Fritz Lang : rétrospective personnelle

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Demi-Lune
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Demi-Lune »

Les Nibelungen (1924)

Les Nibelungen me confirme que je n'apprécie jamais autant Lang que lorsqu'il laisse parler tout son art visuel. J'ai l'impression que c'est quelque chose qu'il a un peu perdu quand il est parti aux États-Unis, mais c'est un réalisateur de l'image et ses films muets montrent qu'il a constamment cherché à raconter ses histoires de la manière la plus visuellement percutante et novatrice qui soit. Avec son budget colossal pour l'époque, Lang ne se refuse rien pour mettre en scène son épopée, chanson médiévale ayant connu depuis la fin du XIXe siècle un regain d'intérêt tel que cette légende folklorique devient illustrative de l'exaltation du passé héroïque et mythologique des peuples germaniques. La récupération symbolique et opportuniste, a posteriori, de la première partie du film par les nazis ne doit pas pourtant pas obscurcir le jugement sur ce monument cinématographique, qui appréhende avant toute chose la légende des Nibelungen dans sa dimension mythologique (comme avait pu le faire Wagner). Pour un non Allemand, il n'est pas forcément évident de pouvoir évaluer, dans cette Chanson, les particularités culturelles qui ont concouru à faire d'elle cette ode à la "germanicité". Certaines références (les Burgondes, les casques ailés, les forêts enchantées et mystérieuses qui renverraient presque aux descriptions antiques de Tacite sur la Germanie, etc) sont bien sûr très visibles mais suffisent-elles pour autant à faire du diptyque de Lang un film national (et encore moins nationaliste) dans le sens où les deux films glorifieraient et insisteraient sur le caractère fondamentalement allemand, cocardier, de l'histoire ? Eh bien, pas spécialement. Voire pas du tout, même. Certes la dédicace du diptyque au peuple allemand procède d'une volonté de Lang de donner à ses compatriotes "la" grande version filmique de l'épopée, mais masque mal la réalité tragique d'une histoire accumulant meurtres, trahisons et mensonges, dans laquelle les barbares ne sont pas forcément ceux qu'on croit. Bernard Eisenschitz remarquait à nouveau la possible ambivalence de Lang, qui ne se rendra peut-être compte que tardivement de l'abjection de ces personnages germaniques. Je pense pour ma part que le film parle de lui-même : Lang est, dans la première partie, fasciné par les éléments mythologiques de l'histoire, son côté fantastique donc visuel, et peu par son "ADN" germanique ; avant qu'il n'orchestre dans un second temps le grand bain de sang où personne n'est innocent (vieille obsession langienne de la culpabilité et de l'inéluctabilité). Seconde partie quasi shakespearienne d'un pessimisme et d'une lucidité telles qu'elle ne sera plus diffusée pendant tout le temps que les nazis occuperont le pouvoir - situation qui rappelle celle du Ivan le Terrible d'Eisenstein, avec une première partie supposée louer le noble caractère russe avant que la seconde, très critique, ne permette plus aucune ambiguïté.

Ce que je retiendrai d'abord des Nibelungen, c'est son exceptionnelle démesure. Pour les besoins du film d'immenses décors ont été construits, comme cette forêt enchantée. Les immenses troncs, les profondeurs de champ, les perspectives qui la mettent en valeur, rappelleront immanquablement le Legend de Ridley Scott qui a certainement dû être très influencé par les Nibelungen. Visiblement très inspiré par ce cadre de travail, Lang travaille une mise en scène extrêmement plastique. Les plans superbes se comptent par pelletées et il serait malaisé de tous les recenser. Leur beauté est d'autant plus fulgurante que leur exécution transpire une certaine idée de la pureté cinématographique : malgré les 90 ans du film, malgré l'avancée des trucages, leur modernité et leur impact n'ont en rien été altérés. Maquettes de château, de drakkar, dragon mécanique, effets photographiques directement réalisés sur le plateau (brume, invisibilité, mer de flammes, pétrification...), rêve en images animées (qui rappelle, encore une fois, le logo de la société de production de Ridley Scott), etc : la complexité technique de La Mort de Siegfried se traduit constamment par un résultat formel exceptionnel, émouvant, poétique. A côté de cette première partie, La Vengeance de Kriemhild est beaucoup moins visuel. Le scénario laisse beaucoup moins de latitudes à Lang pour se laisser aller à ses recherches plastiques ; il y a moins de décors, l'action est plus comprimée, plus confinée, il y a moins de rebondissements. Plus court, le film semble paradoxalement plus lent et longuet que Siegfried. Ça redémarre heureusement à partir du moment où le banquet dégénère : on retrouve le Lang spectaculaire amateur de scènes d'action très dramatiques et de mouvements de foule. Quasiment un précurseur du blockbuster, finalement, le père Lang. :mrgreen:

Si on fait le bilan, Les Nibelungen s'impose pour moi comme le plus grand accomplissement de Fritz Lang. C'est le film qui résume le mieux, pour moi, l'artiste qu'il a été lors du muet, l'expressionnisme qu'il a porté à son apogée. S'il ira plus loin dans les recherches visuelles et esthétiques avec Metropolis, Les Nibelungen a les allures de testament colossal de cette période. Bénéficiant d'une construction parfaitement agencée, d'une dramaturgie très efficace, ce diptyque déploie une vision artistique spectaculaire dont l'héritage dans le genre semble encore incalculable... avec x fois plus de moyens pour sa trilogie pachydermique, Peter Jackson est enterré six pieds sous terre par tant d'inventivité et de pureté dans la maîtrise du langage cinématographique. Un chef-d’œuvre du Cinéma.
L'interprétation n'est pas trop théâtrale, j'ai été agréablement surpris. Paul Richter a un air un peu niais mais c'est pas grave. Margaret Schöne est censée être la plus belle femme du monde mais son maquillage lui donne une tête de mec. Hanna Ralph est marquante en reine islandaise imprenable. En revanche, Klein-Rogge en fait des tonnes, comme dans Metropolis, en Attila le Hun.
Un aspect intéressant que révèle le bouquin d'Eisenschitz, c'est le choix scénaristique de Von Harbou d'évacuer la dimension religieuse de la version de Hebbel de la Chanson, version composée dans les années 1860. Il y avait apparemment là un terreau qui aurait montré la supplantation du culte des divinités anciennes par le culte en le Dieu unique. C'est finalement quelque chose que récupèrera Boorman dans Excalibur.

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Échos dans le Legend de Scott. Forêt créée en studio bien sûr, mais aussi caverne secrète où est entreposée un trésor et l'épée réservée au héros.

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Beaucoup de compositions géométriques :

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Des décors fastueux :

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Plus lointainement, on peut même trouver des échos dans le Dracula de Coppola :

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Grimmy
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Grimmy »

C'est super beau !! Est-ce que le film est accompagné par la musique de Wagner ?
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par feb »

:shock: Woh Demi-Lune :shock: Merci pour cette critique !
King of Captures is back :mrgreen:
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Demi-Lune
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Demi-Lune »

Grimmy a écrit :Est-ce que le film est accompagné par la musique de Wagner ?
Les captures, cela provient de mon enregistrement d'Arte. Il y a quelques mois, la chaîne avait diffusé le diptyque restauré en grandes pompes. Et le film était accompagné de la bande originale de Gottfried Huppertz. Celui-là même à qui l'on doit aussi la B.O. de Metropolis. Je ne sais pas si plusieurs accompagnements musicaux existent pour Les Nibelungen, mais en tout cas pour la version que j'ai vue, c'était Huppertz et pas Wagner. :wink: Bonne composition symphonique d'ailleurs, malgré quelques thèmes un peu répétitifs au bout de 4h30. Avec du Wagner, ça doit avoir de la gueule aussi.
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Message par allen john »

M (Fritz Lang, 1931)

Un meurtrier pédophile sème la terreur dans Berlin. On assiste aux derniers instants de Elsie Beckmann, une petite fille que sa maman attend et qui ne rentrera jamais chez elle. la police est sur les dents, et avance malgré tout de façon très lente. Le commissaire Lohmann en charge de l'enquête procède à des rafles monumentales, mais la pègre sent bien que ce n'est que pour donner le change à la population, tout en interférant sérieusement avec les affaires florissantes des criminels. Afin de se protéger ils décident de prendre en charge la localisation, puis l'arrestation du criminel, afin de le juger, avec la collaboration des nombreux clochards de la ville, et de la population indignée...
Le film est largement inspiré d'un certain nombre d'affaires criminelles qui étaient quasi contemporaines de son tournage, la plus proche étant celle de Peter Kürten, dit "le Vampire de Düsseldorf", qui commit plusieurs crimes entre la mi 1929, et son arrestation au printemps 1930. On le voit, Lang retournait ainsi à son péché mignon de Dr Mabuse der Spieler, de s'inspirer des coupures de journaux afin de traiter de l'Allemagne contemporaine... Mais celle-ci n'a pas que les séquelles d'une défaite cuisante et une inflation galopante à gêrer: la Crise de 1929 est passée par là.

