W.S Van Dyke (1889-1943)
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Oui une comédie enjouée et d'une grande fraîcheur, jamais fatigante contrairement à beaucoup de Screwball. Une très bonne surprise signée à l'écriture par Mankiewicz quand même
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Un fan de plusJeremy Fox a écrit :Oui une comédie enjouée et d'une grande fraîcheur, jamais fatigante contrairement à beaucoup de Screwball. Une très bonne surprise signée à l'écriture par Mankiewicz quand même
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
La proie du mort, Rage in heaven (1941)
Philip Monrell (Robert Montgomery) rentre chez lui avec son meilleur ami Ward Andrews (George Sanders). Il fait la rencontre de Stella Bergen (Ingrid Bergman). Les deux jeunes hommes en tombent amoureux, et Philipp l'épouse, mais peu à peu sa jalousie maladive reprend le dessus.
La proie du mort est un film curieux, la première scène nous entraîne en banlieue parisienne dans un hopital psychatrique, là on discute du cas d'un malade, mais celui-ci s'échappe sans qu'on l'ai vu, on connaît juste son nom Ward Andrews. On se retrouve à Londres où on fait la connaissance de Ward Andrews et de Philip Monrell. On apprend très vite que ce dernier aime à prendre l'identité de son meilleur ami. On fait alors la rencontre de la mère de Monrell et d'une jeune femme qu'elle a recueillie. Les ingrédients sont donc mis en place et on semble se tourner au départ vers un film romantique, une histoire d'amour à trois, mais très vite Philip montre des signes inquiétants. Le film repose donc sur la montée de la paranoïa du héros et sur sa cruauté envers les animaux, les employés de son usine et sa femme. Le film évoque donc la paranoïa du héros, campé par un Robert Montgomery inquiétant à souhait et loin de ses rôles habituels de jeune premier romantico-comique. Ingrid Bergman tourne ici son second film américain après la famille Stoddard et elle se montre très à l'aise dans cette femme qui n'est pas sans évoquer celle qu'elle incarnera quelques années plus tard dans Hantise, même si ici, elle ne joue pas du tout dans le même registre de femme totalement apeurée, et puis il y a George Sanders en homme fou amoureux, sympathique qui pourrait payer cher la folie de son ami. Nous sommes dans un film noir assez classique dans son final, mais l'approche de la psychanalyse y est assez intelligente. Un film efficace, une jolie découverte (Merci à Daniel Gregg pour la copie)
Philip Monrell (Robert Montgomery) rentre chez lui avec son meilleur ami Ward Andrews (George Sanders). Il fait la rencontre de Stella Bergen (Ingrid Bergman). Les deux jeunes hommes en tombent amoureux, et Philipp l'épouse, mais peu à peu sa jalousie maladive reprend le dessus.
La proie du mort est un film curieux, la première scène nous entraîne en banlieue parisienne dans un hopital psychatrique, là on discute du cas d'un malade, mais celui-ci s'échappe sans qu'on l'ai vu, on connaît juste son nom Ward Andrews. On se retrouve à Londres où on fait la connaissance de Ward Andrews et de Philip Monrell. On apprend très vite que ce dernier aime à prendre l'identité de son meilleur ami. On fait alors la rencontre de la mère de Monrell et d'une jeune femme qu'elle a recueillie. Les ingrédients sont donc mis en place et on semble se tourner au départ vers un film romantique, une histoire d'amour à trois, mais très vite Philip montre des signes inquiétants. Le film repose donc sur la montée de la paranoïa du héros et sur sa cruauté envers les animaux, les employés de son usine et sa femme. Le film évoque donc la paranoïa du héros, campé par un Robert Montgomery inquiétant à souhait et loin de ses rôles habituels de jeune premier romantico-comique. Ingrid Bergman tourne ici son second film américain après la famille Stoddard et elle se montre très à l'aise dans cette femme qui n'est pas sans évoquer celle qu'elle incarnera quelques années plus tard dans Hantise, même si ici, elle ne joue pas du tout dans le même registre de femme totalement apeurée, et puis il y a George Sanders en homme fou amoureux, sympathique qui pourrait payer cher la folie de son ami. Nous sommes dans un film noir assez classique dans son final, mais l'approche de la psychanalyse y est assez intelligente. Un film efficace, une jolie découverte (Merci à Daniel Gregg pour la copie)
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Marie-Antoinette (1938)
Hollywood revisite avec brio l'histoire de France avec ce Marie Antoinette qui constitue avec Autant en emporte le vent la grande épopée romanesque de la fin des années 30 pour la MGM, autant au niveau des moyens déployés que de l'immense succès rencontré par le film. Marie Antoinette constitua le dernier projet de Irving Thalberg décédé en 1936 et son épouse et star de la MGM Norma Shearer (souvent accusé d'être privilégiée par ce statut) s'y attela donc malgré sa peine. Divisé en deux parties, le film bien que très fidèle aux évènements brode plutôt dans sa première partie en agençant les fait de façon à nouer le drame le plus captivant possible tandis que la seconde centré sur la Révolution suit dans une marche funeste et implacable la grande Histoire.
