Notez les films naphtas - Novembre 2011

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Anorya »

Copié-collé de mon post du topic Louis Malle. :)

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Lacombe Lucien (Malle - 1974).
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Début 1944, dans une France occupée par les Nazis, le jeune Lucien décide dans son oisiveté prononcée d'entrer dans la résistance. Ecarté par l'instituteur du village qui a des contacts certains, le jeune dépité choisit alors d'entrer dans la collaboration et rencontrera des personnages hauts en couleurs dans son court passage...


"[A propos de Pierre Blaise] Il semble que celui-ci n'ait pas à jouer Lucien. Il est Lucien, le cruel enfant de la campagne, qui suit par caprice une formation pour devenir homme de main de la Gestapo. En fait, Blaise n'est pas un acteur, c'est un gamin du pays, le Tarn-et-Garrone où se déroule l'intrigue, et qui est aussi la patrie d'élection de Louis Malle. L'adolescent a manifestement été choisi avec soin par le réalisateur : grossier, maladroit, indifférent, sensible, sans préjugés dans le bien ni dans le mal, donnant la mort sans état d'âme. Personne n'a dû lui apprendre à tuer des lièvres et trancher la tête aux poules."
(extrait de Les meilleurs films des années 70 de Jürgen Müller, éditions Taschen, p.160)


Au regard de la filmographie de Malle et du contexte dans lequel sont sortis ses films, il semble que le bonhomme n'ait jamais été là où on pouvait l'attendre. Devançant les attentes, le réalisateur semblait le plus souvent être trop décalé (par rapport à La Nouvelle Vague -- malgré que l'on puisse aisément placer un film comme Le feu follet (1963) dans la continuité de ce mouvement selon l'historien et cinéphile Antoine de Baecque (*)) ou dans une sorte d'avancée qui pouvait le couper momentanément des spectateurs les plus basiques (Zazie dans le métro (1960), malgré des laudateurs dont Truffaut, ne fut réévalué que quelques années après sa sortie par exemple. Et n'oublions pas l'ovni (ofni) Black Moon (1975) aussi). Lacombe Lucien en 1974, pourtant presque 30 ans après la fin de la guerre n'échappait pas, en dépit des nombreuses qualités qui font sa force (et sur lesquelles nous allons revenir) aux polémiques et critiques diverses souvent assez dures.


Il faut se replonger dans le contexte et le propos du film pour l'appréhender encore mieux que ce qu'il présente au visionnage (le fameux sous-texte d'un film pour Roger Corman (**) transposé ici dans la contextualisation de sa sortie si l'on veut). Malgré qu'il présente un personnage échappant à tout manichéïsme premier (contrairement à d'autres --et l'Histoire l'a aussi démontré-- qui sont souvent entré dans le côté adverse d'une manière volontaire car cela apportait pouvoir et argent, voire revanche ce qui est visible sur de nombreux personnages) et travaillé par ses instincts les plus bruts; Lacombe Lucien eut la malchance d'être l'un des rares films, si ce n'est le premier, à aborder la France sous la collaboration, loin du rejet de la fiction chère à Ophuls fils (***). D'autant plus que là, on est directement de plein pied avec les hommes qui travaillèrent avec la Gestapo et toutes les possibilités qui leur furent offertes alors. De quoi sérieusement gêner notre bonne vieille France qui a déjà interdit par le biais de la censure nombre de sujet douloureux comme la guerre des tranchées ou la guerre d'Algérie (on se rappelle du temps qu'a mis pour nous parvenir un film comme Les Sentiers de la gloire ou du fait que Le petit soldat ne put sortir qu'a la fin de la guerre d'Algérie, le privant de la force du contexte qu'il critiquait justement dans l'instant). Enfin Lucien lui-même auquel on s'attache, ce traître dénué de toute idéologie, de quoi choquer les bonnes conscience devant une ambigüité si prononcée.