Film sonore, le premier de Lang, M est un classique incontournable qui souffre de la même maladie que, disons, Metropolis, du même auteur: on le connait, on l'a toujours eu à portée de la main, et on a dit un grand nombre de bêtises à son sujet, certaines d'entre elles ayant été soufflées soit par esprit de contradiction, soit par opportunisme, soit par un égocentrisme affligeant, soit par un certain génie de la mystification et de ce que j'appelerais volontiers la mythification, par l'auteur lui-même: comme toujours avec Fritz Lang, si le metteur en scène était fort disert sur ses propres films, il est constamment la pire source d'information, parfois pire en ce domaine que John Ford lui-même, et c'est en son genre un compliment... Comme Metropolis, même si ce n'est pas dans les mêmes proportions, on a aussi redécouvert M grâce à la mise en oeuvre de la restauration d'une version bien plus satisfaisante que ce qu'on en connaissait, mais aussi d'autres matériels, parmi lesquels des versions "internationales" sorties à la même époque, ou à quelques mois près, que l'original: une version Anglaise (D'ailleurs disponible sur les deux incarnations incontournables du DVD ou Blu-Ray, Criterion aux Etats-unis, et Masters of Cinema en Grande-Bretagne), et une version Française, essentiellement doublée, mais dont certaines scènes ont été retournées par un tiers, le metteur en scène Français Roger Goupillères.

M est le 13e film de lang, et comme je le disais plus haut, son introduction au cinéma sonore. il me semble que l'adjectif lui convient mieux que 'parlant', tant il ne s'agit pas ici, que de dialogue, mais de son, et le son a une importance capitale: Lang a su l'intégrer de façon magistrale dans sa mise en scène. Premier gros succès de l'auteur depuis Die Nibelungen, le film étonne par son apparence presque documentaire après les épopées dérivées de l'expressionisme (Nibelungen, 1924; Metropolis, 1926) et les films qui construisent un univers qu'on qualifierait presque de pulp (Spione, 1928; Frau Im Mond, 1929). M tire pourtant sa force visuelle d'une colaboration entre l'architecte des images qu'était Lang et le chef-opérateur Fritz Arno Wagner, dont la maitrise avait été construite sur ses collaborations avec Murnau (Nosferatu, Schloss Vogelöd, Terre qui flambe), ou Robison (Le montreur d'ombres)... Mais ce dernier avait aussi travaillé avec des auteurs plus proches de ce qu'on appelait, à la fin des années 20, la nouvelle objectivité, notamment Pabst dont il est devenu un collaborateur fréquent dans des oeuvres militantes (Der Liebe der Jeanne Ney, Das tagebuch einer Verlorenen, Westfront 1918, Kameradschaft, L'opéra de quat'sous). Lang n'a pas ici dérogé à sa règle de travailler quasiment à 100% en studio, et a donc entièrement construit ou utilisé des décors urbains factices, et n'a utilisé le son que lorsqu'il en avait vraiment besoin, d'ou un certain nombre de scènes totalement privées du moindre dialogue, bruit, son, ou musique. Le film n'a, à lexception de celle qu'on entend qui provient des acteurs eux-mêmes (orgue de barbarie, sifflement de Peter Lorre), aucune musique. Mais par utiliser le son, j'entends en faire un élément vital, contrapuntique, détaché de l'image: la bande-son ici, a presqu'une vie propre, et nombreux sont les passages ou la dissociation physique de l'image et du son s'acompagne même d'une dissociation sémantique, par exemple lorsque le commissaire Lohmann prétend à un malfrat que l'homme au kidnapping duquel il a contribué serait mort, on voit cette même victime, confortablement attablé devant un repas réjouissant pour se remettre de ses émtions... Donc si lang a tardé à intégrer le son dans son cinéma, le refusant même en bloc à l'époque de Frau im Mond, en 1929, il a brillamment su le dompter et l'uitilser au mieux, son film étant l'un des meilleurs exemples de ces debuts du cinéma sonore en europe.

Le début du film fonctionne d'une façon qu'on a déja vu chez Lang, en particulier dans Dr Mabuse der Spieler, et dans Spione: on pase d'un sujet à l'autre, les vignettes se succèdent afin d'exposer la situation dans toute sa complexité. Mais Lang s'en tient à ce mode de fonctionnement, finalement, jusqu'à la dernière demi-heure du film. Il passe volontiers de la peinture de l'immobilité de la police avec ses réunions à n'en plus finir, à la vision de la pègre en plein travail, les renvoyant dos à dos. Il recourt en certains plans à des inventaires, des images par exemple des arsenaux des bandits qui sont arrêtés lors de rafles, ou des objets qui sont utilisés par les sections scientifiques de la police; le film passe de lieu en lieu durant ses premières 80 minutes avec une maestria éblouissante, ne perdant jamais son spectateur, et le metteur en scène alterne des visions marquées par une certaine subjectivité (la présentation du tueur, qui ne nous est pas longtemps inconnu, par exemple, ou des visions périphériques de gens qui tentent de faire justice par eux-mêmes, en soupçonnant à tour de bras tout inconnu qui passe), et une vision quasi-objective du travail de la police, dans toute sa lenteur méthodique, ou des rafles, qui sont ici tournées presque comme un documentaire. Au milieu de tout cela, des figures marquantes émergent, dont bien sur le personnage du tueur, Hans Beckert, joué par peter Lorre, le débonnaire commissaire Lohmann (Otto Wernicke), vieux de la vieille de la police, et Schränker, le chef de la pègre (Gustaf Gründgens). Le premier n'est pas qu'un monstre, et la composition sensible et magnifique de Lorre est l'une des plus belles occasions pour Lang de brouiller savamment les pistes, rendant impossible toute lecture idéologique ou politique du film... ou les rendant toutes valides; Wernicke joue presque dans le registre de la comédie, portant en lui une grande responsabilité dans l'impression de lenteur de la police; Gründgens, fascinant par sa prestance (Son élégance vestimentaire contraste avec les costumes ringards de Wernicke, par exmeple) et son charisme quasi martial. Il est bien sur tentant de voir en lui une préfiguration d'un nazi, mais quiconque se livre à ce genre de comparaison avec Lang entre dans une zone notoirement complexe à définir...