Le début narre donc le mariage et la découverte de la cour de France par Marie Antoinette (Norma Shearer). Du jeu d'adolescente délurée de Norma Shearer au faste déployé pour les grandioses séquences d'arrivée à la cour et de noces du couple de dauphins, tout est fait pour nous plonger dans une pure atmosphère de conte fée. Magnificence des costumes, photos immaculée et figurant à perte de vue, le charme ne va brutalement s'interrompre que lorsqu'on découvrira l'air benêt, l'allure lourde et la diction hésitante du future Louis XVI (Robert Morley). Robert Morley réalise une prestation étonnante, pitoyable et risible lors de cette première apparition il deviendra pourtant de plus en plus touchant dans cette figure pathétique d'homme enfant paisible aux habits trop grands pour lui.
Il est comme extérieur à cette cour par sa simplicité et son manque d'ambition, tout comme le sera Marie Antoinette progressivement isolée par son statut d'étrangère même si les deux finiront par nouer une sorte d'affection fraternelle. Si elle ne peut être une épouse et une dauphine aimée du peuple elle sera l'égérie de Paris W.S Van Dyke de nous plonger dans un montage virtuose pour un tourbillon de fêtes et de plaisirs tapageurs où Adrian s'en donne à cœur joie dans les costumes et atmosphères extravagants. Sous cette frivolité le scénario dépeint bien les jeux de pouvoir qui se joue à la cour et que ne maîtrise pas Marie-Antoinette, cible facile pour ses adversaires (Gladys George belle et perfide en Comtesse du Barry) et trop naïve pour voir le double jeu de ses "alliés" (Joseph Schildkraut méconnaissable poudré et en perruque compose un savoureux Duc d'Orléans fourbe et séducteur).
Dans ce monde de faux-semblants le seul à lui dire la vérité quand elle se fourvoie et à la réconforter le temps d'une (courte) disgrâce sera le Comte de Fersen (Tyrone Power). Le script est d'une fatalité parfaite en donnant un espoir d'ailleurs à Marie Antoinette prête à renoncer à la reconnaissance et l'amour de son mari précisément au moment où ils sont à portée de main mais vain. La scène de déclaration entre Fersen et Antoinette est superbe Norma Shearer touchante d'abandon et Tyrone Power admirablement mis en valeur dans cette beauté juvénile et sincère dont on ne peut douter, le tout avec une ellipse savante suggérant leur unique nuit passé ensemble (roi et reine devenant mari et femme avec des enfants après cette scène...). Van Dyke annonce la seconde partie ténébreuse avec cette scène de couronnement funeste qui s'éloigne de l'éclat qui a prévalu jusqu'alors.
La deuxième partie est d'ailleurs une sorte de réponse austère à l'opulence qui a précédé, comme une punition à l'indifférence des souffrances du peuple (lourdement souligné par un montage avec une voix off inquisitrice). On ressent bien ce ressentiment dans une haine des nobles centralisée par la reine dans l'intrigue et accentué par le récit de quelques mésaventures qui annonceront sa chute comme l'affaire du collier. La narration est nettement moins aventureuse et surprenante Van Dyke maintien notre attention par l'atmosphère pesante et claustrophobe ne faisant que s'accentuer et donnant une intensité puissante au jeu de Norma Shearer jusqu'à cet incroyable final où sur le point d'être guillotinée on la découvre vieillie et totalement brisée par les épreuves (toute cette dernière scène cédant à un symbolisme issu du muet).
