Rick Blaine a écrit :Il y a Dana Andrews qui tombe amoureux d'une image quoi...
Si. La carapace de tough guy blasé de McPherson se fendille au moins à deux reprises (grâce soit rendue au jeu minéral du grand Dana Andrews qui fait passer le message juste le temps d'une persistance rétinienne) :monk a écrit : C'est un point important du film, que je n'ai pas du tout ressenti. Si Lydecker ne le verbalisait pas, je n'aurais rien remarqué. McPherson n'exprime rien, ne change pas, il avance dans le film aussi distant que ce que j'étais.
On pourrait me parler d'obsession dans son cas, mais j'ai juste trouvé que c'était un gars qui faisait bien son boulot, rien de plus. Il est très attaché à l'affaire, pour moi, plus parce que tout le monde ment ostensiblement et qu'il veut épingler le coupable, que parce que des sentiments pour la victime naissent en lui.
- au début, lorsqu'il assiste à la sortie de bain de Lydecker et où on le sent à la fois amusé et admiratif par l'aplomb du chétif critique ;
- dans la seconde partie du film, lors de cet instant que je trouve absolument extraordinaire d'économie, quand après avoir demandé à Laura si elle fréquentait toujours Carpenter et que cette dernière lui répond par la négative, un micro-rictus de satisfaction lui déssoude les lèvres (Andrews admirait paraît-il Gabin et ça se voit).
Et je ne parle évidemment pas de LA séquence-clé où se manifeste toute la fébrilité de son obsession maladive (même si il reprend assez vite le dessus sur son émotion en retrouvant ses réflexes de flic).
Rick Blaine a écrit :Et puis on est quand même très loin du contexte de réalisme social dans lequel s'ancre habituellement le film noir, surtout à la Fox.
Exact (cf chez Cukor, Lubitsch, Mankiewicz...). D'autant plus que McPherson représente le contrepoint absolu en flic issu d'un milieu beaucoup plus humble que ceux qu'il côtoie pour son enquête.monk a écrit : Je ne sais pas (encore) si c'est ce qui m'a gêné. Peut être est ce le cas, je le découvrirais au fur et à mesure de ma découverte du genre. Mais je pense qu'on peut faire un histoire intéressante avec des gens de la haute sans appliquer une distanciation presque abusive. Les riches aussi doivent bien ressentir des émotions
Beule a écrit :Cela étant, si c'est la froideur de ton qui te rebute ici, Monk, il y a fort à parier que tu trouveras rarement ton compte chez Preminger. Car le pouvoir hypnotique que peut recéler ses films s'exprime presque toujours à travers un prisme tenant à distance le spectateur.
Le cinéma de Preminger était à son image. Ce n'était pas un homme à qui on devait facilement taper dans le dos ou sortir une plaisanterie...