Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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cinephage
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par cinephage »

C'est dommage, les trois qui suivent dans la programmation sont plutôt plus faciles à suivre, et d'un intérêt plus manifeste. J'aurais tendance à recommander de leur donner une chance. Fassbinder a tourné comme un dératé, des film de tout ordre et de toute taille, autant jeter un oeil sur ses meilleurs.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Frank N Furter
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Frank N Furter »

Je rejoins l'avis de Demi-Lune, je n'accroche décidemment pas à Fassbinder je crois. Ca me rend finalement assez triste car je vois que beaucoup sont manifestement sensibles à son cinéma et j'ai un peu l'impression de passer à côté de quelquechose. Mais même Le Mariage de Maria Braun, réputé comme un de ses meilleurs ne m'a pas passionné. Je tenterais peut-être encore une fois avec Tous les autres s'appellent Ali, dont le sujet pourrait m'intéresser.

Je me demande si je ne suis pas trop "inculte" sur l'histoire récente de l'Allemagne pour apprécier ces films en fait.
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Jeremy Fox
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Jeremy Fox »

Pas un fan non plus mais Tous les autres s'appellent Ali pourrait peut-être vous réconcilier avec le cinéaste
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Père Jules
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Père Jules »

cinephage a écrit :C'est dommage, les trois qui suivent dans la programmation sont plutôt plus faciles à suivre, et d'un intérêt plus manifeste. J'aurais tendance à recommander de leur donner une chance. Fassbinder a tourné comme un dératé, des film de tout ordre et de toute taille, autant jeter un oeil sur ses meilleurs.
Un avis derrière lequel je me range. Persévère au moins pour Le mariage de Maria Braun.
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Flol »

Jeremy Fox a écrit :Pas un fan non plus mais Tous les autres s'appellent Ali pourrait peut-être vous réconcilier avec le cinéaste
Son cinéma ne m'attire absolument pas (l'Allemagne dans les années 70....mmmhhhhh...), mais s'il y en a 1 qui pourrait m'intéresser, c'est bien celui-là.
Sauf qu'il passe ce soir sur Arte, et que j'ai oublié de le programmer. :|
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Dunn »

Ratatouille a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Pas un fan non plus mais Tous les autres s'appellent Ali pourrait peut-être vous réconcilier avec le cinéaste
Son cinéma ne m'attire absolument pas (l'Allemagne dans les années 70....mmmhhhhh...), mais s'il y en a 1 qui pourrait m'intéresser, c'est bien celui-là.
Sauf qu'il passe ce soir sur Arte, et que j'ai oublié de le programmer. :|
http://videos.arte.tv/fr/videos#/tv/coverflow///1/120/
:fiou:
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par AtCloseRange »

Ratatouille a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Pas un fan non plus mais Tous les autres s'appellent Ali pourrait peut-être vous réconcilier avec le cinéaste
Son cinéma ne m'attire absolument pas (l'Allemagne dans les années 70....mmmhhhhh...), mais s'il y en a 1 qui pourrait m'intéresser, c'est bien celui-là.
Sauf qu'il passe ce soir sur Arte, et que j'ai oublié de le programmer. :|
Raciste!

Bon, tu peux aussi essayer Lili Marleen. C'est le seul que j'ai apprécié pour l'instant.
Je vais quand même tenter en dernier recours de voir Le Mariage de Maria Braun.
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Père Jules
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Père Jules »

Demi-Lune a écrit :Le mariage de Maria Braun (Rainer Werner Fassbinder, 1979) Image
Ouais, bon. C'est foutu :lol:
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cinephage
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par cinephage »

Père Jules a écrit :
Demi-Lune a écrit :Le mariage de Maria Braun (Rainer Werner Fassbinder, 1979) Image
Ouais, bon. C'est foutu :lol:
:cry:
En effet, là, je pense que ce n'est plus la peine de poursuivre...
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Anorya »

cinephage a écrit :
Père Jules a écrit :
Ouais, bon. C'est foutu :lol:
:cry:
En effet, là, je pense que ce n'est plus la peine de poursuivre...
Ne tente pas alors Tous les autres s'appellent Ali, Demi-Lune, ne le tente surtout pas. :mrgreen:
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par AtCloseRange »

Père Jules a écrit :
Demi-Lune a écrit :Le mariage de Maria Braun (Rainer Werner Fassbinder, 1979) Image
Ouais, bon. C'est foutu :lol:
He, ça en fait un quasi chef d'oeuvre par rapport à l'Année des 13 Lunes!
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Demi-Lune
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Demi-Lune »

Le mariage de Maria Braun (1979)

