On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- O Captain! my Captain!
- Messages : 7107
- Inscription : 27 janv. 05, 20:55
- Localisation : à l'abordage
-
- Déçu
- Messages : 24387
- Inscription : 12 oct. 04, 00:42
- Localisation : dans les archives de Classik
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969)
Difficile de passer après le texte inspiré de Profondo...
ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX est en effet un sombre voyage dans les tréfonds d'une humanité vacillante, un drame fort et amer, sans concession, qui observe les limites morales d'une société en perte de repères. L'histoire se déroule au début des années 30, une période de crise où le niveau de vie des américains est soumis à rude épreuve. Certains n'ont d'autre choix que de tenter une chance fragile pour s'en sortir, prêts à tous les sacrifices pour offrir un peu de répit - même illusoire - à une existence vouée à l'échec. Ils n'ont rien à perdre et vivent dans l'espoir et le rêve pour ne pas sombrer complètement. Ancré dans un moment précis de l'Histoire Américaine, le scénario est pourtant intemporel, avec des personnages désabusés qui s'accrochent comme ils le peuvent à un monde qui ne veut pas d'eux, une population nantie (d'Hollywood) qui vient passer le temps en oubliant toute dignité, le tout dans une ambiance surréaliste proche de la folie.
Le film est également le reflet d'une Amérique toute entière vouée à l'argent et au business. C'est le billet vert qui motive les pauvres gens autant que les organisateurs de ce concours macabre qui sont prêts à tout pour relancer l'intérêt du spectateur. L'argent n'a ni odeur ni morale quant il s'agit de faciliter le succès: le business coûte que coûte, même au détriment des gens en détresse. Depuis les années 30, la société n'a pas beaucoup changé...
ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX développe une réflexion pertinente sur la notion de spectacle qui fait froid dans le dos. Profondo qualifie judicieusement ce spectacle en "jeux du cirque" moderne, c'est exactement cela: le public, comme attiré par une odeur de pourriture, se complait dans une facilité malsaine qui n'est pas sans rappeler la téléréalité d'aujourd'hui: des individus lambda deviennent le point de mire de regards alléchés par le vulgaire et l'immoral, tout en étant abusés par des producteurs sans scrupules. Certaines similitudes sont assez troublantes, notamment sur ces candidats en quête d'un cachet ou d'une carrière, espérant se faire repérer par un agent ou un producteur venu assister au concours.
Belle mise en scène en huis clos de Pollack. Malgré une dernière partie qui pêche un peu au niveau du rythme, le sujet fort et l'interprétation de haut niveau rattrapent sensiblement les petites faiblesses. Le réalisateur garde le cap, appuyant sans relâche là où ça fait mal. Un beau film, à la noirceur étonnante pour un film US.
Ressorti en salle depuis mercredi.
ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX est en effet un sombre voyage dans les tréfonds d'une humanité vacillante, un drame fort et amer, sans concession, qui observe les limites morales d'une société en perte de repères. L'histoire se déroule au début des années 30, une période de crise où le niveau de vie des américains est soumis à rude épreuve. Certains n'ont d'autre choix que de tenter une chance fragile pour s'en sortir, prêts à tous les sacrifices pour offrir un peu de répit - même illusoire - à une existence vouée à l'échec. Ils n'ont rien à perdre et vivent dans l'espoir et le rêve pour ne pas sombrer complètement. Ancré dans un moment précis de l'Histoire Américaine, le scénario est pourtant intemporel, avec des personnages désabusés qui s'accrochent comme ils le peuvent à un monde qui ne veut pas d'eux, une population nantie (d'Hollywood) qui vient passer le temps en oubliant toute dignité, le tout dans une ambiance surréaliste proche de la folie.
Le film est également le reflet d'une Amérique toute entière vouée à l'argent et au business. C'est le billet vert qui motive les pauvres gens autant que les organisateurs de ce concours macabre qui sont prêts à tout pour relancer l'intérêt du spectateur. L'argent n'a ni odeur ni morale quant il s'agit de faciliter le succès: le business coûte que coûte, même au détriment des gens en détresse. Depuis les années 30, la société n'a pas beaucoup changé...