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La grande intelligence de Malle, c'est de faire passer le regard du spectateur par la petite porte. Echappant aux considérations parfois trop historiques (ce qu'on lui a reproché aussi et il est vrai que sur certains détails historiques --notamment ce sud bien lumineux, presqu'en vacances alors qu'on est en 1944--, on pourrait faire la fine bouche, il ne faut pas), on annonce dès le départ que le film se veut un point de vue, une représentation travaillée qui n'a pas forcément valeur de vérité (le carton d'ouverture et de fin qui semblerait presque annoncer celui de Tarantino pour Inglorious Basterds bien plus tard, ici laconique et neutre à la fois !). Le réalisateur se concentre sur son personnage, un vrai bonhomme du cru justement, incarné à la perfection, d'une manière bien rugueuse par Pierre Blaise. Concentré d'instinct, de sensibilité (le cheval mort qu'on caresse), de fierté enfantine et d'orgueil bien prononcé qui traverse l'Histoire avec un je m'en foutisme fabuleux, petit prince gâté par sa situation, Lucien ne voit dans la collaboration qu'un jeu, un moyen pour lui apporter un peu de puissance et donc un peu de considération, lui le modeste ouvrier agricole qui braconne avec un ami quand il n'aide pas sa mère ou s'emmerde à l'hospice des personnes âgées.


Le personnage évite donc par là-même tout jugement et finit par fasciner. C'est un enfant perdu dans une cour trop grande pour lui, ne voulant pas comprendre tous les mécanismes du monde, ne voulant qu'en jouir sans l'appréhension nécessaire. En étant entré chez les collabos, le petit prince savoure d'avoir une belle mitraillette, d'en user (quitte à avoir envie de tirer sur des lapins pendant l'attaque d'une maison, ce qui souligne encore plus son manque d'intérêt de la situation pendant que son chef se prend une balle non loin), de pouvoir faire du chantage et avoir la belle fille juive qui l'intéresse (magnifique et trop rare Aurore Clément au passage (****)). Lucien reste un être médiocre du début à la fin avec une belle constance et le seul acte qui pourrait le ramener dans le droit chemin se produit uniquement par orgueil (plutôt que de vouloir sauver sa copine, Lucien tue un nazi pendant une rafle uniquement pour récupérer la montre en or que celui-ci lui avait prise et que le jeune homme considérait comme son trésor de guerre personnel) et trop tardivement. Ce qui, à défaut de précipiter sa chute immédiate, fait rentrer le film dans une léthargie finale, hypnotique et encore plus fascinante car échappant à la convention d'une fin trop attendue.

Ce qui élève définitivement le film vers d'étranges sommets et en font finalement un indispensable.


Quand à Pierre Blaise, il semble avoir traversé le cinéma comme Lucien : comme un météore dans une trajectoire perdue. Gâté et traité d'une manière royale, l'acteur savourera sa nouvelle vie avec prétention et excès, côtoyant quelques stars (Mastroianni, Huppert...) peu après avant de mourir brièvement l'année d'après, à 23 ans, dans un accident de voiture.

Note personnelle au film : 5/6.











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(*) DE BAECQUE, La Nouvelle Vague, portrait d'une jeunesse, ed. Flammarion, p.64.

(**) Cahiers du Cinéma n°672, novembre 2011, p.96.

(***) Le chagrin et la pitié (1969) sorti peu avant dispose de l'élégant sous-titre Chronique d'une ville française sous l'occupation.

(****) Son personnage porte d'ailleurs le nom de France et elle finira par coucher avec Lucien dans sa détresse et son indécision. Si la métaphore n'est pas comprise ici quand même... :oops:
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par monk »

Le Faucon Maltais de John Huston

J'attaque donc les 40's avec un film qui me semblait emblématique du Film Noir, et pas que des 40's. Et effectivement, j'y trouve tout ce que j'attendais, tout ce qui sera un cliché du genre plus tard* mais qui, ici, est fait avec classe et désinvolture. Un film sans temps mort, qui va à tout allure: on entre directement dans le vif du sujet et on enchaine les retournements de situation à un rythme fou. C'est bien plus fun que ce que j'imaginais ! Bogart y est impérial dans son rôle de tough guy cynique, arrogant mais incorruptible et incarnant la classe définitive.
Seul bémol à mon gout: l'histoire étant assez complexe, les élements ne nous étant donnés au compte goutte pour concerver cette ambiance de mystère, nous somme amenés à une scène que j'ai personnellement trouvé un peu lourde, où Spade se voit obligé de tout expliquer au public en 30 secondes, un gros rush d'infos pas très digeste.
Vraiment un gros morceaux, très plaisant.

