The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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monk
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par monk »

jacques 2 a écrit : Très inquiet de lire, sous la plume de Demi Lune, qu'il préfère presque le Bane de Schumacher ... :?
Attends, il faut prendre un peu de recul quand même. Demi-Lune n'a pas juste pas aimé le film, il n'en a rien aimé, du tout. Ce genre de sentiment de rejet en bloc me parait excessif. Je peux le comprendre, je ne dirais pas que ça ne m'est jamais arrivé: on décroche sur un truc qui nous gêne, on ne voit plus que les défauts et on ne veut plus voir que ça. Il devient hors de question de sauver le film.
Il a des défauts, en quantités, mais il a aussi beaucoup de qualités. Bane fait partie de ces qualités à mon avis. Il est loin d'être raté ou incipide, il est imposant et puissant. Son masque, sa voix et ses origines interessantes participent à en faire autre chose qu'un simple bourrin destructeur. Si c'est ce qu'il est aujourd'hui, il l'a pas toujours été. ET puisqu'on parle casting, la seule chose que je craignais était Anne Hathaway, mais je dois avouer qu'elle m'a convaincue, et que son rôle fonctionne. (spéciale dédicasse à Burton avec cette rencontre Wayne/Kyle pendant un bal)
Les défauts d'un film sont aussi subjectifs que ses qualités. Si la tendance générale - avec laquelle je suis d'accord - est que le film est trop long et trop bavard, il y a aussi des choses avec lesquelles tu peux tout à faire accrocher !
Le film est trop long. Une bonne demi heure de moins lui aurait donné beaucoup plus d'efficassité. Il y a des tentatives de suspens qui tombe à l'eau, quelques redites et beaucoup de blabla didactique. On reproche ça à Nolan, à raison, mais c'est quand même globalement très américain et je ne connais pas un blockbuster qui ne joue pas à fond la carte de la didactique pour être sur que tous les spéctateurs aient bien compris ce qui se passe à l'écran. C'est pas nouveau et tellement répandu que ça ferait même parti du genre. Aucune surprise à ce niveau pour moi.
Après, adhérer au scénario c'est autre chose. Espérer que le film ne soit pas pleinement politique, ou qu'il n'y ait pas un vrai sens profond cohérent, des sous-niveaux de lectures etc, je trouve que c'est se tirer une balle dans le pied avant la scéance. "Au final, je me dis simplement qu'ils se servent de notre réalité sociale pour construire autour de ça les enjeux dramatiques du film." Et moi je ne vois pas où est le problème. Qui ne le fait pas ? C'est as nouveau ! On est là devant un film d'action au gros budget, il ne faut pas l'oublier. Il aurait été interessant que Nolan approfondisse certaine choses, et que, par exemple, la "révolution" ne tourne pas au totalitarisme mais à l'anarchie, ce qui aurait sans doute été plus cohérent avec son discours. Mais Bane à un but - qui n'est pas de libérer le peuple du capitalisme - et ment pour arriver à ce but. Il ne veut pas la libération du peuple, il se sert de ce que le peuple voudrait être libéré pour atteindre son but. Malgré tout on est dans un blockbuster inspiré d'un comic book hein, il y a le bien qui doit être pure et iconique et le mal qui doit être super evil. C'est le jeux ! Que les forces de police libèrent la ville des méchants, ben wow c'est loin d'être original mais loin d'être surprenant aussi. Batman libère 3000 policiers armés quand même. Personnellement, je ne suis pas sur qu'en tant que simple citoyen, j'aurais été me méler à la foule pour la beauté du geste. Je crois savoir que la police aux Etats Unis prend son rôle très (trop) à coeur, je ne vois rien d'incohérent dans cette idée. Nolan aurait pu dépasser ça, peut être. Ca n'aurait pas rendu le film moins interessant évidement, mais ça ne veut pas dire que le film sous cette forme n'en est pas moins efficasse.
Car le film est très efficasse ! Tendu, dense, tragique et immersif, pour le peu qu'on veuille bien s'y laisser prendre. Les scènes d'action sont lisibles, les combats Batman/Bane très réussits. Le film m'a donné ce que j'attendais de lui à ce niveau là.
TDKR ne supasse pas TDK, plus serré dans ses intrigues et mieux ficelé. Nolan a pêché par confiance et en a trop mis. Mais je ne me suis pas ennuyé et j'ai vraiment apprécié. Le film cloture bien la trilogie et offre une belle fin à Batman. C'est loin d'être du MacDo ! Un TexMex plutôt. Et je pense qu'on peut aussi aimer le texmex et que, même, des fois ça fait du bien.
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G.T.O
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par G.T.O »

