Anthony Mann (1906-1967)
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
IL MARCHAIT LA NUIT d'Alfred Werker et Anthony Mann
Pas mal, en tout cas très intéressant. Le scénario adopte la forme très documentaire et pédagogique de certains polars de l'époque (NAKED CITY, APPELEZ NORD 777, etc.), décrit minutieusement les différentes étapes de l'enquête, les techniques scientifiques utilisées (reconnaitre les balles au microscope, élaboration du portrait-robot, etc.). Il y a à la fois un certain charme et un aspect très daté dans tout cela. Par contre j'ai été agacé plusieurs fois par un ton très condescendant envers la police et les forces de l'ordre. On se demande parfois si le film n'est pas une propagande à peine déguisée pour les institutions: les policiers sont sympas, ont des enfants qui se marient, se tuent à la tâche de façon parfois ingrate, risquent leur vie pendant leur travail...
La trame du scénario est plutôt intéressante, la poursuite du tueur s'avérant assez directe. Mais je n'ai pas été plus emballé que cela par cette intrigue qui offre quand même le minimum.
Non, le vrai intérêt ici réside dans la participation (non créditée) d'Anthony Mann - qui aurait réalisé entre un quart et un tiers du film (essentiellement les scènes de nuit?), et surtout par le travail déjà remarquable du directeur photo John Alton. Beaucoup relatent la séquence finale dans les égouts de L.A. mais je lui préfère largement l'assaut de la police sur l'appartement et surtout la visite nocturne du tueur au patron de l'atelier. On reconnait la patte des grands du film noir avec cette lumière rasante, très contrastée, à la fois simple par son dispositif et terriblement expressionnniste dans le résultat. Ajoutez des placements de caméra assez judicieux mettant en valeur les décors (contre-plongées par exemple) et vous aurez une scène relativement réussie.
Vu l'édition Vintage Classics des éditions Wild Side. Beaux contrastes, copie propre, définition passable pendant 1h puis, oh miracle, bien meilleur piqué pendant les 20 dernières minutes. Le master est tiré d'une source NTSC avec, logiquement, des effets de "ghosting".
Je m'aperçois qu'il existe une édition zone 1 chez MGM qui m'a l'air de bonne qualité et avec stf...
Pas mal, en tout cas très intéressant. Le scénario adopte la forme très documentaire et pédagogique de certains polars de l'époque (NAKED CITY, APPELEZ NORD 777, etc.), décrit minutieusement les différentes étapes de l'enquête, les techniques scientifiques utilisées (reconnaitre les balles au microscope, élaboration du portrait-robot, etc.). Il y a à la fois un certain charme et un aspect très daté dans tout cela. Par contre j'ai été agacé plusieurs fois par un ton très condescendant envers la police et les forces de l'ordre. On se demande parfois si le film n'est pas une propagande à peine déguisée pour les institutions: les policiers sont sympas, ont des enfants qui se marient, se tuent à la tâche de façon parfois ingrate, risquent leur vie pendant leur travail...
La trame du scénario est plutôt intéressante, la poursuite du tueur s'avérant assez directe. Mais je n'ai pas été plus emballé que cela par cette intrigue qui offre quand même le minimum.
Non, le vrai intérêt ici réside dans la participation (non créditée) d'Anthony Mann - qui aurait réalisé entre un quart et un tiers du film (essentiellement les scènes de nuit?), et surtout par le travail déjà remarquable du directeur photo John Alton. Beaucoup relatent la séquence finale dans les égouts de L.A. mais je lui préfère largement l'assaut de la police sur l'appartement et surtout la visite nocturne du tueur au patron de l'atelier. On reconnait la patte des grands du film noir avec cette lumière rasante, très contrastée, à la fois simple par son dispositif et terriblement expressionnniste dans le résultat. Ajoutez des placements de caméra assez judicieux mettant en valeur les décors (contre-plongées par exemple) et vous aurez une scène relativement réussie.