* Bien que j'imagine que le film n'a pas tout inventé et qu'il y a eu des précédents, d'autant que ce n'est pas la première adaptation du roman !
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Jeremy Fox »

monk a écrit :Le Faucon Maltais de John Huston


* Bien que j'imagine que le film n'a pas tout inventé et qu'il y a eu des précédents, d'autant que ce n'est pas la première adaptation du roman !
Il a quand même déposé pas mal de nouveaux jalons. Si je ne devais garder que 2 ou 3 films par genre sur une île déserte, Le faucon maltais y serait pour le film noir :wink:
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par magobei »

Rapido:

Imitation of Life (Douglas Sirk, 1959): Sirk aborde avec classe la question raciale à travers le personnage de Sarah Jane, fille de mère noire, mais à la peau blanche. Il ne le traite pas sur un mode revendicateur, comme un "grand sujet", mais sur le mode intime de la relation mère-fille. Avec tout jeu sur l'identité qui peut faire penser au poker menteur de A Magnificent Obsession. Very good.

Un peu moins fan de Tout ce que le ciel permet: Sirk substitue la question de la classe sociale, des convenances (l'âge notamment) à celle de la race. Une femme de la haute s'éprend de son jardinier, beaucoup plus jeune qu'elle (bon c'est Rock Hudson aussi). C'est bien mené, mais un peu court en bouche je trouve, ça manque de relance, de complexité.

They Were Expendable (1945): bien, le film évoque un épisode intéressant (et peu connu) de la guerre du Pacifique, les vedettes lance-torpilles lancées contre les croiseurs nippons. Wayne est impeccable... mais voilà, ça reste du cinoche de propagande, drapé dans le drapeau, un vrai film de mecs (où LA femme est réduite à un rôle figuratif) et sans les questionnements qui innervent certains de ses westerns. C'est pas She wore a yellow ribbon, quoi.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Jeremy Fox »

magobei a écrit : They Were Expendable (1945): bien, le film évoque un épisode intéressant (et peu connu) de la guerre du Pacifique, les vedettes lance-torpilles lancées contre les croiseurs nippons. Wayne est impeccable... mais voilà, ça reste du cinoche de propagande, drapé dans le drapeau, un vrai film de mecs (où LA femme est réduite à un rôle figuratif) et sans les questionnements qui innervent certains de ses westerns. C'est pas She wore a yellow ribbon, quoi.

Je le trouve pourtant quasiment aussi touchant (et intéressant au niveau des questionnements) et Donna Reed est à mon avis loin d'être un personnage figuratif. On ne la voit certes pas longtemps (mais les femmes ne participaient pas au combat non plus) et pourtant quelle présence et quelle belle romance ! Quant à 'film de mecs', je trouve aussi que c'est vraiment réducteur pour un film de guerre assez unique en son genre, pas héroÏque ni belliqueux pour deux ronds, s'attardant sur la difficulté des missions et l'ennui des soldats...

Après que ce soit un film de propagande, ça ne m'embête pas du tout ; on sait qu'ils peuvent donner lieu à des chefs-d'oeuvre : celui ci ou Casablanca
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Rick Blaine
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
magobei a écrit : They Were Expendable (1945): bien, le film évoque un épisode intéressant (et peu connu) de la guerre du Pacifique, les vedettes lance-torpilles lancées contre les croiseurs nippons. Wayne est impeccable... mais voilà, ça reste du cinoche de propagande, drapé dans le drapeau, un vrai film de mecs (où LA femme est réduite à un rôle figuratif) et sans les questionnements qui innervent certains de ses westerns. C'est pas She wore a yellow ribbon, quoi.

Je le trouve pourtant quasiment aussi touchant (et intéressant au niveau des questionnements) et Donna Reed est à mon avis loin d'être un personnage figuratif. On ne la voit certes pas longtemps (mais les femmes ne participaient pas au combat non plus) et pourtant quelle présence et quelle belle romance ! Quant à 'film de mecs', je trouve aussi que c'est vraiment réducteur pour un film de guerre assez unique en son genre, pas héroÏque ni belliqueux pour deux ronds, s'attardant sur la difficulté des missions et l'ennui des soldats...

Entièrement d'accord avec Jeremy sur They Were Expendables. D'ailleurs, je trouve finalement le film assez loin du cinéma de propagande, on n'y retrouve pas l'idéalisation de la vie de soldat, ni même vraiment l'aspect "soutenez nos troupes".
D'ailleurs, à titre personnel, je le prefère même à She wore a yellow ribbon, il me touche plus. Un Ford majeur.
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :D'ailleurs, je trouve finalement le film assez loin du cinéma de propagande, on n'y retrouve pas l'idéalisation de la vie de soldat, ni même vraiment l'aspect "soutenez nos troupes".
.
D'accord avec ça ; d'ailleurs ç'aurait été le cas que ça ne m'aurait pas gêné pour autant : voir mon post édité plus haut
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Rick Blaine a écrit :D'ailleurs, je trouve finalement le film assez loin du cinéma de propagande, on n'y retrouve pas l'idéalisation de la vie de soldat, ni même vraiment l'aspect "soutenez nos troupes".
.
D'accord avec ça ; d'ailleurs ç'aurait été le cas que ça ne m'aurait pas gêné pour autant : voir mon post édité plus haut
D'accord aussi. Casablanca est effectivement un exemple de film de propagande bien plus marqué que le Ford, et c'est un immense chef d’œuvre.
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par magobei »