Si mon enthousiasme restera encore très modeste, ce Fassbinder a au moins l'avantage d'être accessible et de ne pas trop s'illustrer par les tics qui, jusqu'ici, auront entretenu mon franc rejet de son œuvre. Il me semble avoir lu quelque part que Le mariage de Maria Braun marquait le début de l'occidentalisation de Fassbinder dans le sens où ses films cherchaient à s'adresser à un public élargi au-delà des frontières allemandes. Ça se sent un peu. Esthétiquement, le film est un peu plus léché que tous les films antérieurs que j'ai pu voir, et le contexte historique commande une retenue stylistique qui nous épargne tous ces effets fassbinderiens de miroir ou de zooms des années 1970. En se confrontant au passé proche de son pays, le cinéaste accouche d'un film à mon sens moins marqué par la Nouvelle Vague allemande que par un certain classicisme d'usage. Non pas que je sois franchement conquis. Je retrouve en effet dans Le mariage de Maria Braun les caractéristiques formelles de Lili Marleen, le tout premier Fassbinder que j'ai découvert : une reconstitution limitée par le budget, une certaine esthétique bourgeoise aux filtres chic et toc (je n'ai pas arrêté de penser aux Jours et nuits de China Blue), un portrait d'une Allemagne des années 1940 qui manque encore pour moi d'incision, trop glamour. Il y a, dans ce film et dans Lili Marleen, la tentation d'une glamourisation chiquée de l'image qui, en plus de ne pas avoir forcément très bien vieilli, mérite qu'on s'interroge si elle n'est pas hors de propos par rapport au contexte historique dépeint. Dans Maria Braun, la représentation des conditions de vie des Allemands après la défaite est pour moi trop sage, trop facile, très en-deçà des réalités terribles que, paradoxalement, le cinéma américain a évoqué, à chaud, avec plus de pertinence. C'est trop... gentillet, en fait. Ça ne me convainc pas vraiment. C'est plus vers le fond que je me tourne pour trouver des points positifs. En effet, si la reconstitution laisse à mon goût à désirer, et si la construction chronologique est mal foutue faute de repères dans le temps, c'est par le prisme du personnage-titre que Fassbinder questionne le plus pertinemment l'Histoire. Je dois dire que Maria Braun m'a fait pas mal penser à Ellis de Vries de Black Book. Les deux films nous parlent en effet de la capacité d'accommodement de femmes face à leurs propres valeurs, ce qu'elles sont prêtes à négocier vis-à-vis d'elles-mêmes pour survivre. Entre opportunisme parvenu et lucidité froide, fidélité maritale et complexité sentimentale, l'ambiguïté de Maria Braun assure son ascension matérielle en même temps qu'elle la perd humainement. Bref, pas une évocation très glorieuse de la reconstruction allemande post-1945. Néanmoins, ce personnage ne m'a intéressé que lointainement, parce que son apathie, puis son antipathie à mesure qu'elle s'élève, m'éloignent de son drame personnel. C'est dommage parce que l'idée qu'elle fasse tout ça (ou dise le faire) pour bâtir un avenir meilleur avec son mari au trou, était bonne. Et Hanna Schygulla a le talent pour donner à son personnage toutes les nuances nécessaires. Mais comme souvent avec Fassbinder, je ne ressens aucune authenticité, aucune émotion, les dialogues ou les situations sonnent vraiment faux tant ils sont étudiés, et les personnages sont brinquebalants. Regardez le personnage du militaire US noir. Comment il est expédié, et comment l'histoire continue comme si de rien n'était. Ou le mari, disparu puis revenu, qui s'accuse du crime de sa femme, qui purge sa peine puis disparaît à nouveau, avant de réapparaître... ouais, les détours de l'histoire me laissent sceptiques. C'est donc un constat moyen sur l'ensemble.

Le droit du plus fort (1975)

Me sentant très éloigné des thématiques fassbinderiennes sur les minorités sexuelles (aaah, L'année des treize lunes :D ), je n'ai malheureusement pas trouvé grand-chose qui m'ait accroché dans ce Droit du plus fort, récit d'une liaison homosexuelle entre un jeune paumé qui donne son fric à tour de bras (joué par Fassbinder lui-même, qui aime se filmer la bite à l'air et filmer la bite de ses acteurs) et un profiteur moustachu. Beaucoup de longueurs, un look général extrêmement daté (costards, ameublement, esthétique de Derrick deluxe...), pour une histoire qui noie son audace - non pas en termes graphiques, car le film, à part sa collection de quéquettes à l'air, fait preuve de beaucoup de pudeur, mais dans la provocation d'une démarche sans tabous - dans les habituels tics du cinéaste. Je trouve le passage au Maroc grotesque. Ce n'est que lorsque le personnage joué par Fassbinder commence à comprendre que son conjoint l'a floué que le film a commencé à me plaire, parce qu'il libérait à ce moment une douleur intime, sincère, débarrassée des oripeaux qui me déplaisent dans le cinéma du monsieur. Faut pas croire, hein, ça m'attriste quand même de rester de marbre, au mieux, face aux films de Fassbinder. Mais Père Jules faisant une aversion totale à De Palma, je pense qu'il comprendra un tel hermétisme de ma part. :mrgreen: Belle fin sinon, noire et sèche.