Vu l'édition Vintage Classics des éditions Wild Side. Beaux contrastes, copie propre, définition passable pendant 1h puis, oh miracle, bien meilleur piqué pendant les 20 dernières minutes. Le master est tiré d'une source NTSC avec, logiquement, des effets de "ghosting".
Je m'aperçois qu'il existe une édition zone 1 chez MGM qui m'a l'air de bonne qualité et avec stf...
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
J’ai revu hier ( DVD ) : THE MAN FROM LARAMIE , un de mes préfères de Mann et j’ai remarqué la fin, la même que celle de MY DARLING CLEMENTINJE de Ford ; dans le Mann, James Stewart dit au revoir à Cathy O’Donnel, puis s’éloigne sous la musique ; dans le Ford, même scène : Henry fonda fait ses adieux à une autre Cathy, Downs, cette fois, et s’éloigne sous la musique de la chanson( 1)…Mais les deux séquences, filmant la même chose, un au revoir, sont à l’écran complètement différentes ; chez Mann, sobriété totale, filmé à l’horizontale, Cathy de dos, regardant s’éloigner Stewart ; chez Ford, Cathy de dos mais filmée en plongée, puis de face en contre plongée cette fois ci, regardant s’éloigner Fonda ; deus séquences superbes, sobre et romantique chez Mann, plus lyrique chez Ford,mais deux tableaux superbes ; le cinéma de papa comme certains peuvent ironiser, mais de ce cinéma là, j’en redemande….. !
(1) A moins que ce soit l'inverse : de face en contre plongée, puis de dos en plongée....
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
La brigade du suicide.
C'est parti pour les Noirs/Policiers de Mann.
Pas de surprises: j'adhère totalement. J'y trouve déjà ce qui a fait la force de ses Westerns et c'est pour moi du caviar.
Il y a ici un coté documentaire très poussé, comme une reconstitution de faits réels. la voix off prenant la place de ce qui aurait pu/du être des dialogues, renforçant le coté docu-fiction. Mais la composition du cadre, le travail sur la lumière, l'intensité psychologique et la sécheresse de l'ensemble en font bien plus que ça.
Je garde, forcément et j'attends la suite avec beaucoup d'impatience
C'est parti pour les Noirs/Policiers de Mann.
Pas de surprises: j'adhère totalement. J'y trouve déjà ce qui a fait la force de ses Westerns et c'est pour moi du caviar.
Il y a ici un coté documentaire très poussé, comme une reconstitution de faits réels. la voix off prenant la place de ce qui aurait pu/du être des dialogues, renforçant le coté docu-fiction. Mais la composition du cadre, le travail sur la lumière, l'intensité psychologique et la sécheresse de l'ensemble en font bien plus que ça.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Incident de Frontière
Un autre visage de Mann: moins sec et moins direct, plus posé, Border Incident distille sa tension plus progressivement que les précédents Noirs, alors toujours dans l'urgence. Ici on parle social et on sensibilise la population à un drame humain. C'est toujours très brutal par contre. Si la violence physique n'est réduite qu'à quelques scènes (mais pas des moindres !), elle est plus dans le propos et le traitement des clandestins par le menu.
La fin, étonnement démago, dénote terriblement et casse un peu l'effet. Dommage car je l'ai trouvé très bon ! (Mais je garde hein)
Un autre visage de Mann: moins sec et moins direct, plus posé, Border Incident distille sa tension plus progressivement que les précédents Noirs, alors toujours dans l'urgence. Ici on parle social et on sensibilise la population à un drame humain. C'est toujours très brutal par contre. Si la violence physique n'est réduite qu'à quelques scènes (mais pas des moindres !), elle est plus dans le propos et le traitement des clandestins par le menu.
La fin, étonnement démago, dénote terriblement et casse un peu l'effet. Dommage car je l'ai trouvé très bon ! (Mais je garde hein)
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Le livre noir - 1949 -
En 1774 , en France, Robespierre cherche à semer la panique parmi ses opposants à seule fin de prendre le pouvoir. Charles d'Aubigny s'empare du livre noir dans lequel Robespierre consigne le nom de ses futures victimes et le porte à la Convention.
