Le Western américain : Parcours chronologique II 1950-1954

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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daniel gregg
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

Euh non, il est d'occasion, aucune notice.
Sur Western movies, ils précisent que ton édition est mise à jour en 1995, et comprend donc les films réalisés après 1983, année d'édition de mon annonce.
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

daniel gregg a écrit :Euh non, il est d'occasion, aucune notice.
Sur Western movies, ils précisent que ton édition est mise à jour en 1995, et comprend donc les films réalisés après 1983, année d'édition de mon annonce.
Mon édition se termine avec Danse avec les loups, en 1990 donc. Mais bon, pour le prix, tu ne risques pas grand chose ; il y a peu de chances pour que ce ne soit pas la même chose
daniel gregg
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par daniel gregg »

Jeremy Fox a écrit :
daniel gregg a écrit :Euh non, il est d'occasion, aucune notice.
Sur Western movies, ils précisent que ton édition est mise à jour en 1995, et comprend donc les films réalisés après 1983, année d'édition de mon annonce.
Mon édition se termine avec Danse avec les loups, en 1990 donc. Mais bon, pour le prix, tu ne risques pas grand chose ; il y a peu de chances pour que ce ne soit pas la même chose

Il n'y aura peut être que des photos ! :shock: :lol:
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Jeremy Fox
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The Man from Alamo

Message par Jeremy Fox »

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Le Déserteur de Fort Alamo (The Man from Alamo, 1953) de Budd Boetticher
UNIVERSAL


Avec Glenn Ford, Julia Adams, Chill Wills, Victor Jory, Hugh O' Brian, Neville Brand,
Scénario : Steve Fisher et D.D. Beauchamp d’après une histoire de Niven Busch et Oliver Crawford
Musique : Frank Skinner
Photographie : Russell Metty (Technicolor)
Un film produit par Aaron Rosenberg pour la Universal


Sortie USA : 07 août 1953

Petite minute nostalgique principalement pour les gens de ma génération (les quarantenaires) puisque, après avoir suivi assidument et passionnément pendant plus de 16 ans l'émission présentée par Eddy Mitchell, 'La Dernière séance', nous avons appris qu'elle avait décidé de s'arrêter (pour notre plus grand malheur) ce 28 décembre 1998 avec comme film de première partie, le western qui nous concerne à cet instant, Le Déserteur de Fort Alamo. Ce ne devait pas être de gaieté de cœur que nous l'avions regardé ce jour là. Le Déserteur de Fort Alamo vient clôturer la première salve de western réalisée par Budd Boetticher avant la fructueuse et célèbre collaboration qui le liera avec Randolph Scott. Moins célèbre que celle à venir, cette première série de western tournée pour le studio Universal aura néanmoins contribuée à révéler en Boetticher un des cinéastes les plus talentueux à œuvrer dans le genre.

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Un corpus de quatre films assez différents par leurs thèmes ainsi que par les lieux et époques évoquées mais toutefois déjà sacrément intéressant et dans l’ensemble formidablement réussi si l’on excepte le décevant Seminole, pas déplaisant pour autant. On y trouve tout d'abord deux films narrant les vies tourmentées de ‘hors-la-loi’ malgré eux : The Cimarron Kid mettant en scène Bill Doolin (Audie Murphy), bandit relâché pour bonne conduite puis obligé de replonger par la faute de la jalousie d'un homme de loi ; Horizons West décrivant l’ascension d’un homme à l’ambition démesurée (Robert Ryan) n'ayant pas pu digérer la défaite de son camp lors de la Guerre de Sécession. Deux meurtriers dont on ne peut pardonner les crimes mais qui ont des circonstances atténuantes et que Boetticher faisait en sorte de nous rendre extrêmement attachants. Les deux suivants entrent un peu plus de plein pied dans la grande histoire sans cependant emprunter la voie de la fresque, trop éloignée des préoccupations de Boetticher : Seminole narrait un fait peu connu des Guerres Indiennes se déroulant du côté de la Floride ; enfin ce Man from Alamo dont l'intrigue se déroule quasiment au même moment, en 1836, l'année qui marque l'indépendance de la République du Texas, le futur état s'étant extrait du joug militaire du Mexique qui se faisait de plus en plus pressant. Et encore une fois des 'héros' pour lesquels il est aisé de ressentir de l'empathie à leur égard.

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Pendant la guerre d’indépendance du Texas, alors que la célèbre bataille de Fort Alamo fait rage, cinq combattants originaires de la ville d’Oxbow, prennent d’un coup conscience de la menace qui pèse aussi sur leurs familles restées en arrière, l’invasion des troupes mexicaines s’étant étendue vers le Nord. Dans le but d’aller mettre à l’abri leurs femmes et enfants avant qu’il ne soit trop tard, ils décident de tirer au sort celui d’entre eux qui devra quitter Fort Alamo avant que la forteresse ne tombe aux mains du généralissime Santa Anna. Le destin choisit Johnny Stroud (Glenn Ford) et celui-ci abandonne les lieux sans donner d’explications. Mais en arrivant sur place, il se rend compte qu’il a accompli tout ceci pour rien, les familles ayant déjà été toutes décimées. Un jeune mexicano, seul survivant des massacres, lui apprend que ces exactions n’ont pas été commises par des mexicains mais bel et bien par des mercenaires américains, menés par le Colonel Jess Wade (Victor Jory). Johnny n’a plus qu’une idée en tête : se venger de ces assassins. Mais entre-temps, Fort Alamo est tombé, tous les Texans y sont restés. Personne ne connaissant vraiment la raison de sa ‘désertion’, on considère dorénavant Johnny comme un couard et un traître qui ne mérite que de se faire lyncher. Alors que les femmes et enfants évacuent la ville de peur de voir arriver les troupes mexicaines, voici donc maintenant Johnny en cellule avec (le hasard faisant bien les choses) l’un des ‘massacreurs’. Il décide de profiter de cette 'aubaine' pour infiltrer le gang de Wade…

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…et nous n’en sommes qu’à peine à 20 minutes de film ! "The Man from the Alamo était assez drôle mais pas très personnel. J’ai beaucoup aimé réaliser ce film : il y avait Julia Adams, qui est une fille merveilleuse, et Chill Wills, toujours aussi drôle… Il s’agissait de la véritable histoire d’Alamo… Néanmoins, nous avons voulu en faire un film drôle pour contrebalancer le côté pathétique de l’histoire…" En lisant cette bribe d’interview donnée par Budd Boetticher à Bertrand Tavernier en 1964 (soit seulement 11 ans après la réalisation du film) et ayant vu le film, l’inquiétude vous tenaille de savoir où a bien pu se volatiliser votre sens de l’humour ! Mais la conclusion s’impose vite à vous : à 48 ans, le fameux cinéaste commençait déjà à avoir de sérieux problèmes de mémoire. En tout cas, cet entretien prouve assurément que Boetticher, le prince de la série B 'westernienne' des années 50, n’a jamais tenu son film en haute estime pour en avoir un souvenir aussi faussé. En effet, après maintes visions consécutives, je peux vous affirmer que The Man from the Alamo ne contient pas ne serait-ce qu’une ligne de dialogue humoristique, ce qui n’est d’ailleurs pas un mal au vu du sujet assez tragique, et que le personnage de Chill Wills n’est absolument pas utilisé comme faire-valoir comique comme il l'a souvent été. Mais personne ne pourra se plaindre de voir cette histoire semi-véridique alourdie par un comique pesant.

