Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2011

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :Et Carey Mulligan, sa puissance commence à décroitre un peu... J'ai trouvé qu'elle servait à rien ou presque dans Drive. N'importe quelle actrice juvénile aurait pu le faire. C'est triste à dire mais c'est ce que j'ai ressenti. Et c'est dommage.
En même temps, le rôle n'exigeait pas non plus une prestation phénoménale, non ? Ce n'est pas comme si elle devait refaire Never Let Me Go à chaque nouveau film. L'histoire d'amour de Drive fonctionne sur le mutisme et sur l'échange de regards. En outre, son physique un peu quelconque (à mon avis :mrgreen: ) renforce le réalisme d'une romance de palier. En ce sens, je ne suis pas vraiment d'accord quand tu dis que n'importe qui aurait pu faire l'affaire... une actrice trop jolie aurait, je crois, nuit à la pertinence et à la justesse de cette rencontre amoureuse. On y aurait vu un énième truc hollywoodien formaté et insipide, alors que, dans sa manière d'intervenir doucement, et dans le jeu très intériorisé de Gosling et Mulligan qui n'est pas une gravure de mode mais qui a quelque chose de la femme-enfant vulnérable et paumée, on assiste à quelque chose de très subtil, assez surprenant, même, dirais-je.
Le monsieur tout sévère au sujet de Drive, ce pauvre petit film qui ne mérite pas tant de courroux a écrit :Bon après, "totalement à poil", je demande quand même à voir, ça pourrait rallumer des braises, qui sait ?
T'as pas une petite image alléchante en spoiler ?
Bé non, désolé. :| Faut que tu ailles le voir. :mrgreen: Et là, vu le rôle, à mon avis tu vas instantanément redevenir fan.
Ben Castellano
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2011

Message par Ben Castellano »

Demi-Lune a écrit :
Le monsieur tout sévère au sujet de Drive, ce pauvre petit film qui ne mérite pas tant de courroux a écrit :Bon après, "totalement à poil", je demande quand même à voir, ça pourrait rallumer des braises, qui sait ?
T'as pas une petite image alléchante en spoiler ?
Bé non, désolé. :| Faut que tu ailles le voir. :mrgreen: Et là, vu le rôle, à mon avis tu vas instantanément redevenir fan.
C'est pas non plus un plan à vocation super sexy :wink:
Anorya
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2011

Message par Anorya »

Lune a moitié a écrit : En même temps, le rôle n'exigeait pas non plus une prestation phénoménale, non ? Ce n'est pas comme si elle devait refaire Never Let Me Go à chaque nouveau film. L'histoire d'amour de Drive fonctionne sur le mutisme et sur l'échange de regards. En outre, son physique un peu quelconque (à mon avis :mrgreen: ) renforce le réalisme d'une romance de palier. En ce sens, je ne suis pas vraiment d'accord quand tu dis que n'importe qui aurait pu faire l'affaire... une actrice trop jolie aurait, je crois, nuit à la pertinence et à la justesse de cette rencontre amoureuse. On y aurait vu un énième truc hollywoodien formaté et insipide, alors que, dans sa manière d'intervenir doucement, et dans le jeu très intériorisé de Gosling et Mulligan qui n'est pas une gravure de mode mais qui a quelque chose de la femme-enfant vulnérable et paumée, on assiste à quelque chose de très subtil, assez surprenant, même, dirais-je.
Certes il y a un mutisme et échange de regards mais encore faut il filmer tout en ayant un propos. Si Refn a le talent il lui manque encore pour moi la maturité. Quand Kubrick filme un échange de regards sans qu'il n'y ait de parole, ça passe tout autant par la direction d'acteur, la gestuelle que la maîtrise du cadre et la création d'une ambiance propice à relayer l'empathie tant pour les personnage que la temporalité de l'instant : Pourquoi Barry Lyndon est-il constamment évoqué par la fameuse scène des bougies ? Evidemment il y a l'aspect technique de la chose qu'on sait depuis longtemps (la fameuse pellicule ultra sensible) mais là c'est une donnée qui ne marche bien souvent que sur les cinéphiles. Si ma mère qui n'est nullement cinéphile marche si bien alors qu'elle n'en rien à foutre de la performance technique (j'ai dû lui expliquer récemment ce qu'étaient des plans-séquences tiens :mrgreen: ) comme pas mal de gens basiques mais dotés d'un bagage culturel (je le dis sans être spécialement péjoratif mais je doute qu'une personne des cités ait envie de regarder Barry Lyndon du jour au lendemain. Par contre Scarface (et on peut voir comment il reste encore pas mal interpreté de travers aujourd'hui) ou Drive oui (j'avais deux cruches derrière moi qui ont commenté tout le film. J'étais heureux qu'elles la bouclent quand la cervelle de la rousse de Mad Men vole en éclat :fiou: )), c'est aussi grâce à la poésie de l'ambiance de séduction qui y est retranscrite et sur laquelle pas mal d'autres cinéastes se casseraient la dentition.

