30 beats (Lloyd - 2012).
New York, en plein été : une vague de chaleur transforme la ville en zone tropicale. Dix personnages sont tour à tour entraînés dans une ronde des amours où chacun se retrouve pris dans une chaîne de séductions, de sentiments et de désirs à fleur de peau...
C'est, alléché par l'idée-même du film (reprendre
La ronde de Schnitzler qui fut adapté formidablement en 1950 par Ophüls) et une bande-annonce ne dévoilant en fait pratiquement que ce qu'il y a de mieux, que j'ai vite filé voir ce film. Le fait qu'il ne soit distribué que dans 9 salles dans toute la France (plus que 3 sur Paris maintenant contre 5 encore la semaine dernière alors qu'il venait juste de sortir) a joué d'un certain état d'urgence aussi. Transposant la ronde des sentiments amoureux aussi divers que riches, variés, cruels, douloureux ou drôles dans le New-York actuel ne pouvait que tenter d'actualiser et mettre à jour le sentiment amoureux en ces années post 11 septembre 2001. Le New-York ainsi filmé respire presque la quiétude comme si rien ne s'était passé : des couleurs chaudes, presque organiques, de rares ralentis somptueux et jamais tape à l'oeil, une chaleur perceptible et des gens qui ont envie de s'amuser. On ajoute à cela des cadres bien construits, un tournage en 16 mm qui assure pour un premier film, une musique instrumentale faite de ballades un peu rock énergiques et envoûtantes. Tout était presque réuni pour passer un bon moment.
Mais voilà, il y a un hic de taille monumental : l'attirance du vide.
Notre cher réal veut tellement bien faire qu'il finit par n'en rendre son film que désespérément fade. Et rendre fade une beauté comme Vahina Giocante, il faut le faire.
Si sur le papier l'idée du changement de personnage pour illustrer la ronde cyclique de l'amour reste bon, la mécanique fragile ne suit pas. D'abord parce que les acteurs masculins sont fades comme pas possible (excepté le personnage de Julian, joué par Thomas Sadoski qui tire son épingle du jeu et se révèle plus ambigü qu'on le croit), à peine traités, aucune psychologie, parfois d'une lourdeur pas possible (délivrant un certain ennui bien palpable qui a fait sortir 3 jeunes spectatrices de la salle du gaumont parnasse où j'étais. Sans doute espéraient-elles comme moi quelque chose de plus vivant). Ce qui affaiblit considérablement l'édifice et des personnages féminins à peine mieux servis avec des actrices qu'on sent nettement plus impliquées néanmoins. Las ! Les scènes qui pourraient se révéler intéressantes ou montrer les jeux amoureux et érotiques sont toutes passées à la trappe lors d'un constant fondu au noir à chaque fois que le moment tant attendu arrive. Dans une entrevue, le réalisateur expliquait, très prude, que face à une société qui montre tout, mieux valait laisser au spectateur le soin de laisser fonctionner son imagination. Ce discours est bien beau mais pour que l'imagination se mette en branle (sans mauvais jeu de mot), encore faut-il justement qu'elle ait un os à rogner. Ce n'est pas en nous montrant un bout de poitrine de cette chère Vahina (capture gauche) qu'on va d'un coup se mettre à follement rêver. D'autant plus que ce passage arrive après le fondu au noir, la jeune femme se révèle en pétard, prononçant des dialogues assez consternants. Seule Paz de la Huerta a l'honneur d'avoir une belle scène (qui fait presque sourire) où la belle se cambre tel un chat réclamant avec moult séduction ses croquttes. Ma foi, Paz, là je t'offre tous les bocaux de croquettes que tu veux à ce prix là. Mais ça ne dure pas.... fondu au noir !
Tu voulais du sensuel ? Tu n'auras que les images d'Epinal.
Enfin là c'est des images Panini quoi.
Bref, personnages rendus fades dans des situations fades qui ne laissent jamais vraiment respirer et imprégner l'image... Reste d'ailleurs quelques belles images... éparpillées...
Et qui seront vite oubliées.
Je retourne à Julio Medem finalement, lui au moins a compris que le corps ne doit pas être nécessairement et abusivement enchaîné dans le cadre mais qu'il doit en sortir pour subjuguer le spectateur. L'amour du corps, des actrices et donc en retour du spectateur, il est bien dans un film comme
Lucia et le sexe finalement, pas dans ce
30 beats qui ne pulse que par rares coups.
2/6.