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Au contraire, Boetticher a pris assez au sérieux cette épopée de la fuite en avant de texans poursuivis par des francs tireurs passés à l'ennemi, ce qui permet au spectateur de glaner en cours de route certaines indications historiques peu connues du commun des mortels sur cet épisode de l’histoire américaine. Attention, n’allez pas croire qu’il s’agisse d’un film historique bien documenté comme son illustre successeur, mais certains faits nouveaux viennent éclairer cette période. Après un premier quart d’heure se passant à Alamo (siège que le film de John Wayne narrera en long en large et en travers -et avec quel talent !-), l’intrigue bifurque sur l’aventure de ce ‘déserteur’ malgré lui et nous apprenons entre autre que Santa Anna offrait des terres aux texans afin que ceux-ci se rangent à ses côtés, que des bandits en profitaient pour piller, vêtus de tenues mexicaines afin que la faute retombe sur les seuls envahisseurs ; que les soldats ont tous été réquisitionnés par Sam Houston pour contrer les mexicains, laissant les colons sans défense se débrouiller seuls face aux 'massacreurs'… Bref, un postulat historique intéressant à l’intérieur d’une aventure surtout individuelle.

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Dès le début du film, nous voyons apparaître le logo planétaire du studio Universal, suivi, un peu plus loin dans le générique, du nom de Aaron Rosenberg en tant que producteur. Ces deux éléments nous remémorant immédiatement les fabuleux westerns du duo Anthony Mann / James Stewart (Winchester 73 ; Les Affameurs), un sourire vient directement s’afficher sur nos lèvres. Mais il faut quand même vite remettre les choses à leur place car, s'il s'avère extrêmement plaisant, The Man from Alamo est loin d'atteindre les sommets des précédents westerns d'Anthony Mann ni même ceux auxquels s'était élevé Le Traître du Texas. On y retrouve cependant et avec grand plaisir tous les éléments 'boetticheriens' par excellence : le thème de la vengeance qui demeurera un leitmotiv chez lui ; des femmes toujours sublimement belles et touchantes (ici, Julia Adams déjà présente aux côtés de Rock Hudson dans Horizons West) ; une intrigue à la fois dense et elliptique mais à l’arrivée un film ne dépassant que rarement les 75 minutes ; une volonté de ne surtout pas faire du 'sur-western', la psychologie n’intéressant pas trop le cinéaste, se préoccupant plus de l’histoire individuelle de ces héros que de la grande Histoire pourtant présente ici comme l’évoque son titre.

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Glenn Ford (que nous n'avions pas vu souvent récemment) incarne Johnny Stroud, un homme qui assume ses choix même si ceux-ci choquent et font jaser. Il ne cherche même jamais à se justifier étant certain de la légitimité de ses décisions : c’est pour cette raison que ce personnage, plus que par sa virilité ou sa bravoure, prouve sa force. Car il démontre rarement son courage, n’explique jamais ses faits et gestes mais va de l’avant sachant exactement où il doit se diriger pour arriver à ses fins. A plusieurs moments dans le courant de l’intrigue, il devra dévier de son chemin initial mais aucune indécision dans ses retournements ; en à peine une seconde, il décide de voler au secours du convoi quitte à être démasqué par les mercenaires de Jess Wade. Et là où le personnage acquiert une dimension humaine supplémentaire, c’est au cours du seul moment dans le film, en compagnie de la belle Julia Adams, où il se met à douter du bien fondé de sa décision n’ayant abouti que sur un échec : un petit coup de cafard qui sera cependant vite balayé, l’action venant reprendre ses droits assez vite et le moment n’étant plus à l’apitoiement.

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Car comme vous avez du le pressentir, l’intrigue est riche en rebondissements et retournements de situations. Jugez plutôt par un rapide retour en arrière sur la suite de l’histoire narrée en tout début : Stroud, le 'lâche' ("The man who left The Alamo"), en route pour la potence, la bande de Jess Wade qui écume la région fait justement son entrée dans la ville pour délivrer leur comparse et piller la banque. Cependant, le magot a disparu mais Stroud en profite pour les suivre et infiltrer ainsi le gang. Il se sert de son 'statut' de traître et de couard auprès de la population pour se faire accepter par les ennemis. Ayant appris que l’argent se trouve dans le convoi en fuite comprenant femmes et enfants, Wade décide de l’attaquer. Sans aucune hésitation et sans s’en cacher (le jeune mexicain qui travaillait chez ses parents massacrés et la pulpeuse jeune femme à qui il l’a confié, faisant tous deux partie de la caravane), Johnny avertit immédiatement le convoi, empêche ainsi le guet-apens de réussir avant de passer du côté des pourchassés quitte à perdre ses chances faciles de vengeance. Alors que les soldats qui convoyaient la caravane sont réquisitionnés en dernière minute pour pouvoir participer à une offensive contre Santa Anna, Stroud se retrouve le seul homme à défendre les chariots et leurs occupants… Nous n’irons pas jusqu’à dévoiler la fin même si elle ne possède rien de bien originale, allant dans le sens de ce qu’on attend d’un western traditionnel.

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Tout ceci est très sympathique, se suit sans aucun ennui et même avec un certain plaisir car le métier du cinéaste est déjà très solide pour lui permettre de mener à bien son histoire sans bavures sur un tempo soutenu et avec un sens de l’ellipse qui lui est totalement personnel. La photo de Russell Metty, le chef opérateur attitré de Douglas Sirk mais aussi entre autres de Spartacus, The Misfits, La Soif du mal (excusez du peu) nous offre une belle palette de couleurs, la partition de Frank Skinner est pleine d’allant et les décors naturels sont bien dépaysants même si ce sont toujours les mêmes malgré l’avance du convoi. Quant au casting, made in Universal, ce qui revient à dire à l'époque, parfaitement bien choisi. Aux côtés de Glenn Ford et Julia Adams, on peut voir Victor Jory dans la peau de l'inquiétant chef des mercenaires, un Chill Wills très sobre ou un Hugh O'Brian plutôt convainquant même s'il tient le mauvais rôle du soldat borné ne croyant pas à l'histoire du déserteur. Et si vous connaissez l'intrigue par cœur, amusez vous à essayer de repérer les apparitions de Guy 'Zorro' Williams, Dennis Weaver (Duel) ou Stuart Whitman.

