Jacques Tourneur (1904-1977)
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
Eh bien figurez vous, une fois n'est pas coutume ( ) que je ne serai pas aussi catégorique que Jeremy à l'encontre de Stranger on horseback, édté récemment chez Sidonis.
Evidemment je ne me risquerai pas à le considérer comme supérieur à Wichita, chef d'oeuvre absolu du western Tourneurien, comme le fait avec des arguments compliqués Bertrand Tavernier dans les bonus de cette édition. (cà c'est pour la déception qu'il nous inflige en nous apprenant qu'il a redécouvert le film dans une édition somptueuse !)
Néanmoins, il faut bien avouer qu'il n'a pas tort quand il évoque les nombreux détails qui apparentent ce film aux autres westerns de Tourneur, et notamment cette atmosphère sereine et retenue dans laquelle évoluent les personnages de ce film:
Joel McCrea qui semble glisser comme dans un rêve tout au long de cette histoire où sourd pourtant une menace certaine, arpentant avec un flegme presqu'irréel les obstacles qui se présentent à lui.
Tavernier insiste aussi sur l'économie de violence dont fait usage McCrea, fait assez rare dans un western composé presqu'essentiellement d'hommes; une parabole tout en subtilité de la manière expéditive dont la justice américaine traite parfois avec peu de cas certaines affaires.
Ici il s'agit d'un homme qui parle juste ce qu'il faut pour être à la fois respecté et craint, agissant avec justesse, n'élevant jamais la voix (autre points communs avec des oeuvres antérieures de Tourneur, je pense surtout à Stars in my crown, petit bijou d'Americana, baignant dans une atmosphère ouatée et presque féérique).
Les acteurs défendent avec conviction leur rôle, même si on aurait souhaité davantage de temps de jeu pour John Carradine, véritablement poignant dans la peau de ce personnage veule et vidé de toute conscience.
A leur côté du beau monde puisque John McIntire et Kevin McCarthy complètent avec sobriété la distribution.
Enfin, il n'est pas superflu de toucher deux mots du procédé couleur utilisé par Tourneur, l'anscolor, phénomène encore plus radical que le Trucolor de Johnny Guitar, à qui, hélas, ne rend pas convenablement justice la qualité du master exploité par Sidonis.
Néanmoins pour la scène finale, nocturne, il permet d'exprimer par ses palettes pastels, ses couleurs éteintes,une certaine poésie désanchantée de cet Ouest, alors encore à l'aube de son histoire. Pas le meilleur de Tourneur, à l'évidence mais un très bon moment me concernant.
Evidemment je ne me risquerai pas à le considérer comme supérieur à Wichita, chef d'oeuvre absolu du western Tourneurien, comme le fait avec des arguments compliqués Bertrand Tavernier dans les bonus de cette édition. (cà c'est pour la déception qu'il nous inflige en nous apprenant qu'il a redécouvert le film dans une édition somptueuse !)
Néanmoins, il faut bien avouer qu'il n'a pas tort quand il évoque les nombreux détails qui apparentent ce film aux autres westerns de Tourneur, et notamment cette atmosphère sereine et retenue dans laquelle évoluent les personnages de ce film:
Joel McCrea qui semble glisser comme dans un rêve tout au long de cette histoire où sourd pourtant une menace certaine, arpentant avec un flegme presqu'irréel les obstacles qui se présentent à lui.
Tavernier insiste aussi sur l'économie de violence dont fait usage McCrea, fait assez rare dans un western composé presqu'essentiellement d'hommes; une parabole tout en subtilité de la manière expéditive dont la justice américaine traite parfois avec peu de cas certaines affaires.
Ici il s'agit d'un homme qui parle juste ce qu'il faut pour être à la fois respecté et craint, agissant avec justesse, n'élevant jamais la voix (autre points communs avec des oeuvres antérieures de Tourneur, je pense surtout à Stars in my crown, petit bijou d'Americana, baignant dans une atmosphère ouatée et presque féérique).
Les acteurs défendent avec conviction leur rôle, même si on aurait souhaité davantage de temps de jeu pour John Carradine, véritablement poignant dans la peau de ce personnage veule et vidé de toute conscience.
A leur côté du beau monde puisque John McIntire et Kevin McCarthy complètent avec sobriété la distribution.
Enfin, il n'est pas superflu de toucher deux mots du procédé couleur utilisé par Tourneur, l'anscolor, phénomène encore plus radical que le Trucolor de Johnny Guitar, à qui, hélas, ne rend pas convenablement justice la qualité du master exploité par Sidonis.
Néanmoins pour la scène finale, nocturne, il permet d'exprimer par ses palettes pastels, ses couleurs éteintes,une certaine poésie désanchantée de cet Ouest, alors encore à l'aube de son histoire. Pas le meilleur de Tourneur, à l'évidence mais un très bon moment me concernant.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
Comme je le disais aussi, je me suis peut-être aussi trop focalisé sur la copie. Je veux bien lui redonner une seconde chance dans très peu de temps
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
daniel gregg a écrit : Pas le meilleur de Tourneur, à l'évidence mais un très bon moment me concernant.
J'avais oublié les couleurs du film avant de revoir tes captures, c'est vrai que c'est spécial. Comme toi, j'avais beaucoup aimé le rendu visuel de la scène finale, par contre il faut bien reconnaitre que dans d'autre scènes ce n'est pas très payant.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
je trouve formidable de découvrir les raretés que vous proposez mais, attaché que je suis au sens de mots, je regrette que appeliez "intégrale" ce qui n'en est pas une.Dave Bowman a écrit :Intégrale Jacques Tourneur sur TCM en avril.