Vu et entendu.
Oui, oui, entendu. Plus que de voir, se laisser duper par la prestidigitation de ce magicien à l'habilité contestable, il s'agit de se plier devant la force de la démonstration. Envoûter, hypnotiser par la beauté, se laisser duper par plaisir de l'erreur, du mensonge. Non, certainement pas. Christopher Nolan veut entendre raison.

Et, il y a de quoi faire, tant la démonstration fait acte de force. Devant l'ampleur des moyens déployés, milliers de figurants, pas moins de 5 ou 6 personnages principaux, scènes de destruction massives, enjeux puissants et dialogues shakespeariens, concepts mises en place, l'impression de clôture de la trilogie, le volume sonore de la musique de Zimmer. ça ne rigole pas chez Nono. C'est du sérieux papal, de la tragédie de cour d'école, un vol de billes que l'on prend très au sérieux. Tout le monde a beau sortir du carnaval de Rio, avec ces costumes bidons et gadgets à la con, on ne badine pas avec la sourie volante. C'est du couillu, ça s'adresse à des gens qui en ont, à ceux qui ont du poil aux pattes...et un cerveau nous chuchotte Nolan qui, lui-aussi, prend très au sérieux toute cette histoire. Trop même, diraient certains. Mais, pourquoi au fond, ne l'est-on pas ? Pourquoi sort-on de la salle partagé entre l'accablement et l'hilarité ? Pourquoi sort-on avec le sentiment qu'il y a disproportion entre intention et résultat ?
Voici quelques éléments de réponse.

Beaucoup ont ri à l'annonce faite par le cinéaste anglais himself qui, durant la promotion, affirmait avoir étudier un certain nombres de films muets pour l'élaboration de son dernier volet de Batman. Qu'est-ce qu'affirmait au fond ces films et cette période ? A peu de chose près, l'inverse de qu'affirme le cinéma de Christopher Nolan : qu'il y a un primat de l'image sur tous les autres moyens narratifs. Pas une simple image comme chez Nolan, subordonnée au texte, simple faire-valoir à d'incessants dialogues qui, chez lui, tire la lourde charpente narrative ( autant de trames narratives que de personnages), coloriage des plages d'un dessin, arrière-plan de situations, pré-carré où s'épanouissent idées et couples conceptuels comme celui de "peur/absence de peur"( Batman Begins), "justice/corruption" ( TDK), ordre/chaos ( The Dark Knight Rises). Mais, une image narrative qui, au contraire, construit, modifie, change le récit. Chez Nolan, l'image ne raconte rien, ne détaille aucun sentiment. Le récit progresse que sous l'effet des dialogues et des situations. Outil parmi d'autres, dont dispose le réalisateur au même titre que le décor, la photo, la musique, l'image dans le cinéma de Nolan est réduite à une fonction purement illustrative. S'arc-boutant devant l'évidence et puissance des idées dont il faut immédiatement rappeler qu'elles constituent la fierté des Nolan et principe actif de leur écriture cinématographique, l'image se sacrifie sur l'autel des idées. La puissance voulue et recherchée par Nolan doit être induite par le vertige des idées et, plus précisément, par leur logique d'enchaînement.
C'est marrant que Nolan se soit attaquer au fond, avec Le Prestige, à ce qui constitue l'inverse de son cinéma et de l'art en général : l'illusion. Que dit le prestige ? Au fond, que l'illusion n'existe pas. Qu'au moment crucial de l'exécution du tour, un doppelganger entre en scène. Mais, dont l'apparition nous est caché, nous est, comme voilée, par l'ordre des séquences. Mensonge par omission, induit mécaniquement par le montage et corrigé tout aussi mécaniquement par lui. Défaut de mécanique, grain de sable dans la machine, plutôt que songe ou bien encore porosité du réel, tout le cinéma de Nolan ne cesse de réaffirmer cette foi inébranlable dans la puissance de rétablissement du montage, dans sa capacité à corriger l'erreur. A combler le manque.
Pas étonnant que son art soit si dépourvu de vie, de fantaisie, d'illusion...et d'erreur. Pas surprenant qu'il cherche à le prouver avec des films dont les thèmes portent sur la mémoire, la confusion entre rêve/réalité, l'illusion et le comics. Pas étonnant qu'il échoue lamentablement : ces sujets résistent mal à l'épreuve de son rationalisme. Élémentaire pourtant, mon cher Watson.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par pol gornek »