Dès le départ, le film assume pleinement sa complexité audio-visuelle, par une série de scènes dans lesquelles se dévoilent les préoccupations de Lang:

1. D'abord, c'est le noir, puis on entend un gong et une voix d'enfant.

2. Le premier plan vient ensuite, qui colle à la voix précédemment entendue: 10 enfants sont dehors, et jouent à un jeu d'élimination. Une petite fille, au centre d'un cercle, tourne dans le sens des aiguilles d'une montre, et déroule une comptine pour choisir qui sera éliminé du cercle. Ainsi, on est dans l'univers de l'enfance, avec une histoire de monstre qui élimine les enfants, et l'image est facile à assimiler à une pendule; le temps est un motif essentiel du film.

La caméra s'éloigne ensuite des enfants pour monter et cadrer un balcon, ou une adulte qui transporte du linge avertit les enfants (Dont la comptine continue hors-champ, relayée par la bande-son, deuxième exemple après l'écran noir de dissociation du son et de l'image) de cesser de chanter, irritée par l'allusion au crime. Mais elle disparait du balcon, alors que les enfants continuent leur jeu.

3. Une cage d'escalier. la même femme, portant son panier de linge, arrive péniblement à son étage. la caméra la suit, et elle sonne à une porte; une autre femme lui ouvre, et prend le panier. Elles parlent des enfants.

4. Contrechamp, on est désormais dans l'appartement avec la deuxième femme, et celle-ci reste seule. On la suit dans son appartement, elle pose le panier, puis retourne à sa lessive.

5. La même, à sa lessive. Un coucou retentit, elle s'arrête. Deuxième mention du temps.

6. Le coucou, auquel la femme du plan précédent à soudain prêté toute son attention. Il est midi: la sonnerie est relayée par d'autres cloches de la ville.

7. La femme esquisse un sourire à la vision de l'heure...

8. La sortie d'une école, dans la rue. Des parents attendent...

9. Retour à l'appartement, ou la maman s'affaire à la cuisine: nous savons qu'elle attend un enfant qui ne va plus tarder... Les cloches continuent de retentir à l'extérieur.

10. A l'extérieur, une petite fille va traverser la rue, mais revient sur le trottoir après un coup de klaxon autoritaire. Un policier l'aide à traverser.

11. Retour à la cuisine, ou Mme Beckmann continue ses préparatifs en souriant.

12. Elsie, la petite fille, marche tranquillement sur un trottoir en jouant avec son ballon, de gauche à droite de l'écran. elle rentre chez elle sans se presser. Elle s'arrête devant une colonne Morris, et y lance le ballon pour qu'il rebondisse. la caméra se repositionne sur une affiche qu'on peut lire sur la colonne: Récompense, 10000 marks. QUI EST LE MEURTRIER? suivi des circonstances d'un crime. De temps à autre, le ballon rebondit sur l'affiche... lorsqu'une ombre d'un homme coiffé dans chapeau assez large couvre le mot Mörder (Meurtrier). Il parle à la petite fille: "Tu as un très beau ballon", et se penche sur elle: "coment t'appelles-tu?". elle répond: "Elsie Beckmann".

13. Retour aux préparatifs du repas. Frau Beckmann est penchée elle aussi, permettant de lier les deux scènes aussi surement que possible; elle épluche des légumes, puis regarde de nouveau le coucou.

14: Le coucou: il est 12h20.

15. retour à Frau Beckmann penchée sur sa soupe. Elle entend un bruit qui vient de l'exterieur de l'appartement, couvre sa soupière, et se rend à la porte,l'ouvre.