Les responsabilités de Marie Antoinette auront été soulignées dans la première partie et donc là on a droit à des séquences illustrant les facettes les moins valeureuses de la Révolution à travers les opportunistes et revanchards cédant à la barbarie et la cruauté pour servir leur ambition. Quelques moments sont marquants à ce titre comme l'assaut de Versailles par les révolutionnaires face à une famille royale sans défense ou les touchants derniers instants en famille de Louis XVI donnant encore du crédit à la prestation de Morley plus fine qu'il n'y parait. Une belle fresque donc, à la vision pas si éloignée de celle plus récente et réussie de Sofia Coppola. 4,5/6
Hollywood revisite avec brio l'histoire de France avec ce Marie Antoinette qui constitue avec Autant en emporte le vent la grande épopée romanesque de la fin des années 30 pour la MGM, autant au niveau des moyens déployés que de l'immense succès rencontré par le film. Marie Antoinette constitua le dernier projet de Irving Thalberg décédé en 1936 et son épouse et star de la MGM Norma Shearer (souvent accusé d'être privilégiée par ce statut) s'y attela donc malgré sa peine. Divisé en deux parties, le film bien que très fidèle aux évènements brode plutôt dans sa première partie en agençant les fait de façon à nouer le drame le plus captivant possible tandis que la seconde centré sur la Révolution suit dans une marche funeste et implacable la grande Histoire.
Le début narre donc le mariage et la découverte de la cour de France par Marie Antoinette (Norma Shearer). Du jeu d'adolescente délurée de Norma Shearer au faste déployé pour les grandioses séquences d'arrivée à la cour et de noces du couple de dauphins, tout est fait pour nous plonger dans une pure atmosphère de conte fée. Magnificence des costumes, photos immaculée et figurant à perte de vue, le charme ne va brutalement s'interrompre que lorsqu'on découvrira l'air benêt, l'allure lourde et la diction hésitante du future Louis XVI (Robert Morley). Robert Morley réalise une prestation étonnante, pitoyable et risible lors de cette première apparition il deviendra pourtant de plus en plus touchant dans cette figure pathétique d'homme enfant paisible aux habits trop grands pour lui.
Il est comme extérieur à cette cour par sa simplicité et son manque d'ambition, tout comme le sera Marie Antoinette progressivement isolée par son statut d'étrangère même si les deux finiront par nouer une sorte d'affection fraternelle. Si elle ne peut être une épouse et une dauphine aimée du peuple elle sera l'égérie de Paris W.S Van Dyke de nous plonger dans un montage virtuose pour un tourbillon de fêtes et de plaisirs tapageurs où Adrian s'en donne à cœur joie dans les costumes et atmosphères extravagants. Sous cette frivolité le scénario dépeint bien les jeux de pouvoir qui se joue à la cour et que ne maîtrise pas Marie-Antoinette, cible facile pour ses adversaires (Gladys George belle et perfide en Comtesse du Barry) et trop naïve pour voir le double jeu de ses "alliés" (Joseph Schildkraut méconnaissable poudré et en perruque compose un savoureux Duc d'Orléans fourbe et séducteur).
Dans ce monde de faux-semblants le seul à lui dire la vérité quand elle se fourvoie et à la réconforter le temps d'une (courte) disgrâce sera le Comte de Fersen (Tyrone Power). Le script est d'une fatalité parfaite en donnant un espoir d'ailleurs à Marie Antoinette prête à renoncer à la reconnaissance et l'amour de son mari précisément au moment où ils sont à portée de main mais vain. La scène de déclaration entre Fersen et Antoinette est superbe Norma Shearer touchante d'abandon et Tyrone Power admirablement mis en valeur dans cette beauté juvénile et sincère dont on ne peut douter, le tout avec une ellipse savante suggérant leur unique nuit passé ensemble (roi et reine devenant mari et femme avec des enfants après cette scène...). Van Dyke annonce la seconde partie ténébreuse avec cette scène de couronnement funeste qui s'éloigne de l'éclat qui a prévalu jusqu'alors.
