Bon, on va pas se mentir, j'ai essentiellement regardé ce film pour ses deux actrices. Leur rencontre à l'écran a quelque chose d'assez fantasmatique. Malheureusement, et c'était plutôt prévisible,
Deux sœurs pour un roi m'a été globalement inintéressant. Et ce, pour des raisons intrinsèques au film, puisque l'épisode historique relaté est, lui, tout à fait passionnant.
A vouloir trop capitaliser sur ce que les actrices peuvent susciter de charme à l'écran, le film manque le coche dans sa restitution dramatique. L'épisode privé, cruel, qui a des implications historiques fondamentales sur l'Angleterre, prend constamment l'ascendant sur les dimensions politiques et religieuses capitales qui en résultent et qui influent en retour sur cet épisode privé (le schisme avec l’Église de Rome et les conséquences stratégiques de la répudiation de Catherine d'Aragon). Comme disait pak, le scénario ramène cet épisode à une affaire de cul et pas franchement à une affaire d’État.
Deux sœurs pour un roi ne saisit par conséquent jamais l'ampleur et le bouillonnement considérables de cette page d'Histoire : c'est une romance gnangnan, plate et d'un simplisme effarant, où tout se règle à la vitesse de la lumière et avec une facilité déconcertante (les opportunistes du clan Boleyn-Norfolk parviennent à leurs fins toutes les cinq minutes). Ce n'est même pas une question de fidélité historique (la dichotomie entre la chaste et douce Mary et la calculatrice Anne qu'établit le film n'a pas forcément de raison d'être dans la réalité), mais simplement de compréhension du sujet, de pédagogie. Même cette comédie soap qu'était la série
Les Tudors est plus convaincante dans son récit à différentes échelles. C'est dire.
Problématique aussi a été, à mes yeux, l'insatisfaisante appropriation des personnages principaux par les acteurs. J'ai eu le sentiment que jamais Natalie Portman et Scarlett Johansson ne s'effaçaient derrière leurs personnages, au contraire, elles les assujettissent à leurs sculpturales personnes qui vampirisent l'écran et se livrent à une guéguerre de glamour : centre d'intérêt du film qui résume tout ce qu'il a à proposer. Aguichant, mais cruellement insuffisant. C'est à celle qui va être la plus attirante et étudiée dans le prochain plan. Du coup, on ne croit jamais vraiment à leurs protagonistes, et on se fout de ce qui leur arrive. Ce qui est quand même un gros problème pour un film qui ambitionne de nous narrer le drame d'une famille en déchéance. Mise en scène académique, quand elle n'use pas d'effets de style ridicules (les plans dans des espèces d'embrasures de portes). Beaux costumes. Un film insipide.