au delà, d'en tirer un quelconque enseignement sur le sujet. Comme je disais, cela permet de commencer à réfléchir sur cette question mais en aucun cas d'y élaborer de vraies réponses.

Cette aimable petite comédie de mœurs me donne l'occasion également de pénétrer un peu plus le cinéma francophone nord-américain, ce qui n'est pas pour moi de l'ordre de l'habitude, tant il se fait encore trop rare dans les salles européennes. Agréable, mais sans plus, à voir pour les acteurs et pour se laisser bercer par la tendresse des personnages.

J'avais beaucoup aimé ce petit film pour ma part. :D

Voici ce que j'en disais en juillet :
Anorya tête d'oie a écrit :Starbuck est une sympathique comédie québecoise de Ken Scott sur les affres... de la paternité ! J'y suis allé pour le pitch prometteur (un donneur de sperme qui s'était servi de ce moyen 20 ans avant pour gagner de l'argent voit un beau jour que son nom, ou plutôt son pseudonyme Starbuck, étalé au grand jour : son sperme fut redistribué par erreur et il engendra 533 enfants dont une bonne centaine qui cherche à tout prix à découvrir l'identité de leur géniteur) et que le sujet ne court pas spécifiquement les rues, à vrai dire. Le film a l'heureuse idée de ne pas faire dans le pathos et reste toujours drôle. On s'attache à notre anti-héros dépassé par les évènements, d'autant plus que ce dernier doit assumer d'être père pour enfin fonder une famille et enfin changer vraiment sa vie. Y arrivera-t-il ? Si on déplore quelques longueurs vers la fin, l'objectif de cette comédie-conte est atteinte et on ressort avec le sourire aux lèvres.
Hansolo and da Wookie a écrit :idem, j'apprecie bcp Tom Cruise, Giamatti et Zeta-Jones ... mais de là a aller voir Rock of Ages
Oui mais là on a plus ou moins une bonne excuse si la musique est pas top. :mrgreen:
Ou pas.
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