La deuxième partie est d'ailleurs une sorte de réponse austère à l'opulence qui a précédé, comme une punition à l'indifférence des souffrances du peuple (lourdement souligné par un montage avec une voix off inquisitrice). On ressent bien ce ressentiment dans une haine des nobles centralisée par la reine dans l'intrigue et accentué par le récit de quelques mésaventures qui annonceront sa chute comme l'affaire du collier. La narration est nettement moins aventureuse et surprenante Van Dyke maintien notre attention par l'atmosphère pesante et claustrophobe ne faisant que s'accentuer et donnant une intensité puissante au jeu de Norma Shearer jusqu'à cet incroyable final où sur le point d'être guillotinée on la découvre vieillie et totalement brisée par les épreuves (toute cette dernière scène cédant à un symbolisme issu du muet).
Les responsabilités de Marie Antoinette auront été soulignées dans la première partie et donc là on a droit à des séquences illustrant les facettes les moins valeureuses de la Révolution à travers les opportunistes et revanchards cédant à la barbarie et la cruauté pour servir leur ambition. Quelques moments sont marquants à ce titre comme l'assaut de Versailles par les révolutionnaires face à une famille royale sans défense ou les touchants derniers instants en famille de Louis XVI donnant encore du crédit à la prestation de Morley plus fine qu'il n'y parait. Une belle fresque donc, à la vision pas si éloignée de celle plus récente et réussie de Sofia Coppola. 4,5/6
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Yeah Profondo
Très bonne critique.
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Merci la petite claque esthétique et Norma Shearer
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Manhattan melodrama – L’ennemi public -W.S. Van Dyke (1934) – Clark Gable, William Powell, Mirna Lloyd.
L’intrigue tient en quelques mots : le destin de deux orphelins, amis depuis toujours qui suivront des routes opposées. L’un deviendra procureur alors que l’autre vivra du jeu. W.S. Van Dyke ouvre son film en nous plongeant au cœur de la tragédie du General Slucum. Le bateau qui sombra bel et bien le 15 juin 1904 devant Manhattan faisant plus de mille victimes. En quelques plans il nous communique la panique qui s’empare des passagers.
Donnant à voir dans une situation extrême la diversité des comportements humains. Mêlée de pieds et de corps au sol, de cris et de lutte pour un gilet de sauvetage, de renoncement et de sauts désespérés souvent synonymes de noyade, de gestes de bravoure ou d’égoïsme ultime.
Parmi tous ces possibles Van Dyke s’attarde et oppose deux destins d’hommes. L’un croit en sa bonne étoile, l’autre au droit et en l’intégrité. L’un prend la vie au sérieux, l’autre pas. Jim Wade évolue au grand jour niant sa part d’ombre. Blackie évoluant dans l’ombre mais ne renonçant pas à « ses vérités ». Chacun avance sur la voie qu’il croit la bonne et incarne l’impossibilité de changer sa nature profonde. Y renoncer c’est se trahir soi-même. Et Blackie et Jim ne trahissent pas plus leur amitié que leurs convictions. Tout manquement est synonyme de mort, réelle pour Blackie, Symbolique pour Jim qui renonce à son poste de procureur.
Si Manhattan melodrama n’est pas totalement abouti et n’est pas exempt de défauts il nous offre une vision de la dualité jusqu’au-boutiste transcendée par une amitié indéfectible. Et s’il y a une scène dont je me souviendrai longtemps c’est celle qui précède l’épilogue
L’intrigue tient en quelques mots : le destin de deux orphelins, amis depuis toujours qui suivront des routes opposées. L’un deviendra procureur alors que l’autre vivra du jeu. W.S. Van Dyke ouvre son film en nous plongeant au cœur de la tragédie du General Slucum. Le bateau qui sombra bel et bien le 15 juin 1904 devant Manhattan faisant plus de mille victimes. En quelques plans il nous communique la panique qui s’empare des passagers.
Donnant à voir dans une situation extrême la diversité des comportements humains. Mêlée de pieds et de corps au sol, de cris et de lutte pour un gilet de sauvetage, de renoncement et de sauts désespérés souvent synonymes de noyade, de gestes de bravoure ou d’égoïsme ultime.
Parmi tous ces possibles Van Dyke s’attarde et oppose deux destins d’hommes. L’un croit en sa bonne étoile, l’autre au droit et en l’intégrité. L’un prend la vie au sérieux, l’autre pas. Jim Wade évolue au grand jour niant sa part d’ombre. Blackie évoluant dans l’ombre mais ne renonçant pas à « ses vérités ». Chacun avance sur la voie qu’il croit la bonne et incarne l’impossibilité de changer sa nature profonde. Y renoncer c’est se trahir soi-même. Et Blackie et Jim ne trahissent pas plus leur amitié que leurs convictions. Tout manquement est synonyme de mort, réelle pour Blackie, Symbolique pour Jim qui renonce à son poste de procureur.