Le fait que ce soit un film de propagande ne me dérange pas, d'autant que c'est vrai que c'est assez soft, c'est juste que du coup je n'y trouve pas le même souffle, le même côté réflexif que dans certains de ses westerns postérieurs.
Jeremy Fox a écrit :Quant à 'film de mecs', je trouve aussi que c'est vraiment réducteur pour un film de guerre assez unique en son genre, pas héroÏque ni belliqueux pour deux ronds, s'attardant sur la difficulté des missions et l'ennui des soldats...
Ce qui fait énormément penser à tout le cinéma de propagande japonais, avant la sévère reprise en main du gouvernement Tojo. Je pense que cinéma de propagande ne signifie pas forcément Leni Riefensthal. C'est souvent juste une question de contexte: un film produit en 1945, en plein effort de guerre, est forcément pris dans l'engrenage (ne serait-ce que par le choix du sujet). Après, tout dépend du talent et de la latitude du réalisateur. Ici, c'est fait avec classe, même s'il y a quand même quelques scènes clé avec la bannière étoilée. Moins qu'un film de propagande "performative" c'est presque un film-bilan: sorti après la défaite du Japon, il évoque les premières semaines de la guerre, alors que les USA sont boutés hors d'Asie. Il se clôture d'ailleurs sur les mots de McArthur: "We shall be back" (de mémoire).

Mais bon, ok, je retire "film de mecs" :wink:

Et effectivement, j'ai été un peu lapidaire sur le personnage de Sandy Davyss: il est important, notamment pour comprendre Rusty Ryan, mais justement, c'est presque en creux. Il est presque plus important quand il est absent (ie. à la fin du film).
Dernière modification par magobei le 9 nov. 11, 09:29, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par feb »

Et même si la présence de Donna Reed est assez limitée à l'écran, elle est superbe dans la scène où elle retrouve John Wayne pour danser et qu'ils se tiennent cote à coté dans le hamac...une scène que j'ai trouvée d'une grande beauté. En ce qui concerne le film en lui-même, je trouve que c'est l'un des meilleurs John Ford que j'ai vu et il se classe largement dans mon top 5 du réalisateur.
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Profondo Rosso »

L'Âge de cristal de Michael Anderson (1976)

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Dans la société de 2274, si les sujets vivent essentiellement de plaisirs, ils sont contraints de mourir à 30 ans pour éviter la surpopulation. Mais Logan 5 et Jessica 6 se rebellent et s'enfuient...

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Logan's Run fait partie de ces malheureux films de science-fiction sortis à la fin des 70's (on peut y ajouter Le Trou Noir produit par Disney en 79) qui furent soudainement marqués du sceau de la ringardise la plus totale par le succès de Star Wars. George Lucas en mêlant récit d'initiation, inspiration serial et en ranimant le souffle de l'aventure avait redonné ses lettres de noblesse (avec Spielberg) au divertissement populaire une décennie moins fertile dans le genre. La SF n'avait pas disparue mais donnait plutôt dans l'héritage des fables alarmiste des 50's revue au goût du jour (Soleil Vert de Fleischer) ou de la rigueur réaliste du 2001 de Kubrick. Logan's Run s'avère donc une tentative intéressante dans le sens où il ose une esthétique plus fantaisiste qu'il plaque à des thèmes intéressant sur le papier. Malheureusement le résultat n'est pas loin de laisser à désirer et mérite amplement d'être tombé dans l'oubli.