16. l'escalier: des enfants montent chez eux. Voix de Frau Beckmann: "Elsie n'est pas avec vous?" Ils répondent par la négative.
17. Frau Beckmann, sur son palier. Elle regarde dans l'escalier. Puis elle rentre chez elle et ferme la porte, contrariée.

18. Vue en plongée de la rue: un homme, corpulent et vu de dos, achète un ballon à un aveugle, pour la petite Elsie. Il siffle un extrait de Peer Gynt, de Grieg. Première alusion au fil rouge sonore, le premier signe d'identification du tueur. Elsie manifeste son contentement devant le ballon. Elle remercie son bienfaiteur. Les deux s'éloignent sur la droite, le vendueur aveugle reste seul avec ses ballons... Et avec Peer Gynt.

19. Retour chez Frau Beckmann. Elle entend la sonneire de la porte, est immédiatment rassurée et va ouvrir, mais c'est un facteur qui lui apporte une revue à sensation. Elle lui demande s'il n'a pas vu sa fille. il lui répond que non. Subrepticement, Lang vient de nous montrer un versant intéressant et méchamment ironique de Frau Beckmann: elle lit des revues à sensation, comme du reste tant de Berlinois... elle s'apprète à fermer la porte, se ravise, et sort pour aller une fois de plus à...

20. Vue en plongée de la cage d'escalier. on entend Frau Beckmann qui appelle sa fille;

21. Retour à l'appartement. elle ferme derrière elle. Elle regarde une fois de plus la pendule.

22. Le coucou, qui sonne. Il est désormais 13h15.

23. Très inquiète, Frau Beckmann se dirige vers la fenêtre. Elle l'ouvre, se penche, appelle deux fois.

24. Retour à la cage d'escalier, sans aucune motivation logique cette fois. Nouvel appel de la mère à sa fille.

25. Sous les toits d'une résidence, personne à l'horizon. Du linge est à sêcher. on entend encore deux fois l'appel de la mère.

26. Le couvert inutilsé d'Elsie, la chaise vide.

27. Un carré d'herbe. un ballon abandonné roule et s'immobilise.

28. Un poteau électrique, avec d'innombrables lignes. on voit le ballon acheté par le tueur à Leslie qui y est attaché, balancé par le vent. Puis il s'envole...Fondu au noir.


Clairement exposée, la technique de séduction du tueur est ainsi mise en situation. Lang a pu aussi ici montrer sans montrer le meurtre d'un enfant, et son effet immédiat, physique: l'absence d'Elsie dans son environnement. Le tout, situé en ville, marqué par la présence d'une distraction populaire (le journal crapuleux) qui est aussi anodine que révélatrice d'un état d'esprit. enfin, on termine par un lien avec la communication (Toutes ces lignes électriques et téléphoniques vont ensuite être utilisées pour propager la nouvelle...) une ouverture riche et magistrale, donc, qui installe le mode opératoire de Lang avec brio; peu de son ici, mais il est brillamment utilisé, dès le gong de départ (une allusion aux journaux radiophoniques, semble-t-il, un autre signe pour le metteur en scène d'allusion au "ici et maintenant".). Par ailleurs, la séquence construit un suspense et une certaine tension malgré l'utilisation de plans totalement vides (Le linge qui sèche...). Cette disposition sera reprise àprès l'appréhesion par les criminels du tueur, lorsque Lang revient sur les dégats comis par les bandits pour récupérer Beckert, dans une série de plans muets.