Dans Drive, si l'échange de regards arrive à me convaincre, le mutisme beaucoup moins. Parce qu'il est fondé sur une durée du plan qui me semble artificielle : il n'y a qu'a voir le plan final où la durée est circonscrite à juste ce plan de Ryan la carpe la tête relevée. Il respire ? Oui ? Non ? Il est mort ? ...... eh bien non ! Il est encore vivant mes zamis, (malgré l'ambiguïté du plan qui fait qu'on aurait pu couper le film justement à ce moment là pour créer un effet de chute surprenant juste au moment où les yeux se rouvrent. Moi j'aurais coupé là et hop, générique de fin mais bon). Joie, fête, turlutu, soleil couchant et justicier qui s'en va après la perte de son innocence mais pissant le sang dans la joie et la bonne humeur...

INSERT IRREALISTIC BULLSHIT HERE.


Non mais faut pas trop nous prendre pour des cons non plus. Heu Pardon. :oops:
Voilà un des nombreux reproches que je formule sur Drive par exemple. Autant quand le plan dure sur le visage d'un Gosling éberlué par le sang, tâché de partout, respirant, reprenant ses forces, j'applaudis, c'est presque sensitif là (et on entend que son souffle si je me souviens bien, pas de musique, rien). C'est le réel dans ce qu'il a de plus cru qui s'introduit avec une rare puissance dans la fiction. Autant les échanges de regards sans paroles et qui durent un peu trop ça ne passe pas (et j'ai longtemps été d'une rare timidité maladive avec les filles alors je peux comprendre ça mais même là perso, ça en fait trop). J'en reste avec la sensation que Refn essaie constamment de poser, impression renforcée par les autres films que j'ai vu de lui et qui font que je reste fâché avec le monsieur.

Je ne sais plus qui qui disait (ici ou ailleurs) qu'il était pas étonnant que son cinéma plaise aux cinéphiles. Mais oui mais ça pète à la gueule sans que les références ne soient digérées et comprises. Je discutais hier soir de Valhalla rising avec un pote du lycée que j'avais pas vu depuis 10 ans et que depuis peu j'ai recontacté et il a rien compris au film. Ni à Drive d'ailleurs. Et même si je lui sortais les noms de Tarkovski, Oshii, Friedkin ou Mann ("mais si, le mec qu'a fait Heat et Miami Vice, tu vois pas ? Bon, tant pis"), ça ne menait à rien. Donc... :|

En outre pourtant je suis d'accord avec toi sur ce que tu dis vis à vis de Mulligan. C'est justement pour son physique que n'importe qui peut s'identifier à ce type de romance. Sauf que la mise en scène de Refn a chez moi pas mal dévalué le potentiel de l'actrice. Les choses en ont entraînées d'autres et du coup, voilà ce que ça donne... :|
J'aurais tellement voulu poser mon cerveau au vestiaire et apprécier le film comme j'ai adoré Tintin sans réserves mais là non, désolé, c'est juste bien, sans plus pour moi. J'ai trop tardé, trop lu dessus, trop attendu sans doute, trop écouté (la B.O), bref je me suis laissé prendre à mon propre piège de ce que je ne fais généralement pas : concevoir des attentes. Mais 'un autre côté comme dit, trop de choses me gênent un peu dans Drive. :| :oops:

meuh non je suis gentil au fond :D a écrit :
Le monsieur tout sévère au sujet de Drive, ce pauvre petit film qui ne mérite pas tant de courroux a écrit :Bon après, "totalement à poil", je demande quand même à voir, ça pourrait rallumer des braises, qui sait ?
T'as pas une petite image alléchante en spoiler ?
Bé non, désolé. :| Faut que tu ailles le voir. :mrgreen: Et là, vu le rôle, à mon avis tu vas instantanément redevenir fan.
Beh je ne suis pas sévère mais exigeant. Tu le sais depuis le temps. :mrgreen: :wink:
Mais si je voulais être méchant, je ferais une vraie critique sur Drive avec captures et tout, comme pour Buried (chronique que je trouve trop courte à mon goût d'ailleurs) que j'avais descendu. En l'état j'ai aimé Drive. Cela peut paraître surprenant vis à vis de l'image que je donne de vouloir taper dessus au détour d'un post.
Mais tu sais que chez moi le cinéma forme un tout. C'est autant quelque chose que j'apprécie d'un point de vue technique qu'émotionnel et surtout moral. De nos jours, j'ai de plus en plus l'impression que n'importe qui peut (et de plus en plus avec le numérique) prendre une caméra et hop, vouloir mettre le monde à genoux. Et le recul dans tout ça ? La distance vis à vis de la fiction ? Du réel ? De l'imbrication des deux ? C'est bien beau de savoir contrôler une forme, encore faut-il avoir réfléchi au fond. Ce sont des questions et réflexions qui me tiennent à coeur depuis longtemps. Refn a du talent et je l'apprécie pour ça. Pourtant après trois films de lui vu, je constate que le monsieur reste dans ses tics. Et c'est lourd quand il n'y a pas un vrai style qui émerge selon moi (exemple d'Argento qui a développé ses tics et obsessions avant de s'y perdre un peu avec Trauma quand il a changé de pays). Enfin bon, là ça reste très subjectif évidemment. :o