Tous les autres s'appellent Ali (1974)

Son meilleur film et de loin, pour moi. La raison est simple : Fassbinder s'efface derrière une histoire modeste, simple, qui va droit au but. Certes, Sirk est déjà passé par là mais l'intemporalité et l'universalité du thème permettent sa ré-exploitation. Le lien entre Ali et la vieille dame enthousiasme par sa douceur et son naturel, voilà des personnages qui ne me semblent pas fonctionnels ! J'ai bien aimé la méchanceté de la construction scénaristique, qui réservera aux deux l'opprobre. Dans un premier temps, j'avais tiqué sur le manichéisme général bien marqué, mais j'ai apprécié que l'histoire se donne justement le temps d'inverser les tendances, d'apporter des nuances et de nouvelles difficultés. Le tout se concluant de bien sombre manière, la victoire sur l'entourage n'étant qu'un pis-aller face à la défaite à venir sur la maladie. Un bon film, même si la facture visuelle de Fassbinder ne recevra décidément pas mon adhésion.
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Bcar »

Je suis moi aussi en mini cycle Fassbinder et le constat est simple sur les 6 films que j'ai de lui : Ce sont tous de très bons films, magnifiquement mise en scène, thématiquement percutant mais aucun de ces films ne m'emporte completement, l'émotion peine a faire son son trou. J'ai du mal à savoir pourquoi, enfin bon j'espère toujours trouver chaussure à mon pied. 8)
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Demi-Lune
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par Demi-Lune »

L'amour est plus froid que la mort (1969)

Premier long de Fassbinder. Qui s'attribue d'ailleurs un des rôles principaux, blouson en cuir sur le dos et hublots sur le nez. Je m'y suis beaucoup ennuyé mais mon rejet général de son œuvre n'est plus un secret pour personne. Cependant, si je prends un tant soit peu de recul objectif, je pense qu'il s'agit d'un film qui se démarque assez de ce qui peut assommer chez ce cinéaste. L'histoire est bateau - deux petites frappes refusent d'entrer au service de la pègre locale et font une virée meurtrière en compagnie d'une prostituée. Mais on s'étonnera de voir le décalage de style entre ce baptême et toutes les œuvres des années 1970. Le noir et blanc est sec, la forme précise, dépouillée. Presque clinique. Ça fait d'ailleurs presque peur, durant l'ouverture : un grand mur blanc, deux trois chaises, des acteurs, un Noir torse nu avec son holster. C'est tout. La mise en scène de Fassbinder lorgne ouvertement vers la Nouvelle Vague française, reprenant quelques effets caractéristiques comme ce travelling qui fait balancier de gauche à droite comme chez Godard, des transitions abruptes ou une certaine esthétique décharnée pouvant rappeler le Truffaut de Tirez sur le pianiste. Malheureusement, les influences me semblent mal digérées et on a plus affaire pour moi à un catalogue référentiel de jeune cinéphile faisant ses gammes. Personnage de tueur habillé comme dans un Melville, images très marquées par le spectre d’À bout de souffle, le motard inquiétant de Psychose cité dans un dialogue... ce premier film a un côté très exercice de style, sorte de film noir moderne qui joue avec son imagerie mais qui peine singulièrement à convaincre, Fassbinder rallongeant fréquemment les prises de vue au-delà du tolérable, et oubliant complètement de donner du corps à son trio de personnages. En résulte un film très froid, presque fantomatique, très étudié, très poseur par moments lorsque la caméra déroule de la pellicule pour rien. Difficile de ne pas ressentir une certaine impression de vacuité tant les personnages sont inexpressifs et l'histoire minuscule.
O'Malley
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Re: Rainer Werner Fassbinder (1945-1982)

Message par O'Malley »

Je viens de voir certains des films du cycle Fassbinder et:
1. Le droit du plus fort (son film le plus abouti)
2. Tous les autres s'appelle Ali (intéressant mais l'émotion ne fonctionne que par intermittences)
3. Les larmes amères de Petra Von Kant (ennuyeux mais le film dégage quand même un certain charme par sa structure en 5 actes, son huis clos étouffant, ses relations de pouvoir, son univers exclusivement féminin, la beauté et l'interprétation de Hanna Schygulla, la belle photographie de Michael Balhaus).

On est quand même très proches de l'univers de Pedro Almodovar, en plus sombre et pesant, en plus allemand quoi! (notamment Petra Von Kant qui m'a rappelé à plusieurs reprises Attache moi).
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