Hans Beckert, joué par Lorre, devient très vite un personnage du film plus que son objet. Lang va très vite noue donner à voir le tueur, donnant ainsi qu public unellongueur d'avance sur les policiers et la pègre. On le voit d'abord dans la séquence décrite ci-dessus, puis il est vu de dos, écrivant une lettre, enfin il est vu dans un miroir ou il se reflète: il fait des grimaces, comme pour se persuader qu'il est bien le tueur fou décrit à longueur de communiqués par la radio et les journaux. Ensuite, on aura, un peu à la façon dont Hitchcock nous interessera à tant de pérégrinations de faux coupables, l'odyssée de cet homme (Un vrai coupable celui-ci), surpris en plein crime par les malfrats qui le pourchassent, puis se cachant, puis découvert dans la cave ou il se cache, puis enfin son procès. tout ce dispositif est évidemment parfaitement maitrisé par le réalisateur qui est totalement à son aise. On remarque au passage que les jeux de lumière renvoient à Metropolis (Rotwang terrorisant Maria) qu'une fois de plus c'est dans un environnement étouffant et souterrain que se terre le meurtier, nouvelle allusion Freudienne à l'obsession langienne de représentation de l'inconscient. L'arrestation par les criminels du tueur donne lieu à une scène de "procès "superbe, dans laquelle la pègre assume une nouvelle fois le rôle de la poice, comme chez le Dr Mabuse, qui renvoyait criminalité et forces de l'ordre dos à dos... mais le procès et son verdict s'éloigne de la problématique du film de 1922 qui voyait d'une certaine façon s'affronter des surhommes, Mabuse d'un coté, et le procureur Von Wenk de l'autre; ici, si Schränker est une figure charismatique du crime, il n'est pas un Mabuse, et n'est de toute façon pas le centre d'attention. Beckert, le tueur, est l'objet de notre intérêt; victime de temps qui l'ont privé de l'essence de son humanité, victime peut-être de la crise, puis d'autres choses encore. Seul contre tous, il plaide pour qu'on le sache malade, est le seul homme à parler des victimes (Seules les mères, sinon, semblent émues par leur sort, la plupart des hommes présents étant surtout motivés par le fait de retrouver la sérénité dans leurs petites affaires sans être dérangés par la police). Comme tous les clochards qui peuplent le film, et qui sont privés d'une jambe, ou de la vision, Beckert est peut-être aussi, directement ou non, victime de la guerre... Il est amené à plaider pour son salut dans une performance impresionnante de Lorre. Il enchaine les scènes inoubliables, en particulier l'iconique séquence d'identification, durant laquelle une main sur laquelle un signe à la craie a été tracée, imprime la lettre M sur son manteau, le rendant instantanément reconnaissable. C'est le sens du titre, le M pouvant représenter l'initiale de Mann, l'homme (Que nous cherchons?), ou bien sur Mörder, meurtrier...

La peine de mort est bien entendu ce qui attend Beckert au terme de son simulacre de procès organisé par la pègre, mais il y échappe dans un premier temps... Lors de la confrontation avec les malfrats qui sont ligués face à lui, tout ce qu'il peut dire n'y fait rien, pas plus du reste que son 'avocat', ils ont déja tous décidé de sa fin. Une fois "sauvé", et arrêté par la police en bonne et due forme, il y a un deuxième procès, et un autre verdict: on ne l'entendra pas. Seule la réaction d'une mère nous permet d'émetre l'hypothèse que Beckert ait été considéré comme fou: elle dit "tout ça ne nous rendra pas nos enfants"... Mais l'éxécution du criminel non plus ne rendrait pas la vie à ses victimes. On ne saura donc pas ce qu'il advient du criminel, et ce n'est finalement pas le sujet du film, dcontraireemnt à ce que disent tous les tenants d'un Lang anti-peine de mort (Ce qu'il était, du reste), et ceux comme Goebbels qui ont vu au contraire dans le film un plaidoyer en faveur du châtiment suprême. Non, le film accuse d'abord l'Allemagne d'être aussi malade que Beckert lui-même... Une Allemagne qui est en proie au doute au point de se livrer à la justice des criminels, malade d'une bureaucratie mal fichue qui prend son temps pour faire son travail, malade enfin de 13 années de privations, de hauts et de bas, et de n'avoir jamais résolu ses conflits intérieurs nés de la guerre. C'est dans ce contexte que Lang a souhaité une fois de plus raconter une histoire, et qu'elle apparaisse aussi documentaire que possible, ne change rien: c'est une fois de plus, une création originale et entièrement habitée d'un Lang en pleine possession de se smoyens, qui a trouvé de façon impressionnante comment utiliser un nouvel outil, et transcrire en des termes d'actualité les faits sensationnels qu'il avait contribué à transformer en signes cinématographiques dans d'autres films, surtout Dr Mabuse. Rien d'étonnant, finalement, à ce qu'il retourne à ce personnage dès le film suivant, en établissant un pont avec M, via la présence du Commissaire Lohmann. Pour terminer, si Lang a après coup beaucoup prétendu qu'il faisait avec ce film une métaphore sur les méfaits du nazisme (Et donc, en collaboration avec Thea Von Harbou, qui était justement nazie elle-même, ce qui ne tient pas debout), c'est aussi parce que M est d'abord et avant tout un portrait de l'Allemagne en ce début des années 30, dans laquelle les nazis ne vont pas tarder à prospérer.

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stevenn33
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par stevenn33 »