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De quoi se plaindre alors, allez vous me rétorquer ? La mécanique étant au départ parfaitement huilée et, à priori le personnage joué par Glenn Ford (même si celui ci manque un peu du charisme qu’il acquerra par la suite surtout avec Richard Brooks et Delmer Daves) recelant de formidables richesses psychologiques, nous ne pouvons cependant qu’être assez déçus par le traitement très conventionnel qu’a fait subir à cette intrigue passionnante le scénario de Beauchamp et Fisher qui se contente d’accumuler les scènes d’actions sans jamais vraiment faire décoller le film comme il aurait du. Les scénaristes exploitent moyennement et sans véritable rigueur tous les thèmes qu’ils avaient sous la main que ce soit au niveau historique ou purement narratif voire psychologique ; les personnages manquent donc un peu de consistance. Il en aurait certainement été autrement si Niven Busch, auteur de l’histoire et scénariste autrement talentueux, s’était attelé lui-même à l’écriture. Mais que ça ne nous empêche pas de savourer comme il se doit cette solide série B formidablement distrayante, aux scènes d’actions dégraissées et d'une redoutable efficacité, que ce soient les combats à poings nus, la mise à sac d'une ville ou les poursuites à cheval et chariots. Un très bon petit film mais un Boetticher mineur.
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Jeremy Fox
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Wings of the Hawk

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Révolte au Mexique (Wings of the Hawk, 1953) de Budd Boetticher
UNIVERSAL


Avec Van Heflin, Julie Adams, Noah Beery Jr, Abe Lane, George Dolenz, Rodolfo Acosta
Scénario : James E. Moser & Kay Lenard d’après une histoire de Gerald Drayson Adams
Musique : Frank Skinner
Photographie : Clifford Stine (Technicolor 1.37)
Un film produit par Aaron Rosenberg pour la Universal


Sortie USA : 26 août 1953

Budd Boetticher étant un fervent amateur de corrida (sa deuxième passion, encore plus grande que celle qu’il vouait au cinéma), on aurait pu penser qu’un western se déroulant au Mexique aurait dû grandement le motiver d’autant qu’il avait déjà à son actif quelques belles réussites dans le domaine, notamment les excellents The Cimarron Kid (A Feu et à sang) et surtout Le Traître du Texas (Horizons West). Mais cinq films en cette même année 1953, ce fut un peu trop pour le cinéaste et il se pourrait très bien, au vu du résultat, que sur le tournage de Wings of the Hawk , il ait été plus préoccupé d’aller voir évoluer les toreros que de se concentrer sur son nouveau film.

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Au programme de ce millésime 53, il y eut donc le sympathique La Cité sous la mer (City Beneath the Sea), le moyen mais honorable L’Expédition de Fort King (Seminole), l’excellent Le Déserteur de Fort Alamo (The Man from Alamo), A l’Est de Sumatra (East of Sumatra) ainsi que le film qui nous concerne ici, Révolte au Mexique (Wings of the Hawk). On pensait jusqu’à présent que L’expédition de Fort King était son western le plus moyen mais face à Révolte au Mexique, il ferait désormais presque office de chef-d’œuvre ! Que les spectateurs qui souhaitent voir un bon film avec pour toile de fond la révolution mexicaine se dirigent plutôt du côté du puissant et lyrique Viva Zapata d’Elia Kazan qui en fait également le sujet principal de son film. Ce qui n’est pas le cas du film de Boetticher, ce dernier pas plus intéressé par ce fait historique que son héros, un individualiste forcené. Ce qui n’est évidemment pas un défaut en soi mais autant conseiller le film de Kazan si la motivation première était de trouver un film se déroulant à cette époque et en ces lieux.

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« Voici où tout a commencé et où tout a fini. Nous possédions une mine d’or au Mexique. C’était en 1911 au bon endroit mais pas au bon moment. Le pays était en révolution. D’un côté le Colonel Ruiz (George Dolenz) à la tête de troupes pillant et tuant tous ceux qui osaient protester. Et de l’autre côté c’étaient les insurgés, des villageois et des fermiers mal armés, prêts à tout pour se sacrifier pour leur liberté. Nous étions pris entre les deux. Combien de temps nous ignoreraient-ils ? » Ainsi Irish Gallagher (Van Heflin), américain d’origine irlandaise, peu intéressé par la situation politique du pays, nous expose t’il la situation. A peine a t-il terminé son laïus qu’il découvre enfin un important filon. Juste le temps de se réjouir et voilà que le corrompu Colonel Ruiz débarque sur son domaine à la tête d’un régiment de fédérés. Ruiz propose un marché au propriétaire de la mine : le protéger contre les éventuelles attaques des rebelles en échange du partage de ses recettes à venir. Irish refuse et se voit obligé de prendre la fuite après qu’il ait entamé un pugilat avec le colonel qui avait décidé de s’emparer de la mine par la force. Alors qu’il est sur le point d’être rattrapé, les rebelles mexicains commandés par la jolie Raquel Norriega (Julie Adams) mettent en déroute les soldats par un feu nourri et s’emparent de lui pour l’amener les yeux bandés jusqu’à leur camp retranché. Ayant sauvé la vie de Raquel, gravement blessée par balles, on lui rend sa liberté mais il retombe immédiatement dans les mains des soldats…

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Difficile de résumer l’intrigue qui, aussi simpliste soit-elle, s’évapore immédiatement le film terminé tellement on s’en est très vite désintéressé. Il faut dire que le scénariste dont ce fut le seul travail d’écriture (et on peut comprendre pourquoi à postériori) n’avait visiblement aucune notion de la conduite d’un récit ni des plus élémentaires règles en matière de progression dramatique. L’histoire ne consiste qu’en une suite d’arrestation/évasion ponctuée de quelques poursuites et fusillades sans la moindre intensité, sans le moindre rythme, sans la moindre surprise, sans le moindre liant ; en revanche en matière de bavardage inintéressant, James E. Moser se serait probablement révélé assez talentueux. Boetticher a beau être mon cinéaste préféré, je ne dois pas lui chercher en la circonstance de circonstances atténuantes et donc, autant le dire d’emblée même si c’était déjà certainement clair pour tout le monde, Révolte au Mexique est un ratage total voire même tout simplement un pénible navet ! Pourtant, les dix premières minutes laissaient présager un western de bonne qualité. Un générique sur un thème de Frank Skinner plutôt inspiré ; une exposition de la situation qui semblait devoir nous dépayser un peu ; comme personnage principal, un homme égoïste et individualiste en diable (se moquant du fait que les fédérés volent les péons à condition qu'on ne viennent pas lui faire de l'ombre) qui semblait vouloir nous offrir un étonnant antihéros d'autant plus qu'il était interprété par l'excellent Van Heflin ; un bon échange de dialogues entre ce dernier et George Dolenz ; un pugilat assez efficace ; une course poursuite à cheval assez spectaculaire grâce à des cascadeurs chevronnés et filmée à l'aide de jolis travellings...