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Si Manhattan melodrama n’est pas totalement abouti et n’est pas exempt de défauts il nous offre une vision de la dualité jusqu’au-boutiste transcendée par une amitié indéfectible. Et s’il y a une scène dont je me souviendrai longtemps c’est celle qui précède l’épilogue
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"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.
Mes films du mois :
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
San Francisco (1936)
Mary Blake est une jeune chanteuse cherchant désespérément du travail à San Francisco. Le gérant de casino Blackie Norton lui fait signer un contrat qu'elle regrette lorsqu'elle se voit offrir une place à l'Opéra Tivoli. Après une dispute avec Norton, elle rejoint la maison Tivoli de Jack Burley. Blackie menace de poursuivre Burley en justice, demande à Mary de l'épouser et arrive à la convaincre de revenir travailler pour lui. L'idylle ne dure pas et Mary le quitte à nouveau pour l'Opéra Tivoli où elle devient la tête d'affiche.
San Francisco est une grande fresque sentimentale et musicale qui fut un des grands succès MGM des années 30 notamment grâce à la chanson éponyme chantée par Jeanette MacDonald qui devint un grand standard. A travers la romance entre le propriétaire de cabaret Blackie Norton (Clark Gable) et la chanteuse Mary Blake (Jeanette MacDonald), l'intrigue offre une vision contrastée de cette bouillonnante cité de San Francisco du début de siècle. Blackie est un cynique s'étant élevé à la force du poignet et qui masque sa bonté sous ses attitudes rudes. Mary Blake ne sait sur quel pied danser avec cet homme lui ayant donné sa chance mais qui se complait dans cette débauche ambiante. Le script fait évoluer ce questionnement vers une dimension plus sociale à travers le triangle amoureux et l'hésitation de Mary Blake entre Blackie et Jack Burley (Jack Holt) représentant de l'aristocratie de San Francisco. Celui-ci possède une éducation et des attitudes plus courtoises que le goujat Blackie et propose à Mary Blake une place de cantatrice d'opéra plus conforme à ses aspirations, s'opposant ainsi aux spectacles vulgaires de Blackie.
Le film s'avère bien moins binaire que ce dispositif de départ, Blackie soufflant le chaud et le froid entre son réel souci des autres (sa lutte pour la mise aux normes des quartiers populaires victimes d'incendies intempestif) et son égoïsme lui faisant adopter des attitudes révoltantes envers Mary. A l'inverse le bien-pensant Jack Burley est un vil profiteur préférant maintenir le statu quo plutôt que d'offrir une un meilleur cadre aux quartiers pauvres. Si Jack Holt est quelque peu unidimensionnel en riche entrepreneur, Clark Gable tout en gouaille et séduction est irrésistible en goujat peinant à dévoiler ses failles, adorable et détestable. Jeanette MacDonald en oie blanche révoltée ou soumise par amour amène une opposition tout en douceur et diablement attachante en plus d'impressionner dans ses nombreuses envolées vocales. Spencer Tracy en meilleur ami prêtre et conscience de Gable amène par sa bonhomie et sa franchise une nuance au côté manichéen du film. La rédemption de Blackie s'avère moins religieuse que personnelle lorsqu'il pense avoir tout perdu après le tremblement de terre purificateur.
Les séquences musicales sont légèrement décevantes par contre, assez quelconque lors des scènes de cabaret et vraiment trop statique pour celle d'opéra entièrement au service de la voix et l'interprétation de Jeanette MacDonald. Un peu dommage quand on sait le faste et la folie que sut insuffler W.S. Van Dyke dans son Marie-Antoinette. Le tremblement de terre est par contre des plus impressionnants, un pur moment de terreur et d'apocalypse ou toute la frivolité qui a précédé se voit balayé d'une secousse vengeresse renvoyant chacun aux vraies réalités. Les morts brutales et cruelles s'enchaînent dans un tourbillon de flammes et de hurlements aux visions infernales.