Topic très intéressant sur un réalisateur dont j'ai pus voir le premier film ( Metropolis ) il y a de cela deux mois, et que j'ai enchaîné depuis, je dois en avoir vu une quinzaine aujourd'hui !
Metropolis fut un gros coup de coeur, moi qui restait alors écarté du cinéma muet je suis tombé totalement sous le charme, être transporté par une splendide musique tout en réussissant à me faire ressentir les émotions les plus fortes ! ( "Le médiateur entre le cerveau et les mains doit être le cœur." Probablement une des plus belles phrases que j'ai pus entendre. :cry: ). Et puis quel monument de mise en scène c'est ici !
Au tour après des Nibelungen. Redoutable, incroyable, et bon sang 1924 ?!! Je n'arrive pas à le croire, un tel chef-d'oeuvre en 1924 ! Les deux parties sont énorme bien que j'ai une préférence pour la première symbole de la plus épique histoire que j'ai pus voir ou chaque scène est à rester bouche-bée. Mais la seconde partie est terriblement géniale aussi !
Ensuite, le plus connu : M le Maudit. J'ai eu du mal avec ce retour au parlant, surtout que c'est le début de celui-ci, mais j'ai bien aimé, peut-être que j'attendais plus cependant. Mention spéciale à Peter Lorre qui est phénoménal. :shock:
Puis Doktor Mabuse ! Plus de quatre heures, j'ai eu du mal, mais au final c'est un film génial et passionnant à suivre tant qu'on ne perd pas trop le fil de l'histoire, avec l'un des meilleurs méchants du cinéma que j'ai pus voir. Allez bon ! J'ai fini par regarder les deux suivants, le Testament qui bien que même impression que M avec ce début de cinéma parlant, j'ai bien aimé, et Le Diabolique que je considère comme un dernier coup de maître, un excellent film au suspense omniprésent !
Je ne sais plus après dans quel ordre j'ai regardé les autres films, car au départ j'avais prévu de m'arrêter à Mabuse. En tout cas, j'ai pus voir Liliom, film tant critiqué décrit comme médiocre que j'ai pourtant trouvé magnifique, et encore plus même rien qu'à y repenser. La scène finale ira jusqu'à me faire pleurer tellement je l'ai trouvé belle, c'est dire.
Vient les Trois lumières, un énième coup de coeur beau et tragique à la fois. Que dire de plus que j'ai vraiment adoré ?
Je me suis intéressé dernièrement à quelques de ses films américains, La Femme au Portrait, J'ai le Droit de Vivre et la Rue Rouge. Un triple bluffant ! Ils étaient vraiment bons, marqué notamment par un jeu d'acteur franchement pas banal, très très fort.
Enfin, j'ai regardé la Femme sur la Lune et aujourd'hui les Espions. Le premier malgré quelques longueurs était très bon ( la fin ! ), par contre j'ai eu plus de mal avec le second, heureusement que la dernière partie aura réussi à capter plus mon attention pour finir en apothéose !
Je n'en ai pas encore fini avec lui, bientôt je m'attaquerais à l'un de ses grands films : Furie, ainsi qu'à House by the River !

Même encore aujourd'hui, on arrive à ressentir la force de ses films muets qui n'ont pour la plupart pas pris une ride, vont même réussir à étonner, quand à ses films parlants, Lang est l'un des rare à s'être parfaitement adapté.
Vraiment un grand réalisateur, beaucoup de mérite, un maître !
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cinephage
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par cinephage »

Il te reste aussi règlements de comptes, peut-être son meilleur film noir, à découvrir. :wink:
Et puis les contrebandiers de Moonfleet.

Soit encore deux films majeurs du cinéaste. Et quel cinéaste ! :wink:
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Rick Blaine
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Rick Blaine »

Et Man Hunt, et Fury, entre autres, deux immenses réussites de sa carrière américaine.
jacques 2
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par jacques 2 »

Et " le tigre du Bengale" ainsi que "le tombeau Hindou", esthétiquement magnifiques ...

Pas grand chose de négligeable dans la carrière de lang : "Moonfleet" demeure mon préféré ...

Et, à propos, du neuf à propos de l'édition Wildside de "la cinquième victime" et de "l'invraisemblable vérité" ?
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Père Jules
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Père Jules »

jacques 2 a écrit : Et, à propos, du neuf à propos de l'édition Wildside de "la cinquième victime" et de "l'invraisemblable vérité" ?
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 2#p2210312
;)
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par jacques 2 »

Merci Père Jules : cela m'avait échappé ... :oops: :wink:
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Profondo Rosso
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Profondo Rosso »

Espion sur la Tamise (1944)

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Un homme attend face à une horloge. Dans quelques minutes, il sera libéré, après deux ans de détention. Dans quelques minutes, à l’air libre, il trouvera une Angleterre bombardée, sous la menace nazie. Dans quelques minutes, il se mêlera à la foule d’une fête foraine, entrera dans la tente d’une voyante, gagnera un gâteau et deviendra le protagoniste principal d’une histoire d’espionnage rocambolesque…

Espion sur la Tamise constitue après le troisième film consécutif de Lang consacré à la menace nazie après Chasse à l'homme (1941) et Les bourreaux meurent aussi (1943). Lang retrouve le cadre d'un studio avec le dernier volet de cette trilogie "nazie" après une production houleuse à la Fox sur Chasse à l'homme et la grande liberté de l'indépendant Les bourreaux meurent aussi puisque c'est à la Paramount qu'il dirigera cette adaptation de Graham Green. Le film est un sommet de paranoïa oppressante par la force d'un récit redoutablement inventif auquel Lang apporte toute sa maestria et parvient à intégrer ses thématiques malgré une nouvelle fois contrainte se présentant avec le scénariste et producteur Seton I. Miller qui lui refusera toute modification à son script.