Sinon pour Shame j'espère que ça me rendra fan de Carey, oui. :oops:
Tu sais, j'étais un peu fâché vis à vis de Hunger son précédent film au McQueen. Parce que là, tout comme chez Refn, on en revient à une manière de filmer qui frôle une certaine pose "regardez moi, j'ai du talent, je suis cinéphile, je sais filmer, youhouuu", ça risque de se passer moyennement.
Dans Hunger, on voulait filmer austèrement (sans visiblement comprendre que l'austérité peut être le résultat d'un mélange de techniques propres au cinéma, exemple du cinéma de Bresson que j'adore). Et hop regarde un plan fixe sur Fassbender et le prêtre qui l'interroge. Hop, un plan fixe de 10 minutes sans champ-contrechamp ni insert de plongée ou contreplongée, ni musique, ni rien. Ha, ha, tu souffres hein petit cinéphile ? T'en chie ta race hein ? Et en plus t'en chie tellement que le plan ne vit pas. Eh oui, je vais pas te faire une variation chromatique ni un travelling ou un changement dans le plan même qui apporterait la richesse à chaque visionnage comme chez Tarkovski (exemple Stalker et l'un des plans finaux sur la chambre des voeux), oh que non. Ce sera plan fixe et barre, faut que tu comprenne la souffrance de Fassbender, que tu la ressente dans ta chair et pour cela je vais te faire morfler. :|

Ou alors l'exemple de cet autre plan (je sais plus si il est fixe ou non) sur des cellules où l'eau s'échappe de dessous la porte et qu'un gardien nettoie négligeamment. Sans se presser. Et le plan ne bouge pas. ça dure. Il y a bien 10 portes de chaque côté du couloir. Faut bien nettoyer et frotter tout le long. Faut bien qu'on comprenne que les prisonnier sont solidaires et morflent aussi, qu'ils arrêtent de se sustenter
Pitiéééé. Stop, ça suffit le massacre là. :cry:

Dis moi que dans Shame McQueen s'est calmé, please. Parce que le film me tente pas mal.
:wink:
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Demi-Lune
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2011

Message par Demi-Lune »

Anne Orya a écrit :Parce qu'il est fondé sur une durée du plan qui me semble artificielle : il n'y a qu'a voir le plan final où la durée est circonscrite à juste ce plan de Ryan la carpe la tête relevée. Il respire ? Oui ? Non ? Il est mort ? ...... eh bien non ! Il est encore vivant mes zamis, (malgré l'ambiguïté du plan qui fait qu'on aurait pu couper le film justement à ce moment là pour créer un effet de chute surprenant juste au moment où les yeux se rouvrent. Moi j'aurais coupé là et hop, générique de fin mais bon). Joie, fête, turlutu, soleil couchant et justicier qui s'en va après la perte de son innocence mais pissant le sang dans la joie et la bonne humeur...
La scène que tu cites est quand même particulière, parce qu'elle dévoile clairement à ce moment-là la nature fantasmagorique du personnage. Dans l'esprit, on rejoint un peu Harmonica dans Il était une fois dans l'Ouest : il est abattu dès le début par des as de la gâchette, et pourtant, il se relève peu de temps après, l'air de rien... à ce stade-là, le simplisme signifie surtout que le personnage est irréel, que c'est un fantasme de justicier, que rien ne l'arrêtera ; peut-être est-ce déjà un spectre. Il y a de ça dans le Gosling de Drive. N'oublie pas que le garagiste dit à un moment qu'il ignore complètement d'où le petit venait et ce qui l'amenait à Los Angeles... on est là dans la pure imagerie du lonesome cowboy. Drive est un film qui baigne dans le fantasme, celui des années 1980, celui d'une romance impossible, celui du samouraï des temps modernes, etc. Il faut par exemple voir le baiser dans l'ascenseur et la lumière irréelle qui baigne cet instant, que Refn a empruntée à Michael Mann :