Rockatansky a écrit :Les comics sont destinés à la base à un public de 10/14 ans, et oui les enjeux sont très clairement définis, qu'un public plus adulte s'en soit emparé n'en change pas la cible première. Après certains auteurs (Miller entre autre) ont complexifié la chose.
Après si c'est facile, juste fait le...
Ces derniers temps, j'ai quand même l'impression que les scénaristes ont pris en compte l'évolution de la cible (un peu comme les jeux vidéo). Des histoires comme Identity Crisis chez DC ou Civil War chez Marvel sont clairement plus adultes et bouleversent un peu le manichéisme traditionnel.

Cela dit, oui, les comics sont une industrie destinée aux plus jeunes. Elle reprend les standards de la mythologie classique et l'adapte au nouveau monde. On n'est aussi pas loin du récit initiatique où le héros traverse les épreuves pour sortir grandi et victorieux. Alors les récits sont souvent bouclés avec une victoire à la fin, les enjeux sont clairs et même des auteurs reconnus, s'ils modifient un peu la donne et imposent des niveaux de lecture différents (Millar, Miller, Moore, Morrisson, Waid, Loeb...) ne perdent jamais de vu les fondamentaux.

J'ai l'impression que les comics en général souffrent encore de préjugés, que certaines pensées archaïques ont toujours courts. Des pensées qui veulent qu'une bonne histoire de super-héros doit mal se terminer, être sombre. Un joli conformisme, peut-être plus "important" que celui qu'on tente de nous vendre dans ce topic.

Cet avis ne tient pas compte de la qualité du film.
Le public qui grandit devant la télé affine son regard, acquiert une compétence critique, une capacité à lire des formes compliquées. Il anticipe mieux les stéréotypes et finit par les refuser car il ne jouit plus d'aucune surprise ni curiosité, les deux moteurs de l'écoute.Il faut donc lui proposer des programmes d'un niveau esthétique plus ambitieux. La série télé s'est ainsi hissée, avec ses formes propres, au niveau de la littérature et du cinéma.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Rockatansky »

G.T.O a écrit :
Et, il y a de quoi faire, tant la démonstration fait acte de force. Devant l'ampleur des moyens déployés, milliers de figurants, pas moins de 5 ou 6 personnages principaux, scènes de destruction massives, enjeux puissants et dialogues shakespeariens, concepts mises en place, l'impression de clôture de la trilogie, le volume sonore de la musique de Zimmer. ça ne rigole pas chez Nono. C'est du sérieux papal, de la tragédie de cour d'école, un vol de billes que l'on prend très au sérieux. Tout le monde a beau sortir du carnaval de Rio, avec ces costumes bidons et gadgets à la con, on ne badine pas avec la sourie volante. C'est du couillu, ça s'adresse à des gens qui en ont, à ceux qui ont du poil aux pattes...et un cerveau nous chuchotte Nolan qui, lui-aussi, prend très au sérieux toute cette histoire. Trop même, diraient certains. Mais, pourquoi au fond, ne l'est-on pas ? Pourquoi sort-on de la salle partagé entre l'accablement et l'hilarité ? Pourquoi sort-on avec le sentiment qu'il y a disproportion entre intention et résultat ?
Des le départ on sent que tu adhères au concept des super héros, quelle condescendance dans ton message pour ceux qui aiment prendre au sérieux ces films, je comprends parfaitement qu'on n'adhere pas au style pas toujours réussi de Nolan, mais un tel mépris pour ceux qui aiment ça je n'ai qu'à dire bravo, il faut qu on se pignole un peu contre un arbre pour qu on puisse être pris au sérieux ?
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Harkento »

Rockatansky a écrit :Les comics sont destinés à la base à un public de 10/14 ans, et oui les enjeux sont très clairement définis, qu'un public plus adulte s'en soit emparé n'en change pas la cible première. Après certains auteurs (Miller entre autre) ont complexifié la chose.
Après si c'est facile, juste fait le...
Je parle essentiellement du film de Nolan, pas de tous les comics ! Et je ne pense pas que le film s'adresse au 10 14 ans ..... quoi que justement, en y repensant, peut être que si ! :D
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Rockatansky »