Stephen Neal (Ray Milland) fraîchement libéré de l'asile se voit à nouveau plongé dans la tourmente par un concours de circonstance rocambolesque. Flânant dans une fête foraine caritative, il prononce par hasard la phrase/mot de passe lui permettant de gagner un gâteau dont il a deviné le poids mais qui ne lui était pas destiné. Lang, entre symbolique discrète (Neal qui attrape au vol le ballon d'une fillette en entrant dans la kermesse, signe de culpabilité tout à fait langien depuis M le maudit) et effet plus marqué lorsqu'un silence de plomb s'instaure autour d'un Milland seul à sa joie d'avoir remporté le gâteau et scruté par tous. Dès lors la suspicion et la paranoïa de tous les instants va s'installer à travers des rebondissements inattendu où le danger peut surgir de partout et de n'importe qui. Ce pourrait être des ruelles sombres et menaçante de ce Londres en plein blackout (Lang offrant des vues quasiment gothiques de ce panorama urbain londonien par instants), du doute savamment entretenu sur les émigrés autrichiens lui venant en aide où de séquences inattendues lorgnant vers le fantastique. A ce titre la scène de spiritisme est un grand moment de malaise et de suspense au cordeau.

Ray Milland est parfait en fugitif traqué de toute part et le passé du personnage permet à Lang de réintroduire des thèmes déjà abordé notamment dans Furie. On apprendra que Neal fut interné pour avoir mis fin par empoisonnement au jour de sa femme mourante et en proie à d'affreuse souffrances. Cette notion de responsabilité et de pouvoir de vie et de mort sur le destin d'autrui évoque tourmentant Neal est plus fort encore chez le Spencer Tracy de Furie animé par la vengeance. Bien que moins approfondi que dans le film de 1936 (ou même que dans Le Retour de Frank James où Henry Fonda est soumis à la même situation) ce choix se voit à nouveau questionné ici en fin de film à travers celui que devra effectuer le personnage de Marjorie Reynolds lorsque les masques vont tomber. L'ensemble est mené tambour battant par Lang dans une narration des plus efficaces où rencontres inquiétantes (l'aveugle, une séduisante et mystérieuse Hillary Brooke en voyante), guet-apens et grand spectacle (la course poursuite sous les bombes en campagnes) s'enchaînent sans férir. Lang avait peu d'estime pour le film à cause de sa gestation où il n'eut guère son mot à dire mais ça n'en reste pas moins un excellent divertissement qui a dû marquer les futur artisans du cinéma paranoïaque des 70's. 4,5/6
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par stevenn33 »

Règlements de compte était en effet très bon ! Furie aussi, House of the river de même. J'en ai regardé d'autres de ses films américains après, Man Hunt par exemple que j'ai bien aimé sans plus.
Par contre, le dernier que j'ai vu, L'invraisemblable vérité, m'a déçu. Je lui reproche en particulier sa faiblesse scénaristique. Mais bon, sur vingt films de Lang vu, pas étonnant que j'en trouve un que je n'apprécie pas.
En tout cas, je vais arrêter de regarder ses films, sinon, je sens que je ne m'arrêterais jamais !
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Loic56 »

The Blue Gardenia

Réalisé la même année que "The Big Heat", "The Blue Gardenia" fait en quelque sorte figure de bouche-trou. On sent Lang pressé et le résultat est décent, mais loin d'être mémorable. Le film suscite d'ailleurs peu d'intérêt de la part du public comme des critiques et ce malgré une thématique langienne... mollement langienne. L'intrigue est extrêmement simple et linéaire et le film n'est définitivement pas créé dans l'espoir d'en faire un classique. C'est un petit suspense bien mené, mais qui ne recèle que peu de traces de la réalisation habituellement coup de poing de Lang. Le principal problème, c'est que l'héroïne accusée de meurtre n'est visiblement pas capable d'en commettre un tant elle est présentée comme vertueuse. Alors le spectateur attend sans grand intérêt que le vrai coupable soit découvert... Au final, ce n'est pas mal foutu, ça passe bien l'heure et demie, mais sans plus.[/quote]

J'ai vu cet après-midi ce film que j'ai vraiment aimé. Merci de m'orienter sur les bons films de Fritz Lang.
Loic56
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Re: Fritz Lang : rétrospective personnelle

Message par Loic56 »

J'ai vu cet après-midi ce film que j'ai vraiment aimé. Merci de m'orienter sur les bons films de Fritz Lang. :D :D :D
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