François Truffaut (1932-1984)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

les premiers films de Truffaut : le meilleur ?

Les 400 coups
57
41%
Tirez sur le pianiste
5
4%
Jules et Jim
9
7%
La peau douce
32
23%
Baisers volés
19
14%
Fahrenheit 451
6
4%
La mariée était en noir
10
7%
 
Nombre total de votes : 138

Avatar de l’utilisateur
Major Tom
Petit ourson de Chine
Messages : 22225
Inscription : 24 août 05, 14:28
Contact :

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Major Tom »

yaplusdsaisons a écrit :
Dirk Diggler a écrit :Je proclamerai aussi que Jean-Pierre Léaud est de moins en moins aimable au fil des films. Sur "Domicile Conjugal", déjà c'était limite, mais là, en tant que provincial, j'ai parfois souffert. C'est tout ce que le marseillais déteste chez le parisien, une caricature mouvante.
Je te conseille La Maman et la putain, c'est un film très parigot tourné par un cinéaste très bordelais, et très "provincial" d'une façon générale.
Grand film! Il est quand même largement temps qu'ils le sortent, et je ne demande même une édition particulière, avec des bonus, des cartes postales de Paris, mais un DVD avec juste le film quoi... :cry:
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25410
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par AtCloseRange »

L'Histoire d'Adèle H (1975)
Un des rares Truffaut que je n'avais pas vu (reste à voir l'Argent de Poche et la Sirène du Mississipi dans les longs).
Impression globalement mitigée. C'est un des films les plus étouffants de Truffaut avec La Chambre Verte. On a une impression permanente de surplace avec uen répétition constante des séquences (elle va chercher son courrier, elle va à la librairie chercher du papier, elle rêve de la mort de soeur, elle poursuit Pinson de ses assiduités). L'idée n'est pas neutre et veut nous montrer qu'Adèle n'a qu'une obsession et que tout est orienté vers/dirigé par cette obsession mais le résultat est un film assez fermé et cloisonné.
Et au final, je suis resté plutôt extérieur à cette passion qui nous échappe.
Reste Adjani qui se sort bien d'un rôle difficile.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Federico »

Oui, je suis assez d'accord sur l'impression d'étouffement face à L'histoire d'Adèle H, l'un des films de Truffaut les moins aisément abordables. C'est limite neurasthénique mais dans cette veine sombre, je lui ai toujours préféré - de très loin - La chambre verte malgré ses nombreux défauts. Faudrait sans doute que je le revoie car ça fait un bail. Je crois que j'ai aussi parfois un peu de mal avec le jeu d'Adjani, ici comme ailleurs (je fais une exception pour l'Adjani des tout débuts, au théâtre, car c'était vraiment une jolie révélation)... :?
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25410
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par AtCloseRange »

J'ai été surpris de le voir quasiment en bas de liste du Top Truffaut sur Classik alors que je pensais qu'il était globalement plutôt apprécié mais je comprends mieux pourquoi maintenant. C'est presque le moins "aimable" (dans tous les sens du terme) de ses films.
Pour faire le lien avec la Chambre Verte, on y retrouve (en dehors de la musique de Jaubert) un autel avec une photo (celle de Pinson).

Le film m'a beaucoup fait penser à un autre que je trouve bien supérieur: la Maitresse du Lieutenant Français de Karel Reisz.
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Federico »

AtCloseRange a écrit :Le film m'a beaucoup fait penser à un autre que je trouve bien supérieur: la Maitresse du Lieutenant Français de Karel Reisz.
Il y a effectivement des similitudes, dans le ton et la photographie notamment. Pour l'ambiance générale et ce romantisme sombre qu'on peut aussi retrouver, dans une certaine mesure dans La leçon de piano ou dans les séquences 19ème du Poids de l'eau de Kathryn Bigelow.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99604
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Jeremy Fox »

AtCloseRange a écrit : Le film m'a beaucoup fait penser à un autre que je trouve bien supérieur: la Maitresse du Lieutenant Français de Karel Reisz.
Clairement oui : il manque au film de Truffaut tout ce que l'on retrouve dans le film de Reisz et avant tout le lyrisme et la passion
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18368
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Kevin95 »