L'épilogue en forme de remise en question et de recueillement est ainsi des plus poignants avec l'errance de Gable dans ce monde révolu et à reconstruire. C'est autant ce San Francisco dévasté que son âme blessée qui sont à reconstruire sur des bases plus saines comme le montre un saisissant fondu enchaîné final (peut-être inspiration de Scorsese qui conclura son Gangs of New York de la même façon) liant passé et présent. C'est tout le symbole des belles retrouvailles finales malgré le côté religieux très appuyé et refuge dans un tel moment. 4,5/6
Mary Blake est une jeune chanteuse cherchant désespérément du travail à San Francisco. Le gérant de casino Blackie Norton lui fait signer un contrat qu'elle regrette lorsqu'elle se voit offrir une place à l'Opéra Tivoli. Après une dispute avec Norton, elle rejoint la maison Tivoli de Jack Burley. Blackie menace de poursuivre Burley en justice, demande à Mary de l'épouser et arrive à la convaincre de revenir travailler pour lui. L'idylle ne dure pas et Mary le quitte à nouveau pour l'Opéra Tivoli où elle devient la tête d'affiche.
San Francisco est une grande fresque sentimentale et musicale qui fut un des grands succès MGM des années 30 notamment grâce à la chanson éponyme chantée par Jeanette MacDonald qui devint un grand standard. A travers la romance entre le propriétaire de cabaret Blackie Norton (Clark Gable) et la chanteuse Mary Blake (Jeanette MacDonald), l'intrigue offre une vision contrastée de cette bouillonnante cité de San Francisco du début de siècle. Blackie est un cynique s'étant élevé à la force du poignet et qui masque sa bonté sous ses attitudes rudes. Mary Blake ne sait sur quel pied danser avec cet homme lui ayant donné sa chance mais qui se complait dans cette débauche ambiante. Le script fait évoluer ce questionnement vers une dimension plus sociale à travers le triangle amoureux et l'hésitation de Mary Blake entre Blackie et Jack Burley (Jack Holt) représentant de l'aristocratie de San Francisco. Celui-ci possède une éducation et des attitudes plus courtoises que le goujat Blackie et propose à Mary Blake une place de cantatrice d'opéra plus conforme à ses aspirations, s'opposant ainsi aux spectacles vulgaires de Blackie.
Le film s'avère bien moins binaire que ce dispositif de départ, Blackie soufflant le chaud et le froid entre son réel souci des autres (sa lutte pour la mise aux normes des quartiers populaires victimes d'incendies intempestif) et son égoïsme lui faisant adopter des attitudes révoltantes envers Mary. A l'inverse le bien-pensant Jack Burley est un vil profiteur préférant maintenir le statu quo plutôt que d'offrir une un meilleur cadre aux quartiers pauvres. Si Jack Holt est quelque peu unidimensionnel en riche entrepreneur, Clark Gable tout en gouaille et séduction est irrésistible en goujat peinant à dévoiler ses failles, adorable et détestable. Jeanette MacDonald en oie blanche révoltée ou soumise par amour amène une opposition tout en douceur et diablement attachante en plus d'impressionner dans ses nombreuses envolées vocales. Spencer Tracy en meilleur ami prêtre et conscience de Gable amène par sa bonhomie et sa franchise une nuance au côté manichéen du film. La rédemption de Blackie s'avère moins religieuse que personnelle lorsqu'il pense avoir tout perdu après le tremblement de terre purificateur.
Les séquences musicales sont légèrement décevantes par contre, assez quelconque lors des scènes de cabaret et vraiment trop statique pour celle d'opéra entièrement au service de la voix et l'interprétation de Jeanette MacDonald. Un peu dommage quand on sait le faste et la folie que sut insuffler W.S. Van Dyke dans son Marie-Antoinette. Le tremblement de terre est par contre des plus impressionnants, un pur moment de terreur et d'apocalypse ou toute la frivolité qui a précédé se voit balayé d'une secousse vengeresse renvoyant chacun aux vraies réalités. Les morts brutales et cruelles s'enchaînent dans un tourbillon de flammes et de hurlements aux visions infernales.
L'épilogue en forme de remise en question et de recueillement est ainsi des plus poignants avec l'errance de Gable dans ce monde révolu et à reconstruire. C'est autant ce San Francisco dévasté que son âme blessée qui sont à reconstruire sur des bases plus saines comme le montre un saisissant fondu enchaîné final (peut-être inspiration de Scorsese qui conclura son Gangs of New York de la même façon) liant passé et présent. C'est tout le symbole des belles retrouvailles finales malgré le côté religieux très appuyé et refuge dans un tel moment. 4,5/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 3 mai 13, 23:29, modifié 1 fois.