Bref, l'étirement du plan où il git dans la voiture, la très longue insistance sur ce profil qui a toutes les apparences de la mort, vise pour moi à clarifier une bonne fois pour toutes la nature du personnage. Cette attente souligne l'anormalité du Driver, et le fait qu'il survive dans cette lumière douce permet définitivement une lecture fantastique du héros. La très longue durée du plan peut dans le même temps ouvrir la porte vers un glissement onirique, dans le sens où les toutes dernières images pourraient être fantasmées par notre personnage agonisant et se rêvant à nouveau en type bien, profitant d'une seconde chance. Je comprends que tu coinces face à cette conclusion dont l'exécution peut paraître naïve (et je crois que ça l'est volontairement, parce que Drive a quelque chose du conte moderne), mais quelque part, les choses ne sont pas si littérales que ça et on peut faire dire plein de choses à cette issue aux apparences relativement optimistes, comme on peut le faire avec la toute fin de Taxi Driver (ah tiens, là aussi, un chauffeur qui fait le ménage pour sauver une belle et qui survit miraculeusement :mrgreen: ). :wink:
Cela dit, pour être tout à fait honnête, cette dimension un peu trop affichée du fantasme de héros m'est apparue un peu plus fragile à la révision du film.

Peut-être qu'un modérateur pourrait basculer la conversation sur Drive dans le topic approprié ? :)

Pour ce qui est de Shame, n'ayant pas vu Hunger, je ne pourrai te dire s'il souffre des mêmes tics que tu pointes. Pour ma part, j'ai trouvé que la brillance du film n'était pas synonyme de prétention... même si certains plans insistent sur leur durée, la justification est toujours présente. Je pense à ce plan-séquence qui suit latéralement Fassbender faire un footing de nuit dans les rues de New-York : il est seul, et cette course effrénée symbolise tout le drame qu'il vit. Si, quand même, une réserve : la scène où Carey Mulligan chantonne New-York New-York avec moult affectation. P'tain, j'ai trouvé ça interminable. En plus, elle n'a même pas de voix. Zéro émotion, en ce qui me concerne, alors que ça arrache une larme à Fassbie. Mais revenons à nos moutons. La forme du film est épurée, précise, et atteint en cela une grande beauté. J'évoquais James Gray dans mon commentaire du topic parce qu'esthétiquement, j'ai particulièrement pensé à Two Lovers : blancheur froide et dépressive du quotidien, nuits new-yorkaises mordorées, c'est du classicisme extrêmement rigoureux qui recèle dans son constant équilibre des joyaux d'émotion et de grâce pas comme dans du Clint Eastwood, quoi :mrgreen: .
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Re: Classement Dvdclassik des sorties cinéma 2011

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit :Il faut par exemple voir le baiser dans l'ascenseur et la lumière irréelle qui baigne cet instant, que Refn a empruntée à Michael Mann :
Mierde, je m'en souvenais plus de ça en plus, bien vu. Je croyais que c'était une invention de Refn. Bon, le film descend encore plus dans mon estime, merci Demi-Lune. :| :mrgreen:

Mais bon chez Mann comme tu le vois, il y a un point de vue subjectif qui est celui du tueur en question qui s'imagine voir quelque chose de loin qui n'est pas exactement la réalité. C'est un esprit dérangé qui observe une scène qui met son cerveau (et sa jalousie) directement en branle. Chez Refn, notre carpe embrasse Carey et la lumière jaillit autour de lui dans l'ascenseur même, il n'y a plus une distance du regard puisque le personnage est au premier plan et qu'il n'est pas celui qui regarde mais celui qui agit. Donc plus de regard subjectif qui dénote d'une psychée mais bien une volonté de mise en scène au premier plan. On peut tout autant y voir une référence mal digérée et mal comprise du réalisateur (que les cinéphiles visiblement ne manquent pas de pointer, moi je m'en souvenais plus mais toi si, huhu :mrgreen: ) que l'illusion d'un instant digne du conte de fée (idée que j'aime beaucoup aussi. D'ailleurs j'adore cette scène). :)
Steven Spielberg a écrit :Bref, l'étirement du plan où il git dans la voiture, la très longue insistance sur ce profil qui a toutes les apparences de la mort, vise pour moi à clarifier une bonne fois pour toutes la nature du personnage. Cette attente souligne l'anormalité du Driver, et le fait qu'il survive dans cette lumière douce permet définitivement une lecture fantastique du héros. La très longue durée du plan peut dans le même temps ouvrir la porte vers un glissement onirique, dans le sens où les toutes dernières images pourraient être fantasmées par notre personnage agonisant et se rêvant à nouveau en type bien, profitant d'une seconde chance. Je comprends que tu coinces face à cette conclusion dont l'exécution peut paraître naïve (et je crois que ça l'est volontairement, parce que Drive a quelque chose du conte moderne), mais quelque part, les choses ne sont pas si littérales que ça et on peut faire dire plein de choses à cette issue aux apparences relativement optimistes, comme on peut le faire avec la toute fin de Taxi Driver (ah tiens, là aussi, un chauffeur qui fait le ménage pour sauver une belle et qui survit miraculeusement :mrgreen: ). :wink:
Cela dit, pour être tout à fait honnête, cette dimension un peu trop affichée du fantasme de héros m'est apparue un peu plus fragile à la révision du film.
Oui je l'avais compris aussi ça (je le répète, j'aurais voulu que mon cerveau reste au vestiaire :mrgreen: :| ) mais c'est trop appuyé, trop factice pour moi. Je pense qu'on peut rester dans l'onirique sans avoir besoin d'en rajouter. Le baron de Münchausen y passe bien et pourtant la légende du personnage est telle qu'il se joue de la mort chez Gilliam (cf, derniers plans). Mais là le récit est plus dans le domaine du conte d'emblée là où Drive a le mérite (c'est sa force comme sa faiblesse) de jouer sur les deux côtés. Drive appuie parfois sur des aspects qu'il n'hésite pas à délaisser par la suite. On est tout autant dans le fantasme des 80's recrées avec une certaine vigueur qu'on finit par passer dans une réalité crue dont on peut pas forcément revenir. Dans ce cas là, autant afficher une dureté propre à certains films des 80's dès le début. Dans les 15 premières minutes de Live and die in L.A, on a un mec qui va se faire shooter d'un immeuble (un terroriste arabe si je me souviens bien. A cette époque, Hollywood avait des couilles. Maintenant on met des méchants français, c'est plus rigolo et ça gêne moins. :| :mrgreen: ). Dans l'ouverture de Manhunter, une lumière nettoie une habitation avant de s'attarder longuement sur le lit du couple. Le plan dure un peu plus que ce qu'on peut s'attendre, le malaise s'installe, jusqu'a ce que la femme se réveille, et là, cut ! Le titre qui surgit du noir. On apprendra 10 minutes après que toute la famille est décimée et Petersen arpente une maison qui baigne dans des traces de sang qui n'ont pas été enlevées. Ambiance.
Bref, quand on entre dans de tels films, on pose une ambiance et une atmosphère sérieuse qui ne déviera pratiquement pas. Or Drive installe une première partie presqu'en forme de bonheur romantique, quitte à la déjouer malicieusement ensuite pour montrer la perte d'innocence de notre petite carpe. C'est très bien mené avec de très beaux moments (quand notre carpe repasse voir son ami garagiste pour s'apercevoir que celui-ci est n'est déjà plus de ce monde).
Et là, la fin. Ben euh... Happy end. Onirique ou non, comme je l'ai dit, c'est trop appuyé pour moi. Si j'avais été au montage comme j'ai dit plus haut, j'aurais coupé abruptement juste au moment où sa tête retombe et qu'il rouvre les yeux pour vraiment rester dans l'ambiguïté. C'est une question d'homogénéïté sur l'ensemble, chose que Drive ne respecte que quand ça l'arrange. :D
Et merci de me raconter la fin de Taxi Driver que je n'ai jamais vu snif. :mrgreen: :arrow:
Adjani, oh oui, oh oui (comme le Chambourcy) a écrit : Pour ce qui est de Shame, n'ayant pas vu Hunger, je ne pourrai te dire s'il souffre des mêmes tics que tu pointes. Pour ma part, j'ai trouvé que la brillance du film n'était pas synonyme de prétention... même si certains plans insistent sur leur durée, la justification est toujours présente. Je pense à ce plan-séquence qui suit latéralement Fassbender faire un footing de nuit dans les rues de New-York : il est seul, et cette course effrénée symbolise tout le drame qu'il vit. Si, quand même, une réserve : la scène où Carey Mulligan chantonne New-York New-York avec moult affectation. P'tain, j'ai trouvé ça interminable. En plus, elle n'a même pas de voix. Zéro émotion, en ce qui me concerne, alors que ça arrache une larme à Fassbie. Mais revenons à nos moutons. La forme du film est épurée, précise, et atteint en cela une grande beauté. J'évoquais James Gray dans mon commentaire du topic parce qu'esthétiquement, j'ai particulièrement pensé à Two Lovers : blancheur froide et dépressive du quotidien, nuits new-yorkaises mordorées, c'est du classicisme extrêmement rigoureux qui recèle dans son constant équilibre des joyaux d'émotion et de grâce pas comme dans du Clint Eastwood, quoi :mrgreen: .
Mince, ça me rappelle Hunger ce genre de truc. Il a donc recommencé. Mais il cherche moins à faire souffrir le spectateur le bonhomme j'en ai l'impression.
James Gray, yabon. Clint Eastwood aussi. Je me demande encore comment tu es passé à côté de L'échange (j'attendis une chronique qui ne vint pas, tel David Vincent perdu au milieu de la cambrousse à la recherche de la départementale 46 que jamais il ne trouva...). :o
Bon j'ai de plus en plus envie de le voir. Mais quand c'est une bonne question.
Déjà que Le tableau, c'est cuit et que demain je suis entraîné par des amis pour voir ...le chat potté. :lol:
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Dunn
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par Dunn »