ON ACHEVE BIEN LES CHEVAUX développe une réflexion pertinente sur la notion de spectacle qui fait froid dans le dos. Profondo qualifie judicieusement ce spectacle en "jeux du cirque" moderne, c'est exactement cela: le public, comme attiré par une odeur de pourriture, se complait dans une facilité malsaine qui n'est pas sans rappeler la téléréalité d'aujourd'hui: des individus lambda deviennent le point de mire de regards alléchés par le vulgaire et l'immoral, tout en étant abusés par des producteurs sans scrupules. Certaines similitudes sont assez troublantes, notamment sur ces candidats en quête d'un cachet ou d'une carrière, espérant se faire repérer par un agent ou un producteur venu assister au concours.
Belle mise en scène en huis clos de Pollack. Malgré une dernière partie qui pêche un peu au niveau du rythme, le sujet fort et l'interprétation de haut niveau rattrapent sensiblement les petites faiblesses. Le réalisateur garde le cap, appuyant sans relâche là où ça fait mal. Un beau film, à la noirceur étonnante pour un film US.
Ressorti en salle depuis mercredi.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
-
- mon curé chez les forumistes
- Messages : 6941
- Inscription : 14 mars 10, 14:28
- Liste DVD
- Localisation : Bruxelles
- Contact :
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969)
Je me rends compte que ma version de "On achève bien les chevaux" est en français, pas de VO, ni donc de ST (Je l'avais vu il y a de nombreuses années à la TV en VF, malheureusement).
Il semble qu'il n'y ai pas de DVD en VO en zone 2.
Viens de commander un des deux exemplaires d'occase disponibles aux USA via Amazon.fr (en VO avec ST français... mais zone 1; me faudra malheureusement en faire une copie pour le lire sur ma platine ).
Il semble qu'il n'y ai pas de DVD en VO en zone 2.
Viens de commander un des deux exemplaires d'occase disponibles aux USA via Amazon.fr (en VO avec ST français... mais zone 1; me faudra malheureusement en faire une copie pour le lire sur ma platine ).
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969)
C'est hélas ça le pire. Je me souviens qu'en plus la VF est juste à chier, désolé pour le langage mais c'est vrai. Un des acteurs a même la voix de Bugs Bunny...
Par contre, j'ignorais qu'il y avait des ST sur le DVD Z1, je vais essayer de me le trouver.
Par contre, j'ignorais qu'il y avait des ST sur le DVD Z1, je vais essayer de me le trouver.
-
- mon curé chez les forumistes
- Messages : 6941
- Inscription : 14 mars 10, 14:28
- Liste DVD
- Localisation : Bruxelles
- Contact :
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969)
En tout cas c'est ce qu'ils annoncent sur la page Amazon :Major Tom a écrit : Par contre, j'ignorais qu'il y avait des ST sur le DVD Z1, je vais essayer de me le trouver.
http://www.amazon.fr/gp/product/B0002KP ... F763HEH5O2
ST: anglais, espagnol et français.
Sur le site Amazon US, il est disponible en neuf (un peu moins de 15 euros avec les frais de port, plus les taxes éventuelles).
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17112
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969)
La première vision était en VF, effectivement atroce, qui m'avait carrément empêché d'adhérer au film. La deuxième fois, ce fut en VO et j'ai réellement apprécié ce drame intense, impeccablement mis en scène et interprété.Major Tom a écrit :C'est hélas ça le pire. Je me souviens qu'en plus la VF est juste à chier, désolé pour le langage mais c'est vrai. Un des acteurs a même la voix de Bugs Bunny...
Mother, I miss you
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Une bonne grosse claque dans la face.
