Tu ne peux pas juger le film comme un tout surtout quand tu "auteurises" Scott alors qu'une bonne partie du contrôle du film lui a échappé, De Larentiis oblige ... Que devient la théorie de l'auteur dans ce contexte de production ?Demi-Lune a écrit :Je ne vois pas en quoi ma critique sur le film est boiteuse parce que le film ne reprend pas la fin du bouquin. C'est le film comme un tout que je commente. La fin originale, c'est intéressant à connaître, mais c'est accessoire, car ce n'est pas celle qui existe. Je juge le résultat, pas ce qui est annexe. Et je remercie d'ailleurs qu'ils nous aient épargné cette conclusion, parce qu'en ce qui me concerne, ça aurait été la goutte d'eau qui aurait fait déborder le vase.
Je ne sais pas trop ce qui vient faire Spielberg dans un débat sur Hannibal... si ce n'est pour schématiser ma position (voire infantiliser mes goûts ?) que j'ai pourtant pris le temps de détailler. Fort heureusement, je suis capable d'être autant sensible à l'humanisme de son cinéma qu'au désespoir et au nihilisme du cinéma du Nouvel Hollywood, par exemple. Ce n'est pas sale, tu sais. Mais je n'aime pas quand la dureté se drape d'une complaisance malsaine et fabriquée. Je n'aime pas que le nihilisme soit prétexte au dolorisme, surtout s'il est emballé dans du beau papier cadeau. Et par dessus tout, je commence à en avoir plus que mon soûl de ces films fascinés par les psychopathes. Hannibal est un film qui, dans son imagerie comme dans sa philosophie lancinante, m’écœure, désolé. Je n'arrive pas à avoir suffisamment de recul pour m'amuser de son humour noir.
Spielberg, comme tu le sais désormais, est ma tête de Turc préférée - pas seulement à cause de son AMHA lamentable "Tintin" - mais souvent à cause de son humanisme que je trouve justement souvent de pacotille même si également emballé dans du "beau papier cadeau" (suivant ton expression). Ce qui ne m'empêche d'ailleurs pas d'apprécier certains de ses films.
Je ne cherche pas à t'infantiliser (je croyais que l'on avait passé ce cap tous les deux depuis un bon moment ...) mais avoir un avis différent du tien, ce n'est pas sale non plus ...
Et je ne perçois pas du tout "Hannibal" comme un film fasciné par les psychopathes dans la mesure ou c'est un métragequi tourne avant tout autour de sa star et que le personnage de Lecter est tout sauf un criminel "réaliste".
C'est donc une pure création littéraire (et cinématographique) qui ne peut rien générer de malsain AMHA.
De toute manière, j'exècre l'idée d'un cinéma qui ne laisse pas s'exprimer des différences et tu ne peux pas dire que ce cynisme - que tu dénonces - du Nouvel Hollywood est si répandu (ou alors le cynisme est plutôt du côté de la vacuité de certains spectacles présentés).
Et si tu n'as pas ressenti l'"hénaurmité" de la scène du repas, c'est bien une question de sensibilité : on est carrément dans l'humour très, très noir, le grand guignol qui n'est pas léger, léger, je te l'accorde..
Je ne te reproche évidemment pas TON ressenti - éminemment personnel - mais plutôt la manière dont tu l'exprimes - sans vrai recul critique - pour condamner ce film ...
Le grand guignol, ce n'est pas sale et comporte le terme "guignol" ce qui veut tout dire ...