Très bonnes analyses de vous deux les gars.Je défends malgré tout Demi-Lune, la fin, c'est le héros fantôme qui se relève , un peu comme "l'homme des hautes plaines" de CLint Eastwwod.J'aime beaucoup cette idée que cet homme vient de nul part, qu'on ne sait rien de lui, qui semble aussi mort que vivant.
D'ailleurs la scène du baiser est génial où on sent que le personnage a comme besoin de ce baiser pour se rattacher à la réalité, comme si il ne savait pas lui-même qu'il existe.
En outre, j'ai beaucoup aimé justement cette scène très bien chanté par Carey Mulligan dans Shame.Pour moi cette scène est importante car
Spoiler (cliquez pour afficher)
c'est la seule où il y eu une vrai communication,un échange (elle chante pour lui, lui pleure pour elle) entre frère et soeur qui n'arrivent pas à avoir cette relation normale d'une famille
.Cette scène est très importante je trouve et ce n'est pas pour rien que Carey la chante lentement (ce qui a pû t'agacer) car
Spoiler (cliquez pour afficher)
elle lui fait comprendre qu'il leur faudra du temps pour "se retrouver"
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Demi-Lune
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par Demi-Lune »

Intéressante, ton analyse de cette scène de Shame... ça me plaît bien. :D
Dunn a écrit :Très bonnes analyses de vous deux les gars.Je défends malgré tout Demi-Lune, la fin, c'est le héros fantôme qui se relève , un peu comme "l'homme des hautes plaines" de CLint Eastwwod.J'aime beaucoup cette idée que cet homme vient de nul part, qu'on ne sait rien de lui, qui semble aussi mort que vivant.
Oui mais ce n'est pas tellement ce qu'Anorya conteste. Ce qui semble le déranger, c'est le parti-pris apparemment optimiste à ce moment-là, qui tranche avec le reste. Et qui révèle dans le même temps un choix de mise en scène (l'étirement maximal du plan qui pose in fine l'interrogation : pourquoi ? que va-t-il se passer ? pourquoi insister autant ?) irritant - si je comprends bien - car trahissant, par son issue, la dynamique âpre et pessimiste du film. Et c'est pour relativiser cette idée que j'ai cité Taxi Driver, dont certains ont pu dire à l'époque que la conclusion était scandaleuse, qu'elle légitimait l'auto-justice, parce que l'idée positive qu'elle suggérait (la survie improbable du sociopathe qui reprend tranquillement son job après être devenu un héros) était justement une trahison du propos désespéré soutenu par Scorsese tout du long. Or, cette scène finale est ambiguë à plus d'un titre, et n'annule en rien la rhétorique du film, qu'elle soit fantasmée ou effective. Scorsese a plusieurs fois indiqué qu'il regrettait amèrement que les gens aient pu penser qu'il s'agisse d'une fin optimiste.

Perso, j'avoue qu'à la révision, cette conclusion de Drive m'a justement semblé un peu plus "facile". Quand Anorya dit que la dimension fantasmatique de Drive est à la fois sa force et sa faiblesse, je crois qu'il met le doigt sur quelque chose de central au film. Le problème, éventuellement, de ce chevalier 80's qu'est Gosling dans le film, c'est qu'il trop irréel. Le film opère une iconisation d'un personnage qui s'y prête justement parce qu'il est comme une page vierge : on peut construire ce qu'on veut avec. Le film y parvient assez admirablement. Mais la limite, c'est qu'il reste malgré tout un fantasme : l'empathie pour lui reste limitée. Un peu comme Delon dans Le Samouraï. Du coup, lorsqu'au terme de ce très long plan le réalisateur fait revivre Gosling, on reste peut-être dans cette forme de "facticité" que dénonce Anorya. Ceci n'illustre pas nécessairement ce que je pense moi-même, je le précise. :mrgreen: En ce qui me concerne, même si ça ne me dérange pas outre-mesure, j'aurais sans doute plus tendance, maintenant, à regretter les tous derniers plans qui explicitent (même si l'incertitude demeure sur la réalité de ces plans) le caractère de loup solitaire du personnage : à ce stade, c'est probablement un peu superflu.