Ce film possède toutes les qualités d'un thriller : intrigue soutenue, trahison, poursuites, combats, tout est réuni pour nous tenir en haleine. Il se dégage une atmosphère particulière, oppressante, comme dans tout bon film noir et des séquences au suspense hitchcockien. Anthony Mann mène tambour battant son film avec une grande maitrise et nous délivre un énergique film d'aventure.
Les acteurs sont parfaits, Robert Cummings possède l'énergie nécessaire pour jouer le héros (il a des faux airs de Dana Andrews), les autres comédiens s'en sortent très bien comme Arnold Moss en Fouqué peu scrupuleux, Richard Basehart en Robespierre assez odieux, sans oublier la belle héroine du film, très bien filmée, incarnée par Arlène Dahl.
Hollywood n'a jamais vraiment respecté l'exactitude historique, peu importe, le livre noir est avant tout un film distrayant et on passe un très bon moment. Le film bénéficie d'un magnifique noir et blanc.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Rue De La Mort
Je trouvais Border Incident posé, je découvre que Mann peut être encore plus fin. Pur film noir, Side Street n'a ni l'urgence, ni la violence des films précédents. Mais la tension monte très progressivement, et maintient l'interet tout le long du métrage.
Il rappelle énormément Naked City, par sa personification de NY, ces plans vertigineux (la poursuite finale !) et sa présence physique. Très belle photo aussi. Mais j'ai un peu décroché à l'histoire à partir du moment où Joe va se dénoncer. J'ai trouvé le geste mal venu. Mais le twist suivant relance l'interet.
Encore une jolie réussite. Je garde.
Je trouvais Border Incident posé, je découvre que Mann peut être encore plus fin. Pur film noir, Side Street n'a ni l'urgence, ni la violence des films précédents. Mais la tension monte très progressivement, et maintient l'interet tout le long du métrage.
Il rappelle énormément Naked City, par sa personification de NY, ces plans vertigineux (la poursuite finale !) et sa présence physique. Très belle photo aussi. Mais j'ai un peu décroché à l'histoire à partir du moment où Joe va se dénoncer. J'ai trouvé le geste mal venu. Mais le twist suivant relance l'interet.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Je l'aime moins celui ci. Peut-être cette plus grande finesse que tu décris m'a-t-elle empêché de ressentir la tension nécessaire à ce type d’œuvre. J'avais été très déçu en regard des autres noirs de Mann. J'avais également les même réserves que toi sur certains événements. Par contre, ça reste un film esthétiquement très réussi, je le réévaluerai surement.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Il est nettement moins directe que les autres, plus progressif, etc. Les situations vers la fin sont aussi un peu compliquée, mais tout ça passe très bien dans le traitement le l'environnement, tout comme dans Naker City.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
faudrait un jour que je decouvre ses premiers films. pour l instant j ai plutot vu ses westerns et ses derniers films.
Top 20 actuel
http://www.shompy.com/someone1600/l10080_frfr.html
Mes dvd
http://someone1600.dvdaf.com/
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Personnellement, ses westerns m'ont bien plus impressioné que ses films noirs, mais il est passionant et mérite d'être découvert au-delà de ses westerns.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
L'Engrenage fatal (1947)
Le hold-up d’une salle de paris clandestins tourne mal et un policier est abattu. Un coupable « idéal » est arrêté. L’inspecteur Ferguson mène l’enquête qui le mène vers un redoutable assassin.
