Rick Blaine a écrit :Vu hier, je te rejoins en tous points, un film remarquable!!! Merci de l'avoir porté à ma connaissance.Profondo Rosso a écrit :Payroll de Sidney Hayers (1961)
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- Des gangsters pillent la camionnette blindée transportant les salaires d'une compagnie. Le chauffeur est tué. Sa femme se lance dans son enquête, parallèlement à la police.
Une redoutable série noire bien retorde qu'on retient surtout désormais pour être le premier rôle en anglais de Françoise Prévost. Le point de départ est classique. Une bande de malfrats projettent de braquer un fourgon blindé depuis longues semaines. Leurs plans sont contrecarrés par l'arrivée d'un nouveau modèle de véhicule dont la sécurité est bien plus difficile à franchir. Heureusement pour eux, il possède une taupe au sein de la compagnie avec le modeste Denis Pearson (William Lucas) qui va leur donner les plans de la camionnette afin qu'ils en trouvent les point faibles puisqu'ils sont mécaniciens dans le civil. La première partie dépeint donc la minutieuse préparation du casse et parallèlement insère des scènettes qu'on pense futiles sur le quotidien des agents de la compagnie et leur vie de famille, ainsi que des rapports orageux entre la taupe et son épouse Jackie (Françoise Prévost).
La scène de braquage, filmée au cordeau par Sidney Hayers est une merveille de tension et de violence sèche à l'issue spectaculaire. Passé ce moment, le film part dans une direction étonnante. Tout les protagonistes même les gangsters sont dépeint comme des "monsieur tout le monde". Pour les auteurs du hold-up, c'est un coup d'éclat inespéré qu'ils ne vont pas savoir gérer pour faire profil bas. L'informateur sombre dans le remord et la paranoïa tandis que son épouse par son trouble devine le fond de l'histoire et entame une liaison avec le redoutable chef de gang incarné par Michael Craig. Ce qu'ils n'avaient pas prévus, c'est la vengeance impitoyable de l'épouse d'un des convoyeurs tués. On saisit alors l'importance des apartés bucoliques du début et Billie Whitelaw femme au foyer quelconque au départ devient une veuve glaciale bien décidé à faire payer les meurtrier de son époux. Le script (adapté d'un roman de Derek Bickerton) joue intelligemment de la frêle allure du personnage en donnant un tour bien plus sournois à sa vengeance. Elle va briser psychologiquement les truands amateurs à coup de lettre anonymes, d'appel téléphonique dans le vide et de filature dans un Newcastle sinistre et grisâtre qui se prête parfaitement à cette ambiance de film noir. Billie Whitelaw est parfaite de froideur et de détermination (et un regard d'une intensité incroyable) et il est dommage que le film ne s'appuie pas plus sur elle pour laisser la place à des moments plus classiques sur l'errance et la suspicion des gangsters et aussi les manigances de Françoise Prévost un peu trop mise en avant.
Le final est redoutable d'efficacité avec notre veuve qui traque les meurtrier jusqu'à une ultime séquence jubilatoire (et qui l'absous avec un peu d'hypocrisie morale) tandis que ceux ci se seront joyeusement trahis entre eux auparavant le temps de mémorables retournements de situations. Très alerte et diablement efficace, porté par une mise en scène nerveuse de Sidney Hayers très bonne série noire. 4,5/6
Et Studio Canal oblige c'est évidemment sans sous-titres...
Et quel final n'est ce pas ? Celui là il n'a vraiment rien à envier aux meilleurs polar français produit à la même époque.