Cela dit, Anorya, en évoquant To Live and Die in L.A. et Manhunter, tu appliques une grille de lecture qui me semble un peu biaisée, parce que ces deux films ont des enjeux policiers et humains fondamentalement réalistes. A mon avis, Drive se rattache, lui, bien plus à la tradition classique du film noir, avec de multiples codes à respecter, une imagerie qui ne se veut pas nécessairement authentique.
Jambon-Beurre a écrit :Et merci de me raconter la fin de Taxi Driver que je n'ai jamais vu snif.
Désolé. :oops: J'en ai d'ailleurs remis une petite couche. :mrgreen: Mais quand même, il faut que tu voies ce film !!
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par Federico »

J'ai découvert le film cet après-midi et c'est définitivement ma claque du mois. Je n'ai fait que parcourir son topic donc il y a 99% de chances que ce que je vais en dire l'a déjà été et en mieux mais tant pis...
Effectivement, il est im-pos-si-ble de ne pas constamment penser à Michael Mann mais bon, il y a pire référence... :wink:
La distribution est nickel-chrome de A à Z avec en summum un anti-héros mutique qui fera date.
Les accès de violence sont terribles (voire terrifiants dans le cas du sadique chef mafieu local collectionneur de lames) mais NWR évite l'écueil de la stylisation qui en jette.
Il y a tellement de séquences à se repasser en boucle que je ne sais laquelle choisir mais si il ne faut en garder qu'une poignée ce sera la longue introduction (et la superbe trouvaille du face à face automobile feus éteints à un carrefour quand le "driver" pressent puis voit s'allumer les gyrophares des cops) ; la scène de l'ascenseur avec le baiser et ce qui s'en suit (quelle somptueuse utilisation du format scope !).
Quant au final, il m'a rappelé celui d'un autre grand polar tourné dans la si déprimante Cité des Anges où un truand lui aussi solitaire et bien peu causant finissait ensanglanté au volant de sa voiture (je ne serais pas surpris d'apprendre que NWR le connaît très bien) :
[edit]
Je suis tombé sur la critique de Télérama au moment de la sortie de Drive et son auteur se goure légèrement de période :
Le graphisme rose du générique, la musique synthétique assez disco, les looks réveillent des souvenirs de vieilles séries de la fin des années 1970 (genre Starsky et Hutch).
Car c'est plutôt du début des 80's (musicalement et graphiquement) qu'il s'agit. Le disco est déjà loin.
Tiens, pour revenir à Michael Mann, il serait intéressant de comparer le film de NWR avec Le solitaire (1981)...
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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jacques 2
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par jacques 2 »

Pas vu au ciné ...

Découvert en blu ray ...

EN-VOU-TANT est le mot : on pense - évidemment - à Michaël Mann mais le film demeure habité et dépasse le (brillant) exercice de style.
J'ai été touché par l'histoire d'amour et époustouflé par Ryan Gosling et son jeu minimaliste.

Et puis, pour couronner le tout, il y a Bryan Cranston (de Breaking Bad) et Christina Hendrickx (de Mad Men) les deux meilleures séries actuelles, ainsi que Albert Brooks dans un contre emploi réjouissant.

Cerise sur le gâteau : la musique ...

Bref le film parfait pour un (vieux) cinéphile amateur des 80's et des références qui n'étouffent pas l'émotion !!!
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Demi-Lune
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par Demi-Lune »

Revu également hier soir et je dois avouer que ça m'a un poil moins plu qu'au ciné. Drive gagne indéniablement à être vu sur grand écran, mais surtout, malgré son exécution suprêmement racée, le film m'a semblé cette fois plus artificiel : comme je le redoutais je suis de moins en moins sensible à cette fascination générale du film pour son personnage mutique et impassible. L'iconisation a fait son effet lors de la découverte mais elle se révèle progressivement peu impliquante émotionnellement, au final. Et laisse potentiellement apparaître les limites du film. Cela reste néanmoins un polar superbement troussé.
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par jacques 2 »

Sentiment inverse : je l'ai revu - seul - aujourd'hui mais en VO (je l'avais découvert avec ma compagne qui préfère les VF) ...

M'a plu davantage encore non pas tant pour la langue que pour l'ambiance générale et cette mélancolie qui émane du film ...

Et j'adore les chansons électro pop, notamment celle du début ...
Un film qui ne me quittera plus.
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tenia
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par tenia »

Revu aussi hier, et même si je trouve le film toujours aussi creux et poseur, je n'ai pas ressenti l'ennui poli que j'avais ressenti en salles, notamment le passage bisounours qui suit la rencontre avec Irène jusqu'au braquage.
Cela étant, cet ennui a failli pointer un peu après le passage dans la chambre d'hôtel, où, à nouveau, les limites perçues en salles sur le jeu de Gosling ont à nouveau manquer de me faire sortir du film complètement (
Spoiler (cliquez pour afficher)
que ce soit dans le plan où il apparaît le visage couvert de sang ou après l'ascenseur, je n'y arrive pas, je lui trouve une expression de débile ahuri, je ne peux pas m'en empêcher
).
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par jacques 2 »

tenia a écrit :Revu aussi hier, et même si je trouve le film toujours aussi creux et poseur
"Creux" ? Quelle est ta définition ? Qu'est ce qui n'est pas creux ou vain en matière de cinéma ? Godard ? Le cinéma "engagé" ?