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Puis arrive Julie Adams, toujours aussi belle, vêtue en mexicaine ; dès lors, c'est l'ennui qui nous attrape et qui ne nous lâche plus jusqu'à la fin ! Plus rien à sauver des interminables et mollassonnes soixante minutes qui nous reste à passer, pas plus le scénario indigent (et ses mexicains idiots) que la mise en scène guère plus captivante que celle de n’importe quel tâcheron hollywoodien. Tout le monde a abdiqué passé le premier quart d’heure, aussi bien Budd Boetticher que Frank Skinner, aussi bien les interprètes (même si Van Heflin essaye de garder la tête haute au milieu de ce naufrage ; et une telle conviction est tout à son honneur) qu’Aaron Rosenberg qui aurait mieux fait de faire arrêter le tournage plutôt que de nous délivrer un film aussi catastrophique dont on se fiche comme d’une guigne. Restent de belles femmes (Julie Adams bien évidemment mais aussi Abe Lane dans son premier rôle), de beaux chevaux et des artificiers compétents, ces derniers semblant avoir été les seuls à vouloir travailler correctement. Tout le monde ayant très tôt jeté l’éponge, je fais de même !
someone1600
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

et ca continu avec une nouvelle chronique qui donne envie de decouvrir le film. :)
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War Paint

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La Loi du Scalp (War Paint – 1953) de Lesley Selander
UNITED ARTISTS


Avec Robert Stack, Peter Graves, Charles McGraw, Joan Taylor
Scénario : Richard Alan Simmons & Martin Berkeley
Musique : Arthur Lange & Emil Newman
Photographie : Gordon Avil (Pathécolor 1.37)
Un film produit par Howard W. Koch pour la United Artists


Sortie USA : 28 Août 1953


Alors que la troupe de cavaliers harassés qu’il commande rejoint son fort d’attache, le lieutenant Billings (Robert Stack) reçoit l’ordre de porter dans les plus brefs délais au commissaire aux affaires indiennes, Kirby, un traité de paix avec les Indiens qu’il devra à son tour remettre au chef Grey Cloud sans quoi les attaques risquent de recommencer. Ce n’est pas sans rechigner que les hommes repartent d’autant qu’en arrivant au comptoir où ils devaient retrouver Kirby ils apprennent que ce dernier n’a pas été revu depuis bien longtemps. Voilà donc la patrouille repartie à sa rencontre au milieu de paysages hostiles et désertiques, Billings décidé à porter le traité lui-même si jamais ils ne le croisent pas en route. Le détachement est accompagné dans sa mission par Taslik (Keith Larsen), le fils du chef indien qui a accepté de les guider jusqu’au campement de son père. Mais les spectateurs que nous sommes savons déjà dès la séquence pré-générique du film que Kirby a été scalpé par Taslik. Ce dernier semble vouloir conduire les Tuniques Bleues dans un piège, ce qui parait se confirmer par la présence cachée de sa sœur (Joan Taylor) aux alentours, sa complice des exactions commises au tout début de cette histoire…

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Un western militaire ‘survival’ comme on en a connu quelques-uns à cette époque, tous en quelque sorte calqués sur le modèle du film de John Ford du début des années 30, La Patrouille perdue (The Lost Patrol) dans lequel on suivait un groupe se faisant décimer au fur et à mesure de son avancée au sein d’une contrée rude et hostile, les dures conditions mettant à mal les nerfs et la santé physique et mentale des membres du détachement. Un sous-genre peu gratifiant par le fait de devoir maintenir une tension tout du long malgré la lenteur de la progression, la monotonie des arides paysages traversés ainsi qu'une sorte de systématisme vite ennuyeux consistant à faire disparaître un à un les membres du groupe par des manières différentes. D'ailleurs le film de John Ford tombait aussi à mon humble avis dans ces travers sans parvenir à captiver jusqu’au bout. La réussite du film de Selander est d’autant plus remarquable qu’il parvient au contraire 85 minutes durant à nous tenir en haleine malgré son budget très restreint et une mise en scène manquant quelque peu d’ampleur (il faut dire que le film a été tourné en seulement 10 jours).

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Malgré les apparences, aucuns spoilers dans le pitch qui précède cette critique car la séquence pré-générique qui nous plonge directement au cœur de l’action (au propre comme au figuré) place les spectateurs en avance sur les membres de la patrouille commandée par Robert "Elliot Ness" Stack en nous montrant d’emblée l’homme qu’ils recherchent se faire tuer par l’indien qui va se proposer d’aider les soldats à les conduire jusqu’à lui. Il nous est donc clairement indiqué dès le départ que notre groupe de soldats fonce sans ambages dans la gueule du loup puisque convoyé par leur pire ennemi sans qu’ils le sachent, un guerrier indien nihiliste qui ne croit plus ni à la parole des blancs ni à aucuns traités de paix. Un film qui débutait par une séquence pré-générique ce n’était déjà pas banal pour l’époque ; et lorsque celle-ci entre directement dans le vif du sujet, sans paroles mais uniquement en actions d’une rare brutalité, en ce début des 50’s ce fut sûrement encore plus surprenant qu’à tomber dessus aujourd’hui. Une scène que n’aurait certainement pas renié un Samuel Fuller ou un Robert Aldrich.

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Le film démarre donc en trombe par cette séquence mouvementée toute en tension, le sauvage conflit qui oppose en plein désert deux indiens (dont une femme) et deux hommes blancs qui se terminera par la mort des blancs, l’indien venant prendre le scalp d’un des deux cadavres alors qu’apparaît à l’écran en grosses lettres rouges sanglantes War Paint, le titre du film original que nous préférerons une fois encore au titre français peu en accord avec le récit. A une question d’un des soldats à l’indien lui demandant si ce ne seraient pas des peintures de guerre qu’il arbore sur son visage, celui-ci lui rétorque que oui mais lui fait remarquer qu’eux aussi portent des tenues de guerre (l’uniforme des soldats de l’Union). Un postulat de départ donc très simple qui voit d’un côté des soldats envoyés porter un traité de paix à un chef indien, de l’autre les enfants de ce dernier qui ne se sentent pas dupes, qui ne veulent pas une fois encore se faire humilier par les hommes blancs et leurs mensonges et qui vont tout mettre en œuvre afin que le traité n’arrive pas au campement ; pour se faire devant éliminer tous les membres de la troupe. Ils seront bien évidements grandement aidés par la nature hostile qu’ils doivent affronter et traverser, le manque d’eau, la fatigue et la chaleur suffocante allant causer bien plus de dégâts que ne l’aurait fait une simple tuerie, les soldats allant parfois même se transformer en monstres pour pouvoir survivre, pour cause de souffrances, de trop grandes privations ou encore et toujours pour l’attrait de l’or.