J'ai rarement vu un film aussi... éprouvant. Tant psychologiquement que physiquement parce que ce marathon ubuesque devient également le "calvaire" du spectateur. On se sent asphyxié, flagellé, quasiment torturé par cet interminable et inextricable concours de danse (le retentissement de la sirène, synonyme de retour en enfer, est un effet tout simple mais de plus en plus insoutenable ; les scènes de "derby" sont particulièrement atroces aussi) : l'expérience du film est très difficile parce qu'elle est sans échappatoire. La longueur (nécessaire) du film nous met à l'épreuve, tout comme la réalisation étouffante de Pollack. Ironiquement, je me suis demandé à un moment si j'allais pouvoir tenir jusqu'au bout, non pas parce que le film ne m'intéressait pas, mais bien au contraire parce qu'il m'avait viscéralement projeté dans le supplice des concurrents.
Pollack réussit ce tour de force de nous faire partager une connaissance quasi intime des personnages en seulement quelques éléments introductifs ; l'empathie est immédiate, que ce soit pour ce marin âgé, pour cette jeune femme enceinte, cette blonde platine qui joue les starlettes, cette femme désabusée, ce jeune gars un peu paumé qui s'est retrouvé là par hasard. La progressive déchéance physique et mentale de tous ces protagonistes n'en est que plus terrible, insoutenable - jusqu'à l'ultime geste qui achève, littéralement. On achève bien les chevaux a conservé toute sa force d'édification : le cynisme absolu et gerbant du spectacle pour lequel sont prêts à se dégrader des gens désespérés est tout aussi actuel que le climat de détresse, de désolation, qui afflige les populations modestes en temps de crise économique. C'est probablement le film le plus radical sur la Grande Dépression, mais c'est aussi une œuvre d'une acuité excédant la simple évocation d'une page noire de l'Histoire américaine. L'exploitation de l'être humain aux abois, sa renonciation à sa dignité pour peu que cela le rapproche de son rêve (toucher le pactole, se faire repérer par des agents dans le public), son avilissement face à des spectateurs à la curiosité malsaine, en disent long sur ce que l'homme est capable de faire (difficile de ne pas penser à la télé-réalité, qui notamment scénarise, comme ici, des rebondissements). Mais au-delà de ces considérations bouleversantes, il y a pour moi dans ce film l'exploitation d'une idée vertigineuse : la danse infinie comme métaphore de l'absurdité de la condition humaine, à l'instar de la roulette russe de Voyage au bout de l'enfer. La simplicité et l'impact de cette idée sont terrifiants. On est dans une démarche de perversion où ce qui est a priori gracieux (un couple, la danse) devient corrompu par une décadence sans fin, qu'elle soit morale ou physique.
Les acteurs sont fantastiques, particulièrement Jane Fonda. Ce n'est pas une surprise. Je suis vraiment fan de cette actrice, probablement la plus douée de son époque. Susannah York est émouvante aussi.
J'ai encore beaucoup de lacunes dans la filmo de Pollack mais je ne crois pas prendre beaucoup de risques en affirmant qu'On achève bien les chevaux est un chef-d’œuvre. Son jusqu'au-boutisme reste époustouflant même quand on le recontextualise au sein d'un Nouvel Hollywood qui ne faisait pas dans la concession. Un film douloureux et inoubliable.
J'ai rarement vu un film aussi... éprouvant. Tant psychologiquement que physiquement parce que ce marathon ubuesque devient également le "calvaire" du spectateur. On se sent asphyxié, flagellé, quasiment torturé par cet interminable et inextricable concours de danse (le retentissement de la sirène, synonyme de retour en enfer, est un effet tout simple mais de plus en plus insoutenable ; les scènes de "derby" sont particulièrement atroces aussi) : l'expérience du film est très difficile parce qu'elle est sans échappatoire. La longueur (nécessaire) du film nous met à l'épreuve, tout comme la réalisation étouffante de Pollack. Ironiquement, je me suis demandé à un moment si j'allais pouvoir tenir jusqu'au bout, non pas parce que le film ne m'intéressait pas, mais bien au contraire parce qu'il m'avait viscéralement projeté dans le supplice des concurrents.
