Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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julien
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Re: Le cinéma muet

Message par julien »

Ann Harding a écrit :Juste un détail: le nom du réalisateur est Walter Ruttmann. :wink:
Ah mais oui bien sûr. Walter Schumann ça n'a rien à voir. A cette époque, j'ai l'impression que c'était un genre très en vogue le documentaire symphonique. J'ai vu d'ailleurs qu'il y en avait eu d'autres comme Paris Londres de Jean Arroy ou encore Saô Paulo, symphonie d'une métropole d'Alberto Kermany.
Dernière modification par julien le 28 nov. 11, 15:43, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma muet

Message par Tancrède »

julien a écrit :
Ann Harding a écrit :Juste un détail: le nom du réalisateur est Walter Ruttmann. :wink:
Ah mais oui bien sûr. A cette époque, j'ai l'impression que c'était un genre très en vogue le documentaire symphonique. J'ai vu d'ailleurs qu'il y en avait eu d'autres comme Paris Londres de Jean Arroy ou encore Saô Paulo, symphonie d'une métropole d'Alberto Kermany.
ou A propos de Nice de Jean Vigo
c'est quand même pas des films très passionnants.
julien
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Re: Le cinéma muet

Message par julien »

Pour ces films, je ne sais pas s'il y a eu des musiques originales qui ont été écrites spécialement mais je trouve qu'en général, ça donne bien plus de relief. J'avais déjà vu quelques séquences du film de Ruttmann en muet et franchement avec la partition de Meisel ça gagne beaucoup plus en expressivité. Ça n'a rien à voir. Meisel a été l'un des premier compositeur à avoir cherché l'interaction entre la musique et l'image, dommage qu'il soit mort si jeune. J'ai jamais su aussi s'il y avait eu une musique originale écrite pour l'Homme à la Caméra. Dans les versions que l'on peut voir, il ne s'agit que de réinterprétations fait par des compositeurs contemporains comme Pierre Henry ou Michael Nyman.
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Re: Le cinéma muet

Message par Music Man »

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HELEN’S BABIES de William A SEITER – 1924
Avec Baby PEGGY, Edward Everett HORTON et Clara BOW

L’auteur d’un manuel sur l’éducation des enfants est chargé de garder ses petites nièces qui vont lui en faire voir de toutes les couleurs…

Avant le triomphe de Shirley Temple, une autre gamine remporta un beau succès dans les années 20 : c’est Baby Peggy, une mignonne et espiègle brunette (qui demeure d’ailleurs une des dernières stars du muet toujours en vie). Elle cumule les bêtises dans ce film : tente de récupérer sa poupée en grimpant dans un arbre, joue avec le rasoir de son oncle, se balade sur la voie ferrée. Même si la petite actrice est adorable et joue naturellement, je ne lui ai rien trouvé d’exceptionnel et vraiment ses séries d’âneries, filmées avec mollesse par W A Seiter (qui a réalisé beaucoup de parlants…notamment avec Shirley Temple !), ont fini par m’ennuyer. Il est néanmoins agréable de retrouver un jeune Edward Everett Horton, avant ses rôles de valets dans les films de Fred Astaire et ses comédies de Lubitsch. Il avait déjà son fameux air ahuri. Clara Bow n’a rien encore de la vamp coquine qu’elle incarnera peu après.
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Ann Harding
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

J'ai vu récemment deux documentaires de factures fort différentes.

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Silent Britain (2006, Matthew Sweet) production BBC