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Ce dernier cas de figure fera bien rire avec force sarcasmes le personnage de l’indienne interprétée par la très belle Joan Taylor, le protagoniste le mieux écrit et le plus intrigant de cette histoire, le seul personnage féminin de ce récit, détonant dans le genre par sa fougue, son intelligence, sa lucidité et sa sauvagerie. Comme dans Fort Yuma peu après, une Indienne absolument pas soumise ou naïve mais fière et déterminée, qui ne croit plus à la parole des blancs, ne supporte pas leur pitié ni leur paternalisme, une femme forte et butée qui n’hésitera pas à employer tous les moyens pour empêcher la troupe d’arriver à bon port, ne faisant pas plus confiance à ce traité de paix qu’à la dizaine précédemment apportés. Les autres personnages possèdent pour certains eux aussi leurs zones d’ombres y compris le lieutenant Billings pourtant fidèle à ses hautes valeurs morales mais dont certains ont dû pâtir faute à sa trop grande rigidité et sa détermination butée, comme ses hommes parfois malmenés ainsi que son épouse qui semble l’avoir quitté pour avoir été un peu trop délaissée au profit de l’armée et de ses devoirs. Dommage que pour l’incarner, Robert Stack ne soit pas un comédien plus talentueux même s’il assure assez bien le job dans ce western. En revanche l’interprétation de Ketih Larsen dans le rôle de l’indien Taslik est très convaincante même si certains se plaindront que le comédien ne fasse pas plus indien que vous et moi.

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Dans ce War Paint, on trouve comme dans de nombreux des westerns de Selander, pas mal de petits d’éléments inhabituels (outre l’introduction et le personnage de l’indienne, le personnage du cartographe rarement vu dans un film du genre), un tournage presque entièrement en extérieurs (sauf pour les scènes nocturnes), quelques pistes de réflexions intéressantes sur le conflit indien, les points de vue de chaque camp et une violence assez inaccoutumée pour l’époque, celle-ci ayant d’ailleurs souvent fait réagir la censure. Bien évidemment, aujourd’hui tout cela paraîtra anodin mais les films de Selander étaient vraiment plus crus que la moyenne durant ces années-là, témoins aussi des personnages principaux souvent assez durs et malsains (celui joué ici par Peter Graves). War Paint est donc encore un western assez curieux malgré le fil directeur de l'intrigue d’une grande simplicité, le voyage à haut risque d’une colonne de la cavalerie américaine pour porter un traité de paix aux indiens à travers des territoires hostiles et désertiques, ceux en réalité de la célèbre Death Valley et ses paysages impressionnants de sauvage et aride nudité très bien utilisés par le chef opérateur Gordon Avil. Comme l’était Fort Osage l’année précédente, une des premières séries B pro-indienne aucunement paternaliste ni manichéenne avec ici encore un postulat de départ assez intéressant et - ce qui était assez culotté en l'occurrence pour ce film-ci - sans aucune romance malgré une femme magnifique parmi les personnages principaux. Encore un budget dérisoire et un nombre de personnages plus que restreint, des contraintes qu’arrivent à contourner de la plus belle des manières Selander et ses deux scénaristes, Richard Allan Simmons (Le Roi et 4 reines de Walsh) et Martin Berkeley (collaborateur régulier de Jack Arnold).

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Avec en à peine une trentaine d’années une centaine de westerns à son actif, dont beaucoup de "bandes" tournées à toute vitesse avec les héros de serials qu’étaient Hopalong Cassidy, Lone Ranger ou Kit Carson, le prolifique Lesley Selander en a certes réalisé quelques-uns de très mauvais mais il signa également d’autres petites pépites méconnues telles l'étonnant Shotgun, l'amusant Panhandle, le plaisant Tall Man Riding, l’efficace The Raiders ou encore le très sombre et passionnant Fort Osage, très belle réussite du western en faveur des natives regorgeant de détails insolites et bénéficiant d'un solide scénario. Plus je découvre de nouveaux films de Selander, plus je me dis avec une curiosité non dissimulée que sa filmographie doit encore contenir quelques titres assez jubilatoires, et que l’on a un peu trop vite eu tendance à classer le cinéaste parmi les tâcherons du genre. La preuve, dans leur livre sur la série B, Pascal Merigeau et Stéphane Bourgoin écrivaient du cinéaste : "On se demande pourquoi diable Selander aurait soudain réalisé un bon film. […] Selander, soyons justes, tourna tout de même autre chose que des westerns, mais avec un égal malheur..." La sortie du rare et méconnu - tout du moins en nos contrées - War Paint (La Loi du scalp) vient une fois encore démentir ce raccourci qui n’a vraiment pas lieu d’être lorsque l’on se met à défricher un peu plus consciemment la filmographie du bonhomme. Car s’il ne s’agit certes pas d’un chef d’œuvre méconnu du western, loin s’en faut, nous nous trouvons néanmoins devant une série B intelligente, efficace, nerveuse et de très honnête facture dont la découverte devrait en ravir plus d’un. Donc messieurs les éditeurs, n’hésitez pas à creuser ce sillon et par exemple Fort Osage serait le bienvenu lui aussi sur nos galettes numériques préférées. Merci par avance !
O'Malley
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Re: The Man from Alamo

Message par O'Malley »

Jeremy Fox a écrit :Un très bon petit film mais un Boetticher mineur.
Plus revu depuis sa diffusion, l'après-midi, à La dernière séance (assez sympa d'ailleurs de commencer sur le fait que le film de Boetticher a quasiment cloturé l'émission) mais mon ressenti de l'époque est finalement proche de ton analyse...
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Jeremy Fox
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The Stand at Apache River

Message par Jeremy Fox »

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Soulèvement en Arizona (The Stand at Apache River – 1953) de Lee Sholem
UNIVERSAL


Avec Stephen McNally, Julie Adams, Hugh Marlowe, Edgar Barrier, Hugh O'Brian
Scénario : Arthur A. Ross
Musique : Frank Skinner
Photographie : Charles P. Boyle (Technicolor 1.37)
Un film produit par William Alland pour la Universal