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Bon 4,5/6 donc ça va tu n'es pas trop déçu Comme tu le dis, à part des séquences musicales qui cassent un peu le rythme du film, tout le reste est très bon
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Oui mais enfin si Jeanette McDonald ne chantait pas ça ne serait plus Jeanette McDonald ! Maintenant à l'époque les mises en scène d'Opéra étaient statiques, W.S Van Dyke ne fait que respecter les canons de l'époque où le chanteur se posait et chantait !feb a écrit :Bon 4,5/6 donc ça va tu n'es pas trop déçu Comme tu le dis, à part des séquences musicales qui cassent un peu le rythme du film, tout le reste est très bon
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Non mais le souci c'est que j'ai découvert son Marie-Antoinette avant où là on avait des scènes de bals totalement extravagantes et décomplexées où on en prenait plein les mirettes du coup beaucoup d'attente sur les scènes musicales de celui-ci et finalement c'est très timoré. Quitte à être statique sur les scènes d'opéra il aura fallu se lâcher plus dans celle de cabaret mais elles sont encore plus plates. Pour le reste très bon moment et la scène de séisme c'est quelque chose !
Dernière modification par Profondo Rosso le 3 mai 13, 01:22, modifié 1 fois.
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Manhattan Melodrama (1934)
Deux amis prennent des chemins radicalement différents dans la vie, l'un gangster, l'autre Gouverneur. Mais une femme les attire : Eleanor.
De la plus grande canaille peut venir le sacrifice le plus noble et de l'homme le plus vertueux la droiture la plus résignée, tout cela au nom de la poignante amitié dépeinte par ce beau mélodrame de W.S Van Dyke. L'histoire dépeint les destins croisés de deux amis d'enfances, Jim (William Powell) et Blackie (Clark Gable). Victimes au plus jeune âge de la perte et de l'injustice et de la perte (fulgurante et cruelle scène de naufrage en ouverture avec un Mickey Rooney jouant Gable enfant) ils auront chacun un chemin bien différent pour répondre à cette douleur initiale. Blackie va devenir un gangster et se rire de toute cette comédie humaine quand Jim à force de volonté va devenir un des pontes politique locaux procureur puis gouverneur. Leur relation est puissamment dépeinte par Dyke et un scénario subtil qui ne les oppose que par leur monde radicalement différents désormais, l'affection mutuelle demeurant sans que chacun n'ignore et renie les choix de l'autre. Clark Gable trouve en plus sombre l'emploi qu'il tiendra dans une autre de ses collaborations avec Dyke, San Francisco (1936). Un homme au train de vie et aux actes discutable mais cachant une chaleur et une amitié qui ne demande qu'à s'exprimer. William Powell à l'inverse incarne une rigueur et une droiture qui ne peut être fléchie par l'amitié.
Ce lien devient intenable lorsque chacun s'enfonce plus loin dans le monde qu'il s'est choisi, Blackie passant des petits trafics au meurtre et Jim atteignant les hautes sphères du pouvoir. Une certaine ambiguïté vient s'insinuer lorsque du mal peut surgir une ultime marque d'amitié et que de cette morale exacerbée cette même amitié se verra définitivement rompue. Clark Gable avec son détachement et son bagout habituel exprime avec subtilité ce sentiment profond au terme d'une dernière scène poignante avec Powell, porté par ce regard malicieux et aimant prouvant que le sacrifice en valait la peine. A l'inverse Powell est un livre ouvert d'émotion sous sa fermeté et dépasse enfin son statut et sa fonction lorsqu'il comprend à quel point à son tour ce qui lui en coutera. Cela s'exprimera magnifique à travers la relation des deux hommes à Myrna Loy, amante de l'un puis épouse de l'autre. C'est lorsqu'ils s'enfoncent chacun leur tour dans leur archétype (le gangster sans scrupule et le magistrat sans pitié ni remords), dans leur rôles en oubliant qu'ils sont des hommes avant tout qu’ils la perdront. C'est également par elle qu'ils quitteront leurs costumes pour laisser parler l'amitié, au prix de la rédemption pour Gable et à celui d'une liberté loin des ambitions pour Powell. Un film remarquable qui transcende sa construction mécanique en donnant une consistance et une émotion inattendue à ses personnages. Une finesse dont un certain Joseph L. Mankiewicz au scénario n'est sans doute pas étranger... 5/6
Deux amis prennent des chemins radicalement différents dans la vie, l'un gangster, l'autre Gouverneur. Mais une femme les attire : Eleanor.