Harkento a écrit :
Rockatansky a écrit :Les comics sont destinés à la base à un public de 10/14 ans, et oui les enjeux sont très clairement définis, qu'un public plus adulte s'en soit emparé n'en change pas la cible première. Après certains auteurs (Miller entre autre) ont complexifié la chose.
Après si c'est facile, juste fait le...
Je parle essentiellement du film de Nolan, pas de tous les comics ! Et je ne pense pas que le film s'adresse au 10 14 ans ..... quoi que justement, en y repensant, peut être que si ! :D
C'est moche le film est PG-13 aux States :mrgreen:
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Dunn »

Harkento a écrit :
Rockatansky a écrit :Les comics sont destinés à la base à un public de 10/14 ans, et oui les enjeux sont très clairement définis, qu'un public plus adulte s'en soit emparé n'en change pas la cible première. Après certains auteurs (Miller entre autre) ont complexifié la chose.
Après si c'est facile, juste fait le...
Je parle essentiellement du film de Nolan, pas de tous les comics ! Et je ne pense pas que le film s'adresse au 10 14 ans ..... quoi que justement, en y repensant, peut être que si ! :D
Il faut voir ça avec une âme d'enfant, c'est très adulte dans la forme mais ça reste féerique et enfantin dans le fond comme un comic book et comme plein d'autres films (SW,SDA,IJ etc..).
De plus les comics ont évolué et ont une structure plus adulte car le marché n'est plus vraiment destiné aux très jeunes (qui préfèrent jouer aux jeux vidéos).Plein d'auteurs ont su rendre le comic book adulte et Nolan en a fait de même pour ses Batman.
La critique de G.T.O. m'a achevé tellement on est pris pour des gamins si on adore ce film...Demi-Lune est resté humble même si il n'a rien aimé ce que je ne comprends toujours pas...c'est quand même pas pire que Transformers :|
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Harkento »

Dunn a écrit :
Harkento a écrit :
Je parle essentiellement du film de Nolan, pas de tous les comics ! Et je ne pense pas que le film s'adresse au 10 14 ans ..... quoi que justement, en y repensant, peut être que si ! :D
Il faut voir ça avec une âme d'enfant, c'est très adulte dans la forme mais ça reste féerique et enfantin dans le fond comme un comic book et comme plein d'autres films (SW,SDA,IJ etc..).
De plus les comics ont évolué et ont une structure plus adulte car le marché n'est plus vraiment destiné aux très jeunes (qui préfèrent jouer aux jeux vidéos).Plein d'auteurs ont su rendre le comic book adulte et Nolan en a fait de même pour ses Batman.
La critique de G.T.O. m'a achevé tellement on est pris pour des gamins si on adore ce film...Demi-Lune est resté humble même si il n'a rien aimé ce que je ne comprends toujours pas...c'est quand même pas pire que Transformers :|
Oui, c'est sûre, Nolan est bien meilleur que Bay 8) ! Et je reconnais moi même être assez exigeant avec les films fantastiques et les films de super-héros ! Mais comme je n'ai pas la culture 'comic', je regarde les choses un peu trop au premier degrés je te l'accorde, sans saisir ce qui appartient intrinsèquement au monde des comics et ce qui ne l'est pas. Reste qu'au final, c'est LE film en soit que je regarde, et n'étant pas tellement convaincu, je souligne ce qui me paraît aberrant.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Barry Egan »

[PLEIN DE SPOILERS/Y A PLUS DE RAISON DE SE GÊNER A LA 16EME PAGE DU TOPIC]

Un avis bordélique comme d'habitude, y a certainement quelques phrases à sauver dans le tas.

J'avais été choqué de lire dans le texte d'un critique une comparaison de ce dernier Batman avec Transformers 3, mais dans la salle, j'ai fini par en comprendre le bien fondé. Déjà dans "Inception", la musique était abusée mais là, c'est le pompon, on dirait qu'il essaie de nous asphyxier avec son vacarme, et c'est d'autant plus évident que le montage est lisible, c'est comme si il voudrait que ça aille plus vite et plus fort et que ce qu'il s'interdit de faire par l'image il le fait par le son, un peu comme dans "Transformers 3" où Michael Bay est obligé d'être plus fluide pour pouvoir s'autoriser un traitement 3D convenable. A la fin, j'en avais ras le c..., et j'ai déguerpi directement dès le départ du générique, alors que d'habitude j'aime bien rester pour savourer encore un peu le moment passé en salle.