Pollack réussit ce tour de force de nous faire partager une connaissance quasi intime des personnages en seulement quelques éléments introductifs ; l'empathie est immédiate, que ce soit pour ce marin âgé, pour cette jeune femme enceinte, cette blonde platine qui joue les starlettes, cette femme désabusée, ce jeune gars un peu paumé qui s'est retrouvé là par hasard. La progressive déchéance physique et mentale de tous ces protagonistes n'en est que plus terrible, insoutenable - jusqu'à l'ultime geste qui achève, littéralement. On achève bien les chevaux a conservé toute sa force d'édification : le cynisme absolu et gerbant du spectacle pour lequel sont prêts à se dégrader des gens désespérés est tout aussi actuel que le climat de détresse, de désolation, qui afflige les populations modestes en temps de crise économique. C'est probablement le film le plus radical sur la Grande Dépression, mais c'est aussi une œuvre d'une acuité excédant la simple évocation d'une page noire de l'Histoire américaine. L'exploitation de l'être humain aux abois, sa renonciation à sa dignité pour peu que cela le rapproche de son rêve (toucher le pactole, se faire repérer par des agents dans le public), son avilissement face à des spectateurs à la curiosité malsaine, en disent long sur ce que l'homme est capable de faire (difficile de ne pas penser à la télé-réalité, qui notamment scénarise, comme ici, des rebondissements). Mais au-delà de ces considérations bouleversantes, il y a pour moi dans ce film l'exploitation d'une idée vertigineuse : la danse infinie comme métaphore de l'absurdité de la condition humaine, à l'instar de la roulette russe de Voyage au bout de l'enfer. La simplicité et l'impact de cette idée sont terrifiants. On est dans une démarche de perversion où ce qui est a priori gracieux (un couple, la danse) devient corrompu par une décadence sans fin, qu'elle soit morale ou physique.
Les acteurs sont fantastiques, particulièrement Jane Fonda. Ce n'est pas une surprise. Je suis vraiment fan de cette actrice, probablement la plus douée de son époque. Susannah York est émouvante aussi.
J'ai encore beaucoup de lacunes dans la filmo de Pollack mais je ne crois pas prendre beaucoup de risques en affirmant qu'On achève bien les chevaux est un chef-d’œuvre. Son jusqu'au-boutisme reste époustouflant même quand on le recontextualise au sein d'un Nouvel Hollywood qui ne faisait pas dans la concession. Un film douloureux et inoubliable.
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Ça ne peut que finir en film du mois.Demi-Lune a écrit :Une bonne grosse claque dans la face.
J'ai rarement vu un film aussi... éprouvant. Tant psychologiquement que physiquement parce que ce marathon ubuesque devient également le "calvaire" du spectateur. On se sent asphyxié, flagellé, quasiment torturé par cet interminable et inextricable concours de danse (le retentissement de la sirène, synonyme de retour en enfer, est un effet tout simple mais de plus en plus insoutenable ; les scènes de "derby" sont particulièrement atroces aussi) : l'expérience du film est très difficile parce qu'elle est sans échappatoire. La longueur (nécessaire) du film nous met à l'épreuve, tout comme la réalisation étouffante de Pollack. Ironiquement, je me suis demandé à un moment si j'allais pouvoir tenir jusqu'au bout, non pas parce que le film ne m'intéressait pas, mais bien au contraire parce qu'il m'avait viscéralement projeté dans le supplice des concurrents.