Railroaded! s'inscrit dans la série des nombreux films noirs de série B dans lesquels se révéla Anthony Mann à la fin des années 40 avant d'accéder à des budgets plus prestigieux et montrer son brio dans d'autres genres tel le western dès la décennie suivante. Sans être aussi réussi qu'un Marché de Brute ou La Brigade du suicide, Railroaded! s'avère néanmoins tout à fait digne d'intérêt. Adapté d'un roman de Gertrude Walker, le film s'inspire néanmoins d'un fait divers commun au Appelez nord 777 d'Henry Hathaway (en tout point supérieur) avec le récit d'un accusé à tort du meurtre d'un policier au début des années 30 et qui après enquête fut finalement innocenté. La Fox menaça de procès la petite compagnie et Anthony Mann dû retourner de nombreuses scènes pour que la parenté entre les deux films soit moins prononcée.
Passée une remarquable ouverture sur un hold-up film avec sécheresse et efficacité par Mann, tous les aspects attendus d'un tel pitch sont abordés avec un minimum de conviction et d'implication. Malgré le soin apporté à l'intrigue policière (ou on retrouve dans une bien moindre mesure le côté documenter de T-Men pour l'aspect "police scientifique"), le fade faux coupable dont on ne s'occupe guère (Steve Ryan), sa très gironde sœur cherchant à l'innocenter (Sheila Ryan) et le flic propret menant l'enquête (Hugh Beaumont) manquent singulièrement de charisme et les scènes sont trop convenues et plates peinent à susciter l'intérêt. L'attention de Mann ici est ailleurs, du côté obscur et trouble du personnage de tueur incarné par John Ireland (et dans une moindre mesure sa séduisante et torturée acolyte jouée par Jane Randolph étonnant sosie de Nicole Kidman très perturbant !). Le faciès sournois, sadique et inquiétant Ireland ajoute également toute une dimension fétichiste à son personnage. Celui-ci passe ainsi tout le film à caresser langoureusement le canon de son arme (dans un sous-entendu sexuel bien appuyé) dont il parfume carrément les balles et chacun de ses meurtres violents voit son arme tonner comme dans une explosion orgasmique frappante. Mélange de calme menaçant et de tension prête à exploser, John Ireland confère un côté pulsionnel instinctif au film qu'il vampirise totalement. On arrive ainsi à tolérer ce qui est tout de même une énorme incohérence : pourquoi donc au lieu de faire profil bas ce tueur va-t-il conter fleurette avec la sœur de celui qu'il veut faire accuser à sa place ? On a la réponse un peu plus tôt dans une scène chargée de tension sexuelle où Ireland observe la Sheila Ryan de l'accusée se battre avec la principale témoin du meurtre. Tandis que les deux femmes se débattent en arrière-plan, Mann montre la silhouette d’Ireland jouissant littéralement du spectacle dissimulé dans un coin de l'appartement. Ainsi excité par la hargne de cette femme à innocenter son frère, il va donc tenter séduction risquée.
Ces facettes sortent Railroaded! des lieux communs du genre et le tout s'avère remarquablement filmé par Mann (outre le hold-up d'ouverture la confrontation finale est bien tendue bien que trop brève) avec une superbe photo de Guy Roe (et pas John Alton comme souvent) aux noirs profonds qui ne rendent que plus inquiétantes les apparitions de John Ireland. Bon petit film noir donc même si Mann a fait mieux dans le genre. 4/6
Le hold-up d’une salle de paris clandestins tourne mal et un policier est abattu. Un coupable « idéal » est arrêté. L’inspecteur Ferguson mène l’enquête qui le mène vers un redoutable assassin.
Railroaded! s'inscrit dans la série des nombreux films noirs de série B dans lesquels se révéla Anthony Mann à la fin des années 40 avant d'accéder à des budgets plus prestigieux et montrer son brio dans d'autres genres tel le western dès la décennie suivante. Sans être aussi réussi qu'un Marché de Brute ou La Brigade du suicide, Railroaded! s'avère néanmoins tout à fait digne d'intérêt. Adapté d'un roman de Gertrude Walker, le film s'inspire néanmoins d'un fait divers commun au Appelez nord 777 d'Henry Hathaway (en tout point supérieur) avec le récit d'un accusé à tort du meurtre d'un policier au début des années 30 et qui après enquête fut finalement innocenté. La Fox menaça de procès la petite compagnie et Anthony Mann dû retourner de nombreuses scènes pour que la parenté entre les deux films soit moins prononcée.