De la plus grande canaille peut venir le sacrifice le plus noble et de l'homme le plus vertueux la droiture la plus résignée, tout cela au nom de la poignante amitié dépeinte par ce beau mélodrame de W.S Van Dyke. L'histoire dépeint les destins croisés de deux amis d'enfances, Jim (William Powell) et Blackie (Clark Gable). Victimes au plus jeune âge de la perte et de l'injustice et de la perte (fulgurante et cruelle scène de naufrage en ouverture avec un Mickey Rooney jouant Gable enfant) ils auront chacun un chemin bien différent pour répondre à cette douleur initiale. Blackie va devenir un gangster et se rire de toute cette comédie humaine quand Jim à force de volonté va devenir un des pontes politique locaux procureur puis gouverneur. Leur relation est puissamment dépeinte par Dyke et un scénario subtil qui ne les oppose que par leur monde radicalement différents désormais, l'affection mutuelle demeurant sans que chacun n'ignore et renie les choix de l'autre. Clark Gable trouve en plus sombre l'emploi qu'il tiendra dans une autre de ses collaborations avec Dyke, San Francisco (1936). Un homme au train de vie et aux actes discutable mais cachant une chaleur et une amitié qui ne demande qu'à s'exprimer. William Powell à l'inverse incarne une rigueur et une droiture qui ne peut être fléchie par l'amitié.
Ce lien devient intenable lorsque chacun s'enfonce plus loin dans le monde qu'il s'est choisi, Blackie passant des petits trafics au meurtre et Jim atteignant les hautes sphères du pouvoir. Une certaine ambiguïté vient s'insinuer lorsque du mal peut surgir une ultime marque d'amitié et que de cette morale exacerbée cette même amitié se verra définitivement rompue. Clark Gable avec son détachement et son bagout habituel exprime avec subtilité ce sentiment profond au terme d'une dernière scène poignante avec Powell, porté par ce regard malicieux et aimant prouvant que le sacrifice en valait la peine. A l'inverse Powell est un livre ouvert d'émotion sous sa fermeté et dépasse enfin son statut et sa fonction lorsqu'il comprend à quel point à son tour ce qui lui en coutera. Cela s'exprimera magnifique à travers la relation des deux hommes à Myrna Loy, amante de l'un puis épouse de l'autre. C'est lorsqu'ils s'enfoncent chacun leur tour dans leur archétype (le gangster sans scrupule et le magistrat sans pitié ni remords), dans leur rôles en oubliant qu'ils sont des hommes avant tout qu’ils la perdront. C'est également par elle qu'ils quitteront leurs costumes pour laisser parler l'amitié, au prix de la rédemption pour Gable et à celui d'une liberté loin des ambitions pour Powell. Un film remarquable qui transcende sa construction mécanique en donnant une consistance et une émotion inattendue à ses personnages. Une finesse dont un certain Joseph L. Mankiewicz au scénario n'est sans doute pas étranger... 5/6
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Moi j'ai quand même été très gêné par la manière dont la peine de mort est pronée dans le film, quand même.
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
C'est vrai que pas de preuve, pas de mobile et un témoin vrai/faux aveugle et hop la chaise Mais bon la narration file à toute vitesse on est emporté par les ressorts et les ficelles du mélo, ça ne me gêne pas finalement, ça obéit aux ressorts de la tragédie que dessine le film sans volonté de réalisme.francesco a écrit :Moi j'ai quand même été très gêné par la manière dont la peine de mort est pronée dans le film, quand même.
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Re: W.S Van Dyke (1889-1943)
Plus que ça encore c'est aussi le côté "bon honnêtement, qu'est-ce qui vaut mieux ? passer sa vie en prison ou bien être exécuté ? Pour un vrai homme je veux dire ? Hein ? Franchement ?" Un bon moyen de dépeupler les prisons, remarque !
Mais le film est une réussite au niveau de la mise en scène, c'est sûr et certain.
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