Pollack réussit ce tour de force de nous faire partager une connaissance quasi intime des personnages en seulement quelques éléments introductifs ; l'empathie est immédiate, que ce soit pour ce marin âgé, pour cette jeune femme enceinte, cette blonde platine qui joue les starlettes, cette femme désabusée, ce jeune gars un peu paumé qui s'est retrouvé là par hasard. La progressive déchéance physique et mentale de tous ces protagonistes n'en est que plus terrible, insoutenable - jusqu'à l'ultime geste qui achève, littéralement. On achève bien les chevaux a conservé toute sa force d'édification : le cynisme absolu et gerbant du spectacle pour lequel sont prêts à se dégrader des gens désespérés est tout aussi actuel que le climat de détresse, de désolation, qui afflige les populations modestes en temps de crise économique. C'est probablement le film le plus radical sur la Grande Dépression, mais c'est aussi une œuvre d'une acuité excédant la simple évocation d'une page noire de l'Histoire américaine. L'exploitation de l'être humain aux abois, sa renonciation à sa dignité pour peu que cela le rapproche de son rêve (toucher le pactole, se faire repérer par des agents dans le public), son avilissement face à des spectateurs à la curiosité malsaine, en disent long sur ce que l'homme est capable de faire (difficile de ne pas penser à la télé-réalité, qui notamment scénarise, comme ici, des rebondissements). Mais au-delà de ces considérations bouleversantes, il y a pour moi dans ce film l'exploitation d'une idée vertigineuse : la danse infinie comme métaphore de l'absurdité de la condition humaine, à l'instar de la roulette russe de Voyage au bout de l'enfer. La simplicité et l'impact de cette idée sont terrifiants. On est dans une démarche de perversion où ce qui est a priori gracieux (un couple, la danse) devient corrompu par une décadence sans fin, qu'elle soit morale ou physique.
Les acteurs sont fantastiques, particulièrement Jane Fonda. Ce n'est pas une surprise. Je suis vraiment fan de cette actrice, probablement la plus douée de son époque. Susannah York est émouvante aussi.
J'ai encore beaucoup de lacunes dans la filmo de Pollack mais je ne crois pas prendre beaucoup de risques en affirmant qu'On achève bien les chevaux est un chef-d’œuvre. Son jusqu'au-boutisme reste époustouflant même quand on le recontextualise au sein d'un Nouvel Hollywood qui ne faisait pas dans la concession. Un film douloureux et inoubliable.
C'est marrant (mais logique) de voir le nombre de fois qu'on a pu parler de ce film en ces termes.Demi-Lune a écrit :Une bonne grosse claque
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Sérieuse option en effet, encore que Preminger et son remarquable Tempête à Washington soit bien en place aussi.Major Tom a écrit :Ça ne peut que finir en film du mois.
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 30342
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
- Localisation : En pause
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Demi-Lune a écrit :Une bonne grosse claque dans la face.
J'ai rarement vu un film aussi... éprouvant. Tant psychologiquement que physiquement parce que ce marathon ubuesque devient également le "calvaire" du spectateur. On se sent asphyxié, flagellé, quasiment torturé par cet interminable et inextricable concours de danse (le retentissement de la sirène, synonyme de retour en enfer, est un effet tout simple mais de plus en plus insoutenable ; les scènes de "derby" sont particulièrement atroces aussi) : l'expérience du film est très difficile parce qu'elle est sans échappatoire. La longueur (nécessaire) du film nous met à l'épreuve, tout comme la réalisation étouffante de Pollack. Ironiquement, je me suis demandé à un moment si j'allais pouvoir tenir jusqu'au bout, non pas parce que le film ne m'intéressait pas, mais bien au contraire parce qu'il m'avait viscéralement projeté dans le supplice des concurrents.