Jeremy Fox a écrit :Clairement oui : il manque au film de Truffaut tout ce que l'on retrouve dans le film de Reisz et avant tout le lyrisme et la passion
Je n'ai pas (encore) vu le film de Karel Reisz mais je trouve dans L'Histoire d'Adèle H., peut être pas du lyrisme (le style de Truffaut se veut plus viscéral à la frontière du naturalisme d'où l'aspect étouffant ressentit par Federico et AtCloseRange) mais assurément de la passion. Prenons à titre d'exemple la célèbre et très belle scène où Adjani recherche chez les soldats son amant ou encore celles chez le libraire, seul personnage à sentir un trouble, un dérèglement chez Adèle Hugo. Appelez ça comme vous voudrez mais pour moi c'est la passion des sentiments que filme François Truffaut.

Bizarrement, si L'Histoire d'Adèle H. est un film hermétique, La Chambre Verte l'est tout autant, voir plus, donc je suis étonné de le voir plus apprecié (c'est l'un des rares films du cinéaste à encore m'échapper).
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25410
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par AtCloseRange »

Kevin95 a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Clairement oui : il manque au film de Truffaut tout ce que l'on retrouve dans le film de Reisz et avant tout le lyrisme et la passion
Je n'ai pas (encore) vu le film de Karel Reisz mais je trouve dans L'Histoire d'Adèle H., peut être pas du lyrisme (le style de Truffaut se veut plus viscéral à la frontière du naturalisme d'où l'aspect étouffant ressentit par Federico et AtCloseRange) mais assurément de la passion. Prenons à titre d'exemple la célèbre et très belle scène où Adjani recherche chez les soldats son amant ou encore celles chez le libraire, seul personnage à sentir un trouble, un dérèglement chez Adèle Hugo. Appelez ça comme vous voudrez mais pour moi c'est la passion des sentiments que filme François Truffaut.

Bizarrement, si L'Histoire d'Adèle H. est un film hermétique, La Chambre Verte l'est tout autant, voir plus, donc je suis étonné de le voir plus apprecié (c'est l'un des rares films du cinéaste à encore m'échapper).
Oui mais la passion est chez le personnage, pas vraiment dans l'histoire. Cette obsession est posée d'entrée comme une des données de l'équation mais je trouve qu'on ne la partage pas vraiment.
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18368
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Kevin95 »

Pourtant j'ai vraiment l'impression (après c'est subjectif) que Truffaut nous la montre sous toutes les coutures et que la passion du personnage "contamine" tout le long du film et le récit et la mise en scène (laquelle ne cesse d'être dans l'empathie). La force du film je trouve et que Truffaut ne créer aucune distance avec son héroïne, il lui colle aux basques et épouse ses émotions.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25410
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par AtCloseRange »

Kevin95 a écrit :Pourtant j'ai vraiment l'impression (après c'est subjectif) que Truffaut nous la montre sous toutes les coutures et que la passion du personnage "contamine" tout le long du film et le récit et la mise en scène (laquelle ne cesse d'être dans l'empathie). La force du film je trouve et que Truffaut ne créer aucune distance avec son héroïne, il lui colle aux basques et épouse ses émotions.
Ce que je voulais dire, c'est qu'on n'a pas vraiment les clés pour la comprendre. Il y a tout le passé de cette relation amoureuse qui reste flou, de même que le lien qui pourrait être fait avec sa soeur morte à laquelle elle semble s'identifier (elle prend parfois son nom et je me demande même si ce n'est pas elle-même qu'on voit se noyer dans ses rêves).
Sans compter ce pauvre Pinson qui me semble un peu trop falot pour inspirer une telle passion.
Il manque de mon point de vue un contrepoint à la folie d'Adèle H. L'avantage de La Chambre Verte , c'est la présence du personnage joué par Nathalie Baye qui équilibre un peu le récit qui aurait pu souffrir du même souci.
Ici, Adèle est trop "solitaire". Tous les autres personnages ne sont que de vagues présences (même Pinson).
Truffaut est tombé trop amoureux d'Adèle (à moins que ce ne soit d'Isabelle...).
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18368
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Kevin95 »