Pourquoi pas "rétrospective" ou "cycle" ou "hommage" ?
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
Je pensais d'ailleurs à "rétrospective", TCM utilisant déjà "cycle"" pour les programmations comprenant peu de titres (comme pour Forman), et convenant plutôt, par ailleurs, pour celles liées à une thématique et non à une personnalité.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
j'espère que le bouquin de Garnuche sera mieux que le film, assez mineur.Jeremy Fox a écrit :Vivement le 06 juin
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
ha bonJeremy Fox a écrit :L'un de ses chefs-d'oeuvre me concernant.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
"Intégrale", car c'est l'intégralité de la case "Après minuit" qui est consacrée à un acteur ou un réalisateur.Tancrède a écrit :je trouve formidable de découvrir les raretés que vous proposez mais, attaché que je suis au sens de mots, je regrette que appeliez "intégrale" ce qui n'en est pas une.Dave Bowman a écrit :Intégrale Jacques Tourneur sur TCM en avril.
Pourquoi pas "rétrospective" ou "cycle" ou "hommage" ?
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
Je l'ai vu par coïncidence il y a 3 jours en zone 1, et j'ai été scotché comme ça ne s'était pas produit depuis longtemps. Une heureuse alchimie d'écriture et de réalisation qui nous tient en haleine, et puis j'aime beaucoup Aldo Ray et sa voie très rocailleuse (je n'avais pas reconnu Anne Bancroft)Tancrède a écrit :ha bonJeremy Fox a écrit :L'un de ses chefs-d'oeuvre me concernant.
Si l'image est aussi belle pour le zone 2, cette Poursuite dans la nuit va donner : beaux contrastes, belle définition.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
OKAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYDave Bowman a écrit :"Intégrale", car c'est l'intégralité de la case "Après minuit" qui est consacrée à un acteur ou un réalisateur.Tancrède a écrit : je trouve formidable de découvrir les raretés que vous proposez mais, attaché que je suis au sens de mots, je regrette que appeliez "intégrale" ce qui n'en est pas une.
Pourquoi pas "rétrospective" ou "cycle" ou "hommage" ?
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
Mouai... Considéré par beaucoup comme un sommet du genre, il est tout de même un poil surévalué. Disons que sa découverte m'avait déçu par rapport à tout le bien que j'en avais entendu dire depuis des années. Cause principale : le jeu assez déconcertant d'Aldo Ray, original si on veut, mais je ne peux pas dire que je l'ai trouvé bon acteur. L'excellent Garnier est très fan de Ray (il en avait fait une interview bien sympa dans un hall de gare pour "Cinéma, cinémas") donc nul doute qu'il aura trouvé les mots pour expliquer le bonhomme et le film.Tancrède a écrit :j'espère que le bouquin de Garnuche sera mieux que le film, assez mineur.Jeremy Fox a écrit :Vivement le 06 juin
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)
Canyon Passage
Quel drôle de western... Je ne sais pas tout à fait quoi en penser et je comprends que d'autres que moi aient été déstabilisés par le film.
Canyon Passage ressemble à peu de westerns tellement il semble dépourvu d'une intrigue claire et charpentée. il faudra bien attendre la moitié du film pour bien saisir les enjeux. Un film très flâneur donc qui par certains côtés peut rappeler Le Mariage est pour demain de Dwan mais dans un style très différent. Il y a un côté quasi documentaire (on se rappelle des premières heures de Tourneur dans le genre) avec la descritpion très précise de cette communauté (la construction de la maison des jeunes mariés par exemple). Il y a aussi une pudeur globale et une retenue dans l'interprétation qui rapproche le film d'une certaine quotidienneté. Mais à côté de cela il y a aussi pas mal de plans d'une fulgurante beauté (dans la forêt notamment lors de l'attaque de Ward Bond ou dans le final avec les indiens dans des paysages somptueux).
Malgré tous ces points qui témoignent d'un film vraiment différent et aux qualités indéniables (c'est sans aucun doute un film important), je n'ai pas pu m'empêcher de me ressentir un peu extérieur au film pour la raison même qui me le fait trouver intéressant. Il se passe finalement beaucoup de micro-événements dans le film mais la charpente y est sans doute un peu trop lâche pour tout à fait me séduire.
à revoir sans doute avec un oeil neuf.
Quel drôle de western... Je ne sais pas tout à fait quoi en penser et je comprends que d'autres que moi aient été déstabilisés par le film.
Canyon Passage ressemble à peu de westerns tellement il semble dépourvu d'une intrigue claire et charpentée. il faudra bien attendre la moitié du film pour bien saisir les enjeux. Un film très flâneur donc qui par certains côtés peut rappeler Le Mariage est pour demain de Dwan mais dans un style très différent. Il y a un côté quasi documentaire (on se rappelle des premières heures de Tourneur dans le genre) avec la descritpion très précise de cette communauté (la construction de la maison des jeunes mariés par exemple). Il y a aussi une pudeur globale et une retenue dans l'interprétation qui rapproche le film d'une certaine quotidienneté. Mais à côté de cela il y a aussi pas mal de plans d'une fulgurante beauté (dans la forêt notamment lors de l'attaque de Ward Bond ou dans le final avec les indiens dans des paysages somptueux).
Malgré tous ces points qui témoignent d'un film vraiment différent et aux qualités indéniables (c'est sans aucun doute un film important), je n'ai pas pu m'empêcher de me ressentir un peu extérieur au film pour la raison même qui me le fait trouver intéressant. Il se passe finalement beaucoup de micro-événements dans le film mais la charpente y est sans doute un peu trop lâche pour tout à fait me séduire.
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