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Non ce n'est pas la cérémonie d'ouverture des prochains jeux olympiques d'hiver

L'histoire (adapté d'une série de roman de William F. Nolan et George Clayton Johnson) nous plonge dans un futur lointain où les hommes vivent enfermés dans une cité vouées au plaisir et où ils sont condamnés à mourir lorsqu’ils atteignent 30 ans. Une échéance que peu craignent car ils sont supposés renaître lors d'une grande cérémonie sacrificielle festive. Les plus récalcitrants tentant d'échapper à l'échéance sont traqués et éliminés par des "Limiers", unité dont fait partie notre héros Logan 5 (Michael York). Condamné prématurément suite à une découverte sur l'un des fugitifs, il tente à son tour de s'enfuir avec la belle Jessica 6 (Jenny Agutter) vers le Sanctuaire, terre promise à l'extérieur de la cité. Culte de la jeunesse, abêtissement des masses dans le plaisir et l'oisiveté, libre arbitre, il y avait une foule de questionnements judicieux à tirer du film mais on sera loin du compte. Premier soucis et de taille l'esthétique souvent hideuse de l'ensemble.

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Salut ! Sympa cette petite fête non ?

Raccord avec cette époque de libération sexuelle que sont les 70's, Michael Anderson décrit un univers hippie décomplexé où les hommes s'habille en justaucorps moulant de couleur et les femmes en toges bouffante ultracourte et des coiffures bien de leur temps (la future drôle de dame Farrah Fawcett dans un petit rôle. On sélectionne via téléportation l'amant(e) du soir et le temps d'une scène surréaliste digne d'un porno on traversera une étrange salle psychédélique vouée aux orgies. C'est tout aussi catastrophique niveau décors malgré quelques trouvailles (la fameuse séquence de renouveau très étrange) avec des maquettes bien visibles et un design soit daté (la ville future évoque celle de Things to come (1939) de William Cameron Menzies), soit cheap (on pense plus à un grand centre commercial kitsch qu'à une cité futuriste avec néon disco en bonus). Les passages en extérieurs avec leur matte painting sur une Terre abandonnées sont plus convaincants mais on aura eu notre lot de moments embarrassant entre temps comme l'attaque d'un robot boite de conserve du plus bel effet.

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Michael York est bien fade en héros et le script ne parvient même pas à rendre son évolution intéressante. Il passe du tueur oisif au fugitif en un clin d'œil sans qu'on ait eu le sentiment d'une prise de conscience autre que de sauver sa peau. Jenny Agutter à moitié nue l'essentiel du film est bien belle mais on l'a connue plus impliquée dans d'autre films ici Anderson en fait plus une sorte de quota sexy. Peter Ustinov en vieil homme sénile après des années de solitude surnage un peu dans ce marasme avec humour devant l'air benêt du duo qui découvre la vraie vie. Jerry Goldsmith conscient du spectacle qu'il doit mettre en valeur délivre un score en roue libre aussi ou le meilleur côtoie des passages sous acides (la fameuse scène érotique) où il expérimente diverses sonorités de synthé. Un beau gâchis auquel on pourra préférer son remake officieux récent, The Island de Michael Bay qui sans être plus intelligent a le mérite d'être divertissant. Dans le genre mieux vaut revoir le passionnant Zardoz de John Boorman à l'esthétique discutable mais pas dénué de grands moments et au fond bien plus intéressant. 2/6 Ca fait mal j'en gardais un bon souvenir je n'imagine même pas l'allure de la série qu'ils en ont tirés ça doit ambiance Buck Rogers

Et une des rares raisons de voir la chose

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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par riqueuniee »

C'est vrai que, côté esthétique, le film craint vraiment . A côté du premier Star Wars, c'est franchement ringard. C'est dommage, parce que l'histoire n'est pas inintéressante. (bon, il faudrait que je revoie le film).
Si tu as trouvé ça quelque peu tarte, n'essaie pas le trou noir : à mon avis, c'est pire. Du sous star wars (l'un des robots est une mauvaise copie, façon carton-pâte, de R2D2).
Dernière modification par riqueuniee le 9 nov. 11, 13:07, modifié 1 fois.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Profondo Rosso »

Pareil je garde aussi un bon souvenir d'enfance du Trou noir mais maintenant j'ai un peu peur de le revoir aussi :mrgreen: à la rigueur pour savourer le score de John Barry...
riqueuniee
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par riqueuniee »

La musique est certainement ce qu'il y a de mieux dans le film.
Lord Henry
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Re: Notez les films naphtas - Novembre 2011

Message par Lord Henry »

Si je ne me trompe pas, c'était un projet de George Pal à l'origine?

Cela dit, je prends bien plus de plaisir à revoir l'Âge de Cristal que la saga de George Lucas - que de toute façon, je ne revois jamais.

De son côté la série compte un ou deux bons épisodes; ce qui est peu, même sur une demi-saison.
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