Voici, juste pour le fun et en ce jour de réveillon, quelques parallèles visuels possibles dans les films de Scott. Histoire, comme dirait DannyBiker, de se secouer la nouille sur des trucs inutiles.
L'Urbs
Gladiator (2000) /
Blade Runner (1982)
Les empereurs (Commode, Tyrell) surplombent depuis leur palais une puissance urbaine s'exprimant dans la monumentalité de ses architectures. La Rome antique ou le Los Angeles de 2019 participent par-delà le temps de la même idée d'accomplissement de la civilisation mais aussi de décadence qui peut la guetter. La Ville est ici plus qu'un simple phénomène spatial de rassemblement (mixité des cultures dans
Gladiator comme dans
Blade Runner) et d'organisation des individus, c'est un véritable concept à elle seule, une entité symbolique et autarcique qui se nourrit de sa propre puissance. On relèvera la grande ressemblance architecturale entre les appartements de Tyrell et ceux de Commode.
Le divertissement du Roi
Kingdom of Heaven (2005) /
Blade Runner (1982)
Bien sûr, le jeu d'échecs charrie tout un cortège de métaphores, qui sur le plan cinématographique nous renvoient spontanément vers
Le Septième Sceau. "Le monde entier est dans les échecs", philosophe Baudoin IV. Dans leurs palais de solitude, le roi de Jérusalem et le monarque démiurge de 2019 se mesurent à un humble dans une partie plus mentale que ludique. De la situation en Terre Sainte au combat interposé entre un géniteur et sa création, la partie met symboliquement en jeu la Cour du Roi, donc son royaume. La mise en échec de Tyrell annonce sa fin future et celle de son utopie babylonienne, tandis que le Roi au masque d'argent enseigne à son chevalier la patience, la réflexion du geste ainsi que la vanité des grandeurs lors du combat.
Le meurtre du père
Blade Runner (1982) /
Gladiator director's cut (2000)
Dans
Legend, le Seigneur des Ténèbres se place continuellement sous le patronage d'une figure paternelle abstraite qu'il maudit de ne pas le sauver lorsqu'il est vaincu. Le thème du désamour père-fils serpente dans de nombreux films de Ridley Scott et trouve probablement son illustration la plus marquante dans les deux films ci-dessus. Il a sans doute quelque chose de freudien dans ce passage à l'acte parricide par le fils prodigue mais mal-aimé. En tout cas, le cérémonial, si je puis dire, est dupliqué scrupuleusement par Scott dans les deux scènes, où Roy Batty, tourmenté, embrasse son créateur avant de s'en prendre à son visage, tandis que Commode, dans cette scène de la version longue, burine rageusement le buste de son père Marc Aurèle, avant d'éclater en sanglots et d'embrasser l'effigie de marbre. A noter que la figure maternelle peut être aussi, potentiellement, problématique. Dans
Alien, l'ordinateur de bord MO-TH-ER joue contre ses "enfants".
Le clin-d’œil visuel
Alien (1979) /
Blade Runner (1982)
Reprise de cette image d'un écran de contrôle en forme de private joke pour initiés.
Blade Runner (1982) /
Legend (1985)
Et si
Legend était sur 1h50 le rêve de Deckard méditant sur son piano ?
Les clins-d’œil décoratifs
Black Rain (1989) /
Blade Runner (1982)
Blade Runner (1982) /
Legend (1985)
Apparemment, Scott aurait demandé à son décorateur de réutiliser les piliers de
Blade Runner (dont également ceux de la Tyrell Corporation) et de les maquiller pour
Legend.
A la table du Diable
Legend (1985) /
Hannibal (2001)
J'en avais parlé une ou deux pages avant. Dans les deux films, l'héroïne se retrouve invitée dans un dîner cauchemardesque mis en scène avec suavité par une figure du Mal, le Seigneur des Ténèbres dans l'un, le docteur Lecter dans l'autre. Le cérémonial a une coloration de romantisme perverti et l'enjeu, pour le personnage féminin, est de pouvoir surmonter cette épreuve. Le découpage particulier de la robe noire dans les deux cas achève la similitude.
Tiens, j'y pense, un autre parallèle pourrait être fait entre la fin originale de
Blade Runner et celle de
Kingdom of Heaven. Dans les deux cas, le héros et sa bien-aimée en manteau de fourrure sont contraints de fuir la "Ville" et partent vers un inconnu plus... rural.