Ce documentaire produit par la BBC, et publié par le BFI, a pour but affiché de tordre le cou aux préjugés tenaces qui perdurent sur le cinéma muet britannique. Ayant déjà vu quelques grands films de l'époque muette réalisé en GB, je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les anglais ne savaient pas faire du cinéma. Par contre, il est vrai qu'ils ont toujours souffert de manques de moyens et de la compétition des USA qui leur prennaient leurs meilleurs talents. Le présentateur et auteur du documentaire, Matthew Sweet, utilise constamment des phrases toutes faites pour nous convaincre que le cinéma anglais des origines a tout inventé avant les autres. Malheureusement, ses démonstrations sont dépourves de preuves tangibles. Nous harpentons avec lui les rues de Londres à la recherche des premiers studios des pionniers. Ensuite, la réalisation se contente de filmer le narrateur face à l'écran de son ordinateur visionnant des extraits de films. Si je mentionne cela, c'est que la réalisation de ce documentaire aurait certainement convenu à un programme de bricolage, mais pour un documentaire qui se veut sérieux sur l'histoire du cinéma, c'est vraiment le degré zéro de la réalisation. Heureusement, le documentaire contient nombres d'extraits de films qui sont très intéressants. Le présentateur omet souvent le nom des réalisateurs. Il faut dire que sa belle théorie sur le '100% British cinema' est mise à mal par le fait que les studios grand-bretons de la fin des années 20 rengorgeaient de metteurs en scène allemands (comme E.A. Dupont et Arthur Robison) et de stars étrangères: Lars Hanson, Ugo Hennings, Lia de Putty, Any Ondra, etc. Au total, une grosse déception en terme de qualité de la narration et de la réalisation. Nous sommes dix coudées en-dessous de Cinema Europe (1996, K. Brownlow et D. Gill) qui en un seul épisode de 60 min nous en apprend plus sur le cinéma anglais que les 90 min de celui-ci, et qui, surtout, offre bien plus d'extraits de films (et qui bizarrement contient les mêmes interviews d'archive). Ceci dit, j'ai repéré plusieurs films fort alléchants comme The Lure of Crooning Water (1920) et The Informer (1929, A. Robison), première version avant celle de Ford qui j'espère trouveront leur place un jour en DVD.

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Victor Sjöström (1981, Gösta Werner)

Sur le DVD Kino des Proscrits (Berg-Ejvind och hans hustru, 1918), on trouve en supplément un documentaire suédois assez ancient qui fait la part belle aux extraits de films avec Sjöström acteur et réalisateur. Ce documentaire ne recherche qu'une chose: nous montrer un maximum d'extraits de films. Et je peux dire que j'ai été à la fête avec des extraits de certains Sjöströms que je n'ai encore jamais vu comme: Ingmarssönerna (1919), Karin Ingmarsdotter (1920) tous deux adaptés de Selma Lagerlöf et Vem dömer (1922). Le documentaire est complété par une émouvante interview d'Ingmar Bergman qui parle de sa collaboration avec le grand Victor en tant qu'acteur de deux de ses films. Il est d'ailleurs fascinant de voir le grand Victor passer du cinéma muet au cinéma parlant sans aucune difficulté. Bergman reconnaît qu'il lui a fallu des années pour réaliser quel grand acteur était Sjöström. Il trouvait qu'il surjouait. Mais, avec le recul des années, il reconnaît s'être trompé. Voilà un documentaire qui m'a donné envie de voir tous les films de Sjöström ! Aucun effet de manche dans la réalisation, juste un grand choix d'extraits. Du bonheur. :D
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Message par Rick Blaine »

A Cottage On Dartmoor (1928, Anthony Asquith)

Belle découverte que ce film à suspense passionnant, qui narre en flashback l'histoire d'un fugitif qui veut achever l'homme qu'il a déjà tenter d'assassiner et sa femme qu'il accuse de l'avoir trahi.
Les trois personnages principaux sont remarquablement dessinés et interprétés - par trois acteurs Uno Henning, Norah Baring et Hans Adalbert Schlettow que je ne connaissais pas - et gagnent immédiatement l'empathie du spectateur. Ainsi, même s'il se passent relativement peu de chose dans le film, l'enjeu émotionnel est toujours présent tant on se prend à aimer ces personnages et à se préoccuper de leur destin.
L'autre grande réussite du film est sa construction en flashback d'un superbe dynamisme et d'une grande fluidité qui rend la narration extrêmement moderne. On est emporté dans le film fait de suspense, de tension et de moments d'humour aussi.
Porté par une esthétique remarquable qui frappe dès les premiers plans du personnage principal en fuite, A cottage on Dartmoor passionne de bout en bout et parvient à maintenir une atmosphère fascinante. Un film à découvrir.
A noter que la copie BFI/KINO bénéficie d'un accompagnement remarquable.