Sortie USA : Septembre 1953


En septembre 1953 sortait un deuxième western signé Lee Sholem après que le réalisateur ait lui même donné le coup d'envoi de cette cuvée westernienne dès le 02 janvier avec The Redhead of Wyoming (La Belle rousse du Wyoming), le premier de ses films qui évoluait au-dessus de la série Z, ayant auparavant réalisé deux Tarzan avec Lex Barker ou un Superman à la réputation de ridicule nanar. Ce film, avec Maureen O'Hara en haut de l'affiche et dans le rôle-titre, était un honnête divertissement en Technicolor narrant les conflits entre deux groupes d'éleveurs, s'inspirant avec fantaisie de faits historiques connus sous le nom de ‘The Johnson County War’, des évènements tragiques que racontera Michael Cimino en 1980 dans son célèbre et magnifique La Porte du paradis (Heaven’s Gate). The Redhead of Wyoming était tout à fait conventionnel mais plutôt efficace grâce à un scénario bien écrit, à une intrigue bien menée, à une bonne interprétation d'ensemble et à une mise en scène honorable. La question que je me posais alors était de savoir à qui prioritairement imputer cette petite réussite : au cinéaste habituellement spécialisé dans la série Z ou bien à son assistant, un nommé Jesse Hibbs qui deviendra par la suite un honnête artisan de série B, un des réalisateurs fétiches d'Audie Murphy ? Les deux hommes étant de nouveau réunis pour Soulèvement en Arizona (titre français encore une fois assez peu approprié à l'intrigue), la réponse me paraît désormais plus claire : à aucun des deux ! Plutôt au scénariste Herb Meadow et surtout au producteur Leonard Goldstein qui n'en était pas à sa première réussite dans le domaine, ayant déjà été, entre autres, à l'origine de très bons westerns de George Sherman entre 1948 et 1952. William Alland en revanche, moins aguerri que son collègue, semble n'avoir eu aucune influence sur ce deuxième western de Lee Sholem qui se révèle catastrophique à tous les niveaux alors qu'officient aux différents postes techniques la même équipe habituelle supervisée par la même direction artistique. Alors que s'est-il passé ?

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Dans les collines du désert de l'Arizona, le shérif Lane Dakota (Stephen McNally) réussit enfin à capturer le meurtrier présumé Greiner (Russell Johnson) qu'il sauve d'une attaque indienne au cours de laquelle il a été blessé à l'épaule. Les voilà repartis, Lane souhaitant ramener son prisonnier en ville afin qu'il y soit pendu. Sur le chemin du retour, ils doivent faire une halte au relais de Apache River. En même temps qu'eux, s'y arrêtent aussi pour la nuit les passagers d'une diligence, Valeria Kendrick (Julie Adams), une femme de l'Est étant venue dans ces contrées rencontrer le mari qu'on lui destine, ainsi qu'un officier de cavalerie, le Colonel Morsby (Hugh Marlowe), qui hait viscéralement la race indienne. La propriétaire du relais, Ann, est heureuse d'avoir enfin la 'visite' d'une femme ; elle lui raconte ne plus supporter cette vie solitaire dans ce coin sauvage et reculé, son époux étant de plus sans arrêt par monts et par vaux. Elle prépare sa fuite avec le jeune homme qui l'aide à tenir l'endroit. Mais tout le ce petit monde va se retrouver bloqué. En effet, un petit groupe d'une cinquantaine d'indiens s'étant enfui de la réserve de San Carlos arrive lui aussi aux abords du relais. Ne souhaitant que faire du troc pour pouvoir se nourrir décemment, ils vont se trouver confrontés à la haine du Colonel Morsby qui arrive à convaincre ses compagnons de voyage de ne céder à aucune de leur demande mais au contraire de les repousser par les armes, n'ayant aucune confiance en leurs intentions pacifiques. Même s'il est d'un naturel non belliqueux, le chef Cara Blanca ne va pas se laisser faire et va organiser un blocus. Voilà ce petit microcosme de huit américains confiné dans un relais de diligence avec la menace indienne tout autour...

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L'équipe en son ensemble aurait elle trouvée le scénario tellement mauvais qu'elle aurait eu l'idée vengeresse de saborder le film ? C'est bien évidemment une supposition toute aussi saugrenue de ma part mais au vu du résultat, il faut bien avouer qu'il m'est arrivé de me poser la question durant une bonne partie du film. Il s'agit d'un western démarquant dans les grandes lignes l'excellent Quand les tambours s'arrêteront (Apache Drums) d'Hugo Fregonese, l'église au sein de laquelle les protagonistes de ce dernier se voyaient cloîtrés étant ici remplacée par un relais de diligence auquel on arrive d'un côté par un bac traversant une rivière (ce qui s'avère une idée topographique assez intéressante). Après le générique qui reprend la même musique rythmique et tribale accolée sur les mêmes plans de tambours indiens martelés, les premières scènes superbement photographiées par Charles P. Boyle de la poursuite à cheval du hors-la-loi par le shérif dans le désert de l'Arizona pouvaient nous laisser présager un western tout à fait honnête si déjà des erreurs de raccords et un montage parfois incompréhensible ne commençaient à nous mettre la puce à l'oreille : il nous aura fallu quelques secondes pour nous rendre compte que nous ne suivions pas un seul cavalier traversant ces immenses étendues mais deux, l'un étant à la poursuite de l'autre. Le combat qui s'ensuit contre les indiens s'avère tellement pauvre et sans vigueur, les cascadeurs tellement incompétents, que l'on continue à se poser de plus en plus de questions. Qu'à cela ne tienne, l'intrigue principale ne semble vraiment démarrer qu'à l'arrivée au relais de Apache River qu'il nous est donné de découvrir par l'intermédiaire d'une toile peinte pas très discrète. Et dès cet instant, l'ennui s'installe pour ne plus nous lâcher. Il nous aura fallu à peine cinq minutes pour nous rendre compte que ce western sera mauvais et, malgré toute la meilleure volonté du monde pour s'y raccrocher, ce sera peine perdue, le film se révélant minable à tous les niveaux, seule la garde-robe technicolorisée et rutilante de la charmante Julie Adams arrivant à nous sortir de notre torpeur à condition d'avoir accepté la 'suspension d’incrédulité'. Car, qui, au sein d'une situation aussi tendue et aussi dangereuse, aurait pu penser à changer de costume toutes les cinq minutes ?

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A part cet élément, rien d'autre à sauver de ce western dont les intentions étaient pourtant honorables en traçant un portrait effrayant du colonel raciste, en se mettant du côté des indiens malgré le fait qu'ils se trouvent obligés de détruire les occupants du relais, en abordant des thématiques telles la justice, la présomption d'innocence, la condition de vie des Indiens d'Amérique... Les intentions sont bien là mais elles ne font pas forcément les bons films ; et le résultat est calamiteux déjà par le fait d'avoir fait interpréter le chef indien par Edgar Barrier, plus grotesque qu'attachant ; il en va de même pour tout le casting. Si Stephen McNally et Julia Adams ne s'avèrent que ternes (mais comment ne pas l'être lorsque l'on doit se glisser dans la peau de personnages aussi mal écrits ? ), le reste des comédiens nous fait un peu pitié, en tête l'insupportable Jaclynne Greene ainsi que Hugh O'Brian qui joue son époux, mais également un acteur habituellement plutôt bon, Hugh Marlowe, qui a rarement autant mal cabotiné dans la peau de cet officier de cavalerie haineux. Dans tous les autres domaines, excepté les superbes éclairages de Charles P. Boyle (Tomahawk), c'est la même misère à commencer par Frank Skinner qui se révèle être le pendant de David Buttolph pour la Warner, à savoir le compositeur que l'on semble choisir lorsque les autres, plus talentueux, sont déjà pris. Scénario bancal et foireux, situations peu crédibles, enjeux dramatiques sans grande conséquence par le fait de n'accrocher à aucun protagonistes dont on a d'ailleurs beaucoup de mal à comprendre les motivations et les réactions (sans que ce soit fait volontairement), dialogues ridicules, montage calamiteux, rythme au point mort, mise en scène indigente, sens de l'espace inexistant (on a beaucoup de mal à appréhender la topographie des lieux de l'action qui a sans doute été très mal étudiée), etc. Et on pourrait continuer de la sorte pendant longtemps à propos de ce western au budget de série B qui fait plus penser à de la série Z ! Mais n'ayant pas grand chose de plus intéressant à dire sur un film qui ne l'est jamais, et ne voulant pas causer plus de peine à ceux qui l'apprécieraient, je préfère arrêter les frais dès maintenant.
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par someone1600 »