Pour le reste, le film remplit son office, clôturer "une trilogie" (tout va par trois de nos jours, sauf les ménages). Il fallait un troisième film, donc le voilà, on le fait en respectant au maximum l'univers bâti dans les deux premiers, quitte à se répéter sur les thèmes. Bon point de respecter ça et de fournir a minima une fin logique, mais après le film précédent qui était relativement audacieux, retourner aux principes du premier épisode, c'est décevant du point de vue de l'ambition dont je croyais à tort Nolan capable. Ça aurait pu s'appeler "Batman Ends", on a un miroir quasiment inversé du premier épisode, jusqu'au méchant qui se cache derrière un autre, plus basique, plus dur, et qui ressemble à l'éternel prisonnier du film "Bronson" avec un masque sur la figure. Cependant il faut plus de spectacle, alors comme dans "Robocop 3", on permet à un enfant d'espérer puis de s'émerveiller devant le retour du Héros, à qui on donne également le droit de voler pour atteindre une mission plus complexe (Nolan n'a malheureusement pas osé introduire des robots-ninjas, bien que ça aurait été cohérent avec "Batman Begins"). Pour éviter de démolir la franchise comme "Robocop 3" et lui assurer une suite, on introduit un personnage qui s'appelle John jusqu'à ce qu'il finisse par s'appeler Robin :roll: Batman survit à une bombe nucléaire, une péripétie digne du film de 1966 et finit par vivre sa vie avec Selina Kyle (qu'on se sera gardés d'appeler Catwoman pour conserver le sérieux de l’œuvre).

Finalement, ce "Dark Knight Rises", c'est un peu comme "Spiderman 3" ou "Batman & Robin", sans le kitsch, l'ironie et l'humour grinçant qui venaient apaiser Sam Raimi et Joel Schumacher dans leur lassitude à tourner ce genre de films, et de ce fait moins divertissant. Trop de personnages, trop de musique, une fin qu'on laisse ouverte pour justifier le prochain épisode après avoir fait croire au spectateur qu'on lui livrerait une fin satisfaisante. Bon, allez, j'arrête d'écrire, et ce soir, je me refais "Batman le défi".
Dernière modification par Barry Egan le 29 juil. 12, 15:26, modifié 1 fois.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Outerlimits »

Dirk Diggler a écrit :
Finalement, ce "Dark Knight Rises", c'est un peu comme "Spiderman 3" ou "Batman & Robin", sans le kitsch, l'ironie et l'humour grinçant qui venaient apaiser Sam Raimi et Joel Schumacher dans leur lassitude à tourner ce genre de films, et de ce fait moins divertissant. Trop de personnages, trop de musique, une fin qu'on laisse ouverte pour justifier le prochain épisode après avoir fait croire au spectateur qu'on lui livrerait une fin satisfaisante. ".
Je trouve que c'est vraiment réducteur quand même, le film de Nolan vaut bien mieux que cette comparaison avec ces 2 bouses infâmes. C'est même pas comparable.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Barry Egan »

Outerlimits a écrit :Je trouve que c'est vraiment réducteur quand même, le film de Nolan vaut bien mieux que cette comparaison avec ces 2 bouses infâmes. C'est même pas comparable.
Mais oui c'est comparable. La scène où Alfred avoue avoir jeté la lettre de Rachel où elle dit vouloir vivre avec Dent avant d'éclater en larmes, sur le coup, j'ai pas pu m'empêcher de penser à la scène où Bruce est au chevet d'Alfred mourant dans "Batman & Robin". J'ai trouvé que c'était trop un passage obligé, volontairement dégoulinant, et d'un coup, la similarité de la désinvolture de Bale avec celle de Clooney, opposée à l'engagement extrême de Caine comme à celle de Gough, m'a sauté aux yeux. Avec, derrière la caméra, un état d'esprit analogue, style "puisqu'il faut en finir, finissons-en".
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Rockatansky »