Ok, je comprends maintenant mieux vos (tes ?) réserves. Car c'est justement ce qui m’émeut dans le film de Truffaut, à savoir cette narration à la première personne (tous les films / livres narrés de la même manière me font souvent un effet bœuf) et il m'est impensable d'imaginer la présence d'un personnage annexe, déstabilisant pour le coup l'empathie ressentit et par le metteur en scène et par le spectateur (en tout cas par moi). Dans un style radicalement différent mais pour illustrer mon point de vue, ce serait comme introduire un personnage récepteur à la folie de Deneuve dans Repulsion de Roman Polanski, cela enlèverait tout le sel, l'émotion et l'impact de ladite folie. Il en est de même pour la folie amoureuse d'Adèle Hugo.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2411
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Barry Egan »

L'Enfant sauvage

Après "Tirez sur le pianiste", c'était dur de croire que je pourrais voir un Truffaut aussi bon le lendemain, et même si j'ai aimé "L'enfant sauvage", le ton enjoué du film avec Aznavour était plus à mon goût du moment.

Alors "L'enfant sauvage", c'est d'abord la performance du jeune garçon qui est absolument étonnante, il est stupéfiant de réalisme :shock: En regardant le film, on a jamais conscience que c'est quelqu'un qui joue un rôle, on y croit vraiment, comme si c'en était un vrai de sauvage. C'est en grande partie dû à sa crédibilité physique, il bouge et grimpe sans efforts, on croirait que ça n'a pas été travaillé, chapeau.

Après, j'ai aimé la mise en scène volontairement datée, les ouvertures et fermetures à l'iris sont délicieuses, et le rythme du montage peut se faire épuisant à l'image des exercices imposés par l'instit Truffaut (que j'ai adoré dans "La Chambre verte", mais qui me semble manquer un peu de chaleur ici).

Et enfin la belle réflexion sur la civilisation, même si la fin est bien ambigue et ne laisse pas la satisfaction attendue, à dessein. Le garçon malgré tous les efforts de son maitre ne peut pas parvenir à l'idéal que celui-ci espère le voir atteindre, c'est une donnée, et j'ai un peu tiqué devant l'emballement du Dr. Itard à chaque avancée, qui ne peut s'empêcher de faire travailler le garçon, ne lui laissant aucun répit, et demandant grâce lorsque lui-même est malade et qu'il est aussi vigoureusement sollicité. Même perplexité lorsqu'il décide de tester son sens moral en le punissant pour une bonne réponse, et en conclut lorsque l'injustice amène l'enfant aux larmes que celui-ci est armé de ce sens. Derrière le schématisme du scénario qui enchaine scènes d'exercice imposées et évasions, le propos est très complexe, l'amour manifeste de l'éducateur ne suffisant pas à étouffer la volonté de pouvoir du scientifique, toutefois en le restreignant, et vice versa.

Un joli travail, en somme. Jusqu'ici je n'ai pas vu un seul film tourné par Truffaut dans lequel je n'ai pas senti une implication sincère, qu'elle soit émotionnelle ou simplement professionnelle, et ça, ça mérite le respect.
Image
homerwell
Assistant opérateur
Messages : 2502
Inscription : 12 mars 06, 09:57

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par homerwell »

A propos de ce dernier plan dans "les 400 coups", est-il chargé d'espoir, soulignant la vitalité de l'enfance, ou au contraire symbolise t-il une jeunesse fauchée par l'incompréhension ?
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par riqueuniee »

On peut en effet se poser la question. J'ai l'impression qu'il y a un peu des deux dans ce plan. Au spectateur, suivant la façon dont il a "reçu" le film, de décider...
En ce qui concerne L'enfant sauvage, tiré d'une histoire vraie (le film adapte fidèlement le récit du Docteur Itard, interprété par Truffaut dans le film), le jeune interprète avait justement été choisi (entre autres) pour sa crédibilité physique .
Le texte du docteur Itard figure dans ce livre http://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_ss_i_1 ... ooks%2C384.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24558
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: François Truffaut (1932-1984)

Message par Commissaire Juve »

homerwell a écrit : A propos de ce dernier plan dans "les 400 coups", est-il chargé d'espoir, soulignant la vitalité de l'enfance, ou au contraire symbolise t-il une jeunesse fauchée par l'incompréhension ?
C'est un plan qui fait plutôt froid dans le dos (pris au premier degré) : journée froide, la fuite, une plage déserte, impossibilité d'aller de l'avant... et maintenant ?

Question : il y a des gens qui ont déliré sur "la mère" et "la mer"... aussi froide l'une que l'autre ?
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Répondre