Jeremy Fox a écrit :
someone1600 a écrit :et ca continu avec une nouvelle chronique qui donne envie de decouvrir le film. :)
Toujours inclu dans le même coffret Classic Western Round up pour un prix dérisoire :wink:

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promis je vais l acheter. :)
O'Malley
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Re: The Man from Alamo

Message par O'Malley »

Jeremy Fox a écrit :
O'Malley a écrit :
Plus revu depuis sa diffusion, l'après-midi, à La dernière séance (assez sympa d'ailleurs de commencer sur le fait que le film de Boetticher a quasiment cloturé l'émission) mais mon ressenti de l'époque est finalement proche de ton analyse...
Pourquoi parles tu de l'après midi ?
Le premier film de l'émission avait été diffusé exceptionnellement l'après-midi alors que la seconde partie (Seul contre tous de Jesse Hibbs, un western Universal très plaisant avec John Payne, que j'avais même préféré au film de Boetticher)avait été diffusé en seconde partie de soirée, après Ben-Hur, qui n'avait rien à voir avec l'émission.
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City of Bad Men

Message par Jeremy Fox »

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La Cité des tueurs (City of Bad Men – 1953) de Harmon Jones
20TH CENTURY FOX


Avec Dale Robertson, Jeanne Crain, Richard Boone, Lloyd Bridges, Carole Mathews
Scénario : George W. George & George F. Slavin
Musique : Cyril J. Mockridge
Photographie : Charles G. Clarke (Technicolor 1.37)
Un film produit par Leonard Goldstein pour la 20th Century Fox


Sortie USA : 11 Septembre 1953


Harmon Jones, avant de se lancer dans la réalisation en 1951, fut un monteur plutôt bien coté, ayant surtout travaillé pour Henry Hathaway (La Maison de la 42ème rue ; 13 rue Madeleine), William Wellman (La Ville abandonnée – Yellow Sky), Joseph Mankiewicz (La Maison des étrangers) et surtout Elia Kazan (Boomerang, L'héritage de la chair, Panique dans la rue). Sa filmographie en tant que cinéaste ne sera constitué que de 14 longs métrages dont le plus 'connu' (pour cause de diffusion télévisée principalement) est peut-être La Princesse du Nil, fantaisie orientale avec Debra Paget et Jeffrey Hunter. L'année précédente, en 1953, il réalisera deux westerns : celui qui nous concerne ici et peu de semaines avant, déjà avec Dale Robertson, The Silver Whip. Rien de bien fameux à priori, ce que vient confirmer ce City of Bad Men loin d'être désagréable grâce surtout à des situations originales et inédites, mais très quelconque au niveau de la mise en scène et de sa galerie de personnages. Il s'agit d'une série B produite par Leonard Goldstein qui avait à cette occasion quitté la Universal pour laquelle il avait abondamment travaillé durant la période faste du studio dans le domaine du western (1948-1952) avec à la clé quelques réussites telles que Bandits de Grands Chemins (Black Bart), La Fille des prairies (Calamity Jane & Sam Bass) ou Tomahawk, tous trois signés George Sherman, ou bien encore le sympathique Duel sans merci (Duel at Silver creek) de Don Siegel... La Cité des tueurs est un western dont l'intrigue se déroule alors qu'un match de boxe important va avoir lieu, celui opposant James Corbett (le fameux gentleman Jim interprété par Errol Flynn dans le chef-d’œuvre de Raoul Walsh) et Bob Fitzsimmons. Un postulat de départ déjà bien intriguant.

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Mars 1897. Brett Stanton (Dale Robertson) et son gang -incluant son frère Gar (Lloyd Bridges)- reviennent du Mexique où ils pensaient amasser une belle cagnotte ; ayant combattus 'du mauvais côté', ils rentrent bredouilles au pays. Mais Brett n'est pas à court d'idées et il propose à ses hommes d'aller attaquer la banque de la paisible Carson City, sa ville natale dans le Nevada. Quelle n'est pas leur surprise lors de leur arrivée dans 'leur petite ville endormie' de découvrir celle-ci en liesse, des milliers de personnes la parcourant en tout sens ! Toute cette foule se prépare à assister à un événement sportif de première importance, un match de boxe opposant deux champions du monde en titre, Jim Corbett et Bob Fitzsimmons. Les autorités de la ville s'inquiètent de voir, outre le retour de la bande de Stanton six ans après son départ, l'arrivée de deux autres redoutables gangs de hors-la-loi dont celui dirigé par Johnny Ringo (Richard Boone). Les managers des boxeurs étant inquiets de la présence de tant de bandits, et pour éviter que le match tant attendu soit annulé à cause de la violence qui pourrait être occasionnée par le sang chaud de ces outlaws, le shérif décide de faire des trois chefs-de gang ses adjoints le temps que l’événement ait lieu afin qu'ils puissent eux-mêmes tempérer leurs hommes, tous espérant assister au spectacle. Si Brett accepte, c'est pour la bonne et simple raison qu'il a tout intérêt à ce que le match ait lieu ; en effet, abandonnant l'idée de l'attaque de la banque, il a imaginé de s'emparer de l'argent de la recette du combat, ce qui représentera une fort coquette somme. Il se pose néanmoins des problèmes de conscience depuis qu'il a retrouvé la femme qu'il aime, la jolie Linda Culligan (Jeanne Crain), qui travaille désormais pour l'organisateur de cet événement sportif...