Batman ne "survit" pas a une bombe nucléaire si tu as bien vu.
Et pour Robin c'est un clin d'oeil il aurait continué à s'appeler John que cela n'aurait rien changé
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Demi-Lune »

monk a écrit :Demi-Lune n'a pas juste pas aimé le film, il n'en a rien aimé, du tout. Ce genre de sentiment de rejet en bloc me parait excessif.
Ah c'est sûr qu'il faut que je cherche bien pour trouver quelque chose dans ce film qui m'ait réellement botté. :lol:

Cela dit, plus qu'un rejet, le film m'a surtout fait l'effet d'un désintérêt complet. A tous les niveaux. Vraiment l'impression de voir quelque chose de rouillé, certes au-dessus de la moyenne des films de superhéros (dont je ne raffole pas du tout), mais parfaitement programmatique dans ses enjeux et dans son expression. J'ai détaillé les raisons de mon désintérêt. La principale tient à la nature même du scénario, qu'on a gavé comme une oie sans qu'il y ait de véritable justification, qu'auraient permises des idées fortes, et correctement développées. A mon sens, il n'y a pas d'idées fortes dans ce film, c'est de la redite emberlificotée à l'excès d'un Nolan pris à son propre piège. D'où le sentiment de gâchis (certes tout relatif car je ne suis pas fan de ses Batman). Les éléments qui se voulaient forts (Batman brisé par Bane, la chute de Bruce Wayne, la décadence de Gotham City, etc) restent très superficiels, et ne provoquent en aucun cas chez moi l'implication nécessaire. Obligé d'en faire toujours plus, de rajouter toujours plus de protagonistes, de péripéties, de rebondissements, Nolan accouche d'une structure complètement hypertrophiée et au final sinon vaine, du moins artificielle.
Tiens, prenons le cas de The Dark Kinght : le scénario était généreux et ambitieux, mais il pouvait encore y avoir ça et là quelques respirations, un tempo moins verrouillé dans un tic-tac d'horloger. Et il y avait des idées structurantes, ainsi que des thèmes relativement approfondis sur le Droit, la Justice, le libre-arbitre, etc. Dans The Dark Knight Rises, tout est sacrifié sur l'autel du superlatif, du rassasiement. C'est prévisible parce que c'est le chapitre final d'une saga, donc le public attend évidemment quelque chose de "plus" par rapport à ce qui a précédé. Mais là où c'est moins attendu, c'est la faiblesse d'inspiration des auteurs. Perso j'ai vraiment eu le sentiment que ce 3e épisode était forcé, que les frangins Nolan avaient ramé sec pour créer leur "grande" conclusion. Autant on sent qu'ils sont intéressés par le Joker ou Double-Face, autant les vilains de TDKR jouent quasiment les utilités. Ils sont survolés. On pourrait arguer que le film se recentre justement sur Batman mais le drame qu'il vit n'est chargé d'aucune émotion qui permettrait, à mon goût, qu'on s'y attache. Par conséquent, Nolan comprime totalement la dynamique de son film, asphyxie les enjeux : comme disait Ratatouille, il faut qu'il n'y ait aucun temps mort, que tout soit rempli à ras bord. On se retrouve alors face à un Panzer qui écrase tout sur son passage mais dont l'efficacité n'est que bêtement mécanique, puisqu'on est pris de gré ou de force dans le rythme de rouleau-compresseur. Fatalement, l'inconvénient, c'est que les possibilités dramatiques, l'incarnation des personnages, les nœuds émotionnels, en sont dynamités. D'où absence d'implication. D'où indifférence. :)

Edit : intéressant développement de G.T.O. sur la problématique de l'image chez Nolan.
Dernière modification par Demi-Lune le 29 juil. 12, 15:56, modifié 1 fois.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Barry Egan »

Rockatansky a écrit :Batman ne "survit" pas a une bombe nucléaire si tu as bien vu.
Et pour Robin c'est un clin d'oeil il aurait continué à s'appeler John que cela n'aurait rien changé
Oui, je sais, c'est pas Batman qui y survit, c'est Bruce Wayne.

Pour un simple clin d’œil, c'est plutôt lourd. A ce moment-là, ils auraient pu dire qu'en fait il s'appelait Arthur.
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Re: The Dark Knight Rises (Christopher Nolan - 2012)

Message par Rockatansky »

C'est une réalité que les méchants sont moins emblématiques que dans TDK on retombe au niveau de Batman Begins.
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