Passée une remarquable ouverture sur un hold-up film avec sécheresse et efficacité par Mann, tous les aspects attendus d'un tel pitch sont abordés avec un minimum de conviction et d'implication. Malgré le soin apporté à l'intrigue policière (ou on retrouve dans une bien moindre mesure le côté documenter de T-Men pour l'aspect "police scientifique"), le fade faux coupable dont on ne s'occupe guère (Steve Ryan), sa très gironde sœur cherchant à l'innocenter (Sheila Ryan) et le flic propret menant l'enquête (Hugh Beaumont) manquent singulièrement de charisme et les scènes sont trop convenues et plates peinent à susciter l'intérêt. L'attention de Mann ici est ailleurs, du côté obscur et trouble du personnage de tueur incarné par John Ireland (et dans une moindre mesure sa séduisante et torturée acolyte jouée par Jane Randolph étonnant sosie de Nicole Kidman très perturbant !). Le faciès sournois, sadique et inquiétant Ireland ajoute également toute une dimension fétichiste à son personnage. Celui-ci passe ainsi tout le film à caresser langoureusement le canon de son arme (dans un sous-entendu sexuel bien appuyé) dont il parfume carrément les balles et chacun de ses meurtres violents voit son arme tonner comme dans une explosion orgasmique frappante. Mélange de calme menaçant et de tension prête à exploser, John Ireland confère un côté pulsionnel instinctif au film qu'il vampirise totalement. On arrive ainsi à tolérer ce qui est tout de même une énorme incohérence : pourquoi donc au lieu de faire profil bas ce tueur va-t-il conter fleurette avec la sœur de celui qu'il veut faire accuser à sa place ? On a la réponse un peu plus tôt dans une scène chargée de tension sexuelle où Ireland observe la Sheila Ryan de l'accusée se battre avec la principale témoin du meurtre. Tandis que les deux femmes se débattent en arrière-plan, Mann montre la silhouette d’Ireland jouissant littéralement du spectacle dissimulé dans un coin de l'appartement. Ainsi excité par la hargne de cette femme à innocenter son frère, il va donc tenter séduction risquée.
Ces facettes sortent Railroaded! des lieux communs du genre et le tout s'avère remarquablement filmé par Mann (outre le hold-up d'ouverture la confrontation finale est bien tendue bien que trop brève) avec une superbe photo de Guy Roe (et pas John Alton comme souvent) aux noirs profonds qui ne rendent que plus inquiétantes les apparitions de John Ireland. Bon petit film noir donc même si Mann a fait mieux dans le genre. 4/6
- Jeremy Fox
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Bon et bien je vais abonder dans le même sens que tout le monde. Petite perle formaliste d'un dynamisme assez étonnant, espèce de "serial baroque", patchwork de film d'aventure, de film à suspense, de film fantastique et de film noir (avec une petite touche westernienne) tout à fait réjouissant et assez unique en son genre. Aussi vigoureux et survolté que la musique de Sol Kaplan que l'on entend dès le générique. La Révolution Française aura décidément inspiré positivement Hollywood.bruce randylan a écrit :
Pas grand chose à rajouter aux avis enthousiastes de Cathy et Daniel Greg. The black book est un exercice de style brillant, virtuose et régulièrement époustouflant servi par un tiercé gagnant Mann-Alton-Menzies tous en très grande forme.
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Comme je l'indique dans ma critique ce film possède toutes les qualités d'un thriller : intrigue soutenue, trahison, poursuites, combats et il se dégage une atmosphère particulière, oppressante. Très bonne surprise.
- monk
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
Le film (The black book) sort en DVD en mars !
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Re: Anthony Mann (1906-1967)
monk a écrit :Le film (The black book) sort en DVD en mars !
Oui, et cette unanimité confirmée ne fait qu’accroitre mon attente! Vivement le 6 mars.