Oui, j'avoue que ce terme, repris commodément et mis à toutes les sauces, m'exaspère au plus haut point car il exprime souvent finalement la vacuité de la critique de ceux qui l'utilisent ...

Un film ne m'a pas plus, il ne m' pas "parlé" donc il est creux ...

Ben voyons : sauf que, pour beaucoup dont moi, "Drive" est émotionnellement très touchant car il raconte une belle histoire d'amour sans dialogues redondants et avec l'outil de l'image, ce qui est quand même la vocation du cinéma. Ici, pas de dialogues redondants ou ... creux !

"Poseur" ? Un film qui soigne l'esthétisme et la belle image est donc poseur ? Sûr que ce n'est pas de la "shaky cam" épileptique et que c'est très soigné mais, pour certains, "beau" serait donc péjoratif ... :(

A part la référence à Mann, le film m'a aussi fait penser - par son esthétisme et son goût du beau cadrage - à "L'américain" de Corbijn qui m'avait beaucoup plu pour des raisons assi similaires, finalement ...

Quant à la violence, je ne peux que confirmer après vision que c'est vraiment un faux débat, qu'elle est presque toujours hors champ (et d'autant plus efficace) et que ceux qui seraient choqués par ce film n'ont plus qu'à se repasser en boucle une insupportable guimauve, genre "La mélodie du bonheur" ...

Non mais : je sens que je vais devenir - suis devenu - un ardent défenseur de ce cinéaste !!! :)
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par tenia »

jacques 2 a écrit :
tenia a écrit :Revu aussi hier, et même si je trouve le film toujours aussi creux et poseur
"Creux" ? Quelle est ta définition ? Qu'est ce qui n'est pas creux ou vain en matière de cinéma ? Godard ? Le cinéma "engagé" ?

Oui, j'avoue que ce terme, repris commodément et mis à toutes les sauces, m'exaspère au plus haut point car il exprime souvent finalement la vacuité de la critique de ceux qui l'utilisent ...
Je crois m'être déjà expliqué plusieurs fois ici et commence à me lasser d'entendre toujours les mêmes cris d'orfraie à gros sabots.
J'ai trouvé que Refn s'est plus regardé faire de jolis cadres que de se préoccuper de ce qu'il raconte (poseur, donc), et que le film dépasse rarement l'exercice de style. De plus, avec un sujet et un traitement aussi peu original (et pompant allègrement des tonnes de choses pour être encore un peu novateur), difficile pour moi d'y trouver quelque chose d'autrement intéressant que la mise en scène et la photo. Pour mon père, ça n'a d'ailleurs pas raté, il avait 15 minutes d'avance sur tous les évènements du film. Filmer Ryan Gosling machouillant un cure-dents la mâchoire serrée ne suffit pas à faire un bon polar. Le stéréotype du monstre prêt à exploser à tout moment, c'est pas nouveau.

Je ne dis pas, hein, c'est assez magnétique, mais jamais électrisant. Ca passe, à la revoyure, très bien, mais n'est jamais passionnant. Au final, le mot serait peut-être trop "auto suffisant". Pour moi, Refn n'est pas encore quelqu'un pouvant se reposer seulement sur son style.
Tu cites The American, j'ai trouvé ça, par exemple, un cran en dessous visuellement, mais autrement plus intéressant narrativement.

Quant à la violence, je ne sais pas si ta remarque fait suite à ce que j'ai indiqué en spoiler, mais ce n'est absolument pas ce dont je parle. Je dis simplement que par 2 fois, quasiment (d'ailleurs) les seules où Gosling doit jouer et non pas simplement poser, il tire une tronche d'ahuri devant laquelle il m'est difficile de réprimer un fou rire.
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Re: Drive (Nicolas Winding Refn - 2011)

Message par jacques 2 »

Toutes les histoires ont déjà été racontées : c'est bien pour cela que les films bourrés de SFX ont la cote ...
L'originalité dans l'histoire, je m'en cogne, personnellement : je trouve cela en littérature ... pour le meilleur et souvent pour le pire.
L'esthétisme, par contre, j'apprécie ... surtout à une époque de 3D à tout va et de capitaine Haddock hydrocéphale.

"Auto suffisant" ? Changer de terme ne me convainc pas davantage, désolé ...
Un film qui me semble bien davantage mériter ces qualificatifs est "Melancholia" et dire cela va en faire hurler certains. Pourtant ...

Par ailleurs, la remarque concernant la violence ne s'adressait pas à toi, Tenia ...

Quant à Ryan Gosling, je ne lui ai vraiment pas trouvé une tête d'ahuri mais plutôt une gueule d'ange (dixit ma compagne), ce qui colle parfaitement au personnage qui peut dégager de la candeur et de l'innocence (dans le bon sens du terme) et se révéler terrifiant quelques secondes après (voir e.a la scène dans le bar avec le client qui l'a reconnu)
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