Pollack réussit ce tour de force de nous faire partager une connaissance quasi intime des personnages en seulement quelques éléments introductifs ; l'empathie est immédiate, que ce soit pour ce marin âgé, pour cette jeune femme enceinte, cette blonde platine qui joue les starlettes, cette femme désabusée, ce jeune gars un peu paumé qui s'est retrouvé là par hasard. La progressive déchéance physique et mentale de tous ces protagonistes n'en est que plus terrible, insoutenable - jusqu'à l'ultime geste qui achève, littéralement. On achève bien les chevaux a conservé toute sa force d'édification : le cynisme absolu et gerbant du spectacle pour lequel sont prêts à se dégrader des gens désespérés est tout aussi actuel que le climat de détresse, de désolation, qui afflige les populations modestes en temps de crise économique. C'est probablement le film le plus radical sur la Grande Dépression, mais c'est aussi une œuvre d'une acuité excédant la simple évocation d'une page noire de l'Histoire américaine. L'exploitation de l'être humain aux abois, sa renonciation à sa dignité pour peu que cela le rapproche de son rêve (toucher le pactole, se faire repérer par des agents dans le public), son avilissement face à des spectateurs à la curiosité malsaine, en disent long sur ce que l'homme est capable de faire (difficile de ne pas penser à la télé-réalité, qui notamment scénarise, comme ici, des rebondissements). Mais au-delà de ces considérations bouleversantes, il y a pour moi dans ce film l'exploitation d'une idée vertigineuse : la danse infinie comme métaphore de l'absurdité de la condition humaine, à l'instar de la roulette russe de Voyage au bout de l'enfer. La simplicité et l'impact de cette idée sont terrifiants. On est dans une démarche de perversion où ce qui est a priori gracieux (un couple, la danse) devient corrompu par une décadence sans fin, qu'elle soit morale ou physique.
Les acteurs sont fantastiques, particulièrement Jane Fonda. Ce n'est pas une surprise. Je suis vraiment fan de cette actrice, probablement la plus douée de son époque. Susannah York est émouvante aussi.
J'ai encore beaucoup de lacunes dans la filmo de Pollack mais je ne crois pas prendre beaucoup de risques en affirmant qu'On achève bien les chevaux est un chef-d’œuvre. Son jusqu'au-boutisme reste époustouflant même quand on le recontextualise au sein d'un Nouvel Hollywood qui ne faisait pas dans la concession. Un film douloureux et inoubliable.
Dans mon top 5 naphta 2011 !
tu l'as vu en salles ?
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
- Flol
- smells like pee spirit
- Messages : 54805
- Inscription : 14 avr. 03, 11:21
- Contact :
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Faut dire qu'avec une conclusion pareille, aussi...Major Tom a écrit :C'est marrant (mais logique) de voir le nombre de fois qu'on a pu parler de ce film en ces termes.Demi-Lune a écrit :Une bonne grosse claque
Je l'ai découvert la semaine dernière, et je partage l'avis de Demi (sans aller pour autant jusqu'au chef-d'oeuvre). Mais c'est tout de même une sacrée claque.
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Hélas non. Ça doit être encore plus oppressant, d'ailleurs, de le voir au cinéma.Jack Carter a écrit :tu l'as vu en salles ?
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Il fait partie de ces films qui m'ont marqué durablement dans ma vie. Chef d'œuvre, je ne sais pas non plus, mais de Pollack (dont j'adore les réalisations bien carrées, classiques mais efficaces et bien fichues) son chef-d'œuvre restera éternellement, à mes yeux bien sûr, Les Trois jours du condor, dans un autre genre donc.
Edit: ... et à quand un vrai DVD avec VOST, bordel de Dieu?
Edit: ... et à quand un vrai DVD avec VOST, bordel de Dieu?
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14973
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
Le zone 1 a des sous-titres français.Major Tom a écrit :Edit: ... et à quand un vrai DVD avec VOST, bordel de Dieu?
- Jack Carter
- Certains l'aiment (So)chaud
- Messages : 30342
- Inscription : 31 déc. 04, 14:17
- Localisation : En pause
Re: On achève bien les chevaux (Sydney Pollack - 1969)
mais non anamorphique, il me semble (d'ou la demande d"un "vrai" dvd par Major Tom, je pense )Demi-Lune a écrit :Le zone 1 a des sous-titres français.Major Tom a écrit :Edit: ... et à quand un vrai DVD avec VOST, bordel de Dieu?
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)