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Même si ça a déjà été fait à maintes reprises par le passé quant il s'agissait de tracer des portraits romantiques des grands bandits de l'Ouest, une bonne idée de départ que de faire des hors-la-loi les personnages principaux de l'histoire et surtout de les faire arriver au sein d'une ville habituellement paisible, aujourd'hui grouillante et débordante de monde, ses habitants étant excités par un combat de boxe qui a d'ailleurs vraiment eu lieu dans la réalité à cette date et en ce lieu et qui vit la victoire de Bob Fitzsimmons. La description d'une Carson City populeuse par l'intermédiaire du regard des bandits qui traversent lentement sur leurs montures sa rue principale, étonnés de tout ce qu'ils voient à chaque pas et de chaque côtés, est excellement bien vue. Ils découvrent tour à tour et les yeux écarquillés l'avancée de la civilisation au travers des saltimbanques, des danseuses orientales, une femme qui vante les mérites d'une baignoire, des prostituées réunies sur un balcon, une roulette (Chuck-a-luck)sortie sur le trottoir ou encore une des premières automobiles... Les chevaux ont du mal à se frayer un chemin au milieu de cette foule bigarrée et compacte. Notre gang de six outlaws (dont deux frères et deux bandits mexicains recherchés dans leur pays) pénètre alors dans un saloon bondé, sont témoins et victimes des dommages collatéraux causés par la prospérité comme l'inflation, le prix du whisky se voyant doublé du jour au lendemain. Pas facile non plus de trouver des chambres d'hôtels de libres, les six hommes se voyant obligés de partager la même, d'autres bandes allant même les déloger, s'arrogeant ce droit en prétextant le manque de place. Cette description de la ville débordée et en liesse, de ce microcosme grouillant, est vraiment passionnante (et l'élément le plus captivant du film) d'autant que la tension est à son comble, les incontrôlables accès de violence pouvant éclater à tout instant, occasionnés par le fait de se faire côtoyer des 'Bad Men' de plusieurs équipes ennemies, se détestant cordialement les uns les autres ("Well, if the killing starts, you can forget about your fistfight. This town will empty like a cyclone hit it.") D'autres situations originales et mêmes inédites dans le western comme celle des trois chefs de gang se voyant épinglés une étoile de shérif le temps de l’événement sportif afin qu'ils aient à l’œil leurs propres hommes ("I got a feeling that the real fight is going to be outside of the ring.").

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Une intrigue basée également sur la préparation d'un coup et qui aurait très bien pu provenir d'un film noir. Quant au match de boxe, il s'agit également d'une première au sein d'un western ; malheureusement les amateurs de ce sport devront se faire à l'idée qu'ils n'auront rien à se mettre sous la dent à ce niveau, le combat étant filmé sans aucune conviction ni vigueur et l'ensemble des plans le concernant ne devant pas excéder 30 secondes. La mise en scène est d'ailleurs l'élément le plus faible de ce western qui se suit sinon avec un certain plaisir. Harmon Jones tente bien deux ou trois choses (comme ce montage parallèle entre deux parties de cartes ou encore la mise en place de quelques trouvailles visuelles et sonores lors de l'affrontement final entre Dale Robertson et Richard Boone) mais dans l'ensemble se révèle piètre réalisateur, son western étant assez platement filmé. Vraiment dommage car par ailleurs le scénario est plutôt bien écrit et les personnages assez intéressants, notamment les deux protagonistes féminins qui n'ont malheureusement que peu de temps de présence à l'écran. Frustrant aussi d'avoir sous-employée Jeanne Crain qui s'avère une fois de plus impeccable, aussi convaincante que mignonne ; les scènes qu'elle partage avec Dale Robertson sont vraiment très réussies dramatiquement parlant. Le personnage de sa 'belle-sœur' joué par Carole Mathews n'est pas en reste ; une femme d'âge mûr qui n'a pas froid aux yeux et qui tente de faire tomber dans ses filets l'ex-amoureux de la fiancée de son frère. Quant au reste du casting, avec une multitude de trognes connues (même si leurs noms le sont moins), il ne fait pas d'étincelles mais s'avère tout à fait acceptable à l'exemple de Dale Robertson, très peu charismatique mais néanmoins tout à fait convenable. Les amateurs de Richard Boone seront un peu déçus de le voir si peu mais ceci peut très bien s'expliquer puisqu'il n'en était qu'en tout début de carrière.

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Sinon, si vous pensez connaître la musique endiablée que vous entendrez au générique, il s'agit tout simplement de celle du générique de La Cible humaine (The Gunfighter) avec Gregory Peck, réorchestrée un minimum. Autre élément commun au deux films, le bandit Johnny Ringo. Harmon Jones et ses scénaristes (le même duo ayant pondu le plaisant script de The Nevadan de Gordon Douglas) ont-ils voulu rendre hommage au superbe western d'Henry King ? Ce n'est pas impossible puisque également, les paysages rocheux de la seule séquence qui se passe à l'extérieur de la ville (la première, celle de l'arrivée des bandits) rappellent un peu ceux de l'unique scène du film d'Henry King se déroulant aussi hors du périmètre urbain. Quoiqu'il en soit, les deux films ne concourent pas dans la même catégorie et même si City of Bad Men est plaisamment troussé, il ne pourra plaire qu'à un nombre restreint de spectateurs, même pas à tous les westerners aguerris mais à la frange plus sensible aux dialogues (intelligemment écrits la plupart du temps) qu'à l'action parfois un peu confuse et sans efficacité. Mais répétons le, un western qui met en scène des situations constamment intéressantes et qui en profite pour nous questionner brièvement sur l'avancée de la civilisation à l'orée du 20ème siècle.

William Brady, le manager d'un des boxeurs, ne comprenant pas l'inquiétude des notables de la ville : "- But this isn't the wild west anymore. Jesse James is dead. You haven't got the Pony Express, you got railroads now. You even got an automobile in town. You're talking in the past. Civilization is here."

Sheriff Gifford lui rétorquant à propos des 'Bad Men' : "- So are they! And they are not interested in civilization!"
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Jeremy Fox
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Jeremy Fox »

someone1600 a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Toujours inclu dans le même coffret Classic Western Round up pour un prix dérisoire :wink:

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promis je vais l acheter. :)
Le volume 1 est encore meilleur, comprenant un chef d'œuvre (Canyon passage) et un Walsh qui s'en approche (The Lawless breed)
O'Malley
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Re: The Man from Alamo

Message par O'Malley »

Jeremy Fox a écrit :Je n'en avais plus souvenir ; merci de raviver ma mémoire défaillante :wink:
De mon côté, je me souviens très bien de tout ce que j'ai vu il y a 15 ans mais je mets bcp de temps pour me rappeler le film que j'ai vu la semaine dernière...comme les vieux! :mrgreen:
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Kevin95
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Re: Le Western américain : Parcours chronologique Part 2 (50

Message par Kevin95 »

Si le film ne reste pas forcement dans les mémoires, le choix d'un héros pour le moins insolite dans le genre reste pour moi un élément sacrement marquant. L'idée de choisir un homme qui s'illustre pour ne PAS avoir participé à un événement fondateur et où une bonne partie du film consiste à filmer l’humiliation contente dont est victime Glenn Ford, c'est émotionnellement très fort. Si Budd Boetticher n'est pas spécialement considéré comme un progressiste, le scénario en dit long sur un courant de pensée aux États-Unis et ce en pleine chasse aux sorcières.

Sont fustigés les jugements à l'emporte pièce sur la "lâcheté" du héros tout comme vont l'être les vues trop rapides de Randolph Scott sur le maris absent dans Comanche Station.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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