Merci à Ann Harding qui m'a permis de le découvrir. :wink:
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

Bien contente que tu aies aimé le film, Rick. Asquith était un des meilleurs réalisateurs anglais à l'époque muette. D'ailleurs, son film Underground (un cri dans le métro, 1928), récemment restauré, va passer au Théâtre du Châtelet le 15 Janvier prochain. Avis aux amateurs.
Les acteurs du Cottage on Dartmoor sont un joli mélange de nationalités, typique de la production de ces années-là, avec le suédois Hugo Henning (qui est aussi dans Die Liebe der Jeanne Ney de Pabst tourné à Paris), l'allemand H. Adalbert Schlettow (qui apparait dans nombres de films de Fritz Lang) et l'anglaise Norah Baring. Le pianiste qui accompagne le film est le génial Stephen Horne qui est un spécialiste du cinéma muet.
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Rick Blaine
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Re: Le cinéma muet

Message par Rick Blaine »

Ann Harding a écrit : D'ailleurs, son film Underground (un cri dans le métro, 1928), récemment restauré, va passer au Théâtre du Châtelet le 15 Janvier prochain. Avis aux amateurs.
Ça m’intéresse du coup, j'irais surement. Merci pour l'info
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Ann Harding
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Re: Le cinéma muet

Message par Ann Harding »

Moi aussi, je vais y aller. :wink: Voici quelques captures d'écran tiré du documentaire Cinema Europe où on peut voir quelques extraits du film:
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le metteur en scène, Anthony Asquith: Image
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Der geheime Kurier (Le Rouge et le noir, 1928) de Gennaro Righelli avec Ivan Mosjoukine, Lil Dagover, Jean Dax, José Davert et Agnes Petersen

Julien Sorel (I. Mosjoukine) est employé comme secrétaire du bougmestre M. Rénal (José Davert). Il est l'amant de la femme (L. Dagover) de celui-ci. Mais, lorsqu'on lui offre un poste de secrétaire à Paris chez le Marquis de la Môle (J. Dax), il part immédiatement...

