Upstage (Monta bell, 1926) Réunis pour une cinquième collaboration, Monta Bell et Norma Shearer s'attaquent au théâtre, un milieu qu'il avaient exploré déja (
Pretty Ladies). Le film suit le parcours d'une jeune femme, de son arrivée à New York ou elle souhaite trouver du travail, jusqu'à son parcours imprévu sur scène: venue en effet pour un travail de dactylo dans le bureau d'un imprésario, elle va se faire embaucher pour être la partenaire d'un danseur. Comme
Lady of the night, le film repose sur une symbolique bien intégrée dans une histoire simple, linéaire et prenante, plus satirique toutefois. Le personnage de Dolly Haven, jeune femme ambitieuse, met en effet un certain temps à s'humaniser, même si de petites touches présentes dans les premières scènes du film lui donnent l'occasion de ne pas être détestable...
Dolly Haven débarque donc à New York, et s'installe dans une minable pension de famille. Sa confiance en elle, son ambition un peu hautaine, lui donnent une assurance peu commune. Elle se rend sur la foi d'une annonce de recrutement chez Sam Davis (Tenen Holtz), impresario; celui-ci cherche désespérément une partenaire pour Johnny Storm (Oscar Shaw), sa vedette: ils sont donc en quête d'une danseuse. Afin d'éviter de devoir engager l'insupportable Dixie Mason (Gwen Lee), Storm préfère engager Dolly sur sa bonne mine. Comme celle-ci n'est absolument pas douée pour la danse, il dansera, et elle fournira un contexte et un accompagnement, rien qu'en apparaissant sur scène. Leur numéro est vite un succès, et ils sont engagés pour une longue période à Poughkeepsie, mais le succès monte très vite à la tête de Dolly, malgré l'affection qu'ele porte à Johhny. Elle le quitte pour reprendre le même numéro avec un autre danseur (Ward Crane), mais c'est un flop. Alors que Johnny l'a remplacée par Dixie, elle ravale son ambition, et devient chorus girl. Lors d'une représentation, à Noël, une soudaine crise inattendue va lui permettre de gagner ses galons de fille de la scène, d'unemanière inattendue.
Le "miracle" de Noël dans ce film est sans doute le moment le plus embarrassant: à la fois superbement mis en scène et gênant par son équivoque, il montre l'enfant de deux artistes, le lanceur de couteaux et son épouse, qui tombe durant la représentation, sans que quiconque s'en aperçoive. Seul une marionnette a été témoin de la scène, et durant trois minutes, les gens vont et viennent près du petit corps sans vie, sans s'apercevoir de sa présence; enfin, lorsqu'on la repère, sa mère est sur scène, et voit l'agitation autour de sa fille inanimée. Mais si il est très clair que Dolly a un geste héroïque, en la remplaçant au pied levé afin qu'elle puisse s'assurer de la bonne santé de sa fille, nous n'avons aucune idée de ce qu'il advient de celle-ci à la fin. Si miracle il y a, il a donc un gout plutôt amer. Mais le metteur en scène a utilisé avec génie le montage, et une caméré obile, dont il a fait en quelque sorte le deuxième témoin, après cette érionnette qui reste sans bouger. la caméra nous montre la petite fille, plonge littéralement vers elle, et met en avant le fait que personnae autour ne peut s'en paercevoir. l'effet d'adhésion, voire de panique sur les spectateurs du film est garanti, et contraste particulièrement avec l'indifférence des spectateurs du théâtre, qui pendant les entr'actes, parlent cuisine...
Comme
Lady of the night, Monta Bell construit son intrigue et ses personnages sur des petites touches, des petits riens qui vont nous permettre d'adhérer aux personnages. on peut faire confiance dans le metteur en scène pour traduire la réalisation des sentiments par des gestes en apparence anodins, mais dont l'interprétation varie. A ce titre, la plus jolie scène du film, qui humanise brièvement le personnage de Dolly, est celle durant laquelle, pour sa première, elle s'est atrocement maquillée... Voyant cela, Johnny intervient, et s'occupe de son visage, par gestes surs et précis. Durant cette scène de maquillage, on voit Norma Shearer réaliser l'affection et la tendresse qu'il a pour elle, et on la sent fondre... Le moment durant lequel il applique avec délicatesse du rouge sur ses lèvres en particulier, avec la jeune femme qui l'aide du mieux qu'elle peut, est très réussi. mais la scène contraste avec la suivante, durant laquelle le duo est un succès, et Dolly reçoit des éloges... Comme dit Sam Davis, pourtant, "cette fille ne fair rien, mais vous avez vu de quelle manière elle le fait?"... Une remarque ironique, qui n'empêche pas le film de distiller une vraie tendresse pour le monde du spectacle, dont beaucoup des acteurs présents sont issus, à commencer par Oscar Shaw.
Quant à Shearer, qui n'a pas joué ici sa dernière ambitieuse, il faut quand même parier qu'elle savait de quoi il retournait, en matière de tout donner pour monter les marches. Elle est touchante de toute façon, en particulier lorsqu'elle se résigne, quittant abattue le bureau de l'impresario, et se dirigeant vers un ascenseur: "Vous descendez?" En effet... Une belle curiosité, donc, pas du même niveau que
Lady of the night hélas, mais qui maintient l'intérêt durant ses six bobines...
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