Les spécialistes de Stendhal furent profondément offusqués par l'adaptation du Rouge et le Noir réalisée par Claude Autant-Lara en 1954. Je me demande quelle aurait été leur réaction face à cette production allemande de 1928 réalisée par un italien et jouée par un russe. En effet, le scénario est une telle trahison du roman de Stendhal qu'on peut imaginer que l'auteur a dû se retourner dans sa tombe. Les éléments sociaux qui marquaient les différences de classe qui obsèdaient Julien Sorel ont été pratiquement tous éliminés. Monsieur Rénal n'est plus un aristocrate, mais un simple bourgeois mal dégrossi qui boit. Son épouse insatisfaite se réfugie dans la chambre de son amant et lui demande même de supprimer son mari pour retrouver sa liberté. Un fois à Paris, Julien est envoyé à Strasbourg par le Marquis de la Môle pour transporter une missive secrète, fruit d'un complot pour faire tomber Charles X. Et à la fin, Julien au lieu de mourir sur l'échafaud, meurt en héros sur une barricade lors de la révolution de 1830. Une fois ces éléments établis, si on fait abstraction de cette trahison, on peut examiner le film en tant qu'oeuvre cinématographique.
Le film de Righelli n'est pas dépourvu d'intérêt. Il sait créer une atmosphère (même si elle n'est pas Stendhalienne). Le début du film chez les Rénal est assez savoureux. On voit la belle Lil Dagover, en léger déshabillé, ouvrir la porte de sa chambre et illuminer en ombres chinoises ses formes gracieuses alors qu'elle s'apprête à rejoindre son amant. Il faut d'ailleurs souligner la qualité de l'interprétation de Lil Dagover. Elle donne à Mme Rénal une sensualité tout à faite remarquable. C'est elle, avec Mosjoukine, qui domine le film. Les scènes chez le Marquis de la Môle marque une petite baisse de régime. On sent que le film a été écrit avec la légende de Mosjoukine en tête lorsqu'on le voit escalader le balcon de Mlle de la Môle et la séduire tout de go. Ce Julien Sorel est un petit frère de Casanova. Puis, on nous met quelques belles chevauchées où Julien echappe de justesse aux gendarmes. Dans une auberge, il est presque démasqué par une jolie servante. Pour l'empêcher de nuir, il utilise un stratagème : il déshabille entièrement la malheureuse qui se retrouve en tenue d'Eve (une vision fort coquine pour l'époque). Autre belle réussite : la tentative de meurtre sur Mme Rénal. On voit Mosjoukine lui tirer dessus à bout portant et quelques plans en caméra subjective suggère la chute de Mme Rénal. Le final sur les barricades de 1830 fait presque penser aux Misérables de Victor Hugo. Et le procès de Julien semble être plus politique qu'autre chose alors qu'il clame son soutien à Louis-Philippe ! Gennaro Righelli, un pionnier du cinéma italien, réalise tout cela avec une certaine fougue, même s'il n'est pas à l'avant-garde de la technique comme Alexandre Volkoff ou Marcel L'Herbier.
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Julien Sorel : Ivan Mosjoukine
En 1928, Ivan Mosjoukine est sur la pente descendante. Après une période glorieuse dans le cinéma français des années 20, il part pour l'Amérique où il ne fera qu'un seul film qui ne sera pas un succès. Puis, il part pour l'Allemagne où on lui offre un contrat faramineux de 600 000 francs par mois. Il mène grand train et épouse même sa partenaire du film, Agnes Petersen, qui joue Mlle de la Môle. Cependant, la qualité des productions dans lesquelles il joue est bien inférieure aux grands films qu'il faisaient en France. Et l'arrivée du parlant va définitivement le crucifier. En arrivant en Allemagne, il a subi une opération de chirurgie esthétique qui a modifié son visage, en particulier son nez. Cette opération reste mystérieuse : pourquoi l'a-t-il tentée ? En tout cas, le résultat n'est guère heureux. Ivan a perdu une partie de son entrain et de son charisme.
Au total, cette trahison de Stendhal est un film qui se laisse regarder avec plaisir grâce à ses interprètes, à sa mise en scène et à sa belle cinématographie.
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Re: Le cinéma muet

Message par Abdul Alhazred »

Ann Harding a écrit :Bien contente que tu aies aimé le film, Rick. Asquith était un des meilleurs réalisateurs anglais à l'époque muette. D'ailleurs, son film Underground (un cri dans le métro, 1928), récemment restauré, va passer au Théâtre du Châtelet le 15 Janvier prochain. Avis aux amateurs.
Un film muet récemment restauré, d'un réalisateur prestigieux, avec accompagnement musical, le tout pour le prix de... rien du tout, gratuit. Je ne vais pas louper ça.

Par contre, je viens d'aller voir sur le site du Théâtre du Châtelet et ils annoncent le 22 janvier 2012 à 11h :
http://www.chatelet-theatre.com/2011-20 ... ground,623
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Abdul Alhazred a écrit :
Ann Harding a écrit :Bien contente que tu aies aimé le film, Rick. Asquith était un des meilleurs réalisateurs anglais à l'époque muette. D'ailleurs, son film Underground (un cri dans le métro, 1928), récemment restauré, va passer au Théâtre du Châtelet le 15 Janvier prochain. Avis aux amateurs.
Un film muet récemment restauré, d'un réalisateur prestigieux, avec accompagnement musical, le tout pour le prix de... rien du tout, gratuit. Je ne vais pas louper ça.

Par contre, je viens d'aller voir sur le site du Théâtre du Châtelet et ils annoncent le 22 janvier 2012 à 11h :
http://www.chatelet-theatre.com/2011-20 ... ground,623
Tiens! ils ont changé la date. :shock: Merci de le mentionner Abdul. :wink:
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Re: Le cinéma muet

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Merci pour l'info Abdul! :wink:
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Angst (1928, Hans Steinhoff) avec Elga Brink, Henry Edwards, Gustav Fröhlich et Valerie Boothby

Inge (E. Brink) est la femme délaissée de l'avocat Henry Duhan (H. Edwards). Il est toujours absent, absorbé par son travail. Son épouse part seule en vacances à Cannes où elle fait la connaissance d'un jeune peintre (G. Fröhlich)...

Ce film de Hans Steinhoff est adapté d'une nouvelle de Stefan Zweig. Nous suivons la trajectoire de deux couples fort différents. D'un côté les Duhan, un couple fidèle où l'épouse se dévoue totalement pour un mari toujours absent, même lorsqu'il est chez lui. De l'autre, les Born qui pratique un mariage très libre, autorisant à chacun toutes les aventures qu'il désire. Mais, Inge Duhan est fatigué des absences perpétuelles de son mari qui met toujours sa carrière avant sa famille. Le voyage à Cannes va être un révélateur. Confronté au jeune Francard (G. Fröhlich), Inge réalise l'attention qu'elle peut susciter chez un homme autre que son mari. Elle repousse néanmoins ses avances plus qu'empressées. Elle lui dit être toujours éprise de son mari. Le retour au foyer se révèle extrêmement difficile avec l'arrivée d'une femme qui la fait chanter. Elle lui réclame toujours plus d'argent pour ne pas révéler son infidélité supposée à son mari. Inge vit dans la terreur sans savoir que cette machination est l'oeuvre de son époux. Quant aux Born, leur mariage se délite avec les infidélités répétées du mari. Ils songent à se séparer avant de se réconcilier lors d'une soirée très arrosée. Au total, Steinhoff réalise un film très soigné, bien réalisé avec même quelques extérieurs à Cannes. Cette observation presque entomologique des couples est finalement assez avant-gardiste pour l'époque. On imagine mal le cinéma américain, par exemple, faire un film aussi 'libéré'. Mais, le propos reste particulièrement machiste puisque l'épouse retournera dans les bras de son époux sans que celui-ci ne montre guère de tendance à changer son attitude carriériste, alors qu'elle doit 'expier' cette faute qu'elle n'a pas commise. Un joli film de la grande époque du cinéma de Weimar.
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Re: Le cinéma muet

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She (1925, Leander de Cordova) avec Betty Blythe, Carlyle Blackwell et Mary Odette

Leon (C. Blackwell) arrive en Lybie où il tombe dans les rêts d'une peuplage étrange dirigée par une reine Ayesha (B. Blythe) qui est immortelle. Celle-ci reconnait en lui Kallikrates, l'homme dont elle attendait le retour depuis 2000 ans...

Cette production britannique met en vedette Betty Blythe qui avait été La Glorieuse Reine de Saba (The Queen of Sheba) en 1921. Betty semble être alors abonnée à ces rôles pseudo-biblico-antiques où on lui fournit une garde-robe farfelue, mais surtout extrêmement légère. Dans She, elle porte des voiles transparents ou des petits bikinis en perles étiques. Il semble bien que l'attrait du film se limite à l'exposition de ses appâts car le scénario et la réalisation sont extrêmement médiocres. Tout d'abord, le scénario tiré du roman de Sir Henry Rider Haggard est assez proche du ridicule. On nous apprend dans un carton du générique que les intertitres ont été rédigés par l'auteur lui-même. Il nous produit des phrases ampoulées à coups de 'Thou' (forme vieillie du 'tu' en anglais) emphatiques qui provoquent plus le rire que l'admiration. Cette histoire rocambolesque de divinité immortelle sent quelque peu le moisi des années coloniales britanniques avec les bons archéologues victimes de femmes fatales. Ce qui pourrait être un sommet du kitsch n'est ici qu'un film horriblement mal réalisé. Le film paraît avoir été fait dans les années 10 tant la caméra reste vissée au sol en plan large. La direction d'acteur - si il y en a une ! - est inexistante. Nous avons droit à force roulements d'yeux et aux battements de bras sur fond de décor en carton-pâte à petit budget. Le vétéran Carlyle Blackwell nous gratifie d'une performance bien en-deçà de ce qu'il faisait dans la décennie précédente. Betty Blythe expose ses abattis d'une manière mélodramatique. Voilà une production bien médiocre qui n'a pas dû aidé la carrière de Betty Blythe.
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